Résistance et genre dans les Balkans occidentaux
Le Mouvement partisan yougoslave
p. 193-206
Texte intégral
« Quelle image étrange et néanmoins impressionnante que celle de jeunes filles de dix-huit à vingt ans allant au combat aux côtés des hommes […] Certaines avaient le fusil à l’épaule, quelques-unes portaient des civières, et d’autres des trousses d’urgence. Éparpillées dans les rangs parmi les hommes, de belles femmes, en bonne santé et fortes, brunes et blondes […] la réalité semblait fantastique. »
(Major William Jones, premier officier britannique parachuté au sein des partisans de Tito1.)
« Hier nous avons connu notre deuxième journée noire, nous avons dû abandonner de nombreux morts et blessés graves sur un pont. Et quand on pense que nous avons subi ces pertes à cause d’une compagnie partisane de femmes, ça donne vraiment envie de vomir. »
(Lieutenant Peter Geissler, 714e division d’infanterie de la Wehrmacht, dans une lettre de Bosnie, 19422.)
« Ta fille unique, ma chère mère, | « Mila majko imas me jedinu |
Je te quitte pour porter la carabine » | ja ti odoh nosit karabinu » |
1(Extrait d’une chanson partisane populaire de guerre3.)
2La participation massive des femmes au Mouvement partisan yougoslave dirigé par les communistes est l’un des phénomènes les plus notables de la Seconde Guerre mondiale4. Comme le montrent les citations ci-dessus, ce phénomène était déjà remarquable à l’époque, sur place et à l’étranger – parmi les forces Alliées et les forces de l’Axe et dans les deux camps de la guerre civile qui faisait rage dans les Balkans occidentaux des années 1940 – et a laissé une empreinte dans le folklore régional. Mais c’est aussi un fait qui a largement disparu des mémoires collectives, oublié, semble-t-il, par le public comme par les historiens.
3Parlons un peu de ce phénomène : selon les chiffres officiels, à la fin de la guerre, quelque deux millions de femmes avaient été engagées dans le mouvement Partisan ; la plupart d’entre elles à divers postes de l’arrière. Près de 100000 femmes ont servi dans l’armée de la guérilla partisane. Si ces estimations semblent élevées et sont difficiles à confirmer, il y a peu de doutes quant à la participation massive des paysannes dans le système de soutien partisan dans de nombreuses régions. Certains documents suggèrent également qu’on peut aisément parler de dizaines de milliers de partisanes – un niveau d’engagement militaire féminin sans précédent et inégalé dans la région ; et en nombre relatif, inégalé tout court. Quelque 2000 femmes ont accédé au rang d’officier durant la guerre et plus de quatre-vingt-dix ont été déclarées Héros de la Nation5. Bien que le phénomène soit ici qualifié d’inédit et d’inégalé dans la région, il faut rappeler aux lecteurs que la région en question est celle des Balkans occidentaux, qui ont connu de nombreuses guerres dévastatrices au cours des deux derniers siècles, avant la Seconde Guerre mondiale et ensuite dans les années 1990. Mais aucun phénomène comparable à la mobilisation partisane n’a jamais été observé ni avant ni après les années 1940. Il faut alors se demander : Quelles sont les spécificités des partisans communistes et de la Seconde Guerre mondiale ? Pourquoi et comment les Partisans ont-ils recruté des femmes ? Qu’est-ce qui a décidé ces femmes – dont la majorité était des paysannes issues de régions sous-développées régies par de fortes traditions patriarcales – à prendre les armes ? Plus intriguant encore, comment les rangs militaires majoritairement composés de paysans ont-ils accepté ces femmes soldats ? Comment ont-elles été intégrées dans le mouvement et quelles étaient les règles concernant leurs relations avec les hommes ? Et enfin, quel héritage cette mobilisation massive a-t-elle laissé dans la région ?
4Les Partisans yougoslaves, dirigés par Josip Broz Tito, constituent le mouvement de résistance qui a probablement obtenu le plus de succès en Europe. En défendant un patriotisme supra-ethnique dans des Balkans déchirés par les conflits inter-ethniques, ils sont parvenus à gagner un véritable soutien populaire, à s’emparer du pouvoir et à libérer une grande partie du pays par eux-mêmes. Leurs valeurs ont dominé la culture officielle yougoslave pendant les décennies qui ont suivi. C’est ce qui a attiré l’intérêt des universitaires occidentaux. Mais la question du genre est largement négligée dans la littérature existante, et son importance a été omise dans l’étude des stratégies de résistance et des pratiques de construction nationale partisanes. Pour répondre aux questions ci-dessus et expliquer la mobilisation partisane, je m’attacherai à observer les politiques de genre des Partisans. Mon argument principal est que le succès des Partisans dans la mobilisation repose sur une habile adaptation des traditions paysannes locales avec une grille moderne et révolutionnaire. Mais avant de détailler cet argument, commençons par exposer quelques indications générales de contexte sur la guerre et la résistance dans les Balkans occidentaux.
