Arnaud-Jacques, dit Achille, Leroy de Saint-Arnaud
Ministre de la Guerre, 26 octobre 1851-10 mars 1854
p. 427-433
Texte intégral
Origines, formation et carrière avant 1851
1Achille Leroy de Saint-Arnaud naquit sous le nom d’Arnaud-Jacques Leroy à Paris, le 20 août 1798. Fils de Jean-Dominique Leroy, homme de loi, préfet de l’Aude sous le Consulat, et de Louise-Catherine Papillon de Latapy, il devint orphelin de père à l’âge de cinq ans. Sa mère se remaria avec Jean de Forcade de la Roquette, juge de paix, le 16 janvier 1812. Le jeune Arnaud fut ainsi l’aîné de Louise Leroy-Delattre et d’Adolphe Leroy de Saint-Arnaud (1801-1873), conseiller d’État et sénateur, et le frère utérin d’Adolphe de Forcade Laroquette (1820-1874), ministre de Napoléon III.
2Arnaud Leroy étudia au lycée Napoléon grâce à une demi-bourse obtenue par le secrétaire d’État Michel-Louis-Étienne Regnaud de Saint-Jean-d’Angély, que sa mère aurait sauvé de l’arrestation durant la Terreur. La chute du Premier Empire vit cependant le futur maréchal quitter ses études prématurément, puisqu’en 1814 il participa à la défense de Paris comme cavalier de la garde à cheval parisienne. Lors de cette première expérience de soldat, il acquit le surnom d’Achille, auquel il accola le patronyme de Saint-Arnaud pour garder trace de son prénom de baptême1. C’est sous ce nom qu’il fut connu au sein de l’armée, jusqu’à l’autorisation de Louis-Philippe, le 12 mai 1840, de se faire appeler officiellement Achille Leroy de Saint-Arnaud2.
3Suite à ce premier contact avec le métier des armes, Saint-Arnaud entra, grâce à l’entregent de son beau-père, dans les gardes du corps du roi, compagnie Gramont, le 16 décembre 1815, en tant que sous-lieutenant, grade minimal de cette unité. Officier à 17 ans, la carrière de Saint-Arnaud semblait bien engagée ; elle connut cependant des débuts compliqués liés au caractère du jeune Achille. Son départ des gardes du corps, dès le 1er janvier 1817, fut ainsi imputé aux dettes qu’il y avait contractées. Fréquentant des jeunes gens d’une extraction plus riche que la sienne, il aurait vécu au-dessus de ses moyens. S’ensuivit une période sans emploi de plus d’un an jusqu’à son intégration dans la légion départementale de la Corse le 6 mai 1818, puis au 3e bataillon des Bouches-du-Rhône à partir du 30 avril 1819. De nouveau, Saint-Arnaud se mit en difficulté, vraisemblablement pour une histoire d’argent, l’amenant à provoquer en duel son commandant et à quitter l’armée pour la deuxième fois, le 3 juin 1820.
4Ces péripéties causèrent un retard important dans l’évolution de sa carrière, qu’il n’allait avoir de cesse de combler par le jeu de ses relations familiales et militaires. En effet, après une courte épopée en tant que volontaire pour la guerre d’indépendance grecque durant l’année 1822, dont il ressortit déçu, Saint-Arnaud réintégra l’armée dans le 49e régiment d’infanterie de ligne, le 9 mai 1827, toujours au grade de sous-lieutenant. Bref retour sous les drapeaux puisqu’il refusa de suivre son régiment envoyé en Martinique, et démissionna le 12 décembre de la même année.
5Entre ses temps de service, Saint-Arnaud vivait de ses talents, enseignant les langues – il en parlait quatre –, l’escrime, la musique ou jouant la comédie sous le pseudonyme de Florival. Entretenu par des femmes fortunées, il vécut en France, en Angleterre, en Espagne, en Italie et en Belgique. Il aurait peut-être même connu la prison entre 1825 et 18263.
