Pomologie françoise. Catalogue des fruits retrouvés
p. 419-422
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Index géographique : France
Texte intégral
1Ce lexique ne prétend pas à l’exhaustivité. Recopier les listes pomologiques des traités contemporains n’aurait aucun sens dans le cadre de cette étude et masquerait la réalité régionale ; au contraire il présente rapidement les variétés fruitières citées dans les actes de la pratique dépouillés et dans les livres de raison parisiens consultés ; la description des variétés s’appuie sur les traités contemporains. Après le nom de la variété est indiquée entre parenthèses la date du premier document étudié que la cite ; là encore, ce renseignement ne préjuge pas de la date d’apparition effective d’une variété dans un finage mais pourrait servir de point de comparai son avec d’autres études ou de jalons pour une éventuelle enquête pomologique régionale qui reste à conduire et qui pourrait s’appuyer sur les nombreux écomusées qui fleurissent actuellement entre les dalles du béton francilien.
Poire
2Poire Blanche (1690) : cette appellation concrète est inconnue des traités horticoles de l’époque moderne.
3Poire d’Angleterre (1743), dite aussi verte longue ou mouille bouche d’automne. Ce fruit d’automne (septembre) est une poire longue et de couleur blanche, à chair beurrée et fondante.
4Poire de Bergamote (1642). Merlet recense onze variétés de Bergamote notamment la Bergamote d’été, dite aussi Milan de la beurrière, une grosse poire verte, beurrée et fondante. Quant à la Bergamote commune, il s’agit d’une grosse poire d’automne (septembre), verte, lisse et plate, à la chair beurrée et juteuse.
5Poire de Bon-Chrétien (1650), poire de Bon-Chrétien d’été (1690). Merlet en recense cinq variétés. Le Bon Chrétien d’été, dit aussi Gracioli, est une grosse poire jaune, lisse, et très juteuse. Le Bon Chrétien vert est une poire d’hiver (décembre, janvier) qui se garde jusqu’en avril-mai. D’après Merlet, « nous le devons à Saint-Martin, qui nous l’a apporté de son pays de Hongrie, que le peuple appelloit le bon chrestien et le nom en est demeuré à cette poire ». Cette ancienne poire est plébiscitée pendant toute l’époque moderne : pour l’abbé Nolin au xviiie siècle, le « bon chretien d’hyver, [est une] bonne poire respectable par son antiquité, tout le monde la connoît, elle orne très bien le dessert ». Son fruit est très gros, en forme de calebasse ou de pyramide tronquée, sa peau est fine, jaune clair et rouge incarnat, sa chair est fine, tendre mais cassante, son eau, abondante, douce, est sucrée et plus ou moins vineuse.
6Poire de Caillois (1650), peut-être la Caillo-Rozat, une poire de couleur grise, de forme ronde à queue courte, à l’eau sucrée. Il existe une variété d’hiver (novembre), dite aussi poire de Malte ou poire de prêtre, poire ronde, gris brun, qui est un fruit de garde, et une poire d’hiver. Il peut aussi s’agir de la poire Callot, dite aussi de Donuille ou de Provence : une grosse et longue poire rouge, une poire d’hiver à cuire.
7Poire de Carisis (Delahaye, 1779), ou caresis, une poire utilisée pour faire du poiré.
8Poire de Cuisse-madame (1682) : une poire d’été, mûre à la fin du mois de juillet, qui a une chair « demi beurrée » et un peu musquée. Très allongé et de grosseur moyenne, le fruit se teinte, suivant l’exposition au soleil, du vert au rouge-brun.
9Poire de Crassane, (1682) dite aussi Bergamote crassane : cet arbre très vigoureux porte de grosses poires de forme arrondie et de couleur gris verdâtre tacheté de roux. Sa chair est fondante et beurrée, sucrée et parfumée. Mûre à partir du mois de novembre, elle « se conserve longtemps sans mollir » (Le Berryais).
10Poire d’Eau-rose (1704), dite aussi Caillo-Rozat, poire toute grise, ronde, la queue courte, et l’eau sucrée.
