Albrecht von Haller et le sel solaire
Réflexions sur les transferts savants dans les Lumières économiques
Traduit par Claire Gantet (trad.)
p. 57-81
Texte intégral
1De 1758 à 1764, le médecin, poète et savant universel Albrecht von Haller (1708-1777) dirigea les salines bernoises de Roche1. Or, au lieu de poursuivre sa carrière de professeur d’anatomie, chirurgie et botanique à l’université de Göttingen, il revint dès 1753, à la surprise de nombre de ses contemporains, dans sa ville natale de Berne. Tout connaisseur de l’environnement bernois pouvait néanmoins aisément comprendre les motifs de Haller. Il avait d’abord endossé la fonction peu prestigieuse d’Amman de l’Hôtel de ville (Rathausammann) de la municipalité parce qu’elle lui permettait d’entamer une carrière dans les organes de la ville et qu’elle était liée au droit de nomination au Grand Conseil de Berne, par lequel il pouvait garantir à sa famille l’appartenance au patriciat2.
2Lorsqu’il fut élu en 1758 directeur des salines, Haller insista dans une lettre à un ami sur « l’espoir de rendre de grands services à la patrie3 ». Par la suite, il eut constamment pour objectif essentiel de rendre plus efficace le processus de collecte du sel. Au lieu de procéder à la graduation puis à l’évaporation de la saumure, dispendieuses en énergie, il voulait laisser le sel s’évaporer intégralement au soleil4. L’idée de ce sel solaire, Haller la disait dérivée de l’extraction de sel marin sur la côte atlantique5.
3 Du point de vue de l’histoire des savoirs, ce transfert de savoirs et de technologie soulève quelques questions : comment Haller avait-il acquis un savoir sur l’extraction du sel marin ? Comment tenta-t-il d’intégrer la nouvelle technologie dans les salines bernoises et de les y adapter ? Et par quels moyens s’efforça-t-il de faire accepter sa nouvelle méthode – dans le contexte bernois comme dans le discours lettré transnational ?
4Le sel solaire de Haller peut constituer un point de départ pour explorer des questions de fond sur les transferts savants dans le contexte des « Lumières économiques6 ». Cette perspective sonde les contextes médiatiques et discursifs spécifiques de l’extraction du sel, qui dans le cadre d’essais d’utilisation optimale des ressources naturelles furent l’objet de tentatives de réforme. Elle examine aussi bien les discours chimiques sur le « sel » que les contextes d’innovation dans les salines et les caractéristiques de l’administration bernoise7. Cette présentation sera précédée par quelques réflexions méthodiques sur les notions de transferts et de circulations ainsi que sur leur rôle dans le cadre analytique des Lumières économiques. Ainsi pourra-t-on saisir les motivations de Haller et ses stratégies argumentatives et pratiques en vue d’accréditer le savoir transféré. Cet exemple permettra enfin de mettre en évidence les échanges de savoir économique et le rôle d’intermédiaire endossé par Haller.
Transferts, circulations, Lumières économiques
5Les échanges ont été traités par plusieurs approches historiographiques. Celle des transferts culturels, exposée par Michel Espagne et de Michael Werner, s’est avérée particulièrement féconde8. Ils ont porté leur attention sur les dispositifs de la médiation, sur les acteurs impliqués et sur les réinterprétations productives des biens culturels transférés. La notion de transferts culturels présuppose toutefois des entités (nationales) délimitables et des espaces culturels supposés cohérents : la problématique se heurte à des limites lorsque les biens culturels et les savoirs dont on veut étudier les échanges ne peuvent être clairement attribués à de tels espaces, ou lorsque ces espaces sont difficilement délimitables. Aussi la notion fut-elle développée et complétée. On tente dorénavant de saisir aussi précisément que possible les processus complexes d’échange et leurs interdépendances mutuelles, et de rendre compte du fait que les représentations et les savoirs ne sont pas nécessairement marqués ou accrédités par les formations sociales et les institutions d’un pays-source clairement identifiable9.
6Ce dernier point vaut aussi pour la République universaliste des Lettres du xviie et du début du xviiie siècles, qui institutionnalisa les échanges entre savants et la diffusion du savoir par-delà les frontières10. Mais il vaut aussi pour des champs de savoir que l’on ne peut fixer dans des cadres nationaux tels que la médecine, la chimie et les sciences de la nature – et l’économie. L’analyse des activités de Haller dans le domaine de l’extraction du sel invite ainsi à adopter des méthodes récentes de l’histoire des savoirs. On se fondera sur une acception délibérément large de la notion de savoir, apte à embrasser aussi bien les pratiques que les critères de valeur et les catégories. Le savoir n’est jamais libre d’interprétations, situées dans des contextes sociaux, culturels et politiques ; en même temps, il guide les perceptions et génère du sens, participant ainsi de la construction de la réalité11.
7De même que la notion de savoir, la notion de transfert savant sera par la suite employée de façon large. Elle ne couvrira pas seulement les tentatives de transmission de connaissances auprès d’un plus large public, mais aussi les processus de déconstruction et reconstruction du savoir dans des dispositifs d’échanges réciproques12. C’est de cette façon que l’on pourra dégager les conditions de la formation de savoirs et de leur ancrage, et saisir les dispositifs qui en forment le fondement. Cela vaut aussi pour les contextes dans lesquels les savoirs transférés sont resitués, puisque l’on peut intégrer les interprétations et réorganisations d’informations liées au transfert.
8En analysant en tant que transferts savants les échanges engagés autour du sel solaire d’Albrecht von Haller, on pose l’hypothèse d’une transmission délibérée et ciblée de savoirs d’un espace vers un autre. Il importe bien sûr de ne pas négliger la complexité et la multilatéralité des modes de communication. La notion de circulation semble appropriée à l’étude des processus multidirectionnels de réception, adaptation et légitimation comme de rejets de savoirs nouveaux.
9Un concept apte à contextualiser les savoirs du xviiie siècle sur le sel nous est proposé par la notion plus amplement développée par Marcus Popplow de Lumières économiques (Ökonomische Aufklärung13), qui cherche à qualifier l’intérêt nouveau, motivé par un engagement au service des Lumières au milieu du xviiie siècle, pour de nouveaux champs du savoir, pratiques pour la plupart. Les acteurs de ce déplacement des centres d’intérêt entendent développer, diffuser au peuple et appliquer des projets de réformes jugés utiles, principalement dans le secteur agraire. Marcus Popplow caractérise par le terme de Lumières économiques une « culture spécifique de l’innovation du xviiie siècle14 » marquée par des modes de sociabilité et des expressions médiatiques et discursives particuliers. Les Lumières économiques à vocation pratique s’appuient elles aussi sur les réseaux et pratiques médiatiques de la République des Lettres, ainsi que sur les formes de discussion de savoirs nouveaux qu’elle mit en place. Cela représentait d’une part des avantages dans la transmission de connaissances nouvelles ; mais d’autre part des tensions surgirent entre le savoir scientifiquement fondé, partant à valeur prétendument universelle, et le savoir local, applicable, spécifique. On peut relier le grand récit de l’utilité du savoir, constitutif des Lumières économiques, aux savoirs d’État (staatsbezogenes Wissen15). En mettant ainsi en perspective le potentiel de savoirs (pratiques) « pour maintenir et améliorer l’ordre intérieur, accroître l’efficacité économique de la population, garantir les finances publiques ou contribuer de toute autre façon à renforcer le pouvoir du souverain, resp. de l’État16 », on peut saisir, à propos du sel, des intérêts spécifiques des acteurs (étatiques) engagés dans l’extraction et le commerce du sel.
Les savoirs de l’extraction du sel
10L’utilisation de l’énergie solaire pour produire du sel de cuisine était nouvelle dans des régions situées à l’écart des côtes maritimes. Sur les côtes de France et d’Italie, et à un moindre degré dans les Pays-Bas et en Angleterre, l’extraction du sel par l’évaporation de l’eau de mer dans des marais salants était en revanche très répandue. Si les techniques variaient, elles avaient néanmoins en commun d’utiliser l’énergie solaire au moins pour concentrer la saumure, sinon le plus souvent pour obtenir son évaporation complète17. L’extraction de sel raffiné dans les régions éloignées des côtes employait diverses méthodes. Parfois, on exploitait directement le sel gemme, ou on le dissolvait en introduisant de l’eau ; le plus souvent toutefois, on récupérait de la saumure naturelle. On la chauffait alors dans des poêles pour évaporer une grande partie de l’eau contenue et éliminer les impuretés, avant de sécher le sel cristallisé puis de le stocker. Ce processus fut l’objet de diverses innovations au cours de l’époque moderne, destinées à rendre les étapes du travail plus efficaces et moins coûteuses en énergie. Une innovation essentielle consista en l’invention de bâtiments de graduation au xvie siècle, des cadres en bois de hauteur différente et parfois longs de plusieurs centaines de mètres dans lesquels on empilait de la paille et (à partir du début du xviiie siècle) des épines. En pompant la saumure jusqu’en haut de la structure de graduation et en la laissant ruisseler à travers la paille ou les épines puis en la laissant s’évaporer, on obtenait une meilleure concentration de la solution saline apte à être traitée en consommant moins d’énergie (ill. 2)18.
