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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral L’album comme lieu d’une recherche plastique et formelle Des mots de l’enfance aux voix de la ville Work in progress, de la ligne à la boucle… bouclée Notes de bas de page Auteur

    Jacques Jouet

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Rimer n’est pas jouer : un parcours dans l’œuvre de Jacques Jouet destinée à la jeunesse

    Éléonore Hamaide-Jager

    p. 127-142

    Texte intégral L’album comme lieu d’une recherche plastique et formelle Des mots de l’enfance aux voix de la ville Work in progress, de la ligne à la boucle… bouclée Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Jacques Jouet fait partie des huit oulipiens ayant publié à destination des enfants. En 1988, il écrit, en collaboration avec François Rivière, deux romans pour la jeunesse publiés chez Nathan : Le Gorille de Kivou et Le Spectre du mandarin. Quelques-uns de ses textes, dont un extrait de Des ans et des ânes, figurent dans l’excellente anthologie proposée en 2010 par Paul Fournel, Le Petit Oulipo, publiée aux éditions Rue du monde, spécialisée en poésie1.

    2Je voudrais m’arrêter ici sur les ouvrages que J. Jouet a publiés chez Passage piétons édition, en les regardant non pas comme une production à part car destinée aux enfants mais au contraire comme un pan de son travail littéraire2, comme un travail de recherche sur la langue et comme une continuité dans ses collaborations avec des plasticiens. Il s’agit en effet de réinscrire cette écriture adressée aux enfants dans l’œuvre littéraire de J. Jouet et de montrer comment le travail sur la langue témoigne, ici aussi, d’un goût pour la diversité des genres et des formes littéraires, sans pour autant passer pour des « canulars de lettres supérieures3 », comme certains ont pu le reprocher à des écrits oulipiens pourtant destinés à la jeunesse.

    3J’aimerais également regarder ces ouvrages comme une invite au jeune lecteur à s’interroger sur la forme poétique, notamment par la confrontation du texte et de l’image, par l’inscription du texte au sein de la page, en m’arrêtant plus particulièrement sur la spécificité de J. Jouet au sein de la collection mais également dans le monde de l’édition de poésie pour la jeunesse, oulipienne ou non.

    L’album comme lieu d’une recherche plastique et formelle

    4Entre 1998 et 2003, six textes signés J. Jouet paraissent chez Passage piétons édition dans trois collections différentes, « Imagier pour enfant moderne », « Imagier pour tout petit » et « Mercredis », notamment accompagnés de photos d’Isabel Gautray, qui est la créatrice de la maison d’édition en plus d’être photographe, et de celles de Juliette Barbier, plasticienne.

    5Si imagier moderne il y a, c’est d’abord dans la construction du livre : en effet, le temps n’est plus de l’imagier qui rangeait par thème les mots déclinés, tous de la même manière avec un mot et son image illustrative. D’ailleurs, à l’aube des années 2000, la photographie s’impose dans les livres pour enfants et particulièrement dans les imagiers : deux exemples contemporains des albums de J. Jouet, celui de Tana Hoban, une Américaine dont les livres sont publiés en France avec parcimonie et qui, par un système de caches, se joue du lecteur et le trompe sur ce qu’il va voir en tournant la page. Ses livres sont chroniqués dans les mêmes numéros que les premiers livres de Passage piétons et d’autre part, Tout un monde d’Antonin Louchard et Kathy Couprie (Thierry Magnier) qui rencontre un succès critique et populaire époustouflant en 2000 avec un mixte de techniques et un enchaînement de pages en pages par des associations laissées à l’appréciation du lecteur puisque sans texte. Telle est l’originalité des ces albums : les textes de J. Jouet qui accompagnent les publications chez Passages piétons les distinguent très nettement des autres livres d’images photographiques ainsi que le note Michel Defourny4.

    6Aucune forme poétique spécifique, traditionnelle ou non, ne domine ces textes mais il s’y manifeste un intérêt pour le langage et sa forme plastique, graphique, que J. Jouet revendique comme un des enjeux de ses collaborations avec des hommes et des femmes de l’image. Dans un texte de présentation à Monotypes réalisé avec la plasticienne Tito Honegger, il le mentionne en accordant une égale importance au travail réalisé pour l’éditrice de littérature de jeunesse et aux collaborations publiées dans des ouvrages pour adultes :

    Dans le travail constant que je mène depuis des années en collaboration avec des plasticiens contemporains (Bertin, Anne Deguelle, Paca Sanchez, Jean-Marc Scanreigh, Isabel Gautray, Pierre Laurent, Claudine Capdeville, etc.), je me suis toujours attaché à solliciter les gens d’images et de matières sur la question de la dimension visuelle de la chose écrite.
    Comment, aujourd’hui, un peintre, un typographe, un graveur, un praticien du clavier et de l’écran, un dessinateur, un collagiste, un bédéiste, un photographe (liste non close) peut-il se comporter face à la graphie5…?

