Les années terribles du XIXe siècle au miroir de la Seconde Guerre mondiale
p. 193-207
Texte intégral
1Dans un avant-propos présentant la réédition en 2004 d’un essai datant de 1942 sur 1870. Les intellectuels devant la défaite, l’académicien Michel Mohrt relate en quelques mots son expérience combattante dans l’armée des Alpes contre les Italiens, puis signale avoir lu, réfugié à Nice, la correspondance active de Flaubert pendant la guerre de 1870-1871 :
« Ma surprise fut grande d’y trouver des réflexions, des phrases de désespoir et de dépit, mais aussi d’espérances qui exprimaient les sentiments qu’avaient suscités en moi le désastre de nos armées en juin 1940. Les réactions de Flaubert, celles de ses correspondants, surtout George Sand, étaient les miennes.
L’idée me vint qu’il pouvait être intéressant, instructif, réconfortant, de voir comment des écrivains, autres que Flaubert, avaient réagi à la chute de Sedan, au siège de Paris, à la Commune, aux combats de l’armée de la Loire, à la chute de l’Empire, au ministère de Thiers1. »
2Comme Michel Mohrt, plusieurs auteurs ont, au cours de la Seconde Guerre mondiale, porté attention aux années terribles du xixe siècle, marquées elles aussi par la défaite, l’invasion et l’occupation d’une large partie du territoire national. L’analyse de leurs œuvres constitue un angle mort entre les études consacrées aux intellectuels au début de la Seconde Guerre mondiale2 et celle d’Anne Simonin sur les écrits publiés après la Libération, visant à confronter la transition politique à travers le mécanisme de l’épuration notamment, analyse qu’elle appuie notamment sur trois œuvres, Le Diable boiteux de Sacha Guitry (1948), Quand la France occupait l’Europe que Jacques Laurent publie la même année sous le pseudonyme d’Albéric Varenne3 et enfin La Semaine sainte de Louis Aragon4. Le corpus retenu ici se compose de l’ensemble des ouvrages publiés par des historiens et/ou des essayistes sur 1814-1815 et 1870-1871 entre 1939 et 1945, auxquels s’ajoutent quelques articles de presse publiés dans les journaux nationaux au moment des anniversaires de Waterloo, Sedan ou la Commune de Paris. Ces écrits convoquent la mémoire des occupations passées pour historiciser le présent et proposer – explicitement ou non – des remèdes à la crise que traverse le pays. Ils permettent aussi d’envisager la tension entre la prégnance des discours dominants et la possibilité – limitée en régime autoritaire – d’une forme de dissidence intellectuelle. Ce travail s’attache essentiellement à mettre en lumière les causes que leurs auteurs avancent pour expliquer les défaites passées ainsi que les solutions envisagées alors pour régénérer la France. Toutefois, avant de mettre en œuvre cette lecture, il est indispensable de présenter de manière critique des sources dont les conditions de production rendent parfois l’analyse délicate.
Des sources diverses mais des auteurs au profil souvent parallèle
Des textes de différents statuts
3Trois types de textes peuvent être distingués : les articles de presse, les essais, les travaux historiques. Le premier corpus pourrait sembler le plus fourni mais se montre en réalité très décevant. Un sondage effectué sur l’ensemble de la presse nationale et sur quelques titres de la presse locale à l’occasion des anniversaires de Sedan (70 ans en 1940), de la Commune de Paris (70 ans en 1941) et de Waterloo (chaque 18 juin, mais cette date est aussi l’anniversaire des discours de Pétain et de Gaulle…) permet de recenser quelques articles seulement. La défaite de Sedan et la proclamation de la République le 4 septembre 1870 sont complètement absentes des journaux nationaux en 1940. Il est vrai que ceux-ci sont alors réduits à deux pages, mais ce format limité n’épuise pas le sens de ce silence, même combiné avec les urgences du moment. Sedan, c’est la défaite de l’Empire et la voie vers la République, dont la proclamation n’est pas l’événement historique le plus apprécié des dirigeants de l’État français… En janvier 1941, La Petite Gironde publie un article de Daniel Halévy intitulé « À travers les épreuves5 », qui porte sur les défaites de 1871 et 1940. Ce texte correspond en fait à une partie du travail de réflexion entrepris par l’essayiste sur les années terribles des xixe et xxe siècles.
4Deux essais sont en effet explicitement consacrés aux années terribles. Le premier, publié chez Plon en 1941 et resté le plus célèbre, est aussi celui qui instruit la comparaison : il est l’œuvre de Daniel Halévy et s’intitule Trois épreuves : 1815, 1871, 19406. Publié l’année suivante, le second, Les intellectuels devant la défaite, 1870, est dû à Michel Mohrt7.