Le contexte
5En Yougoslavie, la Seconde Guerre mondiale commence avec le bombardement et l’invasion des forces de l’Axe au printemps 19416. Le pays est occupé et démembré, son territoire découpé par les forces de l’Axe, leurs alliés, et le nouvel État indépendant de Croatie gouverné par les dirigeants fascistes oustachis. L’occupation marque le début d’une période catastrophique pour le peuple yougoslave. Non seulement les nouveaux dirigeants ont initié dans la quasi-totalité de la Yougoslavie de rudes programmes de classification raciale, de terreur politique et d’exploitation économique, mais leur présence et leurs politiques ont embrasé les luttes intestines au sein des populations locales. Dans la région, pendant les quatre années de conflit, la guerre de résistance se déroule en même temps qu’une explosion de violence inter-ethnique et d’attaques génocidaires, qu’une guerre civile et qu’une révolution sociale.
6Le Parti communiste yougoslave (PCY) commence à mettre en place l’insurrection après l’attaque des nazis du 22 juin 1941 contre l’Union soviétique. Début juillet, après l’appel à la résistance armée lancé par le Parti, une série de révoltes éclate dans la région. À mesure que la guerre avance, et bien que faisant face à des forces ennemies supérieures et à de multiples revers, le PCY parvient à consolider son mouvement de résistance sur les plans militaire, politique et structurel. Sur le plan militaire, le Parti lance la formation d’une armée régulière mobile émanant des unités de guérillas territoriales. En décembre 1941 le Parti forme la Première Brigade Prolétarienne, première unité partisane capable d’intervenir partout où c’est nécessaire. Rapidement, d’autres brigades prolétariennes et brigades de choc se forment et, en novembre 1942, le Parti annonce la création de l’Armée de libération nationale organisée en divisions et en corps. Bien entendu, l’armé de Tito n’a jamais égalé la Wehrmacht. Mais elle oppose une résistance tenace à l’ordre nazi dans les Balkans, en libérant d’importantes parties du territoire et en poussant les troupes allemandes à initier des opérations de grande ampleur. Outre leur combat de la résistance, les Partisans sont impliqués dans une sanglante guerre civile pluridimensionnelle contre d’autres factions locales, en particulier les royalistes tchetniks et les fascistes oustachis.
7Parallèlement à cette consolidation militaire, le PCY commence à organiser des administrations civiles dans les zones contrôlées par les Partisans. Des assemblées nommées Conseils nationaux de Libération émergent comme organes politiques du nouveau « gouvernement populaire », bien que sous contrôle communiste, au niveau local. En novembre 1942, Tito est suffisamment confiant pour engager des manœuvres politiques plus téméraires et convoque une assemblée de délégués, le Conseil antifasciste de libération nationale yougoslave, pour administrer les territoires libérés. Un an plus tard, l’assemblée s’autoproclame organe exécutif et législatif suprême, décide que la Yougoslavie adoptera une forme de gouvernement fédéral et chasse le gouvernement royal en exil. En même temps, les Alliés occidentaux abandonnent les rivaux locaux des Partisans, le mouvement royaliste tchetnik, et transfèrent leur soutien à Tito ; les Trois Grands de Téhéran ont reconnu les Partisans comme faisant partie des forces Alliées. Fin 1943, le mouvement Partisan a donc établi d’importantes prérogatives d’indépendance – il dispose d’une armée, d’une administration civile, d’un gouvernement provisoire et du soutien international (par les Alliés). Les combats acharnés se poursuivent pendant un an et demi, mais après 1943, les Partisans remportent une succession de victoires sur la plupart des fronts. Les troupes de Tito rejoignent l’Armée rouge soviétique pour libérer Belgrade et la zone nord-est du pays à l’automne 1944. Les Partisans libèrent eux-mêmes le reste des territoires yougoslaves du joug des Allemands en repli et des forces collaboratrices et, par cette victoire sur leurs ennemis locaux, ils prennent le pouvoir dans la région.
8Un facteur crucial, et pourtant souvent omis, a contribué à leur succès, distinguant les Partisans yougoslaves de nombre de leurs équivalents européens et de leurs opposants dans la région ; il s’agit de l’accent mis sur l’émancipation et la participation massive des femmes dans le mouvement. Dès les débuts de la guerre, comprenant que les hommes partiraient au front et que les femmes devraient prendre le relais à l’arrière, le Parti fonde une organisation féminine, le Front féminin antifasciste (Antifascist Front of Women, AFW) pour faciliter la mobilisation des femmes et les associer à l’effort de guerre partisan. Les Partisans ouvrent également les portes de leurs unités de combat aux femmes et leur accordent le droit de vote et l’éligibilité dans les organes du « gouvernement populaire ». Leur politique d’égalité des sexes est inédite, comme le note Tomasevich, et leur permet d’étendre considérablement la base sociale partisane et de donner au mouvement un caractère véritablement populaire7. Cette politique d’égalité des sexes sera le sujet de ce chapitre. Plus largement, nous nous intéresserons aux changements des normes de genre qu’ont causé la guerre, la révolution et l’établissement du régime communiste qui affirme être à l’origine de l’égalité des sexes.