    7Le « poète de l’Oulipo », ainsi que l’auteur est présenté sur la quatrième de couverture des imagiers, écrit des textes poétiques à partir d’une sélection de photos proposées par I. Gautray invitant le lecteur, adulte ou enfant, à s’arrêter sur des détails de la réalité. Un souci particulier est apporté à l’objet livre : on observe un métadiscours dans le premier volume, Regarde, regarde les têtes en l’air, qui dit aussi le décentrement, l’inattendu et le regard décalé par une sorte d’aphorisme (fig. 1) : « Si le format du livre avait été différent, toutes les girafes auraient pu tenir entièrement dans le livre. »

    8Le texte attire donc aussi l’attention de l’enfant non pas seulement sur la représentation et la diction d’un espace mais sur le support de sa lecture. L’auteur ménage aussi les seuils du livre, au-delà de la couverture et des pages de garde qui sont toujours la photographie d’un passage piéton, du nom de l’éditeur. Une sorte d’attente est mentionnée à la page suivante : l’image suggère que lire ce livre revient à faire un grand plongeon. Le texte accentue le caractère exceptionnel mais aussi périlleux et qui demande à être accompagné, ce que laisse entendre le passage à la deuxième personne du pluriel : « Regardez… Attention ! Regardez… Attention ! Attention ! Je suis presque arrivé dans le livre » (fig. 2).

    Fig. 1

    Image

    Fig. 2

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    9Sur certains points esthétiques, j’établis une parenté entre Navet, linge, œil de-vieux que Marc Lapprand décrit comme « matrice d’œuvres futures et de recherches de nouvelles formes poétiques6 » et ces ouvrages publiés chez Passage piétons édition qui, à partir de photographies et de textes, proposent toute une variation poétique et plastique, d’un livre à l’autre. C’est très net dès les premiers titres7, publiés en 1998. Regarde, regarde les têtes en l’air et Regarde, regarde, les poissons des villes témoignent d’un regard porté sur le monde, autre. La quatrième de couverture précise que « dans cet imagier, le texte se mêle aux photographies pour nous entraîner par-delà les apparences, dans la poésie du réel. Jacques Jouet, un poète de l’Oulipo, nous invite… à lever la tête8 ». La temporalité de l’enfance et ses traces, la transformation du corps humain et social sont autant d’aspects explorés à travers le regard sur la ville comme lieu par excellence : lieu à circonscrire, à réinventer, à détourner à travers le jeu spatial et langagier. L’appropriation du lieu passe par sa mise en espace et son énonciation, par la capacité de J. Jouet à transformer du quotidien en poétique.

    10Formules poétiques à partir d’expressions figées, aphorismes, anaphores, onomatopées, conversations, lettre, fable, variations homophoniques, jeux sur les masculins/féminins sont quelques-unes des propositions dans ces textes très courts mais variés dans leurs formes comme dans les genres littéraires qu’ils convoquent. Ces textes n’illustrent jamais la photographie et sont parfois complémentaires ou sélectifs face à l’image proposée. Ils savent en revanche faire écho aux choix des prises de vue, à hauteur et intérêt d’enfant : les voitures de la ville et leur mouvement incessant, les motos et les vélos sont vus en gros plan, en plongée, tandis que le texte tente de rendre compte du fourmillement de la ville, par ces conversations qui se nouent et s’achèvent aussi vite qu’elles ont commencé. Adresse particulière à ces enfants que la ville étonne encore, fascine et qui se donne à voir par petits morceaux dans Regarde, regarde les poissons des villes, entre familiarité et fraîcheur, comme dans ces premières lignes d’un court dialogue qui semble intercepté dans la rue, le temps d’un passage de feu tricolore (fig. 3) :

    Fig. 3

    Image

    Je vous ai déjà vu quelque part.
    Ça m’étonnerait.
    Broum. Broum.
    Vous aimez bien l’étonnement.
    Oui. Broum
    Beaucoup ?
    À tel point que ça m’étonne toujours. Allez, salut ! Broooouuoummmmmmmmmmmm9 !

    11Les onomatopées rythment le texte autant que la variation sur l’étonnement et la tournure allitérative. Les visages adultes sont souvent tronqués sur les photographies ou de dos, en revanche les enfants ont droit à leurs portraits, au même titre que les animaux qui sont un contre-point silencieux à cette population foisonnante mais enfermée derrière ses vitres, dans leur bocal de voiture, dans le métro, dans une ville qu’elle ne voit plus. Le travail de mise en page, la couleur des caractères accentuent encore le caractère poétique du texte, trace de la ville en pendant à l’image. Dans Navet, linge, oeil-de-vieux, l’association d’une clémentine et d’un bloc de papier reposait sur le même genre d’association de couleurs qui était à l’origine d’un poème sans rime, où le fondement poétique était à chercher ailleurs que dans la forme matérielle :

    C’est le même orangé
    que le centimètre et demi en tête du bloc rhodia
    qui, donc, a le cœur blanc
    le ventre.
    Ça rime,
    par les couleurs, quand forme et matières
    diffèrent10.

    12Quand on sait que Navet, linge, œil-de-vieux est traversé d’allusions et de références à la peinture et aux peintres, l’intérêt marqué pour les couleurs n’est guère surprenant. Cette courte citation associe à la vision d’une nature morte son inscription matérielle sur le papier. Les imagiers proposés chez Passage piétons édition fonctionnent sur un principe similaire à la différence près que l’image photographique accompagne le texte. Néanmoins, il s’agit bien de faire rimer les couleurs mais parfois aussi les matières et les formes plastiques et graphiques. Les photographies choisies par J. Jouet se répondent en écho l’une à l’autre ou par contraste l’une par rapport à l’autre, tandis que le texte accentue et suscite les liens que l’œil du lecteur est incité à créer.

