Chapitre III. La formation des notables
p. 87-129
Texte intégral
1La présence continue des paysans dans les assemblées locales, qu’elles soient élues ou nommées, est la conséquence d’un processus engagé, au xviie siècle, par le Parlement de Bretagne. Les arrêts qui ont facilité leur accès au pouvoir local en les conduisant à s’occuper eux-mêmes, très officiellement, des affaires de leur communauté vont les amener à démontrer de réelles compétences progressivement acquises en administrant et en gérant les biens de leur paroisse.
2Les étapes de cet apprentissage sont complexes : plusieurs fonctions de difficulté graduelle sont habituellement tenues avant de pouvoir entrer au corps politique. Une longue période de formation individuelle précède donc l’éventuel accès au corps politique. À ce niveau, les enjeux ne sont plus les mêmes : à la bonne administration des lieux du culte, succède la pleine gestion des intérêts de la communauté entière. L’apprentissage auquel les notables doivent sacrifier passe donc par la bonne administration et la tenue rigoureuse de comptes avant de prétendre à la gestion des biens de la paroisse et à la défense des intérêts communs.
L’administration des biens paroissiaux
3Les principales fonctions ouvertes aux administrateurs ruraux sont dans chaque paroisse celles de fabriques et des gouverneurs de chapelles ou de confréries. L’importance des différents lieux de culte est fort variable : l’église n’offre pas forcément la fonction la plus importante ; une chapelle ou une confrérie de grande dévotion peuvent concentrer la majeure partie des rentes et devenir, de ce fait, les lieux les plus difficiles à administrer. Sans être rare, ce type de situation n’est cependant pas le plus courant ; la fabrique paroissiale reste habituellement la première fonction administrative, partagée entre deux marguilliers. Le travail demandé à ces personnages paraît donc le plus complet et sa description peut servir de modèle pour les administrations de moindre importance, aux budgets plus que médiocres.
Les fabriques
4Malgré une redistribution des rôles au profit des 12 délibérateurs et un recentrage de celui des fabriques sur la seule administration des biens de l’église, la tâche qui incombe à ces derniers apparaît fort complexe.
5À Trélévern, le détail de la fonction présenté aux personnes nouvellement nommées, est le suivant :
« Lesquels entreront en charge à Pacques prochain venant suivant l’usage de cette paroisse et toucheront conformement à leurs predecesseurs les biens et revenus tant de m[essieu]rs les prêtres que de laditte église et fabrice et du tout rendre un fidel compte à chacun ainsi qu’il appartiendra, dovront aussi lesdits fabriques pendant leur année de gestion fournir des aveux et declarations aux differants fiefs qui doivroient en demander sur les biens de ladite église, prêtres et fabriques, faire les avances nécessaires et desquels ils seront remboursés à vu de leur quittance sans qu’ils puissent exiger salaire pour leurs journées. Passeront des baux à ferme des biens qui se trouveront finis ou sur le point de l’être, le tout aux meilleures conditions possibles. Payer les charges en général tant sur les biens des prêtres, fabrices, et confrérie comme cheffrente, decimes, etc. Faire faire les reparations necessaires et urgentes sur et autour de l’eglise pour touttes leurs emplois et dépense retirer des quittances et les employer en leur décharge de compte et en tout se conformer aux arrêts et règlement1. »
6La tâche est lourde et dépasse largement le seul embellissement du lieu de culte. Il s’agit, d’abord, d’un travail bénévole de collecte des rentes dues à l’église ou au clergé et de l’emploi ou de la redistribution des sommes perçues, avec une obligation très marquée de stricte comptabilité. Le souci d’une bonne gestion apparaît, ensuite, à travers la reddition d’aveux aux différentes seigneuries sous lesquelles la fabrique et l’église possèdent des biens mais, surtout, à travers le soin à apporter au suivi des baux. La Coutume de Bretagne permet, en effet, de réclamer toute somme impayée jusqu’à 29 années en arrière ; au-delà, la rente est considérée comme perdue2 ; d’où le soin particulier mis par les fabriques à exiger de tous les tenanciers, à fréquence très régulière, des déclarations des rentes qui sont dues à l’église. L’expression « poussière de rentes » qu’utilise Georges Minois pour présenter ce type de revenus des fabriques trégorroises3 est tout à fait imagée. Elle trouve sa pleine justification dans le détail de celles perçues à Ploubezre et à Rospez.
7La première localité a conservé un « Inventaire général des Actes concernant les rentes et droits de l’église paroissiale » rédigé en 17844 : 4 cahiers, représentant au total 249 pages, donnent le détail des biens perçus par le clergé, la fabrique, les confréries et les chapelles ; probablement incomplet en ce qui regarde les petites chapelles, il recense 318 rentes, fixées en argent (55,33% des cas), en boisseaux de pur froment (36,33 %) ou mixtes (8,27 %). Le poids des rentes perçues par le clergé est le plus important. Le cas le plus extraordinaire est une fondation d’Yves Nicolas, prêtre de Ploubezre, qui par testament du 31 octobre 1559 laisse annuellement à ses successeurs 6 sommes de froment, c’est-à-dire 24 boisseaux, dont 20 sont affectés à la chapellenie du Portzmen érigée dans l’église et les quatre autres aux prêtres de la paroisse5. Sans atteindre un tel sommet, mais de manière significative, les prêtres sont les seuls à bénéficier des rentes de plus de 30 livres. Plus généralement, à l’occasion de dons multiples, ils sont toujours les mieux servis. Ainsi, une déclaration de rente du 20 mai 1645 laisse 2 livres au clergé, mais seulement 3 sols 6 deniers à la confrérie du Luminaire6. Une autre du 10 juin 1655, donne 5 livres au clergé mais 10 sols à la confrérie du Saint-Sacrement et 10 sols au Luminaire7. Ces exemples pourraient être multipliés : en dehors des dons destinés aux prêtres, les legs sont souvent faibles ; l’atomisation des rentes atteint principalement les confréries ; la fabrique paroissiale se montre à peine mieux lotie ; seules les chapelles bénéficient de meilleures ressources8.
8À Rospez, en 1781, les répartitions semblent plus équilibrées. Une fondation du 26 février 1662 donne, par exemple, 8 livres 10 sols aux prêtres, 3 livres à la fabrique et 4 livres à la confrérie du Luminaire, l’unique chapelle de la paroisse, Saint-Dogmaël, est ignorée9. Un rentier de 1781, qui concerne globalement l’église sans détailler les bénéficiaires, livre 165 cotes dont 38 en nature et seulement 4 mixtes (boisseaux de froment et argent)10. Mis à part 2 cotes plus élevées atteignant 72 et 64 livres, on retrouve la même modestie des montants qu’à Ploubezre, donc la même difficulté à percevoir des sommes qui pour plus de la moitié d’entre elles ne dépassent pas 4 livres. Ces rentes ne sont pas toutes fondées dans la paroisse et demandent aux fabriques l’effort supplémentaire d’aller les quérir dans des localités parfois éloignées de plusieurs lieues.
9Contrairement à ce qui existe pour la perception des rentes seigneuriales11, la majorité de ces rentes, celles en nature compris, sont des rentes « quéribles », c’est à dire que le représentant de la paroisse doit aller les recueillir de place en place chez les débiteurs. Cette partie de l’activité des fabriques n’est donc pas la plus simple ni la plus tranquille. Il n’est pas étonnant que plusieurs paroisses12 aient, alors, confié cette tâche à une personne désignée pour faire ce travail et appelée le « procureur terrien » chargé de collecter les comptes et reliquats des fabriques et gouverneurs. En 1775, à Trélévern, le procureur terrien François Théry « est attaqué […] de maladie corporelle caduc et agé en consequence hors d’état de pouvoir remplir sa charge13 ». Son remplacement, pour 3 ans, par son fils Vincent, nous vaut une description complète de la fonction :
« Lequel touchera les fondations des prêtres comme à l’ordinaire et leur en rendra compte et en tira quittance pour remettre en nos archives. Lequel aura la faculté de faire fournir des déclarations et titre nouvel à l’amiable é sans frais autant que faire se poura sur les biens et revenus des prêtres, églises, chapelles et confréries14… »
10On reconnaît, en partie, le rôle dévolu aux fabriques quelques années plus tard. Il n’y a pas double emploi : le Parlement de Bretagne, par un arrêt du 1er avril 1775, « a fait deffense de nommer à l’avenir aucun syndic ni procureur spécial dans les paroisses15 ». En conséquence, Vincent Théry est démis de sa fonction, dès le 28 mai suivant, au profit des deux fabriques. La règle sera appliquée jusqu’à la Révolution.
11À Ploubezre, 206 des 318 rentes sont perçues dans la paroisse. Le reste est concentré dans les paroisses voisines Plouaret, Ploumilliau et Tonquédec. Mais lorsqu’il s’agit d’aller (une fois) jusqu’à Minihy-Tréguier, c’est une bonne journée de voyage que les fabriques doivent envisager. Bien sûr, divers arrangements sont possibles pour éviter les déplacements multiples, lointains, coûteux et hasardeux. Des délégations sont données à des personnes en déplacement. C’est ainsi que le gouverneur du Rosaire de Trévou-Tréguignec, profite d’un voyage à Lannion en juillet 1772 pour toucher 21 livres dues à l’église16. Des billets gardent la trace de ces versements, les rôles utilisés pour la collecte sont cochés : ils seront employés pour dresser les comptes, puis ceux-ci, à leur tour, soigneusement vérifiés.
12Ce travail long et précis trouve sa récompense dans la sensible amélioration des finances de nombreuses paroisses. Sans doute la situation n’est pas parfaite en tout lieu. Certaines ont vu les revenus de leur fabrique stagner ou décroître au cours du xviiie siècle17. À Pleudaniel, le budget moyen annuel pour la dernière décennie de l’Ancien Régime n’est plus que de 100 livres à peine, une situation que ne partage même pas Moustéru (88 livres) ; des misères qui en aucun cas ne permettent de faire face aux travaux importants ! Plusieurs localités présentent de meilleures situations18, leurs finances ayant crû pour atteindre de 300 livres à 700 livres entre 1780 et 1789. Goudelin approche, en 1783, un niveau voisin de 1 200 livres. À Ploubezre, en 1778, le compte de la fabrique présente un montant en charge de plus de 1662 livres, un total très confortable19.
Les gouverneurs des chapelles
13À l’image de ce qui est exigé des fabriques paroissiaux, le même travail de patiente collecte et de confection des comptes est demandé à chaque gouverneur de chapelle ; il est le gage de la bonne continuité des versements. C’est ainsi qu’un boisseau de froment donné à la chapelle de Kerfons en Ploubezre, en 1527, par le chevalier de Kerhervé et son épouse est toujours payé à la veille de la Révolution par les détenteurs de Parc Névez, pièce de terre sur laquelle avait été fondée la rente. Les documents qui en retracent l’histoire sont tous des déclarations à dates successives : 1558, 1569, 1606 (sentence de la cour royale), 1652 (transaction), 1662, 1730, 1746 et 177420 ; un soin continu, parfois entrecoupé de décisions de justice. Sans être exceptionnelle, la série est quand même relativement fournie, peut-être à cause de l’intérêt présenté par le boisseau de froment dû à la chapelle et dont l’apprécis, entre 1770 et 1790, oscille entre 5 livres et 7 livres 1/221. La même attention peut être décelée pour des objets de quelques sous qui forment le lot commun de nombre de ces versements.
14Les dons affluent dans les plus célèbres lieux de dévotions, et il est parfois raconté que certains trésoriers, tels ceux de Saint-Éloy en Louargat, en profitent grassement22. Le gouverneur de Notre-Dame de Pendréo à Belle-Isle-en-Terre (sur qui aucun soupçon ne pèse) reçoit en offrandes des montants jusqu’à 24 fois supérieurs à ceux tombant en l’église paroissiale23. Mais la réalité est souvent moins généreuse, surtout lorsqu’elle concerne des chapelles de moindre renom. Certaines rentes sont insignifiantes : les gouverneurs ne se donnent même pas la peine de les quérir chaque année ; ils se contentent de les regrouper à la fin de leur temps de fonction ; la cueillette et la gestion s’en trouvent simplifiées. Ce type de situation ne présente que cet unique avantage. Il trahit surtout une faiblesse des ressources et pour ceux qui ont en charge l’entretien des lieux de culte, l’immense déception de ne pouvoir rien faire sans aide. La totalité des sommes perçues annuellement (aumônes et rentes) par les chapelles de Coadout la Vierge (de 11 à 62 livres) et de Saint-Michel (de 9 à 15 livres) donne une idée de la médiocrité dans laquelle se trouvaient les plus humbles chapelles24.
15De manière générale, en cette fin d’Ancien Régime, la situation paraît difficile pour beaucoup de sanctuaires. À l'exception des chapelles les plus renommées telles Notre-Dame de Pendréo à Belle-Isle-en-Terre dont le revenu a quadruplé au cours du siècle pour atteindre 500 livres, les petits monuments ont surtout vu stagner ou s’écrouler leurs rentes. À Boqueho, en 1780, les montants récoltés pour Notre-Dame de Pitié restent proches de 200 livres, une somme équivalente à celle perçue en 1738. Mais il s’agit d’une chapelle importante : « La jolie église de Notre-Dame […] toute bâtie de belles pierres de taille, ainsi que la tour qui s’élève au dessus du sommet des arbres. Elle est presque aussi grande et aussi bien décorée que l’église paroissiale25. » Ailleurs, les revenus se sont souvent effondrés26. À Gommenec’h, l’exceptionnelle situation des années 1710-1720 dont a bénéficié la chapelle de Notre-Dame du Douannec est complètement révolue. Après avoir connu à la fin du xviie siècle une position médiocre aux alentours de 50 livres de rente annuelle, une soudaine ferveur a porté ses revenus audelà des 300 livres. La fin de l’Ancien Régime voit un retour à la norme antérieure : des variations autour d’une moyenne de 100 livres. Le recul est du même ordre à Saint-Isidore de Pleudaniel qui passe entre 1730 et 1790 de 190 livres à une vingtaine de livres. En un siècle (1684-1788), les rentes de Notre-Dame de Cîteaux-Penvern à Trébeurden reculent de 260 livres annuelles à 45 livres environ. Sa voisine, Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, a perdu entre 1671 et 1787 près des deux tiers de ses revenus pour ne plus percevoir que 40 livres. Même constat pour Saint-Gouéno en Plouguiel qui approchait les 100 livres en 1731 et qui n’en touche plus qu’une vingtaine en 1786. Plus que la baisse très spectaculaire, c’est surtout la médiocrité des sommes désormais recueillies qui fait alarme. Avec de telles ressources il ne peut être question de grands travaux. Et même lorsque les fonds perçus sont en hausse comme à Saint-Jérôme en Pommerit-le-Vicomte, où de 1739 à 1785 ils augmentent de près de 35 % pour atteindre environ 135 livres, il n’est pas question d’effectuer autre chose qu’un petit entretien, forcément limité au plus pressé. Les gouverneurs des chapelles ne disposent plus, à la fin de l’Ancien Régime, des mêmes moyens que quelques décennies plus tôt. En dehors de quelques sites privilégiés et de hauts lieux de pèlerinage, les budgets paraissent médiocres. Il n’en demeure pas moins que devant cette situation difficile, les gouverneurs doivent faire face malgré l’amenuisement des revenus qui complique singulièrement leur tâche.
Les gouverneurs des confréries
16Cette médiocrité n’est pas entièrement partagée par les confréries.
17À Pédernec, si le Rosaire et le Sacre, depuis 1670, voient leurs revenus stagner ou légèrement décroître, aux alentours de 70 livres chaque année, le Luminaire passe, dans le même temps, de 500 livres environ à 700 livres par période de 3 ans, l’accroissement étant notable après 173027. L’écart, déjà sensible à la fin du xviie siècle, se creuse, dès lors, en faveur de cette confrérie particulière, au caractère dévot moins affirmé. Cet attrait pour le Luminaire correspond bien à la religiosité trégorroise plus sensible au merveilleux ; plusieurs exemples le confirment : à Coadout, le Luminaire a un budget annuel de l’ordre de 125 à 145 livres contre 55 livres au Saint-Sacrement en période normale28 ; à Plouguiel, le Sacre et le Luminaire (160 livres de budget annuel) dépassent le Rosaire (60 livres) et la confrérie de Saint-Yves (30 livres)29.
18Le Luminaire n’a pas toujours cette belle importance, mais il n’arrive jamais que son budget descende aussi bas que celui des plus petites confréries qui ne reçoivent pratiquement rien. On en jugera par les montants annuels perçus à Plougonver : 16 livres 4 sols pour l’autel de Saint-Yves, 8 livres 9 sols pour celui de Saint-Herbot, 6 livres 18 sols pour la confrérie des Captifs et 5 livres 4 sols pour celle des Agonisants30. Dans ce contexte, la performance de la confrérie de Saint-Emilion à Loguivy-Plougras doit être considérée comme exceptionnelle ; la forte dévotion à ce saint dans cette trève de Plougras, où il existe également une chapelle placée sous son patronage, lui apporte un revenu annuel de plus de 1 900 livres31.