Les politiques d’égalité des sexes des Partisans
9La reformulation des normes de genre pendant la guerre dans les Balkans occidentaux peut être observée à trois niveaux : le niveau de la rhétorique politique, le niveau institutionnel et le niveau pratique (de la vie quotidienne). Commençons par la rhétorique que les dirigeants partisans ont conçue pour mobiliser les masses et les intégrer au mouvement. Leur stratégie rhétorique était fondée sur une habile association de la culture des Balkans à un certain lexique révolutionnaire. Pour attirer les femmes, le parti n’a eu de cesse d’insister sur son attachement aux droits des femmes et à l’égalité des sexes. Parallèlement à ce discours, il faisait aussi appel aux traditions populaires patriarcales. Pour mobiliser le sentiment patriotique des foules, les communistes faisaient référence à l’image du combattant de la liberté par opposition à celle des envahisseurs étrangers que l’on trouve dans la tradition slave du sud. Les références aux traditions épiques ont permis au parti communiste, majoritairement urbain, de revendiquer l’héritage des héros légendaires et ainsi d’établir une autorité culturelle au sein de la paysannerie.
10Mais il y a plus à ce sujet : la culture traditionnelle a fourni des modèles d’émancipation des femmes à travers la guerre. Les communistes se sont référés aux images des héroïnes épiques pour attirer les femmes dans leur mouvement et légitimer les femmes partisanes aux yeux du peuple. Voici quelques exemples. L’image de la féminité partisane dans la propagande du Parti s’appuie sur deux axes : maternel et martial. Le premier, l’axe maternel, constitue la figure féminine la plus répandue dans la rhétorique communiste de guerre. C’est l’image d’une mère patriote – souvent endeuillée – qui envoie ses fils et ses filles à l’armée partisane ou qui perd ses enfants partisans à la guerre. Cet imaginaire fait clairement appel à l’iconographie traditionnelle épique, et plus particulièrement au personnage de Mère Jugović. Mère Jugović – qui, selon la légende serbe, a vu son cœur s’effondrer en apprenant la mort de ses neuf fils au cours de la Bataille du Kosovo en 1389 – était en effet l’héroïne épique la plus fréquemment évoquée dans les discours communistes s’adressant aux femmes ; elle a aussi servi de modèle pour la notion partisane de maternité. Néanmoins, la propagande du parti a adapté l’iconographie ancestrale à un nouveau contexte en réformant l’héroïne tragique de manière moderne et radicale : dans la version partisane, la mère patriote ne meurt pas de chagrin mais elle rallie plutôt la cause.
11La maternité partisane est illustrée par le personnage principal de l’un des poèmes les plus connus à propos de la lutte partisane, « Stojanka, mère de Knežopolje » de Skender Kulenović. Kulenović était un communiste d’avant-guerre, un agent de la section pour l’Agitation et la Propagande du Parti, et lui-même combattant partisan. Son « Stojanka », écrit en 1942 sous la forme d’une complainte traditionnelle bosniaque, a fait de lui l’un des poètes yougoslaves les plus célèbres durant des décennies. Pendant la guerre, le poème était publié dans les périodiques partisans et récité lors d’événements culturels dans les territoires libérés ; durant la période communiste, il faisait partie des livres obligatoires inscrits dans les programmes scolaires. La narratrice du poème est une mère qui, comme l’indique le sous-titre, « appelle à la vengeance, à la recherche de [ses trois] fils… qui ont péri au cours d’une offensive fasciste ». Tout en pleurant ses fils et en maudissant l’ennemi, elle prédit une clameur venant de l’est, de Moscou, qui répondra à sa soif de représailles. À la fin, elle déclare que si elle pouvait de nouveau enfanter ses fils, elle les sacrifierait encore au combat. Les critiques ont noté que la thématique et le style du poème étaient en continuité avec les plus grands poèmes traditionnels slaves du sud – surtout concernant « La mort de la mère Jugović8 ». L’auteur lui-même fait explicitement référence à la tradition, comparant les trois fils aux plus grands héros de la Bataille du Kosovo. Mais contrairement au personnage légendaire et contrairement à la défaite de celui-ci lors de la Bataille de Kosovo, la mère partisane survit et appelle à la vengeance et à la rébellion, et vaincra cette fois. Créée sur le modèle de l’héroïne épique mais aussi se détachant d’elle, la mère partisane devient à la fois symbole de catastrophe de guerre et d’insurgée pour la cause partisane – révolutionnaire de plein droit.
12Le nombre de références à l’imagerie maternelle – confortant cette image de mère tragique mais aussi vengeresse et militante – dans les publications de guerre est frappant. De nombreux rapports, articles, lettres et témoignages de première main racontent des variantes de la même histoire : celle des mères endeuillées et vindicatives, qui ont fièrement sacrifié leurs fils pour une cause juste et dirigent toute leur douleur et leur colère vers le ralliement à la lutte partisane. Voici quelques extraits caractéristiques des revues de l’AFW :
« J’ai donné trois fils pour la lutte, j’en donnerais plus si j’en avais plus9 » (une mère originaire d’Istrie lors d’une conférence de l’AFW).
« Mes trois fils ont été fusillés par les tchetniks… Je suis vieille mais je contribuerai à la lutte autant que je le pourrai10 » (mots d’une mère monténégrine).
