Corps et insignes
D’un corps monarchique sans monarchie à un corps monarchique avec monarchie ?
p. 393-408
Texte intégral
1À la fin des années 30 du ive siècle de notre ère, Eusèbe de Césarée écrivit sa Vie de Constantin dans laquelle il décrivait comment l’empereur Constantin était entré dans le synode tenu à Nicée en 325 :
« Au signal qui annonçait l’entrée de l’empereur, tous se levèrent et lui-même enfin s’avança au milieu de l’assemblée, semblable à un céleste envoyé de Dieu, brillant comme de mille feux dans son manteau éblouissant, resplendissant des reflets flamboyants de sa robe de pourpre, paré de l’éclat lumineux de l’or et des pierres précieuse. Tel était ce qui concernait son corps. Quant à son âme, elle était manifestement embellie par la crainte de Dieu et la piété, également suggérées par ses yeux baissés, la rougeur de son visage, sa démarche, et tout le reste de son apparence, sa haute taille, qui dépassait tous ceux qui l’entouraient <***>, la beauté de sa jeunesse, la magnifique noblesse de son corps et la vigueur de sa force invincible1 […]. »
2C’est l’une des descriptions les plus complètes de l’apparence physique de Constantin. Eusèbe y construit l’image d’un empereur chrétien, qui est en même temps un monarque tout-puissant ressemblant à un être céleste, et un humble croyant pieux. Mais peut-être la chose la plus intéressante est la façon dont Eusèbe conçoit le corps impérial. Il commence par décrire les insignes extérieurs : la robe de pourpre de Constantin, ses bijoux et l’or qui le font briller de rayons de lumière comme un ange. Or ces insignes ne sont pas vus comme une robe ou un costume entourant le corps, mais comme le corps lui-même. Eusèbe déclare explicitement qu’en décrivant l’insigne de l’empereur, il décrit son corps (σῶμα). Le corps de l’empereur est donc un corps défini par les insignes impériaux. Ce que nous appellerions de nos jours le corps – l’aspect physique de Constantin : ses yeux, sa démarche, sa beauté et sa taille – est considéré comme une expression de l’âme (ψυχή).
3Eusèbe décrit ainsi Constantin comme ayant un double corps : Un corps de lumière ressemblant à un ange et défini par les insignes et le costume impérial, qui est appelé σῶμα. Et un corps présentant des particularités physiques individuelles, ce qui est vu comme une expression corporelle de l’âme. Cela rappelle le fameux livre d’Ernst Kantorowicz sur la théorie médiévale des deux corps du roi, déclarant que le roi est composé d’un corps politique éternel et d’un corps naturel mortel2 (fig. 1).
4Cependant, même si quelque chose semble similaire, il faut souligner les différences par rapport à la théorie médiévale : Eusèbe conçoit la relation entre le « corps naturel » et le « corps politique » comme une relation entre le corps et l’âme, et non comme une analogie avec les différentes natures du Christ comme c’est le cas dans le concept du double corps royal dans les textes juridiques analysés par Kantorowicz3. Et bien que le σῶμα de Constantin soit décrit comme ressemblant à un ange, ce corps est mortel tandis que l’âme – ce qui correspond à son corps naturel – est éternelle. En plus, Eusèbe n’utilise pas les métaphores d’une façon systématique. Dans son Histoire ecclésiastique, par exemple, il décrit la mort du rival de Constantin, Maximin Daïa. Daïa est battu au combat par Licinius et s’échappe d’une manière très indigne d’un souverain en se dépouillant de son costume royal – son βασιλικὸς κόσμος4. Plus tard dans l’Histoire ecclésiastique, le corps (σῶμα) de Daïa est affligé d’une terrible maladie envoyée par Dieu, qui le brûle de l’intérieur. Selon Eusèbe, ce corps tourmenté ressemblait à une tombe pour l’âme (ψυχή)5. L’image de Daïa dans l’Histoire ecclésiastique représente, à bien des égards, une contrepartie négative à la description positive de Constantin : Daïa abandonne volontiers ses insignes royaux et démontre ainsi qu’il est indigne des symboles extérieurs du corps politique. Son corps individuel, – contrairement à celui de Constantin – ne porte aucune marque de piété ni de faveur céleste, mais il est tourmenté par une terrible maladie infligée par Dieu. Pourtant, la métaphore du corps et de l’âme s’utilise différemment pour les deux empereurs : Daïa se débarrasse de son βασιλικὸς κόσμος, pas de son corps, et son corps individuel n’est pas une expression de sa ψυχή, mais la tombe de son âme, tandis que chez Constantin le corps individuel est l’expression de l’âme et le βασιλικὸς κόσμος n’est pas un costume mais le σῶμα. Cette incohérence est importante, car elle montre que l’antiquité tardive n’a pas encore mis au point une « théologie politique » cohérente des deux corps du roi telle qu’elle était présente dans l’Europe du bas Moyen Âge. Kantorowicz qui a très bien connu l’antiquité tardive savait bien que l’idée d’un double corps n’était pas complètement inconnue à l’antiquité, mais pour lui l’innovation importante était la systématisation de cette idée – et ceci est un phénomène médiéval6.