11Poire de Colmar (1788), une grosse poire, plus longue que ronde, qui ressemble un peu à un Bon-Crétien d’hiver avec une peau blanchâtre et un peu de rouge du côté du soleil, sa chair est beurrée et fondante, son eau, sucrée. Cette poire est jugée excellente par l’abbé Nollin. Maturité de consommation en février, mars et avril.
12Poire de Dangobert (1642), Dagobert chez Merlet, une poire d’hiver, maturité en janvier/février.
13Poire à Deux-Têtes (1690), bonne poire d’été (août), juteuse, fruit de garde qui mûrit hors de l’arbre pour Merlet.
14Poire d’Epargne (1690), dite aussi de Sanson : poire hâtive (mi-juin/juillet), un fruit fondant et beurré, gros et long, vert marbré de fauve. Cet arbre charge beaucoup et se développe rapidement.
15Poire d’été (1670), appellation concrète qui n’est pas assez précise pour retrouver la variété fruitière concernée.
16Poire de Franc-réal (1665), dite aussi gros Micet, poire d’hiver (novembre-décembre). Ce gros fruit, presque rond et de couleur jaune, est « excellent à cuire » d’après Merlet. L’arbre est très fertile et vigoureux.
17Poire d’hiver (1670), serait synonyme de Poire de fer pour André Leroy : une grosse poire d’hiver, de couleur verte que Merlet conseille de manger cuite.
18Poire Jargonelle (1690), une poire longue, de couleur rouge, sèche et pierreuse. C’est une poire hâtive pour Merlet (mi-juin/juillet). Le Lectier place sa maturité en août/septembre, il possédait aussi une variété dite « autumnale » dont la maturité était en septembre/octobre.
19Poire de Martin-sec (1687), Martin à cuire (1662). Pour Merlet, il existe deux variétés. La martin-sec de Bourgogne, dite petit bec d’oie, est une petite poire grise, beurrée et juteuse, poire d’automne. Celle de Provins ou de Champagne est une poire d’hiver et de garde (novembre à février), assez longue, de couleur grise et à chair juteuse et un peu pierreuse. Au xviiie siècle l’abbé Nollin la présente comme une « ancienne poire qui a passé de mode » mais il la juge très bonne en compote. Elle est plus longue que ronde, peau grise, prend un peu de rouge du côté du soleil, chair cassante. Ce poirier est très fertile.
20Poire de Messire Jean (1642). La poire de Messire Jean blanc, une poire d’automne (septembre-octobre), est un gros fruit rond, de couleur blanche, et à chair juteuse. Il existe une variété d’hiver dans la collection de Le Lectier. Au xviiie siècle ce fruit est jugé secondaire : pour Nollin cette « poire anciennement connue, [a une] chair cassante, pierreuse, [et un] goût assez relevé » et elle serait sujette à mollir pour Le Berryais.
21Poire de Royal (1788), dite aussi Muscat d’août, poire d’Averat, de Robine ou d’Honuille : poire plate, à chair musquée et juteuse, qui est pour Merlet « une des plus recherchée et des meilleures ». Ce poirier charge beaucoup. Il existe aussi une poire de Royal d’hiver (janvier-février) : un beau et gros fruit ressemblant au Bon-Chretien d’été. « C’est un fruit qui décore le mieux un dessert », il est donc très recherché selon Nollin.
22Poire de Tambour (1650) : probablement la poire de Tantbonne, une poire allongée grise et rouge, mûre en septembre.
23Poire de Thomas Bonne (1665) : il existe la poire de Louise Bonne et la poire Gros Thomas, synonyme de la Catillac.
24Poire de Vallée (1642), dite aussi de Liquet : fruit à chair fondante et juteuse mais acre et rude. C’est une poire d’été (août).
25Poire Vigoureuse (1788), sûrement la virgouleuse, dite aussi chambrette ou de Limoge : une grosse poire, longue, verte qui jaunit en mûrissant ; sa chair est beurrée et juteuse ; ce fruit de garde est une poire d’hiver (novembre à janvier) jugée excellente par Nollin. Ce Poirier est vigoureux mais lent à donner du fruit.
Pomme
26Pomme d’Api : petite pomme très juteuse et inodore, ferme et croquante, elle est jugée belle et agréable par les arboristes. Fruit de garde, maturité de janvier à mai. Cette pomme sphérique et aplatie aux pôles, de couleur rouge vif et jaune très pâle, est souvent présente dans les natures mortes de Chardin.