11Des mineurs ou des responsables publics pouvaient disposer d’une expertise sur le sel aussi bien que des alchimistes ou des connaisseurs de l’histoire naturelle qui traitaient de la nature des substances, et que les médecins et pharmaciens, qui examinaient l’effet de divers sels sur leurs patients19. La négociation de l’autorité dans les questions relatives au sel engagea des cercles d’acteurs différents, non sans interférences mutuelles toutefois. Si les organes de la discussion des connaissances chimiques furent les médias savants, ils recoururent souvent à l’application du savoir théorique sur le sel dans les méthodes d’extraction envisagées. Au xviiie siècle, de plus en plus d’entrepreneurs de salines privés s’affirmèrent avec des programmes de modernisation des salines. Ainsi Joachim Friedrich Freiherr von Beust (1697-1771) travailla-t-il dans diverses salines d’Allemagne méridionale tout en introduisant également des innovations dans les salines bernoises dans les années 173020. Aux différents procédés d’extraction de sel selon l’espace naturel correspondait un classement spécifique dans des espaces culturels et socio-économiques. Tandis que les « récoltes de sel » sur les côtes tenaient d’une activité agricole, l’extraction du sel dans les mines de sel puis son ébullition relevaient plutôt de pratiques de mineurs et d’alchimistes21. Dans les deux cas toutefois, le savoir nécessaire à l’extraction (ou à la récolte) n’était que peu transmis par écrit22. Ce savoir fut néanmoins de plus en plus institutionnalisé, notamment avec la création d’académies des mines et d’écoles d’administration et l’élan corollaire de professionnalisation, dans la seconde moitié du xviiie siècle23.
Albrecht von Haller, un expert international du sel
12Dès ses années en tant que professeur d’université à Göttingen, Albrecht von Haller étudia les différentes méthodes de production du sel et les processus chimiques sous-jacents. Il connaissait l’extraction de sel ignifère pour l’avoir vue puisqu’il avait visité dès ses jeunes années les salines bernoises et plusieurs salines d’Allemagne septentrionale24. Sous sa présidence à l’Académie des sciences de Göttingen (la Königliche Societät der Wissenschaften), deux questions d’ordre économique avaient été mises à prix en 1752, l’une d’entre elles invitant à examiner et améliorer la qualité du sel (notamment en vue d’une application dans le salage du poisson25). Dans les sujets qui l’intéressaient, Haller suivait surtout les publications scientifiques au niveau européen ; il avait un rôle central de transmission de la recherche internationale vers l’espace allemand26. C’est animé d’un double intérêt que Haller étudia le sel : d’une part pour ses propriétés chimiques, suite à la formation en médecine et en sciences naturelles qu’il avait acquise auprès de Herman Boerhaave (1668-1738) à Leyde27 ; d’autre part pour ses utilisations possibles, par effet de sa sensibilité à l’économie.
13Durant toute l’époque moderne, le gouvernement de Berne s’efforça de renforcer la production locale de sel pour réduire la dépendance vis-à-vis des importations de sel. La découverte en 1554 d’une source saline à Panex dans le Gouvernement d’Aigle qui relevait de la République de Berne depuis 1476 éveilla de grands espoirs. La source de sel s’avéra néanmoins peu abondante. Pour augmenter la faible salinité de la saumure naturelle, on l’enrichit à partir de la fin du xvie siècle par évaporation – avant l’ébullition forte consommatrice de bois – dans les bâtiments de graduation. Les amples mesures de modernisation, dans la première moitié du xviiie siècle (creusement de galeries, technique de graduation) ne permirent pas d’augmenter durablement la quantité produite ni le rendement énergétique. Pour surveiller directement les mines de sel de Bex, Roche et Aigle, le Conseil de Berne institua en 1731 un poste de directeur à Roche ; cela après que le gouvernement eut déjà étatisé la saline en 1684, rachetée aux ci-devant tenanciers, et fait valoir ses droits de propriété sur les bois environnants pour garantir l’approvisionnement en énergie28.
14Haller visita les salines bernoises en mission officielle pour la première fois en 1754 ; en tant qu’émissaire du Conseil de Berne, il devait probablement examiner de nouvelles sources de saumure29. Haller entra en fonction en tant que directeur des salines en 1758. Son activité majeure à Roche, souligna-t-il ultérieurement, consista en une série d’expérimentations sur plusieurs années, pour obtenir « la saumure simplement par le soleil30 ». Dès 1757, il s’y attela en collaboration avec son prédécesseur en ces fonctions, Gabriel Herport (1705-1783)31. Haller commanda de plus des caisses plates de bois ou de marbre, pour y faire couler la saumure qui s’y évaporait. Il fit aussi installer des toits amovibles en vue d’empêcher le ruissellement d’eau de pluie dans la saumure et sa dilution. Il consigna ses expériences précisément sur le papier, de même que des données sur les conditions météorologiques et la vitesse de l’évaporation au cours de l’année32.
Le point de départ du transfert
15L’innovation de Haller consistait pour l’essentiel à remplacer la méthode énergétiquement et financièrement dispendieuse d’extraction du sel par le procédé plus économique pratiqué sur les côtes maritimes :
« Il me parut dès-lors qu’il y avoit un moyen bien simple, pour n’avoir plus besoin de hangar de graduation, ni de feu, ni de machines, ni de conduites d’eau, c’est exploiter l’eau salée des sources, comme on exploite celle de la mer, le soleil y fait tout33. »
16Comment Haller eut-il l’idée d’intégrer l’extraction de sel marin dans un contexte montagneux ? Comment acquit-il les informations et connaissances nécessaires ? Dans son Kurzer Auszug einer Beschreibung der Salzwerke in dem Amte Aelen de 1765 (bref extrait d’une description des salines dans le gouvernement d’Aigle), Haller évoquait globalement des contrées plus chaudes :
« Les habitants de pays plus chauds ont imité la nature et laissent le sel se dégager par le soleil ; cette façon est la plus aisée, la moins coûteuse et la meilleure ; elle prépare en effet, comme nous le verrons à un autre endroit, le sel le meilleur34. »
17Plus loin dans ce traité, Haller désignait comme source d’inspiration les procédés concrets d’extraction du sel dans deux provinces françaises de la côte atlantique :
« Or, je suis tombé sur d’autres pensées. J’ai considéré que l’on fait du sel marin par le soleil dans les côtes des provinces de Poitou et du Païs d’Aunis35. »
18Durant ses voyages d’études, Haller séjourna certes en France. Rien n’indique néanmoins que ses pérégrinations l’aient mené aux lieux de l’extraction du sel sur la côte atlantique36. Sa formulation « j’ai considéré » (comment le sel est produit sur la côte atlantique française) serait donc sémantiquement plus ouverte qu’on ne l’a d’abord supposé et intègrerait en un sens abstrait les pratiques d’observation et de participation à la production de savoirs par les échanges lettrés.
19Haller était particulièrement bien informé sur les nouvelles parutions dans les domaines qui l’intéressaient, lui qui rédigea notamment environ 9 000 recensions dans les Göttingische Gelehrte Anzeigen (ou Göttingische Anzeigen von gelehrten Sachen, comme elles s’intitulèrent de 1753 à 1801) (Nouvelles savantes de Göttingen). Cela vaut tout particulièrement pour l’espace français, puisque Haller se réservait la plupart des recensions de publications françaises37, ainsi la contribution – susceptible d’être relevée dans nos considérations – sur l’extraction de sel en Normandie publiée par le géologue et botaniste Jean-Étienne Guettard (1715-1786) dans le périodique de l’Académie des sciences parisienne en 1758. On ne faisait en substance rien d’autre dans les « marais salans », selon Guettard, que de laisser l’eau s’évaporer : « le sel s’y fait par la voie de la cristallisation, c’est au Soleil à qui [sic] l’on est redevable de l’évaporation de l’eau38 ». C’est précisément cela que Haller soulignait dans sa recension : « autour d’Avranche en Normandie, et dans une partie de la Basse Bretagne, le sel bout sans graduation, en se détachant du sable de mer39 ». Dans son étude, Guettard renvoyait à une description des salines du Bas Poitou dans le Recueil de l’Académie de la Rochelle de 1752. Cet article, rédigé par Yves Valois, jésuite et professeur d’hydrographie à La Rochelle, avait d’abord paru en 1744 dans les Mémoires de Trévoux40. La description détaillée du procédé des paludiers et le plan inséré présentaient des savoirs et informations susceptibles d’avoir été ensuite utilisés par Haller dans l’esquisse de sa méthode.
20Il est certain que Haller connut directement une autre publication, le Mémoire sur les Marais salans des Provinces d’Aunis et de Saintonge de Claude Beaupied-Duménil, membre de la Société Royale d’Agriculture de La Rochelle, il est vrai publié seulement en 1765. Bien que l’on trouve partout la même eau de mer, écrivait Beaupied-Duménil, la qualité du sel que l’on peut y extraire varie fortement selon le climat local. Parmi les lieux qu’il avait examinés, ceux dont le climat était équilibré présentaient des avantages décisifs quant à l’extraction de sel :
« C’est dans le seul climat temperé de la France, & surtout dans les provinces d’Aunis & de Saintonge, qu’on recolte le meilleur sel marin de l’Europe & par conséquent de l’univers. Il n’est ni acre ni corrosif comme celui d’Espagne & de Portugal, ce qui le fait particuliérement rechercher pour la salaison des chairs, des poissons, & des cuirs que l’on veut conserver41. »
21L’ouvrage de Beaupied-Duménil faisait partie de la bibliothèque de Haller42. Haller en fit aussi une recension élogieuse dans les Göttingische Anzeigen. Jusqu’à présent, on n’a « possédé que des ouvrages incomplets sur les étangs de sel », y écrivait-il ; « On trouve ici tout de façon claire, exacte et rassemblée, avec diverses améliorations que M. B. a lui-même inventées43. »
22Haller ne cita des ouvrages de référence explicites que dans la deuxième édition de la Beschreibung der Salzwerke (Description des salines) de 1772, où en sus des deux études mentionnées ci-dessus de Guettard et de Beaupied-Duménil, il signala un ouvrage d’Étienne Mignot de Montigny44.
