De nouvelles Rome aux confins de l’Empire espagnol d’Amérique ?
Les fondations urbaines du Chili colonial (xvie-xviie siècles)
p. 189-200
Texte intégral
1À la suite de leur venue en Amérique et de l’intégration forcée des Empires aztèques et incas, les Espagnols cherchèrent précocement à ancrer la légitimité de leurs conquêtes1. Étant donné que la gouvernance espagnole se fondait largement sur la maîtrise d’un réseau urbain, il apparut évident que la fondation de nouvelles villes dans le Nouveau Monde allait œuvrer puissamment à cette entreprise de légitimation2. L’objectif de cette contribution est de démontrer dans quelle mesure cette opération de légitimation emprunte au modèle antique et romain dans le cadre d’un territoire lointain situé à l’extrême sud des possessions espagnoles : le Chili.
2On sait que Tenochtitlán, en tant que grande ville et centre de l’Empire aztèque, fut immédiatement comparée avec Rome3. La situation apparaît bien distincte dans les zones périphériques, peuplées de populations nomades pour lesquelles l’urbanisme semble commencer avec l’arrivée des Espagnols. L’Espagne entendit donc asseoir sa domination sur ces nouveaux territoires à l’appui de fondations au sein desquelles le souvenir de la Caput Mundi demeurait bien vivant. Les traces tenues de la présence de l’Antiquité romaine si loin du centre de l’Empire espagnol nous apparaissent ainsi un cas particulièrement intéressant à étudier dans la perspective du présent ouvrage. Et cela d’autant plus que la « capitainerie générale » du Chili, fondée à la suite de la conquête du Pérou, n’a jamais été complètement dominée par les Espagnols4. Cette réflexion est appelée à compléter les études déjà fournies concernant le recours à l’Antiquité dans la structuration du pouvoir colonial dans l’espace mexicain, alors qualifié de Nouvelle Espagne5. Nous examinerons dans un premier temps la place des mythes fondateurs dans la conquête du Chili, pour réfléchir ensuite aux noms des villes choisis par le conquistador Pedro de Valdivia, puis à la place dévolue à l’Antiquité et au souvenir de Rome dans ces fondations lointaines.
Mythes fondateurs
3Le « Chili » a été défini en tant que territoire à la suite des conquêtes entreprises par Diego Almagro en 1536-1537 et par Pedro de Valdivia entre 1541 et 1553. C’est dans ce contexte que la capitainerie générale du Chili fut fondée dans une partie du Kollasuyo (ou Qulla Suyu, se référant à la partie de l’ancien empire inca située au sud de Cuzco), et fut appelée à devenir la frontière sud de l’expansion espagnole en Amérique6. La première expédition de Diego de Almagro se déroula sans grand succès. Sans parvenir à conquérir le pays, le conquistador retourna en effet à Lima où il fut décapité pour son implication dans le soulèvement contre Francisco Pizarro. C’est donc autour de l’expédition de Pedro de Valdivia que se forgèrent plusieurs mythes fondateurs. Après l’échec de l’expédition d’Almagro, Valdivia ne parvint à rassembler au Pérou que quelque 150 participants d’origine européenne, et fut donc contraint de former son corps expéditionnaire avec des indigènes7. Ces derniers ont à la fois mené l’expédition et lancé la guerre contre d’autres peuples autochtone, les Mapuches. Concernant les sources de la campagne militaire de Valdivia, nous disposons de ses lettres écrites à Charles Quint entre 1545 et 1551. Dans celles-ci, Valdivia a bien évidemment surtout cherché à souligner ses mérites et l’importance de ses faits d’armes en tant que conquistador8.
4Dès sa première lettre, Valdivia établit un lien avec l’Antiquité en comparant l’action du gouverneur du Pérou avec celle d’Octavien9. Mais la comparaison sert alors d’allusion à la justice de César, sans encore se référer à la fondation d’une ville. Afin de peser la force de ce lien avec l’Antiquité, il faut se rendre compte que les démarches de fondation dans le Nouveau monde sont toujours mises en parallèle avec un passé lointain et mythique. Les fondateurs de villes en Amérique latine se pensent ainsi comme les introducteurs de la « civilisation classique » dans ces nouveaux espaces10. Les Européens ont ainsi contribué à ancrer de nouvelles références culturelles qui marquèrent durablement l’histoire de ces régions11.