5La production historique, de facture universitaire mais pas uniquement, se poursuit durant la Seconde Guerre mondiale en dépit de multiples entraves8. Une vingtaine de titres concernent les années terribles du xixe siècle. Il faut tout d’abord faire la part des rééditions, qui composent une partie non négligeable de ce corpus : c’est le cas des ouvrages de Jacques Fouques Duparc sur Le troisième Richelieu, libérateur du territoire en 1815, réédité en 19439, ou de Jacques Bainville, dont l’Histoire de trois générations (1815-1918) fait l’objet d’une nouvelle édition en 193910, ainsi que Comment s’est faite la Restauration de 1814 en 194311. Un deuxième groupe est formé par les ouvrages préparés avant guerre et publiés juste au début du conflit, tels ceux de Georges Bourgin sur La guerre de 1870-1871 et la Commune12, de Georges Duveau sur le siège de Paris13 ou de Marc-André Fabre sur la Commune de Paris14 mais aussi celui de Louis Gallas sur Les invasions autrichiennes de 1814 et 1815 à Chalon-sur-Saône et en Bourgogne15. Dans cette série, un travail se singularise : c’est celui de Félix Ponteil, préparé avant la guerre comme il l’explique, mais repris et complété durant celle-ci16. Il en va différemment pour La revanche d’Henry Contamine, dont l’auteur écrit lors de la sortie en 1957 : « Ce livre allait paraître lorsqu’une nouvelle guerre survint, un quart de siècle après celle dont il expose les origines militaires et les débuts. Et son manuscrit a dormi17. » Roger Grand consacre en 1943 un ouvrage à La chouannerie de 181518. La fin de l’Empire est également évoquée dans les travaux de Louis Madelin, dont La Contre-Révolution sous la Révolution, 1789-1815 paraît en 194219 suivie par le deuxième tome de son histoire du Consulat et de l’Empire, dédié à la période 1809-1815, en 194520. Entre-temps, il publie aussi une biographie de Talleyrand en 1944. La veine biographique est également explorée par Jean Lucas-Dubreton, qui consacre des biographies à deux des acteurs des premières années terribles du xixe siècle, Napoléon21 et le maréchal Ney22. Jean Thiry analyse successivement La chute de Napoléon23 et La campagne de France de 1814, qu’il reprend en 194624. En regard de cette production sur 1814-1815, les années terribles de 1870 et 1871 sont sensiblement en retrait. Albin Michel réédite en 1941 Les années funestes (1852-1870) de Victor Hugo et Adrien Dansette étudie en 1944 Les origines de la Commune de 187125.
Les auteurs : un profil politiquement conservateur et professionnellement varié
6Les auteurs qui consacrent une partie de leurs travaux à l’étude des années terribles du xixe siècle ont eux-mêmes souvent combattu lors de celles du xxe siècle. Henry Contamine, qui se présente comme un « combattant des dernières années de la guerre » de 1914-1918 et un « jeune artilleur », se bat à nouveau en 1940 puis 194426. Félix Ponteil a fait la Première Guerre mondiale dans un bataillon de chasseurs alpins. Charles Pomaret s’est engagé en 1915 et a reçu la Croix de guerre, comme Jacques Fouques Duparc. La plupart des auteurs évoqués ici sont extérieurs au monde universitaire. Outre le fait que plusieurs spécialistes des périodes concernées par ces années terribles appartiennent aux réprouvés du régime, francs-maçons, juifs et/ou communistes27, le fait s’explique aussi par la surreprésentation dans ce corpus de la fin de l’époque napoléonienne, alors assez largement boudée par la recherche universitaire28, et de ce fait en grande partie captée par une mouvance dont l’Académie française apparaît comme le centre de gravité, que les auteurs considérés en soient membres (voire futurs membres si l’on se projette dans l’avenir) ou lauréats.
7Les auteurs de ces publications sont essentiellement des publicistes de droite voire d’extrême droite. Dans la presse, les références aux années terribles du xixe siècle sont le fait de Léon Daudet ou d’Émile Henriot. Jean Lucas-Dubreton, conseiller d’État, est un cousin de Maurice Barrès. Roger Grand, chartiste et ancien archiviste dans le Cantal où il fut l’un des fondateurs de la Société de la Haute-Auvergne, est devenu ensuite professeur à l’École des chartes. Sénateur du Morbihan durant l’entre-deux-guerres, il est également membre du Conseil national, ce que ne mentionnent ni sa fiche sur le site du Sénat29 ni sa nécrologie dans la Bibliothèque de l’École des chartes30 : en revanche, cette appartenance figure bien dans la présentation de son ouvrage de 1943 consacré à La chouannerie de 1815. Louis Madelin est lui aussi un homme politique, qui fut député des Vosges de 1924 à 1928, siégeant, comme Roger Grand, sur les bancs de droite. Les auteurs des deux essais dédiés à 1814 et/ou 1870-1871 s’inscrivent eux aussi dans les mouvances conservatrices voire réactionnaires. Daniel Halévy, né en 1872, est un vétéran de la scène politique et intellectuelle française. Libéral, dreyfusard, sa trajectoire emprunte une évolution conservatrice repérable dès l’entre-deux-guerres31. Michel Mohrt, né en 1914, avocat au barreau de Morlaix en 1937, s’inscrit dans la mouvance de l’Action française. Il participe à la campagne de 1940 sur le front des Alpes et en tire ultérieurement La campagne d’Italie. À partir de février 1941, il écrit dans Je suis partout.
8Deux auteurs font exception, Jacques Fouques Duparc et Charles Pomaret. Tous deux docteurs en droit, ils appartiennent aux milieux de gauche. Jacques Fouques Duparc fait essentiellement carrière dans la diplomatie, mais dans le cadre d’une grande proximité avec le radicalisme : délégué à la SDN puis secrétaire d’ambassade à Berlin, il est chef de cabinet d’Yvon Delbos au ministère des Affaires étrangères pendant le Front populaire. Charles Pomaret, auditeur au Conseil d’État, est maire de Pont-de-Montvert, conseiller général et député républicain socialiste de la Lozère. Sous-secrétaire d’État chargé de l’enseignement technique dans les trois cabinets présidés par Pierre Laval en 1931-1932, ministre du Travail d’Édouard Daladier en 1938, de l’Intérieur puis à nouveau du Travail de Philippe Pétain en 1940, il est rapidement interné (à l’automne 1940) pour avoir tenu des propos hostiles au chef de l’État français. Leur cas mis à part, et celui de Charles Pomaret doit l’être aussi car son ouvrage est publié après la Seconde Guerre mondiale, la tonalité principale des écrits portant sur les années terribles du xixe siècle durant la période 1940-1945 est donc non seulement conservatrice mais aussi antidémocratique.
