Introduction
p. 9-18
Texte intégral
1Dans l’hiver rigoureux de 1589, des centaines, des milliers d’enfants sillonnent les rues de Paris en procession, pieds nus, souvent de nuit, souvent vêtus de blanc. Depuis les « meschantes nouvelles » de l’assassinat du cardinal et du duc de Guise, héros des catholiques zélés, sur ordre d’Henri III, les 23 et 24 décembre précédents, de grands mouvements de pénitence collective se sont déclenchés, plus ou moins spontanément, dans lesquels les enfants tiennent un très grand rôle, afin d’« appaiser l’yre de Dieu1 ». La mise en scène spectaculaire du zèle des enfants impressionne même les adversaires des ligueurs. Le très peu exalté Pierre de L’Estoile, catholique modéré, toujours prompt à railler les excès de la Ligue, trouve à son goût les « belles et devotes processions » qui se font en lieu et place des habituelles réjouissances du mardi gras et en relève surtout « une d’environ 600 escoliers […] desquels la pluspart n’avoient attaint l’aage de dix à douze ans au plus2 ».
2Durant les guerres de Religion, l’enfance est, de multiples manières, mise à contribution, pour mettre en scène un juste châtiment contre les ennemis, la grande « lescive » de l’impureté. Il peut s’agir d’actions directes, comme lorsque des centaines d’enfants récupèrent le corps de Coligny, au lendemain de la Saint-Barthélémy et, à l’issue d’une mascarade de procès, le traînent sur le pavé, avant d’y mettre feu3 ; ou symboliques, comme lorsque des enfants se déchaînent contre l’hôtel du duc de Joyeuse, le favori d’Henri III récemment décédé, dont ils détruisent les armoiries à coups de pierre4. L’implication des plus jeunes dans les violences est très importante parce qu’elle est efficace sur les esprits, comme en témoigne l’admiration de L’Estoile. Elle contribue à la fois à la justification – voire à la déresponsabilisation – des actes des adultes, soutenus par ces « innocentes créatures », et à la perpétuation des camps par l’embrigadement des futurs adultes. Le climat apocalyptique entretenu par les prédicateurs devrait laisser peu de place à la préparation de l’avenir, hypothéqué par l’imminence du Jugement. Cependant, comme on va le voir à travers cette étude, les zélés catholiques n’ont pas négligé de mettre l’enseignement à contribution pour perpétuer leur « militantisme panique5 ». À travers l’étude d’exercices pratiqués dans le collège parisien des jésuites, à la fin des guerres de Religion, on peut suivre une tentative de former de futurs acteurs intransigeants du monde en inscrivant durablement dans la mémoire des jeunes ligueurs les motifs de la détestation de l’ennemi.
3Les jésuites ont rapidement acquis en France, dans le dernier tiers du xvie siècle, une place non négligeable auprès de la jeunesse, avec le développement du réseau des collèges6. À Paris, le collège dit de Clermont connaît une réussite spectaculaire. En 1588, il compte près de trois cents pensionnaires. Disposant désormais d’une chaire d’Écriture Sainte, à laquelle s’ajoutent cette année-là un cours d’hébreu et un cours de mathématiques, « il ne [lui] manquait plus rien pour constituer une académie de plein exercice7 ». Le rôle que les jésuites ont pu jouer dans la participation des enfants à la mobilisation des catholiques intransigeants a été remarqué, mais on ne s’est pas posé, à ma connaissance, la question de l’utilisation de leur enseignement même au service de ce combat. Entre deux processions, deux combats sur les remparts, entre la faim et les épidémies causées par les sièges8, dans une ville déchirée par les factions contraires, soumise en 1591 à la domination terroriste des Seize, quand les prédicateurs et les canards entretiennent – avec bien des apparences plausibles, étant donné les conditions de vie dans la ville –, la certitude d’une colère divine qui appelle toujours davantage de pénitence et de châtiment, que lit-on, qu’apprend-on au collège ? Comment la formation des enfants des ligueurs participe-t-elle de cette croisade catholique que les jésuites contribuent à mettre en scène dans les rues de Paris lors du Carême 1589, et au-delà9 ?