5À l’exemple d’Hernan Cortés, qui a construit une vision toute personnelle de la conquête du Mexique, Valdivia travaille à travers ses lettres à sa propre mythification, en se comparant avec des personnages bibliques, même si les parallèles ne sont pas toujours explicites. Ainsi se présente-t-il comme un meneur d’hommes qui guide ses soldats dans le désert d’Atacama et qui, comme Moïse, trouve pour eux un point d’eau dans le désert, aujourd’hui encore nommé Aguada Doña Inés en référence à la compagne de Valdivia, Doña Inés Suarez. L’épisode du « sauvetage » des Espagnols assiégés par des Indiens, à l’endroit même où la ville de Santiago de Chili est censée avoir été fondée, se réfère pour sa part au mythe biblique de Judith et Holopherne. Doña Inés propose en effet à son mari Valdivia de couper les têtes des caciques prisonniers pour faire fuir les assiégeants. Elle-même coupe la première l’une de ces têtes, que son compagnon Valdivia montre aux Indiens pour mieux les convaincre de prendre la fuite. Ce second épisode est également intéressant en tant que révélateur d’une contradiction. En effet, alors que Valdivia prétend avoir fondé lui-même la ville de Santiago, il souligne qu’elle est immédiatement « assiégée », ce qui implique une structure urbaine largement préexistante. Cela nous conduit à nous interroger sur la signification des mythes urbains de fondation.
Fonder une ville et penser un empire au prisme de l’Antiquité romaine
6Lorsque l’on se réfère aux fondations de nouvelles villes dans l’Amérique coloniale, on songe souvent au plan de la trame urbaine « en damier » inspiré en large part de l’Antiquité. Les fondations de villes dans l’Andalousie du xve siècle s’étaient elles-mêmes nourries de ce référentiel antique12. De ce point de vue, les plans et procédures apparaissent toujours pratiquement les mêmes car ils se basent sur les instructions de la couronne espagnole datant de 1513, donnant des règles assez précises pour les fondations urbaines13.
7Un modèle uniforme existait donc, qu’il fallait malgré tout adapter aux besoins et aux réalités locales. Concernant les villes fondées par les Européens sans qu’un précédent indien n’existe dans la zone du « Cône Sud » (« Cono Sur »), telles que Córdoba ou Santiago del Estero en Argentine, le plan simple rectangulaire apparaît presque toujours suivi14. Le schéma consistait en une base rectangulaire disposant au centre d’une église, d’un édifice civil et d’un hôpital. Utilisés à partir de 1486 dans les terres de l’ancien Royaume de Grenade, ces plans vont aussi servir de base aux fondations urbaines dans l’Amérique coloniale15.
8Or, ce plan va être appliqué pour les nouvelles fondations au Chili à l’exception de Santiago. En effet, tandis que Pedro de Valdivia se réclamait du titre de fondateur de la ville de Santiago, mythe perpétué par la suite durant des siècles, les dernières recherches menées par Rubén Stehberg et Gonzalo Sotomayor en 2013 ont montré que Santiago existait en réalité déjà bien avant, en tant que forteresse des Incas nommée « Mapocho16 ». Ce mythe de fondation s’avérait nécessaire pour ancrer une légitimité, et ce pour au moins deux raisons : faire de Valdivia la seule figure aux origines de l’urbanisme local, et faire en sorte que le conseil municipal (cabildo) puisse justifier sur le plan juridique la prise du pouvoir du conquistador dans la ville et ses alentours17. Outre Santiago, Valdivia va par la suite fonder d’autres villes plus au sud, comme Concepción, Serena et Imperial18.
9Concernant ces fondations il ne faut pas oublier que Valdivia, à la différence du Mexique, procède dans une terre peuplée de populations nomades. Nous ne disposons pas d’informations détaillées sur l’acte de fondation, mais le choix du nom « Imperial » peut d’ores et déjà être considéré comme un fort indice de la présence de Rome dans la pensée de Pedro de Valdivia19. Même si lui-même ne parle pas beaucoup de la fondation lorsqu’il écrit sa lettre à Charles Quint datée du 25 septembre 1551, il ne fait pas mystère de ces intentions quant au choix de ce nom20. Le toponyme « La Imperial » positionne clairement la ville dans le sillage d’une idéologie impériale. Depuis la conquête du Mexique à partir de 1519 et la proposition faite par Hernán Cortés à Charles Quint d’en devenir l’empereur, l’idée d’un Empire aux Amériques réservé aux Espagnols était ancré dans la tête des conquistadors. Le fleuve, situé à côté de la nouvelle ville, a également été nommé « Imperial » afin de définir la frontière sud de ce nouvel empire. De la même manière le nom « Confines » a été donné à une autre fondation21. L’idée du « limes » associé aux frontières de l’empire romain se traduit ainsi dans les choix onomastiques de Valdivia.
