Chapitre I. Des populations protestantes disséminées et minoritaires
p. 23-48
Texte intégral
1Selon André Encrevé, les protestants ne constituent pas « un groupe social » homogène qui recouvrirait « une réalité socio-économique », mais davantage un ensemble de personnes dont le lien se résume essentiellement à un socle commun de croyances1. Aussi saisir les contours numériques et géographiques de la minorité protestante, appréhender l’origine socio-professionnelle des individus qui la composent, mais aussi les structures et les cadres sociaux au sein desquels évolue cette communauté sont autant d’étapes préalables à sa compréhension, surtout lorsque celle-ci se conçoit comme une assemblée, une Église visible distincte du sacré.
2Outre le fait qu’elle permet de comprendre l’hétérogénéité de la minorité protestante, l’interprétation de ces mesures vise, dans le sillage des travaux de Keith P. Luria sur le xviie siècle, à saisir les frontières confessionnelles en dehors d’un cadre religieux, à la différence que cette coexistence s’effectue, au xixe siècle, sous un régime de liberté religieuse2. Si le cadre concordataire tend à mettre sur un pied d’égalité les protestants et les catholiques, quelle place attribuent ces derniers à la minorité protestante ? La visibilité de celle-ci est-elle conforme à sa quantité numérique ? Quelles sont les structures et les modalités qui président à son rayonnement ? Au fond, se poser ces questions revient à s’interroger sur la place du critère confessionnel dans les espaces de la quotidienneté, voire de la confessionnalisation de ces espaces, et donc sur l’évolution des mentalités au cours du xixe siècle dans le sud aquitain.
Diversité et dissémination des populations protestantes
3Bien qu’essentielle, l’analyse numérique des protestants est délicate, comme l’ont signalé de nombreux historiens, et s’avère d’autant plus difficile que leurs avis divergent sur la qualité des sources : lorsque Philippe Chareyre estime que le recensement de 1851 est la seule « statistique officielle à peu près fiable », André Encrevé s’en méfie fortement3. Cette dernière opinion est partagée par Émile Poulat qui décela, en 1956, les difficultés rencontrées lors de la réalisation ce dénombrement. Celles-ci sont d’ailleurs à l’origine de la décision des autorités publiques « de ne pas publier le tableau de la répartition des cultes par département ». Dès lors, le sociologue en appelle à une analyse locale déjà entamée par Émile-Guillaume Léonard4. Elle serait entreprise par la consultation et le dépouillement systématiques des listes nominatives conservées dans les municipalités ou les archives départementales. Pour les raisons invoquées plus haut, une telle démarche est impossible pour l’ensemble des Basses-Pyrénées. Il nous faut, par conséquent, avoir recours tant aux données publiques que privées, fruit des assemblées consistoriales.
Une infime minorité
4À l’instar de la Charente-Inférieure étudiée par Nicolas Champ, tenter une analyse globale de la population protestante sud-aquitaine au xixe siècle « relève de la gageure5 ». L’origine de la source rend sujettes à caution les données qui en résultent : les Églises sont tentées d’exagérer les chiffres, alors que les pouvoirs publics ont tendance à sous-estimer la présence protestante dans la région et, plus généralement, en France. Dès lors, il s’avère extrêmement difficile d’établir une logique et une cohérence générales aux variations de population observées, sinon de mettre en évidence les intérêts particuliers et les manipulations auxquelles se livrent les différentes institutions.

Graphique 1. – Évolution de la population protestante dans le sud aquitain (1787-1905).
5En 1802, les autorités publiques établissent à 4 903 le nombre de protestants dans les Basses-Pyrénées, soit environ 1,4 % de la population du département6. Après un court cycle de croissance au lendemain de la reconnaissance officielle du culte, il s’ensuit une période de relative stabilité entre les années 1800 et 1870. Les variations de population semblent être plus le fait des méthodes de recensement que d’une véritable diffusion du protestantisme dans les Basses-Pyrénées. Par exemple, les données de 1819 et de 1839 sont respectivement diminuées par les autorités publiques et surestimées par les assemblées consistoriales7. En 1861, le recensement ne comptabilise que 4750 protestants dans les Basses-Pyrénées, alors que des données, émanant elles aussi des autorités publiques en 1852 et 1872, estiment le nombre de protestants supérieur à 5 000 individus. Par la suite, si les chiffres augmentent, le consistoire, lors de la lecture des rapports annuels des Églises, s’étonne de cette croissance et s’interroge sur la fiabilité des données qui lui sont transmises par les pasteurs8. En 1893, Maurice Constançon, pasteur de Baigts-de-Béarn, considère ainsi que les protestants dissidents n’ont pas à être comptabilisés dans des rapports qui ne concernent que les Églises réformées, et en appelle au minimum à une différenciation. Il termine son étude statistique en disant qu’« avec des chiffres si fantaisistes, il est impossible de rien conclure sur une augmentation ou une diminution de nos Églises réformées9 ». La baisse significative au début du xxe siècle peut être, quant à elle, imputée à diverses causes. Tout d’abord, les données produites ne semblent plus recenser les libristes, les darbystes et les communautés protestantes britanniques10. Des causes structurelles doivent être également évoquées : le contexte socio-économique, défavorable au tournant du siècle, provoque l’exode rural et des flux migratoires vers les Amériques11. La sécularisation de la société française a également une incidence directe sur les effectifs protestants, tout comme les mariages mixtes généralement favorables à la communauté catholique12.
6Les protestants des Landes et des Hautes-Pyrénées ne sont, quant à eux, comptabilisés qu’à partir de 1852, date de leur rattachement à l’Église consistoriale d’Orthez. Mais pour ce dernier département, la population étrangère – surtout anglaise et écossaise – et l’élite parisienne venues en villégiature dans les stations thermales ne sont pas prises en compte.
7Il importe de comparer ces données approximatives à la population totale afin d’avoir un premier aperçu du poids numérique de la population protestante. Dans les Basses-Pyrénées, département majoritairement catholique, elle ne représenterait que 1,1 à 1,25 % de la population totale.

* Données comprenant les réformés et les libristes.
Tableau 1. – Évolution de la population protestante dans les Basses-Pyrénées (1787-1901).
Sources : CEPB, 60J 50/75-82 ; Statistique générale de la France ; Notices historiques de l’Union des Églises évangéliques (libres) de France.
8Cette situation minoritaire est d’autant plus critique dans les Hautes-Pyrénées et les Landes, où la population totale diminue aussi fortement au cours du xixe siècle. Ce n’est qu’à la faveur d’une intense évangélisation et d’une érosion de la population générale que la proportion de protestants augmente très légèrement, avant de diminuer à nouveau dans le cas des Landes.

Tableau 2. – Évolution de la population protestante dans les Hautes-Pyrénées (1861-1901).
Sources : CEPB, 60J 50/75-82 ; Statistique générale de la France.

Tableau 3. – Évolution de la population protestante dans les Landes (1861-1901).
Sources : CEPB, 60J 50/75-82 ; Statistique générale de la France.
9Le développement des stations thermales dans les Pyrénées est également l’un des facteurs de la progression du protestantisme, comme à Bagnères-de-Bigorre, à Cauterets, où dès le début de la seconde moitié du siècle, les protestants affluent et constituent une petite communauté. Il en est de même à Dax, dont la qualité des eaux, connue depuis l’Antiquité, est redécouverte au xixe siècle et qui se dote à partir de 1858, de « structures fonctionnelles d’envergure13 ». Dans les Hautes-Pyrénées et les Landes, le protestantisme est essentiellement un fait urbain (Tarbes14, Mont-de-Marsan) et, malgré l’intense évangélisation, seules quelques rares micro-communautés rurales se constituent durablement et perdurent, comme à Labastide-d’Armagnac dans les Landes15 ou à Tarasteix dans les Hautes-Pyrénées16.
