Introduction à la première partie
p. 21-22
Texte intégral
1Comme l’affirme Patrick Harismendy, les Églises réformées de France reposent sur l’association de trois éléments indissociables : l’assemblée des fidèles, le pasteur qui ne joue aucun rôle d’intercession, et un temple, lieu de la rencontre des deux premiers éléments sans pour autant qu’il ne lui soit conféré une fonction sacrée1. Annoncée par les persécutions croissantes qui précédèrent puis suivirent la révocation de l’édit de Nantes en 1685, la politique d’éradication de la dissidence religieuse engagée par l’État prive les assemblées de leurs pasteurs et de leurs temples. Commence alors une période, qui s’étend sur plus d’un siècle, au cours de laquelle les protestants sont contraints à la clandestinité.
2L’histoire des protestants au xixe siècle est donc, en premier lieu, celle d’une réintégration, dont le processus débute, en 1787, par la promulgation de l’édit de Tolérance, qui octroie aux non-catholiques un état civil, et s’achève en 1802 par celle des Articles organiques, qui prévoient la création d’Églises consistoriales sur la base d’un seuil de 6000 protestants, mais passent sous silence les Églises locales et le synode général. Le cadre conféré aux Églises réformées par cette loi est intimement lié à celui accordé à l’Église catholique dans le cadre du concordat de 1801-1802 et en cela, traduit la volonté de Napoléon de limiter les pouvoirs et l’influence des assemblées délibératives, surtout celles catholiques, et de simplifier les structures des institutions protestantes2. Cependant, en créant une nouvelle entité et en niant les instances locales et nationales traditionnelles des Églises réformées, l’État les prive de la faculté de réviser leurs textes normatifs, la Confession de foi des Églises réformées de France dite de Paris-La Rochelle rédigée en 1559-1571, et la Discipline ecclésiastique des Églises réformées de France, texte dont les termes sont évolutifs et dont les dernières révisions datent de la période du Désert.
3De fait, les Églises réformées se trouvent, en ces temps de reconstruction institutionnelle, dans une situation de confusion, sinon de fragilité, en proie aux tensions internes et à la dissidence. Appréhender ces formes de structuration des institutions protestantes, mais aussi les phénomènes d’affirmation et de reconnaissance de ce pluralisme, définir les espaces et saisir les modalités de coexistence et les points de tensions constituent l’un des aspects centraux de notre recherche. Pour ce faire, il convient, tout d’abord, d’appréhender les contours de la minorité protestante, avant de s’intéresser aux limites du cadre concordataire et à son application locale. Celles-ci, associées à la présence de prédicateurs du Réveil et de mouvements anglo-saxons dissidents de l’Église anglicane, provoquent, à partir des années 1830, le morcellement du protestantisme béarnais. Aux antagonismes nés de ces ruptures succèdent des tentatives de rétablissement d’une concorde protestante.
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