Entre extorsion de fonds et procès truqués. Le contrôle de l’activité des inquisiteurs en Italie au xive siècle
p. 297-330
Texte intégral
1La poursuite des hérétiques et de leurs partisans, à l’image d’autres formes de justice, soulève des enjeux financiers parfois importants. La question de l’usage que les inquisiteurs ont pu faire de l’accusation d’hérésie, du profit qu’ils ont parfois tiré des confiscations et des amendes qui en découlaient ou, plus largement, des marges de manœuvre et de la latitude dont ils disposaient dans l’exercice de leur charge nous conduit, je crois, au cœur de la réflexion engagée dans ce volume autour des marges de l’hérésie. Car l’accusation d’hérésie, faut-il le rappeler, est à géométrie variable, en perpétuelle extension, et finit par englober des domaines de plus en plus variés qui touchent aux comportements considérés comme contraires à la foi chrétienne (blasphèmes, comportements déviants, pratique de l’usure, etc.). Aux xiiie et xive siècles, la « contamination » de toutes les autres accusations par la qualification d’hérésie – voire de lèse-majesté dans certains cas –, entraîne ainsi un élargissement considérable du champ procédural de l’inquisitio1.
2L’Italie, grâce aux dossiers documentaires conservés en particulier aux Archives vaticanes ou dans les fonds locaux, constitue un bon observatoire de l’activité protéiforme des inquisiteurs et surtout de la diversité des attaques qui ont pu être portées contre certains d’entre eux, aussi bien par les autorités communales, les membres du popolo ou les adversaires politiques de la papauté que par la hiérarchie ecclésiastique elle-même. Si les abus divers et variés qui entachent l’activité des inquisiteurs ont très tôt suscité l’intérêt des historiens, en particulier pour le Midi languedocien, l’attention portée à la question du financement des tribunaux inquisitoriaux et à la gestion concrète des revenus qu’ils tiraient des condamnations pécuniaires et des confiscations, est quant à elle beaucoup plus récente. Les travaux fondateurs de Gerolamo Biscaro et Mariano d’Alatri, qui s’appuient en grande partie sur la documentation vaticane, fournissent un cadre déjà très complet et toujours utile pour étudier l’activité des inquisiteurs italiens aux xiiie et xive siècles2. Mais plus récemment, ce sont Lorenzo Paolini ou Marina Benedetti qui ont contribué à remettre au premier plan ces questionnements autour du financement3. Pour le midi de la France à la même période, quelques réflexions synthétiques ont été proposées par Laurent Albaret et Isabelle Lanoix-Christen4.
3Selon Lorenzo Paolini, le milieu inquisitorial italien aurait subi, au début du xive siècle, une véritable opération « mains propres5 ». Le fait d’enquêter sur les comportements des membres du clergé ou des religieux n’est alors pas en soi une pratique nouvelle, et depuis les xiie-xiiie siècles, comme le montrent les recherches menées ces dernières années par Julien Théry-Astruc, les papes ont pris l’habitude de diligenter des enquêtes pour faire la chasse aux abus, excessus et enormitates, dont se seraient rendus coupables religieux, clercs, moines ou officiers pontificaux6. Le cas des inquisiteurs est cependant quelque peu particulier, puisque la multiplication des enquêtes les visant semble être une spécificité du xive siècle, après plusieurs décennies au cours desquelles ils ont bénéficié d’une certaine liberté dans l’exercice de leur charge.
Le difficile contrôle de la comptabilité des inquisiteurs
4Pour comprendre la nature et les motivations des enquêtes qui touchèrent ainsi nombre d’inquisiteurs dans les premières décennies du xive siècle, quelques rappels préliminaires s’imposent. Les inquisiteurs tenaient des comptes précis de leur activité, sous forme de libri ou de quaterni racionum, dans lesquels étaient enregistrées les sommes perçues auprès des personnes condamnées, mais aussi les frais d’intendance, de logistique ou de rémunérations des collaborateurs de l’Office. De cette masse documentaire, il ne reste malheureusement que des bribes, ce qui peut s’expliquer tant par l’histoire parfois chaotique des tribunaux inquisitoriaux que par les conditions mêmes de conservation de ces registres. Très peu de libri racionum ont donc été conservés, et ceux qui ont été identifiés sont tardifs, couvrant principalement la toute fin du xiiie siècle et les premières années du xive siècle. Pour la Lombardie et l’Italie du Nord, l’exemplaire le plus complet et le plus ancien est conservé aux Archives vaticanes dans le fonds des Collectoriae sous le numéro 133 : Gerolamo Biscaro en avait réalisé une étude pionnière dans la première moitié du xxe siècle7. Marina Benedetti a repris ce dossier et y a consacré plusieurs études fouillées8. Elle rappelle notamment la richesse des informations que contiennent ces registres, au croisement du religieux, du social, du politique et de l’économique9. Le second corpus qui a retenu l’attention des historiens concerne la Toscane et l’Italie centrale ; il est également conservé aux Archives vaticanes : les Collectoriae 249, 250 et 251 contiennent les comptes de plusieurs inquisiteurs ayant exercé à Florence et qui furent soumis à des enquêtes : frère Pace de Castelfiorentino (1319-1322), frère Michele da Arezzo (1322-1325), frère Accursio Bonfantini da Firenze (1326-1329) et frère Mino da San Quirico (1332- 1334). Si Robert Davidsohn, le premier, attira l’attention sur le Collectoriae 25010, c’est Gerolamo Biscaro qui, une fois encore, fournit la première étude d’ensemble de ces cahiers11. C’est donc à ce type de registres comptables que les enquêteurs dépêchés par la papauté ou par les recteurs des provinces pontificales cherchaient à accéder pour tenter de mettre à jour d’éventuelles malversations ou excessus. Mais dans la pratique, nous le verrons un peu plus loin, l’accès à ces comptabilités fut souvent loin d’avoir été facile pour les enquêteurs.
5Les suspicions d’exactions ou de mauvaise gestion de la part des inquisiteurs furent dénoncées très tôt, en réalité dès les premières années d’existence de l’Inquisition. Le pape lui-même se plaignait parfois de certaines de ces dérives, à l’image d’Innocent IV qui dans une lettre de mai 1249 dénonçait le gonflement des effectifs du tribunal de l’Inquisition toulousaine12. De ce point de vue, certains historiens n’ont pas ménagé leurs critiques à l’égard de l’Inquisition : parmi eux, le grand historien Henry-Charles Lea, descendant d’une famille de quakers et jamais avare de critiques à l’égard de l’institution catholique, dénonçait déjà sans détours à la fin du xixe siècle le pouvoir et l’impunité dont auraient joui les inquisiteurs dès les années 1230 : il évoque ainsi l’exercice d’une « autorité presque sans limites, les inquisiteurs [agissant] le plus souvent sans surveillance et sans responsabilité13 », et décrit des populations vivant « sous la menace perpétuelle d’un brigandage perpétuel14 », les amendes et les confiscations constituant la part la plus manifeste de ce « brigandage ». D’ailleurs, pour Lorenzo Paolini, la dissolution de patrimoines familiaux entiers du fait de condamnations de l’inquisition aurait constitué – en tout cas pour l’Italie des xiiie -xive siècles – l’un des effets les plus dévastateurs de « l’action continue et capillaire de l’inquisition dans les cités italiennes15 ».
6Deux problèmes particulièrement épineux émergent donc, autour desquels se cristalliseront les enquêtes du xive siècle : tout d’abord, celui des confiscations et de la gestion même des biens des hérétiques et de leurs partisans. La législation en la matière avait déjà à cette époque une histoire très longue, qui remontait aux codes Théodosien et Justinien. Aux xiie -xiiie siècles, les canonistes, les civilistes et la législation conciliaire – notamment les conciles de Latran III, Montpellier et Lérida à la fin du xiie siècle – en précisèrent les conditions16. Ensuite, c’est aussi au xiiie siècle que se précisa et s’affina progressivement la question de la répartition des profits générés par la lutte contre ces mêmes hérétiques. On en trouve assez tôt la trace dans le monde communal italien, comme à Rome par exemple, en 1231, avec le sénateur Annibaldo ; une fois la personne condamnée comme hérétique, on devait procéder sous huit jours à la confiscation de ses biens, qui étaient répartis selon le schéma suivant : un tiers revenait à celui qui avait arrêté l’hérétique ; un autre tiers revenait au sénateur de Rome ; enfin, le dernier tiers servait à la reconstruction des murailles citadines17. Avec la mise en place de l’Inquisition, les papes cherchèrent aussi à intervenir. En la matière, l’une des étapes majeures est la célèbre bulle ad extirpanda, que le pape Innocent IV adressa en mai 1252 aux communes d’Italie du Nord – une bulle fondamentale, on le sait, dans l’organisation de la lutte contre les hérésies. La constitution 33 stipule les modalités de cette division des sommes reçues suite à la condamnation des hérétiques. Le principal changement est que les ecclésiastiques étaient désormais les destinataires principaux de cette somme, à hauteur des deux tiers :
« Et que le podestat ou recteur soit tenu de diviser tous les biens des hérétiques qui auront été saisis ou trouvés par lesdits officiers, ainsi que les sommes perçues au titre des condamnations, de la manière suivante : qu’une part revienne à la commune de la cité ou du lieu, qu’une deuxième soit donnée, au bénéfice et pour l’accomplissement de leur office, aux officiers qui auront mené à bien ces affaires, qu’une troisième soit déposée en quelque lieu sûr à choisir par lesdits évêque et inquisiteur, pour être conservée et dépensée selon leur conseil en faveur de la foi et pour l’extirpation des hérétiques, nonobstant à cette division aucun statut institué ou à instituer18. »
7Cette bulle contribua ainsi à fonder le modèle italien, caractérisé par une collaboration entre le pouvoir communal, épiscopal et inquisitorial19. Les modalités de cette division furent par la suite fréquemment rappelées dans les registres comptables de l’Inquisition eux-mêmes, comme au premier folio du Collectoriae 133 des Archives vaticanes, qui enregistre notamment les condamnations prononcées en 1308 par les inquisiteurs de la Marche de Trévise20. Quant à la règle de transmettre à la Chambre apostolique une partie des sommes perçues dans l’année, elle se mit progressivement en place dans les provinces pontificales sous Alexandre IV et Urbain IV, avant d’être étendue au début du siècle suivant, sous Benoît XI21. Ces différentes modalités expliquent pourquoi nombre d’affaires impliquant des inquisiteurs ont été déclenchées après les plaintes d’évêques, de communes ou de la Chambre apostolique, qui pouvaient s’estimer lésés en ne recevant pas les sommes qui leurs étaient dévolues.
8Face à la multiplication des dérives, face à la falsification des bilans comptables par certains inquisiteurs, les chapitres généraux des ordres franciscain et dominicain cherchèrent, surtout à partir de la seconde moitié du xiiie siècle, à mieux encadrer l’activité de leurs frères et tentèrent d’imposer un contrôle des comptes22 : ainsi, à Lyon, en 1272, les actes du chapitre général des franciscains rappellent que les inquisiteurs devaient rendre compte des recettes et des dépenses effectuées, tout comme les actes du chapitre général des dominicains qui se tient à Montpellier en 1294, enjoignant aux inquisiteurs de produire des comptes chaque année aux prieurs provinciaux23. De telles injonctions semblent cependant avoir été peu suivies d’effets concrets, puisqu’elles furent régulièrement renouvelées au siècle suivant, comme au chapitre général des dominicains réuni à Florence en 1321 ou au chapitre général des franciscains réuni à Cahors en 1337. De plus, malgré ces injonctions, les inquisiteurs, au moins jusqu’à la fin du xiiie siècle, semblent être restés assez libres de leurs mouvements. Marina Benedetti rappelle par exemple que la gestion comptable de l’inquisiteur Lanfranco da Bergamo, en charge de l’officium fidei à Pavie de 1292 à 1305, ne fut jamais contrôlée entre 1292 et 1295 et que c’est seulement en juin 1295, après l’élection de Boniface VIII, que Lanfranco et d’autres inquisiteurs furent convoqués pour présenter leurs comptes au camérier24. Pour Andrea del Col, l’interprétation de ces dérives n’est pas toujours aisée : si certaines études anciennes ont réduit cette question à un problème d’avidité ou de cupidité, d’autres travaux plus récents, comme ceux de Marina Benedetti sur frère Lanfranco, ont avancé l’idée que nombre d’inquisiteurs n’auraient pas une « mentalité comptable » et auraient été peut-être plus intéressés par la dimension répressive que par les questions de gestion financière de leur office25.
La multiplication des enquêtes
9À partir des premières décennies du xive siècle, s’ouvrit donc ce que Lorenzo Paolini appelle la « saison des enquêtes pontificales26 ». Avec Boniface VIII, la papauté accrut en effet la pression sur les inquisiteurs et lança une série d’enquêtes, qu’elle confia en général à des nonces apostoliques, des commissaires spéciaux ou bien aux autorités compétentes dans les provinces pontificales. Il s’agissait en réalité d’un mouvement de fond qui dépassait très largement le cadre inquisitorial27 : les enquêtes de toute nature se multiplièrent à cette époque, et pour ce qui concerne l’Italie, touchèrent très largement non seulement les ennemis de l’Église de toutes sortes28, mais aussi les agents pontificaux qui officiaient dans les Terres de l’Église. Ces enquêtes connurent en particulier un fort développement sous le pontificat de Benoît XII (1334-1342). À l’occasion des tournées de plusieurs mois faites par les « nonces-réformateurs » qu’il dépêcha en Italie, comme l’archevêque d’Embrun Bertrand de Déaux en 1335-1338, le pape chercha à mettre un terme aux dérives de l’administration pontificale, parfois enracinées depuis des décennies, et en profita pour procéder à un profond renouvellement des officiers en place29.
10Comme souvent dans ce domaine, les sources qui éclairent ces procédures sont très fragmentaires et disparates : pour certaines d’entre elles, nous n’avons la trace de leur existence que par des mentions furtives dans les lettres pontificales, tandis que pour d’autres, nous en conservons une large part, le plus souvent sous la forme de petits fascicules ou de cahiers qui en reprennent les principales étapes ou la teneur. Une grande partie de ces dossiers judiciaires sont conservés au sein de la série des Collectoriae aux Archives vaticanes. Quoi qu’il en soit, il est malgré tout très rare d’avoir des dossiers documentaires complets. Cet éparpillement documentaire explique qu’il n’est pas évident d’estimer avec précision le nombre d’inquisiteurs qui furent soumis à ces enquêtes ou jugés pour des abus divers : Andrea del Col estime ainsi ce nombre à une cinquantaine, tandis que Lorenzo Paolini avance le chiffre d’au moins trente-sept30. Ces grandes enquêtes ont été dans l’ensemble bien repérées depuis longtemps par les historiens et nous pouvons en reprendre la teneur.