4Ce livre se propose donc d’apporter une contribution à l’étude des moyens de mobilisation de la jeunesse dans un projet théologico-politique. Une telle étude est permise par un corpus exceptionnel qui permet de comprendre comment les jésuites ont impliqué dans les conflits religieux la jeunesse qui leur était confiée, entre 1590 et 1592. C’est le moment le plus fort de la lutte entre des ligueurs qui refusent de voir le trône de France échoir à un roi protestant et un camp royaliste qui, autour d’Henri de Navarre, successeur désigné par Henri III, rassemble catholiques et protestants soucieux avant tout de mettre un terme aux conflits qui déchirent la France depuis trente ans. Après plusieurs années de recherches, j’ai pu identifier quatre manuscrits produits à Paris par les élèves du collège de Clermont et dédiés aux légats pontificaux, Enrico Caetano (Henri Cajetan pour les Français) puis Filippo Sega, au cours de trois années particulièrement dramatiques dans l’histoire de Paris10. Ces manuscrits n’avaient jamais été rapprochés et pour deux d’entre eux, jamais étudiés11. Les deux volumes conservés à la Bibliothèque nationale de France ont été quelquefois mentionnés mais ce sont les manuscrits romains qui permettent d’en saisir le sens et de découvrir qu’ils étaient le résultat de l’activité des classes du collège parisien des jésuites12. Ces grands recueils, de dimensions comparables, excepté le NAL 2637, plus modeste, ne forment pas un tout homogène. Celui de la Bibliothèque Casanatense se distingue nettement des autres (voir tableau). Il est beaucoup plus volumineux et seul à être réalisé sur papier13 ; il est le seul aussi à ne présenter ni emblème ni énigme, mais une grande variété de compositions poétiques dans les trois langues sacrées (hébreu, grec et latin) et dans des « idiomes vulgaires » (français essentiellement, mais aussi italien). Il ne comprend que quelques dessins au début, qui ne servent qu’à expliciter des calligrammes.

Les recueils manuscrits produits par le collège de Clermont entre 1590 et 1592.
5Nous avons ainsi deux groupes (inégaux) de manuscrits : trois dédiés à Henri Cajetan lors de sa visite du collège le 22 février 1590, un mois après son entrée à Paris, et un seul dédié à Filippo Sega, son successeur, que l’on peut dater, on y reviendra, d’octobre 1592.
6Cette pédagogie de combat est dirigée vers la reconnaissance et la désignation de l’ennemi, ou plutôt des ennemis, des bons catholiques. Il s’agit d’apprendre aux enfants à les reconnaître et à les dépeindre. Dans cet effort, l’image occupe une grande place et une forme de communication domine, l’énigme, qui semble bien éloignée des formes de communication de propagande auxquelles nous ont habitué les exemples des totalitarismes du xxe siècle et de la tyrannie publicitaire contemporaine. En effet, l’efficacité de l’énigme ne réside pas, comme pour le slogan, dans sa compréhension immédiate et univoque, mais au contraire dans le suspens et le détour. C’est le processus de pensée et de mémoire qu’elle met en branle qui en fait le prix. On considère l’énigme comme une forme de communication cryptée qui, utilisant le texte ou l’image, ou des combinaisons de champs textuel et figural, s’offre au déchiffrement14. Cela permet de tenir compte à la fois des emblèmes triplices, mais aussi des devinettes, calligrammes, anagrammes etc., indépendants ou combinés à l’image emblématique. Ces trente dernières années, l’importance de l’emblématique dans la culture de la Renaissance a été largement démontrée15. Les spécialistes se sont beaucoup déchirés sur la définition de termes comme hiéroglyphes, emblèmes, devises… qui ne sont guère distingués au xvie siècle. De manière très lâche, Mignault, dans sa préface à la traduction des Emblemata d’Alciat (1584), dit qu’
« Embleme, est un mot Grec, qui vient du verbe emballesthai, qui signifie entrelasser ou mettre dedans. Car en premier sens il est prins pour quelque enrichissement qui se peut oster ou mettre à plaisir aux vases d’argent […]. Ainsi donq’ tout ce qui est entrelassé ou attaché à quelque chose pour ornement […] se peut appeler Embleme ; comme est la figure de quelque animal, ou autre ouvrage d’esprit. Toutesfois par translation, ce nom se prent pour une maniere d’oraison ornée et revestue de quelques couleurs, et comme peintures de sentences. Mais icy, Emblemes ne sont autre chose que quelques peintures ingenieusement inventees par hommes d’esprit, representées, et semblables aux lettres Hieroglyphiques des Egyptiens, qui contenoient les secrets de la sagesse de ces anciens-là, par le moyen de certaines devises, et comme pourtraits sacrez16. »
7Il s’agit surtout de « déguiser » « pour mieux faire voir », selon les mots de Corrozet17. Le genre particulier du livre d’emblèmes produit par les collèges jésuites a fait l’objet d’études nombreuses, à partir des travaux de G. Richard Dimler. Sur la masse imposante des livres d’emblèmes produits par des jésuites (80 livres imprimés entre 1601 et 1640)18, les recueils publiés par leurs collèges forment une production particulière. Le premier imprimé est l’Emblemata VII Artes liberales du collège d’Olmütz (province de Flandres-Belgique) en 159719. Les collèges de cette province (Louvain, Anvers, Bruges, Gand, Ypres, Bruxelles et Malines) restent les plus prolifiques au xviie siècle, tandis que l’établissement parisien est parmi les moins actifs. La plupart de ces travaux d’élèves composés en l’honneur d’une autorité ecclésiastique ou civile (pour les deux tiers des livres d’emblèmes imprimés par les collèges), ont d’abord fait l’objet d’une exposition dans le collège, ce qu’on appelle une affixio, littéralement un affichage20. Richard Dimler a attiré l’attention sur l’importance de cette production de « rhétorique du visible », à rapprocher de celle, mieux connue, des pièces de théâtre21. À côté de ces imprimés, on conserve également des recueils manuscrits d’emblèmes fabriqués au sein des collèges, beaucoup moins étudiés que les imprimés. La bibliothèque de Bruxelles en possède une impressionnante collection, qui s’étend de 1630 à 1685. Elle a fait l’objet d’une publication complète en 199622. Comme on le voit, les recueils dont il est question ici sont précoces par rapport à l’essor de cette pratique, ou en tout cas aux témoignages qui en sont conservés. Le seul manuscrit antérieur de quelques années est, à ma connaissance, un recueil du collège de Verdun, dont les emblèmes sont des variations autour du thème de la Maison (Domus Optima), daté de 1585 et analysé par Paulette Choné23.
