« 1914 » dans La Croix en 1940
Effets miroir et rejeux mémoriels dans un journal catholique
p. 223-235
Texte intégral
1Étudier la façon dont la mémoire de l’année 1914 est mobilisée au cours de l’année 1940, c’est partir en quête d’effets miroir, en observant comment une « année terrible » peut avoir été au moins en partie pensée à travers la grille de lecture d’une autre « année terrible ». Cette dernière a en outre l’intérêt de l’avoir précédée à une date suffisamment rapprochée pour en faire un modèle – ou contre-modèle – actif et, dans le même temps, suffisamment éloignée pour qu’ait pu s’activer entre-temps un processus complexe de décantation, d’oubli et de réactivation, et de cristallisation plus ou moins solide d’un certain nombre de composantes mémorielles. La confrontation plus ou moins mimétique avec une nouvelle expérience de guerre ne peut éviter un nouveau réajustement. Comprendre les allusions à 1914 faites en 1940 suppose ainsi de les inscrire dans la continuité de la série de « rejeux » actifs tout au long de l’entre-deux-guerres, dont elles sont un prolongement.
2Développer cette enquête dans le journal La Croix, c’est ajouter une autre dimension expérimentale : celle que confère le fait de centrer l’observation sur le grand quotidien catholique du moment1. Ce journal ne peut évidemment être tenu pour un reflet des représentations de l’ensemble de la sphère catholique. Celle-ci est diverse. Et il est une entreprise de presse, militante et confessionnelle, avec ses courants, ses luttes de pouvoir internes, et un lectorat dont la configuration est redessinée précisément dans l’entre-deux-guerres, en relation avec un changement de direction. En effet, à compter de 1927, sous la pression de Rome, s’opère la substitution du père Merklen au duo directionnel formé jusque-là par le père Bertoye et l’historien Jean Guiraud. Plus qu’un changement de génération, c’est une mutation de la ligne éditoriale qui est habituellement mise en avant par l’historiographie, le journal prenant ses distances avec un conservatisme nationaliste pour se rapprocher du catholicisme social, au prix de la perte d’une part du lectorat et de son resserrement sur un spectre plus élitiste2.
3Un tel repositionnement constitue néanmoins un acquis, en 1940, ce qui rend possible de placer ailleurs le point d’observation expérimental. Dans un univers catholique, 1914, tout comme 1940, peuvent apparaître comme des années de réintégration politique et sociétale3 : 1914 avec la suspension des mesures anticongréganistes dès le début du conflit, après un début de siècle marqué par la lutte contre les congrégations et la Séparation, et avec la mise en avant du concept d’Union sacrée qui, quoique d’essence profane, invite à mettre en sourdine les affrontements partisans, dont ceux entre cléricaux et anticléricaux4 ; 1940, avec les signaux de déférence envers l’Église donnés par le maréchal et son gouvernement5. Il y a ainsi à se demander si la confrontation des deux expériences n’aurait pas pu aboutir ici, d’une certaine façon, à une forme d’atténuation du caractère « terrible » de ces deux années.
4La proportion d’éditions de La Croix qui, en 1940, évoquent le souvenir de l’année 1914, s’inscrit dans la moyenne des deux décennies qui ont précédé (44 %, contre 47 %). Deux thèmes liés aux évocations de l’année 1914 ressortent bien plus que les autres, renvoyant au cœur de la guerre : les acteurs du front et le déroulement événementiel – celui d’une « histoire-bataille ». Parce qu’ils sont au cœur de la matrice mémorielle qui s’est élaborée au cours de l’entre-deux-guerres, ils constituent un terrain exploratoire de choix pour mettre au jour les processus de modelage-remodelage du souvenir, en s’interrogeant sur la façon dont ils s’articulent avec une identité confessionnelle.