11Les deux procédures qui marquèrent le début de cette « saison des enquêtes pontificales » concernaient des inquisiteurs de Vénétie, en 1302 et 1308. Il semblerait que la première fut déclenchée suite aux plaintes de l’évêque de Padoue et des ambassadeurs de la commune qui estimaient ne pas avoir reçu les sommes qui leur étaient normalement dévolues conformément à la législation en vigueur : d’emblée, on perçoit que la motivation de ces premières grandes enquêtes générales, effectuées à l’échelle des provinces, était de nature principalement fiscale. Boniface VIII confia à l’évêque de Saintes, Gui de Neuville, le soin d’enquêter sur l’activité de six anciens inquisiteurs franciscains31. Ils eurent alors huit jours pour produire le compte des sommes versées à la commune au titre de la troisième part qui leur revenait sur les biens confisqués aux hérétiques32. Cette enquête conduisit aussi à l’incarcération des frères Boninsegna da Trento et Pietrobuono da Padova33. D’après les calculs effectués par L. Paolini, sur les plus de 25 000 livres qu’aurait perçues Boninsegna en 1300-1301, seules 1 000 auraient été transmises à la commune de Padoue. Au final, il semble que Boninsegna ait été condamné à payer 250 florins à la Chambre apostolique. À la suite de cette enquête, le pape transféra également la charge du tribunal aux dominicains, avant de finir par revenir aux évêques de la province en 131034. C’est dans ce contexte particulièrement trouble que la commune de Padoue fit établir un Liber contractuum puis un Liber possessionum des franciscains, dont nous disposons à présent une édition intégrale, et qui est une formidable source pour comprendre non seulement le fonctionnement de l’inquisition franciscaine dans la Marche de Trévise entre les années 1260 et 1302, mais plus largement la vie économique des frères35. Ce très riche dossier constituait donc pour la partie lésée – ici la commune et l’évêque – une manière de se défendre. Quelques années plus tard, en 1308, Clément V, confia une nouvelle enquête à Guillaume de Balait, chanoine de Saint-Astier et collecteur pontifical, tournée contre les inquisiteurs de la Marche de Trévise – six franciscains et un dominicain en charge des tribunaux de Padoue et Vicence, ainsi que deux officiers de ces tribunaux – qui conduisirent notamment les accusés à remettre au commissaire pontifical la somme de 1200 florins d’or et 308 ducats36. Cette enquête de 1308 venait prolonger, voire conclure dans certains cas, celle de 1302. Ce même commissaire conduisit également la même année une enquête contre quatre inquisiteurs dominicains de Lombardie, sur laquelle nous n’avons quasiment aucun élément précis37. La bulle de Clément V datée du 19 juillet 1308 qui ordonne l’ouverture du procès, justifie le lancement de l’enquête en ces termes :
« Clemens episcopus, servus servorum Dei, dilectis filiis magistro Iohanni de Bononia, camere nostre clerico, et Guillelmo de Balaeto, canonico de ecclesie de sancto Asterio, Petragoricensis diocesis, salutem et apostolicam benedictionem. Cum itaque plures inquisitores heretice pravitatis, qui fuerunt hactenus in Lombardia et Marchia Tervisina, eorumque notarii et officiales rationes huiusmodi eorum officii multas et magnas pecuniarum receperint diversis temporibus quantitates, de quibus non reddiderunt dicte romane Ecclesie rationem, discretioni vestre de qua fiduciam gerimus in Domino specialem per apostolica scripta mandamus quatinus vos et alter vestrum per vos vel alium seu alios contra inquisitores huiusmodi et specialiter contra venerabiles fratres nostros Guidonem Ferrariensem et Petrum Comaclensem episcopos necnon fratrem Florium et fratrem Parisium de Mantua ordinis fratrum predicatorum, qui fuerunt inquisitores dicte pravitatis et ad quos pretextu huiusmodi eorum officii plures et magne pecunarium summe tam ratione iudeorum quam ex aliis causis pluribus devenerunt, et quoscumque alios inquisitores eorumque notarios et officiales super premissis quid et quantum ratione dicti officii pervenerit ad eosdem, inquiratis diligentius veritatem38… »
12On voit que parmi ce groupe figure l’inquisiteur dominicain Guido da Vincenza, devenu à cette époque évêque de Ferrare39, soumis à l’enquête pour son activité à la tête du tribunal de Bologne à la fin du xiiie siècle.
13En 1318, à la demande de Jean XXII, Arnaud Sabatier, chanoine de Meaux, se vit confier l’examen des registres comptables d’une douzaine d’inquisiteurs de la province de Lombardie, sans que l’on sache cependant si certains d’entre eux furent finalement touchés par des mesures disciplinaires ou pécuniaires40. Nous touchons là d’ailleurs à l’une des limites de cette documentation. Le plus souvent incomplète, on ne sait pas toujours si les procédures ont été menées jusqu’à leur terme et si les inquisiteurs ont eu à subir des sanctions, ou bien s’ils ont vu leur situation se régulariser en restituant, au moins partiellement, les sommes demandées par les juges. Ce mouvement de révision des comptes se poursuivit tout au long du pontificat de Jean XXII, en particulier en direction des inquisiteurs de Toscane, qui ont attiré l’attention de Girolamo Biscaro dans une série de contributions importantes. En 1319, les collecteurs et nonces Pons Augier et Hugues Bovis avaient pu récupérer 1150 florins d’or aux deux inquisiteurs de Florence et de Sienne41. À l’extrême fin du pontificat de Jean XXII, le nonce Pons Étienne procéda à la révision des comptes des inquisiteurs franciscains Pace da Castelfiorentino (1319-1322), Michele da Arezzo (1322-1325), Accursio Bonfantini da Firenze (1326-1329) et Mino di S. Quirico (1332-1334). La lecture des comptes qui subsistent permet de prendre la mesure des dépenses effectuées par les inquisiteurs et de la faiblesse des sommes qui, proportionnellement, parvenaient jusqu’aux caisses de la Chambre apostolique. De toute cette charge portée contre les inquisiteurs florentins, le procès le plus retentissant fut sans aucun doute celui intenté à Mino da San Quirico, qui s’ouvrit en décembre 1333 et mit à jour son comportement scandaleux, sa pratique régulière de l’extorsion sous couvert d’accusation d’hérésie ainsi que les fraudes et entorses multiples dont il s’était rendu coupable. Convoqué en Avignon, Mino se vit imposer le paiement de 1426 florins, mais il profita de la mort de Jean XXII pour retourner à Florence et bloquer le versement de la somme dont il devait s’acquitter, continuant de mener un train de vie luxueux42. Comme l’a rappelé à juste titre Lorenzo Paolini, plus on avance dans le siècle, plus les enquêtes se firent plus ciblées sur des individus – plus que sur des tribunaux entiers. En 1346, une nouvelle affaire toucha l’inquisition florentine, cette fois-ci en la personne de Pietro dall’Aquila. Je reviendrai un peu plus loin sur cette procédure, pour laquelle la documentation est plus étoffée, et ne m’y attarde donc pas pour le moment. Enfin, au même moment, dans la Marche d’Ancône, un autre procès toucha des inquisiteurs, en particulier Pietro da Penna San Giovanni (les inquisiteurs Giovanni da Spello et Giacomo da Monte dell’Olmo apparaissent aussi dans le fascicule procédural, mais le procès se concentre sur Giovanni), pour des motifs semblables à la plupart des affaires de cette époque43 : extorsion d’argent, fraudes dans la comptabilité, défauts de versement à la Chambre apostolique. Il subsiste du procès un fascicule de douze folios conservés dans les Collectoriae44. Le procès se déroula à Macerata, entre le 31 octobre 1346 et le 20 février 1347 et fut conduit par Guido di Rivara, auditeur spirituel dans la Marche d’Ancône, à la demande du vicaire pontifical en Italie, Bertrand de Déaux. La lettre de Bertrand qui ouvre la procédure est sans ambiguïté et dénonce la cupidité des inquisiteurs :
« Frequenti murmuratione sepe sepius ad audientiam nostram pervenit et testimonio fide dignorum percepimus quod in provincia Marchie Anconitane nonnulli inquisitores heretice pravitatis, habenas ineffrenate cupiditatis et voraginis relapsantes, ad extorsiones illicitas se extendunt, non heretice pravitatis officium exercentes, sed in cecitatem avaritie miserabiliter dilabuntur45. »
14L’objectif était de les contraindre à restituer les biens spoliés et à verser à la Chambre apostolique le tiers des recettes de l’office d’Inquisition sur les biens confisqués et les amendes. Dans ce cas-ci, les inquisiteurs restèrent contumaces. Giovanni da Penna San Giovanni fut excommunié et condamné à payer 500 florins d’amende tandis que Giovanni da Spello fut déclaré innocent des accusations d’extorsion, mais dut payer 12 florins à la Chambre.
Que rapporte l’hérésie ? Autour de quelques fragments comptables concernant les inquisiteurs de Romagne
15Si toutes ces enquêtes permettent de saisir, au moins partiellement et ponctuellement, la nature des sommes que les autorités ecclésiastiques réclamaient a posteriori aux inquisiteurs, il demeure en revanche très difficile de suivre avec précision, tout au long du xive siècle, la régularité des versements effectués. Cette question est complexe à envisager car la documentation est fragmentaire, ce qui rend son exploitation très aléatoire. Ceci est d’autant plus troublant que les Archives vaticanes contiennent de vastes séries comptables pour les Terres de l’Église au xive siècle, conservées en particulier dans la série des Introitus et Exitus – mais aussi dans d’autres fonds comme les Collectoriae –, et qui fournissent aux historiens une multitude d’informations sur les différentes facettes du gouvernement pontifical46. Les sondages multiples réalisés dans les registres d’Introitus et Exitus des différentes provinces n’apportent sur ce point que des éléments très partiels, qui ne peuvent que nous interroger sur la régularité de ces versements. Dans certains cas, il est d’ailleurs possible que certains inquisiteurs, devant faire face à des difficultés financières, aient eu du mal à s’acquitter des sommes demandées.
16Le tableau proposé ci-dessous synthétise ainsi les sommes versées par plusieurs inquisiteurs de Romagne au temps de Benoît XII et Clément VI au trésorier de la province, et nous permettent d’envisager la nature des délits qui étaient poursuivis par les inquisiteurs et qui étaient susceptible de rapporter le plus d’argent47.
17On le voit, ces sommes demeurent dans leur globalité assez faibles, même si, prises individuellement, les montants auxquels sont condamnés les accusés sont souvent élevés. Leurs versements au cours de l’année semblent se faire de façon aléatoire ou irrégulière. Ces quelques comptes-rendus de versements constituent en tous les cas une bonne photographie de la nature des infractions dont la poursuite constituait le quotidien des inquisiteurs au milieu du xive siècle – et pour certains une source d’enrichissement : l’essentiel des revenus provenait alors des condamnations liées aux paroles que l’on peut qualifier de blasphématoires ou au fait de soutenir que pratiquer l’usure ne constituait pas un péché. La présence récurrente de cette dernière accusation me semble particulièrement intéressante : on peut y voir un effet très concret des dispositions prises au concile de Vienne de 1311-1312, notamment au canon 29, qui affirme très clairement que « si quelqu’un tombe dans cette erreur au point d’avoir la présomption d’affirmer avec entêtement que ce n’est pas un péché de pratiquer l’usure, nous décidons qu’il doit être puni comme hérétique, et nous enjoignons en plus avec la plus grande rigueur aux ordinaires et aux inquisiteurs de la dépravation hérétique de ne pas omettre de procéder contre ceux qui auront été dénoncés ou qu’ils trouveront suspects d’une telle erreur, comme ils le feraient contre ceux qui auraient été dénoncés ou trouvés suspects d’hérésie48 » ; de telles dispositions ouvraient ainsi un nouveau champ d’application aux inquisiteurs, et au milieu du siècle ces derniers semblaient donc l’avoir parfaitement intégré à leurs pratiques. De même, l’inquisiteur florentin Pietro dall’Aquila, jugé en 1346, usa semble-t-il largement – pour ne pas dire abusa – de cette accusation pour s’enrichir. En revanche, par comparaison, il n’est pas inintéressant de regarder ce qui subsiste des condamnations prononcées par frère Filippo da Montenero très peu de temps après le concile de Vienne (cf. tableau 3) : on constate que l’accusation de soutenir que pratiquer l’usure n’est pas un péché n’y apparaît pas encore, témoignant peut-être du fait que les prescriptions du concile de Vienne n’étaient alors pas encore complètement mises en pratique par les inquisiteurs – il faut néanmoins rester prudents car nous ne possédons pas la totalité de sa comptabilité.
Un inquisiteur sommé de rendre des comptes : frère Filippo da Montenero
18Comment se déroulait l’interrogatoire d’un inquisiteur à qui l’on demandait de rendre des comptes ? Le cas de frère Filippo da Montenero (Phylippus de Montenigro) permet d’en prendre la mesure. En dehors des commissaires ou nonces spécialement dépêchés par la papauté pour tenter de corriger les dérives les plus graves, les recteurs des Terres de l’Église jouèrent un rôle important dans le contrôle de l’activité inquisitoriale et dans l’application des dispositions pontificales en la matière. Les Archives vaticanes conservent ainsi dans la série des Instrumenta Miscellanea, sous la cote 648, les restes de l’interrogatoire. La procédure, datée de 1319, est moins connue que les grandes enquêtes évoquées plus haut, parce que peut-être moins spectaculaire, mais elle permet de suivre en détail le déroulement de l’audition d’un inquisiteur49. La façon dont frère Filippo fut interrogé vaut certainement pour beaucoup d’autres cas. Le dossier fut confectionné le 18 mai 1319 à Spello, dans le Duché de Spolète. C’est le recteur, Renaud de Saint-Arthémie, qui fut chargé du contrôle des inquisiteurs présents dans sa province : professeur de droit civil, chapelain du pape et auditeur des causes, il fut nommé recteur du Duché en août 1317 – charge qu’il occupa jusqu’en 1323 – et en assura aussi la trésorerie50. La lettre que lui adressa Jean XXII, retranscrite au début du cahier contenant les restes de la procédure, est claire : constatant que plusieurs inquisiteurs, dominicains comme franciscains, n’avaient pas remis à l’Église les sommes d’argent qui devaient lui échoir51, le recteur avait tout pouvoir pour déclencher une procédure de type inquisitoire – selon la formule consacrée « summarie, de plano, sine strepitu et figura judicii » – afin que les inquisiteurs lui fournissent les comptes exacts produits au cours de leur charge et qu’ils transmettent au trésorier la part dévolue à la Chambre apostolique52. La lettre menace enfin classiquement de censures ecclésiastiques ceux qui ne coopéreraient pas. La procédure commença le 7 février 1319 à Spello, en présence d’un clerc qui eut une activité intense dans le Duché de Spolète durant ces années, Jean de Amelio53. Convoqué une première fois, l’ex-inquisiteur prêta comme de coutume serment sur les Évangiles avant de répondre à une série de questions du recteur qui, à ce stade, demeuraient encore générales54 :
- Le recteur lui demanda tout d’abord qui l’avait nommé à sa fonction d’inquisiteur. Filippo répondit que c’était le ministre général de l’Ordre.