Des références à l’actualité plus ou moins explicites
9Dans son ouvrage sur les trois épreuves de 1814, 1870 et 1940, Daniel Halévy, exposant son intention, cite le discours du 19 juin 1940 de Pétain : « tous les peuples ont connu tour à tour des succès et des revers. C’est par la manière dont ils réagissent qu’ils se montrent faibles ou grands ». Daniel Halévy précise alors : « Ce que nous nous proposons ici, c’est d’étudier la manière dont les Français ont réagi, dont aujourd’hui même on les voit réagir, aux cours des trois épreuves que leur pays a subies depuis les premières années du xixe siècle32. » Selon lui, « toutes trois s’enchaînent, s’éclairent l’une par l’autre. Ainsi les comprendrons-nous33 ». L’essayiste ne propose en revanche aucune conclusion à l’issue de la présentation successive des trois années dont il déroule le fil de manière chronologique, sans étude comparée de façon thématique.
10Michel Mohrt relie lui aussi la situation contemporaine avec un passé dont il affirme la présence persistante : « Il y a encore des Français qui ont connu la guerre de 1870 et dont les souvenirs d’enfance remontent au siège de Paris et à la Commune. » Il narre ensuite l’histoire de sa grand-mère, qui « a tricoté des chaussettes pour son frère qui fut fait prisonnier au siège de Metz et mourut des suites de ses souffrances », puis « pour son fils, mobilisé en 1914 et pour son petit-fils, mobilisé en 193934 ». Selon lui,
« il est probable qu’aux yeux de l’historien futur, les trois guerres franco-allemandes apparaîtront comme une seule et même tragique querelle. Qu’est-ce que soixante-dix ans dans la vie d’un peuple ? Une même génération de Français a pu connaître trois guerres sanglantes. Trois guerres : trois invasions et deux désastres. Ces deux désastres sont trop proches dans le temps, ils présentent trop d’analogies pour qu’on n’ait pas songé à les comparer. Une sorte de lien tragique s’établit, par-dessus la victoire de 1918, entre 1870 et 1940. Ces deux dates néfastes s’éclairent l’une l’autre, elles se répondent, elles prennent, l’une près de l’autre, une signification cruelle. La déroute de juin 1940 semble une réplique de la débâcle d’août 1870. Nos grands-parents qui ont connu l’une et l’autre sont à même, aujourd’hui, de faire des rapprochements amers35 ».
11Dans l’avant-propos, daté de Strasbourg et de Clermont (« octobre 1938- mars 1941 »), de son ouvrage sur la chute de Napoléon publié en 1943, Félix Ponteil précise quant à lui :
« Ce livre m’avait été demandé avant la guerre. J’achevais de l’écrire lorsque la mobilisation m’a pris. Je l’ai abandonné…
Puis j’ai repris mon travail par la base, pour le mener au point où le lecteur le trouve aujourd’hui. Les événements vécus depuis dix-huit mois rappelaient intensément ceux de 1814-1815. Nos ancêtres n’avaient-ils pas vécu les mêmes angoisses que celles que nous vivions ? N’avaient-ils pas subi l’occupation, la tutelle de l’étranger36 ? »
12Il poursuit en affirmant que
« le lecteur se tromperait s’il pensait que j’ai voulu faire le récit de la crise de 1814-1815 avec des intentions actuelles. Historien, non publiciste, j’ai profité de tout ce que nos malheurs actuels nous enseignent, pour éclairer certains côtés de mon sujet, plus que je n’en avais l’intention avant le drame de mai-juin 1940. Albert Mathiez et Georges Lefebvre n’ont-ils pas ouvert les perspectives que l’on sait sur l’histoire économique de la Grande Révolution à la lumière des enseignements que les événements de 1914-1918 avaient dégagés37 ? »
13Félix Ponteil glisse toutefois de la dénégation à l’avertissement lorsqu’il met en garde ses contemporains contre la tentation de revenir en arrière : « Comme si l’histoire pouvait remonter aux sources ! Il s’est instauré un régime de réaction qui n’était pas celui d’avant 89, compromis entre deux opinions extrêmes, instable et voué à un renversement, qui eut lieu quinze ans plus tard, en juillet 183038. »
14De son côté, Adrien Dansette se veut très nuancé quant aux leçons à tirer de la Commune de Paris en 1944 : « La genèse de cette horrible guerre civile peut-elle être pour nous de quelque enseignement ? Oui certes, mais cet enseignement serait trompeur si nous en attendions un remède tout préparé aux difficultés d’une autre époque. » Selon lui, « les comparaisons entre événements historiques sont des jeux séduisants mais sans portée pratique immédiate » car « le passé ne ressuscite jamais39 ». Néanmoins, il s’inspire de la Commune pour recommander « la prévoyance et le sang-froid dans l’exercice du pouvoir », affirmant qu’elle pouvait être évitée40. Il suggère aussi « qu’avant de se battre entre eux, les Français acceptent de se connaître, qu’ils apprennent à se respecter41 ».
Les racines du mal
15La recherche des causes de la défaite et de l’invasion constitue naturellement un élément central de l’ensemble des publications sur les années terribles du xixe siècle. Deux configurations sont nettement distinctes, comme le démontre l’étude des auteurs qui se livrent à la comparaison. En 1814-1815, c’est la démesure de l’épopée impériale qui est pointée comme responsable de la situation. Daniel Halévy se demande ainsi de façon toute rhétorique : « Était-ce la France qui tombait, ou Napoléon, son chef aventureux42 ? » De surcroît, la France succombe face à une vaste coalition, dont l’aspect formidable exonère pratiquement le pays de toute honte d’avoir perdu la guerre. Là encore, l’essayiste est explicite : « la valeur française n’était donc pas en question : le problème posé était un problème d’ordre, et l’immense bienfait de la paix, depuis tant d’années inconnu, était, par lui-même, un commencement et un présage d’ordre43 ».