La bonne tenue des comptes
19Devant de telles difficultés, la plus grande rigueur est exigée des administrateurs.
20Il n’est pas question d’engager des dépenses au-delà du raisonnable, c’est-à-dire, très nettement, de dépenser plus que l’argent disponible. Chaque fabrique ou gouverneur doit gérer les biens de son église, de sa chapelle ou de sa confrérie comme s’il s’agissait de ses propres biens. Chaque rentrée et chaque dépense minutieusement répertoriées sont portées sur un compte très précis qui constitue un véritable tableau de l’activité de chaque administrateur.
Une gestion en bon père de famille
21La somme dont disposait le gouverneur de la confrérie de Saint-Emilion à Plougras aurait sans doute constitué un soulagement inespéré pour la majorité des gouverneurs aux prises avec leur budget misérable. La règle, dans tous les cas, est une gestion « en bon père de famille32 », chacun s’interdisant de dépenser plus qu’il n’a reçu. Même si le reliquat patiemment constitué au fil des années, ne permet, sauf secours ou complément, de n’envisager que quelques maigres travaux, la comparaison des recettes annuelles et de l’emploi des sommes perçues montrent, au fil du temps, un soin attentif à constituer ce pécule indispensable.
22De 1770 à 1779, la fabrique de Coadout, aux revenus pourtant modestes, n’est jamais déficitaire33. Les trésoriers se font un devoir de ne pas dépasser, en décharge, ce qu’ils ont touché. À la chapelle Saint-Samson en Pleumeur-Bodou, le constat peut être effectué pour les années 1774-1781 : de 120 à 200 livres sont épargnées chaque année ; lorsqu’en 1779, apparaissent 20 ou 30 livres de déficit, ce n’est qu’un événement ponctuel, la norme étant reprise dès l’année suivante34.
23D’ailleurs ce n’est pas la charge ou la décharge qui intéressent les membres du général de la paroisse mais bien le reliquat. Lorsqu’ils font noter soigneusement les redditions de comptes dans les cahiers de délibérations, ils ne s’intéressent qu’aux résultats. À Plougasnou, tous les comptes de 1790 sont ainsi présentés : fabrique de 1789, reliquat de 125 livres 9 sols 6 deniers ; Rosaire de 1786 à 1788, reliquat de 111 livres 4 sols ; chapelle de Kermouster, reliquat de 221 livres 2 sols 2 deniers pour trois années de gestion ; fabrique de la Croix de Mission, reliquat de 91 livres 3 sols 6 deniers ; gouverneur de l’oratoire Saint-Sylvestre, 123 livres35. Il faut « être en avance36 » c’est-à-dire dégager un solde positif ; compte de gestion après compte de gestion, cumul après cumul : 7 comptes de la fabrique, du Rosaire et de la chapelle Saint-Cado rapportent ainsi plus de 1533 livres, en 1785, à Ploumilliau37 ; l’année suivante, ils rendent encore 536 livres38.
24Les sommes collectées sont passées au bénéfice particulier de chaque comptable, mais elles ne sont pas forcément utilisées pour l’usage direct de la fabrique, de la chapelle ou de la confrérie d’où elles proviennent. En cas d’urgence, le général de la paroisse peut les employer différemment. Ainsi à Plouisy en 1778, chaque trésorier n’apporte que quelques livres : le gouverneur de la confrérie de la Sainte-Vierge dépose 319 livres pour ses trois années de gestion entre 1772 et 1774 ; son collègue du Sacre laisse 27 livres 10 sols ; celui de la chapelle de Sainte-Marguerite seulement 3 livres 3 sols et 4 deniers. Qu’importe le montant particulier ! L’ensemble complété par les 61 livres 15 sols de la fabrique est intégré globalement pour être utilisé pour toute autre chose que l’entretien du patrimoine paroissial ; en l’occurrence, le paiement de 694 livres 10 sols 4 deniers dues à un monsieur d’Orvo, créancier du général39.
25Les finances paroissiales collectées individuellement par lieu de culte sont donc en réalité collectives. La modicité de certains revenus, si besoin est, peut être compensée par l’ensemble des fonds disponibles. Des travaux importants peuvent alors être envisagés. Le corollaire est que dans ces conditions, il n’y a pas véritablement de fonction mineure ; un gouverneur d’une petite chapelle ou d’une médiocre confrérie contribue à l’ensemble. Il doit apporter à la gestion de son lieu de dévotion autant de soins que s’il s’agissait de l’église paroissiale ou de l’une des plus belles chapelles. Ce qui se traduit par une tenue de compte similaire, lequel sera examiné avec un sérieux tout aussi grand que s’il concernait une fabrique, une chapelle ou une confrérie parmi les mieux rentées.
Les comptes
26Toute fonction de fabrique ou de gouverneur se termine par la reddition d’un compte traditionnellement présenté à charge et à décharge. D’une manière imagée, le comptable commence par se charger. Il énumère successivement toutes les rentes qui lui ont été servies au cours de l’exercice, s’excusant parfois d’une somme non perçue, qu’il signale ainsi aux vérificateurs du compte ainsi qu’à son successeur40. Les comptes semblent mieux tenus qu’au début du siècle41. Il est rare, désormais, de rencontrer des dysfonctionnements graves. Le cas de Jean Le Floch, gouverneur du Rosaire de Plouaret entre 1773 et 1775, qui ne présente aucun compte à charge car « n’étant saisy d’aucun titre », est exceptionnel. Les documents sont habituellement complets, les comptes les mieux rédigés distinguant clairement les différents types de charges : celles en argent séparées de celles en nature. Les fabriques de l’église tréviale de Notre-Dame de Bringolo présentent d’abord les « allumages et aumônes » c’est-à-dire les ventes aux enchères, les quêtes et les dons reçus du public. Puis ils énumèrent les rentes perçues en argent et terminent par celles en nature prenant bien soin de préciser les différentes capacités et mesures : des boisseaux mesure comble ou racle du Goëllo et des boisseaux mesure marchande42. Ensuite, les comptables se déchargent, donnant la liste et le montant de tous les postes de dépense : achats, reversement aux prêtres du tiers des aumônes perçues, réparations, frais divers. La balance entre charge et décharge fait apparaître le « reliquat », somme qui sera reversée au successeur et que celui-ci portera en tête de son compte à charge.
27Ces comptes sont dressés par l’un des notaires du lieu qui s’appuie sur l’extrait du rôle rentier ayant servi à percevoir les rentes ou sur un ancien compte. Il utilise encore le cahier des aumônes tenu par le fabrique et pour ce qui est des postes à décharge, les quittances collectées à mesure du règlement des achats ou des travaux. À Ploubezre, ces petits papiers, signés plus ou moins adroitement, concernent plusieurs centaines de postes43. À Ploumilliau, en 1778, 97 pièces sont fournies au soutien du compte des fabriques de l’année précédente44. Elles viennent à l’appui des comptes lors de leur vérification et peuvent aussi servir de justificatif pour un éventuel remboursement ; Jean Morvan ancien gouverneur de la confrérie des Captifs de Plougonver, de 1787 à 1789, demande par ce moyen décharge à la municipalité de 1791 « de la somme de dix livres qu’il a payé à Berthelot à Guingamp suivant quittance du 18 octobre 178845 ».
La vérification des comptes
28La vérification des comptes s’effectue en deux étapes et à deux niveaux.
29Le premier est celui de la paroisse. Deux ou trois vérificateurs nommés par le général examinent ces documents en compagnie du recteur et en présence du nouveau fabrique ou du nouveau gouverneur46. Cet examen est sérieux. Il débouche parfois sur des refus, la gestion des administrateurs sortants étant remise en cause, non de manière générale mais pour tel ou tel article jugé litigieux. Le refus est alors reporté dans la marge : « article refusé » ou plus simplement « nihil » (rien), sans autre explication ; 2 livres 4 sols en argent et un quart de boisseau de froment sont ainsi retirés du compte des fabriques de Pleumeur-Bodou en 178447 ; aucun élément ne vient expliciter cette décision signifiée oralement.
30Une telle sévérité s’explique sans doute par le fait que ces comptes sont ensuite examinés par l’évêque au cours de sa tournée pastorale. Les fabriques paroissiaux ont alors le redoutable honneur de présenter l’ensemble des comptes (églises, chapelles et confréries) à l’évêque de Tréguier ou à celui de Dol lorsque ce dernier vient visiter ses enclaves48. L’événement est important, surtout lorsque le prélat honore la paroisse de sa présence. Une attention particulière est alors apportée à la présentation matérielle des documents : les comptes sont parfois refaits, la calligraphie est plus soignée, un assemblage des feuillets au moyen d’un lacet de soie remplace l’habituelle couture de fil de lin. Les tréviens se déplacent à la paroisse mère49 ou se joignent à leurs homologues des autres paroisses dans la localité où l’évêque s’est arrêté. L’ensemble témoigne de la déférence des fabriques et des paroissiens au seigneur évêque et comte. La présentation des comptes est un moment redouté.
31Loin de toute routine, ce second examen est tout aussi sérieux. Les fabriques de Plouaret s’excusent, en 1779, d’avoir des difficultés pour cueillir les rentes et dénoncent les mauvais payeurs. Monseigneur Le Mintier les tance. Ils n’ont pas été jusqu’au bout de leur devoir : « Excuse refusée attendu que les comptables n’ont pas fait signifier les redevables ci dessous dénommés comme ils l’auraient du à raison de leur qualité de trésorier. » Et il signe lui-même la remarque sur le cahier de compte, ordonnant aux fautifs de dresser un nouveau compte sur papier commun « lequel ils présenteront à Monsieur Roger recteur de la paroisse de Trégrom que nous commettons pour le recevoir ». Plus loin, encore, l’évêque refuse 11 articles concernant le paiement des commis, celui des avocats conseils et le charroi des troupes : « Refusé, c’est au syndic de la paroisse à faire payer par le collecteur de la capitation50. » L’avertissement est net, le refus tout autant et la honte d’une mauvaise administration retombe sur les malheureux comptables. Lorsque le 18 août 1782, Jacques Aurégan « fabrique été » de Saint-Michel-en-Grève dépose son compte pour l’année précédente, il est mentionné au cahier des délibérations de la paroisse que celui-ci a été « rectifié par le seigneur comte évêque de Tréguier au cours de sa visite dans cette paroisse le 30 juillet d[erni]er51 ». Le trésorier sanctionné ne sera jamais admis, par la suite, comme membre du corps politique.
32La tenue des comptes est donc très certainement l’élément essentiel de l’administration paroissiale. Elle précise non seulement les fonds en possession de telle ou telle église, confrérie ou chapelle, mais à travers leur cumul elle permet la confection des reliquats, ce qui par le jeu des passations de comptes détermine les finances de la paroisse. Elle est, aussi, un bon indicateur de la capacité de gestion de chaque gouverneur amené progressivement à des fonctions de plus en plus importantes. Un compte refusé c’est une carrière qui se brise, le comptable malheureux étant définitivement écarté des fonctions paroissiales.
La gestion des biens paroissiaux
33Au niveau supérieur qui est celui de la paroisse entière, aucun écart ne saurait être toléré. Ce n’est plus tel ou tel lieu de culte qui est concerné mais bien toute la communauté paroissiale qu’il faut défendre et protéger. Préserver les intérêts communs passe d’abord par la bonne gestion des rentes. Celles-ci, on l’a vu, ne progressent presque plus au xviiie siècle. Les aumônes, les testaments écrits, les fondations pieuses se font rares. Il est nécessaire de prendre toutes les mesures possibles pour bien les conserver en assurant leur rentrée annuelle, parfois en allant jusqu’au procès. Surtout, les délibérateurs ne doivent négliger aucune rentrée possible en faisant fructifier les biens de l’église ; les enjeux d’une bonne gestion s’en trouvent alors multipliés.
Les difficiles rentrées d’argent
34L’argent rentre très difficilement ; les comptes ne sont rendus qu’avec retard. Les cahiers de délibérations abordent sans cesse ce sujet. Ils sont remplis de rappels sur l’exacte reddition des comptes. À vrai dire, il s’agit d’un réflexe ; dès que les finances paroissiales posent problème, il est battu la générale pour que les sommes dues aux archives soient réintégrées rapidement. L’annonce n’est pas sans effet, elle s’appuie sur les règlements du Parlement de Bretagne52 et occasionne habituellement des retours. L’importance des retards et la belle hauteur des montants cumulés montrent surtout que les administrateurs locaux prenaient bien des libertés avec ces mêmes règlements. Ils montrent aussi toute la difficulté des délibérateurs pour faire appliquer la loi et le cas échéant pour demander la sanction des coupables.
35Un événement plus ou moins fortuit suffit généralement pour provoquer le rappel des comptes. À la mort, par exemple, de François Guichard, procureur du général de Plésidy, sa veuve se tourne vers le corps politique pour réclamer restitution de 400 livres d’avances et de vacations dues à son défunt mari53. L’affaire se termine par un procès et le général de la paroisse est condamné, en 1776, à régler, sous un mois, 334 livres 5 sols et 6 deniers à la plaignante. Les délibérateurs font procéder à l’ouverture à trois clefs du coffre et n’y trouvent que 322 livres 10 sols. Il manque un peu moins de 12 livres et le réflexe pour parvenir au règlement final est de faire rendre les comptes des administrations passées et restant dues. Quatre anciens fabriques et gouverneurs s’empressent de répondre : les rentrées s’élèvent à presque 187 livres et couvrent largement les besoins.
36Cette histoire témoigne d’une manière largement répandue. En période normale, le petit pécule soigneusement conservé dans le coffre permet de faire face, sans trop de problèmes. Les comptes ne sont rendus que de manière très aléatoire et souvent après intervention extérieure. À Plésidy, une seule assemblée traite de ces questions entre 1768 et 1776 ; elle fait suite à la visite de l’évêque de Tréguier. Devant l’imprévu, il est donc nécessaire de faire le point des possibles rentrées d’argent. Les comptes, qui peuvent être réclamés pendant une période de 30 ans, offrent une solution évidente. Tous ceux qui ont quelque argent entre les mains sont invités à le porter à l’église, ce qui se passe habituellement sans trop de difficultés. Les débiteurs viennent rendre leurs comptes avec un retard parfois important, 6 années dans l’exemple précédent.
37Bien des reliquaires se montrent récalcitrants : après la période de laxisme puis le premier rappel, le corps politique de Plésidy s’essaye à la rigueur et menace : « Comme il y a encore quelques autres redevables tant à l’église paroissiale qu’au chapelle et frérie [confréries] qui ne sont point présentés, les fabriques actuels feront contrainte leur prédécesseurs par les voyes de droit aux payements de leurs reliquats. » Le seul à rendre compte est Louis Le Moher pour les chapelles de Saint-Jacques et de Saint-Michel ; au bout de 11 mois, il apporte 100 livres. Il n’y a, pourtant, aucune suite vers les autres reliquataires ; il faut, de nouveau, la visite de l’évêque de Tréguier pour déclencher un mouvement de reddition de comptes : 8 articles, rapportant, cette fois, 350 livres, sont réintégrés dans la semaine.
38Dans le Trégor entier, les mêmes retards, les mêmes réticences peuvent être relevés. À Ploumilliau en 1777, « quarante sept contes de différents fabriques de ladite église » sont en retard54 ; en 1782, les gouverneurs de la chapelle de Saint-Jean Bréséchan n’ont rendu aucun compte depuis près de 20 ans et 22 comptes de la fabrique, du Rosaire, du Luminaire et du Sacre n’ont point été rendus ; en 1785, 7 comptes de la fabrique, du Rosaire et de la chapelle de Saint-Cado rapportent plus de 1 533 livres et l’année suivante 3 comptes rendent encore 536 livres. De tels exemples existent dans pratiquement toutes les localités55, avec partout des rappels incessants pour faire rendre les comptes et poursuivre les reliquataires. Ainsi à Plufur où, en 1786, un mois de délai est laissé aux fabriques défaillants puis, devant le peu de succès de ce rappel, seulement 8 jours, ainsi, encore à Trégonneau, ainsi à Trélévern56…
39Quelles raisons peuvent expliquer ce manque d’exactitude ? La difficulté d’assurer la perception des montants est sans doute la première57. La tournée de place en place, souvent sur des distances considérables, seulement armé d’un extrait de compte face à des gens ne sachant pas lire, le comptable étant lui-même peu habile, peu se traduire par des refus. C’est une plainte constante des fabriques de Brélévenez : « […] La nonchalance pour ne pas dire refus de presque la m[o]itié des débiteurs qui restent toujours quoique avertis plusieurs fois aimablement » ; « […] les débiteurs de la plus forte partie des rantes refusent de payer leur redevance58. » Dans cette paroisse, une rente foncière et convenancière et 6 livres en argent dues à l’église sont payées avec 4 à 5 ans de retard, une autre de 3 livres 12 sols n’a pas été versée depuis 8 ans59. À Ploubezre, sur 27 articles que comprend le rentier du Saint Sacrement pour les années 1781 et 1782, 4 ont été refusés par les débiteurs et un autre semble avoir été récupéré de justesse60. Pour chaque article manquant, il faut se justifier lors de l’examen du compte avec le risque de voir celui-ci rejeté.