Les anciens combattants, figures dominantes et largement profanes
5En 1940, les rappels de 1914 dans La Croix se font en premier lieu via l’évocation des anciens combattants, présente dans plus de la moitié des éditions de l’année comportant une allusion au début de la Grande Guerre6. C’est là, autour de ce milieu a priori ouvert à la cohabitation entre personnes de convictions différentes, que s’est situé le noyau de la mémoire cristallisée et activée. D’ailleurs, plus que des membres du clergé (22 %) ou amis explicites de la religion (15 %), ce sont surtout, dans les éditions de cette année-là, des anciens combattants sans lien proclamé avec le catholicisme qui sont mis en avant, dans près des deux tiers des cas. Ce n’est donc pas, de ce point de vue, la survalorisation de la participation catholique à la guerre en 1914 qui caractérise la vision développée en 1940. La longueur de l’attente de la « drôle de guerre » entraîne d’ailleurs en avril le renvoi dans leurs paroisses des prêtres des classes 1912 à 19157, ce qui ne prête guère à développer le parallèle avec le premier conflit mondial. Avant la campagne de France, c’est plutôt une forme de relais générationnel qui est suggérée : l’hommage à des hommes posés implicitement – et quels qu’ils soient, du moment qu’ils ont combattu – comme héros et modèles à suivre. Puis, passée la débâcle, la confrontation, d’exemple, devient source d’angoisse : les soldats de 1940 ne sont-ils pas indignes de ceux de 19148 ; ou bien, à leur différence, ceux qui viennent de tomber au front ne se sont-ils pas sacrifiés en vain9 ? Il y a bien là une rupture dans la modalité de mobilisation de la mémoire de ces hommes qui, de « porteuse », devient traumatisme par effet de culpabilisation et réclame une réécriture de l’événement récent. Réécriture a minima, quand un expert militaire japonais est cité parce qu’il a eu le bon goût d’estimer que l’armée française s’était bien battue10 ; ou avec projection dans un horizon d’attente immédiat comme s’y emploie le prêche de Mgr Feltin, archevêque de Bordeaux, devant le gouvernement réfugié dans sa ville : « Nous n’avons pas le droit de douter qu[e le sacrifice des soldats tombés en 1940] sera fécond pour l’avenir. […] [Ils] nous laissent un testament, une leçon, les mêmes à vrai dire que ceux de leurs aînés de 1914-1918. Mais parce que cette fois nous l’écoutons, non plus dans le tumulte un peu ivre de la victoire mais dans le recueillement douloureux de la défaite, la leçon ne sera pas oubliée11. » Dans ce sentiment d’indignité difficile à gérer en raison du poids de la mémoire des actes héroïques de « ceux de 14 » – mémoire d’autant plus omniprésente qu’elle est floue car suggérée collectivement – peut prendre corps la doctrine de l’État français, de culpabilisation d’une population trop insouciante et permissive12. Mais c’est sur la société, de façon globale, qu’est rejetée la faute. Les anciens combattants, en tant que tels, échappent, eux, à la responsabilisation : quand la légion française du combattant est mise en place en septembre 1940, ses membres potentiels sont bien qualifiés de « héros, tous, de la guerre de 1914, de la guerre de 1939 et souvent des deux13 ». L’héroïsme reste l’attribut du soldat ; il vaut d’ailleurs aux anciens combattants juifs d’échapper aux mesures discriminatoires du premier statut des juifs en octobre 1940, comme le journal s’emploie à le relever14.
6Ce traitement en 1940 des anciens combattants de 1914 s’inscrit globalement dans la continuité de la vision développée par le journal à leur égard dans l’entre-deux-guerres après 1922. Or celle-ci tranchait avec la tonalité adoptée lors de la sortie de guerre. En effet, la présence religieuse avait été très forte, les quatre premières années, dans les évocations de combattants : 43 % de membres du clergé (sœurs infirmières comprises) et 35 % d’amis de la religion, contre 25 % et 16 % respectivement dans le reste de l’entre-deux-guerres (valeurs très proches de celles de 1940). Cette phase initiale n’apparaît ainsi a posteriori que comme une étape transitoire de reconstruction, à faible impact mémoriel. Mettre en avant la participation catholique avait pu constituer, sur le moment, un moyen de gommer en urgence l’image négative construite au cours de la guerre autour d’une papauté coupable de ne pas avoir choisi explicitement son camp : une série d’articles s’emploie ainsi, dans cette phase, à montrer que Benoît XV n’a fait que rester dans son rôle, tout en suggérant qu’il soutenait implicitement la France15. Mais ces rappels avaient eu surtout pour fonction d’ancrer la contre-image du clerc patriote, renforcée par la mention de contre-modèles (des « traîtres », des « pacifistes » souvent « socialistes ») qui pouvaient dès lors prendre la place d’ennemis de l’intérieur jadis dévolue aux catholiques.
7Par la suite, le recul marqué des mentions religieuses explicites associées à des combattants de 1914 avait pu refléter l’affirmation d’un esprit de corps ancien combattant via le rapprochement entre leurs associations, initialement constituées dans une configuration éclatée16. Ce sont cet esprit de corps, cet alignement sur une identité commune, qui paraissent l’emporter dans le traitement du milieu ancien combattant de 1914 par le journal, dans la phase où le cartel des gauches est au pouvoir : alors que l’Église et ses relais se mobilisent contre la relance d’une politique laïque par le gouvernement17, on ne relève qu’un rebond très limité des mentions de l’implication cléricale dans l’armée. Or la mobilisation parallèle du mouvement ancien combattant face au pouvoir s’est faite, elle, sur la question des pensions18. En retour, dans les années 1930, la solidarité valorisée entre anciens combattants a plaidé en faveur d’une réintégration complète des religieux dans le corps de la nation : des comptes rendus se font alors l’écho d’assemblées générales de groupements réclamant la « normalisation » pour ces frères d’armes, à savoir l’abrogation définitive des lois anticongréganistes19. En 1938, le retour des mentions explicites d’engagement de clercs ou de catholiques en 1914, aussi significatif (60 %) que limité dans le temps, doit sans doute être lu, à cette aune, davantage comme une modalité de remobilisation d’une union nationale face au danger ressenti d’éclatement d’une nouvelle guerre, que comme une réaffirmation revendicative luttant contre un oubli progressif.