    13Ainsi, dans le vers « Seulement/deux mains/et tant/ de pigeons, / mille grains/ et tant/ de pigeons, une fille… », la plasticité des caractères graphiques répond au noir et blanc de la photographie, mais aussi au rouge de la gravure, alors que le mot « pigeon » n’est justement jamais en rouge. Parmi la multiplicité d’images des pigeons en vol et presque à l’état d’esquisse, comme autant de possibles, le plus petit tient dans son bec une lettre, métaphore des pigeons voyageurs, porteurs de missive, allant et venant d’un territoire à l’autre, comme le lecteur se doit de passer du texte à l’image, du visible au lisible. Le texte permet pourtant de se focaliser sur le visage de la fillette et de dire au lecteur son unicité, sa singularité au cœur de la foule des citadins.

    14Les textes de J. Jouet publiés chez Passage Piétons s’intéressent à la langue dans sa capacité à cerner le monde et soi-même, prennent au mot et déconstruisent les expressions lexicalisées, ainsi que le souligne la quatrième de couverture de Rendez-vous dans ma rue : « Que donne-t-on quand on donne rendez-vous, que prend-on lorsqu’on emprunte une rue11…? » La poésie publiée dans la collection « Imagier pour enfant moderne » rejoint parfaitement l’affirmation de deux des fondatrices du Printemps des poètes selon lesquelles « ce temps souvent heureux de l’apprentissage du langage associé à la découverte des mots, des sonorités, des subtilités et des étrangetés de la langue serait intimement recherché par les poètes12 ».

    15La rugosité d’un mur en pierres meulières est mise en parallèle avec une photographie d’un petit crocodile et le substantif « peau » dans le vers « Prête-moi ta chemise. Donne-moi ta peau. » appelle l’expression « peau de crocodile » (fig. 4 et 5). La page suivante convoque de manière sous-jacente une autre expression : « la peau de pêche » des bébés. De même la double page d’une couveuse et d’un enfant en barboteuse suggère une rime potentielle, non exploitée, là où le texte préfère au jeu sur les sonorités le travail sur la langue et une autre rime, intérieure : faire/défaire/fermée. La thématique du temps cautionne cette interprétation d’une invitation à faire « peau neuve », à l’image de la nature photographiée à chacun des cycles des saisons, des coloris ocres de l’automne au vert des frondaisons printanières. Une métaphore filée point à travers le lien entre texte et images qu’il revient au lecteur de dévoiler. Accepter alors de dialoguer avec la ville, de jouer des mots avec l’autre. Dans la rue, « je trouve ce que je ne cherche pas », l’autre et moi-même, l’autre en moi-même, le quotidien dans les mots, la poésie du réel.

    Fig. 4

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    Fig. 5

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    Des mots de l’enfance aux voix de la ville

    16En même temps que se construit un visage de l’enfance s’ébauche parallèlement une image de la ville. Déambuler et exister. Même si le livre peut sembler au premier abord « déroutant13 » ainsi que l’ont noté tous les critiques lorsqu’ils découvrent ces premiers imagiers, l’association des photographies et des textes mène de double page en double page dans un parcours renouvelé à travers la ville. J. Jouet dit ne pas « être très attiré par l’infra-ordinaire14, de la façon extrémiste dont Perec le traite15 », il invite à regarder des détails des photographies, il détourne sans doute l’attention vers l’incongru du quotidien. Pourtant, l’enjeu infra-ordinaire que mentionnait une des premières critiques proposées par Livres au trésor, est peut-être ce qui est le plus tangible à première lecture des imagiers :

    Une succession de photographies – qui dessine une géographie de la ville au quotidien (rues, véhicules des chantier, mobilier urbain, passants, etc.) – et de mots (tags, panneaux, logos, plaques minéralogiques, textes inscrits dans ou hors de la photo) se croisent, rebondissent les uns par rapport aux autres ou se contredisent pour mieux convier les jeunes lecteurs à des promenades imaginaires particulières16.

    17Ceci n’est pas sans rappeler ce que Bernard Épin disait sur « l’appropriation du réel par l’enfant, dans une vision subjective, égocentrique, et en même temps prête à tous les émerveillements pour des objets d’un sou, pour des événements dont la banalité objective semblerait sans pouvoir sur l’imagination17 ». Finalement, ce à quoi aspirait Perec dans L’Infra-ordinaire semble réalisé dans le livre pour enfants Regarde, regarde les poissons des villes par l’entremise non du texte mais de l’image, à cette différence, majeure, près qu’il revient au lecteur d’actualiser des possibles : s’arrêter ou non sur le « passage du cheval blanc » de l’enseigne, à faire résonner avec le destrier de métal, le vélo au centre de l’image, la brasserie, lieu de passage, le passage piéton bien sûr et ses piétons qui passent devant la fourgonnette jaune à l’enseigne de la Poste, par contraste avec le panneau indiquant le Père Lachaise, le cimetière qu’on peut considérer comme un arrêt définitif (fig. 6).

    Fig. 6

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    18L’infra-ordinaire est présent sous forme de virtualité, par l’image qui offre finalement autant de pistes de lecture que d’individus puisque le texte n’énumère pas, comme dans Tentative d’épuisement d’un lieu parisien de Perec18 qui est nécessairement convoqué en filigrane19, tout ce qu’on peut voir mais prélève au contraire un élément pour le faire entendre autrement, comme dans cette double page où la variation anaphorique entre masculin et féminin offre un rapprochement cocasse : « Les arrêts sont fréquents pour laisser passer les piétons. Les arrêtes sont fréquentes quand on mange du poisson20. » Le lien ténu parfois mais bien réel entre les doubles pages est amorcé dans les rimes intérieures, piétons/poissons et dans le déploiement des termes arrêt/arrête, avant que la photographie de la double page suivante, avec ses yeux de poissons, prenne le relais.

