Politiques d’égalité des sexes après la Résistance
Repenser le pouvoir dans la Grèce en guerre civile
p. 219-232
Texte intégral
Introduction
1Comme partout ailleurs dans l’Europe occupée, l’antifascisme a vu un nombre sans précédent de femmes (et d’hommes) isolées se mobiliser autour du mouvement grec d’inspiration communiste EAM/EAL1 et en politique pour la première fois. Un appel à la mobilisation soigneusement élaboré, mêlant nationalisme culturel et séparation traditionnelle des sexes, a permis l’entrée massive des femmes dans le mouvement et les frontières patriarcales ont fini par s’élargir pour s’adapter aux circonstances exceptionnelles de l’occupation étrangère. La participation massive des femmes a sans doute été le plus puissant symbole du double objectif de l’EAM : en tant que mouvement de libération nationale et en tant que mouvement social pour la justice sociale et la transformation démocratique de la culture politique nationale.
2Plusieurs chapitres de cet ouvrage observent l’importance du défi mais aussi la persistance de l’idéologie traditionnelle d’égalité des sexes présente dans les mouvements de résistance de l’Europe occupée par les forces de l’Axe – mouvements qui partageaient les mêmes projets de modernisation. Les universitaires s’accordent largement pour reconnaître que, bien qu’imparfaites, les politiques d’égalité des sexes de la Résistance et leur mise en pratique dans la mobilisation de masse ont eu un impact significatif sur les relations hommes-femmes et ont posé les bases de la formation de nouvelles subjectivités politiques. Ce chapitre suit l’élan de transformation des normes sociales et des identités sexuelles dans le cas de la Grèce d’après-guerre où des tensions se sont accrues entre la gauche et la droite, pour atteindre leur paroxysme avec la guerre civile de 1946 qui a interrompu cette transformation sociale. Nous nous intéresserons particulièrement aux difficultés des mouvements de masses féminins nés de la Résistance et basés sur une large coalition dont l’objectif était de consolider les acquis politiques de la période de la Résistance et qui se sont heurtés à la guerre civile/guerre froide comme nouveau cadre de l’activisme féminin. Le décor était planté pour une fragmentation du mouvement et pour sa reconstitution comme un rouage important dans la machine de l’effort de guerre communiste.
3Au cœur de cet article se trouve l’épineuse question du pouvoir et de l’héritage : comment pouvons-nous, en tant qu’historiens, évaluer le mouvement féminin de gauche/communiste en Grèce après la résistance et dans les circonstances complexes de la guerre civile qui a redéfini un cap, sans reproduire les simplifications habituelles de l’historiographie de la guerre froide et de l’historiographie féministe de l’activisme communiste pendant la guerre froide ? C’est la question qu’abordera cet article.
De nouveaux sujets politiques : la Fédération panhellénique des femmes
4En Grèce, comme partout en Europe, les diverses formes d’activisme féminin de la Résistance, pour reprendre les termes de Mercedes Yusta concernant l’Espagne, ont nourri un antifascisme spécifiquement féminin avec ses propres conditions et ses propres objectifs ; une sorte de subculture politique avec son propre appel à la mobilisation, ses propres rituels, symboles et héros2. Comme cela a été observé dans de nombreuses études de cas, l’idée d’andartissa3 ou de partisane allait être aussi utilisée par le mouvement élargi à ses propres fins, souvent comme symbole allégorique de sa légitimité morale auprès des observateurs internationaux4. En Grèce, la radicalisation massive a posé les bases de la formation d’un mouvement féminin, une coalition large et variée de groupes de femmes réunis sous la bannière de la Fédération panhellénique des femmes (Panelladiki Omospondia Gynaikon/POG). Fondée en février 1946, cette organisation-cadre est composée de membres dont le nombre et la diversité sont sans précédent, transcendant ainsi les lignes traditionnelles de classes, d’éducation et de géographie qui avaient jusqu’alors limité les mouvements de femmes et les mouvements féministes d’avant-guerre. En Grèce comme ailleurs, les groupes de femmes antifascistes avaient traditionnellement peu de contact et de points communs entre eux et encourageaient un environnement qui déstabilisait les croyances populaires de répartition des rôles comme naturelles, immuables et apolitiques. De nombreuses femmes se sont alors alliées à la cause de l’avancement intellectuel et politique des femmes grecques dans l’après-guerre.
5La formation de la Fédération panhellénique des femmes (POG) a été initiée par des membres de la branche grecque de la Fédération démocratique internationale des femmes (FDIF). La FDIF est une organisation de gauche, féministe et prosoviétique qui est devenue l’une des organisations internationales de femmes les plus influentes de l’après-guerre et dont l’histoire a attiré l’attention de nombreux universitaires ces dernières années5. Lors de la conférence inaugurale de novembre 1945 à Paris, la cofondatrice et présidente de la fédération Eugénie Cotton a fait ressortir le lien entre genre, paix et démocratie à la suite de la guerre contre le fascisme et l’impérialisme :
« C’est le fascisme qui a causé la guerre de 1939-1945 et c’est la raison pour laquelle les fondatrices de la FDIF ont insisté sur leur détermination à renforcer la démocratie dans le monde… Quand elles exigent la paix, les femmes pensent en tout premier lieu à protéger la vie de leurs enfants […] Il existe beaucoup d’organisations qui s’intéressent à la paix… mais nous nous intéressons à la paix en tant que femmes, avec des arguments de femmes… nous comprenons mieux l’humiliation des peuples coloniaux soumis à l’impérialisme car nous avons si longtemps été humiliées dans notre dignité d’êtres humains6. »
6La FDIF est devenue l’une des organisations internationales de femmes les plus influentes de l’après-guerre. On pourrait même dire qu’en 1945 les très nombreuses femmes réunies pour la cause de l’antifascisme ont été attirées par l’organisation-cadre internationale dont les idéaux ressemblaient à ceux des mouvements antifascistes qui les avaient mobilisées en premier lieu7. L’orientation féministe/de gauche de l’organisation était induite par son engagement pour l’antifascisme, la paix mondiale, la protection des enfants et le statut des femmes et suivait le schéma de radicalisation des femmes pendant la guerre8. Loin d’être « entourée de mystères », la création de la FDIF en 1945 et son développement rapide dans un vaste réseau mondial a connu des débuts remarquables9.