16La guerre de 1870-1871 pose un problème différent puisque la France échoue face une coalition limitée aux États de la petite Allemagne, la Prusse et ses quatre alliés (royaumes de Bavière et de Wurtemberg, grands-duchés de Bade et de Hesse-Darmstadt), alors que le Second Empire apparaissait comme une puissance solide, largement interventionniste dans le concert des nations44. Dès lors, la recherche des causes de la défaite se fait plus aiguë45.
17La désignation de boucs émissaires est une option. Parmi ces derniers, les francs-maçons occupent une place de choix aux yeux de Léon Daudet qui consacre un article, en une de L’Action française du 18 mars 1941, à « L’anniversaire de la Commune ». Le vieux polémiste voit dans l’insurrection parisienne l’œuvre des loges : « la Commune de Paris était en grande partie un soulèvement artificiel, c’est-à-dire d’inspiration maçonnique, conduit par des sans-patrie, ou des étrangers comme Dombrowski ». Pour lui, « ces événements sont loin, mais ils comportent une tragique leçon46 ». La franc-maçonnerie est également dans le viseur de Daniel Halévy, qui dénonce l’influence du Grand Orient de France sur l’école de la Troisième République47 et par là même sur l’état d’esprit des Français de 1940.
18Les intellectuels, même si le terme est forgé a posteriori, constituent l’autre catégorie désignée comme responsable de l’affaiblissement et des divisions du pays. Michel Mohrt s’en prend avec une certaine hargne dans Les intellectuels devant la défaite aux promotions normaliennes de 1848, ciblant particulièrement Taine, About, Sarcey, ainsi que leur cadet d’un an, Prévost-Paradol. Il est tout aussi violent, voire davantage, à l’encontre des romantiques, Jules Michelet (auquel il semble vouer une véritable exécration) et Paul de Saint-Victor. Mohrt considère que « la France paie son relâchement moral » en 1870 et l’on comprend que les intellectuels en portent une lourde responsabilité à ses yeux. Ils sont également la cible de Daniel Halévy, qui pourfend notamment les universitaires, jugés responsables de la mauvaise éducation délivrée selon lui aux enfants de France48. Il est vrai qu’outre son évolution conservatrice, le vieil essayiste est sans doute affecté par le dédain avec lequel la communauté historienne accueille dans les années 1930 ses propres ouvrages sur la Troisième République49.
Les conditions du relèvement
19S’intéresser aux années terribles du xixe siècle en pleine tourmente de la Seconde Guerre mondiale conduit assez naturellement les auteurs de ces travaux à chercher et à mettre en lumière les conditions du relèvement de la France. Daniel Halévy assigne trois missions aux Français après chacun de leurs désastres : « ils doivent rétablir leurs finances, reconstituer une armée, se refaire une éducation nationale50 ». Si ces éléments sont présents chez plusieurs auteurs, c’est surtout l’éducation qui bénéficie d’une place significative. La question financière, peut-être parce que réputée plus aride, est moins développée, même si Félix Ponteil et Charles Pomaret y consacrent quelques pages. Quant à la reconstitution de l’armée, il est compréhensible que, pour les textes publiés pendant la Seconde Guerre mondiale, il soit délicat de trop l’évoquer, même si Daniel Halévy note le relèvement de l’armée grâce aux lois militaires des années 1870. Mais deux autres aspects apparaissent déterminants aux yeux de plusieurs essayistes, journalistes ou universitaires : l’existence d’un sauveur et le rapport à l’occupant.
Éducation et régénération
20L’État français met lui-même l’accent sur la nécessité de régénérer la France, par un retour à des valeurs qui auraient été bafouées sous la République. En 1940, le régime enjoint aux instituteurs de lire des extraits de discours de Pétain aux enfants des écoles. Émile Henriot y consacre un long article dans Le Temps, qu’il titre « La première classe » en référence explicite à « la dernière classe » d’Alphonse Daudet dans les Contes du lundi. Le critique littéraire rappelle qu’elle met en scène un instituteur alsacien, « la veille de la fermeture de son école, en territoire annexé, à l’issue de l’avant-dernière guerre ». Témoin de la rentrée dans une école de Clermont-Ferrand, le journaliste en livre un récit enthousiaste : « La rentrée des écoles primaires a donné lieu, hier matin, à une manifestation touchante et chargée d’un grand sens. » Après l’observation d’une minute de silence « remplie de la pensée des morts », l’instituteur a lu « des fragments saisissants des discours adressés à la nation française par le maréchal Pétain, dans les douloureuses circonstances que l’on sait, sur la nécessité de l’armistice, la condamnation des erreurs qui nous ont conduits au désastre, et les conditions essentielles de notre relèvement futur ». L’emploi du terme « désastre », adapté naturellement à 1940, évoque aussi l’expression « nos désastres » si souvent prononcée à la fin du xixe siècle à propos de 1870-1871. Toutefois, Émile Henriot suggère une lecture exactement opposée à celle du recueillement qui suit 1871. Pour lui, la manifestation scolaire de 1940 est « une analogie contraire » à celle de « La dernière classe » qui laisse une impression de tristesse : « on y voit quelque chose qui finit, et le récit s’achève sur un regret et sur un adieu ». Le journaliste exalte à l’inverse la vision d’avenir du message du vieux maréchal :
« Dans cette “première classe” d’hier, devant ces enfants sur qui tombait la paternelle voix d’un chef vénéré, humain et sage, j’ai eu l’impression réconfortante d’assister à une semaille, le bon grain et le bon conseil jetés à pleine main par quelqu’un qui, au-delà des ruines encore fumantes, regarde et ne veut regarder que l’avenir51. »
21La confiance mise dans Philippe Pétain est partagée par Daniel Halévy dans son essai de 1941 sur les trois épreuves de 1814, 1871 et 1940. Le choix de 1871 est significatif car la Commune l’incarne autant que la défaite, déjà largement consommée en 1870. Pour Daniel Halévy, la France de 1815 se relève rapidement. Il en va différemment selon lui pour 1871 et il pointe la responsabilité des idéologues et des pédagogues de la Troisième République dans la défaite de 1940. Michel Mohrt élargit la perspective et son propos dépasse l’éducation scolaire pour laisser espérer une régénération globale. En effet, il considère que « la défaite oblige toutes les énergies d’un pays à se replier sur elles-mêmes, à se concentrer sur l’unique nécessaire qui est la vie du pays ». Pour y parvenir, il convient selon lui de puiser aux tréfonds de la France perçue comme éternelle, ce qu’il exprime en écrivant que « l’intelligence se découvre des frontières, elle éprouve le besoin de s’enraciner dans le sol, de remonter aux sources de ses traditions ». Loin d’être stérile, « ce repliement sur soi-même se prolonge en ondes puissantes à l’intérieur du pays » et propage des effets bénéfiques, estime l’essayiste d’Action française : « les provinces se réveillent ; la vie locale s’anime, les vieilles divinités connaissent de nouvelles ferveurs52 ».
