Sens : une victoire d’écrivain. Les deux visages du procès d’Abélard
p. 77-90
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1Le synode de Sens où la carrière publique de Pierre Abélard s’acheva a suscité depuis longtemps beaucoup d’intérêt. La littérature à cet égard est abondante mais elle n’a pas encore su répondre à toutes les questions. La certitude même fait défaut quant à des données les plus concrètes, comme par exemple l’année dans laquelle le synode fut convoqué1. Pourtant, les documents ne font pas défaut. Les deux protagonistes se sont attaqués ouvertement dans leurs écrits. Les réactions de leurs partisans ne manquent non plus. Quelques-uns ont été des témoins, comme Bérengier de Poitiers, le défenseur d’Abélard, et Geoffroy d’Auxerre, moine et disciple de Bernard. Malheureusement, leur sympathie affichée a tant coloré leurs récits qu’il faut les lire avec beaucoup de prudence. Le caractère spécifique qu’ils ont donné à leurs textes – satirique chez Bérengier, hagiographique chez Geoffroy – demande encore une plus grande circonspection. Un historiographe plus impartial, Otto de Frisingue, n’a pas participé au synode et a dû rédiger son rapport sur la base d’informations secondaires.
2La source la plus importante pour notre connaissance du synode de Sens reste ainsi la correspondance de Bernard de Clairvaux. Celle-ci donne l’impression qu’on peut suivre toute l’évolution, depuis le début quand l’attention de Bernard fut attirée par son ami Guillaume de Saint-Thierry sur les thèses d’Abélard, jusqu’à la condamnation pontificale de celui-ci après le synode et le refuge du maître à Cluny. Malgré cette impression de continuité, la correspondance a suscité d’autres graves problèmes. C’est en premier lieu la conséquence d’une tension entre le caractère réaliste, propre à une correspondance, et le caractère fort rhétorique, typique dans les lettres de Bernard. Ainsi, quelques lettres sont difficiles à situer dans le déroulement du synode tel que nous pouvons le reconstruire. Il y a même des lettres qui se recoupent et se répètent au point qu’elles ne peuvent pas répondre à des envois réels. En outre, Bernard ne mentionne pas tout ce qui s’est passé. Il passe sous silence la réunion des évêques qui eut lieu la veille de la confrontation publique. En outre, ses citations d’Abélard sont pour la plupart inexactes ou même fausses. On a voulu y voir la méchanceté de l’abbé ou son ignorance de la dialectique. On n’a jamais considéré la très forte tendance littéraire du corpus épistolaire et les soins avec lesquels Bernard a structuré cette partie de son héritage écrit. Notre étude envisage de mettre à nu les principes selon lesquelles le dossier Abélard fut construit afin d’éclairer le véritable enjeu du conflit pour Bernard.
3La structure du corpus épistolaire bernardin répond à tout ce que le Moyen Âge exigeait d’une collection de lettres. La chronologie donne la structure sous-jacente mais elle ne constitue pas l’unique principe de disposition. Souvent, les auteurs utilisaient de tous autres critères dans la publication de leurs lettres. Ils accordaient plus d’importance à la variation thématique et stylistique qu’à un classement purement historique et chronologique. Aussi les collections contenaient des sermons, des traités ou des poèmes2.
4Bernard ne fait pas exception. La chronologie ne constitue pas l’élément structurel unique. Elle ne donne que le premier principe de classement pour la plus grande partie de la collection, qui est structurée selon l’ordre historique des papes3. À l’intérieur de ces blocs temporels, les lettres ne suivent que partiellement l’ordre chronologique. Le prestige du destinataire, sa dignité et la thématique s’avèrent d’une importance beaucoup plus décisive4. Quand toute la collection est étudiée sous cet angle, elle paraît composée de petites unités compactes et cohérentes qui donnent au corpus entier une structure beaucoup plus forte que la chronologie apparemment chaotique ne semblait le suggérer5.
5D’autre part le dossier Abélard fait partie d’une unité du corpus dans laquelle on pourrait distinguer comme thématique centrale la lutte de l’Église contre ses adversaires à l’extérieur et à l’intérieur. Le thème est introduit par l’épître 150 au pape, donnant comme un résumé des sujets qui reviennent dans les lettres suivantes. C’est aussi le premier endroit où Bernard se présente comme la voix de l’Église qui fait honneur au pape pour sa justice. Suivent cinq lettres qui conseillent le pape dans quelques affaires et nominations. Puis, quelques entités plus grandes et plus cohérentes sont insérées. Une première unité se rapporte aux assassinats d’Archembald d’Orléans et de Thomas de Saint-Victor (Ép. 156-163). Une unité suit sur les nominations épiscopales de Langres et de Lyon, qui est terminée par la fameuse lettre sur l’Immaculée Conception (Ép. 174). Une entité plus petite concerne les assaillants extérieurs de l’Église (Ép. 175-177 : les musulmans et Roger II de Sicile, qui était alors excommunié). Ensuite, tout un bloc de lettres traite de la jurisprudence et la justice ecclésiastiques. Bernard se montre ici un adversaire acharné d’une trop grande facilité d’interjeter appel au pape (Ép. 178-186). Avec l’épître 187commence le dossier Abélard dans le corpus (Ép. 187-194), qui est terminé par deux lettres sur Arnaud de Brescia, disciple d’Abélard (Ép. 195-196). Trois lettres sur un conflit entre l’abbé de Cherlieu et le doyen Pierre de Traves font la transition avec une nouvelle thématique qui se réfère plutôt au monde monastique (Ép. 197-199).