- Le recteur lui demanda ensuite s’il pouvait produire sa lettre de commission (lictera commissionis) transmise au moment de son entrée en fonction. L’inquisiteur répondit qu’elle se trouvait dans les archives de l’Inquisition, à Spolète.
- Le recteur lui demanda également s’il possédait ses lettres de révocation. Filippo répondit par la négative, affirmant que la fin de sa charge n’avait pas donné lieu à la production d’un tel document.
- Le recteur l’interrogea ensuite sur les noms de ceux qui lui avaient succédé. Filippo nomma les frères Matheus domini Ungari de Perusio et Andreas de Mariani de Egubio.
- Il lui demanda le nom de son collègue lorsqu’il était inquisiteur. Filippo nomma Petrus de Burgo.
- Il l’interrogea ensuite sur la composition du personnel de son tribunal : celui-ci était alors composé de trois juges, Henricus domini Manentis, dominus Bartholdus domini Jacobi et Manens de Spoleto, ainsi que d’un notaire, Marchisianus Stephani de Spoleto.
- Il lui demanda s’ils avaient d’autres officiers à son service, ce que confirma frère Filippo, mais sans pouvoir se souvenir de leurs noms.
- Il lui demanda pendant combien d’années il avait été inquisiteur, ce à quoi il répondit pendant trois années environ.
- Enfin, le recteur en vint à la question centrale qui motivait la convocation de Filippo : s’il était en mesure de pouvoir produire les comptes des sommes perçues au cours de sa charge. L’inquisiteur répondant par la négative, une nouvelle citation à comparaître péremptoire fut donnée à frère Filippo dans les vingt jours suivant.
19Ainsi, le 10 mars suivant, Filippo se présenta à nouveau à Spello. À cette occasion, il produisit sa lettre originale de nomination à la charge d’inquisiteur, datée du 10 juin 1314, ainsi qu’une « petite page » (cedulam parvam) sur laquelle étaient inscrites des sommes qu’il avait perçues et qui sont reproduites sur notre manuscrit. Les sommes prélevées ne correspondent cependant qu’à vingt-sept condamnations, sans mention de date précise, extraites des registres de l’Inquisition.
20Comme dans le cas des inquisiteurs de Romagne évoqué plus haut, on le voit, une bonne part des condamnations concerne des paroles hérétiques (verba heretica), sans que la nature de celles-ci ne soit précisée, mais à l’inverse de la Romagne les condamnations pour défense de la pratique de l’usure n’apparaissent pas explicitement – à moins qu’elles ne soient englobées dans ces condamnations pour avoir prononcé des paroles hérétiques. Le montant des condamnations reste assez élevé.
21Le recteur ne sembla pas se satisfaire de cette cedula et exigea que Filippo produise « tous les livres et les procès originaux faits du temps de son office55 ». Dix jours supplémentaires furent donc laissés au frère pour apporter toute la documentation demandée. Celui-ci souligna qu’il n’était pas en possession de ces documents, qui avaient été laissés dans les archives de l’Inquisition à Spolète. Le recteur rappela alors que sans la consultation de ces registres frère Filippo ne pouvait pas rendre des comptes précis et qu’il devait donc trouver le moyen de se les procurer. Le 21 mars, Filippo vint demander un délai supplémentaire pour rassembler la documentation. Le 24 mars, l’ex-inquisiteur se présenta à nouveau devant le recteur avec quelques livres contenant des procès (quosdam libros processuum factorum per eum), quelques pages contenant des dépenses (quasdam cedulas expensarum), ainsi que d’autres documents. Afin de prendre le temps de consulter ces documents, le recteur cita à nouveau Filippo à comparaître le 27 mars. Cette nouvelle comparution de frère Filippo fut l’occasion d’en arriver au cœur du problème, et l’interrogatoire porta cette fois-ci principalement sur l’usage que l’inquisiteur avait fait des sommes perçues :
22Il chercha notamment à savoir si Filippo possédait d’autres livres que ceux qu’il avait fournis le 24 mars : il ne sembla pas les avoir en sa possession, mais confirma que d’autres procès faits à son époque étaient conservés chez les inquisiteurs Andrea da Foligno et Andrea da Gubbio. Cette allusion donne au passage une bonne idée des logiques de conservation documentaire à l’œuvre, et témoigne de l’éparpillement des archives, conservées soit dans les archives du tribunal, ici à Spolète, soit chez les inquisiteurs eux-mêmes, expliquant ainsi peut-être pourquoi la documentation qui subsiste de leur activité est particulièrement fragmentaire.
23Le recteur demanda ensuite à Filippo s’il avait perçu des sommes d’argent pour lui ou d’autres personnes à l’occasion de ces procès. Filippo répondit qu’il ne se souvenait pas avoir reçu des sommes supérieures à celles attribuées.
24Le recteur demanda également s’il avait transmis le tiers de ces sommes aux communes, comme l’exigeaient les privilèges pontificaux. Il répondit par la négative, affirmant qu’il ne faisait que suivre les pratiques de ces prédécesseurs. De ce point de vue, il est vrai que depuis le début du xive siècle, l’usage de donner aux communes une part des sommes perçues tendait à se raréfier, voire à être abandonné – d’où le mécontentement de certaines communes56.
25Le recteur poursuivit son interrogatoire en demandant s’il avait donné l’autre tiers des recettes aux officiers de l’Inquisition, selon les rescrits pontificaux. Là encore il répondit par la négative.
26Il demanda si le troisième tiers avait été déposé en lieu sûr, comme le demandaient les privilèges pontificaux. Il confirma que les sommes avaient été confiées à des marchands de Spolète dont il donne les noms : Pecorus Recuneri, Vardus Laroni et Marinectus Francie.
27Enfin, il termina son audience en lui demandant s’il avait dépensé ce dernier tiers : il répondit que oui, pour les dépenses nécessaires à son office. Et s’il l’avait dépensé en prenant conseil auprès du diocèse : là encore, il nia, le justifiant par le fait de suivre les usages de ses prédécesseurs, et non par malice (non fecisse ex malitia nec contemptu).
28La journée s’acheva sur cette question et l’examen se poursuivit le lendemain, 28 mars. Finalement, après plusieurs reports, Filippo ne recomparut que le 23 avril, afin d’entendre la sentence émise par le recteur. Le recteur estima que l’ex-inquisiteur aurait reçu au cours de sa charge 523 florins d’or et 170 livres de Cortone : de cette somme, il aurait dû donner le tiers à l’Église romaine ; il fut donc sommé de restituer ces sommes et dut produire l’intégralité de sa documentation, sous peine d’excommunication. Un mois lui était accordé pour restituer le tiers de la somme revenant à l’Église et pour produire l’intégralité de la documentation. Les documents ne vont malheureusement pas plus loin quant aux suites données à cette affaire.
29Si dans le cas de frère Filippo, l’attention du recteur se porta sur le préjudice financier pour la Chambre apostolique, d’autres affaires, au contraire, mettaient très clairement en cause l’intégrité morale des juges ou le profit qu’ils tiraient de l’usage de l’accusation d’hérésie, notamment à travers les témoignages des justiciables qui avaient eu à subir les condamnations.
Juger l’inquisiteur : Florence, 1346
30Une affaire en particulier, au milieu du xive siècle, est révélatrice de ces dérives : elle concerne le frère Pietro dall’Aquila, alors inquisiteur à Florence. Quelques travaux, tous anciens, évoquent son parcours, comme ceux du frère Aniceto Chiappini, qui fut notamment archiviste et bibliothécaire de l’Ordre des Mineurs57, ou ceux d’Antonio Panella58. Mariano d’Alatri a consacré un article à ce procès et en fournit ainsi une bonne vue d’ensemble, mais il n’en a pas édité les actes59. Franciscain, né entre 1273 et 1279, Pietro dall’Aquila évolua au sein de la hiérarchie de son ordre dans la première moitié du xive siècle, et on le voit apparaître dans divers chapitres provinciaux, comme Chieti (1329), Todi (1330), Florence et Assise. Il devint ministre provincial de Toscane en 1333 – et lors de ce dernier mandat, comme le rappelle M. d’Alatri, il maintint en poste l’inquisiteur Mino da San Quirico malgré les charges qui pesaient contre lui60. En janvier 1344, il fut nommé chapelain de la reine de Naples Jeanne Ire et peut-être en même temps inquisiteur à Florence61.
31En ce milieu du xive siècle, Florence traversait une période tumultueuse, marquée en particulier par l’éphémère seigneurie du duc d’Athènes, Gautier de Brienne, en 1342-134362. L’affaire Pietro dall’Aquila se déroule donc peu de temps après l’expulsion du duc d’Athènes. Le contexte qui conduit à cette affaire est particulièrement complexe, troublé, et il n’est pas possible ici d’en exposer toute la richesse ou d’en développer toutes les subtilités. Je rappellerai donc simplement les quelques éléments immédiats les plus importants pour la compréhension globale du dossier judiciaire63. L’affaire émergea d’un différend qui opposa, entre février et juin 1346, la seigneurie florentine et l’inquisiteur au sujet de la compagnie marchande des Acciaiuoli. Cette dernière s’acheminait à cette époque vers la faillite et ne payait plus ses créditeurs depuis plusieurs années déjà. Or, la Chambre apostolique et l’évêque de Sabine, le cardinal Pietro Gomez, faisaient partie des créditeurs auprès de qui la compagnie avait des dettes. En mars 1346, l’un des actionnaires de la compagnie fut arrêté par quelques familiers du podestat – et avec semble-t-il le soutien de l’inquisiteur – alors qu’il sortait du Palais des Prieurs pour négocier autour de cette affaire. Face au soulèvement que provoqua cette arrestation, l’inquisiteur fuit la ville, se réfugia à Sienne et jeta l’interdit sur Florence le 28 mars. Deux ecclésiastiques entrèrent alors en scène pour tenter de régler cette situation : le premier était Pierre Vitalis (Petrus Vitalis), collecteur pontifical in partibus Tuscie et envoyé comme nonce apostolique par Clément VI. En août 1343, il avait déjà été chargé par le pape d’exiger des inquisiteurs de Toscane le paiement du tiers des sommes dues à la Chambre apostolique sur les amendes, condamnations et confiscations faites aux hérétiques64. Le second, Niccolo, était l’abbé du monastère florentin de Santa Maria. Face au mécontentement, l’étau se resserra autour de l’inquisiteur. Sous la pression, une instruction finit par être ouverte contre lui le 24 avril 1346, et c’est l’abbé Niccolo qui en assura la conduite. Il subsiste de cette procédure deux manuscrits : l’un est conservé dans le fond des Collectoriae au Archives vaticanes65, l’autre à l’Archivio di Stato de Florence66. Malgré des citations à comparaître, Pietro ne donna pas signe de vie et il fut déclaré contumace le 2 mai, puis excommunié le 4 mai. L’abbé Niccolo procéda à l’audition de près de quatre-vingt-dix témoins au cours de ces semaines.
32Le procès qui s’ouvrit alors permet de saisir l’impopularité de l’inquisiteur dans la cité. Les chroniqueurs florentins, comme Villani, sont peu tendres à son sujet. Boccace, dans son Décameron, moque la cupidité de celui qui sembla jeter son dévolu sur les familles florentines à la « bourse bien gonflée » :
« Il était une fois dans notre ville, mes chères et jeunes amies, il n’y a pas si longtemps de cela, un frère mineur inquisiteur, pourchasseur de l’hérésie, qui, malgré ses efforts pour paraître un saint homme tendrement attaché à la fois chrétienne, excellait beaucoup moins, tout comme ses semblables d’ailleurs, dans l’investigation des chrétiens plutôt tièdes que de ceux qui avaient la bourse bien garnie. Son zèle en ce domaine lui permit un jour de tomber sur un brave homme bien pourvu en deniers mais beaucoup moins en jugeote qui, s’exprimant à l’occasion devant un groupe d’amis, avait affirmé au hasard d’une conversation, non certes par manque de foi, mais en homme peu futé échauffé peut-être par le vin ou grisé par la joie, qu’il avait un vin si bon que le Christ en boirait. Le propos fut rapporté à l’inquisiteur qui, entendant dire que l’auteur de cette bonne parole avait de beaux domaines et une bourse bien gonflée, courut fougueusement “armé de glaives et de verges” lui mettre sur le dos un grave procès ; loin de lui l’idée de corriger l’accusé de sa mécréance, il n’y voyait qu’une occasion de remplir ses poches de florins, ce qu’il fit d’ailleurs67. »
33La procédure comportait en réalité deux volets. Un procès préliminaire concernait le volet financier et comptable : le but était de vérifier si l’inquisiteur avait réellement perçu de fortes sommes dont il n’aurait pas rendu compte aux autorités ecclésiastiques, et s’il n’aurait pas remis à la Chambre apostolique le tiers des sommes reçues. La déposition de Guidalotto di Bernotto, interrogé le 13 mai, va d’ailleurs dans ce sens, affirmant que « l’inquisiteur frauda à de multiples reprises la Chambre apostolique68 ». D’autre part, un second volet consista à vérifier s’il avait commis des injustices dans l’exercice de sa fonction. Très rapidement, en fait, c’est sur ce deuxième aspect que le procès se focalisa, car les interrogatoires furent l’occasion de soulever un chœur de critiques contre l’inquisiteur. À la lecture des dépositions, tous les moyens semblent avoir été bons pour tirer un maximum de profit de sa charge, et les témoignages dressent la liste des méthodes, parfois brutales, utilisées pour accroître ses revenus. Ainsi, entre 1345 et les premiers mois de 1346, l’inquisiteur aurait récupéré 6000 florins d’or grâce aux confiscations des biens appartenant à des personnes condamnées comme hérétiques. Cela passait par des expulsions forcées, ce dont témoigne par exemple une certaine Bertola, qu’il fit expulser « par la force et la violence » (per vim et violentiam), sans aucune forme de jugement et sans l’avoir cité à comparaitre au préalable ; les biens de Bertola étaient estimés à près de 3500 florins69. Il semble également régulièrement avoir contraint des citoyens à commettre des délits qu’il poursuivait ensuite devant son tribunal pour empocher l’argent : c’est ce qui serait arrivé à Lapus condam Cennis de Carreggio, contraint de payer cinquante florins après avoir été obligé de frapper une image de la Vierge70. C’est aussi ce qu’aurait subi Lambertus Bartoli Conosci, qui dut pratiquer l’usure et fut pour cela condamné à payer 100 florins ; trop pauvre pour s’acquitter de la somme, il finit par être envoyé en prison71. On retrouve le même type d’accusation avec la déposition de Johannes ser Lapi de Artimino : l’inquisiteur le fit incarcérer jusqu’à ce qu’il dise que pratiquer l’usure n’était pas un péché ; quand il finit par céder, l’inquisiteur le condamna à payer cent florins d’amende. Quelques jours plus tard, le 24 mai, le notaire Ugolinus ser Lapi raconta aussi que l’inquisiteur l’avait forcé à dire que prêter de l’argent à usure n’était pas un péché, puis l’aurait condamné à payer quarante florins pour ces propos72. L’usure, comme nous l’avons vu plus haut, revient donc à nouveau constamment dans les motifs de condamnation. L’inquisiteur ne sembla également pas rechigner à aller jusqu’à inventer des délits : ainsi, le 20 mai, Filippus Johannis, drapier, déposa et raconta que l’inquisiteur avait cherché à imposer à sa corporation le fils d’un ami. Filippus ayant refusé, l’inquisiteur engagea un procès contre lui en l’accusant d’avoir prononcé des paroles hérétiques ; il passa onze jours au pain et à l’eau dans la prison de l’Inquisition et fut condamné à payer vingt florins, dont son père s’acquitta73. Enfin, dans la gamme des accusations que l’inquisiteur mit à profit, on peut signaler une dizaine de témoins se plaignant d’avoir été persécutés pour des prétendues pratiques superstitieuses. C’est par exemple le cas de Consiglus, medicus populi Sancte Marie majoris de Florentia, que Pietro condamna pour avoir consulté un ouvrage de médecine dans lequel il y avait des éléments qui relevaient de la nécromancie74. En effet, comme l’ont bien mis en lumière les travaux d’Alain Boureau, Jean XXII avait lancé en 1320 une consultation pour examiner la possibilité de qualifier d’hérésie la magie et l’invocation des démons. Une réflexion qui trouva un prolongement dans la fulmination de la bulle Super illius specula (1326 ou 1327), qui incriminait les pratiques magiques comme la fabrication d’images ou d’anneaux75. Là encore, comme pour la pratique de l’usure, l’inquisiteur mit à profit les évolutions récentes du droit en matière de poursuite des pratiques magiques.