10Le parallèle entre les difficultés rencontrées par les Romains sur le limes et celles des Espagnols au sud de leur empire d’Amérique ne fait que s’accentuer lorsqu’après la mort de Pedro de Valdivia, les conquistadores sont contraints de se retirer. Les villes les plus tardivement fondées vont ainsi être abandonnées et détruites par les Mapuches, partis à la reconquête de leur territoire. Durant les siècles suivants, elles n’existeront plus qu’au titre de toponymes figurant sur les cartes, et elles ne seront refondées qu’en 1882, après la conquête de ces terres par l’armée chilienne22.
11La défaite des Espagnols au Chili a engendré de nouveaux parallèles avec le passé antique. S’interrogeant sur les causes de leur défaite chilienne, les Espagnols sont allé jusqu’à parler de leur « Flandes indiano », en référence à la défaite des tercios en Flandre23. Cette réflexion s’est accompagnée d’une réorientation de la politique étrangère de la monarchie espagnole, qui a vu Philippe II et Philippe III se tourner vers la papauté, à la faveur d’une coalition catholique entre Rome et Madrid24. Dans ce contexte d’une discussion sur la stratégie et la légitimité de la conquête, plusieurs Espagnols se tournèrent d’une manière ou d’une autre en direction la Ville éternelle : Alonso de Ercilla y Zúñiga (1533-1594), Melchor Jufré del Águila (1568-1637) et Alonso de Ovalle (1603-1651)25. La référence à la Rome antique revêt dès lors de nouvelles dimensions. Certains auteurs, tels Jufré del Águila, font référence à Rome et à ses vertus en opposant les Espagnols pensés comme héritiers des Romains et les Indiens associés aux barbares avec lesquels on ne doit sous aucun prétexte conclure un armistice. D’autres auteurs au contraire, comme Ercilla y Zúñiga avec son épopée La Araucana26 ou le jésuite Alonso de Ovalle27, tendent à idéaliser la résistance des Mapuches en les rapprochant de l’Antiquité pour en faire de nouveaux Romains28.
12Afin de mieux comprendre ces positions opposées, il convient de préciser et de contextualiser les idées de leurs auteurs. L’œuvre Compendio historial del descubrimiento, conquista y guerra del reino de Chile écrite par Melchor Jufré del Águila est publié pour la première fois à Lima en 1630, et se retrouve mentionnée dans la Bibliotheca Hispana de Nicolás Antonio publié à Rome en 1672-169629. Jufré del Águila place explicitement son ouvrage dans le sillage de l’Antiquité romaine, faisant s’interroger sous forme de dialogue les auteurs antiques et chrétiens afin de tirer de meilleures conclusions sur les mesures à prendre au Chili. Un homme politique comme Caton peut être cité comme exemple positif pour ses avis, tandis que Scipion est donné en exemple pour l’emploi de l’épée30. Jufré propose donc de suivre l’exemple de ces deux hommes de l’Antiquité afin de mieux lutter contre les indigènes, comme les Romains y étaient parvenus face aux « barbares ».
13Chez Ercilla, une autre logique inspirée par l’Antiquité prédomine. À ses yeux, la puissance de la Rome antique était le résultat non pas de l’épée mais d’un bon gouvernement fondé sur des lois justes. Or, étant donné que pour lui les Mapuches sont également des hommes de vertus, notamment à cause de leur héroïsme, il convient de les traiter comme des ennemis « nobles » et leur accorder, par conséquent, le même traitement qu’aux Espagnols. Certes, il ne faut pas trop idéaliser les idées d’Ercilla, car il ne perd jamais de vue que les Mapuches sont des ennemis contre lesquels il faut faire la guerre, néanmoins ils ne méritent pas de son point de vue d’être considérés comme des « barbares31 ».
Représenter la ville au miroir de l’Antiquité
14L’œuvre qu’Alonso de Ovalle consacre au Chili en 1646 doit pour sa part être replacée dans le contexte d’une idéalisation a posteriori de la ville de Santiago, dont on ne souhaitait pas admettre l’origine inca à la différence d’autres cités telles que Cuzco32. C’est dans le livre d’Ovalle que Santiago se trouve représenté pour la première fois, au moyen d’une gravure accompagnée par un plan de la ville (fig. 1). Avec la Rome antique et la Rome moderne posées en point de mire, Santiago s’affichait ainsi comme une ville modèle, au même titre que les « réduction » se voulaient des exemples typiques de villages ou de quartier réservés exclusivement aux Indiens33. Le plan urbain en damier imite explicitement l’ordonnancement des villes antiques, tout en nourrissant l’objectif de représenter une ville bien policée (« todas las calles estan en policia y orden »), où la grâce affirme sa présence pour tous les habitants conformément à l’esprit de la confessionnalisation34.