10Dans le sud aquitain, la présence protestante est donc très nettement inférieure à la moyenne nationale, puisque Philippe Chareyre estime qu’en 1851, les protestants représentent environ 2,1 % de la population française et 1,34 % en 1872, après l’annexion de l’Alsace-Moselle par l’Allemagne17. Cette fragilité numérique est tantôt renforcée, tantôt compensée par la répartition géographique des protestants, notamment dans le département des Basses-Pyrénées, où les isolats protestants sont les plus denses.
Un département bicéphale : les Basses-Pyrénées
11Grâce au recensement de population générale de 1851 et un dénombrement effectué, le 1er janvier 1852, par les soins du consistoire18, on constate que la population protestante est répartie de façon très inégale. Sur 561 communes, les protestants ne sont présents que dans 89 d’entre elles, soit à peine 16 %.

Tableau 4. – La présence protestante par commune dans les Basses-Pyrénées en 1851-1852.
Sources : CEPB, 60J 50/89 ; Statistiques générales de la France.
12Dans le tiers de ces communes (32), leur part est très nettement inférieure à la moyenne nationale et même départementale, alors que la population protestante de douze autres villages se situe entre la basse moyenne départementale et celle nationale. En revanche, quarante-cinq communes ont un taux de protestants supérieur ou très supérieur à la moyenne nationale, et ils ne sont majoritaires que dans deux d’entre elles (Bellocq, Salles-Mongiscard). L’analyse spatiale de la répartition de la population protestante fait ainsi apparaître la structure bicéphale du département des Basses-Pyrénées. En effet, lors de sa création en 1790, cette division administrative voit se confondre deux provinces, le Béarn et le Pays basque, aux identités et aux revendications très fortes, au point que Jean Micheu-Pouyou considère cette entité comme « quelque peu artificielle19 ». Au sein d’un même espace cohabitent ainsi deux cultures, deux langues, mais aussi deux histoires au cours desquelles la religion a joué un rôle fondamental. Face au Pays basque catholique, où la présence protestante se résume aux villes côtières (Bayonne, Biarritz et Saint-Jean-de-Luz) et se trouve exclue de l’intérieur des terres à l’exception de quelques rares individus ou familles, celle-ci se révèle plus diffuse en Béarn, bien qu’elle demeure un fait extrêmement minoritaire.
13Le protestantisme dans les Basses-Pyrénées est avant tout un fait rural et disséminé, puisque 55,01 % de la population protestante de ce département est inégalement répartie dans 77 communes de moins de 2000 habitants.

Tableau 5. – Répartition de la population protestante par type de commune (1851).
Source : CEPB, 60J 50/88 ; Statistique générale de la France.
14Il est possible de distinguer trois types d’espaces où évolue la minorité protestante : le nord-ouest de Béarn ; deux zones urbaines : Bayonne, Pau et leurs environs où la population protestante tend à augmenter dans la seconde moitié du siècle ; la vallée d’Aspe qui apparaît comme l’exception pyrénéenne. Dans le reste du département, la présence protestante demeure un fait exceptionnel, voire totalement inexistant.
15La présence protestante se concentre principalement dans l’arrondissement d’Orthez (4010 en 1851, soit 79 % des protestants du département). Les communautés les plus importantes se situent dans les villes de l’arrondissement peu urbanisé, à savoir Orthez et Salies-de-Béarn (535 individus, soit 8 % de population en 1851). En termes de proportion, les plus fortes concentrations s’observent, cependant, dans les villages et les zones rurales. À Bellocq et à Salles-Mongiscard, fait exceptionnel dans le département, la population protestante est supérieure à celle catholique en 1851 (55 % des habitants). Dans le reste de l’arrondissement, 1830 protestants sont disséminés dans près de soixante communes. Dans trente-sept d’entre elles, leur présence est inférieure à vingt personnes. Quelques villages où le fait protestant est important sont toutefois à signaler comme Baigts-de-Béarn (85 ; 8,47 % en 1851), Sainte-Suzanne (95 ; 13,03 %), Sauveterre-de-Béarn (102 ; 6,27 %), Puyoô (155 ; 22,11 %) et Bérenx (199 ; 23,30 %). Durant la seconde moitié du xixe siècle, la présence protestante décroît dans l’ensemble des communes, si bien que les protestants ne sont majoritaires dans aucune commune du département à la fin du siècle. En 1898, le pasteur Auguste Bohin analyse ainsi cette fonte des effectifs protestants à Bellocq :
« En 1871-1872, une épidémie a enlevé au troupeau protestant 38 personnes. Sont venues ensuite les mauvaises récoltes, la grêle pendant plusieurs années si bien que beaucoup de personnes sont allées chercher fortune en Amérique. Actuellement, on trouve sous toutes les latitudes du nouveau monde les protestants de Bellocq. Il y en a au Canada, à New York, en Californie, à la Nouvelle-Orléans, au Brésil, au Chili et dans la République d’Argentine. Quelques-uns se sont arrêtés à Sauveterre, à Castétarbe et à Pau. Toutes ces émigrations, ces épidémies et les Désertions ont considérablement amoindri la vieille Église de Bellocq20… »

Carte 1. – Répartition géographique des protestants dans les Basses-Pyrénées (1851).
Source : CEPB, 60J 50/89 ; Statistique générale de la France.
16Toutefois, deux communautés urbaines se développent, au cours du siècle, à Pau, préfecture des Basses-Pyrénées, et à Bayonne, ville portuaire et siège de l’évêché. Au lendemain de la période du Désert, elles sont toutes deux quasi inexistantes et ne doivent leur essor qu’à la faveur d’une intense évangélisation et d’importants flux migratoires. À Bayonne, les protestants ne sont que 224 en 1851, soit 1,2 % de la population totale de la ville. L’influence du catholicisme dans la cité épiscopale et plus généralement au Pays basque n’est probablement pas étrangère aux difficultés que rencontrent les protestants pour étendre leur influence. Dans cette commune, ils ne constituent pas la seule minorité religieuse, puisque Bayonne abrite la plus importante communauté juive du département21. À Pau, la présence protestante s’élève à 1,8 % de la population totale de la capitale béarnaise en 1857, soit 335 individus22, puis en 1894, ce nombre a plus que doublé (710) pour atteindre 2,1 % de la population communale. Cet accroissement provient d’un important exode rural mais aussi de la présence de nombreux protestants anglophones, de fonctionnaires et de militaires. Des étrangers s’installent également quelques années dans ces deux villes pour des raisons économiques ou politiques. À titre d’exemple, nous pourrions citer les consuls de pays luthériens qui, faute de mieux, assistent au culte réformé à Bayonne23.
17Enfin, le protestantisme est également très nettement absent des montagnes, où Osse-en-Aspe fait figure d’exception. Ce village, situé dans la vallée d’Aspe, est la seule communauté protestante de montagne à avoir survécu à la période du Désert. Philippe Chareyre explique ce singulier maintien par l’implication des élites locales dans la diffusion du protestantisme à l’époque moderne. L’abondance des réseaux qui unissent le piémont béarnais au village aspois, et plus particulièrement « la route des fromages », semble également jouer un rôle fondamental dans la survivance de cette communauté24. Cependant, si les protestants sont majoritaires jusqu’en 1685, la révocation de l’édit de Nantes et la clandestinité renversent la situation : au xixe siècle, les protestants ne représentent plus que le tiers de la population de la commune.