34Il est intéressant de souligner que cette procédure ne mit néanmoins pas fin à sa carrière. Après une confrontation à Avignon, le pape finit par lui donner raison, mais le releva de ses fonctions d’inquisiteur et le nomma évêque de Sant’Angelo dei Lombardi le 12 février 1347 – un diocèse situé sur le territoire de la reine Jeanne de Naples. Cette décision sembla satisfaire les Florentins qui nommèrent à leur demande un nouvel inquisiteur, frère Michele di Lapo Arnolfi, citoyen florentin et ministre provincial des Mineurs de Toscane. Par la suite, Pietro fut transféré au siège de Trivento (Molise) le 30 mai 1348. Il mourut en 1361.
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35Au terme de ces réflexions, toutes ces affaires, chacune à leur manière et avec leurs contextes propres, nous permettent d’esquisser quelques remarques : tout d’abord, elles sont révélatrices des tensions et de l’agitation qui entourent l’exercice de la justice inquisitoriale dans l’Italie de la fin du xiiie siècle et des premières décennies du xive siècle. Ensuite, la multiplication des enquêtes autour des comptabilités inquisitoriales atteste de la suspicion quasi constante des autorités ecclésiastiques à l’égard des inquisiteurs et de la crispation autour des questions financières. Il faut néanmoins reconnaître que le caractère extrêmement fragmentaire des sources disponibles empêche de saisir pleinement la régularité avec laquelle les inquisiteurs s’acquittaient de leurs obligations en matière de répartitions des revenus issus des condamnations ou des confiscations. Enfin, et c’est peut-être là l’un des aspects les plus intéressants, les fragments de comptabilités qui subsistent nous fournissent des indices très clairs sur la capacité des inquisiteurs à s’adapter rapidement aux évolutions de la législation pontificale en matière de poursuite de l’hérésie : pour beaucoup d’entre eux, l’extension de la qualification d’hérésie à des champs comme l’usure ou la magie a pu constituer une aubaine financière, dont il usèrent, voire abusèrent, avec une relative autonomie et liberté. Le champ des « verba heretica », lui aussi très riche de potentialités, permit également à certains inquisiteurs de gonfler un peu plus les revenus de leurs tribunaux. D’ailleurs, nous l’avons vu, certaines affaires exceptionnelles, comme le procès de Pietro dall’Aquila à Florence en 1346, témoignent de la facilité avec laquelle les accusations relevant de l’hérésie s’abattaient sur les justiciables. Néanmoins, si nombre d’inquisiteurs furent effectivement contrôlés à partir du début du xive siècle, voire poursuivis au pénal, rares sont les procédures qui mirent un coup d’arrêt à leur carrière ; la plupart ne furent au final que peu inquiétés, malgré quelques sanctions disciplinaires ou condamnations à rendre tout ou partie des sommes injustement perçues ou non redistribuées.
Annexe
Annexe I. Comptabilités inquisitoriales : quelques fragments inédits autour de l’activité des inquisiteurs en Romagne au temps de Benoît XII et de Clément VI
1.1. ASV, Cam. Ap., Intr. et Ex. 151, fol. 29 r°-v°, 1336
Sequitur pecunia de mandato et ordinamento reverendi patris domini Ebredunensis archiepiscopi, provincie Romandiole reformatoris, recepta ab inquisitoribus heretice pravitatis infrascriptis in Romandiola provincia et alibi deputatis.
Die vigesimo septimo mensis novembris habui in Bononia a fratre Ugolino de ordine fratrum minorum, heretice pravitatis in Romandiola inquisitore, tanquam de bonis hereticorum per manum Petri de Sancto Alberto, mercatori de Bononia, libr. l bon.
Die decimo septimo mensis januarii habui a fratre Jacobo de Signorellis et fratre Bonifacio de ordine predicto, substitutis in locum dicti fratris Ugolini in predicte inquisitionis officio de hereticorum, bonis flor. octo auri et viginti sol. bon., videlicet de bonis Pauli Divi de Florentia condempnati quia dixit quod usuras exercere nullum esset peccatum et Deus non posset facere, quin pro duodecim den. quam pro quinque den. mutuaret, viii fl. auri, sol. xx bon.
Die sexto mensis martii habui a predictis fratre Jacobo et fratre Bonifacio ejus socio inquisitoribus, de condempnatione per ipsos facta de Ugolino quondam Bariselli de Corvaria quia dixit usuras non esse peccatum et contempsit officium predictorum inquisitorum, vii flor. auri.
Die quarta decima mensis martii habui a predictis inquisitoribus de condempnatione per ipsos facta de domino Henrico de Sancto Leonardo de Faventia pro eo quia dixit quod nullus sacerdos aliquem a peccatis poterat absolvere, xxxvi lib., x s. bon.
Item in alia parte quos habui a dictis inquisitoribus de dicta condempnatione dicto domino Henrico ut infra in expensis scribitur solutos et in ejus salario conputo flor. viginti quinque auri, xxv fl. auri.
Die ultimo mensis martii habui ab inquisitoribus predictis de condempnatione per ipsos facta de Cichino quondam ser Palmerii de Mustirolo comitatus Faventie pro eo quia dicebat usuras exercere non esse peccatum non tamen pertinaciter, fl. v auri.
Summa pagine lib. lxxxvi, sol. x bon.
fl. xlv auri.
[fol. 29 v°]
Die tertio mensis aprilis habui ab inquisitoribus predictis de condempnatione per ipsos facta de Turolino quondam Pagni de Puliçano, nunc habitatore castri Pelegrini comitatus Faventie pro eo quia dicebat pertinaciter quod non credebat habere de usuris quas faciebat peccatum immo dedebat adhorari pro sancto quia facebat leves usuras. Item dicebat quod persone qui ibant Romam ad indulgentias faciebant sic pecudes quarum una proicit se post aliam et qui se facit pecudem in isto mundo vadit belando in alio mundo, lxxxxiii fl. auri
Die vigesimosecundo mensis aprilis habui a domino Ebredunensi archiepiscopo quos eodem die perceperat a fratre Andrea de Sasso ordinis fratrum predicatorum, inquisitore heretice pravitatis in civitatibus et diocesis paduana et Vicentina, de peccunia per ipsum habita ex officio hujusmodi inquisitionis, clxxxxvi fl. auri.
Die septima mensis maii habui de mandato predicti domini archiepiscopi a fratre Andrea, inquisitore predicto, de peccunia per ipsum habita ex officio inquisitionis hujusmodi, fl. cc auri.
Die vigesimo mensis julii habui a fratre Johanne Crevelario solvente vice et nomine fratris Andree de Sasso de ordine predicatorum, inquisitoris heretice pravitatis in civitatibus et diocesis Paduana et Vicentina, de pecunia per ipsum habita ex officio inquisitionis hujusmodi, xxxvi fl. auri.
Summa pagine flor. 525 auri.
1.2. ASV, Cam. Ap., Intr. et Ex. 182, fol. 40 r°-v°, année 1340
Sequitur pecunia recepta ab inquisitoribus heretice pravitatis provincie Romandiole de emolumento condempnationum per ipsos inquisitores factarum ad cameram ecclesie pertinente.
Die quartadecima mensis novembris millesimo trecentesimo quadragesimo habui et recepi a religioso et honesto viro fratre Donato de Sancta Aghata de ordine minorum, inquisitore heretice pravitatis in provincia Romandiola, pro condempnatione 24 libr. bon. lata per ipsum inquisitorem contra Teglaium de Florentia, habitatorem civitatis Faventie76, in capella Sancti Terentii pro eo quia dixit quod Deus nec sancta Maria possent facere, quod ipse faceret gratiam cujusdam gratiam postulanti de certa quantitate pecunie, dicendo quod nichil facere habebat cum Deo nec cum sanctis eius, pro parte dictam cameram tangente, libr. XII bon.
Die sextadecima mensis novembris habui et recepi a fratre Donato, inquisitore predicto, pro condempnatione lata contra Drudonem Deotatorre de Calbulo, habitatorem civitatis Faventie, de lxxx libr. bon., pro eo quia dixit quod ieiunare erat peccatum quia faciebat hominem melenconicum et quia etiam dixit quod non erat peccatum accipere quicquid sibi debebatur ex pacto a debitoribus suis, et quia etiam dixit cuidam danti ultra sortem aliquam pecuniam et conquerenti ac dicenti quod erat nimis magna usura quod non erat usura sed erat quoddam pactum quid erat initum inter ipsum et debitorem, pro parte dictam cameram tangente libr. xl bon.
Die quartodecimo mensis maii habui et recepi a fratre Donato, inquisitore, pro condempnatione lata per ipsum contra Ghibellinum de Camurana comitatus Faventie in decem flor. auri pro eo quia dixit usuras exercere non esse
Summa pagine libr. lii bon.
[fol. 40 v°]
peccatum precipue illis qui non habent possessiones et qui habet bonum in mundo isto habet bonum in alio loquendo de delectabilibus sensitivis, pro parte dictam cameram tangente flor. v auri.
Item de et pro condempnatione lata contra Tanum de Circhis de Florentia in xii flor. auri pro eo quia induxit certos testes ad testificandum falsum contra Bracium de Quarnenti77 qui protulerat et dicebat, ut dixit, jacere cum matre et filia non erat peccatum et quicquid predicant predicatores non erat verum, pro parte dictam cameram tangente, flor. vi auri.
Item de et pro condempnatione lata contra Rosatam de Faventia, habitatorem terre Bagnacavalli, in decem libr. bon., pro eo quia dixit jacere cum hominibus carnaliter extra matrimonium non erat peccatum, pro parte dictam cameram tangente, libr. v bon.
Die quartadecima mensis aprilis habui et recepi a dicto fratre Donato, inquisitore prefato, de et pro condempnatione lata per ipsum contra Johannem, muratorem de Bagnachavallo, vocatum bastardum de septuaginta, quatuor flor. auri pro eo quia dixit quod Deus erat unus ribaldus quia accipiebat juvenes et dimictebat senes, pro parte dictam cameram tangente, flor. xxxvii auri.
Summa pagine flor. xlix auri, libr. v bon.
1.3. ASV, Cam. Ap., Intr. et Ex. 182, fol. 42 r°, année 1341
Item pecunia recepta per me ab inquisitoribus predictis de dictarum condempnationum emolumento ad cameram prefate provincie pertinente.
Die primo mensis januarii millesimo trecentesimo quadragesimo primo habui et recepi a religioso et honesto viro fratre Jacobo de Signorellis de Bononia ordinis minorum, inquisitore heretice pravitatis in provincia Romandiola, per manum ser Petri ser Melli de Imola solventis nomine ipsius inquisitoris de et pro condempnatione lata per ipsum inquisitorem contra Aççonem de Florentia de tringinta libr. bon. pro eo quia venit contra sententiam contra eum latam non servando mandata et ipsi ex certa scientia contempnendo, pro parte dictam cameram tangente, libr. xv bon.
Item habui et recepi ab eodem inquisitore die dicto per manum ser Petri predicti solventis dicto nomine de et pro condempnatione lata contra Masolinum de Sassogutolo de Tausignano de xxviii libr. et sexdecim sol. bon. pro eo quia dixit quod non erat peccatum mutuare ad frumentum et pecuniam suam ad usuram pro parte solutionis condempnatione predicta dictam cameram tangente, libr. xiv bon. parvorum.
Die sexto mensis julii habui et recepi a religioso viro fratre Jacobo de Signorellis de Bononia de ordine minorum, inquisitore heretice pravitatis in provincia Romandiola, de et pro condempnatione lata per eum contra Petrum Mançante de Forlivo de quidecim libr. bon., pro eo quia dixit quod usura non erat peccatum. Item de et pro condempnatione lata per eum contra Maynardum de Tausignano de sexdecim libr. bon. pro eo quia inter alia dixit quod invitatus iret ad missas quando veniet alius Deus vel Deus ejus et tunc adhorabit eum, pro parte ipsarum condempnationum cameram tangente libr. xv, sol. x bon.
Summa pagine libr. xliv, sol. x
1.4. ASV, Cam. Ap., Intr. et Ex. 189, fol. 33 r°-34 r°, 1341-1342
[fol. 33 r°] Sequitur pecunia recepta per me ab inquisitoribus heretice pravitatis deputatis in provincia Romandiole ex emolumento condempnationum per ipsos factarum contra deliquentes in hujusmodi in hujusmodi Inquisitionis officio ad cameram dicte provincie pertinente78.
Die octava mensis octubris anno Domini millesimo trecentesimo quadragesimo primo habui et recepi a religioso et honesto viro fratre Donato de Sancta Agata de ordine minorum, inquisitore heretice pravitatis in provintia Romandiola, et socio religiosi et discreti viri fratris Jacobi de Signorellis de Bononia, inquisitoris prefati in dicta provincia Romandiola, pro condempnatione lata per ipsum fratrem Donatum de viginti libr. bon. contra dompnum Ugolinum, rectorem ecclesie Sancti Jacobi de Lugo, pro eo quia accepit edictum de foribus seu portis dicte ecclesie positum de mandato dicti inquisitoris in quo requirebantur et citabantur duo questores qui se dicebant fratres hospitalis Sancti Laçari Ierolimitanensis de heresi vehementer suspecti fugitivi et turpiter latitanti et quia minatus fuit nuntio inquisitoris prefati ipsum requirenti et quia fuit contumax in parendo dicto inquisitori, pro dimidia parte condempnationis predicte dictam cameram tangente libr. decem bon., libr. x bon.