5Cependant, le simple fait que le concept d’un double corps impérial, malgré un manque de raffinement théorique, soit présent dans les sources romaines du début du ive siècle, est remarquable. D’autant plus que cette perception du corps impérial comme une combinaison d’un corps individuel et des insignes n’est pas limitée à Eusèbe. D’autres auteurs du début du ive siècle représentent le corps impérial de manière similaire, soulignant la connexion étroite entre le corps et les insignes. Dans son récit De la mort des persécuteurs, Lactance décrit ainsi l’abdication de Dioclétien :
« Soudain, à la face de tous, Maximien repoussa Constantin et, d’un geste du bras, fit paraître devant lui Daïa, qui se trouvait en arrière et le fit passer au milieu après lui avoir enlevé son habit d’homme privé. Tout le monde se demandait qui était cet homme, et d’où il venait. Personne cependant n’osa réclamer, malgré le trouble général que causait la nouveauté inattendue d’une telle action. Dioclétien se dépouilla de sa propre pourpre pour en vêtir Daïa, et redevint Dioclès. Il descend alors de la tribune et le souverain démissionnaire, voituré par la ville dans l’équipage d’un simple chariot à la gauloise, est emporté au loin et renvoyé dans ses foyers7. »
6Cette scène est frappante car elle implique que le costume seul peut faire et défaire un empereur. Maximin Daïa est dépouillé de sa uestis priuata et reçoit la pourpre impériale. Il devient ainsi César, tandis que Dioclétien subit, lui, une transformation inverse et cesse d’être empereur dès qu’il enlève sa robe pourpre et qu’il devient une personne complètement différente : le simple citoyen Dioclès. Il est donc évident qu’Eusèbe a vu comme un acte indigne d’un souverain que Daïa ait ôté son βασιλικὸς κόσμος pour échapper à la bataille : en déposant ses insignes, il ne s’est pas simplement débarrassé d’un costume, mais a défait son personnage royal. Le βασιλικὸς κόσμος peut être considéré comme représentant le corps politique et, lorsqu’il est enlevé, il ne reste que le corps naturel.
7Comparé à la théorie des deux corps du roi du bas Moyen Âge, ce concept d’un corps politique impérial a l’air grossier en manque de raffinement théologique. Mais vu du début du principat, cela constitue une manifestation remarquable de la transformation que la monarchie romaine a connu au cours des trois premiers siècles de notre ère. Car l’idée selon laquelle un empereur pourrait être créé ou défait par une robe de pourpre est totalement étrangère aux descriptions que nous avons des premiers empereurs du Haut-Empire8.
8Quand on regarde Auguste, le premier empereur romain, les empereurs du ive siècle diffèrent de manière frappante. Car Auguste ne portait aucun insigne impérial. Son biographe Suétone décrit ses vêtements comme suit :
« Il ne portait guère d’autre costume qu’un vêtement d’intérieur confectionné par sa sœur, sa femme, sa fille et ses petites-filles ; ses toges n’étaient ni serrées ni lâches, sa bande de pourpre, ni large ni étroite9 […]. »
9Contrairement à Constantin, le corps d’Auguste n’est pas identifié comme étant spécial par des insignes spéciaux. Bien au contraire : il s’habille comme un sénateur normal et il est prisé pour cette modestie. Dans les biographies de Suétone, seuls les mauvais empereurs s’habillent d’une façon comparable à Constantin. Caligula, par exemple, est décrit comme apparaissant souvent dans des manteaux colorés brodés de bijoux. Mais aux yeux de Suétone, cela ne le fait pas ressembler à un ange de dieu, bien au contraire :
« Ses vêtements, sa chaussure et sa tenue en général ne furent jamais dignes d’un Romain, ni d’un citoyen, ni même de son sexe, ni, pour tout dire, d’un être humain10. »
10En regardant ces sources, on a l’impression que les premiers empereurs n’incorporaient pas un corps politique11. En fait le principat n’était pas une magistrature au sens juridique et il n’existait pas d’insignes qui pouvaient rendre visible le prince sur le plan symbolique. Les insignes du pouvoir suprême existaient bien, cependant ils n’étaient pas liés à l’empereur mais aux magistrats de l’ancienne République. Cela devient très clair dans un passage du Panégyrique de Pline le Jeune. Pline y réfléchit à la manière dont Trajan a accompli son double rôle d’empereur et de consul :
« Car, outre la difficulté d’embrasser à la fois deux pouvoirs également souverains, il y a entre le consul et le prince une sorte d’opposition : ils doivent s’attacher autant qu’il est possible, le prince à ressembler à un simple citoyen, le consul à n’y pas ressembler12. »
11Le dilemme de l’empereur romain est le suivant : le « corps politique » au sens de Kantorowicz est représenté par le consul, qui doit être aussi dissemblable d’un priuatus que possible, l’empereur, au contraire, doit ressembler à un priuatus le plus possible. Et pourtant, tout le monde sait qu’en effet l’empereur est un monarque tout-puissant incontesté, mais un monarque sans corps politique.
12Le dilemme qu’on constate ici est le problème fondamental au cœur du principat romain : Rome est l’un des cas très rares dans l’histoire mondiale où une monarchie a été créée dans le contexte et en tant que continuation d’un ordre plus ancien qui ne connaissait pas de monarques. De plus, la République romaine peut être considérée comme un ordre politique fortement fondé sur une mythologie antimonarchique. La République a été créée avec l’expulsion du dernier roi romain et une bonne partie de la logique interne du système politique visait à empêcher la réapparition d’un monarque. Pour des raisons diverses, Auguste et ses successeurs ont été incapables de rompre complètement avec l’ancien système politique et sa tradition républicaine13. Cela distingue la monarchie romaine des autres monarchies qui se sont progressivement développées à partir d’ordres tribaux ou qui ont été établies de force par une conquête de l’extérieur. À partir de Theodor Mommsen, le problème du principat en tant que monarchie devant faire face aux institutions républicaines a été traité surtout comme une question juridique concernant la constitution14. Mais ce n’était pas le vrai problème : à partir d’Auguste, Rome était un ordre monarchique avec un souverain incontesté. Le problème était la représentation symbolique du corps politique. Le sénat et les magistrats républicains étaient devenus complètement impuissants, mais ils continuaient à être considérés comme la représentation symbolique du corps politique. L’empereur par contre était tout-puissant, mais sa position ne pouvait pas être symbolisée – du moins pas de manière traditionnelle. Cela a conduit à l’idée étrange qu’un empereur devrait être aussi semblable que possible à un citoyen privé.