7Quand et comment ce lien entre la FDIF et le mouvement des femmes en Grèce a-t-il été noué ? En octobre 1945, le Parti communiste grec a tenu son 7e Congrès à Athènes où ont été lancés le nouveau Comité central (Kendriki Epitropi) et son Politburo (Politiko Grafeio) ; Chryssa Hatzivasiliou a été nommée à la tête des deux entités. Lors de ce Congrès, le Parti a exprimé la nécessité d’accroître le nombre de femmes membres jusqu’à atteindre 50 %. En tant que secrétaire général du Parti, Nikos Zahariadis avait déclaré en octobre 1945 : « Nous avons encore besoin de femmes supplémentaires pour faire le ménage. » La création de Sections féminines à chaque niveau du Parti visait à résoudre ce problème ; Chryssa Hatzivasiliou, membre du Comité central du Parti communiste grec à partir de 1945 dirigerait la Section féminine au plus haut niveau du secrétariat général du Comité central10. En novembre 1945, deux mois après le Congrès du Parti, Hatzivasiliou et la journaliste Dido Sotiriou se sont rendues à Paris pour assister au Congrès international des femmes qui inaugurait la FDIF. Elles y ont assisté en tant que membres de l’EAM et étaient accompagnées d’Elli Danos et de Fani Simiti de l’Union panhellénique des femmes, l’une des organisations massives de femmes de gauche les mieux organisées qui aient émergé de la période de la Résistance, avec de nombreuses branches établies dans toute la Grèce11.
8Lors du Congrès international, la délégation grecque a parlé des grandes contributions des femmes grecques au mouvement antifasciste de Grèce, mais elle a aussi profité de la tribune pour exprimer son inquiétude quant aux violentes représailles gouvernementales contre ceux qui avaient combattu dans la Résistance après le retrait des troupes allemandes à la fin 1944. Elles demandèrent que « les femmes de France envoient aux femmes de Grèce un message de protestation, de solidarité et d’encouragement qui les réconforterait dans leur isolement et leur apporterait un souffle d’espoir, de liberté et de justice si largement mérité par leur sacrifice12 ».
9Deux mois plus tard, en février 1946, pour contrer un climat politique grec délétère, la Panelladiki Omospondia Gynaikon (POG, Fédération panhellénique des femmes) est formée. La première conférence de la POG de mai 1946 entérinait la coopération inter-organisations et devenait l’organisation-cadre officielle de tous les groupes d’électrices. Cela constituait une garantie de soutien des groupes féministes « bourgeois » pour lesquels la campagne en faveur des droits civiques des femmes grecques était un objectif de longue date. Les personnes qui y assistèrent étaient issues des nouvelles associations et des associations de femmes d’avant-guerre, y compris les organisations féministes pionnières datant de l’entre-deux-guerres, la Ligue pour les droits des femmes (Syndesmos gia ta Dikaiomata tis Gynaikas) et le Conseil national (Ethniko Symvoulio), branches nationales respectivement de l’Alliance internationale des femmes et du Conseil international des femmes. En effet, l’esprit de collaboration a été renforcé par l’élection d’Avra Theodoropoulou, présidente de la Ligue, à la présidence de la nouvelle Fédération ; Rosa Imvrioti, ancienne membre de la Ligue puis du parti communiste, est élue secrétaire générale. Mobilisées par la Résistance, les féministes, les communistes, les gauchistes de tous bords et les libéraux font campagne ensemble pour l’amélioration du statut des femmes au regard du droit public et privé, pour des réformes du marché du travail et pour la protection et l’éducation des enfants13. Plusieurs articles de la POG furent publiés dans la presse libérale pour faire remarquer que « dans toute l’Europe, les femmes grecques étaient les seules à ne pas avoir le droit d’être élues aux fonctions représentatives de la nation14 ».