Item habui et recepi dicta die ab inquisitore prefato pro condempnatione lata per ipsum fratrem Donatum de quinquaginta flor. auri contra dompnum Brunum, canonicum Faventie, quia dixit quod jacere cum mulieribus extra matrimonium non erat peccatum et quia dixit quod jacere cum matre et filia parum plus erat secundum suam reputationem quam cum aliis mulieribus quasi utrumque nichil reputando, pro dimidio condempnationis predicte cameram tangente flor. vigintiquinque auri, flor. xxv auri.
Die undecima mensis januarii anno Domini millesimo trecentesimo quadragesimo secunda, habui et recepi a dicto fratre Donato, inquisitore prefato, pro condempnatione lata per ipsum contra dompnam Laxiam, uxorem Ture muratoris capelle Sancti Iacobi de la Penna de Faventia, de decem libr. bon. pro eo quia faciebat facturas et invocabat demones ad illas destruendum aliaque plura similia exercebat decipiendo gentes, pro dimidio dicte condempnationis cameram tangente libr. quinque bon., libr. v bon.
Summa pagine libr. xv bon., flor xxv auri.
[fol. 33 v°]
Die quartadecima mensis maii habui et recepi a religioso et honesto viro fratre Jacobo de Signorellis de ordine minorum, inquisitore heretice pravitatis predicto, pro dimidia parte condempnationum factarum de redditis79 ad cameram pertinente, prout inferius denotatur iteras pecunie quantitates, in primis pro condempnatione lata per eum contra Minolum Scatonum de Arimin. de viginti libr. bon. pro eo quia non servavit penitentiam sibi per inquisitorem injuctam et preceptum sprevit sibi factum super dicta penitentia facienda, pro dimidio dicte condempnationis cameram tangente libr. decem bon., libr. x bon.
Item pro condempnatione lata per dictum inquisitorem contra Tamicium80 de Florentia, tunc habitatorem civitatis Arimini, de tredecim flor. et sex sol. bon. pro eo quia tenere amasiam dixit non esse peccatum, pro dimidio ipsius condempnationis dictam cameram tangente flor. sex cum dimidio auri et tres sol. bon., flor. vi cum dimidio auri et sol. iii bon.
Item pro condempnatione per dictum inquisitorem lata contra Zanotum Anenantis de Cesena de viginti flor. auri pro eo quia dixit usuras exercere non esse peccatum, pro dimidia ipsius condempnationis dictam cameram tangente libr. quatuor bon., libr. iv bon.
Die vigesimaprima mensis maii habui et recepi a fratre Donato de Sancta Agata de ordine minorum, inquisitore prefato, de condempnatione lata contra Donum de Lacasa comitatus Muthiliane de decem flor. auri et viginti sol. bon. pro eo quia dixit nullos resusitandos fore nisi christianos et resusitandos christianos debere esse salvos, pro dimidia dicte condempnationis predictam cameram tangente flor. quinque auri et sol. decem bon., flor. v auri et sol. x bon.
Die vigesima quinta mensis maii habui et recepi a fratre Donato inquisitore prefato pro condempnatione lata per ipsum contra dominam Iohaninam de Muthiliana de decem libr. bon. pro eo quia dixit non credere pecasse vel male
Summa pagine libr. xiv sol. xiii bon., flor. xxi cum dimidio
[fol. 34 r°] egisse faciendo facturas postquas quidam mortuus erat pro dimidia dicte condempnationis predictam cameram tangente libr. quinque bon.
Die vigesima secunda mensis augusti habui et recepi a fratre Jacobo de Signorellis de Bononia, inquisitore prefato, per manum ser Blasii ser Andriucii de Forlivo, notarii et officialis dicti inquisitoris, nomine dicti inquisitoris solvente de condempnatione decemocto libr. bon. lata per dictum inquisitorem contra Perroçum de Cesena pro eo quia in festo Nativitatis Domini accedens ad ecclesiam accensit candelam coram figura diaboli, pro medietate dicte condempnationis cameram tangente libr. novem bon., libr. ix bon.
Summa pagine libr. xiv
1.5. ASV, Cam. Ap., Intr. et Ex. 217, fol. 23 r°, année 1344
Sequitur pecunia recepta per me ab inquisitoribus heretice pravitatis deputatis in provincia Romandiole ex emolumento condempnationum per ipsos factarum contra deliquentes in hujusmodi Inquisitionis officio ad cameram dicte provincie pertinente.
Die tertia mensis maii, anno Domini millesimo trecentesimo quadragesimo quarto habui et recepi a venerabile et religioso viro domino fratre Iacobo de Signorellis de Bononia ordinis fratris Minorum, inquisitore heretice pravitatis in provincia Romandiole, pro condempnatione lata contra Garatonum de Taux° comitatus Imole de viginti flor. auri pro eo quia dixit usuram facere non esse peccatum pro dimidia dicte condempnationis cameram tangente florenos decem auri, flor. x auri.
Item dicta die habui et recepi ab eodem fratre Jacobo, inquisitore, pro condempnatione lata contra dompnum Anthonium, archipresbiterum plebis Pisignani diocesis Cesenatensis, de octo flor. auri, pro eo quia dixit quod incantationes et divinationes facere non erat pecatum et actu operabatur pro dimidia dicte condempnationis cameram tangente, flor. quatuor auri, flor. iv auri.
Summa pagine flor. xiv auri.
Annexe II
Un inquisiteur sommé de rendre des comptes par le recteur du Duché de Spolète Renaud de Saint-Arthémie en 1319 [ASV, Instrumenta Miscellanea 648, édité par L. Fumi, « I registri del Ducato di Spoleto (Archivio Segreto Vaticano – Camera Apostolica) », Bollettino della Deputazione di Storia Patria per l’Umbria, VII, 1901, p. 81-92.]
[parch. 1]81 In nomine Domini, amen. Hoc est regestrum processuum factorum per venerabilem virum dominum Raynaldum de Sancta Arthemia, thesaurarium Noviomensem, ducatus Spoletani in spiritualibus et temporibus rectorem per sanctam Romanam ecclesiam generalem, ex commissione et auctoritate quarundam licterarum apostolicarum infrascripti tenoris supra trasmissarum per sanctissimum patrem et dominum dominum Johannem, divina providentia papam xxiidi, super exigenda ratione et computo ab inquisitoribus heretice pravitatis qui olim fuerunt in provincia ducatus Spoletani, scriptorum per me Ofredutium Munaldutii de Spello, publicum apostolica et imperiali auctoritate notarium et predicti domini rectoris scribam, sub anno Domini, pontificatus, indictione, mensibus et diebus infrascriptis.
Tenor vero ipsarum licterarum ipsi domino rectori trasmissarum de quibus supra fit mentio talis est : « Johannes episcopus, servus servorum Dei, dilecto filio Raynaldo de Sancta Arthemia, canonico Petragoricensi, capellano nostro, ducatus Spoletani rectori, salutem et apostolicam benedictionem. Cum nonnulli predicatorum et minorum ordinum fratres inquisitores heretice pravitatis dudum in diversis Italie partibus auctoritate apostolica constituti et quamplures officiales eorum ratione officii Inquisitionis contra pravitatem eandem magnas pecuniarum summas de quibus non reddiderunt ecclesie Romane camere rationem recepisse noscantur, discretioni tue per apostolica scripta mandamus quatinus per te vel per alium seu alios summarie, de plano, sine strepitu et figura judicii de hujusmodi pecuniarum summis illis, videlicet que ad eos ratione dicti officii inquisitionis quod in provincia ducatus Spoletani exercuerunt pervenisse noscuntur diligenter inquirans et de ipsis exactam exigans rationem et computum ab eisdem, faciens dictas pecuniarum summas in quantum cameram ipsam contingunt dilecto filio Johanni de Amelio, clerico Petragoricensis diocesis, nostro et apostolice Sedis in dicto ducatu thesaurario, nostro et ejusdem ecclesie nomine integraliter assignari eos ad id si necesse fuerit per censuram ecclesiasticam appellatione postposita compellendo. Non obstantibus si eis vel eorum aliquibus aut ordinibus eorundem a Sede apostolica sit indultum quod ipsi vel dictorum ordinum fratres excommunicari, suspendi vel interdici non possint per licteras apostolicas non facientes plenam et expressam, ac de verbo ad verbum de indulto hujusmodi mentionem. Nos enim tibi inquirendi super premissis dictosque inquisitores et officiales ad assignationem summe dictarum pecuniarum, ut predicitur, compellendi, ac prefato thesaurario de hiis que receperit quitationem plenariam faciendi concedimus tenore presentium facultatem. Datum Avinione, iiii. nonas augusti, pontificatus nostri anno secundo ».
[parch. 3] In nomine Domini, amen. Anno Domini millesimo. ccc°xviiii°, indictione secunda, tempore domini Johannis pape xxiidi, et die xvii mensis februarii, actum Spelli, in domo domini Jacobi de Spello, presentibus reverendo viro domino Johanne de Amelio, thesaurario ducatus Spoletani, et fratre Petro de ordine Minorum, testibus. Frater Phylippus de Montenigro ordinis Minorum, olim inquisitor heretice pravitatis in provincia beati Francisci, comparuit coram reverendo viro domino Raynaldo de Sancta Arthemia, thesaurario Novionem., ducatus Spoletani in spiritualibus et in temporalibus per sanctam Romanam ecclesiam generali rectore, qui frater Phylippus ad mandatum ipsius domini rectoris propositis coram eo sacrosanctis evangeliis juravit ad sancta Dei evangelia corporaliter tactis dictis sacrosanctis evangeliis dicere puram et meram veritatem de omnibus quibus interrogabitur per ipsum dominum rectorem.
[1] Quo juramento prestito idem dominus rector interrogavit eundem fratrem Phylippum per juramentum prestitum per eundem si ipse frater Phylippus fuit inquisitor heretice pravitatis in provincia Spoletana, qui frater Phylippus respondit et dixit quod sic.
[2] Item interrogavit eundem per quem fuit ad dictum officium deputatus. Respondit quod per fratrem Jacobum de Senis, olim ministrum provincialem auctoritate licterarum apostolicarum.
[3] Item interrogavit si habet licteras commissionis sibi facte de officio supradicto. Respondit quod habuit. Interrogatus si habet in presenti, dixit quod sunt cum actis inquisitionis que sunt in Spoleto.
[4] Item interrogavit eundem si habet lacteras absolutionis et revocationis facte de eo de dicto officio. Respondit quod non quia de hoc non fiunt lictere.
[5] Item interrogavit eundem qui fuerunt successores dicti fratris Phylippi in dicto officio. Dixit quod frater Matheus domini Ungari de Perusio et frater Andreas Mariani de Egubio.
[6] Item interrogavit eundem quatenus fuit collega dicti fratris Phylippi tempore quo dictum officium exercuit in officio Inquisitionis predicte. Dixit quod frater Petrus de Burgo, Sancti Sepulcri lector.
[7] Item interrogavit eundem qui fuerunt officiales dicti fratris Phylippi tempore quo dictum officium exercuit. Respondit quod dominus Henricus domini Manentis et dominus Bartholus domini Jacobi et dominus Manens de Spoleto, judices, et Marchisianus Stephani de Spoleto, notarius.
[8] Item interrogavit eundem si habuit alios officiales. Dixit quod sic, sed de eorum nominibus non recordatur ad presens.
[9] Item interrogavit eundem quanto tempore fuit inquisitor et quanto tempore exercuit officium inquisitionis predictum. Respondit quod tribus annis vel circa.
[10] Item interrogavit eundem si ipse est paratus ad presens reddere rationem de preceptis per eum de dicto officio. Respondit quod non ad presens.
Quibus omnibus sic actis idem dominus rector monuit ipsum fratrem Phylippum pro primo, secundo et tertio, perhemptorie monitionis edicto, et sub pena excommunicationis mandavit eidem fratri Phylippo presenti puram et integram rationem et computum predicti officii inquisitionis et omnium preceptorum per eum occasione dicti officii secundum formam licterarum commissionis facte per dictum papam ipsi domino rectori et quod assignet libros suos de preceptis per eum de officio predicto et quod exhibeat licteras commissionis sibi facte de dicto officio, et quod faciat posse suum quod exhibeat tempus et die quo fuit absolutus a dicto officio quod si predictis monitionibus et mandatis non obediverit extunc in ipsum fratrem Phylippum in scriptis excommunicationis sententiam promulgavit.
Die decima mensis martii
Actum Spelli, in domo domini Jacobi de Spello, presentibus dicto domino Johanne, thesaurario, et domino Manente domini Johannis de Spoleto, testibus. Comparuit frater Phylippus predictus coram predicto domino Raynaldo, rectore supradicto, et ad satisfaciendum termino sibi superius assignato exhibuit quoddam privilegium sigillo pendenti in quadam lastarella carte pecudine appenso sigillatum publicatum in anno et sub anno Domini millesimo ccc°xiiii°, indictione xiia, Romana ecclesia vacante pastore, die xa mensis junii, scriptum et publicatum per Latinum Laberii, imperiali auctoritate notarium in quadam petia carte pecudine, et exhibuit et produxit quandam cedulam parvulam et quandam aliam cedulam de preceptis per ipsum fratrem Phylippum de officio inquisitionis, ut dixit, quarum cedularum tenor inferius denotatur et scribitur.
Frater Matheus domini Ungari de Perusio, successor in officio inquisitionis fratris Phylippi de Monte Nigro, fuit institutus inquisitor sub anno Domini m°ccc°xvii°, indictione xv, tempore domini Johannis pape xxii, die xxviii mensis maii.
[parch. 2] Et alterius cedule de receptis per ipsum fratrem Phyllipum de officio Inquisitionis tenor talis est :
« In nomine Domini, amen. Anno Domini millesimo. ccco. xiiiio., a principio officii mei usque ad annum mm. cccm. xviim.
In primis recepi ab heredibus Angeloni de Spoleto, scilicet a domino Paulo Bartholicti et ab Andreicto Bancaronis qui habent filias predicti Angeloni in uxores cv flor. ; causa fuit quia fuit alias condempnationes et obligavit se ad penam omnium bonorum suorum servare et facere penitentiam sibi impositam, et nichil fecit et mortuus est sicut omnia apparent in actis inquisitionis.
Item a Raynaldino Adergonis de Cammozo qui dixit verba heretica sicut apparet ex actis inquisitionis, l flor.
Item ab Albrico Germano capitis ferri de Spoleto pro uxore sua condempnata post mortem sicut apparet ex actis, lx libr. cort.
Item ab Angelono de Nursia quia dixit verba heretica sicut apparet in actis, xxxiiii flor.
Item ab Andreicto de Spoleto qui dixit verba heretica sicut apparet ex actis, xxv flor.
Item a dompno Petro, plebano de Sigillo, quia dixit verba heretica sicut apparet ex actis, x flor.
Item a Lecto de Spoleto pro patre suo, xviii flor.
Item ab Herrigutio Munaldi de Spoleto, quia dixit verba heretica sicut apparet ex actis, xx flor.
Item a domino Johanne de Visso qui non servavit penitentiam sibi impositam, x flor.
Item a Petrutio de Acaiano quia non fecit penitentiam sibi impositam, viii flor.