6La chronologie ne donne que les grandes lignes dans toute cette partie du corpus. Les assassinats se situent dans les années 1133-11356. Ils précèdent les autres événements mais ils appartiennent surtout à la période du schisme des années 1129-1138. Cette période est traitée et terminée dans les épîtres 122-149, ce qui semble impliquer que les lettres concernant les assassinats furent déplacées délibérément. Les nominations de Langres et de Lyon ont eu lieu dans l’année 1138-1139, la confrontation avec Abélard dans les années 1139-1141. Les lettres qui se trouvent entre ces deux blocs ont des datations assez variées.
7L’ordre interne semble en fait être davantage déterminé par l’inspiration juridique que par le déroulement chronologique. Les entités concernant les assassinats d’Archembald et de Thomas, les nominations épiscopales et la doctrine d’Abélard correspondent toutes en gros à des procès juridiques, abordés du point de vue du procureur. Chaque entité permet à peu près une tripartition, commençant avec un exposé, suivi par des accusations et terminé par des exhortations au juge et aux jurés.
8L’unité qui se rapporte aux nominations problématiques à Langres et à Lyon s’ouvre par un véritable document juridique, l’Actio causae Lingonensis ecclesiae ad dominum Innocentium Papam (Ép. 164). Cette action donne la narratio, l’exposé des faits d’une façon apparemment impartiale. Les lettres suivantes (Ép. 165-168) contiennent les accusationes qui se font toujours plus violentes et agressives. Cette partie est suivie par deux lettres destinées aux juges, dans lesquelles Bernard se présente comme le défenseur de leurs propres intérêts. Toute cette unité est terminée par des lettres de recommandation7.
9Le dossier Abélard se présente alors comme une troisième unité juridique qui constitue en quelque sorte le sommet de toute cette partie du corpus épistolaire. On ne peut pas se défaire de l’impression que les deux autres dossiers tout comme les autres lettres qui le précèdent ne servent qu’à préparer cette ultime affaire. Celui-ci consiste en dix lettres, comme le dossier des nominations épiscopales, mais leur ampleur, la cohérence interne et la structure soignée du dossier total font que l’affaire Abélard se présente dans le corpus comme le point culminant de cette partie juridique.
10Plus que les autres dossiers, celui d’Abélard est composé selon la partition classique du discours. Le dossier s’ouvre par l’exordium, comprenant la captatio benevolentiae, adressée aux évêques qui se rassembleront à Sens (Ép. 187), et une propositio des faits, adressée à la Curie, en fonction du jury (Ép. 188). Suivent la narratio (Ép. 189) et l’argumentatio (Ép. 190), qui sont toutes deux adressées au pape. L’Ép. 191 reprend toute l’affaire de la part de l’archevêque de Reims et fait office alors de peroratio. Les deux lettres suivantes (Ép. 192-193) s’adressent à deux cardinaux de la Curie et elles les appellent à une juste sentence (les exhortationes). Le dossier proprement dit se termine par l’arrêt du pape (Ép. 194 : le iudicium). Il est suivi par deux lettres sur Arnaud de Brescia (Ép. 195-196), qui constituent en quelque sorte l’épilogue, en montrant les dangers de l’influence abélardienne.
11On voit que le procès est complet. Le dossier répond entièrement aux exigences de la rhétorique judiciaire. Cette structure ne peut qu’être voulue. Dans le corpus, le procès contre Abélard a reçu sa forme et son déroulement idéaux. Mais la victoire n’échut pas tant à Bernard, qui n’était que le procureur, qu’à l’Église, qui l’avait investi de son pouvoir. Or, on peut aussi bien se demander qui fut alors l’Abélard réprouvé dans le dossier épistolaire de Bernard. La réponse à cette question requiert une lecture plus attentive des documents.