13Ainsi, contrairement à Constantin, Auguste n’avait pas d’insignes impériales qui pouvaient être considérées comme faisant partie de son corps, et l’idée qu’il pourrait déposer sa robe comme Dioclétien et ainsi cesser d’être empereur ne fonctionnerait pas pour la description d’Auguste donnée par Suétone. Auguste n’était pas empereur parce qu’il portait un manteau de pourpre – il était empereur bien qu’il ne portât qu’une simple toge. La représentation impériale soulignerait donc ses vertus individuelles et son auctoritas personnelle, des traits qui le caractérisaient en tant qu’individu charismatique et non en tant qu’incarnation d’un rôle traditionnel sanctifié par la tradition. Cela se reflète dans la conception de son corps : Suétone rapporte des rumeurs sur les yeux divins d’Auguste, son apparence admirable et ses marques de naissance miraculeuses15. Il n’a peut-être pas de corps politique symbolisé par des insignes impériaux, mais son corps individuel le caractérise tout de même comme une personne exceptionnelle16. Dans ma monographie de 2012, j’ai donc déclaré qu’au début du principat romain, on trouve des corps monarchiques sans monarchie17.
14Je reste convaincu que cette analyse est correcte, mais il y a un danger de s’imaginer la monarchie romaine trop statique et de sous-estimer la possibilité que la conception du corps impérial puisse évoluer. Les épisodes discutés plus haut montrent clairement que les insignes impériaux ont gagné en importance au début du ive siècle et que nous pouvons trouver une idée qui ressemble au moins sur certains points à la théorie médiévale des deux corps du roi. Il est donc intéressant d’observer comment cette nouvelle idée a surgi. Trois évolutions clés peuvent expliquer comment il faut comprendre cette transformation.
15Le premier développement est plutôt simple. Au cours des siècles, les empereurs ont reçu des privilèges concernant leurs vêtements et leurs insignes. Ces privilèges s’inscrivent dans le cadre du système symbolique de l’ancienne République. Comme Andreas Alföldi l’a montré dans sa célèbre étude de la représentation monarchique, l’habit du triomphateur – l’insigne le plus éminent de la vieille République – a progressivement évolué pour devenir l’« habit de gala » de l’empereur18. C’est un développement que nous pouvons au moins partiellement reconstruire. Auguste, par exemple, a été honoré par le sénat du droit de porter la uestis triumphalis le premier janvier de chaque année19. C’était un honneur extraordinaire, mais c’était un honneur limité à un seul jour. Et plus encore : cet honneur semble avoir été contrebalancé par une inversion carnavalesque des rôles pendant la fête du nouvel an. Dion Cassius rapporte qu’Auguste avait l’étrange habitude de se déguiser en mendiant le premier jour du nouvel an et d’accepter l’aumône20. L’empereur s’est ainsi dégradé, se déguisant avec des loques, mendiant dans les rues. Mais Dion rapporte également qu’Auguste a remboursé les dons qu’il avait reçus avec des cadeaux somptueux. Dion est très bref sur tout cela, mais il n’est pas invraisemblable d’en reconstruire un rituel carnavalesque en deux phases : d’abord, Auguste costumé en guenilles et mendiant dans les rues, puis Auguste utilisant son privilège, revêtu de la uestis triumphalis, qui réapparaît en tant qu’empereur bienveillant distribuant des cadeaux somptueux. Du point de vue anthropologique, un tel rituel aurait du sens le jour de l’an ; c’est un temps « liminal » qui peut être marqué par des rituels d’inversions dans beaucoup de cultures21. Mais le point le plus important pour notre argumentation, c’est que même le jour où Auguste a été autorisé à porter la uestis triumphalis, il a contrebalancé cet honneur par une mutatio uestis en se déguisant en mendiant.
16Tibère aurait aboli cet étrange rituel, car les somptueux contre-cadeaux étaient devenus trop chers22. Ainsi, à partir de Tibère, aucun empereur n’aurait été habillé en mendiant pendant la fête du nouvel an, mais il est très probable que les empereurs ont conservé le droit de porter la uestis triumphalis ce jour-là23. De Claude, nous apprenons qu’il possédait le droit de porter la uestis triumphalis pendant les jeux, mais qu’il ne l’utilisa que pendant les sacrifices24. Les empereurs ultérieurs ont probablement abandonné cette retenue. Mais ce n’est qu’avec Domitien que l’empereur obtint le droit formel d’apparaître devant le sénat dans la uestis triumphalis25. La uestis triumphalis est donc effectivement devenue l’« habit de gala » des empereurs, mais c’était un long processus qui a duré plus d’un siècle.
17L’évidence épigraphique peut appuyer ce scénario. Une inscription sur la tombe d’un affranchi libéré sous Nerva mentionne le titre d’un praepositus uestis albae triumphalis26. Ainsi, au début du iie siècle, le costume triomphal était devenu si important qu’il méritait une charge spéciale au sein de l’administration de la domus Caesaris.