6Sa carrière militaire ne commença véritablement qu’à partir de 1831, lorsqu’il intégra le 64e régiment d’infanterie de ligne à Brest. La même année il se maria, le 21 novembre, avec Laure Pasquier, fille d’un capitaine de frégate en retraite dont il eut un fils, Adolphe, qui mourut prématurément à l’âge de vingt ans. Il prit, le 9 décembre 1831, le grade de lieutenant.
7En 1832, Saint-Arnaud participa avec son régiment à la répression des troubles de Vendée et fut désigné officier d’ordonnance du général Bugeaud. À ce titre, il l’accompagna à la forteresse de Blaye, puis à Palerme, pour garder la duchesse de Berry.
8Cette rencontre avec le futur vainqueur d’Isly marqua Saint-Arnaud qui demanda, en 1836, à le suivre en Afrique au sein du 1er bataillon de la légion étrangère. Muté le 3 novembre, il quitta la métropole alors qu’il venait de perdre son épouse le 22 mars. Il resta quinze ans en Afrique, de 1836 à 1851, et ne revint que trois fois en France pour de courts séjours imposés par son état de santé ou des problèmes familiaux. Ce fut donc en Algérie, éventualité qu’il n’avait jusqu’alors pas considérée, que Saint-Arnaud bâtit sa carrière.
9Saint-Arnaud fut tout d’abord stationné près d’Alger, alors que Bugeaud commandait la province d’Oran. Son premier fait d’arme fut sa participation à la prise de Blida ordonnée par le gouverneur général de l’Algérie, Damrémont, en mai 1837. La fougue de Saint-Arnaud s’illustra lors de ces combats et favorisa une accession rapide au grade supérieur. L’obtention du grade de capitaine fut par ailleurs l’objet de nombreuses demandes de la part de la famille, notamment de sa mère, et du général Bugeaud, qui parvint à obtenir le soutien de la reine. Le 15 août 1837, à presque 39 ans, il obtint donc cette promotion et prit le commandement d’une compagnie de son bataillon de la légion étrangère.
10Suite à la paix de Tafna en mai 1837, qui stabilisa le front ouest de l’Algérie en mettant fin aux combats contre Abd el-Kader, le gouverneur général reprit la conquête vers l’Est et notamment Constantine. La prise de la ville, le 14 octobre, vit à nouveau Saint-Arnaud se mettre en valeur dans un combat meurtrier pour les troupes françaises. Cet acte de bravoure lui permit d’obtenir la croix de chevalier de la Légion d’honneur qu’il tentait de décrocher depuis plusieurs années. Saint-Arnaud s’illustra ainsi dans diverses expéditions, à Djidjelli, Bougie et Miliana notamment, récoltant les citations et rattrapant son retard en termes d’avancement.
11Son attachement à l’Afrique et son goût pour le combat se manifestèrent souvent dans son attitude et ses écrits. Ainsi, lors de sa nomination au grade de chef de bataillon, il était en convalescence en France suite aux blessures reçues lors du siège de Médéa et aux maladies chroniques dont il souffrait depuis le début de sa période africaine. Nommé au 18e régiment d’infanterie légère de Metz, il demanda, avec l’appui de Bugeaud, à être incorporé dans une unité africaine, acceptant même de ne pas percevoir d’indemnité pour rejoindre son affectation. Saint-Arnaud aurait pu se maintenir en métropole où son talent pour les mondanités lui avait valu la promesse du grade supérieur, mais l’attrait de se retrouver auprès de son protecteur, nouvellement promu gouverneur général, et celui du combat prévalurent. Il passa ainsi à la tête d’un corps de zouaves après avoir stationné seulement sept mois à Metz. La manœuvre se répéta lorsqu’au moment de prendre un régiment au grade de colonel, il refusa le 32e de ligne métropolitain pour commander le 53e en Algérie.
12Devenu colonel4 en 1845, Saint-Arnaud bénéficia une nouvelle fois des faveurs de Bugeaud en se voyant confier le commandement supérieur d’Orléansville, poste important initialement destiné à un général. Il participa au développement des infrastructures de la ville et de la région, en particulier du port de Ténès. Il combattit les soulèvements, notamment celui du chef Bou Maza, et participa aux « enfumades » des populations insurgées qui firent scandale en métropole5.