L’existence d’un sauveur
22Afin de redresser un pays vaincu et traumatisé par l’ampleur de la défaite, le recours à un sauveur est d’usage fréquent, et vérifiable dans la France en guerre. Ce sauveur est généralement une figure chevronnée de la vie politique53. Plusieurs auteurs mettent l’accent sur le rôle des diplomates et gouvernants des années qui suivent 1814-1815 ou 1870-1871. Cette propension n’est pas l’apanage des historiens ou essayistes français puisque Guglielmo Ferrero, historien italien placé en résidence surveillée par le régime fasciste puis en poste en Suisse à partir de 1929, publie en 1940 Reconstruction. Talleyrand à Vienne (1814-1815)54. Félix Ponteil consacre de longs développements à la politique de Richelieu, dont il dresse un portrait louangeur, l’inscrivant dans une lignée prestigieuse. La même année (1943) est d’ailleurs rééditée une biographie due à Jacques Fouques Duparc sur Le troisième Richelieu, libérateur du territoire en 181555, dont le titre complet exprime assez clairement la logique démonstrative, surtout si l’on rappelle que l’auteur, diplomate reconnu dans l’entre-deux-guerres, a été démis de ses fonctions en 194056, année de première édition de la biographie en question, et qu’il est aussi l’auteur d’une thèse parue chez Dalloz en 1922 sur La protection des minorités de race, de langue et de religion (étude de droit des gens).
23Charles Pomaret, qui a eu maille à partir avec Pétain dès 1940, se livre à un éloge de la façon dont Adolphe Thiers a su redresser une France vaincue et notamment obtenir le plus rapidement possible le départ des troupes d’occupation57. Son propos apparaît très largement comme un portrait en creux de celui qui n’a pas fait pareil durant la Seconde Guerre mondiale. Il est d’autant plus libre de ses mots que l’ouvrage est publié après la fin du conflit.
24Daniel Halévy opère, sans surprise, des choix différents. Examinant la Restauration, il s’attache à réfuter (ou à tenter de réfuter) l’idée que Louis XVIII a été installé par les étrangers, en soulignant les liens familiaux que les Habsbourg ont avec Napoléon depuis son second mariage et la francophilie du tsar de Russie. Il insiste sur le rôle joué par Chateaubriand et Talleyrand dans la restauration des Bourbons58. En ce qui concerne 1940, il cherche « à persuader le lecteur que la fidélité au chef de l’État était plus que jamais nécessaire59 ». Il se veut d’abord rassurant en exaltant la figure du père (« rien n’est perdu dans la maison où le père se tient à son poste60 »), judicieusement installé en « Auvergne, bienfaisante province61 », même s’il déplore qu’il soit mal servi car, estime-t-il, « il est arrivé au pouvoir à l’improviste et seul62 ». Michel Mohrt est plus sceptique, citant le comte de Gasparin (« une sorte de Guizot mâtiné d’Agrippa d’Aubigné et qui aurait été faire un tour chez les vertueux quakers de l’Amérique63 ») qui estime après la défaite de 1870 : « ce n’est pas un homme qu’il nous faut ; il nous faut des hommes… Ayons des hommes, ayons des caractères, ayons un changement profond, alors tout ira bien, même quand un homme ne se présenterait pas64 ».
Le rapport au vainqueur
25L’acceptation même de la défaite fait débat. En 1871, 107 parlementaires votent contre les préliminaires de paix, qui prévoient notamment la cession de la quasi-totalité de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine. La Commune de Paris est largement le fruit d’une exaspération patriotique et d’un refus profond de la défaite. En 1940, une partie des Français refusent de s’avouer vaincus. Peu d’écrits permettent de restituer le regard de ces résistants de la première heure sur les années terribles du xixe siècle, si tant est qu’ils aient le loisir d’y penser. Parmi les rares traces qui restent de cette possible référence, figure la réédition clandestine par le PCF en 1941 d’une nouvelle de Guy de Maupassant, avec un titre remanié et complété, Le père Milon : histoire d’un paysan patriote en 187065, qui propose ainsi un exemple à l’usage des Français de la Seconde Guerre mondiale.