10Ce fut un moment unique bien que de courte durée durant lequel les communistes et les féministes réconcilièrent les objectifs féministes d’avant-guerre avec la foi dans le pouvoir de changement de la politique en général. Comme l’a dit la présidente de la branche grecque de l’Alliance Internationale des Femmes Avra Theodoropoulou deux ans plus tard :
« Notre Ligue n’a jamais cherché à monopoliser le mouvement pour le droit de vote des femmes, mais elle essayait de mobiliser les autres organisations sur ce sujet. Alors quand la POG a été fondée en février 1946 et que l’un de ses objectifs affichés était l’avancement politique des femmes, nous avons pensé qu’il serait utile de collaborer avec cette nouvelle organisation15. »
11Le moment charnière a eu lieu avec la mise en place de la doctrine Truman – l’intervention des États-Unis en faveur du gouvernement grec lors de la guerre civile – qui a provoqué un changement dans la stratégie du parti communiste, laquelle est passée d’une lutte de guérilla défensive à une lutte de position offensive menée par la Dimokratikos Stratos Elladas (ADG, Armée démocratique grecque) reconstituée. Dans le contexte de l’indifférence persistante du gouvernement face aux campagnes pour les droits civiques, de l’anticommunisme grandissant s’exprimant par la violence des groupes paramilitaires anticommunistes ciblant les résidences des délégués de la POG, les failles traditionnelles sont réapparues au sein de la Fédération. Les tensions ont atteint leur paroxysme quand la FDIF a accusé les « organisations de femmes soi-disant pacifistes », à savoir l’International Alliance of Women (Alliance internationale des femmes) et la Women’s International League for Peace and Freedom (Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté) de diffuser leur « propagande profasciste » lors de leurs Congrès respectifs à Interlaken et à Luxembourg fin 1946, d’adopter un pacifisme dangereux qui tendait à diminuer la culpabilité allemande et de jouer sur les élans anticommunistes et d’impérialisme américain en Europe16.
12Cette accusation a conduit à la démission de Theodoropoulou de l’organisation en février 1947 et au retrait progressif des autres membres de l’Alliance, féministes et libéraux, jusqu’à la chute finale de l’organisation en 1948 quand la guerre civile totale en Grèce a permis à l’État d’invoquer l’anticommunisme comme cause de dissolution des groupes de femmes ; les forces de sécurité ont démantelé le reste de la POG qui était depuis longtemps considérée comme une organisation communiste. Après cela, Theodoropoulou est devenue une anticommuniste virulente et a accusé les femmes de l’Armée démocratique grecque d’être des traîtres à la patrie en insistant sur l’importance de l’indépendance de la Ligue vis-à-vis de tout parti politique et sur son rejet catégorique de la violence17.
Guerre civile
13Le vide laissé par la chute de la Fédération panhellénique des femmes a été comblé très rapidement avec la formation de l’Union démocratique panhellénique des femmes (PDEG, Panhellenic Democratic Union of Women) en octobre 1948 ; le changement de nom dénote une affiliation claire à la FIDF, désormais ouvertement prosoviétique dans un climat de guerre froide intensément polarisé. La nouvelle organisation était communiste et explicitement soviétique et comprenait des membres du Parti, des femmes fugitives, des femmes de gauche cherchant en intégrant l’ADG à se protéger de la justice punitive de l’État grec et plus particulièrement des groupes paramilitaires anticommunistes qui rôdaient dans la campagne sans surveillance. La nouvelle Union/PDEG affirmait que sa formation était devenue cruciale après la dissolution de l’organisation précédente. L’ancienne femme soldat de l’ADG et cadre de l’Union Rita Lazaridou écrit :
« Après la destitution de la Fédération, ses membres ont été emprisonnées, exilées et certaines ont même été exécutées. À ce moment-là, 42 femmes soldats, représentant toutes les classes de la société grecque, ont décidé de continuer la lutte et c’est ainsi que l’Union/PDEG est née18. »
14La conférence inaugurale s’est tenue le 25 octobre 1948 en territoire communiste. Quarante-deux femmes y assistèrent issues de groupes appartenant au camp communiste de la guerre civile : le Parti communiste grec, l’Armée démocratique grecque, le parti agricole (Agrotiko Komma Elladas/ AKE), le Front slavo-macédonien (Narodno Osloboditelen Front/NOF), l’Union de la jeunesse démocratique (Dimokratiki Neolaia Elladas/DNE) et l’Organisation nationale de la jeunesse panhellénique (Ethniki Panelladiki Organosi Neon/EPON), issues des branches jeunesse du mouvement de résistance antifasciste de l’EAM. Les 42 femmes présentes se sont exprimées.
15La lettre de mission de la PDEG a été établie ainsi :
- La coordination, direction et intensification de la lutte des femmes grecques pour la paix, la démocratie et la libération du pays du joug américain et monarcho-fasciste ;
- L’égalité politique, économique et sociale des femmes indépendamment de leurs différences nationales, religieuses ou raciales, ainsi que leur promotion intellectuelle et politique ;
- La protection des mères et des enfants ;
- L’unité de toutes les femmes grecques, slavo-macédoniennes, turques, valaques et albanaises qui se sont collectivement et intégralement sacrifiées pour la lutte ;
- L’adhésion aux principes et aux objectifs de la FDIF avec l’établissement de liens entre ses diverses sections, la popularisation de la cause grecque à l’étranger, la coordination de la lutte partisane avec la lutte des mouvements féminins démocratiques internationaux contre les déclencheurs de guerre, pour la paix et la démocratie19.