    19C’est surtout dans cette façon de faire sonner la langue que J. Jouet se distingue de l’autre titre de la collection « Imagier pour enfant moderne » proposé par Anouk Bassier qui transpose la comptine bien connue « Promenons-nous dans les bois ». Si la ville comme lieu de danger, au même titre que la forêt, est perceptible et tout à fait transposable, le texte en revanche est parfaitement connu et ne crée pas d’effet de surprise comme dans les titres de J. Jouet.

    20Si l’on regarde de près Regarde, regarde les têtes en l’air, « Prochaine sortie avant le ciel » laisse la place libre, semble-t-il, aux bruits de la nature, avec une photographie de branches d’arbres dénudés et des onomatopées « dilit di li tchio reup oui-tl oui-tell-el » (fig. 7 et 8).

    Fig. 7

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    Fig. 8

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    21La page suivante invite pourtant à réinterpréter ces stridulations supposées de la nature par un texte au contexte très urbain : « bleus de travail, dameuses et autres camions » qui apparaissent dans un texte aux lettres colorées et confronte les univers citadins et champêtres. « Le chantier, / les machines, / le béton, le travail… / j’aime ça, / mais je n’imagine pas/ un oiseau/ sur le chantier, / ou un chat. » Les rumeurs de la ville traversent cet ouvrage, tant par ces images prises sur le vif, qui cherchent le mouvement davantage que le cadrage, auquel répond par exemple cette conversation entrecoupée, où une double page offre d’abord les répliques, souvent sous forme de questions, d’un interlocuteur, avant une double page de photographies de périphérique parisien, sans texte mais au bruit de circulation suggéré et, enfin seulement, la seconde partie de la conversation nous est donnée. La poésie en phase avec le monde, les Oulipiens au cœur de la vie (fig. 9-10-11)

    Fig. 9

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    Fig. 10

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    Fig. 11

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    22Au premier abord, ce livre pourrait paraître décousu mais ses illustrations photographiques aux visages tronqués, quelquefois flous, dialoguent avec un texte assez incitatif. La répétition et la variation autour de structures langagières fondent la portée poétique du texte en lui impulsant un tempo spécifique, un « rythme poétique ». La référence à l’Oulipo se fait entendre ici davantage pour son souci de la langue, voire de l’objet livre que par des structures d’écriture contraignantes. Elle se veut dans le monde, dans le quotidien, novatrice et de fait cette collection a radicalement renouvelé le paysage poétique français pour enfants, notamment par son choix de l’illustration photographique jouant sur l’instantanéité21, répondant peut-être à la conclusion sous forme de question que pouvait proposer Chris Andrews : « Si la grande puissance de la contrainte réside dans son abstraction et sa simplicité, qui lui permettent de sortir l’écriture des ornières stylistiques et génériques, ne peut-on dire que la puissance d’une forme réside dans sa plasticité, sa capacité à s’adapter au cours d’un processus de tâtonnement22 ? » Cette poésie du quotidien reposerait sur une forme se nourrissant alternativement et conjointement du texte et de l’image indissociables, cherchant toujours à capter l’instant, déjà passé, déjà formulé, à reconfigurer sans cesse. La vie n’est pas une ligne droite, pas plus que son écriture.

    Work in progress, de la ligne à la boucle… bouclée

    23Si l’on en croit Marc Lapprand, J. Jouet fantasme sur « la ligne dont il voit partout des métaphores », ce qui « a pour corollaire son goût des voyages et des déplacements, déclencheurs d’écriture23 ». Sa rencontre avec le travail de la plasticienne Juliette Barbier relève bien de cet ordre-là. Dans En ville je peux ? (2003), la danseuse est intervenue auprès des enfants et, à travers la danse et la photographie des limites, des espaces cloisonnés, le lecteur est amené à suivre des parcours dans la ville mais aussi dans la vie. Cordon ombilical autant que corde raide, la ligne s’émancipe parfois, à travers des gravures et des personnages dessinés qui font ce que les enfants ne peuvent pas faire : marcher sur les murs, sauter d’un toit à l’autre. Les mots de J. Jouet se télescopent avec les commentaires, dessinés, de ces personnages. Pourtant, cette ligne de texte qui s’étale beaucoup plus que dans les autres ouvrages n’est pas sans rappeler une forme poétique inventée par J. Jouet, le « monostique paysager » :

    Un poème composé sur le motif, devant un paysage. […] Il doit être écrit sur une seule ligne. La topographie du paysage cherche à être épousée par la topographie du vers. En lecture orale, il est prononcé par le poète qui balaye les regards de ses auditeurs comme s’ils étaient le paysage24.

    24La ville, comme le paysage, suppose l’existence d’un individu, le poète ou le photographe qui la regarde pour en cerner les spécificités et les contours, l’embrasser en la disant. Le format allongé de ces albums à l’italienne accentue d’autant plus la topographie du vers, parfois sinueux, suivant le fil que J. Barbier offre aux enfants de ses ateliers pour s’emparer de l’espace urbain. Je ne m’étends pas, par manque de temps, sur cet album très riche. Je voudrais seulement terminer par un point, parmi d’autres, qui me semble intéressant à propos de ce livre.