26L’approche de Félix Ponteil, développée dans un ouvrage publié en pleine guerre, est forcément plus prudente. Il innove toutefois dans le traitement des deux Restaurations de 1814-1815 en consacrant plusieurs chapitres à la province et en mettant l’accent sur les conditions de vie des populations sous occupation. Il esquisse une typologie de l’attitude des occupants selon leur nationalité (car en 1814-1815 comme en 1940 plusieurs États se partagent l’occupation du territoire français), prolongeant son étude jusqu’en 1818 et au départ des dernières troupes étrangères. Sa conclusion porte d’ailleurs partiellement sur le comportement des vainqueurs. L’historien souligne tout d’abord que le redressement ne peut s’opérer grâce à la France seule mais dépend des conditions qui lui sont faites par ses ennemis victorieux : après 1815, « les Alliés ont participé à ce redressement », affirme-t-il. Selon Félix Ponteil, bien qu’ayant vaincu la France, « la Prusse exceptée, ils ne la voulaient pas humiliée », incise qui pointe déjà l’attitude allemande de 1940. L’universitaire insiste sur le fait que « ce qui frappe le plus quand on étudie cette période de notre histoire », c’est la mansuétude des puissances coalisées qui se méfient du « tempérament ardent et belliqueux » de la France mais « voient en elle un facteur indispensable de l’ordre en Europe ». Il souligne que les puissances « ont été assez fines pour comprendre le reproche que le pays ne manquerait pas de faire à son roi, s’il avait l’air de revenir dans les fourgons de l’étranger », avant d’ajouter : « Mais, en fait, sans elles, aurait-il pu régner ? N’est-ce pas le sort des régimes issus des catastrophes nationales, de paraître imposés par le vainqueur, alors qu’ils ne sont généralement que le résultat de la nécessité66 ? » L’historien passe ici sans transition de l’exemple précis qui fait l’objet de son livre à la situation contemporaine, par cette remarque d’ordre général.
27Le maréchaliste Daniel Halévy met l’accent sur la volonté d’entente avec l’Allemagne, même au prix de la renonciation à l’Alsace, manifestée par Thiers et Grévy au début de la Troisième République. De plus, il souligne que la Revanche, au-delà de quelques proclamations, n’a jamais été la politique réellement suivie par les gouvernements successifs67, interprétation confirmée depuis par les travaux d’Henry Contamine68 et de Bertrand Joly69, même si la persistance du thème demeure non négligeable. Présentant la figure du comte de Gasparin et son attitude après 1870, Michel Mohrt constate qu’il est critique envers cette aspiration car, s’il y a « quelque chose de légitime dans le désir de revanche », « vouloir la revanche immédiate, le plus tôt possible et par tous les moyens, c’est refuser d’appliquer tous ses efforts à la réforme intérieure la plus urgente70 ». Or, c’est précisément ce que l’essayiste de 1942 veut mettre en avant : pour lui, la priorité consiste à réaliser une réforme intérieure plus qu’à combattre le vainqueur. Dans sa conclusion, il estime à l’instar de Renan en 1871 qu’« une réforme intellectuelle et morale s’impose ». Pour Mohrt, « la France doit retrouver son âme, revenir aux vraies valeurs spirituelles que vingt années de matérialisme lui ont fait oublier71 ». Il souligne à dessein que les auteurs qu’il a sollicités, au-delà de leurs différentes sensibilités, « ne croient pas la République capable de réaliser les réformes nécessaires au pays72 », aux rangs desquelles les principales apparaissent être sous sa plume la suppression du suffrage universel, le retour à un ordre social hiérarchisé, la décentralisation administrative et culturelle. Sa conclusion est éminemment dictée par la situation des années 1940 :
« On est frappé de voir que les écrivains, au lendemain de Sedan, ont proposé au pays des réformes morales et politiques qu’il aura fallu attendre le lendemain de Dunkerque pour voir entreprendre. Pendant soixante-dix ans, la France, en dépit de la victoire de 1918, a continué à vivre sur les mêmes idées et s’est enfoncée dans les mêmes erreurs. Ces mêmes erreurs ont entraîné les mêmes catastrophes, car les mêmes causes produisent les mêmes effets. La France vient de reperdre la guerre de 1870. Les réformes qui s’imposent à elle, aujourd’hui, sont celles qu’on aurait dû faire en 1871. Mais combien de Français comprirent alors – combien comprennent aujourd’hui – l’urgence de ces réformes73 ? »
28En 1943, dans La France libre, Raymond Aron qualifie Daniel Halévy de « réactionnaire invétéré » et réduit son travail à « une sorte de remâchage morose des déceptions et de l’abaissement français74 ». L’appréciation peut être étendue à d’autres écrits de circonstance, dont le plus riche est celui de Michel Mohrt, mais ne vaut pas pour les travaux plus universitaires de Félix Ponteil et Adrien Dansette : non seulement ils portent un regard plus nuancé, respectivement sur la chute de Napoléon et la Commune de Paris, mais, de surcroît, le premier esquisse aussi des perspectives d’espoir. La leçon que propose de tirer Félix Ponteil de la chute de Napoléon et de la Restauration est apparemment paradoxale et son enseignement porteur d’espoir pour la démocratie. Selon lui « la crise de 1814-1815 permet au régime parlementaire de se fonder. Il est encore fragile. Il trébuche, se relève, retombe. À chaque fois qu’il se relève, il est plus fort. » L’historien choisit de consacrer son dernier paragraphe à l’année 1818, qui voit le départ des troupes d’occupation :
« L’œuvre de redressement est en bonne voie. La France, redevenue pleinement souveraine, peut regarder fièrement devant elle. Sans doute, à ce moment précis, le vent de la réaction est près de l’emporter dans son tourbillon. Elle est assez forte pour regarder en face le danger intérieur et, le cas échéant, s’il était trop menaçant, pour l’écarter. Le redressement d’octobre 1818 ouvre la voie à l’explosion libérale de juillet 183075. »
29Dans l’introduction déjà, Félix Ponteil se voulait optimiste :
« Cette crise, qui commence à la première invasion de la fin de 1813 pour aboutir à la seconde Restauration, mais ne prend vraiment qu’avec la libération du territoire, en 1818, nous donne une leçon d’humilité et de patience. Elle nous apporte une bouffée d’air pur, chargé d’espoir. Elle nous apprend qu’il faut savoir s’adapter à son temps, quels que puissent être les regrets du passé. »
30Il ajoute encore qu’il s’agissait d’une « leçon d’espoir » : « La France écrasée, foulée aux pieds, mutilée, de 1815, s’est relevée d’un élan magnifique en peu d’années76. » Écrire cela, dans un ouvrage publié en pleine Occupation, est sans doute le maximum que l’on puisse faire franchir au filtre de la censure.