12La première lettre (Ép. 187) peut être considérée comme l’exorde. Le procureur s’adresse immédiatement aux membres du tribunal, les évêques français, pour leur signifier leur tâche. Dès le début, Bernard place l’affaire dans un cadre plus vaste. Il ne s’agit pas d’une action personnelle. Les destinataires de la lettre sont eux-mêmes impliqués dans cette cause. Le langage figuré du Cantique que Bernard utilise souvent donne un accent spécifique à cette lettre. En l’Église, l’épouse est menacée. Les amis de l’Époux doivent venir à son secours. Selon l’exégèse bernardienne, ces amis font la médiation entre le Verbe vivant et son épouse. Ils sont personnifiés dans la lettre par les évêques qui se rassembleront à Sens. Mais ils ne sont pas tout seuls. Bernard sera leur porte-parole. C’est à lui qu’échoit l’office de la parole, celle du procureur.
13L’épître 188 contient la proposition, qui suit la captatio benevolentiae de l’épître 187. Bernard s’adresse à la Curie comme à un jury. Il insiste sur sa responsabilité et son autorité (auctoritas). Puis, il formule l’accusation. En des termes plus généraux, il dénonce l’arrogance de la raison humaine qui réduit la foi à l’impuissance. « Ainsi l’intelligence humaine usurpe tout et ne réserve rien à la foi » (Ép. 188.1). L’accusation concrète est formulée contre la propagation des doctrines abélardiennes telles qu’elles se trouvent dans ses écrits, notamment sa Théologie, son Livre des sentences et son Éthique. L’accusation se termine par une exhortation véhémente à l’action afin de mettre fin à la vulgarisation des discussions sur les vérités de la foi. En procureur véritable, Bernard n’oublie pas de proposer la sentence, qui devrait aboutir à une sorte d’autocensure des maîtres (Ép. 188.2).
14La narration se trouve dans l’Épître 189 au pape, le juge. Elle présente une structure clairement rhétorique : un long exorde avec captatio benevo-lentiae (1-2), suivie par l’accusation propre dans une proposition (2) ; la narration proprement dite, comprenant fabula (3) et historia (4) ; finalement la péroraison sous forme d’exhortation (5). De nouveau, l’affaire est mise dans une perspective biblique marquée. L’exhortation s’adresse au pape comme à un autre ami de l’Époux, à qui revient la tâche de libérer la vigne des petits renards (Ct 2 :15). Tout l’accent est mis sur l’autorité du pape et de l’Église, défiée par les hérétiques (Ép. 189.5). De nouveau, l’accusation est formulée contre la vulgarisation des problèmes religieux et l’atteinte au respect obligé.
15La longue épître 190 constitue l’argumentatio du procès. Bernard essaie de réfuter les doctrines de son adversaire. Cette lettre a souvent été analysée pour l’intérêt d’une compréhension du procès. On a pu montrer dans quelle mesure Bernard fut dépendant des réfutations d’Abélard par Guillaume de Saint-Thierry et par Thomas de Morigny. Bernard s’avère souvent trop crédule. La plupart des citations que Guillaume a prises de l’œuvre abélardienne ne sont pas justes ou trop imprécises.
16De nouveau, la lettre est construite selon les règles de la rhétorique judiciaire. L’argumentatio comprend plusieurs propositions avec leurs réfutations, qui alternent parfois avec une confirmation. Bien qu’il s’agisse d’un procès d’incrimination doctrinale, le discours de Bernard n’a pas du tout un caractère dialectique mais il est entièrement rhétorique. Et Bernard ne vise pas tellement le véritable contenu des doctrines mais plutôt ce qui se trouve à la base de celles-ci, la confiance abélardienne en la propre force de l’homme. Celle-ci se traduit dans une indépendance individuelle vis-à-vis de la tradition ou dans la puissance universelle de se sauver par simple imitation de l’amour et l’humilité du Christ. Cette dernière donnée est réfutée par Bernard dans la deuxième moitié de la lettre par l’accent qu’il met sur l’importance de la foi dans la rédemption (13-25). Dans la première moitié, il s’applique à l’approche dialectique de la Trinité par Abélard et aux dangers pour le mystère divin de la Trinité (2-8). Il devient clair que le thème principal est la tension fides– ratio, comme elle est d’ailleurs présentée dès le début (1).
17Comme il est caractéristique des écrits de Bernard, l’idée maîtresse du discours a trouvé son expression la plus condensée au centre exact du texte. Ici, Bernard reprend la définition de la foi selon Abélard, telle que Guillaume de Saint-Thierry la rapporte. Au début de sa Théologie, Abélard avait écrit : « La foi est le jugement (existimatio) des choses qui n’apparaissent pas, c’est-à-dire des choses qui ne sont pas soumises aux sens corporels » (ThSch I.1). Guillaume l’avait cité dans les paroles suivantes :
« Tout au début de sa théologie, il a défini la foi comme une pensée (aestimatio) des choses qui n’apparaissent pas et qui ne sont pas soumises aux sens corporels. Peut-être pense-t-il que notre foi commune est une pensée ou qu’il est permis à chacun de penser d’elle tout ce qu’on veut ».