Protestantisme et thermalisme : une population britannique influente
18Aux côtés de la population protestante française, la communauté britannique numériquement importante joue un rôle fondamental dans la diffusion du protestantisme au xixe siècle dans le sud aquitain. De nombreux historiens ont, par le passé, déjà souligné l’attrait dont faisait l’objet la chaîne montagneuse, mais les répercussions sur les manifestations du fait religieux sont un aspect qui a été jusqu’ici négligé par l’historiographie25.
19La présence britannique dans les Pyrénées, attestée dès la fin du xviiie siècle, s’est renforcée à partir des guerres napoléoniennes, mais l’un des acteurs essentiels de l’invention du climatisme pyrénéen est Alexander Taylor, un médecin écossais venu fortuitement dans la cité béarnaise en 1838. Souffrant, il attribue sa guérison à la douceur du climat palois et publie, en 1842, la première édition de son ouvrage On the curative influence of the climate of Pau and the mineral water of the Pyrenees on disease26. Véritable succès en Grande-Bretagne, il attire de nombreux insulaires dans la chaîne montagneuse, malgré les critiques émises par des climatologues étrangers dans le Times27. Michel Chadefaud souligne le consensus provoqué par le climatisme au sein des pouvoirs locaux et l’ardeur avec laquelle ceux-ci l’ont défendu. L’enjeu est d’importance, d’autant plus que dans les principales stations balnéaires et thermales, les municipalités et des particuliers investissent dans des infrastructures neuves28. Sous le Second Empire sont inaugurées les principales voies ferrées du Sud-Ouest, favorisant et facilitant les mouvements de personnes vers les stations thermales et balnéaires.
20Dénombrer les étrangers dans les Pyrénées n’est pas une chose aisée. Tout en soulignant cette difficulté, Michel Chadefaud estime qu’à Pau, la part des insulaires a évolué, entre 1844 et 1860, de 26 % à 56,6 % des hivernants. Pourtant, la colonie britannique n’atteint son apogée qu’en 1877-1878 – l’auteur recense alors 1033 Britanniques – bien que sa proportion tende à décroître progressivement (44 %). À Biarritz, l’augmentation des flux migratoires est aussi très nette : 8041 étrangers sont recensés en 1859 ; 24093 en 1900. Les Britanniques représentent une part non négligeable de cet afflux, mais moins importante qu’à Pau : 354 en 1859 ; près de 2000 en 1900. À cette clientèle prestigieuse, il convient toutefois d’adjoindre les suites, composées de domestiques, de cuisiniers et autres employés.
21Lors de leurs villégiatures, les insulaires ont profondément bouleversé non seulement le devenir des villes du Sud-Ouest au travers de la création d’infrastructures typiquement anglaises29, mais aussi leurs aspects architecturaux par la construction de somptueuses villas. À l’instar de Biarritz, la renommée des stations thermales et balnéaires ne repose pas uniquement sur l’aspect thérapeutique, ces villes deviennent également des lieux de mondanités30. Joseph Duloum nuance toutefois cette influence en insistant sur la démarche d’« auto-ségrégation » dont fait preuve la colonie britannique. Dans le cas de Pau, il démontre qu’à chaque « stade de développement » de la colonie correspond l’émergence d’un quartier presque exclusivement anglais31. Toutefois, les colonies britanniques se lient avec la minorité protestante locale qui, malgré une présence numériquement faible, constitue une minorité visible.
Protestants et sociabilités : entre repli communautaire et intégration sociale
22L’analyse des structures qui régissent la minorité protestante à Orthez et à Osse-en-Aspe révèle des comportements endogames parfois en contradiction avec la volonté d’intégration des protestants béarnais.
Structures familiales, stratégies matrimoniales et protection du patrimoine
23L’analyse des actes pastoraux réformés démontre que les mariages puis les baptêmes ne permettent pas, au cours du siècle, à la communauté protestante de se renouveler. La minorité protestante du sud aquitain est une communauté sur le déclin au xixe siècle.

Graphique 2. – Les actes pastoraux à Orthez (1800-1905).
Source : CEPB, 60J 50/141-148.
24À Orthez, le nombre de décès est régulièrement supérieur au nombre de baptêmes célébrés par les pasteurs réformés. Ceux-ci connaissent une très forte baisse observable entre les années 1810 – où ils sont supérieurs à 50 chaque année – et les années 1830, date à partir de laquelle ils peinent à dépasser le cap des 30 par an, voire des 20 par an à la fin du siècle. Les mariages, quant à eux, ne dépassent que très rarement le nombre de 10 chaque année32. Le même processus de déclin s’observe à Osse-en-Aspe, où le nombre annuel de baptêmes ne dépasse que très rarement le chiffre de 10 (1852 ; 1856 ; 1872).

Graphique 3. – Les Actes pastoraux à Osse-en-Aspe (1846-1905).
Source : CEPB, 60J 612/24.
25Dans cette commune, la communauté protestante ne cesse de décroître au cours de la seconde moitié du xixe siècle. Les nombreux départs des jeunes gens pour le piémont ou pour les Amériques expliquent la faiblesse du nombre d’unions protestantes et, par conséquent, de baptêmes dans le village33. Un autre facteur de cette faiblesse démographique, qui n’est pas propre au protestantisme, a été identifié par Daniel Bourchenin :
« On se marie plutôt tard en Béarn. Pour la nuptialité en général et la nuptialité tardive en particulier, la plus récente statistique assigne aux Basses-Pyrénées, l’avant-dernier rang, si j’ai bonne mémoire, le dernier étant revendiqué par les Hautes-Pyrénées. Une des explications de ce fait singulier semble provenir de l’habitude qu’ont les jeunes gens et les jeunes filles de se mettre en condition dès l’âge de treize ou quatorze ans, sitôt la première communion faite. La plupart se placent au loin et ne reviennent au pays que longtemps après, soit entre vingt-cinq et trente ans. C’est alors seulement qu’ils peuvent songer au mariage, s’ils sont encore célibataires à leur retour34. »
26Ce déclin semble inexorable pour la communauté protestante du sud aquitain, malgré l’adoption de comportements endogames qui visent à maintenir, à protéger l’existence d’une minorité protestante en Béarn.
27L’analyse des structures familiales à Osse-en-Aspe nécessite de prendre en considération l’ensemble des réalités du système de sociabilité des villages pyrénéens, tel qu’il a été énoncé par Jean-François Soulet. La structure de base des sociétés rurales pyrénéennes, la maison, recouvre trois dimensions : l’habitation, une unité de production ainsi que la réalité familiale35. Le choix de cet indicateur est rendu possible par l’étude des divers recensements réalisés par l’Église consistoriale d’Orthez, qui explicitent la composition des foyers36. Au sein des 92 maisons protestantes, dont 85 sur le territoire d’Osse-en-Aspe, nous notons une prédominance de la maison, de la « famille-souche » telle qu’elle a été décrite par Frédéric Le Play en 1856 et remaniée par Jean-François Soulet37. Toutefois, il est plus que probable que les maisons non protestantes, au nombre de 170, soient organisées selon la même logique et que les conclusions qui vont suivre ne soient pas propres aux maisons protestantes.

Tableau 6. – Nombre d’individus par maison protestante à Osse-en-Aspe (1850).
Source : CEPB, 60J 50/89.