13Saint-Arnaud rejoignit son bienfaiteur à Alger en 1847. Nommé maréchal de camp, il fut mis à la disposition du gouverneur de l’Algérie. Bugeaud quitta cependant ses fonctions en juillet, avant même cette promotion. Saint-Arnaud rentra à Paris suite à la mort de son beau-père et assista à la révolution de 1848. Le 7 mars de la même année, il épousa en secondes noces Louise de Trazégnies d’Ittre.
14De retour en Algérie, il se vit confier plusieurs postes, avant de prendre, en 1850, le commandement de la division de Constantine.
Action au ministère de la guerre (1851-1854)
15L’action de Saint-Arnaud comme ministre de la Guerre fut essentiellement liée au coup d’État du 2 décembre 1851. Durant les quelques jours où la Deuxième République fut renversée, il fut en effet à la manœuvre avec le duc de Morny pour imposer par la force un Louis-Napoléon enfermé dans l’Élysée. Son travail au ministère jusqu’en 1854 se limita souvent en revanche à l’application des décisions du prince-président, puis de l’empereur.
16La nomination du général de Saint-Arnaud comme ministre de la Guerre s’inscrivit ainsi dans les intrigues qui entourèrent l’élaboration du coup d’État. Louis-Napoléon Bonaparte ayant besoin d’un homme sûr à ce poste, lui et ses conseillers, en particulier son demi-frère, le duc de Morny, et le commandant Fleury, officier d’ordonnance de la maison militaire du prince-président, pensèrent dans un premier temps confier le poste au général de brigade Bosquet, commandant la subdivision de Sétif. Fleury fut chargé de prévenir l’officier de leurs intentions. Le choix de Saint-Arnaud s’imposa cependant au commandant alors qu’il passait le voir à Constantine. Fleury avait bien connu le général lorsque celui-ci commandait Orléansville et lui présenta le projet, que Saint-Arnaud approuva.
17Cependant, une nomination directe comme ministre de la Guerre risquait de justifier les soupçons de coup d’État qui pesaient sur Louis-Napoléon Bonaparte. Il n’était alors que simple général de brigade n’ayant jamais commandé d’expédition de grande envergure. Aussi, afin de faire de lui un candidat plausible, le président de la République ordonna une expédition contre les Kabyles, supposément révoltés, et plaça à sa tête le commandant de la division de Constantine. Les succès que Saint-Arnaud remporta alors, relayés par l’envoyé de l’état-major du ministre de la Guerre, le lieutenant-colonel Espinasse, et soutenu par une campagne de presse payée par Bonaparte, lui offrirent sa troisième étoile à titre exceptionnel6.
18Devenu divisionnaire, Saint-Arnaud devenait proposable pour un poste plus élevé. Il prit donc la tête de la 2e division de l’armée de Paris en remplacement du général Guillabert. Deux mois après son arrivée à Paris, il fut nommé ministre de la Guerre le 26 octobre 1851, le titulaire du poste, le général Randon, devenant gouverneur général de l’Algérie.
19L’ordre du jour, que le général de Saint-Arnaud adressa à l’armée en prenant ses fonctions, posait les bases de son action durant le coup d’État. Dans ce texte, il éluda le rôle des troupes dans la défense contre les menaces étrangères et présenta ses soldats comme les garants de l’ordre intérieur. Il mit en avant un retour à l’ordre passif en insistant sur la prééminence, au sein de l’armée, de la hiérarchie militaire sur le pouvoir civil. Il laissait entendre ainsi qu’il couvrirait toutes les actions des troupes, pour peu qu’elles suivent les ordres. L’insistance sur le rôle de police préfigurait aussi le remplacement de la garde nationale, jugée trop instable, par une gendarmerie et une police renforcées durant le Second Empire7.
