Introduction
p. 137-138
Texte intégral
1Les quartiers de Cordoue apparaissent au fil des Aḥkām comme dotés d'une cohésion interne et d'une structuration dont la mosquée constitue l'élément clé ; il convient, dorénavant, d'entrer dans ces quartiers pour y apercevoir les relations de voisinage, dont on sait à quel point elles contribuent au fonctionnement de la ville, et ceci en allant des espaces publics aux espaces privés. Cette démarche impose que soient préalablement posés le but visé et les notions de public et de privé pour le monde arabo-musulman médiéval.
2Chercher les ressorts de la ville au travers des relations de voisinage revient à s'efforcer de percevoir les mécanismes qui permettent le fonctionnement même de la ville, à tenter de saisir comment les citadins sécrètent leur cadre de vie tant au niveau du bien commun à l'ensemble de la société urbaine qu'au niveau des espaces réservés à l'intimité de la famille. Face à la tentation de donner pour simples équivalents bien commun et espaces publics, maisons et espaces privés, il faut rappeler quelles nuances doivent être apportées autour la conception de ces espaces ; S. Yerasimos signale ainsi que
« ce qui peut caractériser avant tout une ville islamique est un rapport différent à l'espace public, considéré comme la copropriété de la communauté, et dont l'utilisation est déterminée par l'usage et le savant équilibre entre la gêne subie par les usagers et le manque à gagner causé aux riverains1 ».
3Il faut donc envisager l'espace public comme ce qui appartient à l'ensemble des citadins, à toutes les personnes civiles2, mais il faut aussi tenir compte, de « la coexistence et même l'imbrication de multiples espaces publics et privés, à des niveaux très divers de la structure urbaine3 » : A. Raymond rappelle ainsi que la zone privée de la ville englobe des espaces publics, les rues principales, tandis que coexistent des espaces communautaires et des espaces privés à l'intérieur des quartiers. De cette imbrication du public et du privé, il appert en particulier que l'espace public fait figure de « catégorie menacée qu'aucun principe juridique ne protège d'une manière absolue », les possibilités d'utilisation du fina' permettant l'appropriation de l'espace public4. Au sein des quartiers, les relations de voisinage ne peuvent donc être saisies en opposant espaces publics et espaces privés ; il faut au contraire les envisager en passant par les espaces communautaires, pour aller du bien commun jusqu'aux biens privés.
4Quels sont les espaces urbains que les Aḥkām permettent de considérer ainsi ? D'une part, les rues, espaces de circulation différenciés ; d'autre part, les afniya, espaces communautaires des riverains ; enfin, les espaces partagés avec le voisin, les espaces de la mitoyenneté.
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