28En 1850, la moyenne d’habitants par foyer est de quatre. Le plus souvent, cohabitent sous le même toit, le maître de maison, sa femme et ses enfants (45 foyers). Rares sont les individus isolés, qui tous sont des veufs ou des veuves, dont les enfants n’habitent plus Osse-en-Aspe. 32 % des maisons (29 foyers) peuvent être assimilées à des « familles souches » dans le sens où elles abritent soit trois générations, ou un frère/une sœur du chef de famille ou de sa femme. Dans ces cas, seul l’héritier ou l’héritière de la famille – les femmes peuvent hériter en Béarn en l’absence d’un héritier mâle – s’installe avec sa descendance. Les autres membres de la famille, conformément au modèle pyrénéen, vivent dans la même habitation mais demeurent célibataires. L’héritage joue, en effet, un rôle décisif dans les structures familiales aspoises : la préservation des terres a un impact direct sur les stratégies matrimoniales et le nombre d’enfants. Dans la seconde moitié du xixe siècle, à Osse-en-Aspe, les mariages protestants sont principalement endogames comme le prouve le dépouillement des actes pastoraux38. 74 bénédictions ont été administrées par les pasteurs entre 1846 et 1905. Dans 60 cas, soit 82,4 % des mariages protestants, les deux époux sont originaires de la Vallée d’Aspe et protestants39. La première raison de cette endogamie tient essentiellement au fait que ce village est le seul de la vallée où une communauté réformée numériquement importante est établie. Dans les 13 cas restants, l’un des époux est originaire ou habite Osse-en-Aspe, généralement il s’agit de l’épouse (7 cas). Seul un mariage ne concerne aucune famille de la commune, celui de deux protestants espagnols.
29En 1851, la commune d’Orthez est composée de 1019 maisons regroupant au total 1682 ménages. Parmi eux, 352 foyers sont protestants et abritent 1249 personnes. La très grande majorité des individus restants sont catholiques (5769), alors que 7 sont juifs40.

Tableau 7. – Nombre d’individus par foyer protestant à Orthez (1851).
Source : ADPA, E dépôt Orthez, 1 F 5.
30La moyenne d’habitants par foyer protestant est légèrement plus faible dans cette ville qu’à Osse-en-Aspe, puisqu’entre 3 et 4 individus vivent en moyenne sous le même toit. Les rares foyers où le nombre de personnes est supérieur à dix personnes sont parfois des institutions, à l’instar du pensionnat tenu par Zéline Reclus, femme du pasteur de l’Église évangélique indépendante d’Orthez, qui accueille douze personnes. Le taux de personnes isolées est plus élevé qu’à Osse-en-Aspe, puisqu’il atteint 22 % (78 individus). Dans cette ville, le nombre de domestiques est élevé (80 individus répartis dans 67 foyers). Celui de personnes cohabitant avec des domestiques de confession catholique est lui aussi important (59 catholiques répartis dans autant de foyers protestants, soit 22 % du total de domestiques catholiques), tandis que seuls 7 domestiques protestants sont employés par des catholiques (8,75 %). En effet, les protestants, composant une part non négligeable de la bourgeoisie locale, ne parviennent pas à trouver un nombre suffisant de domestiques parmi leur communauté. Les liens entre familles protestantes semblent également légèrement plus lâches en ville que dans les campagnes environnantes, où le modèle de la « famille-souche » domine encore. Pour autant, l’analyse des mariages démontre que lorsqu’il s’agit du conjoint ou de la conjointe, celui-ci demeure primordial.
31Si les unions se forment majoritairement entre protestants, la part d’endogamie tend cependant à décroître au fil du siècle. Pour autant, l’aire de recrutement du conjoint n’est guère étendue dans le cas des populations modestes ; elle ne dépasse que rarement le cadre des villages voisins. En revanche, les élites protestantes se montrent plus mobiles et leur choix, par des stratégies de réseaux, peut parfois s’étendre à un cadre national, voire international dans les cas d’union entre une jeune fille protestante locale avec un Britannique en villégiature dans la région.

Tableau 8. – Les mariages endogames à Orthez (1836-1905).
Source : CEPB, 60J 50/143-145.
32Rarement inscrits dans les registres paroissiaux, les mariages interconfessionnels ne sont quantifiables que par la comparaison de l’état civil avec les archives émanant des Églises protestantes et catholiques ou par le recours aux recensements effectués par les autorités publiques. À Orthez, où le dénombrement de 1851 est fiable41, la municipalité d’Orthez recense 352 foyers, dont 54 sont issus de mariages interconfessionnels. Si les unions mixtes constituent encore un comportement minoritaire, elles représentent néanmoins une portion importante de la communauté protestante (15 % des foyers). Ces données sont d’ailleurs probablement incomplètes, puisqu’il n’est possible de distinguer que les unions où chaque partenaire aurait décidé de conserver sa confession. Ces mariages peuvent être répartis en quatre catégories qui constituent autant de combinaisons familiales. La première, la plus importante (19 unions), englobe l’ensemble des foyers qui n’ont pas d’enfants habitant sous le même toit que le couple. Dans ce cas précis, le mariage mixte n’a pas de conséquences autres pour le couple, puisque chacune des personnes professe sa religion. La deuxième inclut les mariages interconfessionnels qui sont favorables au protestantisme (17), plus nombreux que ceux qui lui sont défavorables (13). Généralement, dans ces familles, les enfants adoptent tous la religion de la mère, qu’elle soit catholique ou protestante. Enfin, certains parents, minoritaires (5), choisissent de donner à leurs progénitures la confession du parent du même sexe. Cette pluralité de comportements démontre qu’il n’existe pas une seule et unique manière d’envisager la religion et qu’en raison de rapports de force au sein des couples, la norme sociale l’emporte sur la norme religieuse.
33À partir de 1888, les synodes officieux enjoignent les pasteurs à tenir des statistiques plus précises sur les mariages mixtes qui deviennent plus faciles à quantifier. À Orthez, malgré une très forte augmentation des mariages interconfessionnels au tournant du siècle, preuve du détachement progressif des protestants réformés vis-à-vis de leur Église, ils restent néanmoins minoritaires et ne dépassent pas 40 % des mariages.

Graphique 4. – Les mariages interconfessionnels à Orthez (1888-1905).
Source : CEPB, 60J 50/145.
34Ce même type de comportement s’observe dans les autres Églises locales. À Salies-de-Béarn, entre 1902 et 1905, les mariages mixtes (9) sont même plus nombreux que les mariages endogames (6)42.
35D’abord fermée sur elle-même, la minorité protestante du sud aquitain tend à s’ouvrir au fil du siècle alors que la liberté de culte se pérennise. Les comportements semblent, toutefois, varier en fonction de l’appartenance sociale des individus, alors même que les communautés locales sont extrêmement hétérogènes.
Analyse socio-professionnelle : une minorité hétérogène
36Comme l’a souligné André Encrevé, à l’image de la société française du xixe siècle, la population protestante est majoritairement rurale43. Au sein même des sociétés paysannes, de fortes disparités s’observent entre protestants, de sorte qu’ils ne peuvent être considérés comme un groupe homogène. À Osse-en-Aspe où l’économie est essentiellement tournée vers l’agropastoralisme, une étude statistique de la répartition des propriétés foncières entre membres de deux confessions révèle une hiérarchisation de la communauté villageoise en trois niveaux au sein desquels réformés et non protestants sont équitablement représentés44.
Surface des propriétés | Non-protestants | Protestants | Total |
< 1 ha | 107 (63 %) (63 %) | 62 (67 %) (37 %) | 169 (64 %) (100 %) |
1 à 1,99 ha | 21 (12 %) (65 %) | 11 (12 %) (35 %) | 32 (12 %) (100 %) |
2 à 4,99 ha | 30 (18 %) (73 %) | 11 (12 %) (27 %) | 41 (16 %) (100 %) |
5 à 9,99 ha | 10 (6 %) (62 %) | 6 (7 %) (38 %) | 16 (6 %) (100 %) |
> 10 ha | 2 (1 %) (50 %) | 2 (2 %) (50 %) | 4 (2 %) (100 %) |
Total | 170 (100 %) | 92 (100 %) | 262 (100 %) |
Tableau 9. – Répartition des propriétés en fonction de la superficie de la terre et de la confession du propriétaire hors biens communaux et données inconnues (1850). Unité : la maison.