Fig. 1. – Carte de Santiago de Chilli, dans Alonso de Ovalle S. J., Histórica relación del Reino de Chile y de las misiones y ministerios que ejercita en él la Compañía de Jesus (1646).
15Un dernier point reste à aborder : la présence effective d’une architecture à la romaine en ville. On n’en connaît malheureusement pas d’exemples pour Santiago. Mais il semble fort probable qu’on ait érigé, lors des fêtes urbaines, comme nous le savons pour la fête du Corpus Christi à Potosí en 1608, des architectures éphémères évoquant l’Antiquité avec une hiérarchie bien définie. Concernant Potosí, on sait que deux arcs de triomphe, pourvus de colonnes d’ordre dorique et ionique, furent érigés telles des « œuvres très imitées de celles qui témoignent des triomphes romains ». Ils furent par conséquent décorés par les portraits des rois Philippe III et Philippe IV, conformément à la tradition impériale romaine35. On trouve hors d’Europe bien d’autres exemples de tels « simulacres ». En Amérique du Sud comme au Mexique, les arcs de triomphe éphémères servirent ainsi à souligner le lien consubstantiel des monarques espagnols avec Rome36.
⁂
16Nous pouvons donc conclure que même aux confins de l’empire espagnol d’Amérique, loin de la Nouvelle Espagne qu’était devenu le Mexique et indépendamment d’une tradition architecturale bien ancrée, une certaine notion de « Rome » était bien présente. Dans un premier temps, les Espagnols arrivés en Amérique eurent pour objectif de fonder des villes, moins pour créer une structure urbaine, puisque le nombre d’habitants demeurait au départ limité, que pour forger le socle de leur légitimité. Chaque ville, même récemment fondée, fut immédiatement dotée d’un conseil municipal servant de base pour justifier les actions des conquistadors. Dans cette première phase de fondation, la référence à « Rome » ou à une Rome nouvelle est moins importante que la notion d’empire, dont témoigne le toponyme « Imperial », et ce afin d’enraciner les prétentions de Charles Quint comme empereur tant en Europe que dans le Nouveau Monde37. En outre, au terme du Sac de Rome de 1527, la Ville éternelle peinait à être rétablie comme point de référence en Espagne.
17La situation change cependant après la défaite des Espagnols au Chili et la reconquête de certaines de leurs terres par les populations autochtones. Les Espagnols s’interrogent alors sur les raisons de leur défaite, afin de comprendre au prisme de l’histoire romaine comment vaincre l’ennemi indigène. Au début du xviie siècle, deux lignes d’argumentation divergent en la matière. L’une, portée par Jufré del Aguila, recommande de s’inspirer de la force militaire incarnée par la Rome antique. L’autre ligne souligne au contraire l’héroïsme et la force des Mapuches. Pour Ercilla ou Ovalle, les Espagnols doivent méditer l’exemple de Rome en se servant de la loi plutôt que de l’épée afin de dominer les habitants des terres à conquérir.
18En dernier ressort, les villes de l’Amérique espagnole dotées de leurs plans en damier serviront avant tout à intégrer les indigènes au sein d’un ordre se voulant à la fois urbain et divin. Devenue la « Rome » du Chili dans un coin reculé de l’Empire espagnol, la ville de Santiago a reconstruit son histoire sous l’angle du mythe. Cette situation ne change pas profondément durant toute l’époque moderne car des armistices sont conclus à la frontière, au fleuve Bio-Bio. Ce n’est finalement qu’en 1882 que l’armée chilienne conquiert les terres des Mapuches38. Dès lors, le recours à l’Antiquité romaine ne jouera plus aucun rôle, au profit d’un darwinisme social aux yeux duquel les Européens étaient destinés à soumettre le monde.
Notes de bas de page
1 Voir Janik Dieter, Die langen Folgen der kurzen Conquista: Auswirkungen der spanischen Kolonisierung Amerikas bis heute, Francfort-sur-le-Main, Vervuert, 1994 ; Blaser Jutta et Lustig Wolf (éd.), Die erfolgreiche Independencia Spanisch-Amerikas (1810-1824): Schwierige Voraussetzungen – fragwürdige Folgen, Mayence, université de Mayence, 2012, et en guise d’introduction : Burkholder Mark et Johnson Lyman L. (éd.), Colonial Latin America, Oxford, 2004, p. 33-40.