18Pourtant, l’attente qu’un bon empereur ne porterait pas d’insignes royaux, mais s’habillerait comme un simple citoyen s’avérait persistante. Dans l’Histoire Auguste, l’empereur éphémère Tacite est apprécié, car après être devenu empereur, il « continua à porter les mêmes toges et les mêmes tuniques que lorsqu’il était simple particulier27 ». Tacite lui-même vivait dans les années 270, mais le récit de l’Histoire Auguste à propos de cet incident est une pure fiction reflétant les idéaux et les attentes de son auteur, qui a probablement écrit à la fin du ive siècle28. L’idéologie du bon prince agissant comme un priuatus, que l’on retrouve dans des sources comme Pline ou Suétone, est donc toujours présente près de trois siècles plus tard.
19Cela conduit toutefois à la deuxième ligne d’évolution, que l’on doit prendre en compte. C’est le développement d’un nouveau code vestimentaire. En effet, dans la description d’Eusèbe, Constantin ne porte pas la uestis triumphalis, l’« habit de gala » issu de l’ordre symbolique de l’ancienne République, mais un costume orné avec des bijoux et de l’or, qui n’a rien à voir avec des honneurs et des symboles républicains. De tels vêtements extravagants apparaissent dans plusieurs sources pour les siècles précédents – la plupart de ces références concernent des empereurs réputés fous ou tyranniques. Cependant, il est essentiel qu’il s’agisse de vêtements qui ne font pas partie du système vestimentaire romain traditionnel. La paenula par exemple semble être devenu très populaire pendant le principat et elle a de plus en plus remplacé la toge29. L’exemple le plus frappant, cependant, c’est le manteau que les Romains ont appelé lacerna30. La lacerna attestée pour la première fois à la fin de la République ne fait pas partie du costume traditionnel romain qui consistait dans la tunique et la toge. À l’époque de la dynastie Julio-Claudienne, la lacerna était devenue très populaire. Contrairement à la toge en laine, strictement réglementée en ce qui concerne l’utilisation de la couleur pourpre limitée aux magistrats et aux généraux triomphants, la lacerna n’était soumise à aucune restriction de ce type. Nous entendons parler de lacernae en soie, teintes en pourpre et ornées de pierres précieuses31. Contrairement à la toge qui était le symbole de la citoyenneté romaine et, lorsqu’elle était ornée d’une bande de pourpre, le symbole des magistrats républicains, la lacerna comme objet de luxe représentait la richesse, le pouvoir économique et social, et suivait une logique symbolique complètement différente de celle des vêtements traditionnels romains32. Ce qui rend la lacerna si intéressante, cependant, c’est qu’elle n’a pas été portée à la place de la toge traditionnelle, mais au-dessus de la toge. Ainsi, les empereurs romains pouvaient effectivement porter une toge comme un priuatus, mais pouvaient néanmoins porter une lacerna au-dessus de la toge, démontrant ainsi leur statut élevé d’empereur.
20L’Histoire Auguste rapporte que Sévère Alexandre, le prototype du « bon empereur », portait toujours la toge lorsqu’il était à Rome33. Le texte ajoute explicitement qu’il ne portait qu’une toga praetexta ou une toga picta lorsqu’il était consul et qu’il utilisait pour sortir du temple de Jupiter le même costume que tous les autres consuls et préteurs portaient34. En bref, dans le récit de l’Histoire Auguste Sévère Alexandre semble avoir complètement respecté l’idéal d’un empereur se présentant comme un priuatus ou comme un magistrat républicain « normal ». Cependant, dans un chapitre ultérieur, l’Histoire Auguste décrit comment Sévère Alexandre visitait fréquemment les bains publics et rentrait au palais avec ses vêtements de bain normaux, sa uestis balnearis, habillé uniquement d’une lacerna écarlate qui le désignait comme empereur35. Ce n’est pas une contradiction : Sévère Alexandre pouvait en effet se comporter comme un « bon » empereur républicain portant la simple toge d’un priuatus ou sa uestis balnearis, tout en s’habillant en même temps avec un manteau de pourpre symbolisant sa position d’empereur. C’étaient deux systèmes de vêtements qui coexistaient et nos sources ont tendance à choisir ce qui leur convient le mieux. Ainsi, Sévère Alexandre est présenté comme un bon empereur, portant la toge, alors que Commode était un empereur fou vêtu de costumes extravagants – son successeur Pertinax vendit ses vêtements de luxe « non-romain », parmi lesquels aussi des lacernae36. Cela complique la reconnaissance du développement. Mais on peut raisonnablement affirmer que la toge traditionnelle est devenue de plus en plus un costume de cérémonie conservé pour les rituels républicains37, alors que le nouvel ensemble de vêtements de luxe était mieux adapté à la nouvelle monarchie et mieux capable de symboliser les rapports de pouvoir réels au sein de l’empire.