40L’exemple de Trévou-Tréguignec, en 1773, montre bien toutes les difficultés qui attendent les administrateurs qui présentent des comptes imparfaits.
41Souhaitant mener sa fonction à son terme, Maudez Crechriou, fabrique de l’église paroissiale en 1771, présente le 18 avril 1773 son compte en charge et décharge. Il n’est pas trop en retard mais intervient seul sans le soutien du second fabrique. Les délibérateurs l’interrompent alors sèchement :
« 1o […] Nous avions établi deux fabriques pour l’année 1771 et qui etoient maudes crechriou et yves cojean et que nous ne pouvons examiner le compte sur ce que yves cojean ne se présente en aucune façon et que le compte ne parle aucunement.
« 2o […] le compte ne nous paroit en aucune façon en règle sur ce qu’il ne porte point une charge et décharge générale des attouchements et payements des revenus de l’église ainsi que les fabriques étoient chargé par délibération du 25 août 177161. »
42Il n’y a pas, dans cette réaction, d’attaque personnelle contre Maudez Crechriou, mais plutôt une défense de la collectivité, de ses intérêts. Les comptes, c’est évident, ne sont pas en ordre ; le canevas habituel de présentation n’est pas respecté. L’absence du second fabrique peut dès lors s’expliquer de diverses façons : soit il est responsable du désordre et Maudez Crechriou essaye de se débarrasser de ses « attouchements » sans attendre de recevoir la part de son collègue, soit Yves Cojean n’est pas coupable et son absence signifie son refus de présenter un compte en désordre. La manière dont le document est présenté ferait plutôt retenir la seconde explication. A-t-il été dressé avec l’aide du commis ? Celui-ci, prenant argument du « trouble existant dans la paroisse », démissionne à l’issue de la délibération. Mais le corps politique ne va pas déclencher de poursuite. Alors que quelques semaines plus tard il va mener procès contre Jean Le Goff « comme ayant mal versé dans l’administration de sa charge en qualité de gouverneur du Rosaire », et qui s’est enrichi personnellement, il se contente ici de signifier son refus, de protéger les intérêts de la communauté paroissiale en exigeant des fabriques qu’ils revoient leur compte, cette fois, ensemble.
43Pour expliquer les retards, il faut aussi se rappeler que l’argent est rare, souvent de mauvais aloi ; dans le cas contraire il constitue une forte convoitise pour les paysans collecteurs. L’idéal est d’être payé « en or ou en argent de france et non en billet de Banques papiers ou autrement62 », de voir les sommes réalisées en « louis d’or de vingt quatre livres et en pièces de six livres ayant cours63 ». Or la monnaie qui circule dans les campagnes est un mauvais billon, pièces blanches ou de cuivre qu’il faut échanger, à perte, à la ville ou chez le notaire. Il peut s’avérer intéressant de garder pour soi, précieusement, les rares bonnes pièces, de collecter petit à petit, l’équivalent en mauvaise monnaie et de procéder à l’échange avant de rendre son compte. Monseigneur Le Mintier dans sa tournée à Saint-Eutrope, en 1782, dénonce ce type de situation : « Il y a des fonds appartenant à l’église qui sont aux mains de plusieurs particuliers qui n’en tiennent pas compte64. » Sans oublier tous ceux qui pourraient être tentés d’utiliser cet argent ou cet or pour leurs besoins personnels.
44Tout le monde se connaissant dans la paroisse et chacun ayant à rencontrer l’autre, il faut aussi considérer la gêne que constitue pour les nouveaux fabriques l’obligation d’aller chercher les reliquats chez leurs prédécesseurs et en cas de refus, de les menacer des voies de droit. À Ploumilliau, le 2 novembre 1777, les délibérateurs décident d’une grande action pour récupérer les sommes dues à l’église, aux chapelles et aux confréries. Ils remettent aux fabriques Jean Riou et Guillaume Le Gall un nombre important de comptes incomplets et quelques noms d’entre ceux qui n’ont rien rendu, les autorisant à « poursuivre par tout voix de justice les relicataires65 ». Un an et demi plus tard, le constat est amer :
« […] Les dits Riou et Le Gall n’employent dans la charge de leur compte que l’attouchement d’une foible partie de Reliquats dont ils étoient chargés de percevoir la totalité ; que leur négligence à cet égard vû le pouvoir étendu que leur avoit donné ledit général peut porter un grand préjudice et être de fort mauvais exemple pour quiconque le général voudroit leur substituer à l’effet de faire rentrer lesdits reliquats, par ce que sans doute les nouveaux pouvoir que ledit général accorderoit n’auroit pas plus d’execution qu’ils en ont eu au mains de Riou et Le Gall66. »
45Les 4 commissaires, au nombre desquels le recteur, ont beau jeu de dénoncer la situation. À la suite de leur examen, ils refusent le compte. Certes, l’effort accompli par les deux compères n’est guère satisfaisant. Mais on mesurera toute la difficulté du travail demandé en notant que parmi les 5 reliquataires défaillants cités dans la délibération du 2 novembre 1777, Jean Guégan, Mathieu Ollivier et probablement Guillaume Le Bihan67, étaient délibérateurs en charge entre 1777 et 1779.
46Enfin et surtout, pour ceux qui ne songent pas à faire carrière, retarder l’examen de sa gestion est un moyen efficace pour freiner sa nomination à d’autre fonctions. Tout nouveau délibérateur devant avoir rendu ses comptes avant de pouvoir entrer au corps politique, il s’agit là d’un procédé simple, évitant presque sûrement d’être employé à de nouvelles tâches, pour peu que le recteur ou le procureur fiscal soient vigilants à faire appliquer les règlements. Malgré les menaces de poursuites, ce type de situation ne mène jamais à un procès. Habitués, lassés ou profitant eux-mêmes du système, les délibérateurs s’accommodent, alors et sans honte, des règlements. Ils en viennent à nommer des personnes n’ayant point rendu leur compte ce qui permet de poursuivre l’administration de la paroisse mais a pour première conséquence de compliquer la tâche des gestionnaires.
La gestion des rentes
47Les offrandes, aumônes et testaments, ne rapportent plus grand chose aux confréries dans les dernières décennies de l’Ancien Régime. Les offrandes au Rosaire de Pédernec sont définitivement taries depuis 1770. À Plouguiel, elles ne rapportent que de 60 à 80 livres chaque année pour le Sacre et moins de 15 livres pour le Rosaire68. Les testaments se font rares. Leurs montants restent dispersés entre de nombreux lieux de dévotion.
48Chaque legs est insignifiant. La confrérie du Luminaire de Ploubezre reçoit 33 livres 13 sols 2 deniers pour 33 dons, en 1780. Le Saint Sacrement bénéficie de 38 dons la même année qui lui rapportent moins de 18 livres. En 1786, il n’est enregistré que 11 testaments, leur montant total s’élève à une bague d’argent et 7 livres 7 sols dont le tiers est dû aux prêtres69. Il devient nécessaire de gérer au mieux les biens de chacune de ces institutions : le cumul des nombreuses rentes fondées depuis deux à trois siècles et qui continuent à être servies.
49Une fondation pieuse est un contrat le plus souvent passé à perpétuité. En échange d’une prière, d’une messe, d’un service, d’un emplacement de tombe, le fondateur attribue une somme aux prêtres, à la fabrique, à la chapelle ou à la confrérie d’accueil. Devant être servie théoriquement jusqu’à la fin des temps, la fondation s’accompagne d’un système de rétribution perpétuel ayant pour objet d’assurer indéfiniment le salaire des desservants ou de défrayer continûment l’institution choisie. Il s’agit le plus souvent d’une portion d’immeuble ou de terre dont la propriété est transférée aux prêtres ou à l’une des institutions. Ceux-ci ou les fabriques successifs ont pour mission d’organiser la collecte et la distribution des versements prévus dans l’acte de fondation qui est, le plus souvent, un testament. Ces legs sont habituellement transformés en baux à ferme ou à convenant, le preneur déclarant continuer les versements et le collecteur devant en assurer la distribution70. Ce sont ces versements que les prêtres, les fabriques et les gouverneurs se font un devoir de ne pas perdre.
50Quelques nouvelles rentes sont toujours enregistrées à la fin de l’Ancien Régime. Le 4 janvier 1789, Cadiou, un alloué de Lannion, fait déposer une « rente fondationelle » à Plounévez-Moëdec71. La fabrique de Ploumilliau, le 14 février 1789, reçoit par testament de Pierre Audigou 142 livres 15 sols « pour faire dire des services à l’église72 ». Il s’agit cependant d’un mouvement en déclin. Les tableaux des fondations sont pleins, ce qui explique pour partie cette raréfaction. Celui de Ploubezre73 compte exactement 100 anniversaires, tous messes chantées, célébrées chaque dimanche de l’année, aux grandes fêtes, aux fêtes usuelles et pour certains particuliers, à l’occasion de leur fête patronale. Il faut encore y rajouter 12 prières hebdomadaires qui peuvent être accompagnées de diverses formes de piété : processions et prières sur les tombes. La liste est si remplie que 2 anniversaires pourtant fondés en 1590, sont servis, en 1784, « aux deux premiers dimanches vacants ». Ceci pourrait témoigner d’une bonne santé, d’autant que devant la pléthore de ces fondations qu’il n’est plus possible matériellement de servir, l’évêque de Tréguier a accepté d’en réduire le nombre74. Ce mouvement est partagé par d’autres paroisses75…
51Les offres de rachats sont, par contre, de plus en plus fréquentes. Pierre Le Gall de Saint-Michel-en-Grève profite du mauvais état des archives de la fabrique pour proposer 20 livres en remboursement d’une rente de 20 sols due sur une maison du bourg. Les délibérateurs acceptent prétextant une bien éventuelle prescription76. Ollivier Kermarec rachète, sans problème, en 1788, une rente de 55 sols réparties entre les prêtres et le Luminaire de Trélévern77. Mais le corps politique de Plufur, en 1786, cède beaucoup moins facilement. Ce n’est qu’après procès qu’il consent pour 31 livres 10 sols au remboursement d’une rente de 35 sols78.
52Désormais, le souci des administrateurs passe davantage par le maintien quantitatif des rentes et par la conservation des documents faisant état de leurs fondations. Des 318 rentes versées à Ploubezre, vers 1784, 113 (35,53 %) ont été révisées au cours des 25 années précédentes dont 66 (20,75 %) dans les 15 dernières années. Il s’agit principalement de déclarations notariées qui viennent compléter et valider les anciennes liasses, un travail de fond qui pour n’atteindre que la moitié de ce qu’il serait nécessaire au terme de la Coutume, n’en est pas moins important ; un ouvrage que, de son côté, le recteur de Plufur incite les fabriques et gouverneurs à entreprendre avant que la prescription ne touche les rentes dues aux prêtres de sa paroisse79. Ces déclarations ou reconnaissances de rentes80 sont de plus en plus recherchées et contrôlées ; des procureurs spéciaux sont nommés81. Des contestations s’élèvent entre paroisses ; les fabriques de Plougras et de Botsorhel se disputent une fondation annuelle de 24 sols82 : les archives sont mises en ordre de bataille ; 100 pièces concernant les fondations de Plougras sont examinées en vue de recouvrer les rentes83. Les délibérateurs n’hésitent pas à orienter les fabriques et les gouverneurs vers des procès. Les menaces de poursuites sont nombreuses, il est parfois question de prendre « les voyes de droit84 ».
53Il ne s’agit pourtant que de menaces : alors que des poursuites sont constamment évoquées, très peu d’entre elles aboutissent en justice. Tout se règle (ou tombe en déliquescence) dans la paroisse. Les véritables procès pour la perception des rentes sont rares : une douzaine entre 1770 et 1790, dont un à Plésidy, qui touche à sa fin en 1777, paraît très symptomatique85. L’affaire est née du refus d’une paroissienne, Louise Lozach, de verser à l’église 15 livres de rente annuelle pour une ancienne fondation d’un prêtre de la paroisse. Le procès « commencé depuis plusieurs années », de juridiction inférieure en juridiction supérieure est allé jusqu’au Parlement de Rennes. Les arguments du général de la paroisse semblent les plus convaincants et le mettent en position de gagner ; c’est alors que les adversaires, tous paroissiens et voisins, se mettent à transiger :
« Ce procès […] causeroit la ruine et perte considérable à celle des deux parties qui succomberoit à supposer pour un moment que le général ayt gaigné et cause en seroit il plus avancée ny mieux satisfait, tous les biens et meubles et effet de la Lozach se trouveroit absorbé en frais et deviendroit par conséquent, n’ayant d’ailleurs que très peu d’immeuble, insolvables dont le général ne seroit point non plus en état d’en faire les avances. »
54L’accord avec Louise Lozach se fait, alors, sur les bases suivantes : elle acceptera de payer la rente annuelle de 15 livres ; ayant perdu sa cause, elle paiera 300 livres au général ; à titre de dommages et intérêts, elle ajoutera 600 livres payables sur 10 ans ; elle satisfera, enfin, aux frais de la transaction. Il y a dans cet accord un double intérêt : celui de Louise Lozach sauvée de la ruine et qui peut espérer garder sa position sociale dans la paroisse ; celui des paroissiens qui ne perdent rien dans l’affaire. Les frais du procès, les dommages et intérêt sont payés par la plaignante ; le général ne débourse rien. Il protège même ses intérêts futurs : la rente continuera d’être payée et les rôles d’imposition comporteront toujours autant de contribuables. La communauté ne ressort pas trop affaiblie, ni économiquement, ni socialement, de cette épreuve.
55Les montants en jeu, comme dans ce procès, paraissent souvent ridicules. Aller en justice pour quelques livres peut sembler de peu d’intérêt et démontrer plutôt chez les délibérateurs un esprit de chicane très développé. Même s’il ne faut pas négliger cet aspect des choses, il vaut mieux considérer le manque économique présent mais surtout futur que signifie pour la paroisse la perte d’une rente si minime soit-elle. Le montant n’est rien en comparaison de la perpétuité de son versement, d’où l’acharnement à la conserver, d’autant qu’il est toujours possible de faire fructifier une rente que l’on a su conserver.
Les autres ressources paroissiales
56Le nombre des fondations stagnant, les rentes étant difficiles à percevoir, les fabriques et les gouverneurs ne peuvent se satisfaire de leur seule gestion. Il est nécessaire de rechercher des profits supplémentaires. Le salut passe souvent par un meilleur emploi des biens de l’église en faisant argent de tout ce qui est possible, ce que les délibérateurs réalisent en faisant valoir les biens appartenant aux églises, chapelle et confréries, en affermant certaine terres et en procédant à des congéments. Le grand mouvement de mise en ordre des archives s’accompagne alors de constitution de rentes à prix d’argent et de révisions périodiques des baux : baux à ferme dans quelques cas86 mais surtout dans ce pays de régime convenancier, d’exercices plus fréquents du droit de congédier.
57Le domaine congéable est un mode de concession de terre, particulièrement original qui n’existe qu’en Basse-Bretagne. Il repose sur une fiction : le partage d’une terre entre deux propriétaires, l’un le foncier ayant la propriété du fond, l’autre le domanier ou colon ayant la propriété des « édifices et superfices », en gros les bâtiments, les talus, les fossés et les arbres fruitiers87. Le problème vient de la faculté réservée au propriétaire foncier d’expulser le colon en lui remboursant la valeur, à dire d’expert, des édifices et superfices. Chaque congément est donc un moment difficile pour le colon expulsé : il se retrouve sans toit, sans terre et sans moyen d’entretenir un cheptel qu’il lui faut souvent vendre. Du point de vue psychologique, le régime convenancier ne peut que créer des rancœurs à l’égard du propriétaire foncier mais plus encore de l’éventuel repreneur, tenu comme le véritable instigateur du congément pour avoir poussé le propriétaire foncier à exercer son droit. Le congément est un moment de rupture des solidarités paysannes : rupture entre paysan expulsé et paysan repreneur, mais peut-être encore plus lorsque, s’agissant de biens d’Église, le congément est décidé par les membres du corps politique, des paysans eux aussi.
58Une soixantaine de baillées convenancières ont été retrouvées, entre 1770 et 1790, dans les délibérations des généraux de 26 paroisses présentant un corpus documentaire suffisant, soit au mieux 0,11 congément par an et par paroisse, ce qui paraît insignifiant. En l’absence de mesures plus complètes, il faut comparer ce chiffre à celui de l’ensemble des congéments retrouvés par Jean Gallet pour la seule paroisse de Plouagat-Châtelaudren : 4 congéments par an pendant les 10 années précédant la Révolution88. Une rapide et grossière approximation permet donc d’évaluer à 2,75 % le taux des congéments réalisés par les généraux de paroisse, ce qui est peu, mais n’est pas forcément négligeable tant l’impact psychologique de ces expulsions est important.