18C’est cette dernière formulation qui se trouve à la base des paroles de Bernard :
« Dès le début de sa Théologie, ou pour mieux dire de sa Stultilogie, il définit la foi comme une pensée. Comme s’il était permis à chacun de croire et de parler, en cette matière, selon son propre plaisir. Comme si les mystères de notre foi dépendaient de l’incertitude des opinions des hommes, si légères et si diverses. Comme s’ils n’étaient pas fondés sur une vérité certaine » (Ép. 190.9).
19La foi n’est même plus une pensée : elle est devenue une opinion. Maintenant, Bernard prend Abélard à partie : le maître ne se fait pas diriger par l’autorité de l’Église ou de la tradition mais par l’originalité de ses propres inventions. Afin de réfuter cette attitude, Bernard ne fait appel qu’au seul argument qui peut être invoqué : l’autorité de l’Écriture. Il cite le passage de St Paul qui constituait aussi le départ de la formulation d’Abélard : « La foi, dit-il, est la substance (substantia) des choses que l’on doit espérer, et la preuve (argumentum) de celles qui ne sont point visibles (Hebr. 11 :1) ».
20Le cœur de la controverse est ainsi mis à nu.
« Il dit qu’elle est la substance des choses que l’on doit espérer, et non pas l’imagination des vaines conjectures. Tu entends substance. Il ne t’est pas permis d’avoir une opinion sur la foi, ou d’en disputer comme il te plaît, ni de flotter ici et là par les vaines opinions et par les sentiers des erreurs, puisque substance dit quelque chose de fixe et d’arrêté. Tu es renfermé dans des bornes et des limites précises. La foi n’est donc pas une estimation, elle est une certitude » (Ép. 190.9).
21Le dialecticien Abélard occupe une position spéculative. La foi, c’est-à-dire la langue par laquelle les matières de foi sont exprimées, doit être soumise à la considération rationnelle afin d’être éprouvée et ratifiée. Ainsi, Abélard se met vraiment en dehors des vérités qu’il veut examiner, et il les soumet à son propre jugement.
22Bien sûr, Abélard n’a jamais voulu prendre ses distances par rapport aux dogmes de l’Église. Il n’est pas un hérétique et les accusations de Bernard ne semblent qu’une attaque purement rhétorique dont il se sert dans cette lettre. L’abbé et écrivain s’en prend en réalité à l’image d’un Abélard qui considère la foi et les textes de la foi de l’extérieur. Abélard « juge » un texte sur sa véracité. Bernard, à la suite de Guillaume, en fait une caricature, comme si le maître ne voulait que remplacer la certitude de la foi par des opinions qui n’engageaient à rien.
23Cette opposition entre le maître et lui-même est illustrée d’une façon encore plus marquée dès que Bernard aborde le deuxième thème de son discours. De nouveau, il cite Guillaume de Saint-Thierry littéralement. Il s’agit de la nécessité de la rédemption. L’auteur du passage en question – qui n’existe d’ailleurs pas tel quel chez Abélard et vient peut-être du Livre des sentences – ne croit pas que la rédemption était nécessaire pour libérer l’humanité du pouvoir du diable, comme il était déterminé par l’Église. Bernard n’attaque pas tant le contenu du passage que l’attitude qui en est à la base et qu’on peut bien retrouver dans les œuvres d’Abélard8.
« Qu’est-ce que je dois juger le plus insupportable dans ces paroles, le blasphème ou l’arrogance ? Qu’est-ce qui est le plus digne de châtiment, la témérité ou l’impiété ? […] “Tous les Pères” dit-il, “sont de cette opinion [sur la rédemption] ; mais moi, non, je suis d’une autre”. Et qui alors es-tu ? Qu’apportes-tu de mieux ? Qu’as-tu trouvé de plus profond ? Peux-tu te vanter qu’une vérité cachée à tant de saints et ignorée de tant de sages ait été révélé à toi ? […] Le Docteur des Gentils nous a enseigné ce qu’il a appris du Seigneur. Le Maître de tous confesse que sa doctrine n’est pas de lui : “Je ne parle point, dit-il, de moi-même” (Jn 7 :16) ».
« Pourtant, tu nous apportes ce qui est de toi et que tu n’as appris de personne. Celui qui profère des mensonges, les tire de soi-même (Jn 8 :44).Soit à toi ce qui vient de toi. Pour moi, j’écoute les Prophètes et les Apôtres. J’obéis à l’Évangile, mais non à l’Évangile de Pierre » (Ép. 190.11-12).
24Au cœur de son discours, Bernard évoque d’une manière dramatique l’opposition entre le maître et lui-même dans leurs attitudes respectives vis-à-vis du Verbe. Le point de départ est constitué par l’apparente arrogance abélardienne envers les Pères de l’Église. À la fin de la tirade bernardienne, Abélard semble avoir nié la Bible et le Christ eux-mêmes et vouloir imposer ses propres paroles comme les messagères du Verbe.