8De la sorte, autour de cet objet mémoriel central qu’ont constitué les anciens combattants, ce sont davantage des configurations extérieures à la fois au journal comme organisation particulière, et au milieu catholique spécifique, qui paraissent avoir été les plus opératoires pour commander très en amont de 1940 le processus de sélection-cristallisation promouvant un « corps combattant » relativement indifférencié : aussi bien l’épisode de la lutte contre la politique laïque du cartel des gauches que la scansion de l’arrivée du père Merklen à la tête de La Croix, ne sont pas intervenus pour déterminer des articulations significatives en matière de « rejeux ».
Effets miroir : le souvenir du déroulement initial de la guerre
9En fréquence, le deuxième thème associé à l’évocation de 1914 dans La Croix en 1940 est celui du déroulement de la guerre, présent dans un peu plus du tiers des éditions évoquant le conflit précédent. Trois ensembles spatiaux concernés par les combats initiaux de la Grande Guerre ressortent : la Belgique en premier lieu (près des deux tiers des mentions), puis la France (presque un tiers, essentiellement le Nord-Est, zone des combats, avec mention spécifique – mais non dominante – de la Marne) ; et enfin, très à la marge, les Balkans (à travers l’évocation de l’attentat de Sarajevo comme étincelle ayant activé l’engrenage). La première place de la Belgique vient bien sûr de la répétition du scénario en mai-juin, faisant jouer à plein, ici, un effet-miroir. Il est ainsi mis en avant, le 11 mai, que le « mémorandum [allemand de justification] est rédigé dans les mêmes termes que le texte similaire de 1914 ». Mais dès avril, le cas belge de 1914 avait servi à décoder l’invasion de la Norvège : « Le roi Haakon est d’une dignité d’inspiration et d’accent qui rappelle celle du roi Albert de Belgique au mois d’août 1914. À vingt-six ans de distance, la Norvège répète le geste belge qui rallia le monde entier à la cause des alliés20. » Cette offensive est alors lue comme une tactique anticipatrice de l’Allemagne, pour se protéger des destructions sur son propre sol en « portant la guerre hors de ses frontières […] comme en 191421 ». Se produit ainsi une forme de brouillage, puisque l’invasion de 1940 peine à être pensée comme singulière, tant l’assimilation est récurrente. Mais elle est significative : elle révèle l’intensité de l’angoisse du moment, poussant à chercher des bases pour échafauder des scenarii prévisionnels. Avant l’engagement des combats, dans la longue phase d’attente, l’évocation du champ d’expérience de 191422 en termes de modes de combat a également servi à se projeter dans ce que pourraient être des affrontements en 1940, en prédisant notamment un plus grand rôle de l’aviation, allant de pair avec une inquiétude sur l’imprécision des bombes, traitée cependant sur un mode moqueur devant apaiser l’angoisse : « Il faut s’y connaître en maths pour lâcher des bombes23 ! » Ou bien, c’est à une pesée globale des ressources respectives que se livrent les articles : « L’Allemagne, quant à sa subsistance, est bien mieux armée qu’en 1914-191824 » ; l’Angleterre a moins mobilisé qu’en 1914, donc « les réserves de notre communauté sont […] considérables25 » ; il y a bien là d’autres façons de minimiser le danger, en jouant du recours à l’humour. Ainsi avait pu naître également, début mai, toujours par extrapolation comparatiste, l’illusion fugace que, du côté de la Belgique et des alliés, la capacité de résistance était cette fois plus marquée26 ; ou inversement, la brutalité allemande était jugée plus appuyée qu’en 1914, avec des modalités d’occupation plus destructrices, plus implacables pour ceux qui ne se soumettaient pas27.
10Pour sa part, le souvenir de la bataille de la Marne, évoqué avant mai-juin 1940 comme une source d’espoir28, devient, passé l’armistice, le « dernier sursaut » d’une France « encore debout », un « début de la fin29 ». Un retournement des images mémorielles s’opère alors. De même, la comparaison entre 1914 et 1940 se poursuit pour l’armement, mais cette fois pour souligner chez les alliés une impréparation et un décalage – de moindre modernité – considérés comme une forme d’atavisme auto-culpabilisant : « L’armée française vit trop volontiers sur ses traditions, sur la lettre des traditions, quand seul compte l’esprit. Elle a été cette fois-ci encore d’une guerre en retard. En 1914, quand Guillaume II se mit en mesure de nous écraser sous le poids de son artillerie lourde, la vogue fut, chez nous, aux sabres et aux baïonnettes. En 1940, on a opposé aux troupes toutes fraîches, amenées à pied d’œuvre par les camions allemands que soutenaient l’aviation et les gros chars, de pauvres bougres exténués par leurs étapes sac au dos30. »
11La façon dont le « jeu de miroir » centré sur le déroulement de la guerre s’opère en 1940 est particulièrement complexe. Elle est comme ordonnée autour d’un miroir-triptyque dont les panneaux, orientés différemment, combineraient les reflets de trois étapes qui s’étaient succédé dans le processus de construction mémorielle.