59Tous les renouvellements de baux convenanciers ne se traduisent pas systématiquement par des congéments. Il suffit pour cela que, lors des enchères, l’ancien colon soit le repreneur. Il reçoit alors une « assurance de non congément » qui s’étend habituellement sur 9 années89. Dans le cas contraire, le meilleur enchérisseur reçoit « pouvoir et faculté de congédier » pour la même durée90. Il n’y a aucun mystère, le but des délibérateurs en déclenchant les baillées convenancières est de procurer de l’argent à la fabrique, à l’exemple de ce qui a été réalisé à Plounévez-Moëdec en 1786 : « Décharge des titres me mis en mains pour faire les bannies nécessaires à fin de faire rentrer à la fabrique quelques fonds pour la nouvelle assurance du lieu de Lech an Coulan : projet qui a réussy et procuré une somme de cent cinquante livres91… »
60De 9 ans en 9 ans, les corps politiques peuvent donc remettre aux enchères les mêmes domaines congéables, et faire ainsi fructifier les biens de leur église. En 1778, un bannissement a lieu à Saint-Michel-en-Grève pour annoncer le possible congément d’une pièce de terre appartenant à l’église de Ploumilliau appelée Parc an Prat Trimintin et située dans la première paroisse92. La seule personne à se présenter est Ollivier Meuric, le domanier, qui sans aucune opposition offre 12 livres et emporte l’enchère. Il reçoit assurance de 9 ans de n’être congédié à charge de continuer à payer les rentes habituelles : 4 livres 10 sols au clergé de Ploumilliau et 30 sols à la confrérie du Luminaire. Neuf années presque passées, le corps politique de Ploumilliau procède à une nouvelle annonce : « Bannie le 12 de ce mois pour faire assigner ceux quy voudroient faire valoir l’assurance ou le pouvoir de congédier une pièce de terre en St Michel en Grève, Parc en Prat Trimintin93. » La mise à prix est de trois livres. Ollivier Meuric propose de nouveau 12 livres, mais il lui faut plus de persévérance pour obtenir satisfaction. Jean Le Boulanger dans un premier temps fait monter les enchères à 42 livres puis Yves Le Cam prend le relais jusqu’à 81 livres offrant au passage de régler les frais du bannissement. Ollivier Meuric conserve finalement Prat Trimintin mais doit débourser 84 livres, 7 fois le montant de sa précédente enchère, un bénéfice appréciable pour la fabrique de Ploumilliau.
61Ces enchères se terminent parfois par de véritables congéments.
62À Rospez, en 1781, Parc an Brouec Bras est tenu à domaine congéable sous le général de Brélévenez par François Poens et quelques autres personnes ; Vincent Queffeulou se présente devant le corps politique de Brélévenez pour obtenir son expulsion :
« S’est présenté vincent Queffeulou de la paroisse de Rospez lequel a fait offre audit général de la somme de 24 livres de commission pour ledit pouvoir de congédier outre payer annuellement aux sieurs prêtres et à la fabrice de cette paroisse la somme de neuf livres par an de rente foncière et convenancière, acquitter aussi annuellement toutes autres charges et rentes en général dues pour cause de ladite pièce de terre94. »
63En réponse immédiate, François Poens s’avance à son tour : « Lequel a fait offre pour l’assurance de la ditte pièce de terre aux mêmes conditions, la somme de 30 livres. » Plusieurs autres enchérisseurs souhaitant faire leur offre, la vente est repoussée au dimanche suivant. Vincent Queffeulou propose 36 livres puis se retire devant le combat que vont se livrer François Poens qui défend sa tenure et Louise Huon, épouse de Guillaume Le Goff, demeurant également à Rospez, qui souhaite l’en expulser. En 26 enchères successives, le congément de Parc an Brouec Bras va monter à 120 livres, Louise Huon obtenant finalement l’autorisation de congédier son adversaire ; François Poens ayant résisté jusqu’à 117 livres. Les délibérateurs de Brélévenez en tirent tout le bénéfice, près de 5 fois le montant initial. Dans l’accord qu’ils signifient à l’intéressée ils démontent même le mécanisme de ce type de congément lorsque le propriétaire est une personne morale : « Accordé ! A la charge d’exercer le congément des droits convenanciers de la dite pièce de terre et d’en rembourser ledit Poens de la valeur de leurs droits95. » Le remboursement des droits convenanciers (la valeur des édifices et superfices) n’est pas effectué par le propriétaire foncier comme le veut la coutume mais bien par le preneur. Le général de la paroisse n’a d’autre souci que de récupérer la somme qui lui est due en contrepartie de l’autorisation de congédier qu’il vient d’aliéner.
64Il y a donc entente entre le preneur et les membres du corps politique et on peut se demander si une certaine gêne ne freine pas ce type de transaction.
65Même si les biens des fabriques sont surtout des petites parcelles peu intéressantes pour des congéments très lucratifs, leur nombre très élevé aurait pu être une source plus fréquente de revenus pour les fabriques et gouverneurs. Or ce n’est pas le cas et une certaine réticence semble avoir existé. J’en voudrais pour preuve l’écart qui est notable entre les congéments ou les assurances de non-congément autorisés par les généraux dans leurs paroisses et ceux permis dans les localités voisines dans lesquelles église, chapelles et confréries ont des biens. En données brutes, les chiffres s’établissent comme suit : un tiers des mouvements ont lieu dans la paroisse pour deux tiers à l’extérieur. Les biens d’Église étant majoritairement concentrés dans la localité d’origine, les congéments exercés par les délibérateurs à l’encontre d’autres paysans sont de 4 à 6 fois plus nombreux hors de la paroisse qu’à l’intérieur. Ce mode de concession des terres qui véritablement peut agir en coin entre les solidarités paysannes, donne donc, à nouveau, l’exemple de la priorité communautaire exercée par les corps politiques.
66La constitution de rentes à prix d’argent en fournit une autre illustration. Il s’agit de rentes constituées telles que l’Église les autorise et les pratique96. Pour éviter la confusion avec les prêts à intérêt, elles doivent se plier à une triple restriction : assignation sur un immeuble, rachat au gré du débirentier, production d’un revenu inférieur au denier dix, c’est-à-dire 10 % du capital97.
67La rente constituée est un bon moyen de gagner de l’argent. À Plésidy, 660 livres ne sont utilisées que pour cette seule recherche de bénéfice. Elles proviennent d’une fondation du 25 janvier 1735 qui a déjà servi à supporter des rentes à prix d’argent. En mars 1772, lorsque le dernier emprunteur, Pierre Le Bars sénéchal de la juridiction de Kergouanton-Magoar, décide de rembourser le capital, les délibérateurs se réunissent pour « délibérer sur la façon d’employer la somme ». Le choix porte entre une utilisation pour réparer l’église ou une remise « à des gens solvables pour continuer la rente de trente-trois livres par an98 ». La seconde solution est retenue. Elle prend effet le 23 août suivant quand Yves Steunou et son épouse acceptent les 660 livres pour en payer les intérêts dès la Saint-Michel 177399 : 5 mois ont été nécessaires pour trouver un repreneur. En 1774, l’attribution est beaucoup plus rapide ; lorsqu’Yves Steunou rembourse son capital, il suffit d’un mois au général pour trouver un nouvel acquéreur en l’occurrence deux beaux frères, Guillaume Meurou et Jacques Stéphan tous deux ménagers, demeurant au lieu noble du Neuder, sur la paroisse100.
68Cette dernière caractéristique est importante. Dans l’exemple précédent, tous les preneurs sont domiciliés dans la localité de constitution de la rente. Seul le cas de maître Le Bars est incertain, mais sénéchal d’une seigneurie voisine, il ne présente pas de risque d’insolvabilité. Il paraît évident que les membres du corps politique ne prêtent qu’à des personnes parfaitement connues et capables de rembourser le général. Le cadre communautaire est naturellement celui qui offre les meilleures garanties à ces deux égards. C’est lui qui est systématiquement privilégié dans ce type d’opération pour lesquelles les personnes acceptées comme emprunteurs sont probablement des notables. Guillaume Meurou a été fabrique de Plésidy en 1772, Yves Steunou l’a été en 1774, il sera délibérateur en 1777 en compagnie de Jacques Stéphan101.
69Une autre source de revenu pourrait être les presbytères grâce au loyer payé par les recteurs. Georges Minois a donné de ceux du Trégor une telle description que l’on peut se demander si ces bâtiments ne présentaient pas davantage une source de problèmes et de conflits avec les recteurs. Les presbytères nécessitent souvent des soins urgents102. La plupart de la cinquantaine de délibérations qui abordent ce sujet, traite de travaux qui ne sont jamais insignifiants pour les délibérateurs ; les revenus tirés de ces bâtiments sont très médiocres et chaque engagement de réparations grève les finances paroissiales.
70Un des derniers moyens utilisés par les comptables pour assurer quelques subsides est de vendre des objets appartenant à l’église, aux chapelles ou aux confréries. Il s’agit généralement de vieilles ferrailles ou de bois, plus rarement du mobilier usagé. La manière de procéder est toujours celle des enchères. Il est possible de faire argent de tout : le plomb de la couverture d’un petit clocher103, des métaux de récupération104, six pieds de frênes et « les ferrailles qui se trouvent d’attache à deux arbres depuis que les clauches y ont été105 »… Avec la permission, à partir de 1789, contre 3 livres annuelles, d’introduire des « chaises portatives » individuelles106 et l’acceptation de dons tels que des draperies de soies qui serviront à confectionner des ornements convenables pour l’église107, ce sont les ultimes ressources des institutions paroissiales. L’ensemble est relativement médiocre.
71La « poussière de rentes » est excessivement diffuse, difficile à gérer, compliquée à percevoir. Alors que les archives sont de mieux en mieux rangées, les comptes de mieux en mieux tenus, les administrateurs se heurtent à la plus ou moins bonne volonté des débiteurs, qui souvent cherchent à atermoyer et parfois se dérobent. Les reliquats sont versés avec délais, les fabriques et gouverneurs en charge doivent faire eux-mêmes les avances, tandis que mener procès contre des proches n’est jamais très facile. Divers compléments permettent de constituer quelques ressources. Ils sont très heureux car la vie paroissiale implique bien des dépenses découlant naturellement de l’activité fabricienne mais le plus souvent occasionnées par des demandes extérieures à la communauté. Les délibérateurs doivent alors faire montre de leurs qualités de parfaits gestionnaires dans la défense des intérêts communs. Pour chacun d’entre eux le risque est alors majeur : le discrédit qui s’attache à tous ceux dont la tâche a été mal remplie.
La défense des intérêts communs
72Les achats nécessaires aux célébrations mais plus encore l’entretien, la rénovation, l’embellissement des lieux de culte, la réparation ou l’érection de bâtiments forment les principales demandes des recteurs, des fabriques et des gouverneurs aux corps politiques. L’activité fabricienne ne correspond qu’à environ 10 % des délibérations, les finances mises en œuvre sont toutefois les plus lourdes que les généraux de paroisse aient à traiter. L’urgence des décisions, l’importance des sommes consacrées, le caractère récurrent des besoins expliquent sans doute la moindre passion manifestée lors de ces réunions. Les délibérations provoquées par des demandes extérieures s’avèrent plus tendues ; qu’elles proviennent de particuliers ou plus fréquemment des administrations seigneuriales, provinciales ou royales, celles-ci présentent le désavantage d’être imprévues donc subies, de mettre les délibérateurs dans l’embarras et souvent de dépasser leur compétence de gestionnaire.
L’œuvre fabricienne
73Le travail des fabriques consiste, en premier, à fournir aux prêtres tous les moyens nécessaires pour assurer le culte. Il s’agit le plus souvent de préoccupations subalternes et quotidiennes. La grande œuvre fabricienne, l’entretien, la réparation, la construction d’église et de chapelle ne doit pas faire oublier ces tâches régulières et moins grandioses qui forment le lot commun de tous les administrateurs. Les comptes sont remplis de ces demandes : achats de vin de messe, d’hosties, d’huile sainte. Ces besoins sont courants et ne nécessitent pas l’autorisation des corps politiques. Lorsque ceux-ci viennent à s’intéresser aux « emplêtes nécessaires », c’est principalement parce que d’autres besoins en réparations, vitrages, blanchissage, achats de livres sacrés et raccommodage d’ornements dépassent les fonds de la paroisse108.
74Les généraux sont davantage consultés lorsque les demandes ne sont plus tout à fait aussi ordinaires, par exemple le remplacement des linges sacrés ou des ornements. De tels postes sont plus onéreux et il est normal que les fabriques requièrent l’autorisation des délibérateurs avant de s’en acquitter109. Malgré des coûts qui ne sont plus négligeables et la recherche de solutions de financement, ces achats sont généralement acceptés sans difficulté. Les gros travaux sont d’une autre conséquence : la grande caractéristique des bâtiments est leur état lamentable ; les habitants des paroisses, du moins ceux qui sont propriétaires, ont en charge l’entretien des lieux de culte, c’est-à-dire, la nef et le cimetière de l’église paroissiale ainsi que le presbytère110. Aucun arrêt du Parlement ne semble avoir traité des chapelles isolées qui souvent dépendent d’une seigneurie, ce qui en théorie aurait dû dégrever les paroissiens. Il semble pourtant que ceux-ci aient eu à s’en occuper de manière tout aussi directe et onéreuse.
75La liste est fort longue des églises et des chapelles qui menacent ruine. La modicité et la difficulté des rentrées d’argent, l’incurie de certains administrateurs conduisent régulièrement à des situations catastrophiques. L’église paroissiale de Plufur est un exemple parmi tant d’autres. Le bâtiment est ruiné ; le constat en a été fait, en 1736, par l’ingénieur des Ponts et Chaussées : la tour présente une lézarde de plus de deux pieds et le clocher menace de s’effondrer. Le 11 novembre 1770, le recteur de la paroisse et le procureur fiscal mettent les délibérateurs en face de leurs responsabilités :
« […] auxquels [délibérants] monsieur le recteur et le sieur procureur fiscal de la juridiction de Keranroux plufur ont fait voer et remarquer que le cloché au dessus de la porte principale de l’antré de l’église fait ventre du cotté au couchant, ainsy que la cornière du même cotté vis à vis du prespitaire est dans un périne [péril] éminant, et prait a échoer lors qu’on y pansera le moins et que par son écroulement [elle] entrenera indubitablement la tour, la flèche, ainsy que les cloches et de quelques cotté que se soet ; que léboulement total puisse arriver il en résultera indubitablement et inevitablement que l’église, la chapelle de saint yves qui est dans le cimetière, le prespitaire ou les maisons qui composent le bourg seront eccrasé ainsy que les personnes qui pourroint se trouver111… »
76La solution consiste à quérir, d’urgence, des charpentiers pour monter des échafaudages et des maçons et piqueurs de pierre pour effectuer les premières réparations112. Mais très rapidement l’ampleur des dégâts apparaît : la flèche et la tour présentent des ouvertures « à y entrer les bras d’un homme » ; il devient nécessaire de ceinturer la tour et de l’alléger de l’extérieur, de descendre les cloches avec toutes les précautions possibles pour les placer en sûreté, et de faire venir de Guingamp le sieur Anfray ingénieur des Ponts et Chaussées pour lui demander une visite précise des lieux113. Le résultat est conforme à ce qui pouvait s’imaginer : en grande indigence de réparation, la tour menace une chute prochaine ; il est nécessaire de descendre le clocher qui sera placé dans un recoin de l’église avant de commencer la réparation de la tour. Les plans et devis sont dressés par Anfray114 ; la reconstruction qui démarre en mai 1772 s’échelonne jusqu’en 1776115.
77De semblables constats peuvent être effectués dans bien d’autres paroisses ou trèves116. Les évêques de Tréguier se sont fortement inquiétés de cette situation ; à plusieurs reprises, lors de leurs visites paroissiales, ils ont fait mentionner au procès-verbal la nécessité d’y remédier dans les délais les plus brefs, n’hésitant pas à menacer ou, le cas échéant, à sanctionner. Jean-Marc de Royère lors d’une visite épiscopale en 1768, fait interdire la chapelle de Notre-Dame de la Pitié, située dans le cimetière de Brélévenez ; elle sera détruite en 1779117. Monseigneur Le Mintier ordonne la démolition de la chapelle Saint-Fiacre de Plounévez-Moëdec lors de sa visite du 24 septembre 1788118. Cet évêque est sûrement celui qui a le plus fait dans le domaine, avec beaucoup de rigueur et, parfois, de sévérité. À Saint-Eutrope, en 1782, il demande la reconstruction de l’église tréviale ruinée et pour accélérer le mouvement, il menace de fermer la chapelle Saint-Albin seul autre lieu de culte119. À Saint-Michel-en-Grève, la même année, il demande la réparation de l’église et de ses alentours puis la fait interdire120. Son épiscopat est encore marqué par la démolition, en 1787, des deux ailes de l’église paroissiale de Plouzélambre121.
78On retiendra plus avantageusement les constructions qui ont accompagné son épiscopat. Le Trégor, dans les dernières décennies de l’Ancien Régime, retrouve les allures d’un immense chantier. Au moins 22 sites de constructions ou de reconstructions sont ouverts entre 1770 et 1789 : la cathédrale, des églises paroissiales et tréviales mais aussi de simples chapelles122. Pendant ce temps, au moins 33 chantiers sont consacrés à des réparations plus ou moins importantes. Il s’agit souvent des charpentes ou des toitures, postes lourds et engageant les finances de la paroisse123. À chaque fois, l’action entreprise nécessite les soins vigilants des fabriques, des gouverneurs et des délibérateurs. Chacun reprend ses comptes et s’interroge sur les besoins potentiels et les rentrées possibles d’argent. La gestion de ces chantiers n’est pas simple. Mais ils présentent l’avantage d’être décidés par le corps politique qui connaît l’état des finances paroissiales et peut décider de l’opportunité, de la date ou du report de telle ou telle construction. Lorsque, au contraire, les demandes parviennent de l’extérieur de la communauté, elles surgissent de manière aléatoire et contraignante avec toute la gêne que ce type de situation peut entraîner.