    25Dans L’Œuvre ronde, M. Lapprand consacre un chapitre entier et le dernier à la figure de la sphinge qui joue selon lui « un rôle fondamental » dans l’œuvre de l’Oulipien. Dans le dernier livre publié par J. Jouet En ville je peux ? qui est aussi le plus conséquent en terme de pages et le plus ambitieux, la dernière double page fait subrepticement réapparaître cette figure dans une réflexion sur le passage du temps et la vie d’un homme, avec néanmoins une relecture humoristique de la réponse à la sphinge, à ajouter à celles déjà proposées régulièrement dans les œuvres romanesques ou théâtrales pour adultes de J. Jouet, du chameau25 au chien en passant par la girafe26 (fig. 12).

    Fig. 12

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    26Cette fois, c’est un retour sur l’homme mais dans une variante intéressante et à hauteur d’enfant : « rouler sur quatre roues le matin, sur deux à midi et sur trois le soir je peux ». Alors que tout le livre s’est focalisé sur l’enfance de la vie, sur les essais, les possibles et les espoirs, cette dernière double page se referme comme chacun de ces six ouvrages sur des passages piétons emblématiques de la maison d’édition mais avec ce qui pourrait apparaître comme une note plus acide, d’une chaussée vide avec seulement ces poteaux renversés qui suggèrent aussi les arrêts définitifs, le vide, la mort. Le texte comme l’image traduisent de cette manière l’interrogation de l’enfance sur ce que veut dire grandir et ce que peut être vivre. Mais, dans cette seule formulation, la tournure potentielle qui clôt le livre, « je peux » suggère une nouvelle fois que cette réponse est possible mais parmi une multitudes d’autres que le « je » pourrait proposer et qu’il lui revient de faire advenir. La forme affirmative, qui contraste et clôt momentanément avec le questionnement du titre En ville je peux ? et le jeu de la typographie qui fait suivre à la réponse un chemin tout tracé, la ligne du trottoir, en blanc, contraste avec la réaffirmation de la potentialité en rouge en bas à droite de la page, symboliquement à l’endroit de l’avenir, de ce qui peut advenir.

    27Le travail de J. Jouet a été fondamental dans la création de la maison d’édition et dans sa visibilité. D’ailleurs il est assez remarquable que certaines de ces trois collections ne soient constituées que par ses livres. La création de ces imagiers est sans doute un tournant dans l’appropriation de la photographie dans le livre pour enfants et dans la définition d’une poésie à destination des enfants, accordant une place au silence, mais surtout investissant la langue comme le monde. Ces ouvrages destinés à la jeunesse affichent une grande continuité avec les livres pour adultes dans les motifs, dans la tentation de la totalité des écritures et de leurs variations, dans les potentialités du langage et de ses sens. Avec ces collaborations, J. Jouet donne à voir la plasticité des mots, qui, à mesure des titres, prennent de plus en plus de liberté dans l’espace de la page pour construire un album, un lien indéfectible entre texte et image participant de la construction du sens. De ses mots, J. Jouet invite les enfants à se jouer de la langue pour réenchanter le quotidien ; comme il le recommandait en clôture d’un de ses albums : « Je sais ce qu’il me reste à dire, je sais ce qu’il nous reste à faire. »

    Notes de bas de page

    1 Pour plus de détail sur le sujet, voir mon chapitre « L’Oulipo est-il soluble dans la poésie destinée aux enfants ? » dans Ch. Connan-Pintado (dir.), La Littérature de jeunesse au présent. Genres littéraires en question(s), Bordeaux, PU de Bordeaux, 2015, p. 217-231.

    2 En 1988, J. Jouet intègre à son roman pour la jeunesse Le Gorille de Kivou un poème d’amour en langage grand singe, langue imaginaire créée par Edgar Rice Burroughs, l’auteur de Tarzan. J. Jouet ouvre, en 1993, le n° 62 de La Bibliothèque oulipienne intitulé « Le chant d’amour grand-singe » par ce même poème, avant d’expliciter la création de ce lexique de moins de trois cents mots, d’en proposer une poétique ainsi qu’une dizaine de poèmes dans une forme fixe qu’il appelle le « bzee-bur », huitain de rimes généralement croisées, avec 5-6-5-7-5-7-5-8 syllabes, poèmes dans leur langue originale puis traduite. Je ne m’arrêterai pas sur ce corpus qui affiche d’emblée la circulation des formes, des préoccupations et des genres littéraires entre littérature de jeunesse et littérature pour adultes chez J. Jouet. Voir Oulipo, La Bibliothèque oulipienne, vol. 4, Bordeaux, Le Castor Astral, 1997, p. 233.

    3 P. Ceysson, « Les bestiaires dans la poésie pour l’enfance et la jeunesse : jeux et fabriques de la poésie au second degré », dans A.-M.Mercier-Faivre, Enseigner la littérature de jeunesse ?, Lyon, PU Lyon, 1999, p. 82.

    4 M. Defourny, « Introduction », dans É. Lortic, Flash sur les livres de photographies pour enfants des années 1920 à nos jours, Bibliothèque de la Joie par les livres, Éd. Fédération française de coopération entre bibliothèques, 2001, p. 10 : « De nouvelles maisons d’édition affirment leur identité en créant des collections qui recourent à la photo. »

    5 J. Jouet, « Jacques Jouet : une collaboration avec Tito Honegger, plasticienne », Monotypes, (plaquette de présentation), 2007. Je souligne.