2 Sur l’importance des villes : Pietschmann Horst, Stadt und Herrschaft im Spanien des 16. Jahrhunderts, dans Städte im Wandel. Bauliche Inszenierung und literarische Stilisierung lokaler Eliten auf der Iberischen Halbinsel, Hamburg, LIT, 2007, p. 325-361 ; Osorio Alejandra, « The copy as original: the presence of the absent Spanish Habsburg king and colonial hybridity », in Renaissance Studies, 2019, p. 1-18.
3 Panzram Sabine, « Mit Rom im Kopf?’ Städteplanung und Herrschaftskonzeption in Neu-Spanien (16. Jh.) », in Schattner Thomas G. et Valdés Fernandez Fernando (dir.), Spolien im Umkreis der Macht./Spolia en el entorno del poder, Mayence, Zabern, 2009, p. 305-322, ici p. 306-307.
4 Elwert Georg, « Gewaltmärkte. Beobachtungen zur Zweckrationalität der Gewalt », in Trotha Trutz von (dir.), Soziologie der Gewalt. Opladen, Westdeutscher Verlag, 1997, p. 86-101 ; Riekenberg Michael, « Mikroethnien », « Gewaltmärkte », Frontiers. Ethnische Kriege in Lateinamerika im 19. Jahrhundert, in id., Politische und ethnische Gewalt in Südosteuropa und Lateinamerika, Cologne/Weimar/Vienne, Böhlau Verlag, 2001, p. 109-130 ; Rivera Villalobos Sergio, Vida fronteriza en la Araucania. El mito de la guerra de Arauco, Santiago de Chile, Andrés Bello, 1992, p. 35-54.
5 Lupher David A., Romans in a new world classical models in sixteenth-century Spanish America, Ann Arbor, University of Michigan Press, 2006, p. 8-42 ; Panzram Sabine, op. cit., p. 305-322 ; Panzram Sabine, « Roma. Planificación urbanística y concepción del poder en la Nueva España (siglo xvi), in Poettering Jorun et Rodrigues G. Ramos (dir.), Em Benefício do Povo. Obras, governo e sociedade na cidade colonial, Rio de Janeiro, Mauad, 2016, p. 35-62.
6 Bengoa José, Historia del Pueblo Mapuche. Siglo xix y xx, Santiago de Chile, Ed. Sur, 1985, p. 388-393.
7 On peut se référer aux différentes biographies de Valdivia, qui souffrent cependant souvent d’un faible recul critique. Cichero Augusto Vivaldi, Pedro de Valdivia el fundador, Concepción, Chile Univ., 1995.
8 Villalobos Sergio, La vida fronteriza en Chile. Madrid, Ed. Mapfre, 1992, p. 39. Voir Die alltägliche Conquista. Zwölf Briefe des Pedro de Valdivia von der Eroberung Chiles 1545-1552, éd. Petra May et Wolfgang Reinhard, Francfort-sur-le-Main, Vervuert, 1995. En ligne : Biblioteca virtual Miguel Cervantes, [http://www.cervantesvirtual.com/obra-visor/cartas-de-pedro-de-valdivia-que-tratan-del-descubrimiento-y-conquista-del-reino-de-chile--0/html/] et biblioteca universal virtual, [http://www.biblioteca.org.ar/libros/70854.pdf] (erreur en 2022), consulté le 18-05-2020.
9 « Y saber que su muerte fue tan bien vengada por el ilustre señor Gobernador Vaca de Castro, cuanto lo fue por Otaviano la de Julio César » : lettre de Pedro de Valdivia à Charles Quint, Santiago, 20 août 1545, [http://www.cervantesvirtual.com/obra-visor/cartas-de-pedro-de-valdivia-que-tratan-del-descubrimiento-y-conquista-del-reino-de-chile--0/html/feec617a-82b1-11df-acc7-002185ce6064_1.html], consulté le 18-05-2020.
10 On sait combien l’histoire de la conquête des Amériques s’est nourrie de la référence à divers mythes. Développés au cours de l’époque moderne, ces mythes furent réintégrés lors du processus d’Indépendance dans les discours de chaque nation : le mouvement étant porté par les élites créoles, la supériorité des « conquistadores » face aux « Indiens barbares » fut souvent mise en avant. Voir Restall Matthew, Seven Myths of the Spanish Conquest, Oxford, Oxford University Press, 2003, 1-146.