12L’autoculpabilisation post-armistice, aux accents vichystes, qui dénigre la capacité française à combattre efficacement, réactive d’une certaine façon un mal-être révélé par le traitement journalistique de la sortie de guerre dans La Croix. Cette première phase avait été caractérisée par l’établissement d’un bilan du conflit sous forme d’accumulations-récapitulations de faits, sans hiérarchisation bien marquée des événements, mais d’où se dégageait une attention ciblée pour les abandons et reculs initiaux : Maubeuge, Briey, Paris un temps en danger31. Bref, une « mémoire qui faisait mal » et sur laquelle la victoire finale permettait de se retourner, pour solder les comptes en forgeant un récit explicatif : ainsi de l’abandon de Briey présenté comme nécessaire pour mieux défendre Paris32.
13La confiance entretenue, parfois même avec humour, avant la Bataille de France, s’inscrivait pour sa part dans la continuité du corps mémoriel cristallisé au cours d’une deuxième étape, centrée sur les années 1920. Ce moment de décantation avait permis la sélection des composantes significatives, propres à être portées en avant et à étayer une téléologie rétrospective posant la victoire comme allant de soi : parmi les batailles, pour cette année 1914, la Marne avait polarisé à partir de là le discours, en montrant la capacité des alliés à retourner une situation compromise33. La sélection s’était également portée sur des hommes-héros : Foch (bien plus que Joffre) ; et deux Belges, le cardinal Mercier et le roi Albert Ier, permettant au passage, mais sans en faire un argument central, d’exalter une résistance morale catholique34. Parallèlement, les évocations concrètes du caractère terrible de cette année inaugurale avaient glissé de l’expérience militaire vers un englobement des expériences civiles : celles de destructions de villes35, qui permettaient de victimiser les Français et les Belges au lieu de continuer à laisser filer l’idée d’une faiblesse militaire.
14Puis, à une dizaine d’années de distance de la fin de la guerre (1928- 1930) avait commencé à s’affirmer, avec plus d’insistance qu’avant36, l’idée que 1914 avait marqué un changement d’époque, de « siècle », ouvrant le xxe par une guerre moderne non anticipée dans ses formes, qui rompait avec la foi du xixe en un futur fait de progrès incessant37. Cette formulation montrait certes une forme de difficulté à « écrire » cette Grande Guerre, à composer avec sa mémoire, du fait que son expérience contrevenait au régime d’historicité prégnant au xixe, confiant dans le futur38. Dire qu’on avait changé de siècle était un moyen de redonner de la cohérence aux représentations, en postulant le basculement vers un nouvel état : toujours tourné vers le futur, mais avec inquiétude. La formulation de cette perception avait en effet accompagné le glissement vers une troisième étape : dans les années 1930, la mémoire événementielle de 1914, de support d’une réassurance, a eu tendance à se muer en leçon et mise en garde, face au danger d’irruption d’une nouvelle guerre, avec d’autant plus de prégnance que les mentions de l’année 1914 sont devenues plus largement présentes dans La Croix (graph. 139). La mobilisation mémorielle s’est trouvée pleinement projetée dans un horizon d’attente incertain. La perception du temps est devenue alors, d’une certaine façon, plus cyclique, quitte à suggérer des substitutions-assimilations. Ainsi ont été préparés les jeux d’assimilation comparative largement présents dans les mentions mémorielles de 1940. Avant même l’invasion de la Norvège, dès la signature des accords de Munich, le spectre de l’invasion de la Belgique en 1914 est agité dans une revue de presse40, d’autant plus que la voie avait été montrée quelques mois plus tôt par l’Anschluss subie par l’Autriche, comparée à la Belgique41.