27Pomme de Bondy (1651) : pomme assez grosse, de couleur verte et rouge, d’aspect lisse. Arbre qui donne beaucoup. Fruit de garde que Merlet conseille de manger cuit.
28Pomme de Carnille (1642) probablement une déformation de Calville. Les traités contemporains décrivent plusieurs variétés de Calville. Le pommier de Calville d’été, un arbre vigoureux, mais de petite taille, qui porte de petites pommes mûres à la fin du mois de juillet ; elles « s’emploie[nt] en compote quinze jours ou trois semaines plutôt » d’après Le Berryais. Le Calville d’été peut aussi nommer un arbre vigoureux portant de grosses pommes rondes, belles, lisses, tendres, légères, à la chair rouge, juteuses et considérées de bon goût ; elles sont mûres début septembre. La Calville blanche présente les mêmes caractéristiques mais la pomme est toute blanche dehors et dedans. Il existe aussi des variétés d’hiver consommables de décembre à avril pour la Calville blanche d’hiver, et de novembre à janvier pour la Calville rouge d’hiver.
29Pomme de Châtaigne (1656), le chatinier est une grosse pomme blanche, nappée de rouge, qui a la chair ferme, blanche et dure et le chatinier musqué est une très petite pomme blanche rayée qui charge bien. Ce fruit de garde « est des plus rares et excellentes pommes » pour Merlet.
30Pomme Courte-queue (1784, Delahaye), peut-être appellation locale du Court-Pendu. Pomme grise-roussâtre et vermillon du côté de l’insolation, qui se « mange avec plaisir » (La Quintinie) à partir du mois de décembre jusqu’en mars.
31Pomme de Croquet : grosse pomme de couleur rouge, chair blanche, bonne conservation. Merlet note une ressemblance avec la pomme de Châtaigne.
32Pomme de Fournière (1656), synonyme de reinette fournière.
33Pomme de Francatu (1656) : une grosse pomme grisâtre et aplatie, elle est jugée inférieure à la reinette par Merlet « son eau étant un peu acre », elle se mange en janvier.
34Pomme de Guiarde (1725) : cette appellation est inconnue de tous les traités agronomiques consultés (xvie-xixe siècles), il pourrait s’agir d’une déformation locale de pomme de garde.
35Pomme de Rambour (1644). La pomme de Rambour rayé ou Notre Dame, est une pomme ronde, grosse, aplatie aux extrémités, de couleur jaune pâle rayé de rouge. Aigrelette, Le Berryais la trouve bonne à cuire en septembre-octobre. Il existe une variété d’hiver, la Rambour rouge ou Rambour d’hiver, « la plus grosse des pommes » pour Merlet. Meilleur cuit que cru, ce fruit de garde se consomme de novembre à mars pour Merlet mais pour Le Berryais, de janvier à la fin du mois de mars.
36Pomme de Reinette (1642). La Reinette, importante famille de pommes, jouit dès le xviie siècle d’une très bonne réputation. Au xixe siècle A. Leroy en sélectionnera 84 variétés dans son dictionnaire, mais au xviie siècle Merlet n’en recense que quatre variétés. La Reinette blanche, dite aussi franche, qui passe pour être la mère des Reinettes, est jugée « tendre, [mais] n’a pas l’eau si bonne que les autres, et dure peu » ; maturité de décembre à mai pour Merlet mais pour Le Berryais la Reinette franche peut durer jusqu’en juillet. Cette grosse pomme jaunit en mûrissant et est piquetée de petits points gris. La Reinette rousse, synonyme de la Reinette des Carmes, est « plus grosse et plus ferme », maturité novembre/mars. La Reinette grise « est des plus excellentes pommes, elle est plus ferme, l’eau plus sucrée, et dure plus longtemps qu’aucune reinette » ; sa maturité de consommation s’étend de janvier à avril ; ce pommier est particulièrement fertile. Enfin la Reinette verte, est une grosse pomme, « plus longue que les autres, dure assez (maturité de décembre à avril), mais [qui] n’a pas si bonne eau ».
37Pommier doux (1697), d’après A. Leroy synonyme de Doux Blanc.
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