16Tout en gardant l’esprit de la FDIF et de sa charte de 1945, la lettre de mission de 1948 témoigne de la situation dramatiquement différente de la Grèce et modifie le rôle de l’organisation et son attachement aux mouvements de femmes pour se concentrer, moins sur le féminisme (maternalisme) de la première période, mais plutôt sur une immersion et un soutien total au Parti communiste grec et à son bras armé, l’Armée démocratique grecque, contre le gouvernement20. Dans ses propres termes : « La PDEG a pris en charge l’organisation, la coordination et la direction des luttes des femmes grecques pour la liberté, l’indépendance, la paix et la démocratie. »
17À la fin 1948, l’ADG était paralysée par des pénuries chroniques d’armes, d’approvisionnement et de réserves. Contrairement à la rhétorique employée par les dirigeants du Parti, l’ADG avançait tout droit vers sa décimation et sa défaite. L’approvisionnement en matériel vital pour l’ADG tel que la nourriture, les médicaments, les livres, les vêtements et les chaussures est devenu l’objectif principal de la PDEG dans les étapes suivantes de la guerre civile grecque. Ces objets étaient acheminés par des réseaux étendus et bien coordonnés par la FDIF à travers l’Europe ; la Yougoslavie était notamment d’une importance vitale, jusqu’à la fermeture de la frontière yougoslave aux forces de l’ADG en 1948, après la rupture entre Tito et Staline – ce sont ensuite les réseaux roumains et albanais qui ont revêtu une importance vitale.
18L’aspect qui est sans doute le plus important de l’engagement de la PDEG dans la guerre civile communiste était l’aspect politique. Alors que l’armée communiste était confrontée à une situation difficile et à un approvisionnement restreint, les efforts de mobilisation s’intensifiaient ; la PDEG a joué un rôle dans les campagnes de recrutement toujours plus fréquentes de l’ADG pour pallier les pénuries chroniques et tenter d’installer une infrastructure de soutien pour le nombre accru de femmes soldats sur le front, surtout les nouvelles recrues. Il s’agissait d’une lourde tâche car les pénuries ont conduit au recrutement forcé de femmes, d’hommes et d’enfants dans les villages et les communes aux alentours des zones de combats des régions montagneuses du Nord de la Grèce. De nombreuses combattantes étaient mal entraînées et côtoyaient des femmes recrutées de force, dans des conditions misérables et pauvrement approvisionnées ; autant de facteurs qui expliquaient le nombre alarmant de victimes, le taux de désertion et les troubles politiques et sociaux endémiques dans les rangs des partisans21.
19Alors que la guerre civile se poursuivait et que le récit national changeait d’orientation, passant de la gauche vers la droite, le symbole autrefois célébré de l’andartissa qui représentait le renouvellement national, la modernisation, la justice sociale et la démocratie a fini par représenter le désordre et la décadence morale qui frapperait la nation grecque si jamais les communistes gagnaient le pouvoir. Ce discours était exacerbé par le nombre croissant de femmes combattant pour l’ADG, les conscrites, mais aussi celles qui avaient choisi de vivre et de combattre aux côtés des hommes contre la nation.
20La PDEG diffusait de la littérature d’appel à la mobilisation, organisait des réunions et s’engageait dans diverses formes de propagande pour encourager le recrutement, décourager les désertions et soutenir le moral et la détermination des troupes. La noble cause de la guerre et les importants enjeux qu’impliquerait une défaite pour les femmes (et les hommes) grecques, à savoir l’emprisonnement, l’exil ou l’exécution, devinrent le refrain récurrent. Roula Koukoulou affirme : « [Nous devons] recruter de nouvelles femmes soldats pour combattre aux côtés des hommes et nous rapprocher de la victoire22. » L’Union est alors devenue une partie intégrante de la campagne communiste grecque, jouant son rôle dans le recrutement de femmes souvent mal entraînées, mal armées et destinées à tomber au champ de bataille, surtout après la fermeture des frontières yougoslaves. La division sexuelle observée dans les premières phases de l’activisme résistant23 s’est effondrée en 1948 quand les filles et les femmes ont occupé des postes à tous les niveaux militaires, de force ou non ; symptôme de la crise des ressources dans l’armée partisane plutôt qu’exemple d’égalité apprécié par la rhétorique du mouvement de l’époque.
21Le 2e Congrès de la FDIF s’est tenu à Budapest deux mois plus tard, du 1er au 6 décembre 1948. À ce moment-là, les divisions de la guerre froide étaient établies et la guerre civile grecque était dans sa phase la plus intense, car le discours populaire de la FDIF avait laissé place à un discours prosoviétique et à une allégeance inconditionnelle à Staline. Des photos d’archives montrent l’image de Staline occupant une place clairement centrale dans la conférence tandis que les procès-verbaux (grecs) notent que son nom a régulièrement été scandé. L’importante délégation soviétique de 39 femmes dirigées par Nina Popova jouissait d’un grand prestige et d’une grande admiration et a reçu de nombreux éloges des délégations en tant que « leaders du front international démocratique des femmes, branche pionnière de la FDIF24 ».