Les aveux et rachats seigneuriaux
79Des délibérations sont régulièrement provoquées par des demandes des justices seigneuriales. Elles concernent principalement les droits de succession et imposent aux fabriques et gouverneurs de rédiger les aveux et de payer les rachats. La caractéristique des biens d’église est d’être éparpillés entre de nombreux fiefs et la mise en ordre des terriers seigneuriaux à pour conséquence de voir les fabriques assaillies de demandes des procureurs fiscaux. Ainsi à Ploumilliau, en 1780, où le recteur lui-même en vient à défendre ses paroissiens contre l’avidité des officiers de justice :
« […] Il est bien digne de la piété et de la bienfaisance des seigneurs de Kerhuel, d’apporter quelques adoucissem[en]ts aux rigueurs écrasantes de leur procureur fiscal contre une église aussy pauvre et aussy mal dottée que celle de Ploumilliau dont tout le revenu monte à environ quarente écus de rente en petit articles épars dans dix huit ou dix neuf fiefs. Que deviendroit cette église si les procureurs fiscaux de ces diverses juridictions modelaient leur procédé sur ceux du sieur Rivoal124. »
80L’aveu est d’abord une déclaration détaillée, une « description par le minu » des immeubles et terres que l’église, les chapelles et les confréries détiennent sous les seigneuries125. Les frais sont à la charge du fabrique ou du gouverneur qui doit faire rédiger le document par un notaire avec le risque de le voir « impunir », c’est-à-dire être refusé, si les officiers seigneuriaux le jugent défectueux. Au terme de la coutume, l’impunissement est possible pendant 30 ans à compter de la réception de l’aveu. Un comptable qui a satisfait à cette exigence au cours de son mandat est donc pratiquement exposé à cette remise en cause tout le reste de sa vie. La fréquence de ces redditions n’est pas très élevée : au mieux une ou deux chaque année par paroisse. Mais elles se compliquent de la nomination d’hommes mouvants, vivants et confiscants et surtout du paiement des droits de rachats.
81Outre le fait que les aveux soient récognitifs de la seigneurie, ce sont bien sûr les droits de rachats qui expliquent la pugnacité des officiers seigneuriaux. Suivant les tenures, les montants varient. Pour la seigneurie de Bégard entre 1770 et 1789, Annie Cunuder, qui a exploité le cahier des rachats de l’abbaye, a recensé 21 exemples qui vont de 66 à 790 livres126. La moyenne s’établit à 274 livres ; un chiffre supérieur à ceux constatés pour les biens paroissiaux qui avoisinent habituellement 40 à 50 livres127. Ceci n’empêche pas les procureurs fiscaux d’agir. En 1775, celui de la juridiction des Régaires de Tréguier, Le Roux Chef du Bois, impunit un aveu de 1770 de la fabrique de Servel en prétextant le défaut d’homme vivant, mourant et confisquant128. Après un temps de recherche dans les archives, période pendant laquelle le recteur reçoit un premier avis de relance, il apparaît que celui-ci, Jean Le Barzic, existe toujours129. Il faut donc refaire l’aveu avec la mention exacte de son nom, non sans avoir essayé de transiger avec Le Roux Chef du Bois pour éviter les frais d’un nouvel acte notarié et ceux du greffe130. Peine perdue : il faut « soutenir et payer ce qui sera dû au procureur fiscal131 ». Mais la fabrique engluée dans différents procès et qui connaît une mésaventure comparable avec la seigneurie de Lezenor, n’est pas en état de payer132. Une menace de saisie féodale sur Convenant Le Perchec en Lanmérin est la dernière pièce de ce dossier133. Suivie ou non d’exécution, elle montre les relations plus que tendues qui pouvaient exister entre les généraux de paroisse et les diverses justices seigneuriales.
82Beaucoup de rancoeur et de rancune sont accumulées par les délibérateurs contre les seigneurs et leurs justices. Ceux de Trébeurden visent les moines de Bégard pour leur terre de Penlan. La paroisse disent-ils « ne travaille que pour remplir les charges qu’elle doit à ces messieurs134 ». Et il y a, sans doute, beaucoup d’exaspération contenue, dans l’ironie amère des délibérateurs de Brélévenez. Le Bricquir du Meshir, procureur fiscal de Bois-Guézennec, réclamant le rachat d’Augustin Pezron précédent homme vivant, mourant et confisquant, s’entend répondre : « […] On connoit trop le zèle à monsieur le procureur fiscal de Boisguezennec pour l’intérêt de la seigneurie pour avoir négligé ce rachat depuis 1772 malgré le fournissement de l’aveu de cet époque et la nommination d’un nouvel homme pour le service du fief135. »
83Les trop nombreuses interventions des officiers seigneuriaux sont mal perçues par les délibérateurs. Chaque réclamation se traduisant par un prélèvement dans les finances paroissiales, ces interventions sont d’autant plus mal ressenties qu’elles se produisent de manière aléatoire et qu’elles prennent souvent en défaut le corps politique. Certains essayent pourtant de s’en accommoder. La solution trouvée par les délibérateurs de Ploumilliau est de faire rédiger l’aveu à la seigneurie Coatrédrez par Yves Savidan, notaire136. Celui-ci en est aussi le procureur fiscal ; il y a donc peu de chance qu’il choisisse de s’impunir lui-même137. La défense des intérêts paroissiaux passe parfois par quelque malice.
Les procès
84La défense des intérêts paroissiaux passe plus souvent par de coûteux procès. Dans toutes les paroisses, les délibérateurs sont prompts à menacer des voies de justice ; ils s’y engagent avec nettement plus de réticence, surtout lorsqu’il s’agit de proches parfaitement connus. Le général est plus attaqué qu’il n’attaque lui-même et ses décisions d’aller en justice sont plutôt des réponses à des événements extérieurs. Les procès sont nombreux et durent parfois plusieurs années138. Il n’y a pas de niveau : les justices seigneuriales, les cours royales et, s’il le faut, le Présidial sont fréquentés. Il n’y a pas de limite : les particuliers, les prêtres, les seigneurs et même l’évêque sont contestés par les généraux de paroisses ; dans une instance au Présidial de Rennes entre le corps politique de Plestin-les-Grèves et monseigneur de Luberzac puis monseigneur Le Mintier, c’est l’évêque de Tréguier qui cède139.
85Les enjeux de ces procès ne sont pas négligeables pour les budgets paroissiaux ; les sommes gagnées ou perdues sont du même ordre que celles cumulées dans les plus imposants reliquats. Mais il y a aussi des risques. Le procès perdu par le général de Plufur contre les héritiers du recteur Le Tacon est un moment très grave pour les finances paroissiales ; il en coûte plus de 1 800 livres.
86Car, bien sûr, il faut payer. Or les généraux n’ont aucune autorité pour lever directement des fonds dans leur paroisse. Ils doivent solliciter et obtenir l’autorisation du Parlement de Bretagne et les conditions sont très strictes140. La cause de la levée des deniers doit être clairement exprimée dans une délibération du corps politique. Elle doit répondre à des nécessités pressantes telles que la construction de l’église, la rénovation du presbytère ou les frais d’un procès. Dans les deux premiers cas un devis estimatif des travaux doit être réalisé par des experts assermentés ; copies de la délibération et des pièces d’expertise doivent être présentés à la cour ; enfin la somme demandée ne peut être qu’un complément, une fois épuisés tous les deniers de la paroisse. Il devient donc évident, dans ces conditions, qu’une demande de levée de deniers trahit une mauvaise gestion ou une mauvaise administration : mauvaise gestion cumulée sur de nombreuses années pour avoir laissé se dégrader les bâtiments dont la paroisse a la charge sans avoir procédé aux petites réparations et à l’entretien nécessaire, mauvaise administration pour avoir mené un procès à l’issue incertaine. Il faut toutefois se garder d’une trop grande sévérité : les ressources des fabriques et gouverneurs sont souvent très faibles et il leur est difficile de faire face à des travaux d’une très grande ampleur : « Il n’existe aucuns deniers dans le coffre fort et que le revenu de la fabrique suffit à peine à l’entretien du luminaire et aux réparations urgentes et nécessaires à l’église141. » D’où l’extrême difficulté à faire face aux événements, même les plus tragiques. Qu’il s’agisse de cas moins difficiles à gérer tels les abandons d’enfants où de problèmes d’une autre ampleur comme la nourriture des pauvres en temps de disette, la réaction des corps politiques est proportionnelle à la santé des finances paroissiales. Suivant les cas et selon qu’il soit fait appel ou non à la charité publique, il peut être fait montre d’une extraordinaire générosité comme du repli le plus frileux.
Les enfants trouvés
87La Coutume de Bretagne et la jurisprudence traitent du cas des enfants exposés et des filles engrossées : « En Bretagne les seigneurs ne sont point tenus, comme dans plusieurs autres endroits du Royaume, de pourvoir à la subsistance des Enfants exposés dans l’étendue de leurs Justices. L’article 533 de la Coutume, impose cette obligation aux Généraux des Paroisses où ces enfants se sont trouvés142… » Il est donc normal que les décisions concernant les enfants trouvés viennent devant les corps politiques. La même démarche est effectuée pour les filles enceintes ou venant d’accoucher143. Le général de la paroisse où l’enfant a été conçu est chargé de la subsistance de l’enfant et de la mère lorsque cette dernière est dans un état d’indigence absolue. Les fabriques doivent placer la future mère chez des particuliers et en payer la pension, les frais d’accouchement et de justice quittes, ensuite, à se retourner vers le père si celui-ci est connu et solvable. Dans le cas contraire, le général doit y pourvoir en demandant au Parlement l’autorisation d’un égail sur la paroisse pour être remboursé des frais engagés. Cette question des enfants trouvés et des filles mères cristallise tous les problèmes des corps politiques : manque de fonds chronique, inhibition pour toute levée de deniers, préférence accordée à la paroisse.
88L’entretien de l’enfant nouveau-né, sa survie sont des devoirs sacrés et légaux. Dans la cinquième leçon du Catéchisme de monseigneur Le Mintier portant sur le commentaire des 4e et 5e commandements, à la demande :
89« Que doivent les pères et mères à leurs enfants ? » est enseignée la réponse :
90« Ils leur doivent l’entretien, l’instruction, la correction et le bon exemple144. »
91La subsistance est placée en tête des obligations et ce même souci apparaît dans les arrêts et règlements qui dans la logique du temps complètent l’édit de 1556 du roi Henri II qui considérait comme crime d’infanticide les grossesses cachées s’achevant par la mort de l’enfant privé de baptême145. Traitant des « filles engrossées », Potier de La Germondaye rappelle la rigueur du texte royal et dans une transition toute naturelle passe de la survie de l’enfant à son entretien : « Ce n’est pas assez de prévenir la destruction de cet enfant : la Justice doit s’intéresser à sa subsistance146… » Confrontés aux impératifs de la religion et de la Loi, les délibérateurs ne peuvent se dérober.
92À Brélévenez, en 1771, la découverte dans un champ d’un nouveau-né « exposé depuis quelques jours », provoque un bel embarras. Mademoiselle Flamant, sage-femme de Lannion, qui s’est faite accompagner de Marie-Jeanne Nicolas, sage-femme jurée de l’Hôtel-Dieu de Paris, propose « de se charger led[it] enfans dans un aupital et d’en décharger à jamais cette paroisse moienant la somme de cent cinquante livres ». Elle nourrira quelques temps l’enfant puis le confiera, dans l’année, à un hôpital. Les délibérateurs acceptent, mais considérant « qu’il n’y a point de deniers dans les archives », ils n’ont d’autre solution que de provoquer une imposition extraordinaire de 200 livres sur la paroisse147. L’accord du Parlement de Bretagne leur parvient moins d’un mois et demi plus tard. Deux égailleurs et deux collecteurs sont nommés pour réunir la somme sur la base du rôle des vingtièmes148.
93Les délibérateurs essayent naturellement d’alléger le fardeau que ce type d’événement constitue pour les finances de la paroisse et celles de ses habitants. L’attitude de ce même corps politique, cette fois en 1784, est caractéristique de leur comportement. Le 18 avril, il est donné avis au général que le décès de Perrine Prigent laisse à la charge de la communauté un « enfant batard nommé Yves Prigent » d’environ 2 ans. Le garçonnet qui a été baptisé à Brélévenez, porte le nom de sa mère ; son père ne semble donc être connu. Perrine Prigent était elle-même une enfant illégitime, elle n’a pas de parents vivants ou connus149. Derrière ces indications, on imagine l’enquête de voisinage, la recherche de ce qui pourrait éviter à la paroisse les frais de l’entretien. La charge commence à compter puisque sur l’avis du recteur et des notables, l’enfant a été placé en nourrice. Heureusement, il est venu à la connaissance de l’un des fabriques, qu’il n’a pas été conçu dans la paroisse mais à Lannion « et que sa mère n’est venu habiter cette paroisse que pendant sa grossesse et quelques temps avant ses couches ». Au terme des règlements, c’est donc à la ville de prendre en compte l’entretien et la nourriture de l’enfant. Cette information est une aubaine. Le général de Brélévenez se tourne vers la ville de Lannion pour que celle-ci se charge du petit Yves Prigent. Et sûr de son fait, il menace de se pourvoir en justice en cas de refus. Rien, dans les cahiers, ne vient rappeler par la suite cette histoire. Il est probable que la ville de Lannion ait accepté de se charger de l’enfant de Perrine Prigent.
Les pauvres
94La même attitude, les mêmes comportements sont notables pour la nourriture des pauvres. Selon que les finances paroissiales sont en bonne santé ou déficientes les solutions adoptées par les généraux de paroisses varient totalement. À nouveau, la religion et la loi se rejoignent pour fixer le cadre moral et légal de ces secours. Le Catéchisme de Tréguier de 1783 consacre une leçon entière aux vertus théologales : l’Espérance, la Foi et la Charité150. Les Arrêts de Règlements s’inquiètent de la subsistance des pauvres depuis au moins 1693151. À plusieurs reprises en 1709, 1723, 1741, 1770 et 1771, des règlements ont été promulgués pour faire face aux situations exceptionnelles liées aux mauvaises récoltes152. Les mesures habituelles sont les suivantes : retour des mendiants dans leur paroisse d’origine avec interdiction de vagabonder et de demander l’aumône, interdiction de les héberger plus d’une nuit ; établissement, dans chaque paroisse, d’une liste des pauvres et examen de la situation par les curés, marguilliers et notables ; distribution des aumônes en fonction de la liste établie ; égail, éventuellement, des sommes nécessaires153.
95« Temps malheureux », « misère » gémissent les délibérateurs154. Pour ceux qui ne vivent que de leur force de travail, l’activité manque cruellement ; la situation est désespérée. Le corps politique de Plestin-les-Grèves a beau dénoncer la fainéantise ou la mendicité héréditaire de certaine famille155, la réalité est ailleurs, dans un manque conjoncturel mais aigu de travail : moins de bestiaux à soigner, moins de bras à occuper à des récoltes qui ne sont pas venues, moins de lin à travailler, une économie rurale qui s’est ralentie. Les nouveaux pauvres, ceux qui mendient et qui sont de plus en plus nombreux sont « ceux qui avec la meilleure volonté n’ont point d’ouvrage, de quoi s’occuper et gagner quelque chose156 ». Trente bouches doivent être nourries à Trébeurden et 46 au Faouët, en 1770157. Environ 300 pauvres sont recensés à Bourbriac, 367 à Brélévenez et 526 à Ploumilliau, en 1786158. Assurer la subsistance de groupes aussi populeux suppose un effort considérable. Toutes les paroisses ne l’abordent pas de la même façon, du moins dans sa phase finale qui est celle de la réalisation : le moyen concret de fournir du pain aux pauvres. Car, autrement, dans le déroulement des séquences intermédiaires, le schéma est quasiment toujours le même, quelles que soient les localités et les périodes.
