Introduction
p. 7-8
Texte intégral
1Jean-Marie Mayeur (1933-2013) a compté dans le paysage universitaire de l’histoire contemporaine au second xxe siècle. Professeur, il a introduit des centaines d’étudiants à celle-ci, de Nanterre à Paris-Sorbonne, en passant par Saint-Étienne, Lyon, Créteil ou l’Institut d’études politiques de Paris. Chercheur, il a développé sur près d’un demi-siècle une œuvre importante à la charnière de l’histoire politique et de l’histoire religieuse ; il a encadré plusieurs dizaines de doctorants dont certains sont devenus ses disciples et ont prolongé quelques-uns des sillons qu’il avait creusés. Organisateur de la recherche, il a été, parmi bien d’autres tâches, l’animateur du séminaire d’histoire religieuse de Créteil au début des années 1970, l’un des fondateurs de l’Association française d’histoire religieuse contemporaine en 1974 et le premier directeur de l’Institut d’histoire moderne et contemporaine, alors laboratoire propre du CNRS, en 1978.
2Ceux qui l’ont bien connu savent qu’il n’appréciait guère les dithyrambes et qu’il s’est toujours tenu à l’écart des honneurs. Cette discrétion revendiquée ne doit cependant pas empêcher de rendre justice d’une manière sereine à son parcours, exemplaire de bien des manières, et à son œuvre qui est « considérable », adjectif qu’il employait assez souvent… pour d’autres. Aux confins des deux secteurs, cette œuvre concerne aussi bien l’histoire politique de la France des deux derniers siècles que son histoire religieuse. Une journée semblable à celle qui s’est tenue à Paris le 28 septembre 2018 pour honorer l’historien du religieux serait donc utile pour préciser l’apport de Jean-Marie Mayeur à l’histoire politique de la France contemporaine (et de quelques pays voisins). Mais ceux qui ont mis sur pied la journée du 28 septembre, avec la collaboration efficace de Catherine Mayeur-Jaouen, sont spécialistes d’histoire religieuse et peuvent témoigner de l’importance du rôle joué par Jean-Marie Mayeur dans ce registre. Ces quatre vétérans, André Encrevé, Étienne Fouilloux, Claude Langlois, Jacques Prévotat, n’ont pas été ses doctorants mais, de quelques années ses cadets, ils ont largement bénéficié de ses conseils, de son excellente connaissance du milieu universitaire et surtout de sa discrète amitié.
3Plutôt que pour une série de témoignages, forcément éclatés, ils ont opté pour une évaluation distanciée de l’apport de Jean-Marie Mayeur à l’histoire religieuse contemporaine par des historiennes et des historiens de générations plus jeunes, qui ont souvent été ses doctorants. Le livre qu’on va lire reprend le texte de leurs interventions à la journée du 28 septembre 2018, selon ses deux grandes étapes. La première s’intéresse en priorité au parcours de l’historien Jean-Marie Mayeur et à sa manière de travailler, dans le domaine de l’histoire religieuse comme en d’autres. La seconde partie passe en revue quelques-uns des thèmes qu’il a particulièrement fréquentés dans l’histoire tourmentée des rapports du religieux et du politique en France, mais aussi aux curiosités étrangères de son œuvre, italiennes et allemandes notamment. Au-delà des caractères propres de son itinéraire, se découvre ainsi tout un pan de l’histoire intellectuelle et spirituelle de l’époque qui fut la sienne. Puissions-nous avoir trouvé la bonne distance pour restituer la figure de l’historien dans son milieu, entre l’hommage légitime et un type d’appréciation critique dans laquelle Jean-Marie Mayeur excellait.
Auteur
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