20Dans ce même état d’esprit, lors de sa première intervention devant l’Assemblée, le 17 novembre 1851, il s’opposa à une proposition des questeurs de la Chambre de changer en loi le décret du 11 mai 1848 qui permettait à l’Assemblée de recourir à l’armée pour sa défense. Saint-Arnaud donna l’ordre de faire arracher ce texte, affiché dans toutes les casernes. Le vote qui se tint le même jour, faillit précipiter le coup d’État. Un résultat favorable aux questeurs risquait de mettre à mal les projets de Louis-Napoléon. Mais l’Assemblée, sans doute par crainte d’un coup de force de l’Élysée8, finit par voter contre la proposition.
21À partir du 2 décembre 1851, les journées du coup d’État virent le pouvoir se concentrer entre les mains de Saint-Arnaud et du duc de Morny. Louis-Napoléon Bonaparte avait longtemps espéré qu’une réforme pacifique soit possible et, au moment du coup de force, il s’enferma dans l’Élysée, laissant les deux hommes aux commandes. Saint-Arnaud prit la responsabilité de toutes les actions de l’armée, à commencer par celles du général Magnan, commandant l’armée de Paris, qui reçut ses ordres dans la nuit du 1er au 2 décembre. 54 000 hommes et 117 pièces d’artillerie auraient été rassemblés dans les casernes parisiennes, dans les forts et les camps avoisinant ; en outre, les 30 000 hommes des garnisons périphériques furent mis en état d’alerte9. La garde nationale reçut l’ordre de ne rien faire et ses tambours furent crevés afin qu’ils ne puissent battre le rappel. L’action principale pour la journée du 2 décembre fut ainsi laissée aux forces de police, chaque commissaire ayant reçu, directement des mains du ministre de l’Intérieur, une enveloppe contenant les noms des personnes à arrêter10. L’armée n’intervint que pour des actions ponctuelles, telle la prise de l’Assemblée par le régiment du colonel Lespinasse ou l’arrestation de 300 représentants regroupés dans la mairie du 10e arrondissement11. Des troupes occupaient également toutes les imprimeries pour éviter la propagation de textes d’incitation au soulèvement. Saint-Arnaud avait conçu avec Morny une stratégie consistant à laisser se développer la révolte avant de la réprimer violemment et de mettre fin à toute volonté séditieuse. Le 3 décembre, Saint-Arnaud mit la ville en état de siège. Des affiches, menaçant de fusiller les résistants armés, furent collées sur les murs de la capitale. Les troupes furent ainsi déployées dans la ville pour réduire les points de résistance et arrêter les éventuels émeutiers. Les combats meurtriers des grands boulevards, le 4 décembre, marquèrent l’apogée de cette répression et entraînèrent la fin de l’insurrection à Paris12.
22Après le coup d’État, Saint-Arnaud poursuivit son travail en appliquant la politique de Louis-Napoléon Bonaparte. Premier affectataire du portefeuille de la Guerre sous le Second Empire, il dépendit, comme tous les ministres, entièrement du souverain. La constitution du 14 janvier 1852, renforcée par le sénatus-consulte du 2 décembre 1852, mettait en effet en place un régime d’empire autoritaire. Le chef de l’État exerçait toutes les fonctions dans une « action libre et sans entraves13 » au détriment des ministres et cantonnait les assemblées, Corps législatif et Sénat, dans leurs fonctions législatives, sans droit d’initiative. Comme sous le Premier Empire, le seul organe collectif de conseil était le Conseil d’État.
23Cette concentration des pouvoirs réduisit donc considérablement l’action du ministre de la Guerre. L’empereur était le seul chef des armées de terre et de mer, il nommait à tous les emplois et dispensait toutes les dignités et tous les honneurs. Il faisait également les règlements et décrets nécessaires pour l’exécution des lois, déclarait la guerre et concluait les traités. Le ministre se contentait de représenter l’exécutif incarné par Napoléon III, dont il orchestrait la politique militaire, navale et coloniale.