13Bien que ces images de mères aient été créées et promues par le Parti, les références ne sont pas entièrement biaisées – des milliers de femmes yougoslaves avaient bien perdu leurs fils et leurs filles à la guerre. De plus, ces femmes dont les familles avaient rejoint l’armée de Tito étaient les sympathisantes les plus naturelles de la cause partisane. Ces femmes étaient souvent élues aux conseils des AFW11.
14L’incarnation du personnage du poème de Kulenović était d’ailleurs celle qui présidait l’organisation féminine des partisans, Kata Pejnović. Pejnović était une paysanne serbe de Lika (en Croatie) et une communiste d’avant-guerre. Au commencement de la guerre, ses trois fils ont été tués par les fascistes oustachis. Elle est ensuite devenue l’une des figures emblématiques de la résistance et a connu une grande carrière politique dans l’État communiste d’après-guerre12. Lors de la conférence inaugurale de l’AFW en 1942, Pejnović raconte sa tragédie dans l’esprit de la poésie épique : « Ils ont assassiné mes trois fils et mon mari. Mon cœur s’est effondré de tristesse et de douleur. Mais il fallait venger mes pommes d’or et les milliers d’autres qui avaient péri. Mon cœur et mon poing se serrèrent13. » Toujours vêtue d’un voile noir – symbole de deuil dans la culture paysanne – la vénérée « mère Kata » demeura un symbole des tragédies de la guerre et de la Résistance bien après la fin de la guerre.
15L’autre axe de la féminité partisane, l’axe martial, fait apparaître la femme soldat, ou partizanka. J’accorderai moins d’attention à cette image martiale, mais notons que la partizanka dans la production et dans la propagande culturelle partisane en temps de guerre semble être une héroïne populaire qui gagne son droit à l’égalité en s’en montrant digne au combat – argument utilisé pour légitimer la participation des femmes aux combats et le nouvel ordre égalitaire. Donc dans les deux cas – l’image maternelle et l’image martiale – on observe une fusion de l’héritage traditionnel et de l’idéal révolutionnaire.
16Un schéma similaire peut être observé au deuxième niveau, celui des institutions, et plus particulièrement du Front des femmes antifascistes (AFW). Les récits de guerre de l’AFW révèlent que dans la pratique, au sein des institutions partisanes comme dans la rhétorique, la révolution cohabite avec la tradition. L’objectif principal de l’organisation partisane féminine était d’orienter le travail des femmes et de contribuer à la création d’un système de soutien fiable pour les partisans – pari largement tenu par l’incorporation des traditions locales dans un cadre institutionnel moderne. Les « femmes organisées » contribuaient essentiellement à l’effort de guerre partisan en étendant les tâches habituelles qui leur étaient réservées au sein de la famille au niveau des communautés de villages : elles soignaient les malades et les blessés, elles tricotaient, faisaient la lessive, cuisinaient, nettoyaient et nourrissaient les partisans. Plutôt que d’entrer en conflit avec les habitudes des villages, les militants du Parti essayaient souvent de les adapter et de les diriger vers la cause partisane. Par exemple, les militantes de l’AFW assistaient aux réunions de village et participaient aux conversations des femmes à propos de leurs soucis quotidiens. Les prela et les sijela – événements au cours desquels les paysannes se réunissaient pour discuter et travailler – se transformèrent en sortes d’ateliers partisans. C’est largement grâce à cette volonté de s’approprier les traditions paysannes et de les inclure dans la structure du mouvement que l’AFW est parvenu à remplir sa tâche principale : soutenir l’armée. Ainsi, les partisans ont transformé les coutumes des villageoises qui soutenaient leurs hommes soldats en véritables instruments de participation de masse à l’effort de guerre moderne.
17En plus de venir en aide aux unités partisanes, les organisations avaient également un objectif révolutionnaire : servir de moyen d’éveil, de politisation et d’intégration des femmes en tant qu’égales des hommes dans la nouvelle société socialiste. Pour remplir cet objectif, l’AFW est devenu une organisation militant pour le droit des femmes, l’éducation politique et souvent une force incitant à la modernisation de la ruralité. En plus de répandre la propagande communiste, l’organisation proposait plusieurs programmes culturels éducatifs, l’un des plus populaires étant les cours d’alphabétisation pour les femmes des villages où des milliers d’entre elles ont appris à lire. Les revues de l’AFW proposaient des rudiments d’histoire et de culture yougoslave associés à des analyses des derniers développements politiques. L’AFW s’efforçait également d’inculquer des notions modernes d’hygiène, d’alphabétisation et d’éducation aux masses de paysannes qui assistaient à des conférences sur l’importance d’étudier et l’importance de la propreté et de la santé. La réussite la plus remarquable de l’AFW fut de promouvoir le travail et la parole des paysannes. L’organisation donnait un sens politique aux responsabilités traditionnellement féminines : le tissage, le tricot, la couture, la lessive et le reprisage étaient devenus des moyens légitimes de contribuer à la libération du peuple. Celles qui avaient passé leur vie à accomplir ces tâches sans aucune reconnaissance étaient désormais honorées comme des héroïnes de la résistance. Autre élément d’importance, l’on accordait désormais aux paysannes un mérite propre et une tribune d’expression publique. Elles étaient encouragées à intervenir lors des grandes conférences, leur parole était entendue par les masses et reprise par les revues partisanes. « On reconnaît à peine les femmes [du village] de Šekovići quand elles organisent des conférences de l’AFW elles-mêmes et qu’elles interviennent avec conviction et confiance » notent avec enthousiasme et une certaine surprise plusieurs notables du Parti en Bosnie orientale14.