8La rareté de nos recueils réside également, on l’a dit, dans la force du message politique qu’ils véhiculent. Certes, la politique n’est pas absente des compositions conservées des affixiones bruxelloises et Paulette Choné a montré que le contexte ligueur se lisait (déjà) dans le manuscrit de Verdun, composé à l’occasion de l’accession de Charles de Lorraine, cardinal de Vaudémont, à l’évêché de Verdun24 : « un arrière-plan politique délicat explique cette insistance sur le « retour chez soi » d’un prince lorrain25 ». Cependant, il s’agit d’un « arrière-plan politique » quand les manuscrits produits par le collège de Clermont sont entièrement et explicitement dédiés à la situation politique du Paris ligueur et prennent parti très clairement dans le débat sur la succession au trône de France26. Ils s’inscrivent donc à la fois dans la production, dense, variée, d’images de combat pendant les guerres de Religion et dans la production des livres d’emblèmes jésuites. Mis à part les « drôleries » rassemblées par Pierre de l’Estoile (1546-1611), qui a recueilli ou recopié chansons, affiches, libelles et autres éphémères circulant dans le Paris ligueur, bien peu d’images politiques de ces années sont conservées, et moins encore d’images ligueuses27. La censure d’Henri IV, qui impose à leurs possesseurs de les détruire, aurait été étonnamment efficace. La collection de L’Estoile elle-même et les quelques autres documents qui nous sont parvenus datent pour la plupart des années 1587-1590 et tournent presque exclusivement autour de la mort des Guise et de la dénonciation des turpitudes d’Henri III. Cela rend le corpus ici présenté d’autant plus précieux28.
9Les études se sont multipliées autour des écrits et des images polémiques produits par les protestants et les catholiques. Des documents autrefois négligés ou considérés comme des curiosités littéraires (placards, libelles…) ont montré leur richesse. Ils ont permis à Denis Crouzet de proposer une anthropologie de la violence au temps des guerres de Religion qui a fait date et sera souvent sollicitée dans ce travail29. Les textes les plus ambitieux comme La Satyre Ménippée de la vertu du Catholicon d’Espagne ont fait l’objet d’études serrées30. L’ouvrage de Tatiana Debbagi-Baranova, À coups de libelle, a récemment fait faire un pas décisif dans la compréhension de la place des écrits polémiques dans la stratégie politique des acteurs catholiques et protestants31.
10L’image satirique de cette période avait attiré l’attention des collectionneurs et des savants depuis longtemps. En 1916, alors que la presse a pris une importance politique majeure et que l’engagement et l’information de masse sont pour la première fois décisifs dans un conflit armé, André Blum publie sa thèse sur L’Estampe satirique en France. Pour lui, la satire politique naît pendant les guerres de Religion et la gravure en est le véhicule essentiel :
« Les premières manifestations pleines de hardiesse se constatent au xvie siècle. Elles sont l’indice non de fantaisies isolées de graveurs, mais d’un mouvement véritablement révolutionnaire, concerté suivant un esprit systématique. Ce ne sont pas des individus qui se livrent au plaisir de caricaturer certains de leurs contemporains. Ce sont des groupes qui répandent les uns contre les autres leur animosité, et se servent des images comme d’instruments de propagande, pour exciter les passions. On voit éclore pendant les guerres de religion ce qu’on pourrait appeler l’imagerie militante32. »
11En réalité, il faut se garder de projeter sur la période la situation d’une démocratie du début du xxe siècle. D’abord, la circulation des motifs n’est pas le seul fait de l’imprimé. Les sources conservées sont surtout imprimées, mais elles dissimulent l’importance de la circulation manuscrite et orale. De même, l’attention à l’image extérieure, l’image figurée, ne doit pas faire oublier que circulent aussi et peut-être surtout des images intérieures, mentales, nourries de textes, de chansons, de sermons, d’estampes ou de peintures affichées dans les rues.