25Bernard donne la pleine mesure de sa force rhétorique dans ce passage. Il brosse une caricature d’Abélard qui ne correspond pas du tout à la réalité. Cette incompatibilité de l’image textuelle avec l’adversaire historique de Bernard donne à penser. Surtout, parce que cette lettre 190 ne peut pas bien être située dans le déroulement de la controverse. Elle semble écrite avant le synode mais elle ne répond pas du tout aux descriptions du texte que Bernard commença à lire. Bernard lut une condamnation officielle que les prélats avaient sanctionnée la veille. Par contre, l’épître 190 est un véritable réquisitoire, une argumentatio, et un raisonnement rhétorique sur quelques assertions d’Abélard. On pourrait se demander s’il s’agit d’un texte écrit à l’avance pour être envoyé au pape. Mais une telle supposition est contredite par l’existence de la lettre 189 qui contient la narratio du synode sans se référer jamais à une telle réfutation des thèses abélardiennes. On doit se demander si ce texte ne fut pas spécialement écrit pour le dossier épistolaire, dans lequel il fait office d’argumentatio. L’adversaire est peint dans des tons extrêmes, tel que Bernard veut le présenter à son lecteur : Abélard devient le maître qui ne reconnaît d’autre autorité que la sienne. Il ne s’incline devant aucune autorité, ni devant l’Église, ni devant la tradition et les Pères, ni devant le texte biblique lui-même.
26Le MOI de l’auteur se place à l’autre extrémité de l’attitude abélardienne, caractérisée par l’arrogance et l’impiété. Il se caractérise par sa soumission aux autorités. Il les écoute et leur obéit. Il se plie aux paroles telles qu’il les trouve dans l’autorité suprême, la Bible. Il reconnaît la souveraineté des prophètes et des apôtres. Son attitude est déterminée par une foi absolue, qui peut se manifester par l’amour et l’obéissance.
27Après ce long discours, le corpus semble reprendre le cours des événements. L’épître 191 rend le jugement en première instance. La lettre est écrite au nom de l’archevêque de Reims et confirme l’exposé de la narration. Il condamne l’arrogance d’Abélard et indique le danger que constitue la foule de ses disciples. En outre, la lettre renvoie à la sentence antérieure du synode de Soissons, ne faisant aucune différence entre les deux livres. L’appel à Rome ne fut pas rejeté par les évêques rassemblés mais les obligea à poursuivre la procédure. Ainsi, ils transmirent leur sentence à l’instance supérieure qu’est le pape.
28Dans les épîtres 192 et 193, Bernard s’adresse en procureur à deux membres du Cour d’appel. La sélection de ces deux lettres pour le corpus est significative. Abélard est attaqué de façon très modérée. Bernard signale surtout le manque de réserve et de connaissance de soi du maître, ce qui le met d’abord dans des difficultés avec lui-même :
« Maître Pierre Abélard, moine sans règle, prélat sans responsabilité, n’observe aucune discipline, et n’est retenu par aucune discipline. Homme tout différent de soi-même : un Hérode au dedans, un Jean-Baptiste au dehors, ambiguïté partout, n’ayant rien du moine que le nom et l’habit » (Ép. 193).
29Abélard est en opposition vivante avec lui-même. Il n’est pas ce qu’il devait être. Il n’est même pas le moine dont il porte le nom. Ainsi, il constitue un péril pour « tous ceux qui aiment le nom du Christ » (Ép. 193). Il ouvre une brèche entre le nom (le verbe) et sa réalité (la res), entre le signifiant et le signifié, et, ainsi, il s’éloigne de la vérité biblique qui sait utiliser l’un pour l’autre : « … par cette façon de parler, que tu trouveras souvent dans les Écritures et qui prend le signifiant pour le signifié » (Homélies sur l’Annonciation IV.1 : SBO IV p. 47). En fin de compte, il serait préférable pour le maître d’être réduit au silence pour mettre fin à cette contradiction interne. « Sachez seulement qu’il importe à vous qui avez reçu du Seigneur la puissance, qu’il importe à l’Église du Christ, qu’il importe même à cet homme, qu’on lui impose silence » (Ép. 192). Bernard exige une sentence qui ne protège pas seulement les autres contre le mauvais exemple d’Abélard, mais qui protège aussi le maître lui-même contre l’ambiguïté croissante qui, aux yeux de l’abbé, s’empare toujours plus de lui.
30L’arrêt qui est prononcé par le pape dans l’épître 194 répond entièrement aux conditions qui sont posées dans les « actes du procès » précédents. L’envoi peut être divisé en trois parties. D’abord, le pape insiste sur l’autorité du Saint-Siège, fondée par le Christ dans la personne de Pierre. Cette autorité seule peut garantir l’unité de l’Église dans une unité de foi et donner au pape le droit d’intervenir dans des questions de la foi afin de conserver cette unité de l’Église.