    6 M. Lapprand, L’Œuvre ronde. Essai sur Jacques Jouet, Limoges, Lambert-Lucas, 2007, p. 29.

    7 Sur la maison d’édition et la démarche mise en œuvre, voir C. Thouvenin, « Passage Piétons, autres regards, autres livres », La Revue des livres pour enfants, n° 212, septembre 2003, p. 75-78.

    8 J. Jouet, I. Gautray, Regarde, regarde les poissons des villes et Regarde, regarde les têtes en l’air, Morey, Passages piétons édition, coll. « Imagier pour enfant moderne », 1998.

    9 «J. Jouet, I. Gautray, Regarde, regarde les poissons des villes, op. cit., p. 4-5.

    10 J. Jouet, Navet, linge, œil-de-vieux, P.O.L., 1998, p. 465. Je souligne.

    11 J. Jouet, I. Gautray, Rendez-vous dans ma rue, Morey, Passage piéton éd., 2001.

    12 E. Leroyer, C. Galice, « Ces poètes qui écrivent aux enfants », La Revue des livres pour enfants, avril 2011, n° 258, p. 72.

    13 Livres au trésor, « Regarde, regarde les poissons des villes », Sélection 1999, Bibliothèque de Bobigny, 1999, p. 16 : « Autour d’Isabel Gautray, conceptrice graphique, officient Jacques Jouet, poète oulipien, et une équipe de photographes qui, bousculant la logique et les conventions, proposent un jeu non conformiste, un parcours poétique du monde. Vers à picorer à loisir, associations libres de mots, d’objets, exploitation des hasards, interprétation personnelle des images, sens des couleurs, le regard se perd… […] Déroutants au premier abord, ces imagiers ouvrent aux petits lecteurs de nouveaux horizons. Tout est affaire de perception. Cette invitation originale à l’évasion et à la parole donne un sacré coup de klaxon dans l’édition. »

    14 G. Perec, « Approches de quoi ? », L’Infra-ordinaire, Le Seuil, coll. « La librairie du xxe siècle », 1989, p. 11 : « Ce qui se passe chaque jour et qui revient, chaque jour, le banal, le quotidien, l’évident, le commun, l’ordinaire, l’infra-ordinaire, le bruit de fond, l’habituel, comment en rendre compte, comment l’interroger, comment le décrire ? »

    15 J. Jouet, « Jacques Jouet : un oulipien métrologue », entretien de J. Jouet avec M. Lapprand, Le Magazine littéraire, mai 2001, n° 398, p. 64.

    16 Livres au trésor, Sélection 99, op. cit., p. 16, dans la rubrique « livre d’images » (juste à la suite de… Tana Hoban).

    17 B. Épin, Les Livres de vos enfants, parlons-en !, Éd. Messidor/La Farandole, 1985, p. 140.

    18 G. Perec, Tentative d’épuisement d’un lieu parisien, Christian Bourgois éditeur, 1975. Perec ouvrait quasiment sa description par les textes (des vitrines, des enseignes) offerts à sa vue.

    19 C. Bloomfield suggère que « tout nouvel oulipien ou presque, dans les années qui succèdent sa cooptation, écrit au moins un texte sur ou inspiré par Perec », dans M. Heck (dir.), Cahiers Georges Perec, n° 11, Filiations perecquiennes, « L’héritage de Georges Perec chez les jeunes oulipiens : Anne F. Garréta, Ian Monk, Hervé Le Tellier et Jacques Jouet », Bordeaux, Le Castor Astral, 2011, p. 20.

    20 J. Jouet, I. Gautray, Regarde, regarde les poissons des villes, op. cit., p. 16-17.

    21 « Nouveautés », La Revue des livres pour enfants, juin 1999, n° 187, p. 44 : « Nouvel éditeur, nouvelle collection et voilà des livres de photographies novateurs. Un format à l’italienne, des couvertures sobres aux couleurs vives (vert pomme, rouge ou orange) avec des lettres blanches où le mot “Regarde”, à la forme impérative et enthousiaste, envahit la page, répété ensuite en plus petit, en lettres noires cette fois, incitant le petit lecteur à bien regarder […)] et c’est bien là le propos, regarder mais d’une autre manière, voir à travers les images autre chose que ce que l’on voit au premier abord. Décalage du texte (l’auteur de deux des titres est Jacques Jouet, poète de l’Oulipo) et de l’image, suggestions, fantasmes, c’est une nouvelle manière de voir que ces livres nous proposent. Le titre même de la collections est révélateur : imagier pour enfant moderne. Il s’agit bien d’images qui ne racontent pas forcément une histoire mais qui déroulent un fil qui entraîne l’enfant dans le livre. L’enfant devient acteur et peut mettre dans ces images qui défilent ce qu’il a envie d’y voir. Il n’y a pas une vérité mais des manières d’appréhender ce qui nous est donné à voir. C’est un regard différent pour chaque enfant, “enfant moderne” qui pose son regard sur le monde. Le titre de la maison d’édition, passage Piétons, est aussi révélateur. À chaque page de garde un passage piétons nous invite à traverser et à aller voir ce qu’il y a de l’autre côté. » (classé en livre d’art, au même titre que le Tana Hoban chez Kaléidoscope et qui s’appelle Regarde bien).

    22 C. Andrews, « L’artificialité relative de la contrainte », dans C. Bisenius-Penin et A. Petitjean (dir.), 50 ans d’Oulipo : De la contrainte à l’oeuvre, La Licorne, n° 100, PUR, 2012, p. 97.