Item a Carlevare Germano capitis ferri de Spoleto qui fuit alias condempnatus et non dixit veritatem sicud apparet ex actis, x flor.
Item a quodam abbate ecclesie secularis de Monte Regali, qui est oriundus de Cassia, qui dixit verba contra officium inquisitionis ad impedendum predictum officium sicut apparet ex actis, xxv flor.
Item ab abbate Sancti Entitii propter verba que dixit sicut apparet ex actis, xlvi flor.
Item a Merlino de Sansis de Spoleto qui hedificavit supra casalenum Inquisitionis sine licentia, III flor.
Item a Nigro Margacçonis de Egubio sicut apparet ex actis, viii flor.
Item a Thomassicto de Acçano sicut apparet ex actis quia dixit verba heretica, xxv flor.
Item a Massiolo Germano Adavançoli quia dixit verba heretica sicud apparet ex actis, c libr. cort.
Item a Jacobicto Jacovonis de Cerreto sicut apparet ex actis quia dixit verba heretica, xv flor.
Item a fratre Egidio de Perusio, bizocho, quia non fecit penitentiam sibi impositam, ivor flor.
Item a fratre Pace et fratre Salvi, bizochis, quia dixerunt verba heretica, sicut apparet ex actis, viii flor.
Item a quodam de Nursia de quadam villa que est juxta Nursiam, sicut apparet ex actis, xvii flor.
Item a priore Sancti Salvatoris de Fulgineo propter quedam verba que dixit ex quibus fecit contra obligationem factam inquisitori quia alias fuerat condempnatus, x flor.
Item a dompno Piloso de Montefalcone propter quedam verba que dixit et quia non fecerat penitentiam sibi injunctam per inquisitorem, viii flor.
Item a quodam sacerdote de Montefalcone qui dixit verba heretica, sicut apparet ex actis, xii flor.
Item a Phylippina, uxore Nardi Siccapopuli de Spoleto, sicut apparet ex actis, viii flor.
Item a fratre Angelo de Ponte de Loro de Castello, iiii flor.
Item de uno equo quem vendidi, xii flor.
Qui dominus rector mandavit eidem fratri Phylippo presenti et audienti sub pena excommunicationis predicta et prestiti juramenti, et eidem fratri Phylippo terminum assignavit usque ad decem dies proxime venturi ad comparendum personaliter coram eo et ad exhibendum omnes libros et processus originales factos tempore ipsius fratris Phylippi et officii sui, et ad reddendum veram, puram et integram rationem de dicto officio sibi commisso. Et ibidem dictus frater Phylippus dixit et proposuit coram dicto domino rectore quod in quantum precipiebatur sibi sub penis predictis quod ipse die superius adsingnata apportaret vel apportari faceret coram eo omnes libros actorum et processuum habitorum et factorum tempore quo ipse dictum officium inquisitionis exercuit, quod ipse hoc facere non poterat eo et pro eo quia statim deposito per eum officio inquisitionis, ipse libros predictos dimisit in archivio inquisitionis, et dicti libri non sunt penes eum set ipsos habent et habere debent inquisitores qui modo sunt actu protestans quod ab eis requirarint cum de jure ab ipso requiri non debent. Idemque dominus rector attendens quod sine inspectione dictorum librorum profectam rationem dictus frater Phylippus reddere non posse, credens etiam quod licet sint in archivio predicto predicti libri suo tempore facti seu penes inquisitores predictos quod ipse frater Phylippus infra terminum sibi datum potest eos habere modo et forma supradictis, cum frater Guillelmus domini Garofoli de Trevio, olim inquisitor, ad mandatum ipsius domini rectoris aliquos libros factos tempore suo exhibuerit, ut patet in actis scriptis manu mei, notarii, injunxit ipsi fratri Phylippo ut ipse exhibeat omnia et singula predicta. Et si videretur sibi quod ipse non posse ad petitionem suam dictos libros de dicto loco et a dictis inquisitoribus habere obtulit sibi facere vel fieri facere lacteras compulsorias ad habendum dictos libros et sibi tradendum contra inquisitores quos dicit dictos libros habere vel contra quoscumque alios. Et etiam obtulit sibi omnia alia que circa premissa viderentur sibi necessaria et etiam opportuna.
Die. xxi. mensis martii
Actum Spelli, in domo domini Jacobi de Spello, presentibus reverendo viro domino Johanne de Amelio, canonico Licchefeldensi, thesaurario Spoletani ducatus, domino Manente domini Johannis de Spoleto et domino Bernardo, fratre domini rectoris predicti, testibus. Comparuit predictus frater Phylippus coram predicto domino rectore ad satisfaciendum termino sibi superius assignato, et asserens se fuisse impeditum et non potuisse satisfecisse termino supradicto, petiit terminum predictum sibi assignatum prorogari ad diem sabbati proxime venturam. Qui dominus rector ipsi fratri Phylippo prorogavit terminum predictum ad dictam diem sabbati ad comparendum personaliter coram ipso et ad faciendum omnia alia et singula sibi injuncta et mandata superius in alio termino ipsi fratri Phylippo assignato et alia ad procedendum in predictis prout de jure fuerit procedendi.
Die sabbati. xxiiii. predicti mensis martii, in domo predicti domini Jacobi et presentibus dictis domino Johanne, thesaurario, et domino Manente, judice, testibus, frater Phylippus predictus comparuit coram predicto domino Raynaldo, rectore, et ad satisfaciendum termino sibi superius assignato exhibuit et produxit eidem domino rectori quosdam libros processuum factorum per eum tempore quo exercuit officium inquisitionis, et quasdam cedulas expensarum quas asseruit fecisse tempore quo officium inquisitionis exercuit infrascripti tenoris82. Exhibuit etiam duo publica instrumenta scripta manu Marchisiani Stephani de Spoleto, notarii, et exhibuit quandam cedulam infrascripti tenoris. Qui dominus rector eidem fratri Phylippo ad comparendum personaliter coram eo et procedendum in dicto negotio et causa, prout de jure fuerit, ad diem martis proximi venturam terminum perhemptorium assignavit.
Die martis. xxvii. predicti mensis martii, in loco predicto et presentibus dictis testibus, predictus frater Phylippus comparuit coram predicto domino rectore parato in negotio procedere prout de jure esset.
[1] Qui dominus rector interrogavit ipsum fratrem Phylippum per juramentum per eum prestitum si habuit aliquid occasione officii [parch. 4] Inquisitionis a Bucchino Jacobutii de Visso. Qui frater Phylippus respondit quod habuit ivor vel v flor. Dixit etiam quod habuit occasione officii Inquisitionis ab infrascriptis personis ultra illud quod assignaverat in cedula per eum producta infrascriptas quantitates, videlicet a Rubeo de Villa Usite, districtus Vissi, ii flor.
Item a fratre Cagno de Trevio, v vel vi flor.
Item a dompno Placido, ivor flor.
Item a filiis Pellicçonis, ivor flor.
Item a quodam magistro lignorum, i flor.
Item a Brachio de Aretio, x libr. cort.
Item a Bertholdo de Spoleto, iii flor.
Item assignavit iii flor. se percepisse de dicto officio
[2] Idemque dominus rector interrogavit ipsum fratrem Phylippum si habebat aliquos alios libros et processus inquisitionis factos tempore suo ultra libros et processus per eum productos coram ipso domino rectore. Qui frater Phylippus respondit quod ipse aliquos alios libros inquisitionis non habebat, sed quod credebat aliquos alios processus factos tempore suo esse apud inquisitores qui modo sunt, silicet apud fratrem Andream de Fulgineo et fratrem Andream de Eugubio vel ipsorum alterum et spetialiter dixit se credere quia dictus frater Andreas de Eugubio dixerat sibi quod habebat aliquos.
[3] Item interrogavit ipsum fratrem Phylippum si aliquid preceperit in pecunia per se vel alium seu alios occasione processuum factorum per ipsum fratrem Phylippum, examinatis omnibus processibus et nominibus quorundam contra quos processit dictus frater Phylippus tempore suo contentis in libris per ipsum fratrem Phylippum productis. Qui respondit quod ipse non recordabatur quod per se vel alium receperit aliam pecuniam ultra illam quam assignavit tamen si aliquid reperiretur legitime in pecunia eum recepisse paratus est confiteri.
[4] Item interrogavit eum si tertiam partem perceptorum per ipsum occasione dicti officii que secundum formam privilegii apostolici debetur communitatibus ipsam partem solvit communitatibus. Qui respondit quod cum alii predecessores sui inquisitores non dederint aliquid communitatibus de dicta tertia parte quod ipse etiam non dedit aliquid, credens se bene facere, sequens vestigia predecessorum suorum, et maxime etiam non dedit nec solvit aliquid quia communitates non faciebant ea que debent facere officio Inquisitionis, secundum formam privilegiorum inquisitionis.
[5] Item interrogavit eum si tertiam aliam partem que secundum formam privilegii apostolici debet dari officialibus inquisitionis, ipse dedit dictis officialibus. Qui respondit quod illis officialibus de quibus loquitur privilegium non dedit dictam tertiam pro eo quod facti non fuerunt officiales aliqui cum non fuerit necesse secutus formam predecessorum suorum, de quibus dixit se recordari ipsos non dedisse aliquid de dicta tertia.
[6] Item interrogavit eum si aliam tertiam partem que secundum formam licterarum apostolicarum debet servari et poni in tuto loco, fuit reposita in tuto loco et securo secundum formam et tenorem dictarum licterarum, respondit quod sic, videlicet apud Pecorum Recuneri, Vardum Laroni et Marinectum Francie de Spoleto, mercatores.
[7] Item interrogavit eum si dictam tertiam partem expendit. Qui respondit quod sic pro officio Inquisitionis et utilitatibus.
[8] Item interrogavit eum si predictam tertiam partem expendit cum consilio diocesanus vel eis requisitis. Qui respondit quod credens non esse necessarium diocesanorum consilium et requisitionem ipsos diocesanos non requisivit nec eorum consilium in dictis expensis, dicens se sequi vestigia predecessorum suorum et hoc non fecisse ex malitia nec contemptu, sed potius expuritate, credens, ut dixit, se hoc posse facere, scilicet pluries a pluribus audivit et dixit.
Quibus sic factis, idem dominus rector ipsi fratri Phylippo ad comparendum personaliter coram ipso domino rectore ad audiendum voluntatem et ordinationem suam in negotio supradicto et alias ad comparendum et procedendum, prout de jure fuerit ad diem crastinum terminum perhemptorium assignavit.
Die xxviii mensis martii, in domo domini Jacobi, presentibus predicto domino Manente et domino Francisco Oddutii de Perusio, testibus, predictus frater Phylippus comparuit coram predicto domino rectore. Qui dominus rector terminum eidem fratri Phylippo ad hodie assignatum prorogavit et continuavit ad id ad quod erat hodie, ad diem lune post octavas pascatis resurrectionis Domini proxime venturam.
Die xvi mensis aprilis frater Phylippus predictus comparuit coram predicto domino rectore. Qui dominus rector prorogavit et continuavit terminum predicto fratri Phylippo ad hodie assignatum ad diem lune proxime venturam mandans sibi ut dicta die personaliter compareat coram eo.
Die xxiii mensis aprilis dictus dominus rector prorogavit terminum fratri Phylippo predicto, presenti et petenti ad diem crastinam ad id ad quod erat hodie.
Die xxiiii predicti mensis aprilis, in domo predicti domini Jacobi, presentibus domino Bernardo de Sancta Arthemia, fratre domini rectoris, domino Manente de Spoleto, judice curie ducatus, et fratre Andrea Odutii de Perusio, testibus, predictus frater Phylippus de Monte Nigro ad satisfaciendum termino sibi superius assignato comparuit coram predicto domino Raynaldo, rectore, pro tribunali sedente. Qui dominus rector pro tribunali sedens infrascriptam sententiam pronuntiationem et mandatum presente ipso fratre Phylippo tulit et fecit in scriptis in hac forma :
« In nomine Domini, amen. Cum coustet nobis Raynaldo de Sancta Arthemia, thesaurario Noviomensi ducatus Spoletani rectori, et in hac parte commissario a Sede apostolica deputato per confessionem fratris Phylippi de Monte Nigro, olim inquisitoris heretice pravitatis in provincia Spoletana, factam legitime et per acta habita coram nobis quod dictus frater Phylippus recepit quingentos xxiii florenos auri et clxx libr. den. cort. de officio inquisitionis predicte tempore quo ipse officium exercuit et occasione ipsius et de ipsis quantitatibus tertia pars Romane ecclesie debeatur, ut constat nobis ex tenore privilegii apostolici, nisi apparent dictam tertiam partem vel aliquid ex ea expenditum fuisse cum consilio diocesanorum, et dictus frater Phylippus legitime interrogatus per nos si illam tertiam partem vel aliquam partem extra expenderat cum consilio vel requisitione eorundem diocesanorum vel aliquo eorum : qui frater Phylippus dixit et confessus fuit coram nobis quod ipse de expendenda dicta tertia parte vel aliqua portione ejusdem nunquam requisivit predictorum diocesanorum consilium nec etiam cum consilio eorundem aliquas expensas fecit tertie partis predicte. Nos igitur attendentes quod predictarum quantitatum tertia pars ecclesie Romane debetur ex integro, ideo ipsum fratrem Phylippum in nostra presentia constitutum auctoritate qua fungimur pro primo, secundo et tertio et perhemptorio monitionis edicto requirimus et monemus sibique districte mandamus quatinus usque ad trium menses proxime venturos tertiam partem dictarum quantitatum superius designatarum sine diminutione aliqua venerabili viro domino Johanni de Amelio, canonico Lichefeldensi, in dicto ducatu per sanctam Romanam ecclesiam thesaurario generali, et ad predictam pecuniam recipiendam specialiter deputato solvat et restituat et assignet integre et cum effectu. Mandamus etiam idem fratri Phylippo et terminum perhemptorium assignamus ut infra predictum tempus unius mensis compareat personaliter coram nobis et exibeat omnes libros, scripturas et processus originales factos tempore ipsius fratris Phylippi et reddat veram, puram et integram rationem de dicto officio sibi commisso. Alioquin in ipsum exnunc, prout extunc, in hiis scriptis excommunicationis sententiam promulgamus, intimantes ei quod nisi premissa juxta modum premissum compleverit, et si aliquid aliud receperit ultra quantitates predictas nisi tertiam partem ex integro infra predictum terminum dicto thesaurario assignaverit, nos contra eum ad alia procedemus secundum tenorem et formam licterarum apostolicarum nobis directarum ; per hujusmodi autem nostrum processum monitionem, mandatum atque sententiam juri quod Romanam ecclesia habet et habere potest in aliis duabus partibus pecuniarum confessatarum per ipsum fratrem Phylippum non intendimus prejudicare nec derogare in aliquo immo auctoritate commissionis nobis facte reservamus nobis potestatem in predictis duabus partibus et de ipsis procedendi contra predictum fratrem Phylippum, prout et secundum quod nobis de jure videbitur faciendum.