15C’est ainsi à l’aune de la carte d’Europe de 1914 que les dangers potentiels suggérés par la situation internationale ont été évalués, ou que l’évolution des alliances ou la capacité d’intervention des alliés ont été estimées. Cela, plus particulièrement à compter des années 1930, quand la fréquence des articles qui les associaient à l’évocation de 1914, du dixième des éditions, a bondi aux alentours des 30 %. L’effet de la montée rapide du danger hitlérien est ici évident, et a motivé d’ailleurs, quand les nazis sont arrivés au pouvoir, une recrudescence des allusions à 1914 posant l’État allemand comme « provocateur » : il fallait se méfier d’un retour des vieux démons42. D’un article à l’autre, la mise en perspective a pu alors conduire à parier sur une reconduction ou une différenciation par rapport à 1914. Cependant, c’est plutôt là une « mémoire faible » qui a été réactivée au cas par cas, dans une dimension didactique, sans focalisation notable et continue sur une zone géographique – hormis l’Allemagne. Ainsi, en 1940, alors qu’au cours des premiers mois de l’année ce sont les pays baltes, la Pologne, la Russie, l’Angleterre voire les États-Unis, qui focalisent l’attention, après juin celle-ci se détourne vers les Balkans et l’Europe centrale. Pour les premiers, la comparaison avec 1914 sert à rassurer (« avant la Grande Guerre on disait communément qu’[ils] étaient la poudrière de l’Europe. […] [C]ette fois, c’est ailleurs que la poudre a parlé43 ») ; mais en Roumanie, le parallèle sonne au contraire l’alerte, puisque les offensives soviétique et hongroise peuvent brandir la légitimation par un retour aux frontières de 191444. La dimension religieuse est donc, dans ce domaine encore, fort réduite : limitée à quelques mentions comme le parallèle entre Autriche et Belgique opéré lors de l’Anschluss, en notant au passage la forte identité catholique partagée par ces deux pays45, ou en 1940, à quelques citations de l’Osservatore romano46.
16Les mobilisations mémorielles dans La Croix, en 1940, autour du déroulement initial de la Grande Guerre, autant comme rapport entre puissances que dans sa matérialisation sur le champ de bataille, s’articulent donc surtout, dans le rejeu qu’elles opèrent, autour de la scansion de l’armistice, c’est-à-dire d’un référentiel commun à tous les Français. Les professions de proximité avec le catholicisme exprimées par le jeune régime de Vichy n’apparaissent pas comme une composante importante du processus.
La part réduite du prisme religieux
17De 1919 à 1940, paradoxalement, la mobilisation du prisme religieux pour relire 1914 se niche ainsi dans une minorité des articles de La Croix. Son association à la notion de « cohésion nationale » recouvrée ne s’est pas suffisamment solidifiée pour atténuer de façon durable la charge négative présente dans la mémoire de l’entrée dans la Grande Guerre.
18Le tout début de l’entre-deux-guerres l’avait largement associé à l’évocation de clercs anciens combattants, comme cela a été dit. Puis, si la phase de gouvernement par le cartel des gauches n’a pas réveillé de façon significative ce type d’association, cette tranche chronologique a concentré en revanche l’essentiel des renvois du journal à l’Union sacrée caractérisant l’année 1914 et marquant notamment la (ré) conciliation entre anticléricaux et cléricaux47. Depuis la fin de la guerre, les allusions qui y renvoyaient reflétaient une adhésion – ferme ou feinte, mais en tout cas proclamée – à l’idée d’une prolongation de cet état : « S’il est un bienfait que nous espérons obtenir de la victoire, c’est bien l’éloignement définitif de ce cauchemar perpétuel qui pesa sur les générations françaises de 1871 à 1914 pour les catholiques français48. » En cela, la mémoire de 1914 a pu, pendant ce temps bref, quoique de façon périphérique49, apparaître comme celle d’un basculement positif compensant ses aspects terribles. Cette année-là a pu être alors pensée non pas comme année de rupture, mais de retour à un statut antérieur perçu comme un état de normalité gagnant à être pérennisé – ce qui aurait supposé l’abrogation effective des lois anticongréganistes, juste suspendues : « La France redevient un pays dont les catholiques modérés du monde entier peuvent invoquer le témoignage dans leurs controverses avec les violents de tous les partis50. » C’est 1924 qui, de ce point de vue, est apparue un temps comme une rupture, du fait du projet de réactivation des mesures anticongréganistes et de leur extension à l’Alsace-Moselle par le cartel des gauches : en suggérant que 1914 ne fermait pas une parenthèse pour les religieux, mais n’avait peut-être fait qu’en ouvrir une. Or cette réactivation d’une mémoire douloureuse des années conflictuelles du début du siècle posait d’une certaine façon un jalon pour un discours réactivable en 1940, portant la notion de « défaite morale » : un article de juin 1924 parle ainsi d’un « arrêt inattendu dans l’œuvre de restauration morale de la France. La vraie raison, selon nous, de cet échec répété, est que la fibre morale du peuple français est sérieusement atteinte51 ». Après 1926 – donc après le renoncement du cartel et la fin de son expérience gouvernementale – cette thématique de l’Union sacrée, implicitement identifiée comme la fin de l’acmé anticlérical, n’est plus guère associée qu’à la marge à l’évocation de 1914.