18L’organisation a contribué de façon inestimable à la victoire des partisans – comme le reconnaissent les dirigeants du Parti. « Sans les femmes les partisans n’auraient jamais gagné, » admettent-ils devant les spécialistes après la guerre15. Mais en ce qui concerne les femmes, la stratégie de recrutement partisane était à double tranchant. Une fois mobilisées par l’AFW, elles participèrent aux affaires politiques à un niveau jamais atteint avant la guerre, et leur travail et leur parole bénéficièrent d’une tribune publique sans précédent. En revanche, en donnant aux organisations de femmes la responsabilité d’adapter les anciennes tâches féminines aux besoins d’une armée révolutionnaire en temps de guerre, le parti a renforcé la perception de ces tâches comme uniquement féminines. L’AFW a contribué à créer une image publique de la féminisation des tâches ménagères en renforçant l’idée répandue que les hommes doivent être au front et les femmes à l’arrière. En outre, par l’action de l’AFW, l’habituelle division du travail selon les sexes et les vieux stéréotypes de genre ont été institutionnalisés.
19Observons maintenant le troisième niveau, celui de la mise en pratique au quotidien. Sans guère d’instructions de Moscou et sans expérience au niveau régional, les dirigeants partisans ont dû trancher à chaud des questions comme celle des relations hommes/femmes qui pouvaient être considérées comme acceptables. Les partisans pouvaient-ils se marier et les époux servir dans la même unité ? Qui ferait la lessive, la cuisine et les autres tâches ? En se plongeant dans ces questions matérielles sur la répartition du travail et la régulation des conduites sexuelles au sein des unités, l’on observe les dynamiques à l’œuvre entre les stratégies révolutionnaires au sommet et les réalités de terrain.
20En examinant les questions de sexualité et de vie privée, l’on découvre que le code de conduite des partisans, bien que révolutionnaire, se conformait aux mœurs patriarcales de la paysannerie balkanique. Les codes et régulations des partisans étaient étroitement liés aux conditions extraordinaires de la guerre totale ; de nombreuses règles étaient édictées en réponse directe à la présence des femmes dans les unités. Le fait que des milliers de femmes étaient engagées aux côtés des hommes dans les unités partisanes était matière à une propagande exceptionnelle des adversaires. En transgressant l’ordre traditionnel entre les sexes, les partisanes sont devenues la cible préférée de la propagande ennemie qui se concentrait sur leur dépravation présumée. Pour contrer les accusations de débauche et pour résoudre d’autres véritables problèmes inhérents au mouvement, les dirigeants du Parti mirent en place des règles très strictes de conduite sexuelle. Contrairement aux rumeurs « d’amour libre » soi-disant pratiqué par les communistes, le Parti encourageait la discipline et le contrôle ; l’ascétisme est alors devenu l’un des piliers centraux du code de conduite partisan et les comportements sexuels un champ d’intervention du Parti.
21Le Parti insistait pour que la lutte soit la préoccupation principale des membres du mouvement partisan, plutôt que l’amour, le mariage et les sujets personnels qui étaient secondaires et devaient être reportés à la période suivant la victoire. Les membres du Parti devaient demander une autorisation spéciale pour se marier ou divorcer ; et pour l’obtenir, il fallait fournir des arguments forts16. En 1943, le mariage fut explicitement interdit pour les membres des Partisans ; ceux qui étaient déjà mariés ne pouvaient pas rester dans la même unité – l’un des époux devait être réaffecté17. Cette pratique s’appliquait à tous les couples dans la plupart des unités, indépendamment de leur statut marital ou de leur position dans la hiérarchie militaire. En d’autres termes, dès qu’on suspectait une relation amoureuse, le couple en question était séparé. De plus, les conduites sexuelles illicites étaient parfois punies dans les unités partisanes.