[Seing manuel] Et ego Bartholus magistri Petri de civitate Fulginei, imperiali auctoritate notarius et judex ordinarius, prout vidi, inveni et legi in horiginali processu predicti ser Ofredutii, notarii, michi per eum traditor assignato ita hic fideliter nil addito vel mutato propter quod sensus seu forma mutetur transcripsi et exemplavi et in publicam formam redegi de licentia, mandato et auctoritate reverendi viri domini Raynaldi de Sancta Arthemia, thesaurarii Noviomen., dicti ducatus in spiritualibus et temporalibus generalis rectoris, qui suam auctoritatem interposuit et decertum, sub annis Domini millesimo trecentesimo decimonono, tempore domini Johannis pape xxiidi, die xviiii mensis maii, Spelli, in domo domini Jacobi Andree, militis de Spello, presentibus domino Bernardo de Sancta Arthemia, archipresbitero de Velhinis Petragonensis diocesis, et Bernardo Molinerii, clerico Lemonicensis diocesis, testibus.
Annexe III
Une inquisitio contre les inquisiteurs de la Marche d’Ancône à l’hiver 1346/1347
Acte d’accusation du 2 décembre 1346 (Collectoriae 384, fol. 3 r°-v°)
Hec est inquisitio quam facit et facere intendit venerabilis vir dominus Guido de Riparia, archipresbiter Vercellensis, auditor super spiritualibus in Anconitana Marchia per sanctam Romanam ecclesiam generalis ac commissarius deputatus ad infrascripta per reverendissimum in Christo patrem et dominum dominum Bertrandum, miseratione divina tituli sancti Marchi presbiterum cardinalem, apostolice Sedis legatum ac in terris et provinciis Romane ecclesie in Italia consistentibus reformatorem et vicarium generalem, ex vigore commissionis sibi facte predicte, necnon ad denuntiationem, promotionem et reclamationem sapientis viri domini Detalleve de Ripatransonis, advocati et procuratoris fissci et camere Romane ecclesie in Marchia Anconitana, contra et adversus honestos et religiosos viros dominos fratrem Petrum de Penna Sancti Johannis et fratrem Johannem de Spello, ordinis fratrum minorum sancti Francisci, inquisitores heretice pravitatis in dicta provintia Marchie qui pro tempore fuerunt et sunt, et ipsorum quemlibet in eo, de eo et super eo quod fama publica immo potius infamia precedente et clamosa insinuatione referente, non a malivolis et suspectis, set personis fidedignis, non semel sed pluries ad notitiam dicti domini cardinalis legati et ipsius domini Guidonis, commissarii, pervenit auditu quod predicti frater Petrus et frater Johannes inquisitores habenas ineffrenate cupiditatis et voraginis relapsantes in victuperum eorum officii et scandalum plurimorum fecerunt, commisserunt et perpetrarunt in ipsorum officiis omnia et singula excessus et crimina infrascripta.
In primis quod predicti frater Petrus et frater Johannes, inquisitores, habenas ineffrenate cupiditatis et voraginis relapsantes, ad extorsiones illicitas se extenderunt et extendunt non heretice pravitatis officium exercentes sed in cecitatem avaritie miserabiliter sunt prolapsi.
Item super eo et ex eo quod ipsi et eorum quilibet, animo et intentione extorquendi pecunias, formaverunt et fecerunt plures et diversos processus et inquisitiones per indirectum et obliquum contra nonnullas personas ac communitates civitatum, terrarum et locorum provintie Marchie Anconitane ; maxime dictus frater Petrus inquisitor contra dominam Ceccham Monaldi olim de Gualdo et contra ipsum Monaldum et contra Manfredinum Boninsegne de Macerata ; et dictus frater Johannes commune terre Montis Sancte Marie in Cassiano, Auximane dyocesis, et clericos dicte terre. Et etiam ipsi et eorum quilibet contra nonnullos alios homines, personas et communitates terrarum et locorum provintie supradicte.
Item super eo et ex eo quod dominus frater Petrus, inquisitor, vigore processuum habuit, accepit et extorsit a predictis Cecca et Monaldo xiii florenos auri, et a predicto Manfredino xlii florenos auri et ultra, et a Francischino Jacobi de Ripatransonis xxi florenos auri, solutos occasione processus per ipsum inquisitorem formati per indirectum contra commune Ripatransonis.
Item super eo et ex eo quod ipse frater Johannes de Spello, inquisitor, habuit, accepit et extorsit a predicto comuni Montis Sancte Marie in Cassiano xviii florenos auri, et a predictis clericis dicte terre x florenos auri et ultra, vigore predictorum processuum formatorum contra ipsos per ipsum fratrem Johannem, inquisitorem.
Item super eo et ex eo quod predicti frater Petrus et frater Johannes et quilibet ipsorum acceperunt et extorserunt a pluribus et diversis ac multis hominibus et personis clericis et laycis necnon comunitatibus civitatum, terrarum et locorum dicte provintie Marchie multas et diversas pecuniarum summas vigore processuum formatorum per ipsos per indirectum contra predictos homines, personas et comunitates.
Et predicta omnia et singula fuerunt et sunt nota, notoria et manifesta in dicta provintia, adeo quod nulla possunt tergiversatione celari. Et ea omnia et singula fuerunt commissa et perpetrata per eos de anno Domini millesimo cccxliii et millesimo cccxliiii et millesimo cccxlv proxime preteritis et de presenti anno, et singulis mensibus ipsorum annorum in civitate Macerate, in terra Auximi et aliis civitatibus, terris et locis provintie memorate. Super quibus idem dominus advocatus et procurator fissci petiit per dictum dominum Guidonem procedi contra predictos inquisitores et eos puniri et condempnari secundum ius et commissionem sibi factam, et omni modo et iure quibus melius poterit. Et iuravit ad sancta Dei Evangelia corporaliter tactis scripturis, coram dicto domino Guidone sedente pro tribunali ad solitum banchum iuris in domo audientie curie generalis in Macerata, predicta vera esse et se credere posse probare, et animo calumpnie non denumptiare.
Super quibus omnibus et singulis et dependentibus et emergentibus ab eisdem ac connexis et prorsus extraneis, dictus dominus Guido, commissarius, inquirit et inquirere intendit contra predictos inquisitores et quemlibet eorundem, et ipsos repertos culpabiles punire et condempnare secundum ius et formam commissionis sibi facte et omni modo et iure quibus melius poterit.
Notes de bas de page
1 Thomas Y., « “Arracher la vérité.” La Majesté et l’inquisition (ier-ive siècles apr. J.-C.) », Jacob R. (dir.), Le juge et le jugement dans les traditions juridiques européennes, Paris, LGDJ, 1996, p. 15-41. Il y décrit les crimes de lèse-majesté et d’hérésie comme des « crimes-pilotes » (p. 15), dans la mesure où leur poursuite va précisément contaminer d’autres domaines.
2 Biscaro G., « Inquisitori ed eretici lombardi (1292-1318), Miscellanea di storia italiana. s. III, n° 19, 1922, p. 447-557 ; id., « Inquisitori ed eretici a Firenze (1319-1334) », Studi Medievali, n. s., n° 2, 1929, p. 347-375 ; n° 3, 1930, p. 266-287 ; n° 6, 1933, p. 161-207 ; id., « Eretici ed inquisitori nella Marca trevisana (1280-1308) », Archivio Veneto, s. v, n° 11, 1932, p. 148-180. Mariano d’Alatri a écrit de nombreux articles autour de l’Inquisition, qui sont réunis en deux volumes : d’Alatri M., Eretici e Inquisitori, vol. I : Il duecento, Rome, Istituto storico dei Cappuccini, 1986, et vol. II : Il tre e il quattrocento, 2009. Cf. aussi Del Col A., L’inquisizione in Italia dal XII al XXI secolo, Milan, Oscar Mondadori, 2009, p. 139 et suiv., qui résume les principaux éléments de ces travaux antérieurs.
3 Paolini L., « Le finanze dell’inquisizione in Italia (XIII-XIV sec.) », Gli spazi economici della Chiesa nell’Occidente mediterraneo (secoli XII-metà XIV), Pistoia, Centro italiano studi di storia e d’arte, 1999, p. 441-481 ; Benedetti M., Inquisitori lombardi del duecento, Rome, Edizioni di Storia e Letteratura, 2008, en particulier les chapitres iv, « Fonti contabili per la storia dell’inquisizione », p. 99-152, et v, « Le finanze dell’officium fidei », p. 153-178.
4 Albaret L. et Lanoix-Christen I., « Le prix de l’hérésie. Essai de synthèse sur le financement de l’Inquisition dans le midi de la France (xiiie-xive siècle) », Heresis, n° 40, 2004, p. 41-67.
5 Lorenzo Paolini parle en effet « d’inquisizionopoli », faisant allusion à l’opération « mains propres » (mani pulite), également appelée « tangentopoli », qui vit une série d’enquêtes être ouvertes au début des années 1990 par le parquet de Milan contre des personnalités politiques ou du monde économique : Paolini L., « Le finanze dell’ inquisizione », op. cit., p. 465.
6 Théry-Astruc J., « “Excès”, “affaires d’enquête” et gouvernement de l’Église (v. 1150-v. 1350). Les procédures de la papauté contre les prélats “criminels” : première approche », dans Gilli P. (dir.), Pathologie du pouvoir : vices, crimes et délits des gouvernants (Antiquité, Moyen Âge, Époque moderne), Brill, 2016, p. 164-236.
7 Biscaro G., « Inquisitori ed eretici lombardi », op. cit., p. 447-557.
8 Benedetti M., Inquisitori lombardi, op. cit., en particulier, p. 99-223.
9 Ibid., p. 153.
10 Davidsohn R., « Un libro di entrate e spese dell’inquisitore fiorentino (1322-1329) », Archivio Storico Italiano. Ser. V, n° 27, 1901, p. 346-355.
11 Biscaro G., « Inquisitori ed eretici a Firenze (1319-1334) », Studi medievali, n° 2, 1929, p. 347-375 ; n° 3, 1930, p. 265-287 ; n° 6, 1933, p. 161-207. Sur la démarche de Biscaro, cf. aussi ce qu’en dit Benedetti M., Inquisitori lombardi, op. cit., p. 101-103. Ces manuscrits sont également rapidement évoqués par Otto H., « Benedikt XII als Reformator des Kirchenstates », Römische Quartelschrift, n° 36, 1928, p. 77-79, et Bock F., « Studien zum politischen inquisitionsprozess Johannes XXII », Quellen und Forschungen aus Italienischen Archiven und Bibliotheken, n° 26, 1935-1936, p. 61-65.
12 Innocent IV, lettre du 14 mai 1249 : « Cum a quibusdam intellexerimus fide dignis quod vos, occasione inquisitionis vobis commisse contra hereticam pravitatem, superflos scriptores aliosque familiares habetis pro vestre libito voluntatis et graves exactiones fiunt a conversis ab eadem ad fidem et converti volentibus pravitate in infamiam apostolice Sedis et scandalum plurimorum, presentium vobis auctoritate precipiendo mandamus, quatinus scriptorum et aliorum familiarum multitudinem onerosam ad necessarium numerum protinus reducentes a gravibus exactionibus per quas infamia potest et scandalum generari vos et familiam vestram taliter compescatis quod honestati vestre titulus conservetur illesus et nos discretioni vestre prudentiam merito commendare possimus… » La lettre est éditée dans Dossat Y., Les crises de l’Inquisition toulousaine au xiiie siècle (1233-1273), Bordeaux, Imprimerie Bière, 1959, p. 335-336.
13 Lea H.-Ch., Histoire de l’Inquisition au Moyen Âge, t. I et II, Grenoble, Jérôme Millon, 1997, p. 297.
14 Ibid., p. 439.
15 Paolini L., « Le finanze dell’inquisizione », op. cit., p. 443.
16 Pour une généaologie de cette législation, ibid., p. 443 et suiv.
17 Paolini L., « Le finanze dell’inquisizione », op. cit., p. 450.
18 Traduction tirée de Gilli P. et Théry J., Le gouvernement pontifical et l’Italie des villes au temps de la théocratie (fin xiie-mi-xive siècles), Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée, 2010, p. 585.
19 Paolini L. et Vauchez A., « In merito a una fonte sugli excessus dell’inquisizione medievale », Rivista di storia e letteratura religiosa, n° 39/3, 2003, p. 561-578 p. 573.
20 ASV, Cam. Ap., Coll. 133, fol. 1 r° : « Condempnationes vero et exactiones pecuniarum vel aliorum bonorum facte per inquisitores heretice pravitatis tarvisinos, temporibus retroactis, ratione officii inquisitionis, sequuntur per hunc modum. Sciendum tamen est quod in Marchia Tervisina de condempnationibus fiunt tres partes secundum constitutiones papales, quarum una applicatur communi civitatis vel castri ubi fit officium ; secunda officialibus officii laborantibus ; tertia officio », extrait édité dans d’Alatri M., « Inquisitori veneti del duecento », op. cit., p. 178.
21 Del Col A., Storia dell’inquisizione, op. cit., p. 146.
22 Paolini L., « Le finanze dell’inquisizione », art. cit., p. 476.
23 Sur le chapitre de Lyon, cf. d’Alatri M., « I Francescani e l’eresia », id., Eretici e Inquisitori, op. cit., vol. I, p. 107-109, et notamment p. 108, n. 77 pour l’extrait des actes du chapitre. Ces faits sont également rappelés par Paolini L., « Le finanze dell’inquisizione », op. cit., p. 475-476.
24 Benedetti M., Inquisitori lombardi, op. cit., p. 159.
25 Pour la citation, ibid.
26 Paolini L., « Le finanze dell’inquisizione », op. cit., p. 477.
27 Les travaux se sont multipliés, ces dernières années, sur cette pratique protéiforme de l’enquête : cf. par exemple les contributions dans Gauvard C. (dir.), L’enquête au Moyen Âge, Rome, École française de Rome, « Collection de l’École française de Rome, 399 », 2008 ; Pécout T. (dir.), Quand gouverner c’est enquêter. Les pratiques politiques de l’enquête princière (Occident, xiiie-xive siècles), Paris, De Boccard, 2010 ; Verdon L. et Mailloux A. (dir.), L’enquête en questions. De la réalité à la « vérité » dans les modes de gouvernement (Moyen Âge-Temps modernes), Paris, CNRS Éditions, 2014.
28 Je me permets de renvoyer à Parent S., Dans les abysses de l’infidélité. Les procès contre les ennemis de l’Église en Italie au temps de Jean XXII (1316-1334), Rome, École française de Rome, « Collection de l’École française de Rome, 361 », 2014.
29 Mollat M. et Vidal J.-M., Benoît XII (1334-1342). Lettres closes et patentes intéressant les pays autres que la France, Paris, De Boccard, 1950, lettres n° 561-566 ; Theiner A. (éd.), Codex diplomaticus, Rome, 1871-1862, tome 2, doc. 12 : « quem ad eundem ducatum et alias certas terras et provincias ecclesie Romane immediate subiectas pro reformatione status earum pacifici, ac officialium et aliorum corrigendis excessibus destinandum providimus, cum ad ducatum ipsum venerit, ut facilius et celerius possit ad correctionem predictam, prout rationis suaserit equitas, procedere, studeas fideliter assignare ». Sur la mission de Bertrand de Déaux, cf. aussi Jamme A., « Entre révélation des réalités et propagande politique, l’enquête et ses desseins dans l’État pontifical aux xiiie et xive siècles », Pécout T. (dir.), Quand gouverner c’est enquêter, op. cit., p. 273-274.