31Une phrase de Félix Ponteil, où il avoue que « par moments, à écrire cette histoire d’hier qui ressemblait comme une sœur à l’histoire vécue d’aujourd’hui, le cœur se prenait à parler plus haut que l’esprit77 », invite à la prise en compte de l’émotion dans l’écriture de l’histoire. La quasi-totalité des auteurs recensés dans le cadre de cette étude ont fait allusion, de manière plus ou moins explicite selon le format de leur travail, son année de parution et leur orientation idéologique, à leur rapport à l’histoire qu’ils écrivaient. Ils l’ont fait parfois sans filtre apparent, sous le choc d’un traumatisme qu’ils se sont efforcés de dépasser partiellement grâce à l’exhumation du passé, convoqué dans un but cathartique au moins autant, voire davantage, que pour dénoncer les responsables supposés de la défaite. Si le contexte dans lequel ils écrivent explique, voire justifie, cette consanguinité du savoir et du sentiment, l’évocation de celle-ci constitue aussi un salutaire rappel aux règles du métier, lesquelles enjoignent toujours de faire la part de l’un et de l’autre, mais sans occulter le fait que les choix de recherches peuvent aussi être mus par des émotions ressenties lors de certains événements, la seule exigence étant naturellement de laisser la raison dominer les sentiments dans l’examen froid et impartial des documents étudiés. L’emploi par Félix Ponteil de la première personne du singulier, si souvent banni de la corporation historienne, ne l’empêche pas de produire une étude solidement documentée, convoquant les acteurs antagonistes de la période dont il offre l’analyse dans un travail dont Alain Corbin estime qu’il est « le meilleur ouvrage » sur la période 1814-181578.
Notes de bas de page
1 Mohrt Michel, 1870. Les intellectuels devant la défaite, nouvelle édition augmentée d’un index, Lectoure, Le Capucin, 2004, p. 7.
2 Charpentier Pierre-Frédéric, La drôle de guerre des intellectuels français, 1939-1940, préface de Pascal Ory, Panazol, Lavauzelle, 2008.
3 Varenne Albéric, Quand la France occupait l’Europe, Paris, Le Portulan, 1948.
4 Simonin Anne, « 1815 en 1945 : les formes littéraires de la défaite », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, n° 59, juillet-septembre 1998, p. 48-61.
5 La Petite Gironde, 12 janvier 1941.
6 Halévy Daniel, Trois épreuves. 1814, 1871, 1940, Paris, Plon, 1941.
7 Mohrt Michel, Les Intellectuels devant la défaite, 1870, Paris, Éd. Corrêa, 1942.
8 Les facs sous Vichy : étudiants, universitaires et universités de France pendant la Seconde Guerre mondiale, textes réunis et présentés par André Gueslin, Clermont-Ferrand, Institut d’études du Massif central, 1994.
9 Fouques Duparc Jacques, Le Troisième Richelieu, libérateur du territoire en 1815, Lyon, H. Lardanchet, 1940. L’ouvrage fait l’objet d’une réédition en 1943.
10 Bainville Jacques, Histoire de trois générations (1815-1918), Paris, Fayard, 1939.
11 Bainville Jacques, Comment s’est faire la Restauration de 1814, Paris, Plon, 1943.
12 Bourgin Georges, La guerre de 1870-1871 et la Commune, Paris, Les Éditions nationales, 1939.
13 Duveau Georges, Le siège de Paris, septembre 1870-janvier 1871, Paris, Hachette, 1939.
14 Fabre Marc-André, Vie et mort de la Commune, Paris, Hachette, 1939.
15 Gallas Louis, Les invasions autrichiennes de 1814 et 1815 à Chalon-sur-Saône et en Bourgogne, Chalon-sur-Saône, Imprimerie générale et administrative, 1939.
16 Ponteil Félix, La chute de Napoléon Ier et la crise française de 1814-1815, Paris, Aubier Montaigne, 1943.
17 Contamine Henry, La revanche 1871-1914, Paris, Berger-Levrault, 1957, p. 7.
18 Grand Roger, La chouannerie de 1815, Paris, Perrin, 1943.
19 Madelin Louis, La Contre-Révolution sous la Révolution, 1789-1815, Paris, Plon, 1942.
20 Madelin Louis, Le Consulat et l’Empire, 1809-1815, Paris, Hachette, 1945.
21 Lucas-Dubreton Jean, Napoléon, Paris, Fayard, 1942.
22 Lucas-Dubreton Jean, Le maréchal Ney, 1769-1815, Paris, Fayard, 1941.
23 Thiry Jean, La chute de Napoléon, Paris, Berger-Levrault, 1938-1939.
24 Thiry Jean, La campagne de France de 1814, Paris, Berger-Levrault, 1946 (1938-1939).
25 Dansette Adrien, Les origines de la Commune de 1871, Paris, Plon, 1944.
26 Contamine Henry, La revanche 1871-1914, op. cit., p. 8 et 12.
27 Singer Claude, Vichy, l’Université et les juifs : les silences et la mémoire, Paris, Les Belles Lettres, 1992 ; Mazauric Claude, Albert Soboul (1914-1982), un historien en son temps. Essai de biographie intellectuelle et morale, Narrosse, Éditions d’Albret, 2004. Sur ce thème, Les facs sous Vichy, op. cit.