24Dans ce cadre, le travail de Saint-Arnaud s’appliqua essentiellement à défaire les modifications administratives de la Deuxième République et à améliorer le sort des militaires. Ainsi, dès la fin du coup d’État, les combats livrés à l’intérieur « pour rétablir l’ordre » comptèrent comme service de campagne. Les casernes baraquées, qui avaient servi durant la révolution de 1848, furent démantelées.
25Sans modifier profondément le fonctionnement de son ministère, Saint-Arnaud effectua quelques changements visant à renforcer le pouvoir des militaires. Le décret du 7 janvier 1852 fut ainsi promulgué afin de réduire l’inflation des chefs de service en abaissant le nombre de onze directions, instituées par la Deuxième République, à sept, tandis que le nombre de commandements territoriaux, diminué sous la Deuxième République par crainte d’une trop grande mainmise de l’armée sur le territoire, fut augmenté, rétablissant le volume de généraux tel qu’il était sous la monarchie de Juillet14.
26Saint-Arnaud, n’oubliant pas son origine « africaine », travailla également au développement des troupes en Algérie et proposa au prince-président la création d’unités permanentes dans ces colonies, ainsi que la création de deux nouveaux régiments de zouaves et une réorganisation des troupes indigènes. L’ensemble de ces modifications fut approuvé par décret le 13 janvier 1852.
27Le temps du ministère fut aussi celui des honneurs, Napoléon III remercia son serviteur en lui offrant le maréchalat le 2 décembre 1852. Il fut nommé grand écuyer de l’empereur et élevé au rang de grand-croix de la Légion d’honneur le 23 décembre 1853. Il était par ailleurs devenu sénateur le 26 janvier 1852, puis conseiller général de la Gironde le 18 mars de la même année.
Carrière postérieure, fortune et vie privée
28Saint-Arnaud quitta à sa demande son poste de ministre de la Guerre, pour lequel il ne montrait pas beaucoup d’appétence15, le 10 mars 1854, afin de prendre la tête de l’armée d’Orient. N’ayant jamais commandé en chef une armée, il pensa devoir saisir l’occasion qui lui était donnée. En outre – et c’était un lourd handicap à sa notoriété – il n’avait jamais participé à une guerre européenne. Il fut remplacé par Vaillant.
29Napoléon III, en mal de généraux capables de mener ses troupes, se résolut à solliciter Saint-Arnaud pour conduire l’armée en Crimée, malgré sa santé fragile et une réputation déclinante, fruit de son train de vie dispendieux. L’empereur lui donna ainsi 50 0000 francs pour qu’il se remît de ses pertes en bourse. Le maréchal fit d’ailleurs l’objet de nombreuses critiques de la part de la presse française et étrangère sur sa vie dissolue et ses problèmes d’argent. Saint-Arnaud restait cependant, aux yeux de l’empereur, un chef de guerre de premier ordre et un homme capable de gérer les relations difficiles avec les alliés britanniques. Le maréchal ne le fit d’ailleurs pas mentir et sut séduire Lord Raglan, commandant l’armée anglaise, dès leur première rencontre.
30Saint-Arnaud embarqua à bord du Berthollet le 15 avril pour rejoindre Constantinople. De là, il partit pour la Crimée et le port russe de Sébastopol. Ce faisant, le corps expéditionnaire franco-britannique rencontra les troupes russes près de l’Alma. Saint-Arnaud, malgré la maladie qui le reprit, dirigea l’ensemble des troupes. Par une manœuvre de contournement menée par les unités de zouaves, il parvint à prendre l’ennemi de vitesse et repoussa l’armée russe qui se replia derrière les murs du port. Cette victoire de l’Alma, obtenue le 20 septembre 1854, après seulement une journée de combat, valut au maréchal une grande notoriété en France et auprès de ses troupes. Mais quelques jours plus tard, son état l’obligea à remettre le commandement au général Canrobert. Souhaitant revenir en France pour se soigner, il embarqua sur le Berthollet au matin du 29 septembre et mourut en mer Noire à quinze heures.
