Nuisibles d’hier et d’aujourd’hui
Le lapin, le sanglier et le flamant dans la réserve de biosphère de Camargue
p. 173-187
Texte intégral
1Dans le cadre d’un travail à long terme sur les rapports homme/nature et sur l’histoire de la chasse en Camargue, cette communication propose une approche historique et socioécologique de la notion de nuisible, à travers l’analyse comparée de trois espèces animales qui alimentent régulièrement la chronique camarguaise : le lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus), le sanglier (Sus scrofa) et le flamant rose (Phoenicopterus roseus).
2Le lapin, espèce jadis abondante et longtemps considérée à la fois comme le gibier de base de la chasse populaire en Camargue et comme un ravageur des cultures, a disparu de la plupart des propriétés du delta du Rhône, que celles-ci soient protégées ou non. Le sanglier, absent de Camargue au xixe siècle, est devenu un gibier abondant, recherché et favorisé dans les chasses privées et communales. Espèce désormais classée nuisible, elle génère des dégâts, notamment agricoles, croissants, donc des conflits mais aussi de nouvelles alliances entre certains propriétaires, agriculteurs, chasseurs et gestionnaires d’aires protégées. Enfin, le flamant rose, espèce protégée inféodée aux marais et étangs saumâtres, est l’objet de soins attentifs de la part des acteurs de la conservation de la nature et des scientifiques depuis les années 1960. Les dégâts qu’il génère dans les rizières au printemps sont l’objet de tensions régulières entre ses protecteurs et les riziculteurs.
3Au-delà de ce que nous révèlent ces espèces sur le fonctionnement passé et actuel de la Camargue, nous montrerons que les tensions ou les alliances qu’elles génèrent révèlent des changements sociaux en cours. La notion de nuisible mobilisée pour qualifier ces espèces d’un point de vue réglementaire ne participe-t-elle pas au final, non seulement à la recomposition des enjeux symboliques et des rapports de force entre acteurs du territoire mais aussi à la redéfinition du « sauvage » et des relations humains/non-humains en Camargue ?
4Après avoir brièvement exposé notre méthode de travail et notre terrain d’étude, nous présenterons les principaux acteurs humains et non-humains de ces controverses. Nous en tirerons trois principaux enseignements avant de nous interroger sur les jeux d’acteurs, l’attention portée à ces animaux et le rapport au sauvage et à la naturalité. Nous terminerons en rappelant la nécessité de repenser la mobilité du vivant dans l’espace mais aussi dans nos imaginaires.
Méthodologie et terrain d’étude
5Nous analysons l’évolution historique de l’abondance des populations de ces trois espèces en Camargue ainsi que la transformation de leurs statuts réglementaires, les effets écologiques et sociaux associés à partir 1) de l’étude des archives naturalistes et cynégétiques publiques et privées, 2) d’une campagne d’enquête par entretiens semi-directifs auprès d’une vingtaine de propriétaires, chasseurs, agriculteurs et gestionnaires d’aires protégées, ainsi que 3) d’une étude quantitative des représentations sociales par la méthode d’association libre réalisée en 2011 et 2012 auprès de 200 personnes. Ce travail s’inscrit dans une approche de géographie humaine empreinte de sociologie pragmatique1 et de la théorie de l’acteur réseau2. Nous complétons l’analyse en mobilisant des travaux de sociologie et d’ethnologie sur les conflits hommes/faune sauvage ou la juste place des animaux3. Les animaux seront plutôt pris ici comme des objets frontières4 autour desquels les humains, individuellement et collectivement, se définissent et construisent leurs rapports aux autres, humains et non-humains. C’est donc moins le contenu des débats en termes de conflits ou de représentations qui seront mis en avant ici que les stratégies des acteurs pour faire exister leurs problèmes dans le champ social.
6Notre zone étude concerne la Camargue sensu largo. Elle couvre une superficie de quelque 150000 ha. Si les milieux n’ont eu de cesse d’évoluer depuis la fin du xixe siècle, on observe globalement depuis les 20 dernières années une stabilisation de l’occupation du sol conjuguée à une emprise croissante des espaces naturels protégés5. En 2011, les milieux naturels occupaient 53 % du territoire du Parc naturel régional contre 27 % pour l’agriculture, 18 % pour les salins et 2 % pour le milieu urbain. Avec plus de 20000 ha d’espaces protégés en 2016 (principalement en réserves naturelles et terrains du Conservatoire du littoral), deux sites Ramsar, un classement en Natura 2000 de plus des 2/3 de sa superficie, un PNR, une réserve de biosphère, la Camargue est certainement l’espace bénéficiant du plus de statuts de protection en France. La démarche contractuelle dans les propriétés privées (qui concernent environ 80 % du delta), associée aux espaces protégés, contribue par les paysages qu’elle maintient ou produit, à faire de la Camargue une destination touristique importante.