11 Tepe Peter, « Entwurf einer Theorie des politischen Mythos. Mit einem Analysemodell für politische Helden », in id. (dir.), Politische Mythen, Würzburg, Königshausen und Neumann, 2006, p. 46-65, ici p. 52-55. Voir également Torales Pacheco Maria Cristina, Delgado José Miguel et Pelizaeus Ludolf (éd.), Las Ciudades en las fases transitorias del Mundo Hispánico a los Estados Nación: América y Europa. SS XVI-XX, Francfort-sur-le-Main/Madrid, Vervuert, 2013 ; Kagan Richard, Urban images of the Hispanic World 1493-1793, New Haven/Londres, Yale University Press, 2000, p. 19-105 ; Solano Pérez-Lila Francisco de, « Die hispanoamerikanische Stadt », in Pietschmann Horst, Handbuch der Geschichte Lateinamerikas, vol. 1 : Mittel-Südamerika und die Karibik bis 1760, Stuttgart, Klett-Cotta, 1994, p. 555-575.
12 Durston Alan, « Un Régimen urbanístico en la Hispana colonial: El trazado damnero en el siglo xvi-xvii », in Historia 28 (1994), p. 59-115, ici p. 63-65 ; Panzram Sabine, art. cité, p. 309-313.
13 Durston Alan, art. cité, p. 76 ; Panzram Sabine, art. cité, p. 309.
14 Musset Alain, Villes nomades du Nouveau Monde, Paris, Éd. de l’École des hautes études en sciences sociales, 2002, p. 25-51 ; Panzram Sabine, art. cité, p. 313-317.
15 Deux éléments peuvent être considérés comme constitutifs des fondations en Amérique : déposer un « rollo » (rouleau) et ériger une croix. Le plan de la ville est ensuite tracé en utilisant un « cordon » (corde) afin de marquer l’espace de la ville mais également les rues et les axes principaux (« damnero »). Voir Ordenanza de nueva población en Indias, 1573, in Piqueras Céspedes Ricardo, « Antonio de Berrio y las ordenanzas de 1573 », in Boletín americanista, no 49, 1999, p. 233-243, ici p. 236 ; Cortés Rocha Xavier, « El Origen del Urbanismo nuevohispano », p. 6, [http://www.posgrado.unam.mx/publicaciones/ant_omnia/11/02.pdf] (erreur en 2022), consulté le 18-05-2020 ; Delgado Barrado José Miguel, « Fundación de nuevas poblaciones en los confines de la Monarquía Hispánica. El caso del reino de Chile (1708-1796) », in Amparo López Arandia María (dir.), Ciudades y fronteras: una mirada interdisciplinar al mundo urbano (ss. xii-xxi), Cáceres, Universidad d’Extremadura, 2014, p. 135-160.
16 Voir Ovalle Alonso, Historica relacion del Regno de Chile, Rome 1646, p. 152, [http://www.memoriachilena.gob.cl/archivos2/pdfs/mc0012104.pdf], consulté le 18-05-2020. Concernant la discussion ouverte depuis 1976, voir Stehberg Rubén et Sotomayor Gonzalo, « Mapocho Incaico », in Boletín del Museo Nacional de Historia Natural, Chile, 61 (2012), p. 85-149, ici p. 85-87. Pour l’interprétation ancienne : Guarda Gabriel, Historia Urbana del Reino de Chile, Santiago, Bello, 1971, p. 28.
17 Durston Alan, art. cité, p. 64-68 souligne que les consejeros ne se préoccupèrent pas initialement des limites de chaque maison, car le propriétaire pouvait être condamné à tout moment pour ne pas avoir respecté les règles garantissant la droiture de la ligne de chaque rue. Voir Tasa y ordenanza para los indios hecha por Martin Ruiz de Gamboa, 1580, in Toribio Medina José, Colección documentos para la historia de Chile, vol. 2 : 1577-1589, Santiago, Fondo histórico, 1959, p. 63.
18 Ces trois villes sont fondées sur des emplacements vierges de toute urbanisation, tandis que pour Coquimbo, Carahue ou Angol il existait déjà des établissements antérieurs. Voir Caceres Gonzalez Osvaldo, « Las ciudades fundadas por Pedro de Valdivia », in Cartas de Don Pedro de Valdivia: que tratan del descubrimiento y conquista de la Nueva Extremadura. Edición facsímil realizada en conmemoración del quinto centenario del encuentro entre dos mundos, presentación de Juan Carlos Rodríguez Ibarra, Barcelone, Lumen, 1991, p. 230.