30 Del Col A., Storia dell’inquisizione, op. cit., p. 141 ; Paolini L. et Vauchez A., « In merito a una fonte », op. cit., p. 573.
31 Il subsiste quelques folios de cette affaire : ASV, Cam. Ap., Collectoriae 159A, fol. 9 r°-13 v°. L’affaire est étudiée dans : Biscaro G., Eretici ed inquisitori nella Marca Trevisana (1280-1308), Archivio Veneto, n° 11, 1932, p. 148-180 et D’Alatri M., « Due inchieste papali sugli inquisitori veneti (1302 et 1308) », id., Eretici e Inquisitori, op. cit., vol. I, p. 223-242, et pour une mise en perspective sur le fonctionnement de l’inquisition en Vénétie, id., « Inquisitori veneti del duecento », ibid., p. 139-217.
32 D’Alatri M., « Due inchieste papali », op. cit., p. 224.
33 D’Alatri M., « Inquisitori veneti del duecento », op. cit., p. 159.
34 Paolini L., « Le finanze dell’inquisizione », op. cit., p. 477-478.
35 Ce document très riche a été édité sous la direction de Bonato E. (éd.), Il « Liber contractuum » dei Frati Minori di Padova e di Vicenza (1263-1302), Rome, Viella, 2002. Cf. aussi la réflexion autour de cet ouvrage par Paolini L. et Vauchez A., « In merito a una fonte », op. cit.
36 ASV, Cam. Ap., Collectoriae 159A, fol. 14 r°-v°.
37 D’Alatri Mariano, « Due inchieste papali », op. cit., p. 227-228.
38 Document édité par Delorme F. M., « Un homonyme de saint Antoine de Padoue, inquisiteur dans la Marche de Trévise vers 1300 », Archivum Franciscanum Historicum, n° 8, 1915, p. 315. L’affaire est évoquée aussi par Paolini L., L’eresia a Bologna fra XIII e XIV secolo, I, L’eresia catara alla fine del duecento, Rome, Istituto storico del medioevo italiano, 1975, p. 31-33.
39 Sur son rôle dans le procès pour hérésie conduit contre les Este à Ferrare dans les années 1320, cf. Parent S., Dans les abysses de l’infidélité, op. cit., p. 231-232.
40 Paolini Lorenzo, « Le finanze dell’inquisizione », op. cit., p. 478-479.
41 Ibid.
42 Ibid. Cf. aussi Callaey F., « Un épisode de l’Inquisition franciscaine en Toscane. Procès intenté à l’inquisiteur Minus de San Quirico », Mélanges offerts à Charles Moeler, Louvain, 1914, I, p. 527-547.
43 D’Alatri M., « Un processo dell’inverno 1346-1347 contro gli inquisitori delle Marche », id., Eretici e Inquisitori, op. cit., vol. II, p. 77-107. L’affaire est résumée dans Paolini L., « Le finanze dell’inquisizione », op. cit., p. 481.
44 ASV, Cam. Ap., coll. 384, fol. 1 r°-12 v° : édition partielle dans d’Alatri M., Eretici e inquisitori, II, « Un processo dell’inverno », op. cit., p. 93-106.
45 Ibid., fol. 1 r° (D’Alatri M., « Un processo dell’inverno », op. cit., p. 93).
46 Sur les pratiques comptables pontificales, cf. par exemple Piola Caselli F., « L’espansione delle fonti finanziarie della chiesa nel xiv secolo », Archivio della Società Romana di Storia Patria, n° 110, 1987, p. 63-97 ; Weiss S., Die Versorgung des päpstlichen Hofes in Avignon mit Lebensmitteln (1316-1378). Studien zur Sozialund Wirtschaftgeschichte eines mittelalterlichen Hofes, Berlin, 2002 ; id., Rechnungswesen und Buchhaltung des Avignoneser Papsttum (1316-1378) : eine Quellenkunde, Hanovre, 2003. Un dossier consacré aux comptabilités pontificales paru en 2006 dans les MEFRM permet de faire le point : cf. notamment les contributions d’Anheim É. et Theis V., « La comptabilité des dépenses de la papauté au xive siècle. Structure documentaire et usage de l’écrit », Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge-Temps modernes, n° 118/2, 2006, p. 165-168 ; Anheim É., « La normalisation des procédures d’enregistrement comptables sous Jean XXII et Benoît XII (1316-1342). Une approche philologique », ibid., p. 183-201 ; Jamme A., « Du journal de caisse au monument comptable. Les fonctions changeantes de l’enregistrement dans le Patrimoine de Saint-Pierre (fin xiiie-xve siècle) », ibid., p. 247-268. Cf. également Jamme A., « De la Banque à la Chambre ? Naissance et mutations d’une culture comptable dans les provinces papales entre le xiiie et xve siècle », Jamme A. et Poncet O. (dir.), Offices, écrit et papauté (xiiie-xviie siècle), Rome, École française de Rome, « Collection de l’École française de Rome, 386 », 2007, p. 97-251. Cf. aussi Jamme A. (dir.), Le souverain, l’office et le codex. Gouvernement de la cour et techniques documentaires à travers les libri officiariorum des papes d’Avignon (xive-xve siècle), Rome, École française de Rome, 2014.
47 La transcription complète de ces comptes est proposée en annexe.
48 La traduction est tirée de Alberigo G. (dir.), Les conciles œucuméniques, vol. 2 : Les Décrets, Paris, Éditions du Cerf, 1994, p. 384-385 : « Sane, si quis in illum errorem inciderit, ut pertinaciter affirmare praesumat, exercere usuras non esse peccatum : decernimus, eum velut haereticum puniendum, locorum nihilominus ordinariis et haereticae pravitatis inquisitoribus districtius iniungentes, ut contra eos, quos de errore huiusmodi diffamatos invenerint aut suspectos, tanquam contra diffamatos vel suspectos de haeresi procedere non omittant. » Le canon est incorporé au Corpus Iuris Canonici : Clément V, Ex gravi (1311), Clem. 5, 5, 1, Friedberg E. (éd.), Corpus Iuris Canonici, t. 2 : Decretalium collectiones, Leipzig, Tauchnitz, 1881 (réimpr. Graz, Akademische Druck, 1955), col. 1184. Sur la décrétale Ex gravi, cf. par exemple Oberste J., « L’usurier, un hérétique ? La décrétale Ex gravi (1311/12) et les mutations de la société citadine aux xiie et xiiie siècles », Texier P. (dir.), Pouvoir, Justice et Société. Actes des XIXe Journées d’histoire du droit, Limoges, Pulim, 2000, p. 399-447. La bibliographie sur les rapports entre usure et hérésie est évidemment très fournie ; au sein de ce volume, je renvoie à la contribution de Clément Lenoble qui fait le point sur ce sujet : « L’économie des hérétiques. Note sur le rapprochement entre usure et hérésie » ; je le remercie par ailleurs pour ses conseils au moment où je rédigeais ces lignes.
49 ASV, Cam. Ap., Instr. Misc. 648. Une édition fiable en a été proposée par Fumi L., « I registri del Ducato di Spoleto (Archivio Segreto Vaticano – Camera Apostolica) », Bollettino della Deputazione di Storia Patria per l’Umbria, n° 7, 1901, p. 81-92. Cf. annexe II.
50 Son parcours est résumé par Jamme A., « De la Banque à la Chambre ? Naissance et mutations d’une culture comptable dans les provinces papales entre xiiie et xve siècles », Jamme A. et Poncet O. (dir.), Offices, écrit et papauté, op. cit., p. 192.
51 ASV, Cam. Ap., Instr. Misc. 648 : « magnas pecuniarum summas de quibus non reddiderunt ecclesie Romane camere rationem recepisse noscantur ».
52 Ibid. : « de ipsis exactam exigas rationem et computum ab eisdem ».
53 Son parcours est résumé par Jamme A., « De la Banque à la Chambre ? », op. cit., p. 192-193.
54 Je renvoie à l’édition du document en annexe II.
55 ASV, Cam. Ap., Instr. Misc. 648, « ad exhibendum omnes libros et processus originales factos tempore ipsius fratris Phylippi et officii sui ».
56 Cf. les remarques de Paolini L., « Le finanze dell’inquisizione », op. cit., p. 470-471.
57 Chiappini A., « Fra Pietro dell’Aquila “Scotello”, O. Min., celebre scolastico del Trecento († 1361) », Miscellanea Francescana, n° 61, 1961, p. 282-310.
58 Il évoque rapidement l’inquisiteur dans le cadre d’un article plus large sur Florence : Panella A., « Politica ecclesiastica del comune fiorentino dopo la caciata del duca d’Atene », Archivio storico italiano, n° 71/1, 1913, p. 271-370.
59 D’Alatri M., « L’inquisizione a Firenze negli anni 1344/1346 da un’istruttoria contro Pietro da l’Aquila », dans Miscellanea Melchor de Pobladura, I, Rome, 1964, p. 225-249 [réédité dans Id., Eretici e Inquisitori, op. cit., vol. II, p. 41-68]. Cf. également la notice de Bruschi C., « Pietro dall’Aquila » [http://www.treccani.it/ enciclopedia/pietro-dell-aquila_ (Dizionario-Biografico)/].
60 D’Alatri M., « L’inquisizione a Firenze », op. cit., p. 68.
61 Ibid., p. 41.
62 Cf. sur ce point De Vincentiis A., « Politica, memoria e oblio a Firenze nel XIV secolo. La tradizione documentaria della signoria del duca d’Atene », Archivio storico italiano, n° 161, 2003, p. 209-248.
63 Les éléments de contexte sont tirés de Chiappini A., « Fra Pietro dell’Aquila », op. cit.
64 Panella A., « Politica ecclesiastica del comune fiorentino », op. cit., p. 306.
65 ASV, Cam. Ap., Coll. 421A. Je compte éditer ce dossier de 45 folios à partir duquel Mariano d’Alatri avait travaillé, mais dont il ne donne que quelques extraits dans « L’inquisizione a Firenze », op. cit.
66 Florence, Archivio di Stato, Capitoli XXXVIII, fol. 1-41.
67 Boccace, Décaméron, I, 6, Paris, Le Livre de Poche, 1994, p. 86-87.
68 ASV, Cam. Ap., Coll. 421A, fol. 7 r°-v° : « cameram multipliciter defraudavit et in officio suo deliquit, procedendo contra insontes et obmictendo procedere contra culpabiles, obtentu odii amoris gratie lucri commodi temporalis, contra justitiam et conscientiam suam tanquam homo iniquus et pessimus. Interrogatus quomodo scit predicta, respondit quia ipse testis ea omnia et etiam peiora dici audivit publice communiter et notorie in civitatis Florentie per plateas et vicos ab omnibus qui de factis dicti inquisitoris loquuntur, qui omnes contra eum et de predictis una voce clamant et gridant, et non est qui dicat contrarium, sed omnes tenent et reputant dictum inquisitorem esse et fuisse in dicto suo officio hominem desperatum ».
69 Ibid., 29 v°-30 r°.
70 Ibid., fol. 27 v°. : « videlicet quod dictus inquistor extorsit, recepit et habuit a Lapo condam Cennis de Careggio flor. auri quinquaginta impingendo eidem Lapo quod ipse Lapus debuerat verberasse ymaginem beate Marie virginis et fecisse malias ut dici audivit ».
71 Ibid., fol. 26 r°-v° : « dixit quod dictus inquisitor pretextu sui officii indebite et contra omnem justitiam detinuit Bartolum Conosci in carceribus dicti officii pluribus diebus ad panem et aquam quia impinserat sibi quod fecerat usuras et demum condempnavit ipsum Bartholum in flor. auri centum ad quam condempnationem et processum fidevisset prodicto Bartholo Niccolaus Belli de Mancinis ».
72 Ibid., fol. 34 r° : « Et dixit interrogatus quod dictus inquisitor processit ex suo officio contra ser Lapum Griffolini, notarium de Linari, impingendo eidem falso et contra omnem justitiam et veritatem quod dictus ser Lapus debuerat dixisse quod mutuare pecuniam ad usuras ad duos den. pro libra non erat peccatum, et quod dicta occasione dictus inquisitor condempnavit dictum ser Lapum in flor. auri 40. »
73 Ibid., fol. 25 r° : « Et dixit etiam interrogatus quod cum ipse testis exerceret in dicta civitate Florentie artem cimandi pannos laneos et vellet ipse inquisitor sociare cum predicto Filippo ad dictam artem quedam nomine Bartholomeum filium Mazzei Chiarissinii de Florentia amicum ipsius inquisitoris et ipse Filippus nollet et pluries negasset ; prefatus inquisitor pretextu dicti sui officii processit contra ipsum Filippum impingendo eidem falso et contra omnem veritatem et justitiam labem heretice pravitatis, videlicet quod idem Filippus debuerat dixisse quod Deus non posset facere quod ipse Filippus non rehaberet quendam scampolum panni lani quem ipse Filippus perdiderat ; que verba dixit quod nunquam dixerat et quod dictum processum dictus inquisitor fecit contra ipsum Filippum ad hoc ut metu ipsius processus ipse Filippus eligeret sibi […] ad dictam artem Bartholomeum predictum. Et dixit interrogatus quod dictus inquisitor pretextu dicti sui officii et vigore dicti falsi et injusti processus prefatum Filippum carcerari fecit in eius carceribus et ibidem captum detineri per undecim dies et undecim sive decem noctes ad panem et ad aquam quasi per totum dictum tempus et quod postea condempnavit dictum Filippum in flor. auri viginti de quibus viginti flor. auri solvit pro eo dicto inquisitori Johannes Puccii pater dicti testi in loco fratrum minorum de Florentia. »
74 Ibid., fol. 39 r° : « dixit quod dictus inquisitor contra omnem justitiam et contra omnem veritatem pretextu sui officii condempnavit ipsum magistrum Consiglum in anno Domini millesimo trecentesimo quadraginto quarto de mense aprilis in flor. auri viginti, impingendo eidem falso quod dictus magister Consiglus emerat quendam librum de arte medicine in quo scriptum erat aliquid de nigromantia ».
75 Boureau A., Le pape et les sorciers. Une consultation de Jean XXII sur la magie en 1320, Rome, École française de Rome, 2004 ; id., Satan hérétique. Histoire de la démonologie (1280-1330), Paris, Odile Jacob, 2004.
76 Précédé de floren barré.
77 Lecture incertaine.
78 Dans la marge droite : computat. fl. s. XXXVII bon.
79 Lecture incertaine.
80 Lecture incertaine.
81 Les feuilles de parchemin ne semblent pas avoir été cousues dans le bon ordre. Je rétablis pour l’édition l’ordre logique.
82 Infrascripti tenoris renvoyé dans la marge, en bas du parchemin.
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