12Comme le note Alison Saunders, les collèges jésuites n’étaient pas des séminaires. Ils avaient pour but de façonner des acteurs du monde efficaces et pour cela l’emblématique, qui implique personnellement l’enfant dans sa création et mobilise à la fois les outils de la rhétorique et tous les champs du savoir, est intéressante33. La place accordée par les jésuites à l’emblématique correspond à une vision spécifique du savoir et de la vérité qui ne sont pas à construire, mais à dévoiler. La visualisation est centrale dans la pédagogie jésuite. La visibilité, pour la Compagnie, comme le dit Ralph Dekoninck, est « la pierre de touche de la vérité34 ». Et puisque « le visible est le sacrement de l’invisible35 », elle développe toute une culture du spectacle, à travers l’architecture, la liturgie, le théâtre… Alors que les Réformes ont cherché à délégitimer signes et sacrements, « les jésuites participent à la prolifération des signa sacra, à la « recharge sacrale » des images […] ils réaffirment partout l’efficacité des médiations36 » qu’elles soient liturgiques, éducatives, pastorales… Cependant, ce souci de rendre visible le savoir vient de plus loin, de cette « ligne de réforme logico-pédagogique qui, entre la fin du xve siècle et la première moitié du xvie siècle, trouve une expression complète dans les œuvres de Rodolphe Agricola et de Pierre de la Ramée37 ». L’image mentale à former et imprimer durablement dans la mémoire de l’élève est un des objectifs essentiels de la pédagogie de la Renaissance et conditionne à la fois une façon de regarder et de penser particulière. Il s’agit bien ici d’apprendre à penser, pour reprendre le titre de l’ouvrage d’Ann Moss38. J’insisterai sur le fait que rendre visible le savoir ne passe pas forcément par une image extérieure, mais peut aussi et peut-être surtout passer par une image intérieure, la seule qu’on garde dans la « chambre de la mémoire ». Et la distinction entre les deux n’est peut-être pas essentielle39. D’ailleurs, des best-sellers iconographiques comme les Emblèmes d’Alciat n’ont pas été illustrés dans leur première édition de 1531. Cela n’a pas semblé nécessaire. L’important est de susciter une image mentale. Dans les affrontements religieux du xvie siècle, l’important est la formation, la circulation et la persistance d’images mentales dans la collectivité.
13Ensuite, il faut dépayser les notions contemporaines de propagande et d’opinion publique. Malgré les nombreuses critiques qui lui ont déjà été faites, le mot de propagande continue d’être employé sans grandes précautions pour la période moderne40. Tirant son origine de la fondation en 1622 de la congrégation romaine De Propaganda Fidei, signifiant littéralement « ce qu’il faut diffuser », la propagande est entendue aujourd’hui comme une action concertée par une autorité pour imposer une opinion à une masse (peuple, classe ouvrière, croyants…). André Blum affirmait tranquillement en conclusion de son ouvrage sur l’estampe satirique que « toutes ces caricatures du xvie sont pour ainsi dire l’expression de l’opinion publique. C’est une puissance nouvelle qui n’existait pas auparavant41 ». Or, rien n’est moins sûr. La notion d’opinion publique pose problème à cette date. Si les mots d’« opinion » et d’« opinion commune », d’ailleurs fort ambivalents, sont d’emploi courant au xvie siècle, ils ne recouvrent guère ce que l’on a coutume d’associer à la notion d’opinion publique. La vogue des travaux du sociologue Jürgen Habermas sur l’espace public a conduit à un usage peu regardant de la notion d’opinion publique. Lui-même, sans prétendre faire œuvre d’historien, faisait correspondre cette notion à un moment très particulier, entre la fin du xviie et la deuxième moitié du xixe siècle, moment d’appropriation d’un « usage critique et politique de la raison par un public de lecteurs42 ». La notion a ensuite été employée par les historiens français pour décrire l’apparition d’un « acteur politique face à la puissance du prince43 » alors qu’en fait, Sandro Landi l’a montré, un lien profond existe – en dépit des représentations contemporaines de l’opinion publique – entre l’émergence d’une opinion publique et les processus d’absolutisation du pouvoir44.