96Le premier réflexe, dès la réception des arrêts, est de vérifier la somme restant aux archives159. La démarche est curieuse. Car avant de savoir si l’on peut dépenser, il serait plus logique de chercher combien va être dépensé dans ces opérations de charité publique et, donc, de chercher à chiffrer le nombre des malheureux. En fait, dans l’esprit des délibérateurs ceci est secondaire. Les difficultés du temps apparaissent sous leurs yeux et ils savent que dans leur localité existent des pauvres, beaucoup de pauvres. Par expérience ils savent, aussi, que les finances paroissiales sont peu fournies, que les rentes sont difficilement percevables surtout en période de crise et qu’elles sont nullement extensibles. Ils se doutent que les 600 livres prévues par les arrêts seront à peine suffisantes. L’attitude des délibérateurs est donc normale et le constat qu’ils font de leur trésorerie confirme qu’il s’agit là de la bonne méthode. Il n’y a pas d’argent dans les coffres, en 1770160. Il n’y en a pas davantage en 1786161. Quelques paroisses sont néanmoins capables de sortir quelques fonds : 120 livres à Trélévern en 1770 ; 120 livres « tout l’argent qui peut y être » à Plougasnou, 200 livres à Saint-Jean-du-Doigt, 300 livres mises aux mains du recteur du Faouët162, 300 livres prêtées par des délibérateurs de Lanrodec « à l’exemple de la paroisse mère163 », en 1786. Ce n’est pas suffisant : il n’existe qu’un exemple, celui de Ploubezre, où les délibérateurs peuvent, sans attendre, utiliser 600 livres disponibles dans le coffre164. À Pleudaniel, un des délibérateurs, Joseph Kerrain doit avancer cette somme165 ; il sera remboursé à l’occasion d’une levée générale sur toute la paroisse autorisée par le Parlement, en janvier 1788166.
97Le second réflexe est de palier ce manque d’argent. Celui, habituel, de la recherche des reliquats et de la reddition des comptes ne vient alors qu’en troisième position. Le passé a montré aux délibérateurs que ce n’est pas une solution efficace et ils savent que le moment très difficile qu’ils connaissent n’est pas idéal pour ce genre de rappel, les débiteurs ayant une tendance toute naturelle à serrer encore davantage les cordons de leur bourse et à ne les délier que contraints et forcés. Ils préfèrent rechercher un emprunt, sollicitant les paroissiens ou ceux des localités voisines pour former un constitut, une rente à prix d’argent167. Parce qu’ils savent qu’ils auront du mal à réunir une grosse somme, parce qu’ils connaissent la difficulté de trouver un prêteur et parce qu’il faudra un jour rembourser le capital, ils ne souhaitent presque jamais emprunter toute la somme permise par les arrêts. Le plus souvent ils se contentent de solliciter un complément : 300 livres à Trébeurden, 350 livres à Trélévern en 1770 ; 300 livres à Brélévenez, en 1786. Seule Plougasnou essaie de réunir les 600 livres. Sans résultat ! Ici comme ailleurs, les démarches entreprises restent vaines. Aucune offre n’est parvenue aux généraux de paroisses, ni en 1770, ni en 1786. Le seul secours notable, en 1786, à Plougasnou, vient du recteur qui restitue aux délibérateurs 130 livres provenant de la confrérie de la Charité. Cet exemple est unique d’une rentrée de reliquat en période difficile. Ailleurs, il ne se passe rien !
98La dernière solution est alors la quête. Certaines paroisses la prévoient inopérante168. Au Faouët, en 1786, elle est envisagée, ainsi que l’emprunt, au dernier moment et sans vraiment trop y croire169. D’autres s’y essaient. À Coadout, en 1770, il est prévu deux quêteurs. Ils devront remettre au recteur le résultat de leur collecte pour être distribuée aux pauvres « selon sa connaissance et qu’il le jugera à propos170 ». Il n’est donc pas question dans cette paroisse de procéder à un achat de farine ou de pain, l’argent est versé directement. À Minihy-Tréguier, cette même année, une véritable organisation est mise en place171 ; 2 personnes sont nommées pendant un mois pour quêter ; elles doivent tenir un registre journalier des sommes reçues. L’ensemble connaît un début de fonctionnement puisqu’un premier changement de quêteurs à lieu à une date inconnue, probablement au début de juillet172. Les résultats sont médiocres : la première quête ne rend que 82 livres, la seconde seulement 35173. À Trélévern, toujours en 1770, au bout d’un mois de quête, le résultat est tout aussi mauvais. Les délibérateurs en tirent une conséquence immédiate : « […] Comme cette quête s’est encore trouvée très faible et très médiocre, en conséquence […] avons été tous d’avis à ce que les dits pauvres continuent à mandier dans notre paroisse sans en sortir […] leur enjoignant de ne pas mandier en autre paroisse. » C’est un constat d’échec dont on peut se demander s’il ne satisfait point les délibérateurs. En tout cas, ils n’utilisent même pas les 120 livres disponibles dans leur coffre. Sans égard aux arrêts de la Cour, déclarant cette somme insuffisante pour les pauvres, ils la réintègrent au bénéfice de la paroisse où elle pourra servir « à l’heure que l’on pensera le moins pour les besoins urgents de notre église174 ». Dans la hiérarchie des problèmes de Trélévern, les pauvres ne viennent visiblement pas en tête.
99Cet exemple n’est pas le seul. Les délibérateurs de Plufur, en 1770, déclarent « qu’il ne ce trouve point de pauvre dans la paroesse […] que la charitté des eclésiastiques et des laiques de cette paroesse a etté un secours plusque abondant pour lesdits pauvres ». De plus l’ancien seigneur de Rosambo175 avant de mourir avait fait distribuer en blé et en toile la somme de 1 000 livres. De toute façon, un chantier est ouvert au Ponthou176 ; il peut fournir du travail à tous ceux qui le veulent177. En fait le grand souci des délibérateurs est ailleurs. L’église paroissiale, on l’a vu, est ruinée. Les ressources de la fabrique sont insignifiantes. La totalité des rentes ne produit annuellement que 150 livres englouties dans les réparations et s’il existe un reliquat de 450 livres il est destiné aux réparations urgentes et coûteuses178. Les pauvres, ici aussi, passent au second plan.
100En 1786, à Trézélan, la levée de 600 livres devrait pouvoir être évitée et les pauvres être nourris sans problème : les délibérateurs de la trève de Saint-Norvez ont cet argent entre leurs mains ; mais ils refusent de le prêter à la paroisse mère. L’effort du procureur fiscal de la juridiction de Couatcouré, celui du recteur qui vante l’exemple des habitants de Pleudaniel ne suffisent pas. Les pauvres forment le prétexte d’une querelle entre paroisse et trève qui occasionne deux arrêts du Parlement des 3 mai et 26 juin 1786179, le second bien tardif pour les ventres affamés. Il est alors intéressant de noter la manière dont procèdent Ploumilliau et surtout Saint-Michel-en-Grève, en 1786. Dans la première paroisse180, une première délibération se tient le dimanche 9 avril 1786. L’arrêt de la cour du 11 mars a été lu et publié au prône de la grand messe ; les délibérateurs se réunissent en compagnie de Guy Morice, leur recteur, et de François Briand, sénéchal de la juridiction de Lanascol. Attendu la grandeur de la paroisse et de Keraudy sa trève, vu le grand nombre de mendiants qui s’y trouvent, la disette de vivre et la misère du temps, le corps politique décide de dresser une liste complète des nécessiteux. Des enquêteurs sont désignés dans chacune des 24 frairies de la paroisse et à Keraudy.
101Ils reçoivent les consignes suivantes :
« […] prendre l’âge de tous les pauvres dont ils prendront le nom, commençant par les pères de famille, leur femmes et enfants, de séparer les valides et invalides et capables de travailler depuis l’âge de quatorze ans jusqu’à cinquante et de mettre dans une autre classe les infirmes et invalides. »
102Avant le mercredi suivant, huit heures du matin, chacun doit remettre sa liste à maître Yves Savidan commis ; lui-même est chargé du bourg et doit dresser la liste générale de la paroisse.
103Une réunion se tient le vendredi. Les 12 délibérateurs sont présents ainsi que le recteur, le sénéchal de Lanascol et son procureur fiscal. Chose extraordinaire, la séance est présidée par le marquis de Lanascol. Il est probable que les délibérateurs ont consulté entre temps les trois avocats conseils de la paroisse. Maître Rivoallan, l’un d’entre eux, produit, à la même époque, pour la paroisse de Trédrez dont il est le principal procureur fiscal, un texte qui propose des solutions identiques à celles qui vont être prises dans cette assemblée181 :
« 1o que si depuis les six mois derniers il s’est jetté quelques pauvres étrangers sur la parroise il faudra le renvoyer dans la sienne.
2o que des pauvres de la paroisse on a fait deux classes. La première où l’on a employé tous les hommes en état de travailler se trouve monter à cent trois pauvres. la seconde ou on a employé les femmes capables de travailler se trouve monter au nombre de cent quarante huit et les enfants vieillards et infirmes au nombre deux cents soixante quinze faisant au total de la seconde classe quatre cent vingt trois.
En conséquence on prie les ménages et aisés de la paroisse de partager entr’eux ladite 1re classe pour les faire travailler avec eux aux ouvrages les plus pressés et même aux réparations des chemins de traverse chacun en l’endroit de ses terres pour être récompensé de leur dits ouvrages par les pères de famille qui les auront employés en farine, pain, beurre, lait et autres comestibles. Et pour le soulagement des pauvres de la seconde classe les dits délibérants sont d’avis de faire une cueillette par semaine chez tous les habitants aisés de la paroisse qui fourniront le fort aidant le faible environ huit livres de pain ou farine à chaque pauvre de lad[it]e classe ».
104Ces mesures n’ont rien d’exceptionnel. Elles sont le résumé des solutions du temps : travail pour les hommes et les femmes valides, aide pour les débiles et les infirmes, exclusion des étrangers. L’aide alimentaire destinée à chaque personne est ici de 575 grammes de pain ou de farine par jour, soit un apport énergétique de moins de 1 500 kilocalories, à peine 60 % des besoins quotidiens d’un adulte, la ration suffisante d’un enfant de 6 ans182. L’effort peut sembler modeste, il est cependant réel, supérieur à celui de Trédrez par exemple. Les finances paroissiales sont mises à contribution : 60 livres par semaine jusqu’à épuisement des 547 livres 7 sols 5 deniers étant au coffre. Deux retraits de 240 livres sont notés aux comptesrendus des délibérations des 1er mai et 5 juin. Ils correspondent aux besoins des 4 semaines suivantes. Les personnes les plus aisées de la paroisse sont très fortement sollicitées. Parmi les enquêteurs chargés de confectionner les listes dans les frairies, 2 sont des notaires, commis en charge ou ancien commis de la paroisse, un autre est le syndic du grand chemin, un autre son père, 4 sont fabriques ou l’ont été, 10 ont été ou sont encore délibérateurs. Les ménagers et les plus riches personnages sont appelés à donner une occupation domestique aux pauvres pouvant travailler. Ils sont encore invités à répondre aux quêtes hebdomadaire de pain et de farine. Mais surtout, un bureau de charité est constitué dont la composition est assez remarquable : le marquis de Lanascol, le recteur, les juges du lieu, les deux fabriques ; un ensemble assez imposant capable d’exercer une certaine influence et de contraindre les particuliers de la paroisse à agir dans le sens voulu. La réunion de ce bureau est d’abord prévue après la grand messe chaque dimanche. À partir du mois de mai, elle a lieu chaque samedi à une heure de l’après-midi. Son fonctionnement est attesté jusqu’à la fin juin.
105À Saint-Michel-en-Grève183, l’effort demandé aux particuliers est encore plus direct. Après avoir dressé une liste des 28 pauvres de la paroisse et évoqué toutes les possibilités de subvenir à leurs besoins, les délibérateurs concluent à une solution qui les implique directement :
« […] Ont arétés ce qui suit primo de sobliger et d’obliger les autres habitans Chacun Suivant son aisance et capacité de nourir et vetir les dits vingthuit pauvres jusques au mois D’aout prochain inclusivement. Secondo, considérant les difficulté qu’on aurait et même l’impossibilité de faire les quêtes tous les mois ni mêmes tous les huit jours pour parvenir a la subsistance des mêmes pauvres, la difficulté de la distribution qu’auret peu produire cette quette, ils ont fait la Repartition entre eux et les autres habitans de laditte paroisse… »
10625 personnes sont désignées, le recteur fait partie de la liste avec 13 délibérateurs, 4 fabriques (anciens, futurs ou en charge), 4 gouverneurs de chapelles ou de confréries et un égailleur ; 2 femmes qui n’apparaissent qu’à cette occasion, complètent le nombre. L’assistance des pauvres est l’affaire de la partie la plus en vue de la paroisse.
107Le recteur mais encore 5 particuliers se chargent chacun de 2 personnes. Dans ce cas, il semble qu’un certain équilibre ait été recherché. Lorsque 2 pauvres sont admis dans un même foyer, ils n’ont jamais le même âge : un enfant accompagne toujours un adulte ; la charge est moindre. Extension intéressante de ce principe, Yves Carré qui accepte de s’occuper d’un infirme reçoit en même temps un jeune homme de 16 ans ; il est pensable que celuici puisse lui venir en aide. Un second infirme est traité de manière isolée ; son assistance tend à confirmer le traitement spécifique réservé à ce type de personne : sa prise en compte est le fait de 3 délibérateurs regroupés.
108Le tableau des solutions proposées par les généraux de paroisses aux malheurs du temps frappent principalement par leur caractère entièrement subi. La subsistance des enfants trouvés, l’assistance des pauvres sont toujours traités de manière curative. À aucun moment, il n’est question de prévention malgré la récurrence avérée de ces problèmes. La raison réside, en partie, dans l’impossibilité des corps politiques de lever une quelconque somme d’argent sans l’aval du Parlement de Bretagne. Et la demande vers l’autorité compétente doit être justifiée. Est-ce principalement pour cette raison ? Il semble bien que les délibérateurs aient fortement renâclé à cette solution, préfèrant parfois tenter d’ultimes expédients avant d’en venir à lever eux-mêmes l’impôt sur leur paroisse.
Les derniers recours
109Payer l’impôt n’est pas, à la fin de l’Ancien Régime, un acte naturel. Fouages, capitation et vingtièmes rentrent avec une lenteur désespérante. Une levée de deniers supplémentaire est donc une décision risquée à laquelle les délibérateurs répugnent et que les paysans, parfois, refusent184. Cette aversion pour tout prélèvement peut conduire à des situations peu banales : par exemple amener les délibérateurs paysans à réclamer à leur seigneur l’instauration d’une corvée seigneuriale.
110À Trébeurden, en 1772, les cultivateurs ont trouvé dans l’approvisionnement en chanvre de la marine royale un puissant facteur d’expansion économique. Ils cultivent cette plante et en produisent de la filasse qu’ils expédient vers Brest principalement. Ils cultivent également du lin qui n’a qu’un usage domestique mais qui procède de techniques analogues, en particulier, le rouissage. Celui-ci ne peut s’effectuer localement qu’en l’étang de Trovern qui offre un site fort commode pour la trempe et le séchage185. Or cet étang se situe à proximité de la côte, séparé du littoral par un « fort » que la mer attaque à chaque marée. En avril 1772, les délibérateurs font le constat que les flots ont fortement endommagé cette protection semi-naturelle et que la situation est assez grave pour craindre sa destruction complète. Les mouvements de la mer remplissant l’étang puis se retirant librement à chaque marée interdiraient la trempe des fagots de lins ou de chanvre et condamneraient cette branche d’activité. Une portion essentielle de la culture de Trébeurden serait ainsi perdue et le préjudice causé à la paroisse fort considérable.
111Souvent transformée en redevance pécuniaire, la corvée seigneuriale ne semble plus devoir être considérée à la fin de l’Ancien Régime comme une charge bien lourde186. Les cahiers de doléances de 1789, attaquent plus volontiers les corvées royales, la réfection des grands chemins en particulier187. Il n’en reste pas moins curieux de voir le corps politique se tourner vers les moines de Bégard, pour leur terre de Penlan, et vers le marquis de Rosambo, pour la seigneurie de Barach, et leur demander « d’enjoindre à leurs vassaux de faire la corvée pour faire ledit fort ». En cas de nécessité pressante, le Parlement de Bretagne permet, en effet, une levée de deniers sur la paroisse jusqu’à hauteur de 600 livres ; pour les sommes plus élevées il faut l’autorisation du Conseil d’État188. Cette solution, en principe, aurait pu suffire à mobiliser une armée de manœuvriers au renforcement de la chaussée de Trovern. Mais la procédure est complexe et surtout très lente : l’accord du Parlement ou du Conseil d’État est obligatoire pour commencer les travaux.
112L’urgence commande une décision rapide et le corps politique n’a aucun pouvoir de contrainte. C’est donc naturellement qu’il recherche une autorité suffisante pour parvenir à ses fins. La corvée seigneuriale est un moindre mal, et pour couper court à une éventuelle contestation des autres paroissiens, les délibérateurs décident de participer eux-mêmes aux travaux de renforcement : « Les dits délibérants veulent bien pour le bien être de la paroisse se soumettre à contribuer à la réparation dudit fort et en tant qu’il est en eux y soumettre le général de la paroisse. » L’affaire est menée avec un sens concret des réalités : le double inconvénient de la levée d’un impôt supplémentaire et d’un trop long temps d’attente disparaît du fait de l’appel à la corvée ; les problèmes que ce choix peut occasionner sont prévenus par la décision des notables de participer eux-mêmes aux travaux.