Les acteurs des controverses
Les principaux acteurs humains
7Nous avons identifié les principaux protagonistes humains de la problématique de la gestion du lapin de garenne, du sanglier et du flamant rose :
- il s’agit en premier lieu des propriétaires camarguais. On distinguera parmi eux les agriculteurs, les entrepreneurs et les rentiers6 mais aussi le Conservatoire du littoral et les conseils départementaux des Bouches-du-Rhône et du Gard ;
- les chasseurs communaux et les actionnaires de chasse privée, chassant essentiellement au gibier d’eau7 ;
- les gestionnaires d’aires protégées : le parc naturel régional de Camargue, le syndicat mixte de la Camargue gardoise, l’institut de recherche de la Tour du Valat, la Société nationale de protection de la nature, les amis des marais du Vigueirat, l’ONCFS ;
- les scientifiques issus de la recherche publique (Inra, Cirad, CNRS, ONCFS, universités) ;
- les syndicats agricoles comme la FNSEA et le syndicat des riziculteurs ;
- et enfin les municipalités et les services de l’État notamment la DDTM en charge de la chasse et la DREAL en charge des aires protégées.
8Tous ces acteurs participent de réseaux sociaux, multiples et changeants selon le niveau de conflictualité atteint au fil du temps. On trouvera dans plusieurs ouvrages les éléments de sociologie et de géographie permettant de revenir sur l’histoire socio-écologique de la Camargue8. Il convient à présent de rappeler l’évolution du statut des acteurs non-humains au cœur de notre propos.
Les acteurs non-humains
Le lapin de garenne
9C’est un euphémisme de dire que le lapin de garenne, espèce prolifique s’il en est, était autrefois abondant en Camargue. Les récits naturalistes anciens et tableaux de chasse historiques en témoignent9. Durant la Renaissance, Pierre Quiqueran de Beaujeu (1551) rapporte ainsi la capture de près de 600 lapins en une journée par quelques chasseurs10. Carle Naudot à la sortie de la Seconde Guerre mondiale précise que « les lapins sauvages sont innombrables, c’est la chasse ordinaire soit au fusil, soit au lacet ou à la penteno (chasse au furet)11 ». L’espèce va rester extrêmement abondante jusqu’à l’apparition de la myxomatose en Camargue en 1953 (fig. 1a). De nombreux témoignages attestent des importants dégâts agricoles causés par l’abondance du lapin avant l’introduction de cette épizootie. Le déclin de ce lagomorphe est donc accueilli avec grande satisfaction par nombre d’agriculteurs. L’espèce va ensuite disparaître des tableaux de chasse pendant une décennie puis se rétablir au cours des années 1980 pour décliner à nouveau suite à l’apparition d’une nouvelle maladie : le RHD qui touche la Camargue à la fin des années 1980. « Il y a vingt-cinq ans, on avait 50 ha de blé, 20 ha de mangés par les lapins. On tuait 300 lapins durant la chasse en se promenant et on en piégeait 300. Maintenant si on en voit un, on est bien content » déclare avec nostalgie en 2016 un propriétaire chasseur. Malgré sa raréfaction prononcée depuis les années 1990, comme on l’observe sur la figure 1b dans 35 chasses, le lapin reste une espèce gibier, et est même toujours classé comme nuisible par arrêté préfectoral le long des digues du Rhône dans le Gard. Les dénombrements réalisés sur les espaces protégés corroborent les tendances issues des tableaux de chasse12. Le lapin qui était autrefois le gibier de base du chasseur camarguais et une espèce clé des milieux terrestres est aujourd’hui devenu une espèce rare qui a totalement disparu de nombreux endroits13. Au niveau national, elle est d’ailleurs aujourd’hui classée comme quasi menacée dans la liste rouge14. Son déclin a de multiples effets bien documentés : fermeture des habitats, déclin d’espèces associés (Lézard ocellé Timon lepidus), fragilisation de certains prédateurs, report de la pression cynégétique sur d’autres gibiers notamment le sanglier.