14Au lieu de chercher l’expression d’une hypothétique « opinion publique » dans la littérature polémique de l’époque moderne, Christian Jouhaud, dans son étude sur les mazarinades45, a ouvert une voie féconde : il s’agit d’envisager ces écrits comme des actions, comme partie prenante de l’action politique. « Les mazarinades, pose-t-il, ne sont pas des témoignages sur les idées politiques d’un auteur ou d’une époque. Ou elles ne le sont que subsidiairement et d’une manière retorse. Elles ne sont pas le reflet d’une opinion publique et ne peuvent que très mal servir à l’écriture d’une histoire des idées politiques. » Il s’agit donc de « reconstituer la logique des actions dans lesquelles elles s’inscrivent, les situer dans les réseaux et les constellations de textes auxquels elles appartiennent. […] Dans ce cas, le but n’est plus d’exposer et de commenter ce qu’a transmis un auteur à travers une écriture, mais ce que fait cette écriture, quelle fonction et quels effets elle a46 ». Prolongée au sein du GRIHL, cette réflexion met en valeur « ce que signifiait au juste l’écriture pour des acteurs situés en un temps et en un lieu47 ». « Regarder les textes du passé, non comme les dépositaires, et donc les témoins passifs, de la réalité qu’ils décrivaient, mais comme des lieux où cette réalité s’est construite activement48 » invite à considérer littérature et image polémiques des guerres de Religion comme des moyens d’action. Littérature et images de combat participent ainsi à des opérations de persuasion, en usant des armes de la rhétorique. Les auteurs de libelles, hommes de loi ou d’Église dans leur majorité ont tous étudié pour s’en servir dans leur activité professionnelle49. Les messages diffusés par des factions comme celles qui déchirent la France dans la deuxième moitié du xvie siècle, doivent être replacés dans une stratégie de combat où l’écrit, la parole, l’épée ont chacun un temps, un lieu, un rôle. Les documents qu’on va étudier se situent à la croisée de l’apprentissage de la rhétorique et de son immédiate utilisation dans le contexte des conflits politiques et religieux de la fin du xvie siècle.
15Dans un premier temps, c’est le projet pédagogique des jésuites, à Paris en ces années cruciales pour la Ligue, qui sera détaillé. On cherchera à déterminer comment les élèves, les professeurs et les artistes ont travaillé ensemble à des exercices qui ont fait l’objet d’expositions ouvertes au public, accompagnées de différentes performances musicales et théâtrales. Ensuite, on étudiera comment fonctionnent les images et les textes ainsi produits, et comment ils dressent les enfants à dépeindre l’ennemi désigné, pour reprendre le vocabulaire de Michel Foucault50. Pour ce faire, ils doivent parcourir des lieux communs. Les images inventées, au sens de l’invention rhétorique, par chaque élève sont d’abord communes et doivent faire communauté. On va voir combien s’échangent, s’inversent, se renvoient, les motifs entre catholiques et protestants mais aussi entre différents courants du Paris ligueur. Sur le mode de l’énigme, qu’elle soit emblème, logogryphe, anagramme ou calligramme, il s’agit toujours pour les élèves et pour ceux qui visitent l’exposition de leurs travaux de poser – et de répondre à – deux questions : « Qui suis-je ? » et « Qui est l’Autre ? » Cette démarche, active dans la littérature polémique du temps, rappelle aussi les efforts de la Compagnie, sous le généralat de Claudio Acquaviva (1581-1615), pour « construire un “intérieur” », selon les mots de Michel de Certeau, pour trouver une frontière qui « joue entre deux pôles, constamment répétés dans les documents de l’époque : nostrum et alienum (ou peregrinum), ce qui est nôtre et ce qui est étranger51 ». On verra qu’ici, comme dans d’autres écrits de combat de ce temps, l’écriture partisane est envisagée comme un devoir de dévotion et un exercice de méditation. Mais au-delà du combat contre Henri IV, les jésuites promeuvent une rénovation des lettres et des arts, par des moyens qui, tout en se rattachant à l’effort de la Contre-Réforme romaine, rappellent ceux des catholiques zélés et divinisants de la cour de Charles IX. Tout en replaçant le foyer parisien au début de l’histoire du développement du livre d’emblèmes jésuite, ce travail se propose de montrer le Paris ligueur comme un grand théâtre de mobilisation dans lequel les jésuites ont joué un rôle non négligeable. On essaiera alors de comprendre comment a été envisagée l’efficacité de cette pédagogie. Les conséquences à long terme de cet enseignement ont fait peur. Au lendemain de l’entrée d’Henri IV dans Paris, les adversaires des jésuites les ont accusés de « peindre en l’âme [de leurs élèves] des fantômes ». À travers l’exemple de quelques anciens de Clermont que l’on peut suivre après leur scolarité chez les pères de la Compagnie, on essaiera de voir, sans aucune prétention à les quantifier, les différents chemins de persistance, ou pas, d’une éducation militante. Enfin, un parcours à travers un certain nombre de topiques repérables dans l’ensemble des recueils permettra d’entrer dans cette pensée qui se développe au niveau imaginal, pour reprendre la notion proposée par Henry Corbin52.
Notes de bas de page
1 Journal de François bourgeois de Paris (23 décembre 1588-30 avril 1589), éd. Eugène Saulnier, Paris, Bibliothèque d’histoire de Paris, 4, 1913, p. 19 : « depuys les dites meschantes nouvelles venues, chacun s’est mis en prieres et oraisons pour appaiser l’yre de Dieu ». Voir Richet Denis, « Politique et religion : les processions à Paris en 1589 », dans La France moderne. Études réunies en l’honneur de Pierre Goubert, Paris, Privat, 1984, p. 623-632. Pour le lien entre ces processions pénitentielles et les processions blanches des années 1583-1584, Crouzet Denis, « Recherches sur les processions blanches – 1583-1584 », Histoire, économie et société, 1re année, n° 4 (1982), p. 511-563.