Stratégies de publication
23Pour diffuser son sel solaire, Haller misa sciemment sur différentes plates-formes de publication, choisies selon l’effet différencié escompté45. Haller propagea les premiers succès de ses essais en 1758 dans les nouvelles de l’Académie des sciences de Paris, dont il était membre en tant qu’« associé étranger » depuis 1754. Il y évoquait explicitement les expérimentations qu’il avait menées dans les salines de Bévieux pour remplacer la vaporisation par combustion de la saumure par une utilisation habile du rayonnement solaire. On envisagea aussi que Haller poursuivît systématiquement ces expériences dans les années suivantes et fasse parvenir ses tableaux de données à l’Académie46. En 1764, à l’occasion d’une cérémonie officielle dans l’Académie des sciences de Göttingen, on lut en l’absence de Haller un rapport circonstancié rédigé en latin par lui-même47 ; le manuscrit De exhalatione aquae salsae, et salis ad solem coctione n’est de nos jours plus disponible, mais un résumé allemand en fut inséré dès cette même année dans les Göttingische Anzeigen48 ; en outre, Haller publia une version réduite et traduite en français dans le périodique de l’Académie des sciences parisienne de 1764 (Mémoire sur l’évaporation de l’eau salée, imprimé en 1767)49. Outre ces articles, Haller publia en 1765, avec le soutien financier du Conseil de Berne, le Kurzer Auszug einer Beschreibung der Salzwerke im Amte Aelen50. Dans sa Sammlung kleiner Schriften (collection de petits textes), Haller édita une compilation de ce Kurzer Auszug et du Mémoire sur l’évaporation51. En 1776 parut une traduction du Kurzer Auszug en français, laquelle toutefois ne fut pas de son goût52.
24Avec le Kurzer Auszug, Haller visait particulièrement le public bernois : au moyen de connaissances « utiles », il lui démontrait son engagement patriotique au service de la République de Berne. Dans son Mémoire aussi, Haller recourut à un tel moyen d’accréditation et s’appuya tant sur la qualité chimique, confirmée par des experts lettrés, que sur l’effet de son sel, certifié par les producteurs de fromages53. C’est toutefois à un endroit très saillant du Kurzer Auszug qu’il plaça la confirmation de l’effet du sel solaire dans la production de fromage – cela en réponse à des doutes émis par plusieurs personnes à Berne, selon lesquelles ce sel était plus amer et plus humide que le sel extrait par le procédé usité54. À l’inverse, Haller soulignait que son sel solaire, d’après les sondages effectués, se prêtait très bien, en raison de sa sécheresse, au salage des fromages55. En appendice à son Kurzer Auszug, il fit imprimer deux de ces certificats de producteurs locaux de fromage :
« Je Souscrit certifie, qu’ayant fait le Fromage de trente Vaches en Enzeindaz cette année 1760, ayant salé une partie de ce Fromage avec du gros Sel, fait au Soleil […] je l’ai trouvé plus fort, à peu près du quart plus que le Sel commun. Le dit Fromage étant fort bien salé, & sans amertume, pas plus que celui, qui est fait avec du Sel ordinaire. J’ai fait cette epreuve au plus proche de mes petites lumières. Ainsi, l’atteste ce 14 Decembre 1760, Signé Jaque Ruchet, Justicier d’Huemoz56. »
25La suite de l’argumentation de Haller en faveur de sa méthode était essentiellement fondée sur son économie en bois. En soulignant que les « descendants » auraient suffisamment de bois à disposition et devraient « jouir de la prudence de leurs ancêtres », il faisait référence à la notion de développement durable57. Un tel argument doit être replacé dans le contexte des plaintes apparues depuis le milieu du xviiie siècle sur la « pénurie de bois » – laquelle n’a été nullement rapportée à un manque réel de bois par la recherche récente, mais bien plutôt interprétée comme l’expression d’une vision nouvelle et dynamique d’un potentiel de développement inexploité constitutive des Lumières économiques58. Engagés dans un discours à l’échelle de l’Europe, les réformateurs de Berne associés dans la Société économique (Oekonomische Gesellschaft) – présidée ultérieurement par Haller – réclamaient eux aussi haut et fort un usage plus économe et plus efficient de cette ressource : le bois. Ils accordaient une attention toute particulière aux salines, puisqu’elles comptaient parmi les gros consommateurs de bois, avec la construction et l’entretien des conduites saumure, des canaux et écluses de flottage et de bâtiments de graduation, et avec la combustion de la saumure59. La critique par Haller de la technologie traditionnelle d’extraction de sel était en effet aussi fondée sur leur forte consommation d’énergie :
« Lorsqu’il y a toutefois de l’eau en abondance, l’évaporation par le feu est très lente, et la dépense en bois est tout à fait considérable, si bien qu’elle approche la valeur du sel60. »
26L’introduction de techniques économes en bois dans l’exploitation minière de gisements de sel permettait à Haller de manifester sa contribution patriotique au bien commun :
« Un des souhaits les plus élevés de tout bon bourgeois doit être de pouvoir contribuer à l’avantage de sa patrie. Comme je m’estimerais heureux si les expériences vécues qui forment la matière principale de ce petit livre pouvaient être de quelque utilité à Votre Grâce. Comme l’espoir serait agréable d’augmenter les recettes d’un État qui emploie sa richesse si excellemment pour le bien général, pour fortifier la religion et l’ordre bon, pour réconforter les pauvres et sauver les miséreux en difficulté61. »
27Dans son Kurzer Auszug, Haller souligna enfin l’accent porté sur l’utilité concrète pour la cité-État bernoise en insérant une présentation ample et détaillée des forêts appartenant aux salines, de leur état et de leur accès ainsi que des modes de propriété62.
28Avec le Mémoire sur l’évaporation, Haller entendait en revanche présenter ses expériences de sel solaire dans un périodique savant de premier rang. Ce qu’il avait en vue, c’était son self-fashioning de savant universel européen : en misant sur le succès du développement d’une nouvelle méthode – le transfert de pratiques éprouvées dans un nouvel environnement épistémique –, il voulait donner une facette supplémentaire à son profil de chercheur expérimental. Dans son Mémoire aussi, Haller évoqua l’économie de bois de sa nouvelle méthode et se démarqua du procédé traditionnel de la graduation de la saumure, en particulier des bâtiments de graduation usuels, en critiquant leur manque d’efficacité et leurs immenses coûts de construction et d’entretien. Haller avait testé différentes méthodes de graduation, qu’il avait néanmoins trouvées insuffisantes en raison des fortes pertes en saumure63. La réalisation du rendement maximal de sel, apte à réduire la dépendance de Berne aux importations de sel, Haller l’acclamait aussi dans la version française. Dans le Mémoire néanmoins dominent les éléments du discours savant sur la composition chimique des sels. Haller estimait qu’un apport thermique trop élevé lors du soccage était nuisible à la qualité du sel, l’acide du sel – l’« esprit du sel » – se volatilisant au moins partiellement64. Si un apport modique de chaleur, tel qu’il était pratiqué dans les salines bernoises, améliorait la qualité du produit final, l’idéal était néanmoins l’évaporation de la saumure au soleil. La lenteur du processus avantagerait au surplus l’élimination des impuretés. C’est ici non l’économie de bois qui figurait au premier plan, mais les propriétés chimiques plus performantes du sel solaire.
29Dans les nouvelles de l’Académie des sciences, la nouvelle méthode testée par Haller fut commentée positivement, et la fiabilité de ses résultats rapportée à sa formation de médecin ainsi qu’à ses méthodes scientifiques fondées sur l’expérience personnelle :
« M. Haller, préposé à ces Salines, en a examiné avec attention toutes les manœuvres, &, comme il arrive ordinairement, les regards du physicien ont non-seulement éclairé, mais encore enrichi l’Art sur lequel ils se sont portés65. »
30Haller lui-même mit en avant le fondement expérimental de son Mémoire, unique par sa gestation de six années de recherches, et riche en enseignements au-delà du contexte du sel :
« Comme on n’a jamais fait des expériences aussi long-temps continuées sur l’exhalation de l’eau, & qu’elles peuvent répandre quelque jour sur l’origine des pluies, la diminution des mers & l’utilité des lacs, je vais en entretenir l’Académie66. »
31La mention de ses « expériences » doit être interprétée comme l’application des pratiques savantes d’acquisition de savoirs qui attribuaient une importance capitale à l’expérimentation, et l’inscription des discours de validation des connaissances67. Avec ses études pionnières d’embryologie et de physiologie, Haller faisait lui-même partie des principaux représentants d’une épistémologie empirique, centrée sur la répétition de l’expérimentation jointe à un questionnement ciblé et à un dispositif expérimental précis68. En toute logique, Haller plaça en appendice à son Mémoire une cinquantaine de pages d’amples tableaux de données météorologiques et d’indications sur la durée respective de l’évaporation69.
Cercles de communication
32Le transfert savant du sel solaire ne se déroula pas seulement via l’imprimé, mais aussi via un réseau très étendu de correspondances70, dans lequel les préoccupations des Lumières économiques étaient abordées à l’échelle européenne71 (ill. 3). On peut déceler plusieurs cercles de communication, dotés de différentes fonctions. D’emblée, Haller entretint, en complément de son échange de lettres officiel avec la commission du sel de Roche à Berne – à laquelle il devait faire un rapport précis deux fois par mois – un échange privé avec certains membres de la commission qui lui étaient favorables. Les informations détaillées sur les séances et les positions qui allaient et venaient par cette voie informelle entre Roche et Berne étaient toutes destinées à permettre la promotion du sel solaire de Haller parmi la commission72. À l’instar de Haller, ses partenaires soulignaient l’avantage essentiel de l’innovation en économie de bois : « Le bois est l’article principal non seulement par rapport aux salines, mais par rapport au païs73. »
33Haller trouva un soutien concret pour son sel solaire auprès de Jakob Reinbold Spielmann (1712-1783), professeur de chimie, botanique et pharmacie à Strasbourg, avec lequel il échangea durant plus de deux décennies des informations et savoirs sur la base d’intérêts communs avant tout dans les domaines de l’anatomie, la botanique et la chimie74. En 1758 et 1766, Haller lui fit parvenir des échantillons de son sel solaire et, par comparaison, de la production usuelle. Spielmann examina les deux sortes de sel, en particulier quant à leur aptitude au salage de la viande et du poisson75. Son évaluation fut positive et Haller la mentionna dans ses publications comme des témoignages du « berühmter Scheidekünstler » resp. « célèbre chimiste » Spielmann76.