Source : ADPA, E dépôt Osse-en-Aspe, 3 P 3/1-2.
37À l’échelle de la population totale, les petits propriétaires (moins de 2 ha) sont fortement majoritaires (76 %) et contribuent à donner l’image d’un parcellaire privé émietté. Les maisons sont alors constituées de l’habitation et d’un jardin attenant. Cette catégorie comprend l’ensemble des villageois qui, bien que propriétaires, ne vivent pas de l’exploitation de leur terre. Il s’agit des artisans, des membres de professions libérales mais aussi, principalement, des salariés agricoles (journaliers, métayers, fermiers). Certains cultivateurs possèdent également une ou deux exploitations de petite taille dans les labours ou dans les pâtures (terres excentrées au nord du village). Les moyens propriétaires représentent l’échelle intermédiaire. Ils vivent principalement de l’agropastoralisme. Outre leur habitation et parfois un moulin, ils possèdent des labours et des pâtures ou encore de la vigne et des vergers qui assurent leur subsistance et, par conséquent, leur indépendance ; l’économie du bois est également très développée. Les grands propriétaires, toutes proportions gardées avec ce qui s’observe ailleurs, sont au nombre de quatre, soit une infime minorité de la communauté villageoise (2 %). Ils constituent l’élite rurale et exercent des fonctions représentatives au sein de la société villageoise. Jean-Clément Domecq est, par exemple, adjoint au maire ainsi que membre du consistoire local d’Osse-en-Aspe et du consistoire général d’Orthez. La relative équité dans la répartition des terres entre réformés et non-protestants témoigne de l’importance foncière de la minorité. Cette équivalence démontre également la stabilité des grands domaines et des élites : malgré la clandestinité durant le Désert, les protestants ont conservé leur emprise terrienne. Il s’agit donc d’une implantation durable depuis l’époque où le protestantisme était fortement majoritaire dans cette commune. Cette même hétérogénéité s’observe à Bellocq et à Sauveterre-de-Béarn, communes étudiées par Michel Papy et Jean-Marc Daguerre45.
38À Orthez, l’hétérogénéité de la communauté protestante se caractérise à la fois par une différence de richesse et par une plus grande diversité des professions exercées. Afin d’en démontrer l’étendue, celles-ci ont été classées en neuf grands groupes auxquels il faut adjoindre « les sans profession » et « les non renseignés ».
Catégories socio-professionnelles | Nombre de personnes | Valeur relative |
Apprentis, commis, ouvriers, journaliers | 78 | 8,3 % |
Artisans | 173 | 18,4 % |
Cultivateurs | 91 | 12,1 % |
Domesticité, gens de maison, ménagères | 267 | 28,4 % |
Employés de bureau, de commerce | 1 | 0,1 % |
Fonctionnaires, employés municipaux | 4 | 0,4 % |
Industriels, ingénieurs | 1 | 0,1 % |
Négociants, commerçants | 94 | 10 % |
Professions libérales, militaires, rentiers | 183 | 19,5 % |
Sans profession | 11 | 1,2 % |
Non renseigné | 13 | 1,4 % |
Total | 916 | 100 % |
Tableau 10. – Les catégories socio-professionnelles à Orthez (1851).
Source : ADPA, E dépôt Orthez, 1 F 5.
39Sur 1249 protestants à Orthez, 916 ont pu être identifiés comme actifs, dont 13 n’ont pas de profession indiquée. Près d’un tiers des protestants exerce des métiers d’intérieur comme la domesticité (80 personnes), et nombre de femmes sont des « ménagères » (181). Vient ensuite la catégorie aisée des professions libérales, des militaires et des rentiers. Ces derniers sont de loin les plus nombreux, puisqu’ils sont 163, soit 17,8 % de la population protestante (59 hommes et 104 femmes). Par ailleurs, quelques protestants exercent des métiers dans le domaine de la justice (6) ou de la santé (10). Les artisans représentent également une part non négligeable de la population protestante d’Orthez (18,5 %). Si les femmes sont essentiellement des couturières (50 individus), les hommes sont spécialisés dans la tannerie (31) et dans la mégisserie (11). Les négociants et les commerçants ne représentent que 10 % de la population protestante, mais n’en constituent pas moins une classe aisée pour la plupart, tandis que les cultivateurs, souvent des fermiers, dépassent 12 %. Les ouvriers, au nombre de 40, des commis et des journaliers habitant généralement les quartiers ruraux de la ville, représentent, quant à eux, 8,3 % de la population totale. Enfin, les industriels, les ingénieurs, les fonctionnaires et les employés de bureau ne constituent qu’une part infime de la minorité protestante car, à cette époque, il n’existe pas à Orthez de manufacture ou de grande industrie. D’une manière générale, ces proportions ne varient pas de celles de la population globale exerçant une profession dans chacune des catégories.
40Ainsi la population protestante du sud aquitain se révèle très hétérogène tant du point de vue de la profession que du statut social. Ces différences sont observables dans les campagnes, mais aussi dans les villes comme Orthez. Pour autant, les élites, par leurs réseaux de sociabilité, octroient à la minorité protestante une certaine visibilité.
Élites et sociabilités : les réseaux de la minorité protestante
41Afin d’analyser le poids social de minorité protestante, l’exploitation succincte de fonds familiaux se révèle pertinente. À travers ces archives qui concernent tant le domaine des affaires que celui de la vie privée, il est possible d’appréhender les comportements sociaux et de mieux comprendre l’intégration des communautés dans la société globale. Parmi les nombreux fonds disponibles, notre choix s’est porté sur celui de la famille Naude qui officie dans le commerce. L’étude des familles Coustère et Nogaret permet également de comprendre le rôle joué par les protestants dans le développement du thermalisme local, notamment à Salies-de-Béarn.
42Le parcours de la famille Naude, originaire d’Orthez, est représentatif de celles, qui partant d’une petite condition bourgeoise, accèdent au statut de rentier par le fruit de leur labeur46. Jusqu’à la fin du xviiie siècle, Pierre Naude exerce la profession de marchand-tanneur. André Naude, qui lui succède à la tête du commerce au tournant du siècle, décide de recentrer les activités familiales dans le domaine du textile. Pour ce faire, il s’allie, en 1809, avec Daniel Paraige, un marchand drapier protestant. La dissolution de la société en 1812 n’empêche pas le commerce d’André Naude de prospérer comme l’indiquent les registres de comptes conservés. Dans son magasin à Orthez, ses activités se concentrent principalement sur la vente de tissus. Les registres de comptes de sa société permettent d’établir qu’André Naude se fournissait tant à une échelle locale qu’internationale (Gand). Sa clientèle est, quant à elle, exclusivement locale, parmi laquelle figurent les principales familles bourgeoises protestantes de la ville, comme les Forcade-Lapeyre, les Paraige, les Gabriac, les Lamatabois, etc. Ces familles sont, par ailleurs, liées par un jeu d’alliances matrimoniales : André Naude est l’époux de Jeanne Paraige (1763-1827), fille de Paul Paraige, avocat ; son autre fille, Jeanne (1763-1834), est mariée à Louis-Victor Gabriac (1784-1830), le pasteur de la ville. Le frère des deux Jeanne, Jean (1763-1826), est avocat et sous-préfet d’Orthez durant le Premier Empire. La famille Naude est également alliée à la famille Forcade-Lapeyre, alliée de la famille Lamatabois : en 1754, Jeanne Naude épouse Gédéon Forcade-Lapeyre et l’un de leurs petits-enfants épouse Rachel Naude (1793-1877). Dans ces familles de condition bourgeoise, les critères de religion et de fortune acquièrent donc une grande importance, voire constituent la base même de l’union.