22Si le code partisan ne faisait aucune différence entre les sexes, sur le terrain, les dirigeants considéraient souvent la présence des femmes comme un facteur déstabilisant pour l’armée et les consignes et autres mesures punitives prenaient pour cibles principales les femmes, souvent désignées pour être transférées dans d’autres unités. Une ancienne partizanka se souvient, non sans exaspération :
« Si une camarade avait un petit-ami, on les séparait. Je comprends pourquoi ils le faisaient. Mais à ce jour je ne comprends toujours pas pourquoi seules les femmes étaient transférées et jamais les camarades hommes18. »
23Un exemple typique de cette tendance à attribuer aux femmes les problèmes liés aux deux sexes fut la campagne du Parti contre l’immoralité dans les rangs de ses formations. Cette campagne fut mise en place immédiatement après l’augmentation du nombre de recrues durant l’été 1943-1944, quand la capitulation de l’Italie altéra gravement sa situation sur le terrain au bénéfice des partisans qui purent se réarmer et étendre largement les zones sous leur contrôle. Durant ces événements, les rapports faisaient de plus en plus souvent état de la médiocre qualité des nouvelles recrues, notant parmi elles la présence de femmes au passé suspect et à la réputation problématique19. Ces cas alarmaient particulièrement le Parti en Dalmatie et dans les îles, où de nombreuses unités de base opéraient. Le Comité Central informa les corps partisans actifs dans les zones où des femmes de « moralité douteuse ou au comportement inconnu dans les villes occupées » ne devaient « pas être autorisées » à intégrer l’armée20. Des membres du Parti déployés sur le terrain réclamèrent l’expulsion de certaines femmes des villes où les unités avaient déjà pénétré. « Après la capitulation de l’Italie, ont rejoint nos rangs de très nombreuses filles qui ont un passé douteux et qui ont transmis leurs habitudes à nos soldats » écrit la section politique de la 25e division du Comité central, ajoutant que le Parti devait « trouver le moyen de les retirer des rangs de l’armée en raison de leur mauvaise réputation21 ». Les ordres d’expulser ces femmes des unités furent promptement suivis et donnèrent lieu à de méticuleux examens du passé des nouvelles recrues féminines22. Il nous faut insister sur le fait que cette campagne visait spécifiquement les femmes. Bien qu’elles aient évidemment eu leur part de responsabilité dans la propagation des conduites immorales au sein des unités, les hommes étaient perçus comme les victimes naïves tombées sous l’influence de filles sexuellement libérées issues des anciennes villes occupées. Cette opinion reflète bien le pouvoir de l’idéologie traditionnelle en matière de genre et le « deux poids deux mesures » consensuel concernant la moralité sexuelle.
24D’autres problèmes liés à l’intégration des femmes suggèrent que le genre demeurait un axe de hiérarchisation social central au sein même de l’armée de la guérilla révolutionnaire. En voici quelques exemples. Des documents internes du Parti font de multiples références aux préjugés et aux discriminations ayant cours dans les unités, et notent que les partisanes étaient considérées comme inférieures, mal traitées, et « négligées » d’un point de vue politique et militaire. Les hommes les plus haut placés étaient souvent responsables de cet état de choses dans les unités. Les commandants du bataillon de la 12e brigade Krajina, par exemple, étaient accusés de manquer de respect aux partizankas, qu’ils employaient comme domestiques personnelles ou qu’ils nommaient cuisinières ou palefrenières23. La monotonie des positions des femmes dans les unités où elles étaient « négligées » est parfaitement relatée dans le rapport suivant :
« Les camarades femmes de la brigade occupent des positions subalternes… elles sont considérées comme des fardeaux superflus. Elles sont donc souvent employées à des “tâches féminines annexes” telles que la lessive, la cuisine, etc. ; elles sont systématiquement les plus mal vêtues, et peu de choses sont faites pour empêcher qu’elles soient surmenées, etc. Cette attitude a été initiée par les dirigeants et se répand parmi les soldats… À cause de cette attitude, des soldats hommes et les camarades femmes elles-mêmes ont une idée déformée de la femme en général. Cela a encouragé la passivité de nos camarades femmes et découragé leur participation à la vie politique et c’est la raison qui explique le pourcentage relativement faible de femmes au Parti24. »
25Mais pour la majorité des partisans, hommes ou femmes, cette répartition du travail ne semble que naturelle et il n’y a pas besoin de grande théorie pour l’expliquer. Les voix divergentes sont peu nombreuses. Les paysannes – qui constituaient la majorité des femmes dans les unités – avaient l’habitude de servir les hommes et d’effectuer des travaux physiques difficiles. Pour elles, il n’y avait rien d’extraordinaire à attendre d’une femme qu’elle reste dans son domaine. Ainsi, au quotidien – et peut-être surtout au quotidien – les arrangements traditionnels allaient de pair avec les changements révolutionnaires.
26Ce qui ramène à mon argument principal : l’ingéniosité de la stratégie de mobilisation du Parti reposait précisément sur cette adaptation rhétorique, institutionnelle et pratique des traditions paysannes de manière distinctement moderne et révolutionnaire. C’est largement grâce à cette adroite appropriation de la culture traditionnelle que les partisans sont parvenus à enrôler des masses de femmes, à justifier leur participation à la guerre et à construire un mouvement de résistance relativement autonome. Mais cette stratégie comportait aussi un revers de la médaille car elle contribua à intégrer les coutumes paysannes dans le système institutionnel partisan. C’est donc une sorte d’oxymore : la stratégie qui permit aux femmes de se libérer radicalement des contraintes patriarcales contribua aussi à institutionnaliser les vieux concepts d’inégalité et de hiérarchisation des genres dans le nouveau système révolutionnaire.
Conclusion
27L’attaque de l’Axe en avril 1941 donna lieu à quatre ans de cataclysme pour le peuple yougoslave. Dans la quasi-totalité des terres occupées yougoslaves, les nouveaux dirigeants instaurèrent des politiques de classification raciales, l’exploitation économique et la persécution politique s’accompagnèrent de déportations et d’assassinats de masse. La conquête et la brutalité de l’occupation et des régimes collaborationnistes engendrèrent une résistance qui prit rapidement la forme d’un combat de guérilla contre l’envahisseur et ses alliés régionaux. L’occupation a également polarisé le peuple sur les lignes idéologiques et ethno-nationales, montant les uns contre les autres les partisans communistes, les oustachis fascistes, les tchetniks royalistes et d’autres factions plus petites. C’était une guerre du « chacun contre tous25 », qui annihila le système politique de l’entre-deux-guerres et remit en question toutes les conceptions d’ordre social et d’autorité.