34Haller chercha un secours émotionnel à son innovation dans sa correspondance amicale. À son ami genevois Charles Bonnet (1720-1793), il relata dès 1757 ses essais d’utilisation de l’énergie solaire pour l’extraction du sel77. Bonnet lui répondit euphoriquement : « Berne vous aura de grandes obligations du service que vous lui rendés en perfectionnant ses salines. Syracuse avoit un Archiméde, Berne un Haller78. » Haller tint Bonnet par la suite au courant de la poursuite de ses expériences : « La cuite des eaux salées au soleil va a [sic] merveille cette année79. » C’est aussi avec fierté que Haller rapporta à plusieurs reprises à son ami lausannois Samuel-Auguste Tissot (1729-1797) l’intérêt international pour sa nouvelle méthode d’extraction d’eau saline80.
35Au plus tard lors de la publication de son Mémoire et ses articles dans les Göttingische Anzeigen, son sel solaire jouit d’une réception internationale. Friedrich Casimir Medicus (1736-1808), membre du Conseil aulique du Palatinat électoral et botaniste, se renseigna sur le procédé économe en bois de Haller, dont il avait pris connaissance en lisant les Göttingische Anzeigen81, de même que le mathématicien berlinois Jean Castillon (1708-1791) pour le compte de Frédéric II de Prusse82. Johann Philipp Murray (1726-1776), secrétaire de l’Académie des sciences de Göttingen, fit parvenir une copie du cours magistral de Haller sur le sel à Pehr Wilhelm Wargentin (1717- 1783), secrétaire de l’Académie des sciences de Stockholm83. Et le médecin londonien John Pringle (1702-1782) rédigea un extrait de la lettre de Haller sur sa méthode d’extraction de sel, qu’il transmit à son compatriote William Brownrigg (1711-1800), lui-même auteur d’un ouvrage de référence sur le sel dans les années 174084.
36En France, le sel solaire de Haller fut reçu particulièrement tôt. Paul-Jacques Malouin (1701-1778), professeur de chimie au Jardin du Roi et membre de l’Académie des sciences parisienne, loua en 1759 Haller pour sa méthode d’extraction du sel par évaporation de la saumure85. En 1774 encore, Jean-Étienne Guettard s’intéressait à la méthode économique en bois d’extraction du sel, et exprima sa grande admiration pour Haller86. Le statut d’expert du sel de Haller s’affirma encore plus nettement en France lors du conflit endémique sur la qualité du sel de la saline de Lons-le-Saunier87. Nicolas-François Rougnon de Magny (1727-1799), un médecin de Besançon membre de l’enquête en cours sur les salines de Franche-Comté, demanda conseil à Haller le 1er février 1762 sur la qualité du sel qui y était produit et les effets sur la santé du sel de table que l’on en tirait, en particulier du sel de Glauber (sulfate de sodium) qu’il contenait. Devenu le point de mire de l’attention publique, il voulait se prémunir contre tout reproche au moyen du jugement de Haller88. Rougnon reçut manifestement une réponse de Haller. Dans sa deuxième lettre, il le remerciait et lui faisait part de son estime pour le sel solaire. Il achevait sa lettre par des mots flatteurs sur l’autorité de Haller : « Les grands hommes semblent être nés pour éclairer et instruire les petits89. »
37Au cours de la même confrontation, l’avocat Claude-Étienne-Joseph Titon en appela depuis Lons-le-Saunier le 21 janvier 1764 à Haller – à son expertise chimique et à sa conscience économique. Il écrivait que le parlement de Besançon dont il était lui-même membre recevait depuis quelque temps des plaintes sur la nouvelle saline, laquelle était censée produire du sel de goût amer et piquant, propre à changer le goût du fromage et de la viande après leur salage. Le roi avait donc chargé le chimiste Étienne Mignot de Montigny (1714-1782) de l’Académie des sciences d’une analyse exhaustive, dont il ressortit que le sel produit à Lons-le-Saunier contenait une proportion significative de sel de Glauber et qu’il y avait une « terre gipseuse » dans les cristaux de sel. Redoutant une fermeture de la saline, construite à grands frais, les tenanciers généraux des salines rejetèrent cette évaluation négative. Titon demanda à Haller de juger de cette affaire :
« Je voudrois auparavant Monsieur, que vous ayés la bonté de me marquer ce que vous pensés de ce sel et ce qu’on en pense communement à Berne. Vous vous interessés trop au bien des hommes en general pour ne pas dire votre sentiment sur un objet de cette importance90. »
38Le statut d’expert acquis par Haller se manifeste toutefois dans ce conflit aussi à un autre niveau. Mignot de Montigny rassembla les résultats de sa recherche dans un « Mémoire sur les Salines de Franche-Comté », qu’il publia dans le périodique de l’Académie des sciences. Il y évoquait dans une note que Haller, tout comme le médecin genevois pratiquant à Paris Théodore Tronchin (1709-1781), l’aurait confirmé dans sa demande – à savoir si la consommation de sel gypseux était l’une des causes principales des goitres91. Haller recensa ce mémoire de façon critique dans les Göttingische Anzeigen :
« Monsieur de Montigny a ici une opinion à laquelle nous ne pouvons souscrire. Il pense que le gypse ne s’exsude pas vraiment, lorsque l’on ne chauffe pas fortement la saumure, et que le goût en devient amer92. »
39La thématique du sel revient enfin dans le réseau de correspondance de Haller encore dans un contexte tout autre, susceptible de souligner la stature de Haller comme acteur du sel au niveau international. Au début des années 1770, Haller fut chargé de négocier un contrat de sel avec la Bavière, qui devait suppléer à sa dépendance vis-à-vis des importations de France. La courroie de transmission directe entre Haller et le membre du Conseil secret de Munich – Johann Georg von Lori (1723-1787), depuis sa visite à Berne en 1756 – s’avéra ici cruciale93. Concomitamment à ces tractations, conclues avec succès, Berne négociait une offre de livraison de sel de la principauté d’Ansbach-Bayreuth, soutenue là aussi par Haller dans plusieurs lettres informelles au président de la Chambre Wilhelm Friedrich von Benckendorff (1720-1796)94.
Une mise en œuvre restreinte
40En dépit du réseau extraordinaire de Haller, sa méthode d’extraction de sel ne trouva guère plus d’application. Certes, on mena dans des salines saxonnes un demi-siècle plus tard des expériences de sel solaire, mais il n’est pas sûr que les textes de Haller y aient été reçus95. En définitive, ce procédé ne put pas s’imposer face à d’autres innovations, telles que l’introduction de la combustion au charbon, les forages profonds et le recours à des machines à vapeur96. Indépendamment de cela, le savoir sur le sel solaire circula aussi après la mort de Haller dans des mémoires sur la production de sel. Ainsi parut en 1782 la deuxième édition de la traduction en français de son Kurzer Auszug97. On peut relever la deuxième édition augmentée du Kurzer Auszug de Haller en 1789 établie par Karl Christian Langsdorf (1757- 1834), l’un des plus éminents experts en sel en terre allemande98. Même si Langsdorf établit des erreurs de calcul de Haller, qui relativisaient l’avantage de la méthode du sel solaire, « la méthode proposée dans l’utilisation de la saumure » dans les salines à saumure très salée en contexte de coûts élevés en combustible méritait « une attention de première importance99 ». Encore en 1822 dans la notice « sel » de l’Encyclopédie de Krünitz, on constatait avec regret :
« Bien que Haller ait prouvé par ses expériences que la graduation du soleil puisse être employée avec avantage, elle n’a pas encore été introduite dans nos salines jusqu’à aujourd’hui100. »
Les formes des échanges savants dans les Lumières économiques
41En guise de résumé conclusif, on peut relever d’après l’exemple du sel solaire de Haller quatre aspects des échanges de savoirs économiques : les références spatiales des échanges de savoirs, entre localité et globalité (1), les relations entre savoirs pratiques et savoirs lettrés (2), les médias des échanges (3), enfin Haller en tant qu’intermédiaire (4).
42(1) L’exemple de l’extraction de sel montre clairement que les savoirs économiques ne furent pas d’abord inscrits dans des espaces nationaux. Ce furent bien plutôt des considérations d’ordre naturel qui permirent des modalités spécifiques d’extraction de sel et induisirent les procédés respectifs. Le transfert fondamental dans le sel solaire ne s’accomplit pas entre la France et la République de Berne, mais entre l’extraction de sel marin et l’extraction de sel ignifère plus montagnard. Dans le lieu de destination, la mise en œuvre de la méthode nécessitait des mesures supplémentaires, superflues en contexte de réserves inépuisables d’eau salée sur la côte maritime, tels des toits amovibles pour protéger la saumure de la pluie et de la dilution.