31Le pape illustre ce premier principe d’autorité par l’attitude de l’Église envers les hérésies. Il s’appuie sur l’autorité des conciles. Finalement, il cite quelques passages des édits impériaux qui condamnent la vulgarisation et la contestation des mystères sacrés. Au cœur des citations se trouve la condamnation d’une dispute sur des questions touchant la religion :
« Que personne désormais, ni clerc, ni soldat, ni de quelque condition que ce soit, ne tente de traiter publiquement les matières de la foi chrétienne. Car c’est faire injure au jugement du très vénérable synode, que d’examiner encore des questions déjà jugées et sagement résolues par lui et d’élever sur elles de nouvelles discussions » (Ép. 194.2).
32Après sa confirmation de l’autorité papale par la Bible, le pape se réfère à la tradition ecclésiastique telle qu’elle est fixée dans les actes conciliaires.
33Chaque autorité représentative de l’Église est alors présente quand Innocent III prononce le jugement sur Abélard.
34La sentence ne fut rendue qu’« après en avoir conféré avec nos frères les évêques et les cardinaux ». Le jugement insiste également sur l’autorité papale, reconnue par toute l’Église, qui s’impose ici à Abélard. Il est remarquable que le pape ne parle pas des livres abélardiens. Il s’oppose aux erreurs du maître et à leur défense et leur divulgation. Il n’ordonne pas que les livres soient brûlés. On pourrait y voir l’influence de la Curie, dont Abélard savait qu’elle lui apporterait beaucoup de soutien. Ce silence sur les livres confirme d’ailleurs aussi l’impression que donnaient les autres textes du dossier, à savoir que, dans ce procès épistolaire, avant tout, l’enseignement et l’influence personnels du maître furent dénoncés.
35L’arrêt papal termine le dossier Abélard. Deux lettres suivent sur Arnaud de Brescia. Ils illustrent le danger que l’influence du maître constitue pour l’Église. Pour le procès proprement dit, ils n’apportent rien de nouveau. Il en va tout autrement pour les lettres étrangères au corpus. Tandis que le dossier officiel trahit une composition soignée, qui fait croire à une élaboration postérieure, les lettres qui n’étaient pas dignes d’être sélectionnées pour le corpus sont d’un caractère beaucoup plus vécu. En elles, c’est le côté humain qui se révèle.
36La première lettre peut l’illustrer. L’épître 327 est la réponse de Bernard à l’envoi de Guillaume de Saint-Thierry qui a attiré son attention sur les activités doctrinales d’Abélard. Ce qui frappe, c’est l’incertitude de Bernard. Il ne paraît pas du tout convaincu que l’action proposée soit réalisable. En outre, il trahit par ses paroles qu’il n’a pas envie de jeter le gant à Abélard. Il est conscient qu’il n’est pas l’égal du maître dans une dispute de dialecticiens. Il cherche l’appui de Guillaume. Le Bernard qui parle ici est tout autre que le procureur assuré des épîtres 189 et 190. Mais c’est un Bernard plus conforme à l’homme qui demande l’appui des autorités ecclésiastiques à la veille de la confrontation publique. Guillaume aussi doit donner l’autorité à ses actions et ses paroles. C’est l’orateur de qui son biographe disait qu’il souffrait de pudeur et d’une certaine angoisse quand il devait parler. Bernard se révèle un orateur qui ne parle en public que sous la protection d’une autorité reconnue.
37L’épître 330 présente trop d’analogies avec l’épître 189 pour en être dissociée. On ne peut imaginer que les deux lettres furent envoyées au pape. Il est plus probable que l’épître 330 fut un premier état de l’épître 189, ce qui n’implique pourtant pas que celle-ci fut vraiment envoyée. On pourrait supposer que l’épître 189 ne fut écrite que pour le dossier épistolaire, comme le fut l’épître 190, et qu’elle n’a pas joué un rôle d’importance durant le déroulement du procès lui-même. L’épître 330 correspond plus à un envoi réel. Bernard donne une rapide esquisse des dangers aux quels les doctrines abélardiennes exposent l’Église. Il parle brièvement du lien entre le maître et son disciple Arnaud de Brescia, des périls de l’enseignement d’Abélard, si vite après le schisme, et de quelques thèses concrètes du maître. De nouveau, Bernard ne souhaite pas être impliqué dans l’affaire. Il invoque la responsabilité qu’il a pour ses moines, et sa faiblesse physique. Il semble espérer que le pape lui-même prendra l’initiative de convoquer le maître. Cette lettre confirme l’impression que Bernard n’a voulu qu’à contrecœur se mesurer avec Abélard.