Figure 1. – Évolution des tableaux de chasse de lapin de garenne réalisés dans 7 chasses camarguaises depuis 1920 (a) et dans 35 chasses camarguaises depuis 1992 (b). Source : Olivier Anthony et al. (2010) modifié et ONCFS (figure 1a) et ONCFS (Jean-Yves Mondain-Monval) (figure 1b).

Le sanglier
10Le sanglier a lui une trajectoire diamétralement opposée à celle du lapin. Il était absent de Camargue et du sud de la France au xviiie siècle, puis il a recolonisé timidement la région à partir de 1870. Comme on peut le constater à travers les récits cynégétiques et les tableaux de chasse, l’espèce reste rare jusqu’au milieu du xxe siècle. Sa progression est très importante à partir des années 197015. L’évolution des prélèvements dans deux chasses privées suivies depuis 1920 illustre bien cette dynamique (fig. 2a). De même, les prélèvements réalisés en battue depuis 1992 sur les communes d’Arles et des Saintes Maries de la Mer ont ainsi été multipliés par six, passant de 159 à plus de 900 individus (fig. 2b). Cette spectaculaire augmentation n’est pas sans conséquence. Elle s’accompagne d’une forte augmentation des dégâts commis dans les terres agricoles. La Fédération des chasseurs des Bouches-du-Rhône (FDC13) a dû ainsi verser près de 45000 € d’indemnisation aux agriculteurs camarguais en 2015. Par ailleurs, la raréfaction du petit gibier de terre entraîne un report de la chasse sur cette espèce et modifie certaines pratiques de gestion des domaines de chasse (spécialisation de l’espace en zones de chasse au gibier d’eau vs au sanglier, aménagement de zones de quiétude et agrainage généralisé). Cela provoque des tensions entre différents acteurs du territoire, certains dénonçant le double jeu de quelques gestionnaires de chasse ou propriétaires qui loueraient leur droit de chasse et bénéficieraient d’indemnisations dans le même temps. L’augmentation des dégâts agricoles en Camargue a ainsi abouti à une action en justice entre 2011 et 2013 conduite par la FDC13 contre les espaces protégés camarguais accusés d’être à l’origine de la prolifération du sanglier. Ce contentieux juridique, qui n’a pas abouti, a généré de vives tensions entre les parties prenantes, tensions qui perdurent ou qui demandent peu d’efforts pour être ravivées. L’espèce est actuellement classée nuisible dans l’ensemble de la Camargue bucco-rhodanienne et gardoise.
Le flamant rose
11Espèce emblématique de la Camargue, le flamant rose se reproduit au moins depuis le xvie siècle dans le grand delta du Rhône16 mais de façon irrégulière17. Après de nombreux échecs de nidification dans les années 1960, la Tour du Valat en partenariat avec les Salins du Midi a mis en œuvre des mesures de conservation : gardiennage de la colonie, construction d’un îlot artificiel, gestion hydraulique du site de nidification18. Ces mesures ont permis une reproduction régulière de 1974 à 2014 (fig. 3). Depuis cette dernière date, la réduction des activités salinières et l’acquisition foncière du site de nidification par le Conservatoire du littoral, l’étang du Fangassier qui inclut l’îlot de reproduction, peut désormais être sec au printemps en raison du changement de fonctionnement hydrologique du site. Cela génère de nouveau de la variabilité dans la reproduction de l’espèce sans que cela ne menace sa conservation. Le nombre de couples varie désormais de quelques milliers à 20000 selon les années et la population méditerranéenne de flamant rose se porte bien avec 72000 couples nicheurs et 35000 poussins à l’envol en 200619. Les flamants roses s’alimentent principalement d’invertébrés et de graines qu’ils filtrent et extraient de l’eau et de la vase des marais et étangs. Cependant, en Camargue, ils ont commencé à créer des dommages dans les rizières au printemps 1978 (piétinement, accroissement de la turbidité de l’eau, consommation des graines). 