31Napoléon III fit inhumer le corps du maréchal de Saint-Arnaud aux Invalides, le 16 octobre 1854. Sa mémoire fut entretenue sous le Second Empire avec la publication d’une partie de sa correspondance en 1858 par son frère Adolphe.
Bibliographie
Sources et bibliographie
Sources manuscrites
Service historique de la Défense
Second Empire (série G)
SHD/GR, G8 1-16 : correspondance générale.
Dépôt de la guerre (série M)
SHD/GR, 1 M 2059 : résumé des principales mesures adoptées pendant la 1re année de l’administration comme ministre de la Guerre de M. le maréchal de Saint-Arnaud, 1852 ; 1 M 2060 : résumé des principales mesures adoptées pendant la 2e année de l’administration comme ministre de la Guerre de M. le maréchal de Saint-Arnaud, 1853.
Archives collectives et individuelles (série Y)
SHD/GR, 6 Yd 49 : dossier Le Roy de Saint-Arnaud.
Sources imprimées
Histoire militaire et anecdotique du coup d’État (1851), avec documents inédits et lettres des principaux personnages, Paris, E. Dentu, 1872, 310 p.
Saint-Arnaud Achille Leroy de, Lettres du maréchal de Saint-Arnaud, Paris, Michel Lévy Frères, 1855, 2 t.
Bibliographie
Charbonnières Louis de, Saint-Arnaud, maréchal de France, Paris, Nouvelles Éditions latines, 1960, 191 p.
Maspero François, L’honneur de Saint-Arnaud, Paris, Plon, 1993, 438 p.
Zins Ronald, Les maréchaux de Napoléon III, Lyon, Horvath, 1996, 251 p.
Notes de bas de page
1 Ce procédé était assez en vogue au xviiie siècle afin de donner à son nom des apparences de noblesse.
2 Dossier Le Roy de Saint-Arnaud, SHD/GR, 6 Yd 49.
3 François Maspero, L’honneur de Saint-Arnaud, Paris, Plon, 1993, p. 56.
4 Grade qu’il obtint suite à la bataille d’Isly. Bugeaud, comme le prévoyait l’usage, envoya au ministre après sa victoire une liste de soldats à promouvoir suite à leur comportement au combat. En tête figurait le nom de Saint-Arnaud bien que celui-ci n’eût pas participé aux événements.
5 L’affaire fut portée à la connaissance de la Chambre par le prince de la Moskowa, relayant un article du journal algérien L’Akhbar qui dénonçait le massacre par asphyxie de populations insurgées réfugiées dans des grottes en allumant des feux.
6 Saint-Arnaud n’était alors classé que 56e dans l’annuaire.
7 Saint-Arnaud, sur les conseils du général Trochu, qui le mentionne dans ses souvenirs, empêcha Napoléon III de rattacher la garde nationale à l’Intérieur.
8 Mis à mal par les députés qui lui demandaient de s’expliquer sur l’arrachage des décrets dans les casernes, Saint-Arnaud aurait alors quitté la salle avant le vote en s’exclamant : « On fait trop de bruit dans cette maison. Je vais chercher la garde. »
9 Estimations données dans François Maspero, L’honneur…, op. cit., p. 350.
10 Charlemagne-Émile de Maupas, Mémoires sur le Second Empire, Paris, Dentu, 1884-1885, 2 vol.
11 Ibid., p. 358.
12 En province les combats se poursuivirent jusqu’à la mi-décembre.
13 Claude Carré, Histoire du ministère de la Défense et des départements ministériels militaires, Panazol, Lavauzelle, 2001, p. 145.
14 SHD/GR, 1 M 2059-2060.
15 Il s’en ouvrit notamment à sa mère dans une lettre du 19 novembre 1851 : « Je n’ai peur que d’une chose, rester au ministère plus que je ne voudrai et pourrai. C’est trop de fatigue. » Achille Leroy de Saint-Arnaud, Lettres du maréchal de Saint-Arnaud, Paris, Michel Lévy Frères, 1855, p. 366.
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