22Contrairement aux tonalités féministes plus véhémentes de 1945, le slogan de la deuxième conférence de la FDIF appelait à « l’unité dans le combat pour la paix et la démocratie ». La présidente Eugénie Cotton inscrit la mission de la FDIF dans les nouvelles circonstances dont les événements grecs étaient le symbole :
« Pour dévoiler les crimes perpétrés contre la Grèce démocratique et pour arrêter les assassins des peuples… Les femmes d’Amérique et d’Angleterre doivent réfléchir au rôle que jouent les impérialistes anglo-américains dans la Grèce d’aujourd’hui, attisant les flammes de la guerre dans le monde entier… la main des bourreaux du peuple grec doit être stoppée25. »
23Le discours d’Hatzivasiliou lors de la conférence est consacré aux injustices perpétrées par le gouvernement grec et à son programme de persécution des communistes et de leurs associés dans la résistance, à l’intervention américaine dans les affaires grecques et à l’hypocrisie implicite du soutien américain en faveur d’un régime archaïque et autoritaire :
« Il n’y aurait pas de “question grecque” si les impérialistes ne faisaient pas de la Grèce la tête de pont et le bastion d’une nouvelle guerre… Dans ce coin de l’Europe où le peuple a combattu le fascisme de manière si héroïque [sic], nous avons observé un étrange phénomène se développer. Les héros de la résistance nationale et de la guerre nationale pour la Libération sont torturés et humiliés, tandis que les agents du fascisme hitlérien, les bourreaux de notre peuple et les instruments les plus dociles des SS sont proclamés enfants méritants du pays et héros nationaux. Jusqu’ici, selon les chiffres officiels, 3000 militants de la résistance nationale ont été exécutés en Grèce. En deux ans, plus de 160 femmes ont été exécutées… “Même dans les plus grandes démocraties occidentales, les règles parlementaires les plus élémentaires ne sont pas respectées”… Le régime néofasciste de Tsaldaris a non seulement privé les femmes grecques de droits de vote, mais il persécute avec une sauvagerie sans précédent tous les mouvements pacifistes et démocratiques et il opprime violemment les femmes. Des dizaines de milliers de femmes ont été fusillées, emprisonnées ou déportées vers des îles désertes où elles meurent chaque jour de faim, de maladie ou de torture26. »
24Enfin, Hatzivasiliou prononce un émouvant plaidoyer pour la reprise de l’approvisionnement en matériel vital de la FDIF et pour le soutien moral à l’effort de guerre de l’ADG :
« La lutte du peuple grec et de ses pionniers de l’ADG est une lutte commune à toutes les démocraties du monde. À cette tribune, les femmes de Grèce expriment leurs remerciements les plus chaleureux aux femmes démocrates du monde entier et à la FDIF pour le soutien qu’elles ont apporté à notre pays… Avec l’aide des femmes démocrates du monde, le fardeau supporté par les femmes grecques d’aujourd’hui peut s’alléger. La misère, les privations et les tortures de la guerre peuvent s’apaiser. Un vêtement chaud sauverait nos combattants des gelures. Un simple médicament administré au bon moment peut sauver un camarade blessé. Une petite portion de nourriture peut maintenir en vie les femmes des villages encerclés par l’ennemi. La solidarité et l’aide mettent du baume au cœur des femmes qui se battent pour la Grèce et leur permettent de remplir leur objectif : Aux armes ! À la victoire27 ! »
25Hatzivasiliou et la délégation grecque ont à peine évoqué la crise d’approvisionnement en armes et en réserves, les recrutements forcés et les taux ahurissants de mortalité et de désertion28. Faisant office de preuve, la présence des combattantes de l’ADG à la conférence était émouvante ; elle offrait un puissant spectacle qui permettait à la fois d’attirer la sympathie et le soutien des délégations, mais aussi d’encourager les combattantes elles-mêmes à réaffirmer leur détermination et à légitimer leur souffrance. Comme le souligne le compte rendu grec de la conférence, les femmes démocrates du monde ont dûment offert un grand « soutien moral » à la lutte communiste grecque. « Notre délégation a été traitée royalement et partout où passaient nos combattantes usées et fatiguées, l’on sentait les cœurs se briser et les yeux se remplir de larmes d’émerveillement29. »
26Le registre de présence de la deuxième conférence de la PDEG organisée en Grèce trois mois plus tard, du 1er au 3 mars 1949, révèle la situation préoccupante dans laquelle se trouvait le Parti communiste grec et l’ADG dans les dernières phases de la guerre. La conférence s’est tenue en territoire communiste dans les montagnes Vitsi. De hauts membres de la coalition pour la guerre civile y assistèrent : la structure parti communiste/ADG, le NOF et l’AKE. Il y avait des représentants des Conseils populaires et de nombreuses combattantes de l’ADG, dont beaucoup avaient marché plus d’un mois depuis les régions dangereuses de la Thessalie et de la Roumélie pour y assister ; les femmes d’Ipeiros, de Macédoine orientale et centrale, des femmes ayant bravé le froid glacial et les tempêtes de neige en descendant des sommets de Kaimaktsalan et de Grammos. Il y avait des représentantes de la diaspora européenne, notamment des femmes des démocraties socialistes comme l’Albanie, la Bulgarie, la Roumanie, la Tchécoslovaquie et la Pologne ; la branche soviétique de la FDIF envoya ses salutations chaleureuses par un message radio clandestin. La seule déléguée occidentale à assister à la conférence était une représentante anonyme de la branche française de la FDIF. Les membres du gouvernement provisoire présents étaient Petro Kokkalis, ministre de la santé, Vasilis Barziotas, membre senior de la direction du parti communiste/ADG ; toutes les sections du parti communiste/ADG étaient représentées30.
27Les dirigeantes de l’Union ont prononcé des discours exhortant leurs membres à remonter le moral des combattantes, à accroître les campagnes de recrutement et à endiguer le taux de désertion. Ces discours de mobilisation étaient en complète contradiction avec la réalité du terrain telle qu’elle était dépeinte par les combattantes présentes. Dans ses mémoires, l’ancienne femme officier de l’ADG Rita Lazaridou raconte les sombres paroles des combattantes de l’ADG révélant les conditions intenables dans lesquelles se retrouvaient des recrues mal entraînées, mal équipées, démoralisées et réticentes sur le front, tandis que les dirigeants persistaient à appeler aux armes et à faire des déclarations de victoire et de gloire imminente, jusqu’à la défaite de septembre 194931. Après cela, la direction du Parti, les survivants de l’ADG et la plupart des militants de gauche traversèrent la frontière et s’éparpillèrent dans les différentes républiques socialistes pour commencer une nouvelle vie en exil.