43Grâce au succès de son commerce, André Naude diversifie son patrimoine foncier. Alors que ses parents ne possédaient aucune propriété dans la ville d’Orthez, il y fait l’acquisition de plusieurs biens. Il devient également propriétaire, par héritage ou par achat, de terres agricoles à Ossages (Landes) et de deux métairies à Orthez et à Sallespisse. À sa mort le 24 mai 1847, ses deux petits-enfants, Émile et Adèle, héritent du patrimoine foncier de leur aïeul. Depuis janvier 1841 et la mort du dernier descendant mâle adulte, Jean-Pierre Naude, le fonds de commerce des Naude est cédé à des familles alliées, les Peytiu et les Branaà. La famille Naude adopte alors un train de vie de rentiers, vivant essentiellement du produit de l’exploitation de ses terres. Cette situation bourgeoise permet également de conclure des unions matrimoniales profitables : Émile Naude épouse, en 1856, Anna Rebeyrolle du Fleix (Dordogne) issue d’une famille bourgeoise alliée aux Reclus, tandis qu’Adèle se marie, en 1866, avec George Armstrong, fils d’un riche négociant bayonnais et lieutenant. Dès lors, le statut de rentier de la fratrie Naude se renforce et le commerce est totalement délaissé par cette famille.
44À Salies-de-Béarn, la minorité protestante joue également un rôle important dans le développement économique de la commune. L’industrie du sel y est gérée par la Corporation des parts-prenants de la Fontaine salée, régie par un règlement datant de 1587. Le statut de part-prenant, transmis selon un droit du sang (être fils de part-prenant) et un droit du sol (habiter Salies-de-Béarn), permet de jouir du sel de la Fontaine, qui est une propriété indivise47. La corporation est, quant à elle, gérée par un conseil de notables, composé de quarante parts-prenants et présidé par le maire de la ville, qui élit un Syndic, ordonnateur, et un Receveur, chargé de la comptabilité. Au xixe siècle, plusieurs protestants occupent la fonction de Syndic, notamment Pierre-François Coustère (1849-1850), Charles et Pierre Dupourqué, entre 1853 et 1885. Pierre Pécaut officia, quant à lui, en tant que directeur de la saline. Il démissionne, toutefois, en 1860, en raison d’un contentieux financier, le conseil d’administration lui refusant un pourcentage sur les bénéfices de la saline48. Certains protestants salisiens participent à la transformation de la ville en station thermale. L’un d’eux est Charles Nogaret, fils et frère des pasteurs Pierre et Joseph Nogaret. Diplômé de médecine en 1844, il est l’un des promoteurs de la construction du premier établissement thermal de la commune. Devenu médecin inspecteur des eaux de Salies, il rédige, en 1866, un rapport qui lui vaut, en 1868, une médaille de l’Académie impériale de médecine de Paris49. Élisée Coustère est, quant à lui, maire de Salies-de-Béarn lorsque sont réalisées la construction d’une usine hydro-électrique, l’installation de l’éclairage public électrique et l’adduction d’eau potable50.
45Les situations notables de ces familles participent à la visibilité et au rayonnement de la minorité protestante, au point de lui conférer parfois une importance et une influence sans commune mesure avec son poids numérique. Par ailleurs, chacune de ces familles participe à la vie des Églises réformées locales, le plus souvent en tant de membres des consistoires. L’éducation des enfants, les activités sociales des adultes traduisent autant le caractère bourgeois du train de vie de ces protestants que de l’importance de la religion dans leur vie quotidienne : les enfants Naude, lorsqu’ils sont placés en apprentissage, le sont chez des protestants toulousains ; l’existence de papiers relatifs à l’hospice de la ville d’Orthez dans le fonds de cette famille témoigne également de ses activités charitables, alors que la présence de documents sur l’histoire du protestantisme local démontre qu’elle s’est attachée à perpétuer la mémoire d’une Église clandestine51. Ces comportements, associés aux stratégies matrimoniales, laissent donc percevoir une volonté d’intégration des protestants dans la société globale qui s’exprime notamment par le rôle social et économique de ces familles, mais la minorité protestante ne se départit pas néanmoins de certains aspects communautaires. De telles attitudes trouvent leur traduction dans les espaces quotidiens.
Partition confessionnelle et mixité spatiale
46L’étude de la partition confessionnelle à Orthez et à Osse-en-Aspe vise à mesurer, en l’absence de sources précises liées à la vie quotidienne, à la fois l’étendue du caractère communautaire hérité des protestants, et la permanence d’une coexistence quotidienne malgré un siècle de persécutions et de clandestinité.
Les implantations protestantes en zone rurale : l’exemple d’Osse-en-Aspe
47La représentation cartographique de la partition confessionnelle révèle l’existence de quatre types de pratiques de coexistence, qui correspondent à des espaces distincts, tant par leur nature que par leur position géographique.
48Une première pratique de l’espace est la conséquence d’usages coutumiers au sein desquels l’identité communautaire et pyrénéenne est prédominante. Il s’agit de l’exploitation conjointe des biens communaux, auxquels les Aspois se sont montrés particulièrement attachés52. Composés de bois et de pâtures, ils représentent à eux seuls les trois quarts de la surface d’Osse-en-Aspe. Leur propriété rend compte de l’organisation communautaire de la vallée : elle est partagée entre Osse-en-Aspe, Lourdios (ancien lieu-dit de la commune) et Lées-Athas, hameaux catholiques. Système social en indivis, les communaux permettent une relation socio-économique constante entre les deux communautés, malgré les conflits confessionnels. Leur exploitation peut servir d’argument lors de conflits avec la municipalité. Par exemple, au cours d’une querelle qui l’oppose à la municipalité en 1883, Alfred Cadier critique ouvertement auprès du président du consistoire, la gestion du bois provenant des biens communaux :
« Nous ne pouvons en effet changer l’esprit de la municipalité qui est toujours le même. Elle nous en a donné des preuves. […] elle ne nous a pas refusé de nous vendre du bois de la forêt communale, qu’elle aurait dû nous offrir gratuitement (comme lors de la construction du presbytère)53. »

Carte 2. – Représentation schématique des espaces de coexistence confessionnelle à Osse-en-Aspe (1850).
49La seconde pratique est la traduction sociale des moyennes et grandes propriétés au nord et à l’ouest de l’espace villageois. Dans ces terres excentrées et de grandes superficies, on note l’existence de blocs protestants et de blocs catholiques. Dans le cas des plus grandes propriétés, sont construits des bâtiments d’exploitation où ne demeure pas le propriétaire qui possède également une habitation dans le village. Ces domaines témoignent de la stabilité de la propriété terrienne protestante malgré la période du Désert. C’est le cas, notamment, au nord-est, dans les terres appartenant à la famille Audap. Ces regroupements de terres confirment l’existence de stratégies matrimoniales au sein desquelles le critère de religion est primordial durant une partie du xixe siècle, à moins qu’il ne s’agisse d’un héritage de la situation majoritaire antérieure.