21Il faut cependant observer un troisième point : nos sources des premiers siècles de notre ère se focalisent sur la ville de Rome. À Rome, l’empereur semble en effet avoir fait face à de sérieuses restrictions concernant ses vêtements et son comportement. Dans l’Vrbs, conçue comme domi et opposée à militiae – le monde extérieur –, la symbolique de l’ancienne République et de ses magistrats est restée importante, bien que sa signification ait progressivement disparu. Mais l’empire ne consistait pas uniquement en Rome. Lorsque l’empereur se trouvait en dehors de la capitale, il ne lui était plus nécessaire d’apparaître comme un simple citoyen. La description de Sévère Alexandre dans l’Histoire Auguste est à nouveau bien adaptée pour illustrer ce propos. Comme cela a déjà été noté, Sévère Alexandre aurait toujours porté une toge lorsqu’il était à Rome ou dans les villes d’Italie38. Mais ce comportement civique est mis en évidence parce que c’est une exception. D’habitude, Sévère Alexandre portait une chlamys écarlate. C’est seulement à Rome ou en Italie qu’il a changé cette tenue impériale « normale » pour la toge civile39. Parallèlement à la perte d’importance de Rome en tant que résidence régulière de l’empereur, la toge elle aussi perdit son importance comme costume habituel du monarque. Les empereurs du iiie siècle pouvaient encore « se déguiser » avec des toges républicaines et pouvaient faire semblant d’être des citoyens respectant les institutions de la res publica, mais ces apparences étaient devenues un rituel limité aux rares visites des empereurs à l’ancienne capitale de Rome. La plupart du temps, l’empereur et sa cour résidaient dans le monde du militiae où l’empereur apparaît en tant qu’empereur.
22On peut donc, pour résumer l’argument, constater le développement suivant : Auguste en tant que premier empereur a essayé d’apparaître comme un sénateur normal et un priuatus. La monarchie romaine a donc débuté comme une monarchie dans laquelle le monarque n’apparaissait pas comme un monarque, mais dans laquelle le corps politique était symbolisé par les insignes de l’ancienne République et de ses magistrats. Tout cela a changé au cours des trois siècles suivants. D’abord, les successeurs d’Auguste ont progressivement acquis des privilèges leur permettant d’utiliser des insignes spéciaux tels que la uestis triumphalis. Deuxièmement, le code vestimentaire traditionnel composé de la tunique et de la toge a perdu de l’importance, alors que de nouvelles formes de vêtements étaient utilisées, plus en phase avec le nouvel ordre mondial de l’empire. La lacerna en tant que manteau porté sur la toge est particulièrement intéressante et semble avoir été utilisée fréquemment par les aristocrates romaines – dans le cas de Sévère Alexandre, c’était aussi le costume de l’empereur tandis qu’il résidait à Rome. Car, c’est le troisième point, l’espoir qu’un « bon » empereur ressemblerait à un citoyen et laisserait la grande scène aux magistrats républicains s’appliquant uniquement à Rome, en dehors du pomerium les empereurs pouvaient apparaître comme les souverains qu’ils étaient réellement. Avec l’importance décroissante de Rome, le symbolisme républicain a également perdu son importance. Ainsi, à l’époque d’Eusèbe, les insignes impériaux étaient bien établis et avaient transformé la façon dont le corps de l’empereur avait été conçu. Les insignes impériaux pouvaient maintenant être considérés comme faisant partie du corps de l’empereur. L’image présentée dans les textes du début du quatrième siècle est donc semblable au concept des deux corps du roi distinguant entre le « corps naturel » mortel du souverain et le « corps politique » immortel symbolisé par les insignes royaux.
23En soulignant que cette transformation doit être considérée comme un processus de longue durée s’étendant sur plusieurs siècles, je m’inscris naturellement dans une longue tradition de recherche remontant au célèbre travail d’Andreas Alföldi40. Ce n’est toutefois pas la seule vision possible. À la fin du xixe siècle, Theodor Mommsen plaidait pour une rupture radicale entre le « principat », le (supposé) gouvernement commun entre le sénat et l’empereur, et le « dominat », la monarchie absolue de l’Antiquité tardive41. Aujourd’hui ce point de vue est considéré comme obsolète, mais il est vrai que les insignes impériaux deviennent beaucoup plus importants (et visibles) dans nos sources à la fin du iiie et au début du ive siècle42. Il y a cependant des raisons qui peuvent expliquer cette particularité.
24Premièrement, il y a un nouveau groupe social qui, à cette époque-là, commence à écrire sur les empereurs. Eusèbe ou Lactance ne sont ni des sénateurs ni des chevaliers romains, mais des auteurs chrétiens de la périphérie de l’empire. Pour eux, l’attente qu’un empereur apparaisse comme un bon citoyen républicain n’a pas la même importance que pour les auteurs liés à l’élite sénatoriale basée à Rome. En plus, l’empereur en tant que souverain absolu correspondait beaucoup mieux à une vision chrétienne du monde qu’un primus inter pares républicain. Quand il n’y a qu’un seul Dieu tout-puissant, les institutions républicaines créées par l’homme deviennent tout à fait superflues. Eusèbe est très clair à ce sujet : Dieu est roi au ciel et il a installé Constantin comme son représentant sur la terre. La monarchie terrestre en tant que reflet de la monarchie céleste est donc considéré comme supérieure à toutes les autres formes de gouvernement43.
25Mais ce ne sont pas seulement les auteurs chrétiens qui doivent être tenus pour responsables du fait que les empereurs romains commencent à apparaître plus monarchiques. La tétrarchie installée par Dioclétien semble également avoir eu un impact important. La tétrarchie a fortement défendu l’idée que le rôle de l’empereur est une institution politique. Le schéma selon lequel les Augusti devraient abdiquer après une période régulière et transférer leur pouvoir sur des successeurs a nécessité d’insister sur l’idée que l’empereur n’était pas un individu distingué seulement par son auctoritas personnelle, mais qu’il était un titulaire et pouvait abdiquer de ce poste en déposant ses insignes et en devenant un particulier.