113Tous les délibérateurs n’ont pas cette faculté d’analyse et cette possibilité d’action. Engagés dans différents procès dont celui de l’héritage du recteur Le Tacon qui va coûter si cher à la paroisse, le général de Plufur qui n’a pratiquement pas de moyen d’agir189 n’a d’autre recours que d’attendre d’éventuels gains dans l’un de ses procès pour pouvoir rembourser ce qu’il doit. Toutes les autres solutions ont été éprouvées : rentrée des reliquats, recherche d’une solution avec les particuliers ayant des biens dans la paroisse (mais personne ne s’est présenté), levée de deniers dans la paroisse (mais il faut l’autorisation du Parlement), recherche d’une transaction avec l’évêque de Tréguier dans une affaire pendante (le recteur est sollicité pour écrire à monseigneur Le Mintier et tenter de l’apitoyer en lui présentant un mémoire des nombreux procès auxquels la paroisse est mêlée) et enfin déclenchement général d’une vague de congéments susceptibles de rapporter quelques fonds190.
114Le succès, dans une autre affaire, tombe opportunément pour apporter 600 livres au général191. Mais les transactions par lesquelles il a été nécessaire de passer laissent quelques traces, en particulier, le délai laissé à la partie adverse (les héritiers de Jean Roulin) pour payer. Les délibérateurs qui subissent toujours un manque criant de trésorerie, imaginent alors une solution qui, dans le contexte du temps, ne manque pas d’étonner. Deux délibérateurs et l’un des fabriques se rendent à Ploumilliau au château de Lanascol. L’objet de leur visite est de « prier très humblement monsieur le marquis de Lanascol d’avoir la bonté et la charité de vouloir bien avancer audit francois carrer fabrique dudit plufur sous le cautionnement de lui Général la somme de 600 livres que les héritiers Roulin doivent au Général192 ».
115Plufur est éloigné de Lanascol de plus de 10 kilomètres. Keraudy, trève de Ploumilliau dans laquelle est situé le château, n’est guère limitrophe. Elle en est séparée par Lanvellec et Plouzélambre. La seigneurie de Lanascol ne possède, en outre, aucune mouvance dans la paroisse193. Par ailleurs, la famille Le Pelletier, seigneur éminent de Plufur et dont le château de Rosambo est située aux limites de Lanvellec, a déjà aidé les habitants des deux paroisses. En mars 1790, le marquis de Rosambo fait toujours distribuer de l’argent aux pauvres de Lanvellec194. Le choix des délibérateurs de Plufur est curieux.
116Il est possible que le marquis de Lanascol ait bénéficié d’une certaine image de générosité, conséquence de sa participation au bureau de charité de Ploumilliau de 1786. Mais il est plus probable qu’une intervention extérieure ait guidé le choix du corps politique de Plufur : le recteur et le procureur fiscal sont présents à la délibération ; il se trouve aussi que maître Rivoallan l’un des trois avocats conseils de la paroisse était l’un des trois conseils de Ploumilliau de 1786195. Il faut ajouter à ce dossier le fait que Louis Le Pelletier de Rosambo, président à mortier du parlement de Paris, depuis 1765, réside principalement dans la capitale. Dans la région de Lannion, son homme de confiance est Pierre-Grégoire de Guermarquer196 qui correspond régulièrement avec le sieur Méry receveur, à Paris, du président Le Pelletier. Un courrier du 22 juin 1789 échangé entre les deux hommes197 montre que ce dernier habitait la capitale au moment précis où les délibérateurs de Plufur cherchaient une solution rapide à leurs ennuis.
117Ce faisceau d’éléments n’apporte, bien sûr, aucune réponse catégorique sur les raisons de ce choix. Les paysans trégorrois n’ont aucune sympathie particulière pour la noblesse198. Cette démarche ne traduit, en aucun cas, une quelconque allégeance et il ne faut y rechercher aucune signification politique même si elle intervient à un moment où les tensions montent et où parfois, dans d’autres paroisses, elles vont déboucher sur des exactions anti-seigneuriales199. On le voit aux diverses tentatives qui ont précédé cette décision, les délibérateurs sont aux abois. Ils pâtissent à la veille de la Révolution de plusieurs années et, sans doute, de plusieurs décennies de mauvaise gestion. Les problèmes causés par le mauvais état de l’église paroissiale datent d’au moins 1736, et le mauvais état des finances paroissiales a poussé leurs prédécesseurs à rechercher dans les voies de justice des expédients par trop aléatoires. La perte du procès contre les héritiers du recteur Le Tacon les ramène à des réalités bien terre à terre : il faut payer malgré une absence totale d’argent. L’appel au marquis de Lanascol pour tenter de résoudre ce grave moment des finances paroissiales ne peut apparaître alors que comme un acte désespéré.
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118Ces avatars de fonctionnement montrent toute la difficulté de la tâche des administrateurs locaux. Il faut d’ailleurs souligner fortement que de tels exemples de solutions extrêmes n’apparaissent que très rarement dans les comptes rendus. La majeure partie des délibérations sont, au contraire, menées avec un souci affirmé de bonne gestion. Les décisions sont prises après discussion, les actions sont réfléchies.
119Le long apprentissage dont ont bénéficié les délibérateurs explique la bonne qualité d’ensemble de ces réunions. L’administration des chapelles, des confréries, de la fabrique est un exercice formateur. Les paysans ont toujours su compter. Mais il s’agit ici de bien d’autre chose. Il faut présenter les chiffres, justifier les recettes et les dépenses par un acte écrit (même si c’est souvent un tiers qui le rédige), soutenir l’examen du compte, triompher de la vérification de l’évêque. Cet exercice déjà peu simple se double d’un effort de gestion des rentes lui-même fort compliqué : conserver et mieux encore accroître les biens dont dispose la paroisse, en garantir la pérennité et à travers le jeu des reliquats, donner à la paroisse les moyens de son bon fonctionnement.
120Le travail des délibérateurs s’appuie sur une expérience concrète acquise dans ces tâches d’administration. Les personnes qui siègent au corps politique ont les savoirs nécessaires pour appréhender les problèmes de chaque localité. En compagnie des prêtres, des officiers seigneuriaux et du commis, ils sont capables de se guider dans l’apparente complexité de leur tâche.
121Les problèmes sont nombreux et variés. Ils touchent bien évidemment aux affaires politiques de la paroisse (politique au sens premier du terme, relatif à la société immédiate). D’où, très nettement, la pugnacité qu’ils démontrent à défendre les intérêts de leur communauté : ses biens, ses monuments, ses personnes. La préférence paroissiale voire tréviale est une dominante de leur action.
122Sont-ils alors capables de se projeter au-delà de l’horizon étroit et borné de leur localité pour prendre en compte d’autres intérêts que ceux immédiats de leur communauté ? L’ouverture des paysans à la grande politique est souvent datée de la Révolution. Il est d’ailleurs traditionnel d’en rechercher les prémices dans l’écriture des cahiers de doléances de 1789. La bonne exécution des ordres royaux en matière d’impôt, de corvée ou de rassemblement des troupes montre pourtant que les paysans savaient traiter les exigences extérieures. La réflexion menée par les corps politiques trégorrois sur des sujets qui dépassent largement le cadre paroissial montre d’une part que cet acquis était réel avant la Révolution, et d’autre part une ouverture susceptible de conforter leur statut de notable.
Notes de bas de page
1 AD (22), 20 G 654 Trélévern, 1er janvier 1780.
2 Coutume de Bretagne, titre 17, articles 361 et suivants.
3 Minois (G.), Un échec de la réforme catholique en Basse-Bretagne : le Trégor du xvie au xviiie siècle, thèse d’État, Université de Rennes 2 Haute-Bretagne, (dir. F. Lebrun), 4 volumes, 1985, tome 3, p. 659-661.
4 AD (22), 20 G non classé Ploubezre.
5 AD (22), 20 G non classé Ploubezre, Inventaire général des actes, cahier n° 3, p. 34-36.
6 Ibid., cahier n° 1, p. 45.
7 Ibid., p. 63.
8 Encore, faut-il tenir compte pour ce constat, de l’importance de la chapelle de Notre-Dame de Kerfons qui concentre sur elle seule la quasi-totalité des rentes dues aux chapelles qui dépassent le demi-boisseau.
9 AP Rospez, Cahier pour servir à marquer toutes les rentes dues à la fabrique, s.d. Il se peut qu’un rentier séparé ait existé pour la chapelle. Il n’a pas été conservé.
10 AP Rospez, Fondations ou rentes dont les titres existent, [1781].
11 Sée (H.), Les Classes rurales en Bretagne du xvie siècle à la Révolution, Paris, 1906, p. 89-90.
12 AD (22), 20 G 625 Trédrez, 26 décembre 1770 ; 20 G 654 Trélévern, 1er janvier 1775 ; 20 G 669 Trévou-Tréguignec, 25 août 1771 ; 20 G non classé Plouaret, comptes, 25 novembre 1775 ; 20 G 175 Lanmodez, 29 mars 1789 ; 20 G 625 Trédrez, 26 décembre 1770.
13 AD (22), 20 G 654 Trélévern, 1er janvier 1775.
14 Ibid.
15 Ibid., 28 mai 1775.
16 AD (22), 20 G 669 Trévou-Tréguignec, 25 août 1771.
17 Voir en particulier Boqueho, Belle-Isle-en-Terre et Pleudaniel. Minois (G.), Thèse citée, tome 3, p. 662-670, graphiques sur lesquels je m’appuie pour les développements qui suivent.
18 Plufur, Plounévez-Moëdec, Pédernec, Coadout, Trézény, Bringolo, Plouzélambre, Plouisy
19 AD (22), 20 G non classé Ploubezre, comptes.
20 AD (22), 20 G non classé Ploubezre, Inventaire général des actes, cahier n° 4, p. 22-23.
21 Le boisseau de froment mesure de Lannion a une contenance de 5,499 décalitres, Dubreuil (L.), La vente des biens nationaux dans le département des Côtes-du-Nord, 2 volumes, Paris, 1912, tome 2, p. 559.
22 Raoult (E.) et Huon (J.-C.), À l’orée du bois, Pédernec, 1988, p. 69.
23 AD (22), 20 G 5 Belle-Isle-en-Terre :
24 AD (22), 20 G 52 Coadout (Moyennes annuelles).
25 Le Sage (Chanoine H.-J.), « Erasme à Eusébie ou Mémoires d’un religieux-curé françois adressées à une religieuse allemande de son ordre », textes présentés par Lavagne d’Ortigue (X.), De la Bretagne à la Silésie, Paris, 1983, p. 300.
26 Pour le développement ci-après, j’utilise Minois (G.), Thèse citée, tome 3, graphiques p. 660 et 674.
27 Ibid., graphique p. 606.
28 AD (22), 20 G 52 Coadout, comptes de 1771 à 1779, avec toutefois un exercice 1776-1777 marqué par une chute des recettes du Luminaire à 53 livres 17 sols 6 deniers pour deux années.
29 AD (22), 20 G 382 Plouguiel, comptes, 1775-1780. La cathédrale de Tréguier où le saint est enterré n’est pourtant éloignée que d’une demi-lieue et les cloches des deux églises se répondent à chaque office.
30 AD (22), 20 G 374 Plougonver, comptes, 1784-1789.
31 AD (22), 41 L 1 Loguivy-Plougras, délibérations municipales, 17 septembre 1790. Les comptes de la chapelle Saint-Émilion indiquent 264 livres 6 sols cette même année, Ibid., 2 mai 1790.
32 AD (22), 20 G 734 Brélévenez, 10 mars 1771. AD (29), 203 G 5 Plourin-lès-Morlaix, 26 juin 1785.
33 AD (22), 20 G 52 Coadout, comptes.
34 AD (22), 20 G 347 Pleumeur-Bodou, comptes.
35 AD (29), E dépôt Plougasnou série D, délibérations municipales, 28 janvier 1791.
36 AD (22), 20 G 415 Plufur, 15 septembre 1786.
37 AD (22), 20 G 391 Ploumilliau, 10 janvier 1785.
38 Ibid., 27 août 1786.
39 AD (22), 20 G 388 Plouisy, 15 mars 1778.
40 AD (22), 20 G non classé Plouaret, carton 39, comptes de 1773 à 1775.
41 Minois (G.), Thèse citée, tome 3, p. 673-677.
42 AD (22), 20 G 5 Bringolo, comptes de la fabrique. Le boisseau comble de Goëllo mesure 5,240 décalitres, le racle 3, 930 décalitres, la mesure marchande, 4, 585 décalitre. Voir Dubreuil (L.), Ouvrage cité, tome 2, p. 559.
43 AD (22), 20 G non classé Ploubezre, comptes de la fabrique et de la chapelle de Notre-Dame de Kerfons.
44 AD (22), 20 G 391 Ploumilliau, 20 décembre 1778.
45 AD (22), 20 G 374 Plougonver, comptes des Captifs.
46 AD (22), 20 G 391 Ploumilliau, 20 décembre 1788 ; 20 G 415 Plufur, 6 août 1786 ; AD (29), 185 G 11 Plougasnou, 20 décembre 1789.
47 AD (22), 20 G 347 Pleumeur-Bodou, compte de la fabrique.
48 AD (22), 20 G 669 Trévou-Tréguignec, 25 août 1771. Visite du 25 juillet 1771.
49 AD (22), 20 G 5 Bringolo, comptes des fabriques. Comptes de Bringolo examinés par l’évêque de Tréguier au cours de ses visites du 6 août 1777 et du 28 octobre 1784 à Goudelin.
50 AD (22), 20 G non classé Plouaret 39, compte de la fabrique.
51 AD (22), 20 G 587 Saint-Michel-en-Grève, 18 août 1782.
52 Potier de la Germondaye, Introduction au gouvernement des paroisses suivant la juridiction du Parlement de Bretagne, Saint-Malo et Rennes, 1777, p. 222-234.
53 AD (22), 20 G 691 Plésidy, 24 septembre 1775, 10 mars 1776, 4 septembre 1774 (visite de l’évêque du 27 août), 2 février et 19 octobre 1777.
54 AD (22), 20 G 391 Ploumilliau, 2 novembre 1777, 30 juin et 4 août 1782, 10 janvier 1785, 27 août 1786.
55 AD (22), 20 G non classé Ploubezre, 24 novembre 1776, 21 mars 1784, 3 décembre 1786, 11 février et 21 octobre 1787, 12 mai et 30 novembre 1788. Tous les comptes sont en retard de quatre à six ans ; 20 G 393, 11 mars et 18 mai 1788 ; 20 G 375 Plougras, 8 octobre 1786, 16 mars 1788. Le retard peut atteindre quinze à dix-huit ans. 197 G 10 Ploujean, 28 décembre 1788. AD (29), 185 G 10 Plougasnou, 21 septembre 1788.
56 AD (22), 20 G 415 Plufur, 26 mars et 16 juillet 1786 ; 20 G 640 Trégonneau, 12 juillet 1789 ; 20 G 654 Trélévern, 15 octobre 1775, 20 janvier 1783…
57 AD (22), 20 G 691 Plésidy, 29 juin 1777 et 20 G 415 Plufur, 28 avril 1785.
58 AD (22), 20 G 734 Brélévenez, 28 janvier 1770, 30 juin 1771.
59 Ibid., 10 mars et 21 avril 1771.
60 AD (22), 20 G non classé Ploubezre, Rentier de la Confrérie du St Sacrement. Joseph Derrien Gouverneur les années 1781 & 1782. Il ne s’agit pas du compte véritable mais d’un carnet qui a servi à enregistrer les rentrées. Les indications sont portées dans la marge : une croix, « payé » ou « reçu » pour les rentes perçues ; « refusé » pour celles qui ne l’ont pas été.
61 AD (22), 20 G 669 Trévou-Tréguignec, 18 avril 1773.
62 AD (22), 20 G 691 Plésidy, 23 août 1772.
63 Ibid., 8 mai 1774.
64 AD (29), 188 G 16 Saint-Eutrope, 28 juillet 1782.
65 AD (22), 20 G 391 Ploumilliau, 2 novembre 1777.
66 Ibid., 26 janvier 1779.
67 Il existe deux notables de ce nom dans la paroisse.
68 Minois (G.), Thèse citée, tome 3, p. 608.
69 AD (22), 20 G non classé, Cahier pour marquer les testamant de la Confrérie du Saint Sacrement.
70 Kermoal (C.), Les notables de Ploubezre de la fin du xve au xviiie siècle, mémoire de maîtrise (dir. Hugues Neveux), Université Paris 10-Nanterre, p. 132-133.
71 AD (22), 20 G 393 Plounévez-Moëdec, délibérations du général, 4 janvier 1789. Le montant n’est pas connu.
72 AD (22), 2 C 3296.
73 AD (22), 20 G non classé Ploubezre, Liste des fondations de l’église de Ploubezre, 1784.
74 Ibid., f° 2. Il ne s’agit, bien sûr, que d’une réduction des nombres de messes, en aucun cas d’une suppression des rentes. Le fait contraire aurait engendré un manque à gagner mal compensé par les rares créations.
75 AD (22), 20 G non classé Plestin-les-Grèves, 16 juin 1782 ; 20 G 587 Saint-Michel-en-Grève, 15 mars 1789. Minois (G.), La Bretagne des prêtres en Trégor d’Ancien Régime, Brasparts, 1987, p. 278-279, cite le cas de Tréduder.