    23 M. Lapprand, L’Œuvre ronde, op. cit., p. 33.

    24 J. Jouet, « Du monostique », La Bibliothèque Oulipienne, 2004, n° 135, p. 12.

    25 J. Jouet, Le Directeur du Musée des cadeaux des chefs d’État de l’Étranger, Le Seuil, 1999, p. 251.

    26 J. Jouet, Morceaux de Théêtre, Théâtre II, Châlon-sur-Saône, Éditions du Limon, 1997, p. 232.

    Auteur

    Éléonore Hamaide-Jager

    Maître de conférences à l’université d’Artois, elle mène ses recherches sur la littérature pour la jeunesse et la littérature des xxe-xxie siècles au sein du laboratoire « Textes et cultures », centre Robinson. Son travail porte plus particulièrement sur l’album et sur les relations texte/image, ainsi que sur les déclinaisons fictionnelles multimédiatiques et leur réception, mais cela ne l’empêche pas de travailler sur la littérature pour les adultes (Perec, E. Carrère, D. Mendelsohn). Elle a dirigé plusieurs ouvrages, notamment sur La Cartographie en littérature de jeunesse (Cahiers Robinson, n° 28, 2008), la collection « page Blanche » (Cahiers Robinson, n° 31, 2010), La Lettre au cinéma (APU, 2013). Elle prépare la publication des actes du colloque sur la réception européenne de Maurice Sendak qui a eu lieu en décembre 2013 à la BnF.

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    1 Pour plus de détail sur le sujet, voir mon chapitre « L’Oulipo est-il soluble dans la poésie destinée aux enfants ? » dans Ch. Connan-Pintado (dir.), La Littérature de jeunesse au présent. Genres littéraires en question(s), Bordeaux, PU de Bordeaux, 2015, p. 217-231.

    2 En 1988, J. Jouet intègre à son roman pour la jeunesse Le Gorille de Kivou un poème d’amour en langage grand singe, langue imaginaire créée par Edgar Rice Burroughs, l’auteur de Tarzan. J. Jouet ouvre, en 1993, le n° 62 de La Bibliothèque oulipienne intitulé « Le chant d’amour grand-singe » par ce même poème, avant d’expliciter la création de ce lexique de moins de trois cents mots, d’en proposer une poétique ainsi qu’une dizaine de poèmes dans une forme fixe qu’il appelle le « bzee-bur », huitain de rimes généralement croisées, avec 5-6-5-7-5-7-5-8 syllabes, poèmes dans leur langue originale puis traduite. Je ne m’arrêterai pas sur ce corpus qui affiche d’emblée la circulation des formes, des préoccupations et des genres littéraires entre littérature de jeunesse et littérature pour adultes chez J. Jouet. Voir Oulipo, La Bibliothèque oulipienne, vol. 4, Bordeaux, Le Castor Astral, 1997, p. 233.

    3 P. Ceysson, « Les bestiaires dans la poésie pour l’enfance et la jeunesse : jeux et fabriques de la poésie au second degré », dans A.-M.Mercier-Faivre, Enseigner la littérature de jeunesse ?, Lyon, PU Lyon, 1999, p. 82.

    4 M. Defourny, « Introduction », dans É. Lortic, Flash sur les livres de photographies pour enfants des années 1920 à nos jours, Bibliothèque de la Joie par les livres, Éd. Fédération française de coopération entre bibliothèques, 2001, p. 10 : « De nouvelles maisons d’édition affirment leur identité en créant des collections qui recourent à la photo. »

    5 J. Jouet, « Jacques Jouet : une collaboration avec Tito Honegger, plasticienne », Monotypes, (plaquette de présentation), 2007. Je souligne.

    6 M. Lapprand, L’Œuvre ronde. Essai sur Jacques Jouet, Limoges, Lambert-Lucas, 2007, p. 29.

    7 Sur la maison d’édition et la démarche mise en œuvre, voir C. Thouvenin, « Passage Piétons, autres regards, autres livres », La Revue des livres pour enfants, n° 212, septembre 2003, p. 75-78.

    8 J. Jouet, I. Gautray, Regarde, regarde les poissons des villes et Regarde, regarde les têtes en l’air, Morey, Passages piétons édition, coll. « Imagier pour enfant moderne », 1998.

    9 «J. Jouet, I. Gautray, Regarde, regarde les poissons des villes, op. cit., p. 4-5.

    10 J. Jouet, Navet, linge, œil-de-vieux, P.O.L., 1998, p. 465. Je souligne.

    11 J. Jouet, I. Gautray, Rendez-vous dans ma rue, Morey, Passage piéton éd., 2001.

    12 E. Leroyer, C. Galice, « Ces poètes qui écrivent aux enfants », La Revue des livres pour enfants, avril 2011, n° 258, p. 72.