43La condition préalable fondamentale de la transposition était la possibilité d’une certaine comparaison entre les conditions climatiques, explicitement envisagée par Haller :
« Le gouvernement d’Aigle est plus chaud que la Saintonge & que le pays d’Aunis : il y croit de très-bons vins & des grenades, j’y ai trouvé la véritable cigale, le mantis : il est beaucoup plus sec que les rivages de la mer ; nous y avons eu depuis le 21 juillet 1762 jusqu’au 2 août, tous les jours, autour de 140 degrés de Fahrenheit au soleil & jusqu’à 144. Tout concourt à nous promettre une évaporation plus forte que celle des pays maritimes101. »
44La documentation de ses expériences sur l’évaporation, qu’il publia dans son Mémoire, rassemblait des données détaillées sur les conditions météorologiques au cours de l’année, sur lesquelles il s’appuyait pour prouver la validité de son hypothèse d’une application de sa méthode en des conditions climatiques semblables :
« On peut exécuter ces idées dans tous les pays dont la chaleur sera à peu près la même que dans le Gouvernement d’Aigle & où le ciel ne sera pas trop pluvieux : l’eau qu’on exploite doit tenir 8 centièmes pour le moins, & une source plus foible augmenteroit trop la surface du bassin d’exhalaison102. »
45Haller affirmait donc que sa méthode était en principe globalement applicable. Cette déclaration fut ultérieurement contestée par l’expert en sel Langsdorf :
« Dans son ouvrage Bemerkungen über Schweizerische Salzwerke etc., M. de Haller avait certes beaucoup parlé de la perte de sel entraînée par la graduation par les épines ; mais son livre tomba avant tout dans les mains de ceux qui ne croient pas immédiatement ce qu’ils ne peuvent pas tenir entre les mains. Il l’avait de plus pas assez précisément exprimé ; ses phrases étaient trop générales, malheureuses en quelques cas, parce qu’il n’a absolument pas pris garde à la différence entre saumure forte et faible103… »
46Or, à l’encontre de la critique de Langsdorf, Haller évoquait bel et bien la nécessité d’une certaine concentration de saumure pour le succès de la graduation solaire104. Cet exemple révèle ainsi les tensions engendrées dans le champ des savoirs économiques entre l’universalité postulée du savoir et l’ancrage souvent assez problématique dans des contextes locaux105.
47(2) Différents systèmes de savoirs en lien au sel existaient parallèlement, mais ils étaient émaillés de renvois mutuels. Le savoir pratique fut repris dans des présentations des différentes méthodes d’extraction de sel dans les périodiques savants tout en s’enrichissant de références érudites. Inversement, la discussion chimique se déroula en arrière-plan de la question du caractère applicable des résultats, comme l’exemple du sel solaire le montre éminemment. Il importe de relever ce résultat d’ensemble, que c’est manifestement surtout des savoirs lettrés, discutés et extraits dans des périodiques savants, que Haller mit à contribution pour élaborer ses expériences pratiques. Cela ne dénotait pas une négligence du savoir-faire, puisque précisément par l’expérimentation, Haller pouvait introduire un savoir pratique propre à ordonner et valider ses essais d’évaporation.
48La stature de Haller de représentant d’une expertise savante au niveau local était loin d’être incontestée, ce que l’on peut considérer à bon droit comme l’un des processus caractéristiques des échanges en cas de mutation des systèmes épistémiques106. En sélectionnant l’un des procédés d’exploitation, Haller avait avant tout eu recours au discours érudit. Pour accréditer son savoir sur l’extraction du sel solaire, il devait néanmoins varier les approches et prendre en compte aussi bien la discussion chimique érudite que la perspective plus axée sur la pratique de l’utilisation du sel. À long terme, Haller put donc positionner sa méthode dans le discours lettré, mais non inciter à la mettre en œuvre au-delà de ses expériences bernoises.
49(3) Haller était un expert des médias du xviiie siècle ; il savait manier les divers médias selon leurs destinataires. Les médias n’étaient pas de simples véhicules de connaissances, mais réagissaient aux attentes et contenaient des règles intrinsèques, par lesquelles ils généraient de la réalité. Les divers contextes et interprétations liés aux médias respectifs influençaient le savoir transmis et pouvaient lui conférer crédibilité ou pertinence. Sa médiation et sa discussion dans des périodiques savants conférèrent au savoir économique resp. technologique une autorité supplémentaire, les médias reconnus servant la fabrique et la vérification du savoir107. Le débat sur la composition caractéristique et sur diverses méthodes d’extraction de sels, mené entre autres par des membres de l’Académie des sciences dans leur périodique, servit pour Haller de point de départ de son transfert. Haller se servit de canaux semblables pour diffuser ses connaissances. Il inséra les résultats de ses expérimentations sur le sel solaire à nouveau dans le périodique de l’Académie des sciences et utilisa en sus son ample réseau de correspondance ainsi que les Göttingische Anzeigen, un organe de recensions, comme un forum pour propager le nouveau savoir. Tout en étant protégé par l’anonymat, il n’hésita d’ailleurs pas très directement à y publier des recensions louangeuses de ses propres publications sur l’extraction de sel108. Le compte rendu par Haller de la traduction en allemand de The art of making common salt montre de façon exemplaire comment, en recensant d’autres publications, il mettait en valeur les siennes propres. L’auteur de la version originale parue en 1748 à Londres en anglais était le médecin William Brownrigg qui, à l’instar de Haller, avait étudié la médecine à Leyde auprès du célèbre Boerhaave, puis été nommé fellow de la Royal Society, ce qui le plaçait dans l’élite de la République des Lettres109. Le rédacteur de la version allemande de 1776 était le membre du Conseil des mines de Saxe électorale Friedrich Wilhelm Heun (1741-1812), qui tenta d’améliorer le texte de Brownrigg au-delà de la simple traduction, sur la base de sa pratique dans les mines saxonnes110. Dans son compte rendu dans les Göttingische Anzeigen, Haller opposait ces ajouts de Heun à sa propre expérience de directeur des salines bernoises. Haller reprochait aussi à Heun de ne l’avoir pas assez cité. Ce dernier affirmait faussement que Haller ne s’était pas fondé sur des observations météorologiques : « Il n’a pas lu le mémoire correspondant de Haller, qui a été imprimé dans les Mémoires de l’Académie des sciences. » Ses ajouts étaient de plus dénués de renvoi à l’innovation de Haller : « M. Heun aurait pu convenablement mentionner les expérimentations de Haller que l’on a faites avec la chaleur du soleil111. »
50(4) L’exemple du sel solaire manifeste la compétence particulière de Haller en tant qu’intermédiaire112. Il disposait d’un savoir théorique et pratique extrêmement large, et connaissait de l’intérieur la culture-source comme la destinataire et leurs environnements épistémiques respectifs. Il était familier aussi bien du discours érudit que des modes de pensée des Lumières économiques orientés vers la pratique, enfin, de l’horizon républicain aristocratique de Berne. La renommée de Haller en tant que savant et son rôle comme intermédiaire reconnu conférèrent une autorité supplémentaire au savoir qu’il transmit pour utiliser l’énergie solaire dans l’extraction de sel. Il disposait en outre d’un remarquable réseau et de stratégies de production, transmission et légitimation de nouveaux savoirs par l’échange avec d’autres savants. On peut enfin souligner la stratégie multilingue de Haller qui publia dans les cultures scientifiques correspondantes. Dans son étude exhaustive du rôle endossé par Haller d’intermédiaire entre les espaces francophones et germanophones, Florence Catherine évoque les points de cristallisation de fond : d’une part la méthode de recherche fondée sur l’expérimentation, d’autre part la conception de la science axée sur son utilité sociale – telle qu’elle se manifeste en particulier dans les thèmes de l’inoculation –, de la médecine vétérinaire et, précisément, de l’extraction de sel113.
51Simultanément pertinent des points de vue scientifique et économique, le savoir sur l’extraction de sel pouvait être exploité par Haller sous plusieurs aspects114. La mise à disposition de son savoir et de ses aptitudes au service de la communauté et la mise en œuvre de savoirs utiles répondaient à la perception qu’il avait de lui-même de lettré et membre d’organes politiques115. L’argument de l’économie en bois ouvrait à Haller la possibilité d’inscrire le savoir transféré dans le discours alors dominant de l’utilité et du développement durable. Le sel solaire permit à Haller d’allier son intérêt scientifique à son sentiment du devoir patriotique – de se positionner ainsi en tant que lettré d’envergure universelle, d’expert du sel de rang européen, et de membre d’une administration politique soucieux du bien commun.
52Précisément en raison de leurs dimensions multiples, les échanges noués autour du sel solaire de Haller peuvent, au-delà du cas d’étude singulier, avoir une qualité exemplaire quant aux Lumières économiques. Les transferts savants se déroulent d’abord ici moins entre des nations qu’entre divers espaces naturels. Les transferts technologiques et économiques sont ensuite accomplis via les canaux de communication contemporains de la République des Lettres, reliant des matériaux du savoir livresque érudit et des données relevant de l’expérience vécue ou de la pratique. Les transferts savants apparaissent enfin comme des processus multidirectionnels et itératifs, et incluent des phénomènes de circulations et d’interpénétrations.

Ill. 2. – Une saline à Roche avant le mandat de Haller. Les énormes baquets recouverts d’un toit, dans lesquels la saumure s’évapore, sont chauffés au bois par en bas (Archives de l’État du canton de Berne).

Ill. 3. – Lettre de Nicolas-François Rougnon de Magny à Albrecht von Haller, 14-11-1762 : « A Monsieur De Haller Membre des académies de Paris, de Berlin, de Londres, u[sw] et du souverain Sénat de Berne, en son hôtel a [sic] Roche en Suisse » (adresse, bibliothèque de la Bourgeoisie, Berne)
Notes de bas de page
1 Voir Steinke Hubert et al. (dir.), Albrecht von Haller. Leben – Werk – Epoche, Göttingen, Wallstein, 2008.
2 Stuber Martin et Wyss Regula, « Der Magistrat und ökonomische Patriot », in Hubert Steinke et al. (dir.), Albrecht von Haller, op. cit., p. 347-380, ici p. 353 ; Boschung Urs, « Albert de Haller ambivalent : réussite scientifique à l’étranger ou réussite sociale dans la patrie ? », Revue Médicale de la Suisse Romandie, n° 112, 1992, p. 1051-1059.