2 Cité par Denis Richet, art. cité, p. 627.
3 Crouzet Denis, Les guerriers de Dieu La violence au temps des troubles de religion (vers 1525-vers 1610), Seyssel, Champ Vallon, 1990, t. II, p. 97 : « La pureté est théâtralisée : par les enfants est dit que c’est Dieu qui a pris vengeance de l’Amiral. »
4 Leroux Nicolas, La faveur du roi. Mignons et courtisans au temps des derniers Valois (vers 1547-vers 1589), Seyssel, Champ Vallon, 2000, p. 286.
5 Selon le mot de Denis Crouzet, Les guerriers de Dieu…, op. cit., p. 193.
6 Après Billom, Mauriac, Rodez, Pamiers, Tournon, le collège dit de Clermont est ouvert en 1562. Le rôle des jésuites ne se limitait bien sûr pas à l’enseignement. Voir De Dainville François, L’éducation des jésuites xvie-xviiie siècles, Paris, Minuit, 1991 ; Compère Marie-Madeleine et Julia Dominique, Les collèges français. Répertoire, Paris/Lyon/ Rouen, INRP, 3 vol., 1984-2002.
7 Fouqueray Henri, Histoire de la compagnie de Jésus en France des origines à la suppression (1528-1762), vol. 2 : La Ligue et le bannissement (1575-1604), Paris, Librairie Alphonse Picard et fils, 1913, p. 210.
8 Au cours du siège de 1590, on estime que quelque 30000 Parisiens ont péri, soit 15 % de la population de la ville, voir Leroux Nicolas, Les guerres de Religion, Paris, Belin, 2009, p. 286.
9 Crouzet Denis, Les guerriers…, op. cit, p. 396-397 : « Les ambulations qui sillonnent les rues plaquent sur la cité terrestre l’espace-temps sacral de l’unité mystiquement réalisée. La croisade s’accomplit ainsi […]. La croisade est le cœur vivant de la Ligue. C’est d’elle que l’Union tire sa nécessité. »
10 Paris, Bibliothèque nationale, ms. NAL 2636 et 2637 (désormais NAL 2636 et NAL 2637) ; Rome, Bibliothèque Casanatense, ms. 1416 (désormais Casanatense) ; Cité du Vatican, Bibliothèque apostolique vaticane, ms. Chigi, A. VIII. 247 (désormais Chigi). Sur l’identification des manuscrits de la BnF comme des productions du collège de Clermont, voir Buttay Florence, « Le sanglier navarrais et le bon jardinier. Un recueil d’énigmes ligueuses offert au légat a latere Filippo Sega (1592) », Mélanges de l’École française de Rome. Italie et Méditerranée, t. CXVI (2004/1), p. 313-348.
11 Le collectionneur Michel de Bry, possesseur des deux manuscrits aujourd’hui conservés à la BnF, avait demandé à Rémi Mathieu, conservateur aux Archives nationales, une traduction et une explication des énigmes qu’ils contenaient. Son travail, manuscrit, daté du 1er juillet 1966, partage la boîte du NAL 2637 avec la cote NAL 2637 (2).
12 Germe Anne-Cécile, « Nonces et légats en France (1589-1594) », dans Henri IV. Le roi et la reconstruction du Royaume, Pau, 1990, p. 41-58, p. 43-57, est ainsi une des rares spécialistes à mentionner ce qu’elle appelle ces deux « registres d’emblèmes ». Elle suppose « une sorte de souscription auprès de fidèles ligueurs, obscurs ou célèbres, parmi lesquels Génébrard, Claude Larcher, Barnabé Brisson et quelques autres anciens membres de l’échevinage parisien » (p. 45). On verra que ces personnalités ne font en réalité pas partie des auteurs. Le NAL 2636 est rapidement évoqué, cette fois comme un livre fait par des enfants, sans précision, avec quelques reproductions en couleurs, par Roselyne Ayala et Jean-Pierre Guéno, L’enfance de l’art, Paris, La Martinière, 1999, p. 20-21.
13 Le manuscrit Chigi est complété de trois feuillets de papier en début et en fin d’ouvrage, mais il s’agit là du travail du relieur et ils ne portent pas de composition des élèves.
14 Polizzi Gilles, « L’énigme au xvie siècle, Orientations bibliographiques », Bulletin de l’Association d’étude sur l’humanisme, la réforme et la renaissance, n° 59, 2004, p. 63-72.
15 « Recently there has been a growing appreciation of the way in which an emblematic mode of thinking permeated » (Loach Judi, « On Words and Walls », dans David Graham [éd.], An Interregnum of the Sign : The Emblematic Age in France. Essays in honour of Daniel S. Russell, Glasgow, Glasgow Emblem Studies, vol. 6, 2001, p. 149-170, ici p. 151).
16 Emblemata Andreae Alciati…, Paris, J. Richer, 1584, f° a7v-8, cité par Alison Saunders, The Sixteenth-Century French Emblem Book. A Decorative and Useful Genre, Genève, Droz, 1988, p. 19.