28 Voir sur ce point « L’histoire napoléonienne au milieu des années 1930 » de Jacques-Olivier Boudon dans sa présentation de Georges Lefebvre (Lefebvre Georges, Napoléon, Paris, Nouveau Monde Éditions, 2012, p. 8-10).
29 [https://www.senat.fr/senateur-3eme-republique/grand_roger0912r3.html].
30 Teissier Georges, « Roger Grand », Bibliothèque de l’École des chartes, année 1962, vol. 120, n° 1, p. 329-336.
31 Après la Libération, le livre de Daniel Halévy figure le 15 mars 1945 dans une liste d’ouvrages à retirer de la vente (Laurent Sébastien, Daniel Halévy. Du libéralisme au traditionalisme, préface de Serge Berstein, Paris, Grasset, 2001, p. 449) et son auteur termine amèrement son itinéraire dans un isolement croissant.
32 Halévy Daniel, op. cit., p. 3.
33 Ibid., p. 4.
34 Mohrt Michel, op. cit., p. 11.
35 Ibid., p. 12.
36 Ponteil Félix, op. cit., p. 5.
37 Ibid., p. 6.
38 Ibid., p. 5.
39 Dansette Adrien, op. cit., p. 164-165.
40 Ibid., p. 165.
41 Ibid., p. 173.
42 Halévy Daniel, op. cit., p. 4.
43 Ibid., p. 6.
44 Nourrissant par là même l’agacement et/ou l’inquiétude des autres États européens (Istvan Majoros, « Coupable ou victime ? Quelques remarques sur la politique étrangère de Napoléon III », dans Audigier François et Laurent Sébastien-Yves [dir.], Un historien du politique. Mélanges en l’honneur de Bernard Lachaise, Paris, Riveneuve éditions, 2015, p. 397-405).
45 La défaite elle-même peut apparaître comme une cause, en l’occurrence pour la Commune de Paris dont Adrien Dansette souligne que le mouvement ouvrier, influencé par le marxisme, « a négligé ses origines nationales », alors que l’historien insiste sur l’état moral de la population parisienne au lendemain du siège : « de la folie obsidionale à l’insurrection, il n’y avait que la marge d’un incident. Cette explication apparaît aujourd’hui encore à des esprits sérieux comme la clef de la psychologie communarde » (Les origines de la Commune de 1871, op. cit., p. 17 et 22).
46 L’Action française, 18 mars 1941.
47 Halévy Daniel, op. cit., p. 72-74.
48 Ibid., p. 155-166.
49 Laurent Sébastien, Daniel Halévy, op. cit., p. 410-423.
50 Halévy Daniel, op. cit., p. 64.
51 Le Temps, 4 septembre 1940. Cet enthousiasme maréchaliste n’empêche pas Émile Henriot d’être élu à l’Académie française en 1945, mais aussi de devenir le critique littéraire du Monde durant l’après-guerre.
52 Mohrt Michel, op. cit., p. 195.
53 Guillaume Sylvie, « Y a-t-il un Panthéon des droites ? », dans Sirinelli Jean-François (dir.), Histoire des droites, t. 2 : Cultures, Paris, Gallimard, 1992, p. 657-708, et Garrigues Jean, « D’Adolphe Thiers à Antoine Pinay : l’autre famille des hommes providentiels », dans Lachaise Bernard, Richard Gilles et Garrigues Jean (dir.), Les territoires du politique. Hommages à Sylvie Guillaume, Rennes, PUR, 2012, p. 47-58 ; ou encore Girardet Raoul, Mythes et mythologies politiques, Paris, Seuil, 1986.
54 Ferrero Guglielmo, Reconstruction. Talleyrand à Vienne (1814-1815), Paris, Plon, 1940.
55 Fouques Duparc Jacques, op. cit.
56 Jacques Fouques Duparc reprend sa carrière diplomatique après la Seconde Guerre mondiale, notamment comme ambassadeur de France en Italie.
57 Pomaret Charles, Monsieur Thiers et son siècle, Paris, Gallimard, 1948.
58 Halévy Daniel, op. cit., p. 7-8.
59 Laurent Sébastien, Daniel Halévy, op. cit., p. 442.
60 Halévy Daniel, op. cit., p. 134.
61 Ibid., p. 135.
62 Ibid., p. 139.
63 Mohrt Michel, op. cit., p. 173.
64 Cité par Michel Mohrt, op. cit., p. 182.
65 Consultable à la BDIC (Nanterre).
66 Ponteil Félix, op. cit., p. 341.
67 Halévy Daniel, op. cit., p. 110-113.
68 Contamine Henry, op. cit.
69 Joly Bertrand, « La France et la Revanche (1871-1914) », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 46-2, avril-juin 1999, p. 325-347.
70 Mohrt Michel, op. cit., p. 180-181.
71 Ibid., p. 191.
72 Ibid., p. 192.
73 Ibid., p. 193-194.
74 Cité par Laurent Sébastien, Daniel Halévy, op. cit., p. 444.
75 Ponteil Félix, op. cit., p. 342.
76 Ibid., p. 5.
77 Ibid., p. 5.
78 « Malgré la chape de silence qui tend à le faire oublier », ajoute-t-il (Corbin Alain, Le Village des cannibales, Paris, Flammarion, 1995 [1re éd. Aubier 1990], p. 169).
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