50Très marquées au sein des grands domaines, les frontières confessionnelles s’estompent cependant parmi les moyennes propriétés plus proches de l’espace villageois. Dans cette zone, le parcellaire est plus dense et ces terres, des labours ou des prés, appartiennent à des moyens ou petits propriétaires. Dès lors, apparaît une alternance de parcelles appartenant à des propriétaires de confessions différentes. Ce phénomène s’accentue davantage à l’approche de l’espace villageois. En effet, l’étude de ce dernier démontre l’existence d’une mixité spatiale. L’alternance de parcelles, notamment autour de l’église catholique, démontre que les conflits quotidiens n’ont pas de conséquence directe sur l’implantation spatiale. La majorité catholique et la minorité protestante semblent donc évoluer dans un espace social commun au-delà de leurs distinctions identitaires confessionnelles. Cette coexistence peut être qualifiée de « pratique » : les aspects familiaux et socio-économiques priment donc au quotidien sur l’appartenance à une confession et témoignent de l’identité plurielle des Ossois.
51Enfin, il existe un regroupement de propriétés protestantes dans l’espace villageois autour du temple. Il semble, cependant, que cette présence soit antérieure à la reconstruction du lieu de culte en 1805 sur son emplacement originel. Cette hypothèse, associée au respect mutuel des deux communautés confessionnelles, peut expliquer que la parcelle n’ait pas été réoccupée à la suite de la destruction du temple en 1686. Elle confirme d’ailleurs les propos tenus par Alfred Cadier à ce propos :
« L’on sait que, dans nos montagnes où la population était alors très nombreuse et n’émigrait pas comme de nos jours, le village était à peine suffisant pour les habitants. Les ménages s’entassaient dans des maisons étroites. Les jardins, très petits, étaient fractionnés entre diverses familles, aussi n’est-il pas étonnant que personne n’ait songé à mettre la main sur cet emplacement situé au centre du village ? Nous devons considérer ce fait comme un hommage de sympathie aux pauvres religionnaires et en même temps comme une protestation muette mais significative contre les injustes mesures dont ils étaient l’objet. Lorsque l’heure de la liberté sonna en 1789, personne non plus ne contesta aux descendants des persécutés le droit de reprendre possession de ce terrain et d’y reconstruire un nouveau temple sur les fondements de l’ancien54. »
52L’inscription « Bethel, temple des protestans » provenant du temple primitif a été également sauvegardée durant la période du Désert avant d’être replacée au-dessus de l’entrée du nouveau. En protégeant ce terrain et les pierres de l’ancien lieu de culte, les protestants ont conservé leur mémoire. C’est donc au sein de cet espace que se développent la conscience et l’identité protestante par le biais de la construction d’un territoire cultuel composé des lieux de culte, d’inhumation et d’apprentissage55.
L’implantation protestante en milieu urbain : une diversité de situation
53En milieu urbain, dans la majeure partie des cas, l’implantation protestante relève des mêmes principes d’intégration protestante. L’analyse spatiale de la ville d’Orthez en 1851 démontre l’existence de disparités dans les quartiers centraux de la ville56. En effet, les protestants sont surreprésentés dans certaines rues, comme celle des Aiguilletiers (58,9 %), des Pelains (43,8 %), de Saint-Gilles (29,6 %) et des Innocents (46,7 %). Dans les trois premiers cas, cette surreprésentation ne doit pas être interprétée comme la conséquence de l’existence d’une frontière confessionnelle, mais plutôt comme celle de quartiers spécialisés dans un secteur professionnel spécifique. En effet, les rues des Aiguilletiers et des Pelains sont, à Orthez, celles où se regroupent un grand nombre de mégisseries et de tanneries, domaines dans lesquels plusieurs familles protestantes se démarquent. La rue Saint-Gilles est, quant à elle, un lieu où vit un nombre important de commerçants/négociants et de rentiers.
54Plus difficile à appréhender est le cas de la rue des Innocents, où se situe le temple protestant. Les activités de la tannerie et de la mégisserie sont antérieures à la construction du temple en 1790 et les sources ne précisent pas si le terrain a été choisi parce qu’il se situait dans un quartier où les protestants étaient déjà nombreux. De la même manière, il demeure difficile d’établir un lien de causalité entre la présence du temple, rue des Innocents, et l’emménagement de nouveaux protestants dans ce quartier de la ville.
55Enfin, plusieurs quartiers se caractérisent par l’absence complète de protestants, même s’il s’agit, dans trois cas, de quartiers résidentiels : la place Saint-Pierre, où se situe l’Église du même nom, abrite au total 151 individus ; la place Brossers, 124 ; et la place d’Armes (près de l’ancien couvent des Jacobins), 181. Une hypothèse serait que l’implantation ancienne et pérenne de familles catholiques aisées dans ces quartiers empêche tout renouvellement immobilier et donc aux protestants d’y accéder. Dans les cas de la rue Rouerie, de l’Écorcherie et du Puits, le nombre d’habitants se résume à une poignée d’individus, deux ou trois familles, si bien qu’il ne peut s’agir d’une forme de ségrégation spatiale.
*
56La minorité protestante du sud aquitain se caractérise, tout d’abord, comme dans de nombreuses régions françaises, par sa dissémination. En effet, s’il existe au nord-ouest du Béarn, un centre névralgique, conséquence d’une implantation ancienne, rares sont les villes ou villages où les protestants constituent une part importante de la population communale. Plus encore, dans la seconde moitié du xixe siècle, sous l’effet de l’exode rural et de l’émigration vers les Amériques, disparaissent les deux seules situations majoritaires locales (Bellocq, Salles-Mongiscard). Au contraire des populations rurales sur le déclin, la population protestante urbaine n’a de cesse de croître grâce au développement du thermalisme, pierre angulaire de l’économie pyrénéenne au xixe siècle. Ailleurs, au Pays basque à l’exclusion de la côte, dans les Landes et les Hautes-Pyrénées, le protestantisme n’est qu’un fait ultra-minoritaire, voire totalement inexistant.
57Essentiellement implantée en milieu rural, cette minorité confessionnelle est de fait, majoritairement formée de propriétaires et de cultivateurs. Dans les villes, les activités professionnelles sont diversifiées, mais les populations protestantes sont, dans leur grande majorité, composées de petites gens peu aisées. L’adoption de comportements endogames est également l’une des caractéristiques de la minorité protestante : les mariages, très majoritairement confessionnels, visent à protéger, voire à accroître le patrimoine familial, et, en ce sens, le critère de religion apparaît, encore au xixe siècle, comme l’un des éléments qui structurent la cellule familiale. Il tend, cependant, au cours de la seconde moitié du siècle, à s’atténuer, au profit de mariages mixtes. Il ne régit pas, pour autant, l’ensemble des modes spatiaux : les frontières sont peu visibles et perméables dans les espaces où la minorité occupe une place importante. Lorsque les frontières existent, dans les zones rurales, elles sont plus le fruit d’une implantation ancienne et de stratégies familiales que l’émergence d’une volonté communautaire. Dans les villes, la structuration des espaces urbains est davantage la conséquence de logiques économiques et sociales.
58La minorité protestante oscille donc entre comportements hétérogames et endogames. Cette situation complexe pèse tout entière sur l’évolution des cadres institutionnels et religieux, d’autant plus que les Églises réformées sont encadrées par un statut juridique et législatif qui ne sied guère à leur organisation presbytéro-synodale et les contraint à repenser leurs modes de fonctionnement.
Notes de bas de page
1 Encrevé André, Protestants français au milieu du xixe siècle, op. cit., p. 13-14.
2 Luria Keith, « Les frontières du sacré », Chrétiens et sociétés, n° 15, 2008, p. 8-29.
3 Encrevé André, Protestants français au milieu du xixe siècle, op. cit., p. 61 ; Chareyre Philippe, « Démographie et minorités protestantes », op. cit., p. 889.