19 Cáceres Gonzalez, op. cit., p. 225-230.
20 « Hice un fuerte en diez o doce días, harto mejor que el que había hecho en esta ciudad al prencipio [principio], aunque fue cual convenía a la sazón y era menester, porque me convino hacerlo así, atento la gran cantidad que había de indios, y por ésta tener nescesidad [necesidad] de nuestra buena guardia. Poblado allí, puse nombre a la ciudad La Imperial; en esto y en correr la comarca y hacer la guerra a los indios para que nos viniesen a servir y en tomar información para repartir los caciques entre los conquistadores, me detove [detuve] mes y medio », [http://www.cervantesvirtual.com/obra-visor/cartas-de-pedro-de-valdivia-que-tratan-del-descubrimiento-y-conquista-del-reino-de-chile--0/html/], consulté le 18-05-2020 ; Ovalle, op. cit., p. 188-198 (« Saquea Lautaro la ciudad de Concepcion… no entra en ella, la reyna del cielo ») ; Villalobos, op. cit., p. 36-41.
21 Die alltägliche Conquista, op. cit., p. 143. La ville s’appelle Los Confines de Angol. Elle fut fondée en 1553, par la suite abandonnée, repeuplé en 1559 détruite à nouveau en 1600 et refondée de manière définitive en 1862. Memoria Chilena, Angol, [http://www.memoriachilena.gob.cl/602/w3-article-92187.html], consulté le 18-05-2020.
22 La mort de Pedro de Valdivia, dans un combat ou exécuté comme prisonnier de guerre, a engendré une puissante contre-attaque des Mapuches, qui ont non seulement détruit les villes fondées, mais se sont également emparé d’une grande partie des terres conquises auparavant par les Espagnols. Die alltägliche Conquista, op. cit., p. 9. La reconquête et la refondation de trois villes au sud du Bio-Bio ne fussent ainsi possible que trois siècles plus tard : Imperial fût fondée une deuxième fois comme « La nueva Imperial » en 1882, la même année que Serena et Concepción. Voir Historia de la nueva Imperial, [http://www.nuevaimperial.cl/?page_id=21499], consulté le 18-05-2020.
23 Rosales Diego de, S. J., Historia del Reino de Chile, Flandes indiano, 1674, Valparaiso, Mercurio, 1877, p. 198. Par-delà le problème purement militaire s’ajoute celui d’un prétendu antagonisme entre « supérieur = porteur de culture » et « inférieur = barbare » qui, à cause des défaites espagnoles, se trouve remis en question.
24 Die alltägliche Conquista, op. cit., p. 9-16 ; Dandelet, Thomas James, Spanish Rome, 1500-1700, New Haven, Yale University Press, 2001, p. 109-159 ; Osorio Alejandra, « Of National Boundaries and Imperial Geographies. A New Radical History of the Spanish Habsburg Empire », in Radical History Review, Nr. 130 (janvier 2018), p. 100-130.
25 Pour leurs biographies [http://www.memoriachilena.gob.cl].
26 Held Barbara, Studien zur Araucana des Don Alonso de Ercilla: Vorstellungen zu Recht, Staat u. Geschichte in epischer Form, Francfort-sur-le-Main, Haag et Herchen, 1983, p. 12-15 ; La Araucana de Alonso de Ercilla. éd. Isaías Lerner, Madrid, Catedra, 1993, p. 19-54.
27 Ovalle Alonso, Historica relacion del Regno de Chile, Rome, 1646, [http://www.memoriachilena.gob.cl/archivos2/pdfs/mc0012104.pdf], consulté le 18-05-2020.
28 Jara Álvaro, Guerra y sociedad en Chile y otras temas afines, Santiago de Chile 3e éd. 1987, p. 44-59. Pinto Rodriguez, Jorge, « Producción e intercambio en un espacio fronterizo. Araucanía y Pampas en el siglo xviii », in Silva Riquer Jorge et Escobar Ohmstede Antonio (éd.), Mercados indígenas en México, Chile y Argentina, siglo xviii-xix, Tlalpán 2000, p. 148-176, ici p. 65-70 ; Mejias Lopez William, Las ideas de la guerra justa en Ercilla y en la Araucana, Santiago, Editorial universitaria, 1992, p. 49-73.
29 Jufré del Águila Melchor, Compendio historial del descubrimiento, conquista y guerra del reino de Chile, Lima, 1630, [http://www.cervantesvirtual.com/obra-visor/compendio-historial-del-descubrimiento-y-conquista-del-reino-de-chile--0/html/ff1bac46-82b1-11df-acc7-002185ce6064_14.html], consulté le 18-05-2020.