26Cela se reflète également dans les portraits officiels des tétrarques44. Pendant le Haut-Empire, les portraits rendent compte de la physionomie individuelle de chaque empereur. Non pas que ces portraits décrivent et visualisent l’apparence « réelle » des empereurs, mais l’administration romaine s’est efforcée de garantir que les types de portraits officiels se distinguent clairement, de sorte qu’on puisse reconnaître un portrait de Trajan ou d’Hadrien simplement en regardant ses caractéristiques physiques. Cela a complètement changé sous la tétrarchie. Les portraits ne portent plus de caractéristiques distinguables. Tous les tétrarques se ressemblent plus ou moins. Le message politique était clair : les quatre empereurs sont des individus interchangeables et non distincts. Les portraits impériaux sur les pièces de monnaie peuvent différer d’un atelier monétaire à l’autre, mais tous les tétrarques d’un atelier monétaire sont normalement représentés de manière identique. Mais alors que les traits individuels des portraits déclinent, les insignes impériaux deviennent plus importants : les tétrarques de Venise (cahier couleur, pl. VIII, fig. 12) sont représentés avec des ornements militaires et des pierres précieuses les marquant non pas comme des généraux républicains mais comme des empereurs45. Cette iconographie nouvelle vise à montrer que les tétrarques ne doivent pas être vus en tant qu’individus mais en tant qu’empereurs. L’accent est mis sur le « corps politique » et non sur le « corps naturel ». Contrairement à Auguste, qui voulait créer l’impression que c’était sa propre auctoritas personnelle qui le surélevait au-dessus de ses pairs, les tétrarques ont promu l’idée que l’auctoritas de l’empereur reposait sur sa fonction – une institution supra-individuelle – et l’image du corps impérial désindividualisé et investi d’insignes royales illustre juste cela.
27© Alexander Thies.Et pourtant, le rôle de l’empereur n’était pas une fonction qui pouvait être abandonnée. Un pilastre trouvé au palais tétrarchique de Romuliana, en Serbie moderne, représente un étendard militaire (fig. 2)46. Cet étendard est orné de trois doubles portraits. Les deux premiers sont les deux Augusti et leurs Césars en tenue militaire (fig. 3a-b). Le troisième représente cependant deux hommes en toges civiles (fig. 3c), apparemment les deux Augusti « émérites » Dioclétien et Maximien. Tout comme Lactance le décrit dans son texte, les deux anciens Augusti apparaissent en tant que civils. Et pourtant, ces civils sont représentés sur un étendard militaire montrant que, même s’ils s’habillent comme des civils, ils ne sont en aucun cas de simples priuati. L’image montre les limites du concept tétrarchique de l’empereur : contrairement à ce que Lactance suggère dans sa description de l’abdication de Dioclétien, le vieil empereur ne pouvait pas être renvoyé dans une vie privée, comme le particulier Dioclès, du moins pas complètement. Dans ce sens, Dioclétien, empereur émérite, peut être considéré non pas comme le fondateur du « dominat », mais comme un revenant d’Auguste : il pouvait porter la toge d’un citoyen et pourtant tout le monde savait qu’il avait un statut beaucoup plus élevé que son habillement civil ne le suggérait.
28Les empereurs du début du ive siècle pourraient être conçus comme ayant un double corps semblable à celui des rois de la fin de l’époque médiévale avec les insignes impériaux symbolisant le corps politique. Mais séparer le « corps politique » du « corps naturel » n’était pas aussi facile que le texte de Lactance semble l’impliquer.
29C’est pourtant quelque chose qui n’est pas étranger aux lecteurs de Kantorowicz : la séparation des deux corps du roi par abdication était politiquement explosive – comme Kantorowicz l’illustrait dans son interprétation de King Richard II. de Shakespeare47. Les cas d’abdication restaient donc très rares ; Richard II lui-même était assassiné peu après sa déposition. Également dans l’Antiquité tardive, l’assassinat restait l’option privilégiée pour « transférer » le corps politique à un nouveau titulaire.
Notes de bas de page
1 Eusèbe, Vie de Constantin, 3.10.3-4 (trad. Marie-Joseph Rondeau, adaptée) : πάντων δ’ ἐξαναστάντων ἐπὶ συνθήματι, ὃ τὴν βασιλέως εἴσοδον ἐδήλου, αὐτὸς δὴ λοιπὸν διέβαινε μέσος οἷα θεοῦ τις οὐράνιος ἄγγελος, λαμπρὰν μὲν ὥσπερ φωτὸς μαρμαρυγαῖς ἐξαστράπτων περιβολήν, ἁλουργίδος δὲ πυρωποῖς καταλαμπόμενος ἀκτῖσι, χρυσοῦ τε καὶ λίθων πολυτελῶν διαυγέσι φέγγεσι κοσμούμενος. ταῦτα μὲν οὖν ἀμφὶ τὸ σῶμα. τὴν δὲ ψυχὴν θεοῦ φόβῳ καὶ εὐλαβείᾳ δῆλος ἦν κεκαλλωπισμένος· ὑπέφαινον δὲ καὶ ταῦτ’ ὀφθαλμοὶ κάτω νεύοντες, ἐρύθημα προσώπου, περιπάτου κίνησις, τό τ’ ἄλλο εἶδος, τὸ μέγεθός τε ὑπερβάλλον μὲν τοὺς ἀμφ’ αὐτὸν ἅπαντας <***> τῷ τε κάλλει τῆς ὥρας καὶ τῷ μεγαλοπρεπεῖ τῆς τοῦ σώματος εὐπρεπείας ἀλκῇ τε ῥώμης ἀμάχου […].
2 Kantorowicz Ernst H., The King’s Two Bodies. A Study in Mediaeval Political Theology, Princeton, Princeton University Press, 1957.