4 Poulat Émile, « Les cultes dans les statistiques officielles en France au xixe siècle », Archives des sciences sociales des religions, 1956/2, p. 22-25.
5 Champ Nicolas, op. cit., p. 38.
6 Origine des données : 1787 : consistoire ; 1802-1805 : chiffres Portalis cités par Robert D., op. cit., 1959, p. 530 ; 1819 : autorités publiques ; 1839 : consistoire ; 1861 et 1872 : recensements ; 1891 et 1901 : rapports des Églises réformées.
7 CEPB, 60J 50/69, 24/06/1844. En 1819, les maires recensent 4639 protestants alors que le consistoire d’Orthez en dénombre 4868. En 1839, le chiffre avancé par l’assemblée consistoriale est de 5421 protestants alors que cinq ans plus tard, il est de 4986 protestants.
8 Ibid., 60J 50/75, rapports annuels des Églises réformées, 1890.
9 Ibid., rapport de 1893.
10 Les libristes sont au nombre de 203 à Orthez et de 51 à Pau en 1901. L’estimation n’est pas possible pour les darbystes.
11 Charnisay Henri de, L’émigration basco-béarnaise en Amérique, Pau, J et D Éditions, 1996.
12 CEPB, 60J 50/75, rapports annuels des Églises réformées.
13 Chadefaud Michel, « La renaissance du thermalisme dacquois », in Études géographiques offertes à Louis Papy, Bordeaux, Institut de géographie et d’études régionales/CEGET, 1978, p. 521-528.
14 CEPB, 60J 50/89, recensement de la population protestante, 1889.
15 Ibid., 60J 50/84, rapports de l’Église réformée de Mont-de-Marsan, 1892.
16 Larbanès Pierre, Témoignage d’une conversion (1883-1884), texte édité et préfacé par Suzanne Tucoo-Chala, Pau, CEPB, 1990.
17 Chareyre Philippe, « Démographie et minorités protestantes », op. cit. André Encrevé avance le pourcentage de 2,35 % en 1851 et 1,6 % en 1872. Cf. Encrevé André, Protestants français au milieu du xixe siècle, op. cit., p. 64.
18 CEPB, 60J 50/89, dénombrement au 1er janvier 1852 ; ADPA, série E dépôt, Orthez, 1 K 5, recensement de la population.
19 Micheu-Pouyou Jean, Histoire électorale du département des Basses-Pyrénées sous la IIIe et IVe République, Paris, 1965, p. 34 ; Jourdan Jean-Pierre, « La naissance du département des Basses-Pyrénées (1790) », Bulletin Sociétés des sciences, lettres et arts de Bayonne, 1987, n° 145, p. 233-253.
20 CEPB, 60J 370/1, rapport de l’Église de Bellocq, 1898.
21 Bénard-Oukhémanou Anne, La communauté juive de Bayonne au xixe siècle, Anglet, Atlantica, 2001.
22 CEPB, 60J 50/89, recensements, 1843-1901 ; BPF, ms. E 225, recensement des protestants palois, 1857.
23 Louis Bardewisch, consul de Prusse, ne reste que quelques années à Bayonne. Certains s’installent durablement et nouent des alliances matrimoniales locales comme Heinrich Willem Ide, consul du Danemark à Bayonne, dont la famille s’allie notamment avec les Lafargue.
24 Chareyre Philippe, « Osse-en-Aspe : l’illusion d’une Cévennes pyrénéenne », in Serge Brunet et Nicole Lemaître (dir.), Clergés, communautés et familles des montagnes d’Europe, Paris, Publications de la Sorbonne, 2005, p. 382-388.
25 Duloum Joseph, op. cit. ; Chadefaud Michel, Aux origines du tourisme dans les pays de l’Adour, op. cit. ; Tucoo-Chala Pierre, Pau, ville anglaise, op. cit.
26 Taylor Alexandre, On the curative influence of the climate of Pau and the mineral water of the Pyrenees on disease, Pau, Vignancour, 1842. L’existence d’une Église britannique à Pau est l’un des arguments avancés par l’auteur.
27 Tucoo-Chala Pierre, op. cit., p. 47-102 ; Duloum Joseph, op. cit., p. 360-366.
28 Ibid., p. 440-450 et p. 516-616.
29 Nous pourrions citer à titre d’exemple la construction du premier golf sur le continent à Billère en 1856, ou encore la fondation du club de chasse à la courre, le Pau Hunt, en 1840.
30 Duloum Joseph, op. cit., p. 405-419 ; Chadefaud Michel, op. cit., p. 220-250.
31 Duloum Joseph, op. cit., p. 380-382
32 CEPB, 60J 50/60/141-148.
33 CEPB, 60J 612/24, actes pastoraux d’Osse-en-Aspe, 1846-1905.
34 Bourchenin Daniel, « Les noces de campagne en Béarn », Explorations pyrénéennes, 31e année, 1896, p. 263-264.
35 Soulet Jean-François, Les Pyrénées au xixe siècle : l’éveil d’une société civile, Luçon, Sud-Ouest, 2004 (1987), p. 208-224.
36 CEPB, 60J 50/89, recensement de la population d’Osse-en-Aspe, 1850.
37 Soulet Jean-François, op. cit., p. 212-214.
38 CEPB, 60J 612/24, registres de mariages, 1846-1905.
39 Dans 56 cas, les deux époux sont originaires d’Osse-en-Aspe, soit 75,6 %.
40 ADPA, E dépôt Orthez, 1 F 5, recensement de la population d’Orthez, 1851.
41 ADPA, E dépôt Orthez, 1 F 5, recensement de 1851, 21 cahiers.
42 CEPB, 60J 50/75-84, rapports annuels de la Consistoriale d’Orthez, 1888-1905.
43 Encrevé André, Protestants français au milieu du xixe siècle, op. cit., p. 82-87.
44 Il est possible qu’un propriétaire possède des terres dans d’autres communes.
45 Papy Michel, « Esquisse sociologique du protestantisme rural en Béarn », BSHPF, t. 142, 1996/4, p. 789-808 ; Daguerre Jean-Marc, « 1840-1906 : soixante-six ans de protestantisme dans la paroisse réformée de Sauveterre-de-Béarn », in Suzanne Tucoo-Chala et Philippe Chareyre (dir.), op. cit., p. 417-420.
46 CEPB, 60 J 300, Fonds Naude.
47 Lombard Albert, La coutume de Salies-de-Béarn : une forme subsistante de propriété collective, Paris, A. Rousseau, 1900.
48 ADPA, 54 J, fonds de la corporation des parts-prenants de la Fontaine salée de Salies-de-Béarn.
49 CEPB, 1 Mi 70/3, archives du docteur Charles Nogaret.
50 ADPA, E dépôt Salies-de-Béarn, 1 D 15-16, registres du conseil municipal et de ses commissions (1896-1910).
51 CEPB, 60J 300, Fonds Naude.
52 Vivier Nadine, Propriété collective et identité communale. Les biens communaux en France (1750- 1914), Paris, Publications de la Sorbonne, 1998, p. 243-244.
53 CEPB, 60J 612/11, CP d’Osse-en-Aspe, 11 juillet 1883.
54 Cadier Alfred, Histoire de l’Église réformée d’Osse-en-Aspe, Paris/Pau, Grassart/Léon, 1892, p. 298-299.
55 Le cimetière situé autour du temple est déplacé par la municipalité dans les années 1850.
56 ADPA, E dépôt Orthez, 1 F 5, recensement de 1851.
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