38Les épîtres 331-336 et 338 font partie de la correspondance que Bernard envoya à Rome après le synode afin d’influencer l’opinion dans la Curie. Pour la plupart, elles sont moins modérées que les deux lettres qui furent insérées dans le corpus. Quelques thèmes reviennent continuellement, comme l’ambiguïté de l’être abélardien et son influence sur la jeunesse. Bernard insiste aussi beaucoup plus sur l’analogie entre les thèses d’Abélard et les anciennes hérésies. En outre, il aborde un sujet qu’il n’avait qu’effleuré dans le corpus : Bernard a peur de l’influence du maître dans la Curie. Dans les épîtres 331, 333, 334, 335, 336 et 338, il revient sans cesse sur la bienveillance des membres de la Curie envers les livres et la doctrine d’Abélard. Il en parle aussi au pape dans l’épître 330. C’est cette peur qui a poussé Bernard à sa campagne épistolaire.
39L’influence du maître sur la Curie est liée à l’ambiguïté d’Abélard lui-même. Comme, chez lui, l’intérieur et l’extérieur ne forment pas une unité, ainsi son influence croissante provoque un schisme nouveau à l’intérieur de l’autorité suprême de l’Église9. Aussi dans sa présentation des thèses abélardiennes, Bernard semble vouloir insister sur leur influence désintégrante. Abélard cause des ruptures dans l’Église, dans la Trinité et dans le Christ lui-même :« C’est l’affaire du Christ, ou plutôt le Christ lui-même qui est en cause et la vérité en péril. On partage les vêtements du Christ, on déchire les sacrements de l’Église » (Ép. 334).
40Ces lettres montrent, elles aussi, l’incertitude de Bernard. Bien qu’il ait remporté une victoire à Sens, il ne semble pas avoir confiance en son influence à Rome. Ce n’est qu’après que l’arrêt papal est prononcé, en donnant voix à la même peur pour un nouveau schisme, que Bernard est sûr d’avoir gagné le procès. Alors, il peut commencer à mettre en forme le dossier, en accordant à Abélard le rôle que l’écrivain veut lui imposer, à savoir celui du rebelle à toute autorité reconnue. L’abbé assumera aussi un rôle spécifique : celui du défenseur de l’épouse et de la voix de l’Église. Les épîtres 189 et 190 reçoivent sans doute maintenant leurs formes définitives pour constituer les actes les plus importants d’un procès littéraire.
41Au terme de cette analyse des textes, on doit se poser la question de savoir pourquoi Bernard a voulu récrire ce procès contre Abélard. En vainqueur, il semblait n’avoir aucune raison de ne pas s’en tenir au déroulement historique. En outre, les lettres étrangères au corpus montrent que sa victoire ne lui paraissait pas acquise d’emblée et qu’il avait pris toute la mesure de la stature de son adversaire. Elles font valoir beaucoup plus le péril que Bernard voyait dans l’activité du maître. Cependant, il ne les a pas retenues. Dans son corpus, il a stylisé le procès selon les règles de la rhétorique classique. Il a éliminé tout ce qui pouvait donner l’impression d’une faiblesse dans l’Église, d’une déchirure ou d’une incertitude face au maître. Aussi, le résultat est un procès épistolaire très littéraire, presque trop, où la réalité historique et humaine ne peut être découverte qu’avec un grand effort. Pourquoi toute cette réélaboration d’une cause gagnée ?
42D’abord, parce qu’il n’est pas si évident qu’il s’agissait d’un procès juridique. Quand Abélard a lancé sa provocation à l’adresse de l’abbé, il ne pensait pas du tout qu’il enclencherait une procédure juridique. Il voulait une disputatio publique selon la coutume des écoles. Tous ses écrits d’avant le synode prouvent que le maître se préparait à une confrontation dialectique, qu’il ne s’attendait à autre chose qu’à une éclatante victoire sur le dialecticien dilettante qu’était l’abbé. Probablement, il espérait de ce triomphe une réhabilitation entière qui lui ouvrirait de nouveau la ville de Paris dont il avait dû se retirer après la chute de son protecteur Étienne de Garlande (1137).
43Ce n’est qu’au synode que ses yeux se sont ouverts, quand Bernard a reçu le premier la parole et qu’il a commencé à lire la liste des sentences condamnées. Alors, Abélard a dû comprendre que, la discussion s’étant transformée en procès juridique, il ne pourrait pas être question d’une défense dialectique. Il devait se plier aux exigences du moment et opter pour une solution conforme à la juridiction : il interjetait appel au pape, avant même que Bernard eût fini sa lecture. Ce n’est que dès ce moment que pour Abélard aussi l’affaire prit une dimension juridique.
44En constituant un dossier purement juridique dans son corpus épistolaire, Bernard montre qu’il s’est rendu compte que cette perspective n’était pas évidente pour tout le monde, que la transformation d’une dispute scolastique en procès régulier pourrait soulever des questions. Surtout, parce que, en vérité, ce n’était pas lui, le demandeur, mais Abélard. Le rôle du procureur ne pouvait lui être assigné qu’après la réunion des évêques à la veille de la confrontation. Par la condamnation des thèses lues aux prélats, la procédure juridique fut amorcée, et Bernard fut engagé comme le défenseur de l’Église.