3 Kantorowicz Ernst H., The King’s Two Bodies, op. cit., p. 16-19.
4 Eusèbe, Histoire ecclésiastique, 9.10.4.
5 Ibid., 9.10.14.
6 Kantorowicz Ernst H., The King’s Two Bodies, op. cit., p. 496-506 présente un épilogue qui traite la question du double corps dans l’Antiquité tardive ; Kantorowicz s’est beaucoup intéressé à cette époque et lui a consacré plusieurs articles, cf. Schmidt-Hofner Sebastian, « Epiphanien des Altertums. Ernst Kantorowicz und die Antike », in Lucas Burkart, Joachim Kersten, Ulrich Raulff et Hartwig von Bernstorff (éd.), Mythen, Körper, Bilder. Ernst Kantorowicz zwischen Historismus, Emigration und Erneuerung der Geisteswissenschaften, Gottingue, Wallstein, 2015, p. 239-268.
7 Lactance, De la mort des persécuteurs, 19.4-6 (trad. Jacques Moreau) : « cum in conspectu omnium Maximianus manum retrorsus extendens protraxit a tergo Daiam Constantino repulso et exutum uestem priuatam constituit in medium. Mirari omnes qui esset, unde esset. Nemo tamen reclamare ausus est cunctis insperatae nouitate rei turbatis. Huic purpuram Diocletianus iniecit suam qua se exuit, et Diocles iterum factus est. Tum descenditur, et reda per ciuitatem ueteranus rex foras exportatur in patriam que dimittitur ».
8 Cf. Meister Jan B., Der Körper des Princeps. Zur Problematik eines monarchischen Körpers ohne Monarchie, Stuttgart, Steiner, 2012 ; Meister Jan B., « Corps et politique : l’exemple du corps du prince. Bilan historiographique », DHA, supplément no 14, 2015, L’histoire du corps dans l’Antiquité : bilan historiographique. Journée de printemps de la SOPHAU du 25 mai 2013, éd. Florence Gherchanoc, p. 109-125.
9 Suétone, Auguste, 73 (trad. Henri Ailloud) : « Veste non temere alia quam domestica usus est, ab sorore et uxore et filia neptibusque confecta ; togis neque restrictis neque fusis, clauo nec lato nec angusto […]. »
10 Suétone, Caligula, 52 (trad. Henri Ailloud) : « Vestitu calciatuque et cetero habitu neque patrio neque ciuili, ac ne uirili quidem ac denique humano semper usus est. »
11 Voir sur ce point la contribution de Philippe Le Doze dans ce volume.
12 Pline, Panégyrique, 59.6 (trad. Émile-Louis Burnouf) : « Nam praeter id quod est arduum, duas easque summas potestates simul capere, tum inest utrique non nulla diuersitas, cum principem quam simillimum esse priuato, consulem quam dissimillimum deceat. »
13 Le problème central était l’interconnexion entre le système politique et la hiérarchie sociale, cf. Winterling Aloys, « “Staat”, “Gesellschaft” und politische Integration in der römischen Kaiserzeit », Klio, no 83, 2001, p. 93-112 ; id., « Dyarchie in der römischen Kaiserzeit. Vorschlag zur Wiederaufnahme der Diskussion », in Wilfried Nippel et Bernd Seidensticker (éd.), Theodor Mommsens langer Schatten. Das römische Staatsrecht als bleibende Herausforderung für die Forschung, Hildesheim, Olms, 2005, p. 177-198 ; id., « “Krise ohne Alternative” im Alten Rom », in Monika Bernett, Wilfried Nippel et Aloys Winterling (éd.), Christian Meier zur Diskussion. Autorenkolloquium am Zentrum für Interdisziplinäre Forschung der Universität Bielefeld, Stuttgart, Steiner, 2008, p. 219-239.
14 Mommsen Theodor, Römisches Staatsrecht, II.2, Leipzig, Hirzel, 18883, a décrit de manière célèbre le principat comme une « dyarchie » ; cette vision a été disqualifiée, mais bien qu’elle soit anachronique, cette idée avait quand même un potentiel heuristique. Cf. Winterling Aloys, « Dyarchie », art. cité. Pour le contenu social du Staatsrecht largement ignoré par la recherche, cf. Strauß Simon, Von Mommsen zu Gelzer? Die Konzeption römisch-republikanischer Gesellschaft in „Staatsrecht“ und „Nobilität“, Stuttgart, Steiner, 2017.
15 Suétone, Auguste, 79-80.
16 Le corps du prince, ses particularités et ses maladies avaient donc presque toujours une dimension politique : pour le traitement littéraire du corps (surtout le corps malade) du prince comme un possible outil pour évaluer sa gestion de l’empire cf. Husquin Caroline, « Les deux corps du prince : corporalités impériales et traitement littéraire à travers l’exemple d’Hadrien », Annales de Janua, no 6, 2018 (en ligne) et Husquin Caroline, L’intégrité du corps en question. Perceptions et représentations de l’atteinte physique dans la Rome antique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2020, p. 275-302.
17 Meister Jan B., Der Körper des Princeps, op. cit.
18 Alföldi Andreas, Die monarchische Repräsentation im römischen Kaiserreiche, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1970, p. 143-161.
19 Dion Cassius, 53.26.5 ; cf. Meister Jan B., « Tracht, Insignien und Performanz des Triumphators zwischen später Republik und früher Kaiserzeit », in Fabian Goldbeck et Johannes Wienand (éd.), Der römische Triumph in Principat und Spätantike, Berlin/Boston, De Gruyter, 2017, p. 91-93.