430 ha ont dû être semés de nouveau en 1981 (10 % de la surface rizicole). Contrairement aux dégâts de gibiers (indemnisés par les chasseurs) et ceux des grands prédateurs (indemnisés par l’État), les dégâts du flamant rose ne sont pas indemnisés en dépit de plusieurs contentieux juridiques infructueux initiés par certains riziculteurs20. Malgré son statut d’espèce protégée, le flamant rose fait l’objet de mesures d’effarouchement menées depuis 1981 lors de la phase de mise en eau des parcelles et d’installation du riz. Elles mettent en œuvre de nombreux systèmes passifs (canons sonores, gyrophares, ballons) et actifs (pistolets à fusées) plus ou moins efficaces mais qui doivent nécessairement être complétés par une présence humaine aux heures d’incursions des oiseaux (nuit principalement). Les dommages sont ponctuels, mais peuvent être importants localement et nécessiter de ressemer la parcelle touchée. Cela génère des tensions régulières entre agriculteurs et représentants de la conservation de la nature ou scientifiques. Les incursions des flamants roses dans les rizières de Camargue ont été étudiées dans les années 1990 et début 200021. Le rôle dissuasif des haies sur la venue des flamants a été démontré et un contrat d’entretien des haies autour des rizières a été proposé comme « mesures agri-environnementales » (MAE). Pour autant, très peu de riziculteurs ont souscrit à ce contrat principalement parce que la plantation de haies et/ou leur entretien demande de remettre en cause leurs pratiques culturales et leurs équipements, cela pour des incitations économiques jugées dérisoires. Par ailleurs, les scientifiques reconnaissent que pour être réellement efficaces ces mesures doivent s’inscrire dans un changement paysager majeur qui ne semble pas envisageable dans le cadre actuel d’une agriculture intensive, conventionnelle ou raisonnée22.
Figure 2. – Prélèvements de sangliers dans deux chasses privées camarguaises depuis 1920 (a) et en battue sur les communes d’Arles et des Saintes-Maries-de-la-Mer depuis 1992 (b).

Source : Olivier A. et al. (2010) modifié et ONCFS (Jean-Yves Mondain-Monval) (figure 2a) et Réseau ongulés sauvages ONCFS/FNC/FDC (figure 2b).
Figure 3. – Évolution du nombre de couples et de poussins de flamants roses en Camargue.

Source : Béchet Arnaud, Tour du Valat.
Quels enseignements ?
Le paradoxe du lapin : disparaître mais continuer à être chassé et classé nuisible
12L’histoire du lapin de garenne nous montre comment aux conflits liés aux dégâts agricoles incessants ont succédé des maladies introduites ou importées par l’homme puis un processus de reconnaissance patrimoniale extrêmement tardif associé à l’effondrement global de ses populations. Un paradoxe apparaît. Alors que les scientifiques et les gestionnaires d’aires protégées cherchent aujourd’hui à alerter sur les impacts écologiques de la disparition des lapins de garenne, ce dernier reste classé nuisible (localement) et conserve son statut de gibier malgré sa quasi-disparition. Disparition tantôt accueillie avec fatalisme et nostalgie par les chasseurs qui n’ont pourtant eu de cesse que de multiplier les repeuplements, tantôt avec indifférence ou satisfaction par les agriculteurs. Changer le statut de l’espèce semble inacceptable pour ces deux derniers acteurs, de peur de ne plus jamais pouvoir le chasser ou le réguler. Par ailleurs les chasseurs se demandent pourquoi la régression des populations n’a pas entraîné d’action de la part des protecteurs de la nature qui ont si bien documenté sa quasi-extinction et ses brefs sursauts au cours des 20 dernières années.