    13 Livres au trésor, « Regarde, regarde les poissons des villes », Sélection 1999, Bibliothèque de Bobigny, 1999, p. 16 : « Autour d’Isabel Gautray, conceptrice graphique, officient Jacques Jouet, poète oulipien, et une équipe de photographes qui, bousculant la logique et les conventions, proposent un jeu non conformiste, un parcours poétique du monde. Vers à picorer à loisir, associations libres de mots, d’objets, exploitation des hasards, interprétation personnelle des images, sens des couleurs, le regard se perd… […] Déroutants au premier abord, ces imagiers ouvrent aux petits lecteurs de nouveaux horizons. Tout est affaire de perception. Cette invitation originale à l’évasion et à la parole donne un sacré coup de klaxon dans l’édition. »

    14 G. Perec, « Approches de quoi ? », L’Infra-ordinaire, Le Seuil, coll. « La librairie du xxe siècle », 1989, p. 11 : « Ce qui se passe chaque jour et qui revient, chaque jour, le banal, le quotidien, l’évident, le commun, l’ordinaire, l’infra-ordinaire, le bruit de fond, l’habituel, comment en rendre compte, comment l’interroger, comment le décrire ? »

    15 J. Jouet, « Jacques Jouet : un oulipien métrologue », entretien de J. Jouet avec M. Lapprand, Le Magazine littéraire, mai 2001, n° 398, p. 64.

    16 Livres au trésor, Sélection 99, op. cit., p. 16, dans la rubrique « livre d’images » (juste à la suite de… Tana Hoban).

    17 B. Épin, Les Livres de vos enfants, parlons-en !, Éd. Messidor/La Farandole, 1985, p. 140.

    18 G. Perec, Tentative d’épuisement d’un lieu parisien, Christian Bourgois éditeur, 1975. Perec ouvrait quasiment sa description par les textes (des vitrines, des enseignes) offerts à sa vue.

    19 C. Bloomfield suggère que « tout nouvel oulipien ou presque, dans les années qui succèdent sa cooptation, écrit au moins un texte sur ou inspiré par Perec », dans M. Heck (dir.), Cahiers Georges Perec, n° 11, Filiations perecquiennes, « L’héritage de Georges Perec chez les jeunes oulipiens : Anne F. Garréta, Ian Monk, Hervé Le Tellier et Jacques Jouet », Bordeaux, Le Castor Astral, 2011, p. 20.

    20 J. Jouet, I. Gautray, Regarde, regarde les poissons des villes, op. cit., p. 16-17.

    21 « Nouveautés », La Revue des livres pour enfants, juin 1999, n° 187, p. 44 : « Nouvel éditeur, nouvelle collection et voilà des livres de photographies novateurs. Un format à l’italienne, des couvertures sobres aux couleurs vives (vert pomme, rouge ou orange) avec des lettres blanches où le mot “Regarde”, à la forme impérative et enthousiaste, envahit la page, répété ensuite en plus petit, en lettres noires cette fois, incitant le petit lecteur à bien regarder […)] et c’est bien là le propos, regarder mais d’une autre manière, voir à travers les images autre chose que ce que l’on voit au premier abord. Décalage du texte (l’auteur de deux des titres est Jacques Jouet, poète de l’Oulipo) et de l’image, suggestions, fantasmes, c’est une nouvelle manière de voir que ces livres nous proposent. Le titre même de la collections est révélateur : imagier pour enfant moderne. Il s’agit bien d’images qui ne racontent pas forcément une histoire mais qui déroulent un fil qui entraîne l’enfant dans le livre. L’enfant devient acteur et peut mettre dans ces images qui défilent ce qu’il a envie d’y voir. Il n’y a pas une vérité mais des manières d’appréhender ce qui nous est donné à voir. C’est un regard différent pour chaque enfant, “enfant moderne” qui pose son regard sur le monde. Le titre de la maison d’édition, passage Piétons, est aussi révélateur. À chaque page de garde un passage piétons nous invite à traverser et à aller voir ce qu’il y a de l’autre côté. » (classé en livre d’art, au même titre que le Tana Hoban chez Kaléidoscope et qui s’appelle Regarde bien).

    22 C. Andrews, « L’artificialité relative de la contrainte », dans C. Bisenius-Penin et A. Petitjean (dir.), 50 ans d’Oulipo : De la contrainte à l’oeuvre, La Licorne, n° 100, PUR, 2012, p. 97.

    23 M. Lapprand, L’Œuvre ronde, op. cit., p. 33.

    24 J. Jouet, « Du monostique », La Bibliothèque Oulipienne, 2004, n° 135, p. 12.

    25 J. Jouet, Le Directeur du Musée des cadeaux des chefs d’État de l’Étranger, Le Seuil, 1999, p. 251.

    26 J. Jouet, Morceaux de Théêtre, Théâtre II, Châlon-sur-Saône, Éditions du Limon, 1997, p. 232.

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    Hamaide-Jager, Éléonore. (2016). Rimer n’est pas jouer : un parcours dans l’œuvre de Jacques Jouet destinée à la jeunesse. In M. Lapprand & D. Moncond’huy (éds.), Jacques Jouet (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.177087
    Hamaide-Jager, Éléonore. « Rimer n’est pas jouer : un parcours dans l’œuvre de Jacques Jouet destinée à la jeunesse ». In Jacques Jouet, édité par Marc Lapprand et Dominique Moncond’huy. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2016. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.177087.
    Hamaide-Jager, Éléonore. « Rimer n’est pas jouer : un parcours dans l’œuvre de Jacques Jouet destinée à la jeunesse ». Jacques Jouet, édité par Marc Lapprand et Dominique Moncond’huy, Presses universitaires de Rennes, 2016, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.177087.

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    Lapprand, M., & Moncond’huy, D. (éds.). (2016). Jacques Jouet (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.176977
    Lapprand, Marc, et Dominique Moncond’huy, éd. Jacques Jouet. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2016. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.176977.
    Lapprand, Marc, et Dominique Moncond’huy, éditeurs. Jacques Jouet. Presses universitaires de Rennes, 2016, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.176977.
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