20 Dion Cassius, 54.35.2-4 ; 57.8.6 ; Suétone, Auguste, 91.2.
21 Turner Victor W., « Betwixt and Between. The Liminal Period in “Rites de Passage” », in June Helm (éd.), Symposium on New Approaches to the Study of Religion. Proceedings of the 1964 Annual Spring Meeting of the American Ethnological Society, Seattle, University of Washington Press, 1964, p. 4-20.
22 Dion Cassius, 57.8.6 ; Suétone, Tibère, 34.2.
23 Caligula a réintroduit la coutume d’accepter des cadeaux, mais il l’a fait in uestibulo aedium et non pas mendiant dans les rues : Suétone, Caligula, 42.
24 Dion Cassius, 60.6.9.
25 Dion Cassius, 67.4.3.
26 CIL, VI, 5546 (= ILS, 1763) ; cf. Winterling Aloys, Aula Caesaris. Studien zur Institutionalisierung des römischen Kaiserhofs in der Zeit von Augustus bis Commodus (31 v.Chr.-192 n.Chr.), Munich, Oldenburg, 1999, p. 99.
27 SHA, Tacite, 10.1 (trad. André Chastagnol) : « togis et tunicis isdem est usus quibus priuatus ».
28 Pour l’image fictive d’un prince du sénat dans la vie de Tacite cf. Molinier Arbo Agnès, « Le princeps senatus dans l’Histoire Auguste. De la réalité au jeu de mots », Ktèma, no 34, 2009, p. 443-452.
29 Kolb Frank, « Römische Mäntel: paenula, lacerna, μανδύη », MDAI(R), no 80, 1973, p. 73-116 ; Meister Jan B., « Kleidung und Normativität in der römischen Elite », in Tanja Itgenshorst et Philippe Le Doze (éd.), La norme sous la République et le Haut-Empire romains. Élaboration, diffusion et contournements, Bordeaux, Ausonius, 2017, p. 189-198.
30 Kolb Frank, « Römische Mäntel », art. cité, p. 116-135 ; Meister Jan B., « Kleidung und Normativität », art. cité, p. 193-198.
31 Meister Jan B., « Kleidung und Normativität », art. cité, p. 195-197.
32 Ibid., p. 195-198. Pour le code vestimentaire traditionnel cf. Kolb Frank, « Zur Statussymbolik römischer Kleidung im antiken Rom », Chiron, no 7, 1977, p. 239-259.
33 SHA, Sévère Alexandre, 40.7.
34 Ibid., 40.8.
35 Ibid., 42.1.
36 SHA, Pertinax, 8.2.
37 Cf. Stone Shelley, « The Toga. From National to Ceremonial Costume », in Judith Lynn Sebesta et Larissa Bonfante (éd.), The World of Roman Costume, Madison, University of Wisconsin Press, 1994, p. 13-45.
38 SHA, Sévère Alexandre, 40.7.
39 Ibid., 40.7-8 : « usus est ipse clamide saepe coccinea. In urbe tamen semper togatus fuit et in Italiae urbibus ».
40 Alföldi Andreas, Die monarchische Repräsentation, op. cit.
41 Mommsen Theodor, Römisches Staatsrecht, II.2, op. cit., p. 760-763 (bien que Mommsen lui aussi y voie un processus : l’adresse officielle avec le titre dominus introduit par Dioclétien pour lui marque une rupture) ; pour une évaluation critique de cette tradition cf. Bleicken Jochen, Prinzipat und Dominat. Gedanken zur Periodisierung der römischen Kaiserzeit, Wiesbaden, Steiner, 1978.
42 Pour la représentation monarchique du ive siècle cf. Kolb Frank, Herrscherideologie in der Spätantike, Berlin, Akademie Verlag, 2001 ; pour un aperçu de la recherche sur la tétrarchie cf. Leppin Hartmut, « Zur Geschichte der Erforschung der Tetrarchie », in Dietrich Boschung et Werner Eck (éd.), Die Tetrarchie: ein neues Regierungssystem und seine mediale Präsentation, Wiesbaden, Reichert, 2006, p. 13-30.
43 Eusèbe, Louanges de Constantin, 3,5-6. Pour cette vue chrétienne de la monarchie cf. (en outre) Meier Mischa, « Göttlicher Kaiser und christlicher Herrscher? Die christlichen Kaiser der Spätantike und ihre Stellung zu Gott », Altertum, no 48, 2003, p. 129-160 ; Leppin Hartmut, « Kaisertum und Christentum in der Spätantike. Überlegungen zu einer unwahrscheinlichen Synthese », in Andreas Fahrmeir et Annette Imhausen (éd.), Die Vielfalt normativer Ordnungen. Konflikte und Dynamik in historischer und ethnologischer Perspektive, Francfort-sur-le-Main, Campus, 2013, p. 197-223.
44 Boschung Dietrich, « Die Tetrarchie als Botschaft der Bildmedien », in Dietrich Boschung et Werner Eck (éd.), Die Tetrarchie, op. cit., p. 349-379.
45 Boschung, Dietrich, « Die Tetrachie als Botschaft der Bildmedien », art. cité, p. 349-359.
46 Kolb Frank, Herrscherideologie in der Spätantike, op. cit., p. 163-167 ; Boschung Dietrich, « Die Tetrarchie als Botschaft der Bildmedien », art. cité, p. 367-369.
47 Kantorowicz Ernst H., The King’s Two Bodies, op. cit., p. 24-41.
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