19Ce n’est qu’en 1936, en lien avec la campagne précédant l’arrivée au pouvoir du Front populaire, qu’une mémoire négative d’un avant-1914 est de nouveau mobilisée, mais passagèrement, par prévention : « Il y a exactement cinquante-six ans, le 29 mars, que les “républicains attachés à la laïcité et au progrès social” ont imposé ces fameux décrets en vertu desquels on crochetait les portes des couvents pour en expulser ces congrégations de bons Français qui vécurent en exil et revinrent en 1914 pour détendre la patrie envahie. La première atteinte portée au droit individuel et au droit de propriété eut lieu ce jour-là, du fait des radicaux de l’époque52. » En 1938, la mémoire positive de l’Union sacrée est remobilisée face au danger de guerre qui se précise et conduit aux accords de Munich : « Il faut que les Français de tous les partis et de toutes les opinions s’unissent fraternellement comme aux jours de 1914, car la patrie est en danger. C’est la dernière chance que nous ayons encore de sauver la paix53. » Or cette fois, la composante de réhabilitation religieuse est mise en sourdine, marquant le déplacement de l’engagement, de la quête de réhabilitation des religieux vers l’enjeu commun de la paix. Et c’est dans la continuité de cette dernière séquence que s’inscrivent les appels à l’unité nationale présents dans des articles de 1940, faisant référence à 1914. Ils intègrent le passage du journal du rejet d’une laïcité de combat à l’acceptation d’une laïcité de coexistence : « Le catholique français d’aujourd’hui, lors même qu’il se bat pour sauver des valeurs substantiellement chrétiennes, […] n’oublie point pour autant que la France n’égale pas la chrétienté et moins encore le christianisme54 » ; « de l’avis de tous les observateurs qualifiés, […] l’anticléricalisme est devenu un accessoire du passé55 ». Par conséquent, si quelques mois plus tard, en septembre 1940, l’abrogation par le régime de Vichy de la loi interdisant l’enseignement aux congréganistes est saluée comme un « geste de concorde et d’apaisement56 », sa portée est réduite par la permission de fait existant depuis 1914, et par l’apaisement des relations État-Église depuis 1926. L’effet éventuel de relativisation du caractère « terrible » de 1940 s’en trouve limité.
20À compter de 1938, au moment où le risque de déclenchement d’une nouvelle guerre était devenu plus pressant, c’est davantage du côté de la pratique religieuse que s’était portée l’inscription de la mémoire de 1914 dans un cadre confessionnel. C’est dans ce cycle-là que s’est forgée la tonalité des allusions repérées en 1940. Ce sont, dans les premiers mois – ceux d’une nouvelle guerre de position puis de la Bataille de France – des appels à agir comme en 1914 de façon propitiatoire, en priant, en lançant des « offensives de rosaire », en demandant l’intercession de la Vierge et d’une Jeanne d’Arc désormais plus efficace, peut-être, parce que canonisée entre-temps57. Bref, surtout des appels à la dévotion, où la référence à 1914 ne renvoie guère à une mémoire très construite, très centrée sur un élément particulier, très figée. Un article emploie ainsi le mode du « souvenez-vous » : il faut réactiver le souvenir de l’existence d’un rosaire du soldat58.
21Puis, à partir d’août 1940 s’opère un basculement vers une instrumentalisation morale du religieux dans son association au souvenir de 1914. Le comparatisme sert là encore à tenter de « faire passer » le traumatisme de la défaite tout en dessinant un nouvel horizon : « Nous […] devons sans doute [à la Vierge] (nous l’avions tant priée !) la protection étendue sur notre pays jusque dans un désastre où son sang n’a que peu coulé. Si elle nous a préservés d’un massacre semblable à celui de 1914, ne serait-ce pas avec la pensée que nous recommencerons quelque jour à bien servir la cause de son Fils en ce monde59 ? » Le père Merklen livre pour sa part un texte qui mérite d’être décrypté avec attention, puisque tout en validant le discours d’autoculpabilisation morale porté par Vichy, mais en revendiquant en bonne partie sa paternité pour une Église précocement clairvoyante, il introduit une forme de distance et de nuance par son titre, « D’un excès à l’autre », comme par la critique d’une vision trop caricaturale d’un état moral dégradé au cours de l’entre-deux-guerres :
« C’est plaisir de voir avec quelle unanimité, à la suite de notre défaite, tous les Français sont d’accord, les jeunes les premiers, pour condamner la “mystique matérialiste”. On dirait que la manière facile de vivre, l’amour exagéré du gain, l’esprit mercantile, le luxe éhonté, le système des “combines” étaient la règle de vie universelle dans notre pays. Pourtant, dès le début de la dernière guerre, Benoît XV dénonçait solennellement la recherche exclusive du bien-être et le culte de l’argent comme le scandale de notre temps et les causes profondes des événements de 1914. Et, à sa suite, l’Église de France comme l’épiscopat catholique des autres pays n’a cessé de rappeler les enseignements de l’Évangile sur la béatitude de la pauvreté60. »
22Ce faisant, le statut mémoriel de 1914 comme année de rupture positive pour l’Église se trouve une fois de plus écorné, puisque c’est un échec à se faire entendre qui est ici constaté. L’effet miroir, pour 1940, paraît évident, mais sans permettre de dessiner clairement les perspectives : nouveau départ, par la mise en œuvre de ce que les « leçons » de 1914 n’avait pas réussi à enclencher, ou répétition cyclique ? Pour autant, l’inscription de ces nouvelles approches dans le champ magnétique du discours moral de la Révolution nationale est trop évidente pour les isoler dans la singularité d’une presse confessionnelle.