28Cette profonde déstabilisation des compromis sociaux ouvrit la voie à un changement dans les problématiques de genres. Le plus grand défi pour les normes établies fut lancé par l’une des factions en guerre. En défendant l’égalité des sexes, les partisans de Tito promirent d’abolir toute trace de soumission féminine et de créer une nouvelle politique socialiste égalitaire. Ils tenaient à mobiliser les femmes et à les employer en masse pour développer leur réseau de soutien à l’arrière. Défiant toutes les anciennes conventions sociales, ils décidèrent d’enrôler de nombreuses femmes soldats dans leurs unités de guérilla. Pour la première fois dans l’histoire yougoslave, les femmes gagnèrent le droit de voter et d’exercer dans les administrations civiles instaurées sur le territoire par les partisans et sous leur contrôle. La propagande du Parti glorifiait les femmes soldats et reconnaissait la contribution habituellement sous-estimée des femmes non-combattantes qui soutenaient les unités partisanes. Les politiques révolutionnaires d’égalité des sexes allaient clairement à l’encontre de l’ordre traditionnel. Mais en y regardant de plus près, on comprend que la politique de genre partisane tolérait les valeurs et la culture traditionnelles de façon inattendue.
29Cet article a tenté de montrer que dans l’organisation partisane mobilisant la rhétorique et la pratique quotidienne, le Parti a souvent dû faire face à des divergences entre le système révolutionnaire et le système traditionnel en faisant le choix de l’adaptation active plutôt que de la confrontation. Pour attirer les femmes et légitimer leur participation à la lutte, le PCY a fait appel à l’imaginaire héroïque du folklore balkanique et l’a adroitement associé à un vocabulaire révolutionnaire insistant sur l’émancipation des femmes. Le Parti a consciemment fait référence aux préoccupations traditionnelles des femmes et a dirigé, de manière exceptionnellement structurée, leurs tâches ancestrales et leurs compétences vers l’effort partisan, facilitant ainsi leur participation massive à l’effort de guerre moderne. Plutôt que de prôner la révolution sexuelle, les dirigeants communistes ont instauré un code de conduite qui découlait des mœurs patriarcales consacrées et l’ont fait respecter par un interventionnisme moderne. Comme dans les coutumes paysannes, le puritanisme sexuel était sexué et les femmes se trouvaient disproportionnellement touchées par les politiques et mesures punitives instaurées par le Parti. Au sein des unités partisanes et du mouvement en général, les femmes avaient accès au champ de bataille, mais l’habituelle division sexuelle du travail a persisté et le genre est demeuré le principal facteur de hiérarchisation. Le succès des campagnes de mobilisation partisanes ne peut s’expliquer sans prendre en compte son habile mélange d’idéologie et de tradition. Paradoxalement, c’est parce qu’elle est parvenue à adapter les valeurs traditionnelles que la mobilisation révolutionnaire a été largement efficace, laissant ainsi un héritage contradictoire, relativement aux problématiques de genre dans la région.
Notes de bas de page
1 William Jones, Twelve Months with Tito’s Partisans, Bedford, Bedford Books, 1946, p. 78.
2 Ben Shepherd, Terror in the Balkans : German Armies and Partisan Warfare, Cambridge, Harvard University Press, 2012, p. 209. Pseudonyme. Les italiques figurent dans l’original.
3 Enregistré dans Udarnik, août 1945, p. 15.
4 Cet article s’appuie sur des documents utilisés dans Jelena Batinić, Women and Yugoslav Partisans : A History of World War II Resistance, New York, Cambridge University Press, 2015.
5 Chiffres officiels extraits de Dušanka Kovačević, Women of Yugoslavia in the National Liberation War, Belgrade, Jugoslovenski Pregled, 1977, p. 51 ; idem, Borbeni put žena Jugoslavije, Beograd, Leksikografski zavod « Sveznanje », 1972, p. 25 ; idem, Leksikon Narodnooslobodilačkog rata i revolucije u Jugoslaviji 1941-1945, Beograd, Narodna knjiga, 1980, vol. 2, p. 1251 ; Barbara Jancar-Webster, Women and Revolution in Yugoslavia, 1941-1945, Denver, Arden Press, 1990, p. 92.
6 Il est difficile de réduire un sujet aussi complexe que celui de la Seconde Guerre mondiale à quelques paragraphes. Les meilleures introductions, en anglais, au sujet de la Seconde Guerre mondiale dans les Balkans occidentaux restent malgré tout Jozo Tomasevich, « Yugoslavia During the Second World War », in Wayne S. Vucinich (dir.), Contemporary Yugoslavia, Berkeley, University of California Press, 1969, p. 59-118 ; et Joseph Rotschild, Return to Diversity, 3e éd., New York, Oxford University Press, 2000, p. 42-56, et mes articles tirés de ces notes. Pour un ouvrage plus détaillé et plus synthétique, voir Stevan Pavlowitch, Hitler’s New Disorder : The Second World War in Yugoslavia, New York, Columbia University Press, 2008.