3 Lettre d‘A. v. Haller à J. Gessner, 4.4.1758 (traduite du latin), in Urs Boschung (dir.), Zwanzig Briefe Albrecht von Hallers an Johannes Gessner, Berne et al., Huber, 1972, p. 28.
4 Pour procéder à la graduation de la saumure, on recourut parfois à l’énergie solaire, sans toutefois remplacer l’ébullition par le chauffage. Voir Carlé Walter, « Die Geschichte der altwürttembergischen Saline zu Sulz am Neckar, die Herkunft ihrer Solen und die Salinentechnik », Zeitschrift für Württembergische Landesgeschichte, n° 22, 1963, p. 107.
5 Haller Albrecht von, Kurzer Auszug einer Beschreibung der Salzwerke in dem Amte Aelen, Berne, Dan. Brunner und Alb. Haller, 1765, p. 76.
6 Nous entendons par Lumières économiques le pan du mouvement des Lumières attaché particulièrement aux savoirs qui relèvent du champ traditionnel de l’οἰκονομία. Dans une perspective européenne, cette dimension du mouvement des Lumières n’est pas limitée aux seuls physiocrates. Cet article se fonde sur quelques études précédentes des auteurs : Kolb Lisa, Haller und das Sonnen-Salz. Entwicklung, Inszenierung und Scheitern einer Innovation, travail écrit pour l’admission au premier concours pour l’enseignement secondaire, université d’Augsbourg, 2014 ; Stuber Martin et Wyss Regula, op. cit., p. 357-362 ; Stuber Martin et Hächler Stefan, « Ancien Régime vernetzt – Albrecht von Hallers bernische Korrespondenz », Berner Zeitschrift für Geschichte und Heimatkunde, n° 4/62, 2000, p. 125-190, ici p. 165-174.
7 Voir Wyss Regula, Reformprogramm und Politik. Möglichkeiten und Grenzen der Umsetzung von Reformideen der Oekonomischen Gesellschaft Bern in der zweiten Hälfte des 18. Jahrhunderts, Tübingen, Biblioteca academica, 2012.
8 Espagne Michel et Werner Michael, « Deutsch-Französischer Kulturtransfer im 18. und 19. Jh. Zu einem neuen interdisziplinären Forschungsprogramm des CNRS », Francia, n° 13, 1985, p. 502-510.
9 Werner Michael et Zimmermann Bénédicte, « Vergleich, Transfer, Verflechtung. Der Ansatz der histoire croisée und die Herausforderung des Transnationalen », Geschichte und Gesellschaft, n° 28, 2002, p. 607-636 ; Gantet Claire, « Transferts, circulations et réseaux franco-allemands au xviiie siècle : Les périodiques savants germanophones, esquisse de biographie intellectuelle », in HAL-Sciences de l’homme et de la Société, [https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01239878], consulté le 12 septembre 2017.
10 Voir Bots Hans et Waquet Françoise, La République des Lettres, Paris, Belin, 1997.
11 Voir Landwehr Achim, « Das Sichtbare sichtbar machen. Annäherungen an„ Wissen“ als Kategorie historischer Forschung », in Achim Landwehr (dir.), Geschichte (n) der Wirklichkeit, Beiträge zu einer Sozial- und Kulturgeschichte des Wissens, Augsbourg, Wißner, 2002, p. 61-89, ici 72, 76 ; Vogel Jakob, « Von der Wissenschafts- zur Wissensgeschichte. Für eine Historisierung der „ Wissensgesellschaft“ », Geschichte und Gesellschaft, n° 30/4, 2004, p. 639-660, ici 647. Sur la différenciation entre savoir et information : Dauser Regina, Informationskultur und Beziehungswissen. Das Korrespondenznetz Hans Fuggers (1531-1598), Tübingen, Max Niemeyer, 2008, p. 48-55.
12 Voir Lipphardt Veronika et Ludwig David, « Wissens- und Wissenschaftstransfer », EGO – Europäische Geschichte Online, [http://ieg-ego.eu/de/threads/theorien-und-methoden/wissens-und-wissenschaftstransfer/veronika-lipphardt-david-ludwig-wissenstransfer-und-wissenschaftstransfer], consulté le 12 septembre 2017.
13 Popplow Marcus, « Die Ökonomische Aufklärung als Innovationskultur des 18. Jahrhunderts zur optimierten Nutzung natürlicher Ressourcen », in id. (dir.), Landschaften agrarisch-ökonomischen Wissens. Strategien innovativer Ressourcennutzung in Zeitschriften und Sozietäten des 18. Jahrhunderts, Münster et al., Waxmann, 2010, p. 3-48.
14 Popplow Marcus, art. cité, p. 3.
15 La notion de savoirs d’État a été élaborée par Christine Lebeau, Jakob Vogel et Lothar Schilling dans le cadre du réseau Euroscientia. Voir Lebeau Christine (dir.), Der Staat : Akteure, Praktiken, Wissen (16.-19. Jahrhundert) / L’État : acteurs, pratiques, savoirs (xvie-xixe siècle), Discussions, n° 10, 2015 ; Dauser Regina et Schilling Lothar, « Einleitung : Raumbezüge staatsrelevanten Wissens », in Regina Dauser et Lothar Schilling (dir.), Grenzen und Kontaktzonen. Rekonfigurationen von Wissensräumen zwischen Frankreich und den deutschen Ländern 1700-1850, Discussions, n° 7, 2012, [http://www.perspectivia.net/publikationen/discussions/7-2012], consulté le 20 juin 2017.
16 Dauser Regina et Schilling Lothar (dir.), op cit., Einleitung, § 11.
17 Bergier Jean-François, Die Geschichte vom Salz, Francfort-sur-le-Main, Campus, 1989, p. 101-123.
18 Voir Piasecki Peter, « Territorialherrschaft und die Diffusion von Innovationen im deutschen Salinenwesen der frühen Neuzeit », Technikgeschichte, n° 57, 1990, p. 165-188, ici 169 ; Hahling Albert, « Zur Geschichte der schweizerischen Salzförderung », Thesis. Wissenschaftliche Zeitschrift der Bauhaus-Universität Weimar, n° 4-5/48, 2002, p. 214-221, ici p. 128.
19 Voir Vogel Jakob, « Kolonisateure im schwarzen Rock. Die Professionalisierung der Bergbeamten und das preußische und österreichische Salzwesen (1750-1850) », in Thomas Hellmuth et Ewald Hiebl (dir.), Kulturgeschichte des Salzes. 18. bis 20. Jahrhundert, Vienne, Verlag für Geschichte und Politik, 2001, p. 155-173.
20 Voir Payot Édouard, Mines et Salines Vaudoises de Bex. Au point de vue historique, technique et administratif, Montreux, Société de l’imprimerie & lithographie, 1921, p. 30-34.
21 Voir Vogel Jakob, Ein schillerndes Kristall. Eine Wissensgeschichte des Salzes zwischen Früher Neuzeit und Moderne, Cologne et al., Böhlau, 2008. p. 36.
22 Voir Turner Stephen, The social theory of practices, tradition, tacit knowledge and presuppositions, Cambridge, Polity Press, 1994.
23 Voir Vogel Jakob, « Felder des Bergbaus. Entstehung und Grenzen einer wissenschaftlichen Expertise im späten 18. und 19. Jahrhundert », in Eric J. Engstrom et al. (dir.), Figurationen des Experten. Ambivalenzen der wissenschaftlichen Expertise im ausgehenden 18. und frühen 19. Jahrhundert, Francfort-sur-le-Main, Peter Lang, 2005, p. 79-100 ; Jakob Vogel, « Kolonisateure », art cité, p. 155 ; id., Kristall, op. cit.
24 Dans son Mémoire sur l’évaporation de l’eau salée (1767) Haller rapporte qu’il a visité deux salines allemandes : « J’ai vu en Allemagne les Salines de Sulbek & de Salzberden » (p. 12). Il s’agit vraisemblablement de Sülbeck et Salzderhelden près d’Einbeck au nord de Göttingen. Haller a de plus visité les salines des régions de Halle et de Lunebourg en 1726, au cours de son voyage en Allemagne du nord (Albrecht Hallers Tagebücher seiner Reisen nach Deutschland, Holland und England 1723-1727, éd. Erich Hintzsche et Heinz Balmer, Berne et al., Huber, 1971 [nouvelle éd. augm.], p. 62, 65-66).
25 Voir Göttingische Zeitungen von gelehrten Sachen, 1752, p. 440. Une réponse à cette question mise à prix fut publiée en 1753 dans les Hannoverische Gelehrte Anzeigen (Nouvelles savantes de Hanovre).
26 Sur l’activité de recenseur de Haller, voir Saada Anne, « Albrecht von Haller’s Contribution to the Göttingische Anzeigen von Gelehrten Sachen : The Accounting Records », in André Holenstein et al. (dir.), Scholars in Action. The Practice of Knowledge and the Figure of the Savant in the 18th Century, Leyde et al., Brill, 2013, vol. 1, p. 319-338 ; Profos Frick Claudia, Gelehrte Kritik. Albrecht von Hallers literarisch-wissenschaftliche Rezensionen in den Göttingischen Gelehrten Anzeigen, Bâle, Schwabe, 2009.
27 Le savoir chimique fut enseigné aux universités au xviiie siècle avant tout dans l’optique de ses applications médicales et pharmaceutiques ; Boerhaave était engagé dans la formation d’une discipline chimique systématique comme science naturelle. Voir Golinski Jan, « Chemistry », in Roy Porter (dir.), The Cambridge History of Science, vol. 4 : Eighteenth-Century Science, Cambridge, Cambridge University Press, 2004, p. 375-396, ici p. 378.