45Bernard avait pourtant encore une autre raison de composer le dossier. En réalité, Abélard fut accusé et condamné à cause de sa doctrine hérétique.
46Comme on a pu le voir, dans le dossier l’accent est mis ailleurs. Pour Bernard, le péril réside dans la confiance trop grande du maître en ses propres capacités rationnelles, qui lui fait rejeter toute autre autorité. En outre, il donne par cette attitude un trop mauvais exemple aux jeunes. Cette accusation contre l’arrogance d’Abélard résonne comme un refrain dans toutes les lettres de Bernard, mais elle ne pouvait pas, bien sûr, être un argument décisif pour la condamnation papale. Ce n’est que dans le dossier qu’Abélard apparaît comme la personnification du danger que constitue une rationalité qui n’est pas bridée par la foi et qui conteste toute autorité traditionnelle.
47BIBLIOGRAPHIE
48Leclercq (Jean), Talbot (C. H.), Rochais (Henri) (éd), Sancti Bernardi Opera (SBO) IV, VII-VIII, Roma, Editiones cistercienses, 1966, 1974, 1977.
49Buytaert (Eligius), Mews (Constant) (éd), « Theologia Scholarium » (ThSch) Petri Abaelardi opera theologica III, Turnhout, Brepols, 1989, CCCM 13.
50Buytaert (Eligius) (éd), « Commentaria in Epistolam Pauli ad Romanos IV » Petri Abaelardi opera theologica I, Turnhout, Brepols, 1969, CCCM 11.
51Saint-Thierry (Guillaume de), Disputatio adversum Petrum Abaelardum, PL 180, col. 249-282.
52Auxerre (Godfried van), Vita Bernardi {= Vpr} III, IV, V, PL 185, col. 301-368.
53Clanchy (Michael), Abelard. A Medieval Life, Oxford, Blackwell, 1997.
54Constable (Giles), « The Disputed Election at Langres in 1138 » Traditio 13, 1957, p. 119-152. The Letters of Peter the Venerable, Cambridge (Mass), Harvard University Press, 1967, II, p. 1-44.
55Gastaldelli (Ferruccio), « Commentaires sur les lettres de Bernard de Clairvaux », Gerhard Winkler (éd), Bernhard von Clairvaux. Sämtliche Werke, Bd. II et III, Innsbruck, Tyrolia-Verlag, 1992.
56Leclercq (Jean), « Lettres de S. Bernard. Introduction », Recueil des études sur s. Bernard et ses écrits V, Roma, Edizioni di Storia e Letteratura, 1987, p. 37-67. « Lettres de S. Bernard : histoire ou littérature ? », Recueil des études sur saint Bernard et ses écrits IV, Roma, Edizioni di Storia e Letteratura, 1987, p. 125-225. « Éloge de la traduction », Recueil des études sur s. Bernard et ses écrits V, Roma, Edizioni di Storia e Letteratura, 1987, p. 471-480.
57Luscombe (David), The School of Peter Abelard, Cambridge, 1970.
58Strothmann (Jürgen), « Das Konzil von Sens 1138 und die Folgeereignisse 1140 », ThGL 85, 1995, p. 238-254 et p. 396-410.
59Zerbi (Pietro), « Bernardo di Chiaravalle e le controversie dottrinale », Ecclesia in hoc mundo posita, Milano, 1993, p. 453-489.
Notes de bas de page
1 Traditionnellement le synode est daté du 2 juin 1140. Il y a une décennie, certains ont plaidé en faveur d’une datation en 1141 (le 25 mai), cf. Gastaldelli (F.), III, 1992, p. 1067 ; Zerbi (P.), 1993 p. 455. Ce qui est soutenu récemment par Constant Mews qui exposera ses arguments dans un article dans Speculum 2002. Il a eu la gentillesse de m’envoyer une copie. Je l’en suis très reconnaissant. En outre, quelques indices à l’appui de cette thèse se trouvent dans la littérature que la condamnation d’Abélard a suscitée.
2 Constable (G.), 1967, p. 8-12.
3 Leclercq (J.), 1987, p. 166.
4 Leclercq (J.), 1987, p. 475.
5 Leclercq (J.), 1987, p. 43-48 et p. 162.
6 Gastaldelli (F.), II, 1992, p. 1142-1144.
7 Constable (G.), 1957.
8 On peut penser au Commentaire de l’Épître aux Romains que Bernard avait probablement lu (cf. Buytaert (E.), I, 1969, p. 117, où un passage suit auquel Bernard semble se référer dans la lettre 190).
9 Clanchy (M.), 1997, p. 313.
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