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23L’existence d’une approche spécifique, parce que catholique, de la mémoire de 1914 dans La Croix, hypothèse qui avait sous-tendu notre approche expérimentale, ne constitue pas, en fin de compte, un fait saillant. Le caractère « terrible » de cette première année de la Grande Guerre n’y apparaît pas atténué par des signaux concomitants de réintroduction à part entière des catholiques dans le corps social, dont l’écho se retrouve d’une certaine façon en 1940. Ou plutôt, ce type d’instrumentalisation mémorielle particulière avait bien été présent au moment de la sortie de guerre, mais avait reculé au-delà de la tentative avortée de relance du combat laïque conduite par le cartel des gauches. L’échec même de ce dernier avait montré que l’expérience de la guerre avait transformé en profondeur les représentations sur les catholiques. Et cela peut contribuer à expliquer qu’une inscription dans un processus plus large de construction mémorielle autour de 1914 l’emporte au final dans ce grand quotidien confessionnel. Même les grandes articulations connues de son histoire spécifique, avec 1927 comme date pivot, ne ressortent pas, dans ses colonnes, comme support efficient d’une chronologie des reconfigurations mémorielles à propos de l’année initiale de la Grande Guerre. Cette dernière s’est plutôt imposée à partir de la deuxième moitié des années 1920 comme une sorte d’objet mémoriel orienté vers un partage élargi : élargi par l’esprit de corps des combattants, par les effets des appels à une Union sacrée, par une culture de guerre communément intégrée. Les articulations significatives, qui ont provoqué d’une guerre à l’autre la recombinaison de la mobilisation mémorielle (les « rejeux »), sont ainsi, mise à part l’arrivée au pouvoir du cartel des gauches, inscrites dans un champ d’expérience large : les rapprochements entre associations d’anciens combattants, l’arrivée des nazis au pouvoir, le sentiment de guerre imminente en 1938, la débâcle et l’armistice en 1940. Majoritairement, ce sont l’angoisse, parfois le traumatisme, le sentiment d’avoir affaire à un moment « terrible », qui se trouvent au cœur de ces moments pivots. En 1940, la part plus proprement religieuse du souvenir de 1914 est mobilisée dans un jeu d’alternance entre activations propitiatoire et expiatoire et non dans une perspective socio-politique. 1940, loin de puiser par mimétisme dans des composantes « rendues moins négatives » de la mémoire de 1914, fait dialoguer les expériences d’angoisse.
Notes de bas de page
1 Tirage de 163 000 exemplaires en 1919, 144 200 en 1920, 177 000 en 1926 (maximum de l’entre-deux-guerres), 170 000 en 1931, 158 000 en 1935, 153 000 en 1938 (Rémond René et Poulat Émile [dir.], Cent Ans d’histoire de La Croix, 1883-1983, Paris, Le Centurion/La Croix, 1988, p. 449).
2 Rémond René et Poulat Émile (dir.), op. cit., p. 227-248, 450 ; Rémond René, « L’évolution du journal La Croix et son rôle auprès de l’opinion catholique (1929-1937) », Bulletin de la société d’histoire moderne, 7, 57e année, juin 1958, p. 3-10 ; Pitette Yves, La Croix. Cinquante Ans d’histoire au quotidien, Paris, Bayard, 2010.
3 Sur le contexte intermédiaire, cf. en particulier Bonafoux-Verrax Corinne, À la droite de Dieu. La Fédération nationale catholique, 1924-1944, Paris, Fayard, 2003, et Rémond René, Les crises du catholicisme en France dans les années trente, Paris, Cana, 1996.
4 Cf. Boniface Xavier, Histoire religieuse de la Grande Guerre, Paris, Fayard, 2014, chap. 1 en particulier.
5 Pour une vue générale : Cointet Michelle, L’Église sous Vichy, 1940-1945, Paris, Perrin, 1998. Voir aussi Fouilloux Étienne, Les chrétiens français entre crise et libération, 1937-1947, Paris, Seuil, 1997, chap. 7 ; Bédarida Renée, Les catholiques dans la guerre 1939-1945. Entre Vichy et la Résistance, Paris, Hachette, 1998.
6 L’année 1914 apparaît alors souvent sous forme de borne repère, renvoyant à la période 1914-1918, plus que limitée à elle-même.