17 Campangne Hervé, Mythologie et rhétorique aux xve et xvie siècles en France, Paris, Champion, 1996, p. 217.
18 Dimler G. Richard, « The Imago primi saeculi : Jesuit Emblems and the Secular Tradition », Thought, vol. 56, n° 223 (déc. 1981), p. 433-448.
19 Dimler G. Richard, « A Bibliographical Survey of Emblem Books Produced by Jesuit Colleges in the Early Society », Archivum historicum societatis jesu, vol. 18 (1979), p. 297-309. Les livres d’emblèmes manuscrits ne sont pas compris dans cette étude. Le plus connu de ces ouvrages est peut-être le Typus mundi que l’on doit aux élèves de rhétorique d’Anvers, publié en 1627.
20 ibid.
21 Porteman Karel, « The Use of the Visual in Classical Jesuit Teaching and Education », Paedagogica Historica. International Journal of the History of Education, 36 (2000), p. 178-196, ici p. 179 : « The predilection of the old Jesuit order for the rethoric of visuality is a well-known fact […] reference is often made in this respect to the college theatre tradition […] Far less known, however, is another form of creative and visual instruction eagerly practised by the colleges : the emblem. »
22 Porteman Karel (éd.), Emblematics Exhibitions (affixiones) at the Brussels Jesuit College (1630-1685). A Study of the Commemorative Manuscripts (Royal Library, Brussels), Turnhout, Brepols, 1996.
23 Bibliothèque de la Société d’histoire de la Lorraine et du Musée lorrain, ms. 392. Choné Paulette, « Domus optima. Un manuscrit emblématique au collège des jésuites de Verdun (1585) », John Manning et Marc Van Vaeck (éd.), The Jesuits and the Emblem tradition. Selected papers of the Leuven international emblem conference 18-23 august 1996, Turnhout, Brepols, 1999, p. 35-68.
24 Ibid., p. 42.
25 Henri II s’était approprié le temporel des trois évêchés de Metz, Toul et Verdun, en 1552. La présence d’un évêque issu de la maison de Lorraine à la tête du diocèse n’était pas anodine. Voir Collin-Roset Simone, « Les manuscrits et les enluminures en Lorraine au xvie siècle », dans Olivier Christin (dir.), Un nouveau monde. Naissance de la Lorraine moderne, catalogue de l’exposition de Nancy 4 mai-4 août 2013, Paris, Somogy/Musée lorrain, 2013, p. 108-115, ici p. 113-114.
26 Fouqueray Henri, op. cit., p. 214 : à l’approche des troupes, les novices sont envoyés de Verdun à Paris en 1587 et le collège est licencié l’année suivante.
27 Les Registres-journaux, tenus de 1574 à 1611, font l’objet d’une édition récente par Madeleine Lazard et Gilbert Schrenck (Genève, Droz, six volumes parus entre 1992 et 2006, pour la période 1574-1589). Sur Pierre de L’Estoile, voir Chopard Michel, « En marge de la grande érudition, un amateur éclairé, Pierre de L’Estoile », dans Histoire et littérature. Les écrivains et le politique, Paris, PUF, 1977, p. 205-235. À partir de l’inventaire après décès de L’Estoile, Florence Greffe et José Lothe ont reconstitué La vie, les livres et les lectures de Pierre de L’Estoile. Nouvelles recherches, Paris, Champion, 2004.
28 Blum André, op. cit., p. 245 : « Suivant Mézeray (Abrégé chronologique ou extrait de l’histoire de France, Paris, 1667, t. III, p. 1280), en mars 1594, afin d’ôter, autant qu’il était possible, le souvenir du passé, Pierre Pithou, conseiller au Parlement, eut ordre de tirer des registres de la Cour tous les actes qui s’étaient faits durant les troubles contre l’autorité du roi. Jean Séguier d’Aury, lieutenant civil, fit brûler tous les libelles avec rigoureuse défense d’en plus imprimer ni d’en garder aucun. »
29 Crouzet Denis, Les Guerriers…, op. cit.
30 Lestringant Frank et Ménager Daniel (dir.), Études sur la Satyre Ménippée, Genève, Droz, 1987. Par la suite, la « vertu du catholicon » a été replacée dans le contexte de la vogue de la satire ménippée par De Smet Ingrid, Menippean satire and the republic of letters (1581-1655), Genève, Droz, 1996. À noter que la satire politique de la Renaissance a attiré l’attention des spécialistes un peu partout en Europe. On s’est intéressé en particulier au riche corpus des pasquils romains, dialogues des deux statues, Pasquino et Marforio, voir Marucci Valerio, Marzo Antonio et Romano Angelo (éd.), Pasquinate romane del Cinquecento, Rome, Salerno, 1983.
31 Debbagi Baranova Tatiana, À coups de libelles. Une culture politique au temps des guerres de Religion (1562-1598), Genève, Droz, 2012.