28 Voir Bergier Jean-François, « Sel », in Historisches Lexikon der Schweiz, [http://www.hls-dhs-dss.ch/ textes/f/F14041.php], consulté le 12 juin 2017 ; Guggisberg Paul, « Der bernische Salzhandel », Archiv des Historischen Vereins, n° 32, 1933, p. 1-66, ici 14-20 ; Die Minen und Salinen von Bex. Ein grossartiges Werk unserer Vorfahren, Lausanne, Gesellschaft zur Förderung der Geschichte der Minen und Salinen von Bex Aminsel, 1986.
29 Voir Hahling Albert, art. cité, p. 216 ; Payot Édouard, op. cit., p. 45.
30 « Autobiographie Hallers (1775) », in Emil Franz Rössler (dir.), Die Gründung der Universität Göttingen : Entwürfe, Berichte und Briefe der Zeitgenossen, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1937, p. 378-384.
31 Lettre de G. Herport à A. v. Haller, 25-08-1757 (Burgerbibliothek Bern, par la suite BB Bern).
32 Haller Albrecht von, Kurzer Auszug, op. cit., p. 79-80.
33 Id., « Mémoire sur l’évaporation de l’eau salée », Histoire de l’Académie royale des Sciences, pour l’année 1764, avec les Mémoires de Mathématique & de Physique, Paris, Imprimerie royale, 1767, p. 9-74, ici p. 15.
34 Haller Albrecht von, Kurzer Auszug, op. cit., p. 58. Par souci de ne pas surcharger les notes de bas de pages, nous avons renoncé à placer les citations originales allemandes. On se rend bien compte à leur lecture de la langue originale (si le français est moderne, c’est une traduction en français, si le titre de l’ouvrage est allemand, la citation originale est en allemand). Dans toutes les contributions de ce volume traduites par Claire Gantet, c’est évidemment Claire Gantet qui, sauf indication contraire, a traduit toutes les citations.
35 Ibid., p. 76.
36 Voir les diaires d’Albrecht von Haller, collationnés in Steinke Hubert et Profos Claudia (éd.), Bibliographia Halleriana. Verzeichnis der Schriften von und über Albecht von Haller, Bâle, Schwabe, 2004, p. 29.
37 Voir Saada Anne, « Les relations entre Albrecht von Haller et la France observées à travers le journal savant de Göttingen », in Michèle Crogiez (dir.), Les écrivains suisses alémaniques et la culture francophone au xviiie siècle, Genève, Slatkine, 2008, p. 175-191 ; Catherine Florence, La pratique et les réseaux savants d’Albrecht von Haller, vecteurs du transfert culturel entre les espaces français et germaniques au xviiie siècle, Paris, Champion, 2012.
38 Guettard Jean-Étienne, « Description des salines de l’Avranchin en basse Normandie », Histoire de l’Académie Royale des Sciences, pour l’année 1758, avec les Mémoires de mathématiques et de physique, Paris, Imprimerie Royale, 1763, p. 99-118, ici 102.
39 Göttingische Anzeigen von gelehrten Sachen, 1764, 2, p. 1009-1010.
40 J. V. « Conjectures physiques, sur la cause, la nature, & les propriétés du Sel Marin, d’après quelques Observations sur un Marais salant », Mémoires pour l’histoire des Sciences et des beaux Arts, commencés d’être imprimés l’an 1701 à Trévoux, mars 1744, p. 430-46 (reprint dans Recueil de pièces en prose et en vers, lues dans les assemblées publiques de l’Académie des belles-lettres de La Rochelle, 1752, p. 141-156) ; Guettard attribue faussement l’article à « P. Laval, Jésuite » (Guéttard, art. cité, p. 102).
41 Beaupied-Duménil Claude, Mémoire sur les Marais Salans des Provinces d’Aunis et de Saintonge, La Rochelle, P. Mesnier, 1765, p. 2.
42 Voir Monti Maria Teresa (dir.), Catalogo del Fondo Haller della Biblioteca Nationale Braidense di Milano, Milan, Angeli, 1983-1994, n° 17759.
43 Göttingische Anzeigen von gelehrten Sachen, 1766, p. 412-414.
44 Haller Albrecht von, Beschreibung, op. cit., p. 56, 62 ; sur Mignot de Montigny, voir ci-dessous.
45 Collationnés in Steinke Hubert et Profos Claudia (dir.), Bibliographia Halleriana. Verzeichnis der Schriften von und über Albecht von Haller, Bâle, Schwabe, 2004, p. 217.
46 « Observations de physique générale », n° 5 : Histoire de l’Académie royale des Sciences, pour l’année 1758, avec les Mémoires de mathématique & de physique, Paris, Imprimerie royale, 1763, p. 24-26.
47 Gesellschaft der Wissenschaften, soit l’Académie des sciences de Göttingen (N. D. T.).
48 Notes à « De exhalatione aquae salsae, et salis ad solem coctione », Göttingische Anzeigen von gelehrten Sachen, 1764, p. 1129, 1137-1139 (texte lu dans la séance de l’Académie du 17 novembre 1764).
49 Haller Albrecht von, « Mémoire », art. cité.
50 Id., Kurzer Auszug, op. cit.
51 Haller, Albrecht von, « Beschreibung der Salzwerke im Amte Aelen », in Sammlung kleiner Hallerischer Schriften, t. III, 2e éd. augm., Berne, Dan. Brunner et Alb. Haller, 1772, p. 1-160.
52 Description courte et abrégée des salines du gouvernement d`Aigle, mise au jour par ordre souverain par Mr. de Haller, trad. en français par feu Mr. [Jacques-Antoine-Henri] de Leuze, Yverdon, Soc. litt. & typogr., 1776 ; voir la recension de Haller dans Göttingische Anzeigen von gelehrten Sachen, 1777, p. 959-960.
53 Haller Albrecht von, « Mémoire », art. cité, p. 17.
54 Tobler Gustav, « Albrecht von Haller als Salzdirektor », Für’s Schweizerhaus : Illustriertes Wochenblatt für die Schweizerfamilie, n° 25, 1902, tiré à part.
55 Haller Albrecht von, Kurzer Auszug, op. cit., p. 86, 98.
56 Ibid., p 157-159, ici p. 159.
57 Ibid., p. 156.
58 Grewe Bernd-Stefan, « “Man sollte sehen und weinen !” Holznotalarm und Waldzerstörung vor der Industrialisierung », in Frank Uekoetter et Jens Hohensee (dir.), Wird Kassandra heiser ? Die Geschichte falscher Öko-Alarme, Stuttgart, Franz Steiner, 2004, p. 24-41 ; Schenk Winfried, « Holznöte im 18. Jahrhundert ? », Schweizerische Zeitschrift für Forstwesen, n° 157, 2006, p. 377-383.
59 Voir Stuber Martin, Wälder für Generationen. Konzeptionen der Nachhaltigkeit im Kanton Bern (1750-1880), Cologne et al., Böhlau, 2008, ici p. 67-70.
60 Haller Albrecht von, Kurzer Auszug, op. cit., p. 59.
61 Ibid., p. V.
62 Ibid., p. 112-156.
63 Haller Albrecht von, « Mémoire », art. cité, p. 12, 14.
64 Ibid., p. 13. Cette approche fut avancée aussi par d’autres chimistes de l’Académie des Sciences, tels Duhamel du Monceau et Rouelle, et s’inspire de Georg Ernst Stahl (1659-1734). Voir Duhamel du Monceau Louis Henri, « Sur la base du sel marin », Histoire de l’Académie des Sciences, pour l’année 1736, avec les Mémoires de mathématiques et de physique, Paris, Imprimerie royale, 1739, p. 215-232 ; Rouelle Guillaume François, « Mémoire sur les Sels neutres, dans lequel on propose une division méthodique de ces Sels, qui facilite les moyens pour parvenir à la théorie de leur cristallisation », Histoire de l’Académie des Sciences, pour l’année 1744, avec les Mémoires de mathématiques et de physique, Paris, Imprimerie royale, 1754, p. 353-363.
65 « Observations de physique générale », art. cité, p. 26.
66 Haller Albrecht von, « Mémoire », art. cité, p. 9, 19.
67 Voir Daston Lorraine, « Observation and Enlightenment », in André Holenstein et al. (dir.), Scholars, op. cit., p. 657-677.
68 Sonntag Otto et Steinke Hubert, « Der Forscher und Gelehrte », in Hubert Steinke et al. (dir.), Albrecht von Haller, op. cit., p. 317-346, ici p. 326-329.
69 Haller Albrecht von, « Mémoire », art. cité, p. 27-74.
70 Voir Stuber Martin et al. (dir.), Hallers Netz. Ein europäischer Gelehrtenbriefwechsel zur Zeit der Aufklärung, Basel, Schwabe, 2005 ; Stuber, Martin, « Les archives épistolaires d’Albrecht von Haller : Formation, perception, réception d’une correspondance », in Emmanuelle Chapron et Jean Boutier (dir.), Utiliser, archiver, éditer. Usages savants de la correspondance en Europe, xviie-xviiie siècles, Paris/Genève, Librairie Droz, coll. « Bibliothèque de l’École des Chartes, 171 », 2016, p. 109-130.
71 Voir Stuber Martin, « “Vous ignorez que je suis cultivateur”. Albrecht von Hallers Korrespondenz zu Themen der Oekonomischen Gesellschaft Bern », in Martin Stuber et al. (dir.), Hallers Netz, op. cit., p. 503-534.
72 Par exemple lettre de G. Herport à A. v. Haller, 11-09-1760 (BB Bern) ; Voir Stuber Martin et Hächler Stefan, « Ancien Régime », art. cité, p. 170-174.