7 La Croix, 18-04-1940, 21-04-1940.
8 Ibid., 25-06-1940.
9 Ibid., 26-06-1940.
10 Ibid., 25-06-1940.
11 Ibid., 26-06-1940.
12 Cf. Guillon Jean-Marie, « La philosophie politique de la Révolution nationale », dans Azéma Jean-Pierre, Rioux Jean-Pierre et Bédarida François, Vichy et les Français, Paris, Fayard, 1998, p. 168-183.
13 La Croix, 17-09-1940, 03-11-1940.
14 Ibid., 09-10-1940, 31-10-1940.
15 Ibid., 13-03-1919, 08-04-1919, 27-04-1919, 04-05-1919. Cf. Launay Marcel, Benoît XV, un pape pour la paix, Paris, Le Cerf, 2016.
16 Cf. Prost Antoine, Les anciens combattants et la société française, 1914-1939, t. 1 : Histoire, Paris, Presses de Sciences Po, 1977, chap. ii-4 et iii-1. Alors que le « mouvement combattant » avait été, au départ, une « juxtaposition d’associations très diverses », résultat d’initiatives spontanées non coordonnées, à partir de 1922 se multiplient les initiatives de fusion ou coordination : au-delà de leurs échecs, il peut y avoir là le révélateur d’un nouvel état d’esprit, lié en partie à la sortie d’une première étape où le plus urgent avait été de gérer la reconversion des anciens combattants à la vie civile. Une volonté « d’action civique et sociale » nationale s’affirme.
17 Cf. Bonafoux-Verrax Corinne, op. cit.
18 Prost Antoine, op. cit., chap. iii-2.
19 Par exemple : La Croix, 18-02-1932, 25-02-1932, 09-06-1936.
20 La Croix, 12-04-1940.
21 Ibid., 21-04-1940.
22 Pris souvent au sens de « 1914-1918 ».
23 La Croix, 24-04-1940.
24 Ibid., 24-04-1940.
25 Ibid., 09-05-1940.
26 Ibid., 09-05-1940, 10-05-1940.
27 Ibid., 10-05-1940 (article signé « EG »).
28 Par exemple : ibid., 27-03-1940, 17-05-1940.
29 Ibid., 11-08-1940.
30 Ibid., 02-08-1940 (« Défaite », par Pierre Limagne – futur résistant, puis rédacteur en chef adjoint de La Croix dans l’après-guerre).
31 Ibid., 28-01-1919, 06-03-1919, 30-03-1919, 17-18-19-04-1919, 13-04-1920, 20-04-1920.
32 Ibid., 19-04-1919.
33 Par exemple : ibid., 19-05-1922, 21-05-1922, 14-09-1926, 28-01-1930, 26-02-1932.
34 Par exemple : ibid., 01-04-1920, 18-02-1922 ; 08-07-1924, 24-01-1926, 07-06-1928, 24-01-1934, 20-02-1934.
35 Par exemple : ibid., 14-09-1926, 10-06-1927.
36 Ibid., 03-01-1922.
37 Ibid., 27-08-1928, 26-06-1936.
38 Cf. Hartog François, Régimes d’historicité. Présentisme et expérience du temps, Paris, Seuil, 2003.
39 En moyenne, l’année 1914 est évoquée dans 70 % des éditions de 1931 à 1938, contre 29 % des éditions de 1920 à 1930.
40 La Croix, 10-10-1938.
41 Ibid., 13-03-1938, 14-03-1938, 17-03-1938, 23-03-1938.
42 Ibid., 23-01-1934, 24-01-1934, 20-02-1934, 01-03-1934.
43 Ibid., 22-08-1940.
44 Ibid., 22-08-1940, 06-09-1940 ; cela renvoie à l’offensive soviétique en juin en Bessarabie et en Bucovine, et à l’offensive hongroise, appuyée par les nazis, en Transylvanie en août.
45 Ibid., 17-03-1938.
46 Ibid., 13-05-1940.
47 Dans notre sondage, près du tiers des articles de 1924 faisant allusion à 1914 abordent – au moins en partie – ce thème.
48 La Croix, 29-01-1920 ; voir aussi : 26-02-1919.
49 Autour de 10 % seulement des articles évoquant 1914 développent ce thème entre 1919 et 1922.
50 La Croix, 04-04-1920.
51 Ibid., 20-04-1920.
52 Ibid., 02-04-1936.
53 Ibid., 14-09-1938.
54 Ibid., 27-03-1940.
55 Ibid., 28-04-1940.
56 Ibid., 05 et 06-09-1940.
57 Par exemple : ibid., 21-03-1940, 22-03-1940, 23-03-1940, 28-04-1940, 04-05-1940, 05-05-1940, 09-05-1940, 13-05-1940, 17-05-1940.
58 Ibid., 04-05-1940.
59 Ibid., 08-08-1940.
60 Ibid., 09-08-1940.
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