30 « Y Séneca, de Catón así decía:/Tanto era estimado en Roma/Por sus consejos Catón,/Como por armas Cipión »: Jufré del Águila, op. cit., p. 10.
31 « Excellente vertu, chose louable/célèbre de tous de façon digne/c’est la clémence, fameuse et généreuse/ne jamais sous une poitrine oppose/que Rome fut si fort… » Voir Held, op. cit., p. 181.
32 Ovalle Alonso, op. cit. ; Durston Alan, art. cité, p. 84-85.
33 Ovalle, op. cit., p. 154-157, p. 366-375 ; Durston Alan, art. cité, p. 80.
34 Durston Alan, art. cité, p. 82. On trouve déjà chez Toribio de Motolinia la mention d’un lien entre la Jérusalem céleste et le plan quadrangulaire. Voir Motolinia Toribio de, Historia de los indios de Nueva Espana, Biblioteca de Autores Espanoles 24, Madrid, 1970, p. 294.
35 Le texte parle de « dos arcos triunfales de curiosa arquitectura… era muy grande, hermoso y de excelente arquitectura de cantería imitada, obra dórica con los escudos de armas reales, de su ilustrísima y ciudad, muchas empresas, letras y jeroglíficos, grandes pirámides y agradable perspectiva, costó un mil pesos… el arco triunfal que le dedicaba, suntuoso y rico, de obra muy imitadora de aquellos grandiosos testigos de los romanos triunfos; éste era muy lucido, de obra jónica […] todo dorado y mucha pasamanería de oro sobre terciopelo carmesí […] En otros contrapedestales de los principales del arco […] hechos de madera pintados de blanco y oro, estaban los retratos de cuerpo entero de los reyes y reinas nuestros señores, Felipe 3o. y 4o […] las fiestas que fueron ocho; en los seis primeros se “corrieron doce toros bravos cada día y hubo juegos de cañas, palo ensebado, una quema de castillo, unos fuegos echados por la boca por “un gigante de fiera estatura, significado en Prometeo” […] » : Ramírez del Águila Pedro, Noticias políticas de Indias y Relación descriptiva de la Ciudad de la Plata Metrópoli de las Provincias de los Charcas y nuevo Reino de Toledo…, transcripción de Jaime Urioste Arana, Sucre, Bolivia, Ciencia Editores, 2017, p. 175-183.
36 Sanfuentes Olaya, « San Santiago de Belén. Un guerrero más allá de las fronteras, Propuesta para una Nueva Historia » et Osorio Alejandra, « El Imperio de los Austrias Españoles y el Atlántico: Propuesta para una Nueva Historia », in Favarò Valentina, Merluzzi Manfredi et Sabatini Gaetano (dir.), Fronteras. Procesos y prácticas de integración y conflictos entre Europa y América (siglos xvi-xx), Madrid, Fondo de Cultura Economica, 2016, p. 165-180 et p. 35-52. Pour le Mexique, voir Panzram, art. cité, p. 318-321.
37 Il resterait encore à examiner l’importance de la réception de l’Antiquité grecque, beaucoup plus vivante durant la Renaissance et l’âge baroque que ce que l’on pensait jusqu’à présent, comme a pu le montrer Christine Zabel pour l’Angleterre et la France entre 1630 et 1730. Voir Zabel Christine, Polis und Politesse: der Diskurs über das antike Athen in England und Frankreich, 1630-1760, Berlin, de Gruyter, 2016, p. 3-4, 327-345.
38 Wertz Christopher, « Zwischen Imagination und Okkupation. Raumbilder und Raumbildung in Argentinien, 1862-1902 », in Lentz Sebastian et Ormeling Ferjan (dir.), Die Verräumlichung des Welt-Bildes. Petermanns Geographischen Mitteilungen zwischen „explorativer Geographie“ und der „Vermessenheit“ europäischer Raumphantasien. Beiträge der Internationalen Konferenz auf Schloss Friedenstein Gotha, 9.-11. Oktober 2005, Stuttgart, Steiner, 2008, p. 245-251. Les relations autour de la frontière furent très tendues : Villalobos Rivera Sergio, op. cit., Santiago de Chile, Bello, 1995, p. 42-58 ; Müther Jutta, Orlie-Antoine I., König von Araukanien und Patagonien oder Nouvelle France. Konsolidierungsprobleme in Chile 1860-1870, Bern, Francfort-sur-le-Main, Lang, 1990, p. 13-38.
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