Conclusion
28Revenons à la question principale posée au début de cet article : Comment les historiens abordent-ils et évaluent-ils le poids des communistes grecques dans la guerre civile, sans trop le schématiser ? Comment évaluer les efforts des propagandistes politiques de la PDEG/FDIF, des combattants de l’intérieur et des recruteurs de soldats pour le front de l’Armée démocratique grecque – sans, par exemple, leur imposer/prêter une sensibilité et une légitimité féministe d’une part ou, le cas échéant, sans percevoir cette histoire et ses protagonistes comme les victimes d’une conscience biaisée, et sans voir les femmes de l’Union comme de simples dupes de la politique du Parti communiste grec (Kommounistiko Komma Elladas/KKE) et par extension des intérêts soviétiques ?
29Et que dire du tournant stalinien de la FDIF au cours de la guerre ? Ce phénomène eut pour résultat de diminuer l’importance historique de l’organisation et de la maintenir à la marge de l’historiographie durant des décennies. Lors du 2e Congrès de la FDIF de décembre 1948 à Budapest, les actions menées par les femmes soviétiques et l’assistance fournie par l’État soviétique aux femmes et aux enfants furent largement détaillées et citées comme exemples et espoirs du mouvement international des femmes démocrates32. Le sommaire du rapport grec sur la démographie du public est instructif et pertinent. Il y avait 390 représentants présents à la conférence. Dix étaient des ministres ou secrétaires d’État, 65 étaient des députés, 18 étaient des professionnels, 47 des travailleurs, 19 des agriculteurs, 24 des femmes au foyer, 75 des agents du service public, 13 des ingénieurs ou techniciens, 104 des travailleurs indépendants et 6 des étudiants. Soixante-quatre délégués avaient terminé l’école primaire, 114 le lycée et 113 l’université. Deux cent vingt-six se sont engagés dans une action sociale, dont la plupart étaient des membres importants des organisations de femmes démocrates33. Ces chiffres sont pertinents pour l’étude des femmes en Europe dans l’après-guerre et des Grecques pour qui la défaite de la gauche signifiait un retour aux marges de la vie publique.
30J’ai longuement réfléchi à cette question et, comme les universitaires qui travaillent sur le FDIF et la Guerre Froide, je continue à douter des thèses qui s’appuient sur la dichotomie contrôle-autonomie, c’est-à-dire qui cherchent à montrer que l’autonomie de l’Union vis-à-vis des besoins et projets du Parti communiste est une preuve de crédibilité et d’intégrité.
31Après tout, ces femmes étaient communistes et beaucoup étaient membres du Parti. Cette approche ne permet pas de comprendre les intentions et les identités complexes des protagonistes. Comme le prétend Bonfiglioli, en parlant des organisations féminines yougoslaves et italiennes de cette période, il est malavisé de considérer l’indépendance des femmes comme prééminente ou bien d’idéaliser la suprématie des objectifs fondés sur le genre comme preuve de pouvoir.
32Ce qui est sûr, c’est que la loyauté des femmes communistes au Parti, l’effort de guerre communiste, les objectifs de la FDIF et les intérêts et besoins des femmes grecques sont devenus impossibles à concilier. Dans ces circonstances, le mouvement des femmes grecques est bien devenu un dommage collatéral. La conclusion à tirer ici est que le cas grec, tout comme le cas yougoslave/italien, appelle à une observation plus attentive des formes multiples et complexes de pouvoir des femmes, développées dans une atmosphère de persécutions accrues et de guerre civile brutale.
33Après la guerre, l’Union démocratique panhellénique des femmes est entrée dans une nouvelle phase au sein des républiques socialistes, produisant une littérature destinée aux nouvelles exilées, confrontées aux innombrables défis du déplacement à long terme, de la défaite du mouvement communiste et du fardeau d’un Parti plongé dans une crise profonde. En Grèce, le décor d’une très longue période de harcèlement et de persécution systématique était planté pour ceux qui avaient été associés de près ou de loin avec le communisme et la gauche. Pour les femmes, le retour à la normalité fut synonyme d’une restauration complète et rigide des modèles féminins d’avant-guerre, du point de vue du droit et de la société. Malgré les ambitions grecques d’inclusion dans l’alliance européenne occidentale d’après-guerre et malgré l’élan international grandissant autour des droits de l’homme avec la création de l’ONU, la Grèce est restée après la guerre complètement campée sur son mépris de la notion d’égalité des sexes et de droits des femmes en général – et pas seulement des femmes de gauche. À la fin de la décennie, ces principes étaient devenus indissociables des projets « d’ingénierie sociale » de la Résistance et des mouvements communistes et donc intolérables pour l’État grec. De la même manière, je pense que le conservatisme tenace de l’État d’après-guerre a prouvé que le contrat social avait bien été rompu au cours de cette décennie tumultueuse.
Notes de bas de page
1 EAM (Ethniko Apeleftherotiko Metopo/Front national de libération) et son bras armé l’ELAS (Ellinikos Laikos Apeleftherotikos Stratos/Armée de libération du peuple grec).