76 AD (22), 20 G 587 Saint-Michel-en-Grève, 30 décembre 1787.
77 AD (22), 20 G 654 Trélévern, 24 février 1788.
78 AD (22), 20 G 415 Plufur, 12 octobre 1783.
79 Ibid., 12 octobre 1783.
80 Des plus faibles : 3 livres dues par Maurice Le Flem ménager de Bourbriac, AD (22), 20 G 19, reconnaissance du 27 avril 1775, aux plus fortes : 1 500 livres versées par les tenanciers du manoir du Pradigou en Guimaëc à la confrérie du Sacre de Plougonven, AD (29), 188 G 16 Plougonven, délibérations du général, 30 novembre 1783, fondation des enfants mineurs du marquis de Coatlosquet.
81 AD (22), 20 G 734 Brélévenez, 23 décembre 1770 ; 20 G 608 Servel, 30 avril 1775 ; 20 G 393 Plounévez-Moëdec, 6 juin 1779.
82 AD (22), 20 G 375 Plougras, 27 novembre 1774.
83 Ibid., 23 août 1789.
84 AD (22), 20 G 691 Plésidy, 10 mars 1776.
85 Ibid., 27 juillet 1777.
86 AD (22), 20 G 734 Brélévenez, 17 mars 1771 et 20 G non classé Ploubezre, 11 décembre 1785.
87 Dubreuil (L.), Les Vicissitudes du domaine congéable pendant la Révolution, 2 volumes, Rennes, 1915. Meyer (J.), La Noblesse bretonne au xviiie siècle, 2 volumes, Paris, 1966, tome 2, p. 720-755. Gallet (J.), « Le congément des domaniers dans le Trégor au xviiie siècle », BSHAB, tome 60, 1983, p. 143-159.
88 Gallet (J.), Ibid., p. 150.
89 AD (22), 20 G 734 Brélévenez, 17 mars 1771.
90 AD (29), 203 G 5 Plourin-lès-Morlaix, 17 décembre 1780.
91 AD (22), 20 G 391 Plounévez-Moëdec, 26 novembre 1786.
92 AD (22), 20 G 393 Ploumilliau, 17 mai 1778.
93 Ibid., 17 décembre 1786.
94 AD (22), 20 G 734 Brélévenez, 11 novembre 1781.
95 Ibid., 18 novembre 1781.
96 AD (22), 20 G 375 Plougras, 8 décembre 1776 : « Contrat de constitution sur le clergé de France […] pour la fondation d’une mission dans l’église de Plougras de dix ans en dix ans portant douze cent livres de capital et quarante huit livres par an de rente paiable en deux termes par le receveur des décimes du dioscèse de tréguier… »
97 Cabourdin (G.) et Viard (G.), Lexique historique de la France d’Ancien Régime, seconde édition, Paris, 1981, p. 281-282.
98 AD (22), 20 G 691 Plésidy, 29 mars 1772.
99 Ibid., 23 août 1772.
100 Ibid., 8 mai et 12 juin 1774.
101 Ibid., 24 juin 1772, 12 juin 1774, 6 avril 1777.
102 Coadout en 1777, Le Faouët (695 livres de réparations) en 1783, Moustéru en 1782, Pommerit-Jaudy (3450 livres de réparations d’après l’ingénieur Jacques-François Anfray) en 1784, Pleumeur-Bodou (3600 livres de réparations) en 1777, Plouagat-Châtelaudren (inhabitable et demandant 1 504 livres de réparations) en 1772, Ploulec’h à moitié ruiné en 1789, Ploumilliau en 1786, Tonquédec (827 livres de réparations, en 1773), Trédrez (1 400 livres) en 1775, Trégonneau en 1777 AD (22), 20 G 52 Coadout, 2 avril 1777 ; 20 G 73 Le Faouët, 28 septembre 1783. Minois (G.), La Bretagne des prêtres…, ouvrage cité, p. 284-292.
103 AD (22), 20 G 734 Brélévenez, 10 et 17 mars 1771.
104 AD (22), 20 G 415 Plufur, 11 août 1782 et 6 août 1786.
105 AD (29), 188 G 16 Saint-Eutrope, 14 avril 1789.
106 AD (22), 20 G 4 Belle-Isle-en-Terre, 25 janvier 1789.
107 AD (22), 20 G non classé Ploubezre, 22 janvier 1786.
108 AD (22), 20 G 587 Saint-Michel-en-Grève, 2 avril 1786.
109 AD (22), 20 G 19 Bourbriac, 19 novembre 1786 ; 20 G 691 Plésidy, 19 février 1775.
110 Potier de la Germondaye, Ouvrage cité, p. 316-331.
111 AD (22), 20 G 415 Plufur, délibérations du général, 11 novembre 1770.
112 Ibid.
113 Ibid., 17 mars 1771.
114 Ibid., 3 avril et 2 juin 1771.
115 Couffon (R.), « Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier », SECDN, tome 70, 1938, p. 183. Deux piliers du bas de l’église et deux de la nef portent la date de 1774, le porche méridional porte celle de 1776.
116 AD (22), 20 G 654 Trélévern, 18 février 1770 ; 20 G 388 Plouisy, 9 mars 1788 ; 20 G non classée Ploubezre, 25 mai 1788. AD (29), 185 G 10 Plougasnou, 20 avril 1788, 18 février et 29 mars 1789.
117 AD (22), 20 G 734 Brélévenez, 14 novembre 1779.
118 AD (22), 20 G 393, Plounévez-Moëdec, 5 octobre 1788.
119 AD (29), 188 G 16 Saint-Eutrope, 28 juillet 1782.
120 AD (22), 20 G 587 Saint-Michel-en-Grève, 18 août 1782 et 2 avril 1786.
121 Couffon (R.), Article cité, SECDN, tome 70, 1938, p. 180. Un devis de réparation du sieur Anfray date du 17 juillet 1781.
122 Par exemple celle de Sainte Anne de Troguéry, en 1779. Couffon (R.), Article cité, SECDN, tome 71, 1940, p. 97.
123 AD (22), 20 G 734 Brélévenez, délibérations des 25 février et 14 octobre 1770, 10 mars 1771 ; 20 G non classé Plestin-lès-Grèves, 23 février 1783 ; 20 G 347 Pleumeur-Bodou, 18 janvier au 19 avril 1787 ; 20 G 415 Plufur, 13 novembre 1785.
124 AD (22), 20 G 391 Ploumilliau, 9 avril 1780.
125 Sée (H.), Les Classes rurales…, ouvrage cité, p. 77-82.
126 Cunuder (A.), Le Temporel de l’abbaye de Bégard à la veille de la Révolution, mémoire de maîtrise (dir. R. Dupuy), Université de Rennes 2, 1972, p. 147.
127 AD (22), 20 G non classé Ploubezre, aveux. AP Rospez, aveux.
128 AD (22), 20 G 608 Servel, 5 novembre 1775, 16 mars 1777.
129 Ibid., 19 novembre et 17 décembre 1775, 5 mai 1776. Jean Le Barzic est l’un des délibérateurs en charge en 1776, ce qui prouve le besoin du général de gagner du temps par manque de trésorerie.
130 Ibid., 25 août et 22 décembre 1776.
131 Ibid., 16 février et 2 mars 1777.
132 Ibid., 17 décembre 1775 et 26 avril 1778. Entre 1775 et 1778, les délibérateurs ont à s’occuper onze fois de procès et doivent répondre à six demandes de remboursement de frais. La seule tentative pour faire rentrer de l’argent en cédant le pouvoir de congédier de Convenant Tinevez en Rospez se solde par un échec (16 novembre 1777). Après trois bannissements, personne ne se présente. Le tenancier en place, Louis Le Quellec, qui faute de concurrent emporte l’enchère, demande dix mois de délais pour régler le général « attendu qu’il ne peut payer actuellement ».
133 Ibid., 8 mars 1778.
134 AD (22), 20 G 615 Trébeurden, 25 mai 1770.
135 AD (22), 20 G 734 Brélévenez, 25 août 1782.
136 AD (22), 20 G 391 Ploumilliau, 3 juin 1781.
137 C’est pourtant ce que les habitants de Plouaret reprochent à leur procureur fiscal. AD (35), 2 B 921, cahier de doléances, 31 mars 1789.
138 AD (22), 20 G 388 Plouisy, 10 janvier, 7 février, 19 septembre et 26 décembre 1773 ; 20 G non classé Ploubezre, 28 septembre 1783.
139 AD (22), 20 G non classé Plestin-lès-Grèves, 27 janvier 1782.
140 Recueil des arrests…, 1740, p. 204-211. Potier de la Germondaye, Ouvrage cité, p. 311-316.
141 AD (22), 20 G 415 Plufur, 30 novembre 1788.
142 Potier de la Germondaye, Ouvrage cité, p. 331.
143 Ibid., p. 332-345.
144 Catéchisme imprimé par ordre de M. Augustin-René-Louis Le Mintier, Évêque de Tréguier à l’usage de son diocèse…, Morlaix, 1783, p. 185.
145 . Flandrin (J.-L.), Les Amours paysannes (xvie-xixe siècles), Paris, 1975, p. 203-205. En Bretagne, au xviiie siècle, cet édit a bénéficié de toute une série de réactualisations : Déclaration du Roi du 25 février 1708, lue en prône de messe de trois mois en trois mois, Arrêts de Règlement des 17 septembre 1728, 18 juin 1744, 1er juin 1754 et 4 juillet 1761. Voir Potier de la Germondaye, Ouvrage cité, p. 333-334.
146 Potier de la Germondaye, Ibid., p. 335.
147 AD (22), 20 G 734 Brélévenez, 28 avril 1771 : « Sont d’avis que le parlement de cette province sera très humblement supplié de permettre un leuvée des deniers jusqu’à la concurrence de deux cents livres. »
148 Ibid., 9 juin 1771 ; outre les 200 livres, s’ajoutent encore 36 livres 5 sols 3 deniers pour les frais de l’arrêt.
149 Ibid., 18 avril 1784.
150 Catéchisme imprimé…, ouvrage cité, 3e partie, 3e leçon, p. 164-175.
151 Recueil des Arrests de Règlement…, 1740, p. 157-164.
152 Potier de la Germondaye, Ouvrage cité, p. 345-354. Tigier (H.), La Bretagne de bon aloi. Répertoire des arrêts sur remontrance du Parlement de Bretagne (1554-1789) conservés aux archives d’Ille-et-Vilaine, s.l., 1987, p. 35.
153 Potier de la Germondaye, Ibid., p. 346-347.
154 AD (22), 20 G 19 Bourbriac, délibérations du général, 17 avril 1786 ; 20 G 587 Saint-Michelen-Grève, 2 avril 1786.
155 AD (22), 20 G non classé Plestin-lès-Grèves, 4 décembre 1785.
156 AD (22), 20 G 19 Bourbriac, 17 avril 1786.
157 AD (22), 20 G 73 Le Faouët, 13 mai 1770 ; 20 G 615 Trébeurden, 20 mai 1770.
158 AD (22), 20 G 19 Bourbriac, 17 avril 1786 ; 20 G 734 Brélévenez, 28 avril 1786, 20 G 391 Ploumilliau, 14 avril 1786. Ceci correspond à des fractions de populations de l’ordre de 4,5 % à Trébeurden, 6,5 % au Faouët, 10 % à Bourbriac, 17 % à Brélévenez, 23 % à Ploumilliau.
159 AD (22), 20 G 734 Brélévenez, 27 mai 1770 ; 20 G 52 Coadout, 13 mai 1770 ; 20 G 654 Trélévern, 20 mai 1770 ; 20 G 375 Plougras, 9 avril 1786 ; 20 G non classé Ploubezre, 8 avril 1786 ; 20 G 393 Plounévez-Moëdec, 9 avril 1786.
160 AD (22), 20 G 734 Brélévenez, 27 mai 1770 ; 20 G 52 Coadout, 13 mai 1770.
161 AD (22), 20 G 375 Plougras, 9 avril 1786 ; 20 G 393 Plounévez-Moëdec, 9 avril 1786. AD (29), 113 G 14 Lanmeur, 26 mars 1786.
162 AD (22), 20 G 654 Trélévern, 20 mai 1770 ; 20 G 73 Le Faouët, 26 mars 1770. AD (29), 185 G 10 Plougasnou, 14 mai 1786 (deux délibérations : paroisse et trève).
163 Tigier (H.), La Bretagne de bon aloi…, ouvrage cité, p. 358. La paroisse mère de Lanrodec est Plouagat-Châtelaudren.
164 AD (22), 20 G non classé Ploubezre, 8 avril 1786.
165 AD (22), 20 G 331 Pleudaniel, 4 juin 1786.
166 Tigier (H.), Ouvrage cité, p. 399.
167 AD (22), 20 G 393 Plounévez-Moëdec, 9 avril 1786. AD (29), 185 G 10 Plougasnou, 14 mai 1786.
168 AD (22), 20 G 734 Brélévenez, 27 mai 1770 ; 20 G 615 Trébeurden, 25 mai 1770.
169 AD (22), 20 G 73 Le Faouët, 26 mars 1786.
170 AD (22), 20 G 52 Coadout, 13 mai 1770.
171 AD (22), 253 Minihy-Tréguier, 20 mai 1770.
172 Ibid., s.d. (probablement juillet 1770, cette délibération est insérée entre le 10 juin et le 30 septembre 1770).
173 Ibid., 10 juin 1770 et s.d. (voir la note précédente).
174 AD (22), 20 G 654 Trélévern, 10 juillet 1770.
175 Le château est situé en Lanvellec à la limite de Plufur.
176 Probablement celui du grand chemin dont on rectifie la forte pente.
177 AD (22), 20 G 415 Plufur, 15 mai 1770.
178 Ibid.
179 Tigier (H.), Ouvrage cité, p. 458.
180 AD (22), 20 G 391 Ploumilliau, délibérations des 9 et 14 avril, 1er mai et 5 juin 1786.
181 20 G 625 Trédrez.
182 Je considère suivant Cabourdin (G.) et Viard (G.), Lexique historique de la France d’Ancien Régime, Paris, 1978, p. 213, que la livre pèse 489,5 g. La valeur énergétique du pain et les besoins des individus sont tirés de Noël (A.), Tableau des calories, sels minéraux-vitamines, protides-lipides-glucides, Colmar, 1988. Il est probable que le surcroît d’efforts physiques et la médiocrité des protections individuelles et des moyens de chauffage nécessitaient aux hommes du xviiie siècle des besoins caloriques supérieurs.
183 AD (22), 20 G 587 Saint-Michel-en-Grève, délibérations des 2 et 18 avril 1786.
184 AD (22), 20 G non classé Plestin-les-Grèves, 28 mars 1784, 16 janvier 1785. Refus d’une impositon de 30 sols pour réparer la grosse cloche qui est fendue.
185 AD (22), 20 G 615 Trébeurden, délibération du 21 avril 1772.
186 Sée (H.), Les Classes rurales…, ouvrage cité, p. 101-109.
187 Roudault (F.), « Les cahiers de doléances de la sénéchaussée de Lesneven (1789) », ABPO, tome 87, n° 3, 1980, p. 520.
188 Dupuy (A.), Études sur l’administration municipale en Bretagne au xviiie siècle, Paris/Rennes, 1891, p. 397.
189 AD (22), 20 G 415 Plufur, 30 novembre 1788 : « Le revenu de la fabrique suffit à peine à l’entretien du luminaire et aux réparations urgentes de l’église. »
190 Ibid., délibérations successives des 6 juillet, 7 septembre, 2 novembre, 30 novembre, 7 décembre 1788 et 8 février 1789 : « Donnent les mêmes délibérants ordre, pouvoir et procuration à Louïs Jégou fabrique en charge de donner des assurances et faculté de congédier tous ceux et celles qui sont du domaine de la fabrice et clergé de cette paroisse et cela au plus offrant et dernier enchérisseur. »
191 Ibid., 3 mai, 21 et 28 juin 1789.
192 Ibid., 21 juin 1789.
193 Potier de Courcy (P.), Nobiliaire et armorial de Bretagne, réédition, 2 volumes, Mayenne, 1986, tome 2, p. 445.
194 AD (22), E dépôt des communes Lanvellec, délibérations municipales, 2e registre, 7 mars 1790.
195 AD (22), 20 G 415 Plufur, 9 mars 1788 et 20 G 391 Ploumilliau, 14 avril 1786.
196 . Le Roux (D.), Un homme d’affaire lannionais entre monarchie et République, 1789-1795, mémoire de maîtrise, Université de Rennes 2, 1990, p. 2-3.
197 Ibid., p. 145.
198 « Le peuple écrasé sous le poids de la féodalité est généralement aigri contre la noblesse et les grands propriétaires. » AD (35), C 1714, Lettre de l’Intendant de Bretagne à Necker concernant la situation dans l’évêché de Tréguier, 22 septembre 1788.
199 À Motreff, en juillet-août 1789, contre les Conen de Saint-Luc ; à Spézet, le 11 août, contre madame de Roquefeuille et à La Chapelle-du-Lou, le 16 août, contre madame de Botherel. Voir Savina (J.), « Les mouvements populaires en juillet-août 1789, d’après quelques lettres inédites d’Ange Conen de Saint-Luc », BSAF, tome 68, 1941, p. 38 et Dupuy (R.), De la Révolution à la Chouannerie. Paysans en Bretagne, 1788-1794, Paris, p. 76.
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