Introduction à la deuxième partie
p. 91-92
Texte intégral
1Les cinq contributions qui forment cette deuxième partie dépassent le simple cadre de la performance ou de l’expérience individuelle pour envisager ce qui a conduit les civilisations, anciennes et contemporaines, à circonscrire, mesurer et représenter les espaces maritimes et désertiques. Philippe Pelletier entraîne le lecteur dans l’exploration du vocabulaire utilisé dans les cultures gréco-romaine, chinoise ou nippone, pour désigner les mers, les déserts, les îles et les oasis. Ce voyage au pays des mots permet de conclure à l’originalité des regards portés sur la mer et le désert, aux époques anciennes, quel que soit le contexte. Pour Vincent Battesti, la diffusion d’habitudes, de produits et d’espèces vivantes à travers les immensités désertiques rapproche les trajectoires oasiennes et insulaires, marquant un peu plus une forme de familiarité. C’est cette même familiarité entre mer et désert dont Robin Ségalas souligne l’ancienneté, à travers l’étude des cartes et des représentations de l’espace, au temps où l’Europe se pensait le centre du monde, et reconnaissait les mers et les déserts comme d’évidentes limites, auxquelles on assignait volontiers des caractères communs. En rupture avec l’européocentrisme, les cartographes et géographes arabes ont eux aussi développé leurs propres méthodes pour appréhender des espaces dont la dynamique d’expansion musulmane commandait la traversée, le parcours. Jean-Charles Ducène montre très précisément comment l’avantage a longtemps été reconnu à l’expérience des hommes de terrain, méharistes et pilotes maritimes. C’est ainsi que toute l’attention s’est portée sur la notion de distance-temps, sur la précision des parcours et sur la succession des étapes. La mer et le désert vécus et parcourus, formant la réalité territoriale de la civilisation arabe, ont finalement pris le dessus sur une appréhension instrumentale, et donc scientifique, de l’espace. Cette réalité qui a vu la civilisation arabo-musulmane promouvoir le territoire plutôt que l’espace trouve un écho sous la plume de Damien Agut-Labordère. En effet, longtemps avant que les cavaliers de l’islam ne parcourent les déserts, l’Égypte ancienne a vécu une révolution pacifique, au niveau des transports, avec l’adoption du dromadaire qui est venu s’ajouter, sans s’y substituer, à l’âne comme animal de bât. La triple modification des distances-temps, de l’autonomie et de la charge utile de chaque animal a ainsi contribué à créer un nouvel environnement de travail, d’échanges et de parcours, lequel illustre assez fidèlement le concept d’affordance, cher à Ellen Morris.
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