2 Mercedes Yusta, « The strained courtship between antifascism and feminism : From the Women’s World Committee (1934) to the Women’s International Democratic Federation (1945) », in Hugo García, Mercedes Yusta, Xavier Tabet et Cristina Clímaco (éd.), Rethinking Fascism : History, Memory and Politics, 1922 to the Present, New York, Berghahn Books, 2016, p. 168.
3 Mot grec signifiant « partisane », proche du terme espagnol « miliciana » et du terme yougoslave « partizanka ».
4 Margarite Poulos, Arms and the Woman : Just Warriors and Greek Feminist Identity, New York, Columbia University Press, 2010, p. 238.
5 Voir par exemple Francisco De Haan, « Continuing cold war paradigms in western historiography of transnational women’s organisations : the case of the Women’s International Democratic Federation (WIDF) », Women’s History Review, 19, 2010/4, p. 547-573 ; Melanie Ilic, « Democratic Federation (WIDF) », Women’s History Review, 19, 2010/4, p. 547-573 ; M. Ilic, « Soviet Women, cultural exchange and the Women’s International Democratic Federation », in Sari Autio Sarasmo et Katalin Miklossy (dir.), Reassessing Cold War Europe, New York/Londres, Routledge, 2010.
6 Women of the Whole World, April 1958, « Madame Cotton Tells Us », in Valentina Tereshkova, « Soviet women in the anti-war movement », Social Sciences (USSR), n° 16, 1985, p. 202-215.
7 En 1945, la radicalisation de guerre et l’unité antifasciste ont réuni divers groupes de femmes issues de l’ensemble du spectre progressiste – gauche, communistes, libéraux et féministes – pour former une coalition-cadre internationale. Le nombre de membres est encore contesté. Les archives grecques évoquent à plusieurs reprises le chiffre de 80 millions de femmes membres à travers le monde, représentant 56 pays. Voir par exemple le tract de la PDEG intitulé « Gia na thriamvefsei i zoi » (Pour que la vie puisse triompher), Athènes, Rizospastis, 1996. Publication originale de 1949 en français.
8 J’ai adopté la définition de DuBois du féminisme de gauche telle que reprise par De Haan : « Une perspective qui mêle reconnaissance de l’oppression systématique des femmes et appréciation des autres structures de pouvoir sous-jacentes dans la société […] l’idée de l’oppression systématique des femmes avec une compréhension plus large des inégalités sociales. » Ellen C. Dubois, « Eleanor Flexner and the history of American feminism », Gender & History, n° 3, 1991/1, p. 81-90, in Francisca De Haan, « Eugénie Cotton, Pak Chong-ae, and Claudia Jones : Rethinking Transnational Feminism and International Politics », Journal of Women’s History, n° 25, 2013/4, p. 175.
9 Extrait du rapport de la HUAC : « L’établissement de la FDIF est entouré de mystères dont seules les ramifications souterraines du mouvement communiste international ont la clé », House Un-American Activites Committee (HUAC, Commission de la chambre sur les activités antiaméricaines), Rapport sur le Congrès des femmes américaines (1949), p. 6 [http://archive.org/stream/ reportoncongress1949unit/reportoncongress1949unit_djvu.txt].
10 « The 7th Congress of the Greek Communist Party (1945) », in Official Documents of the Greek Communist Party (To KKE : Episima Keimena), vol. 6, Athens, Syghroni Epochi, 1986. L’incapacité du Parti à atteindre cet objectif avait, selon Hatzivasiliou, peu à voir avec les « éternelles circonstances objectives » (l’apathie politique des femmes), mais plutôt avec les communistes [hommes] qui restaient « esclaves de leur perception médiévale des femmes ». Voir Chryssa Hatzivasiliou, « I panelladiki kommatiki syskepsi gynaikon » (Réunion Panhellénique des femmes du Parti), Kommounistiki Epitheorisi, mars 1946, p. 117.
11 Voir la chronique d’Ios, « Dido Sotiriou et le mouvement des femmes : Je voulais mener ma vie », Eleftherotipia, 1re partie, interview. Consulté le 28 mars 2004 [http://www.iospress.gr/ ios20041003a.htm].
12 Extrait des procès-verbaux du Congrès international des femmes, 26 novembre-1er décembre 1945, Paris. Consulté le 6 avril 2015 [http://0-alexanderstreet-com.catalogue.libraries.london.ac.uk/products/women-and-social-movements-international], p. 167-168.
13 Dans son étude sur les changements de statuts social et politique des femmes en Grèce, Roula Kaklamanaki note l’esprit populiste persistant du mouvement de l’EAM à la fin de la guerre, qui s’infiltrait jusque dans les organisations féminines les plus « spécifiques » à cette époque. Par exemple, l’Association des femmes intellectuelles (Syndesmos Dianooumenon Gynaikon) fondée à Thessalonique étendit la définition du terme « intellectuel » pour pouvoir inclure des femmes qui n’avaient pas reçu d’éducation officielle. De même, la POG devint une force d’organisation centrale dans la campagne pour les droits civiques des femmes grecques. Voir Roula Kaklamanaki, I Thesi tis Ellinidas stin Oikogeneia, stin Koinonia kai stin Politeia (La position des femmes grecques dans la famille, la société et le gouvernement), Athènes, Kastaniotis Press, 1984, p. 52.
14 Extrait de l’article : Maria Svolou, « Greek women request : Political economic and social parity to proceed peacefully, hand in hand with men, on the post-war path of the nation », Eleftheri Ellada, 1947. Maria Svolou papers (GR. ASKI-0153b).