7 Jozo Tomasevich, op. cit., p. 97.
8 Stevan Raičković, « Pesnička ponornica Skendera Kulenovića », in Skender Kulenović, Stojanka Majka Knežopoljka, Belgrade, Prosveta, 1968, p. 10-13.
9 Mère d’Istrie dans une conference de l’AFW, « Konferencija AFŽ za kotar Motovun, » Istranka, juillet 1944.
10 Les mots d’une mère monténégrine, « Iz borbe Crnogorki, » Žena Danas, septembre 1944, p. 12.
11 À Vojvodina, par exemple, la première conférence de l’AFW a élu à la présidence Emilija Kolarov, mère du héros partisan mort au combat Vladimir Kolarov, et à la vice-présidence Manda Agbaba, mère de sept enfants – six filles et un fils – ayant tous rejoint les rangs des partisans, certains capturés par l’ennemi. À Srem, le premier conseil régional de l’AFW a élu à sa présidence Krista Badanjac, mère de neuf soldats partisans. Voir Srbislava Marija Kovačević, « Antifašistički front žena u Vojvodini, 1941-1945 », in Danilo Kecić (dir.), Žene Vojvodine u ratu i revoluciji, 1941-1945, Novi Sad : Institut za istoriju, 1984, p. 122-123.
12 Milenko Predragović, Kata Pejnović : Životni put i revolucionarno delo, Gornji Milanovac, Dečje novine, 1978.
13 Borba (La Lutte – organe du parti communiste), 13 décembre 1942, p. 1.
14 Vojni Arhiv (Archive militaire), autrefois connu sous le nom de Arhiv Vojnoistorijskog Muzija (Archive du musée de l’Histoire militaire – AVII), fond NOR (ci-après désigné par AVII, NOR) IRP BiH 13/184-198, 196, Okr. kom. KPJ za Birač Ob. kom. u za Ist. Bosnu, 4 mars 1945.
15 Jozo Tomasevich, War and Revolution in Yugoslavia, 1941-1945 : The Chetniks, Stanford, Stanford University Press, 1975, p. 188 ; Barbara Jancar-Webster, Women & Revolution, op. cit., p. 183.
16 À propos des divers motifs fournis par les membres du Parti et qui furent relayés par les comités locaux demandant les instructions de l’échelon supérieur à ce sujet, voir AVII, NOR. IRP BiH 10/667, Okr. kom. SKOJ za Banja Luku Obl.komu SKOJa, 7 novembre 1944 ; AVII, NOR, Muzej Like Gospić 1/728-730, Opć. Komitet KPJ Medar Kotarskom Komitetu KPH za Gospić, 1er août 1944.
17 Voir Zbornik dokumenata i podataka o narodnooslobodilačkom ratu jugoslovenskih naroda (Collection de documents et de données concernant la guerre de libération nationale du peuple yougoslave), Beograd, Vojnoistorijski institut, 1949-1986, vol. 9, n° 3, doc. 167, p. 706.
18 Draginja Višekruna-Lukač, « Ženska omladina u IV krajiškoj udarnoj brigadi », in Hurem Rasim (dir.), Žene Bosne i Hercegovine u narodnooslobodilačkoj borbi 1941-1945, Godine : Sjećanja učesnika, Sarajevo, Svjetlost, 1977, p. 474.
19 AVII, NOR, IA PK SKS Vojvodine NOB 4/569-570, Izveštaj o radu NOO Okrug Zap. Srem, 20 octobre 1943.
20 AVII, NOR, IRPJ 1/173-177, 177, CKKPJ direktiva Oblasnom KPH za Dalmaciju, CK KPH-u, i Pol. Komesaru VIII Korpusa NOV, 8 février 1944.
21 AVII, NOR, IRPJ 1/313-316, 315, Politodjel XXVI divizije VIII korpusa NOVJ CKKPJ-u, mars 1944.
22 AVII, NOR, Muzej NR Split NOB 7/14-20, 19, Oblasni Kom. KHP za Dalmaciju, svima okr. odb. KPH i Divizijskim komitetima VIII Korpusa, 16 mars 1944.
23 Arhiv Jugoslavije, fond SKJ, 507, CKKPJ 1943/283, Politodjel XII KNOU brigade, Izveštaj za CKKPJ, 8 septembre 1943.
24 AVII, NOR, IRP BiH 6/469-473, 471-472, Politodjel IV div. V korp. Izvestaj Obl. Kom.-u za B. Krajinu, prepis poslat CKKPJ-u, 29 Février 1944. Et aussi AVII, NOR, IRP SFRJ 1/246-250, 248.
25 Slobodan Inić, « Jedan ili više ratova », Tokovi istorije, n° 1-2, 1993, in Wolfgang Hoepken, « War, Memory, and Education in a Fragmented Society : The Case of Yugoslavia », East European Politics and Societies, vol. 13, n° 1, hiver 1999, p. 202.
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