32 Blum André, L’Estampe satirique en France pendant les guerres de Religion. Essai sur les origines de la caricature politique, Paris, M. Giard et E. Brière, 1916. À noter par la suite l’exposition au cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale : « L’estampe satirique et burlesque en France 1500-1800 », galerie Mansart, janvier et février 1950.
33 Saunders Alison, « Make the Pupils Do it Themselves : Emblems, Plays and Public Perfomances in French Jesuit Colleges in the Seventeenth Century », dans John Manning et Marc Van Vaeck (éd.), The Jesuit and the Emblem Tradition, Turnhout, Brepols, 1999, p. 187-206.
34 Dekoninck Ralph, Ad imaginem. Statuts, fonctions et usages de l’image dans la littérature spirituelle jésuite du xviie siècle, Genève, Droz, 2005, p. 26.
35 Valentin Jean-Marie, Les jésuites et le théâtre 1554-1680 : contribution à l’histoire du monde catholique dans le Saint Empire romain germanique, Paris, Desjonquières, 2001.
36 Dekoninck Ralph, op. cit., p. 25.
37 Bolzoni Lina, La Chambre de la mémoire, Genève, Droz, 2005, p. 42.
38 Moss Ann, Les recueils de lieux communs. Apprendre à penser à la Renaissance, Genève, Droz, 2002.
39 Céard Jean et Margolin Jean-Claude, Rébus de la Renaissance. Des images qui parlent, t. 1 : Histoire du rébus, Paris, Maisonneuve & Larose, 1986, p. 107 : « Ne pensons pas que la présence ou l’absence d’images ou de dessins crée une différence fondamentale entre divers jeux intellectuels : ce qui compte en effet, c’est la manière dont les paroles ou les figures sont perçues ou comprises, la manière dont fonctionne l’imagination de celui qui est interpellé par la question de l’interrogateur ou meneur de jeu. »
40 Il figure par exemple dès le titre de l’ouvrage de Luc Racaut sur les écrits polémiques des guerres de Religion : Hatred in Print : Catholic Propaganda and Protestant Identity During the French Wars of Religion, Aldershot, Ashgate, 2002. La Ligue est un des rares moments où la notion de propagande pourrait à la rigueur s’appliquer, en ce que cette notion implique un dessein manipulateur volontaire, une instance de fabrication des éléments du discours strictement distincte des récepteurs visés et un objectif d’abord quantitatif (le maximum d’audience) et non qualitatif (l’adresse à un individu). Pourtant, ce serait faire bon marché de la grande diversité du Paris ligueur, où il n’y a pas qu’une instance produisant un discours officiel.
41 Blum André, op. cit., p. 327.
42 Habermas Jürgen, L’espace public. Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, Paris, Payot, 1978 voir aussi la mise au point de Sandro Landi, dans Christin Olivier (dir.), Dictionnaire des concepts nomades en sciences humaines, Paris, Métailié, 2010, p. 363-382.
43 Chartier Roger, Les origines culturelles de la Révolution française, Paris, Seuil, 2000, p. 53-85.
44 Landi Sandro, Naissance de l’opinion publique dans l’Italie moderne : sagesse du peuple et savoir de gouvernement de Machiavel aux Lumières, Rennes, PUR, 2006.
45 Jouhaud Christian, Mazarinades. La Fronde des mots, Paris, Aubier, 1985.
46 Ibid., p. 38-39.
47 Jouhaud Christian, Ribard Dinah et Schapira Nicolas, Histoire Littérature Témoignage, Paris, Gallimard, 2009, p. 18.
48 Ibid., p. 20.
49 Sur la rhétorique à cette période voir en particulier les travaux de Francis Goyet (notamment son édition des Traités de poétique et de rhétorique de la Renaissance : Sébillet, Aneau, Peletier, Fouquelin, Ronsard, Paris, Librairie générale française, 1990).
50 Foucault Michel, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard, 1993, chap. ii : « Les moyens du bon dressement » : « Le pouvoir disciplinaire en effet est un pouvoir qui, au lieu de soutirer et prélever, a pour fonction majeure de “dresser” ; ou sans doute, de dresser pour mieux prélever et soutirer davantage. Il n’enchaîne pas les forces pour les réduire ; il cherche à les lier de manière, tout ensemble, à les multiplier et à les utiliser. »
51 Certeau Michel de, Le lieu de l’autre. Histoire religieuse et mystique, Paris, Gallimard/Seuil, 2005, p. 156.
52 Corbin Henry, Corps spirituel et terre céleste. De l’Iran mazdéen à l’Iran shî´ite, Paris, Buchet-Chastel, 1979 : d’abord inspiré par le 8e climat ou les cités mystiques décrits par les philosophes iraniens, ce concept est forgé par Corbin à partir de la notion latine de mundus imaginalis. Ni monde intelligible ni monde sensible, il s’agit d’un entre-deux, un inter-monde.
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