73 Lettre d’A. Rodt à A. v. Haller, 03-07-1759 (BB Bern) ; lettre de C. Steiger à A. v. Haller, 28-01- 1759 (BB Bern).
74 Voir Repertorium zu Albrecht von Hallers Korrespondenz 1724-1777, 2 t. éd. Urs Boschung et al., Bâle, Schwabe, 2002, p. 486.
75 Lettres de J. R. Spielmann à A. v. Haller, 22-07-1758 ; 07-04-1766 ; 07-06-1766 ; 02-07-1766, in Vetter Christophe, Strasbourg et l’Europe des Lumières : lettres de Jacques Reinbold Spielmann à Albrecht von Haller 1753-1777, s. l. s. n., 1986, 3 vol., thèse, université Strasbourg 2, p. 199, 236, 241-242.
76 Haller Albrecht von, Kurzer Auszug, op. cit., p. 98 ; Haller Albrecht von, « Mémoire », art. cité, p. 17.
77 Lettre de A. v. Haller à C. Bonnet, 01-09-1757, in Otto Sonntag (dir.), The correspondence between Albrecht von Haller and Charles Bonnet, Berne et al., Huber, 1983, p. 110.
78 Lettre de C. Bonnet à A. v. Haller, 07-09-1757, in ibid., p. 113.
79 Lettres d‘A. v. Haller à C. Bonnet, 23-07-1759 ; 22-02-1759 ; 16-03-1759 ; 06-08-1759, in ibid., p. 172, 156, 160, 175.
80 Lettres d’A. v. Haller an S. A. Tissot, 22-1761 ; 27-01-1765, in Erich Hintzsche (dir.), Albrecht von Hallers Briefe an Auguste Tissot, Berne et al., Huber, 1977, p. 128, 201.
81 Lettre de F. C. Medicus à A. v. Haller, 11-01-1765 (BB Bern).
82 Lettre de J. Castillon à A. v. Haller, 27-07-1765 (BB Bern).
83 Lettre de J. P. Murray à A. v. Haller, 28-09-1766 (BB Bern).
84 Lettre de J. Pringle à A. v. Haller, 10-07-1764, in Otto Sonntag (dir.), John Pringle’s Correspondence with Albrecht von Haller, Bâle, Schwabe, 1999, p. 69-70 ; sur Brownrigg voir ci-dessous.
85 Lettre de P. J. Malouin à A. v. Haller, 18-12-1759 (transmise seulement sous forme d’extraits, Repertorium, op cit., p. 653).
86 Lettre de J. E. Guettard à A. v. Haller, 09-03-1774 (BB Bern).
87 Voir Catherine Florence, op. cit., p. 183-186.
88 Lettre de N. F. Rougnon de Magny à A. v. Haller, 01-02-1762 (BB Bern).
89 Lettre de N. F. Rougnon de Magny à A. v. Haller, 14-11-1762 (BB Bern).
90 Lettre de C. E. J. Titon à A. v. Haller, 21-01-1764 (BB Bern).
91 Mignot de Montigny Étienne, « Mémoire sur les Salines de Franche-Comté, sur les défauts des Sels en pain qu’on y débite, & sur les moyens de les corriger », Histoire de l’Académie des Sciences, pour l’année 1762, avec les Mémoires de mathématiques et de physique, Paris, Imprimerie royale, 1765, p. 102-130, ici 124.
92 « Hier hat Hr. v. Montigny eine Meinung, der wir keinen Beyfall geben können. Er meinet, der Gyps sondere sich nicht recht ab, wenn man die Sohle nicht sehr stark hitze, und der Geschmack werde bitter », recension dans Göttingische Anzeigen von gelehrten Sachen, 1765, p. 1251.
93 Ott Martin, Salzhandel in der Mitte Europas. Raumorganisation und wirtschaftliche Außenbeziehungen zwischen Bayern, Schwaben und der Schweiz, 1750-1815, Munich, Beck, 2013, p. 377-384.
94 Voir Stuber Martin et Hächler Stefan, « Ancien Régime », art. cité, p. 174.
95 Des expériences d’extraction du sel par l’énergie solaire furent effectuées dans les salines saxonnes vers 1800, et présentées dans les journaux d’annonces (Intelligenzblätter) et journaux généraux. Elles ne s’appuient pas sur Haller. Voir « Ueber die Sonnensalz-Fabrikation in Chursachsen », Gnädigst privilegirtes Leipziger Intelligenz-Blatt, n° 50, 1803, p. 405-407 ; réimprimé sous le titre Authentische Nachricht von der Sonnensalz-Fabrikation in Kursachsen, in Magazin der Handels- und Gewerbskunde, hrsg. v. einer Gesellschaft von Gelehrten und Geschäftsmännern, Weimar, n° 1, 1804, p. 145-152 ; dans le Reichsanzeiger de 1802 on se rapportait toutefois au « berühmte[r] Naturforscher » (célèbre homme de science) Haller : « Sonnensalz-Bereitung », Kaiserlich privilegirter Reichs-Anzeiger, n° 156, 1802, col. 1954-1956.
96 Voir Piasecki Peter, « Neue Technologien, Rationalisierung und die Entwicklung der Arbeitskräftestruktur in den westfälischen Salinen von der Mitte des 18. zum Beginn des 20. Jahrhunderts », in Thomas Hellmuth et Ewald Hiebl (dir.), Kulturgeschichte, op. cit., p. 75-88, ici p. 79.
97 Description courte et abrégée des salines du gouvernement d`Aigle, mise au jour par ordre souverain par Mr. de Haller, trad. en français par feu M. [Jacques-Antoine-Henri] de Leuze, Lausanne, Jules Henri Pott & Comp., 1782.
98 Des Herrn v. Hallers Bemerkungen über Schweizerische Salzwerke mit nuzbaren allgemeinen Anwendungen auf die gesammte Salzwerkskunde. Durchgesehen, berichtigt und mit vielen Zusätzen, éd. Karl Christian Langsdorf, Conseiller princier du Brandebourg et Inspecteur des salines, Leipzig/ Francfort, Krieger d. J., 1789.
99 Ibid., p. 217.
100 Notice « Salz », in Johann Georg Krünitz, Ökonomisch-technologische Enzyklopädie, t. CXXXII (1822), p. 179-702, ici p. 458-459, édition électronique de la Bibliothèque universitaire de Trèves [http://www.kruenitz.uni-trier.de/], consultée le 12 juin 2017.
101 Haller Albrecht von, « Mémoire », art. cité, p. 15.
102 Ibid., p. 25.
103 « Hr. v. Haller hatte zwar in seiner Schrift : Bemerkungen über Schweizerische Salzwerke etc. vieles von dem Salzverlust gesagt, welchen die Dorngradierung mit sich bringe ; aber sein Buch fiel mehrenteils nur in die Hände derer, welche nicht gleich glauben, was sie nicht mit den Händen betasten können. Er hatte sich überdies nicht bestimmt genug ausgedrückt ; seine Sätze waren zu allgemein, unpassend auf einzele [sic] Fälle, weil er auf den Unterschied zwischen stärkerer und schwächerer Sole gar nicht gesehen hat […] » (Langsdorf Karl-Christian, Weitere Ausführung der Salzwerkskunde oder derselben, vierter Theil, Altenburg, 1792, p. 80).
104 Haller Albrecht von, Beschreibung, op. cit., p. 99.
105 Voir Dauser Regina et al., « Einleitung », in Regina Dauser et al. (dir.), Wissenszirkulation auf dem Land vor der Industrialisierung, Augsbourg, Wißner. 2016, p. 7-14, ici p. 9 ; Popplow Marcus, art. cité, p. 19-20.
106 Voir Vogel Jakob, « Wissensgeschichte », art. cité, p. 655.
107 Voir Popplow Marcus, art. cité, p. 3.
108 Recensions dans Göttingische Anzeigen von gelehrten Sachen, 1765, p. 554-556 ; 1772, p. 829 ; 1777, p. 959-960.
109 Brownrigg William, The art of making common salt… with several improvements proposed in that art…, Londres, C. Davis, A. Millar, R. Dodsley, 1748, n° Monti 1299 ; recension dans Göttingische Zeitungen von gelehrten Sachen, 1749, p. 555.
110 Williams Brownriggs Kunst Küchensalz zu zubereiten… nebst Verbesserungen durch Friedrich Wilhelm Heun, Leipzig, Johann Friedrich Junius, 1776, n° Monti 1300.
111 Göttingische Anzeigen von gelehrten Sachen, 1777, 2, p. 1053-1056.
112 Sur la notion d’intermédiaire, voir Berkvens-Stevelinck Christiane et al. (dir.), Les grands intermédiaires culturels de la République des Lettres. Études de réseaux de correspondance du xvie au xviiie siècle, Paris, Champion, 2005.
113 Catherine Florence, op. cit., p. 125-191.
114 Lorsque la source saline de Chamossaire s’avéra plus abondante, Haller écrivit à Johannes Gessner : « Utinam vel ex hoc eventu discerent nostri aliquam esse cognitionis naturae utilitatem » (A. v. Haller à J. Gessner, 16.12.1756, in Henry E. Sigerist [dir.], Albrecht von Hallers Briefe an Johannes Gesner [1728-1777], Berlin, Dieterichsche Universitäts-Buchdruckerei, 1923, p. 262).
115 Voir Sonntag Otto, « The Motivations of the Scientist : The Self-Image of Albrecht von Haller », Isis, n° 3, 1974, p. 336-351 ; Böning Holger, « The Scholar and the Commonweal. Christian Wolff, Albrecht von Haller and the Economic Enlightenment », in André Holenstein et al. (dir.), Scholars, op. cit., p. 773-798.
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Les échanges savants franco-allemands au xviiie siècle
Ce livre est cité par
- Sussman, Sarah. (2020) Recent Books and Dissertations on French History. French Historical Studies, 43. DOI: 10.1215/00161071-8552531
Les échanges savants franco-allemands au xviiie siècle
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