15 Extrait de la déclaration de Theodoropoulou à la Sécurité nationale le 19 avril 1948. Reproduit dans Aleka Boutzouvi-Bania, « Gia tin ierarchisi ton politon : Ta archeia ton Avra kai Spirou Theodoropoulou » (Sur l’organisation des citoyens : archives d’Avra et Spiro Theodoropoulou), Dini, n° 5, 1990, p. 25.
16 L’accusation a été publiée dans le numéro d’octobre/novembre 1946 du rapport de la FDIF. Cet article est basé sur la reproduction de Theodoropoulou de l’article dans une lettre non-datée : « H Diethnous Omospondia Dimokratikon Gynaikon » (La Fédération démocratique internationale des femmes), article de A. Thedoropoulou., « Etaireia Ellinon Logotechon » (Association littéraire hellénique), Athènes.
17 Extrait de « League for the Rights of Women : Summary of its activities from 1920-1948 » (traduction en anglais), Athènes. Article de A. Theodoropoulou, Association littéraire hellénique (Etaireia Ellinon Logotechon), Athènes. Non classé.
18 Lazaridou est devenue la rédactrice en chef de Mahitria (Femme soldat), branche éditoriale de la PDEG créée fin 1948. Mahitria constituait une tribune de discussion pour les femmes de l’ADG mais également un important outil de propagande et d’appel à mobilisation pour le camp communiste dans le but de recruter de nouveaux soldats et de juguler l’épidémie de désertion. Elle fut rebaptisée Foni tis Gynaikas (La voix des Femmes) après la guerre lorsque sa ligne éditoriale a commencé à se concentrer sur les femmes grecques en exil dans les républiques socialistes. Voir par exemple Margarita Lazaridou, Polemos kai Aima : Taxidi sto Parelthon, Taxidi ston Pono (Guerre et Sang : Voyage dans le passé, Voyage dans la douleur), Athènes, Diogenes, 2005. Les archives et articles de Lazaridou et de la PDEG sont conservés dans le fonds « Guerre Civile » des Archives de l’histoire sociale contemporaine (ASKI) à Athènes.
19 Mahitria, octobre 1948 (ASKI GDA 01.06073. 00003).
20 « Gia na Thriamvefsei I Zoi » (Pour que la vie puisse triompher), tract de la PDEG publié à l’origine en 1949 en français. Traduction grecque (Athènes, Rizopastis, 1996).
21 M. Poulos, Arms and the Woman : Just Warriors and Greek Feminist Identity, New York, Columbia University Press, 2010, p. 130.
22 Lazaridou, Polemos kai Aima, p. 200. Roula Koukoulou, cadre de la PDEF et épouse du chef du Parti communiste grec Nikos Zahariadis, prit la direction de la PDEG après le retrait d’Hatzavasiliou en décembre 1948 pour des raisons de santé.
23 Poulos, Arms and the Woman, op. cit. (surtout chap. 4 et 5).
24 Combat pour la paix et la démocratie, la 2e conférence internationale de la FDIF à Budapest du 1er au 6 décembre 1948. Publication de la PDEG, Grèce Libre (en grec), p. 24. Les procès-verbaux notent que 45 pays étaient représentés à cette conférence avec 390 délégués, majoritairement des femmes. Les discours ont été prononcés par des délégués de France, d’Italie, de Chine, d’Union soviétique, de Hongrie, d’Espagne, de Suède, d’Albanie, de Roumanie, de Bulgarie, de Mongolie, du Viêt-Nam, d’Iran, d’Inde et de Grèce. La délégation grecque comprenait notamment Chryssa Hatzivasiliou, Roula Koukoulou, Avra Partsalidou, Rita Lazaridou, Vera Foteva, Malina Markova, Vaghio Vourna et Kaiti Nikoletou (ASKI/G10/3K).
25 Combat pour la paix et la démocratie, op. cit., p. 6.
26 Ibid., p. 12.
27 Ibid., p. 15. Ce sera la dernière apparition publique d’Hatzivasiliou en tant que dirigeante de la PDEG.
28 Pour en savoir plus sur la situation des combattants de l’ADG, voir Poulos, Arms and The Woman, op. cit., chap. 5. Les archives de Maria Beikuo donnent des informations précieuses sur cet aspect de l’histoire de la guerre civile et de l’ADG. (GR. ASKI-0164b.)
29 Combat pour la paix et la démocratie, op. cit., p. 35.
30 « Gia Na Thriamvefsei I Zoi » (1949) (Pour que la vie puisse triompher), tract de la PDEG réimprimé dans le journal Rizopastis, Athènes, Rizopastis, 1996.
31 Lazaridou, Polemos kai Aima, op. cit., p. 222.
32 Combat pour la paix et la démocratie, op. cit., p. 25-26. Les comptes rendus donnent des chiffres sur la représentation soviétique parmi les femmes du gouvernement, de la science, de la culture et du monde universitaire ainsi que leur participation au monde du commerce, leurs qualités dans le monde agricole, leur excellence récompensée par des titres honorifiques et des médailles d’État, leur réussite dans les infrastructures de santé et de protection de l’enfance et des mères.
33 Combat pour la paix et la démocratie, p. 32. Le discours d’Hatzivasiliou a été publié dans le « Bulletin de l’Armée démocratique Grecque » (Deltio), 9 décembre 1948 (vol. 2), publication des quartiers généraux de l’ADG, Athènes, Rizozpastis, Athènes, 1996.
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