Le sanglier : des controverses spatiale et économique
13Le sanglier quant à lui met en exergue une controverse économique au sujet des dégâts agricoles. Ces derniers sont présentés comme de fortes pertes économiques et les indemnités seraient insuffisantes du point de vue des agriculteurs. Pour les chasseurs, les indemnités constituent une charge financière importante voire excessive et certains considèrent qu’il est logique de demander aux gestionnaires d’aires protégées de prendre en charge tout ou partie du fardeau. Pour les naturalistes et les services de l’État, les dégâts sont réels mais il convient de dénoncer le double jeu de certains propriétaires qui louent le droit de chasser le sanglier, en tirent un revenu, et déclarent dans le même temps des dégâts soumis à indemnisation. Pour certains propriétaires-agriculteurs, les chasseurs ne tuent pas assez de sangliers et les gestionnaires d’aires protégées non plus. Certains refusent toute perspective d’intervention sur leur bien-fonds par un lieutenant de louveterie mandaté par la DDTM tant que ce dernier n’intervient pas d’abord dans les aires protégées. Les tensions portent également sur la justification et la mise en œuvre des pratiques d’agrainage. Le dépôt d’aliments, normalement destiné à fixer les animaux sur un territoire et éviter qu’il ne génère des dégâts dans les cultures voisines, serait perverti par nombre de gestionnaires de chasse pour accroître les populations et les tableaux de chasse. Les tensions les plus fortes portent sans nul doute sur l’origine des animaux. Les aires protégées, bien que faisant pratiquement toutes l’objet de chasses au sanglier en Camargue, sont accusées de fournir la quiétude et l’abri nécessaire à la bonne reproduction des animaux. Ainsi, il s’agit moins de changer les pratiques de chasse et de gestion que de permettre de chasser davantage le sanglier dans les aires protégées voisines des lieux de dégâts.
Le flamant rose : une quête de reconnaissance
14Pour le flamant rose, les tensions sont également multiples. Elles portent sur l’absence d’indemnisation économique, les effets des pratiques d’agrainage d’un parc ornithologique dans l’habituation des oiseaux à l’accès à cette ressource, la reproduction assistée des populations nicheuses, ainsi que sur l’efficacité relative des réponses techniques d’effarouchement. La sérénité de la concertation est grandement fragilisée à la fois par le manque de considération par certains représentants du monde de la protection de la nature de l’impact psychologique des incursions sur les agriculteurs devant effaroucher la nuit les flamants pour éviter les dégâts et l’absence de reconnaissance par les services de l’État du surcoût humain associé à l’effarouchement.
« Nuisibles » : jeux d’acteurs et cadrages
Des postures politiques et des arrangements locaux
15Globalement des espèces gibiers ou protégées peuvent parfois causer des dommages économiques et être alors perçues et/ou classées (ou pas) comme nuisibles avec des formes d’actions radicalement différentes (indemnisation des dégâts, allongement de la période de chasse, piégeage et battues administratives pour le sanglier, MAE et incitations à planter des haies pour le flamant rose). Les espèces pouvant occasionner des dégâts ne pourraient être en réalité qu’instrumentalisation. L’animal servirait de bouc émissaire d’une PAC insatisfaisante ou d’une saison agricole mal amorcée, et se montrer agressif au sujet de la question du flamant rose ou du sanglier peut servir des enjeux de pouvoir quant au devenir de la Camargue. Pour nombre de propriétaires, les véritables menaces environnementales en Camargue sont depuis longtemps celle du morcellement du foncier privé et celle de son appropriation publique, bref sa mise en réserve. Malgré ses postures productivistes, le propriétaire camarguais reste souvent attaché au mythe camarguais qui repose sur la préservation des espaces et espèces sauvages23. Ce patrimoine commun peut faciliter des convergences de vue. Au-delà des postures politiques portées par les représentants de chaque activité humaine on observe de nombreux arrangements locaux propres à chaque entité géographique. Les services de l’État et le PNR tentent d’intervenir comme médiateurs. Ils reformulent les enjeux socio-économiques et écologiques en enjeu de « vivre ensemble » au sein du territoire. Ainsi selon l’espèce et les lieux on observe des alliances ou des confrontations entre acteurs. Chasseurs et gestionnaires d’aires protégées peuvent s’unir pour le retour du lapin de garenne, chasseurs et agriculteurs s’opposer aux gestionnaires d’aires protégées au sujet du sanglier, tandis que seuls les agriculteurs s’opposent aux gestionnaires d’aires protégées au sujet du flamant rose.
Espèces sauvage/domestique : des attentions, des actions
16Tous les acteurs définissent l’animal sauvage par son autonomie et sa naturalité, mais beaucoup, sinon tous, interviennent sur la dynamique de population des trois espèces en créant et/ou améliorant leurs conditions de reproduction, d’alimentation et de tranquillité. De telles attentions tendent à faire de ces espèces des objets hybrides, entre espèces sauvages et domestiques. Chacun reproche aux autres de faire pulluler son espèce fétiche : le sanglier pour les chasseurs, le flamant rose pour les gestionnaires d’aires protégées. « L’autre » est toujours responsable de la pullulation ou de la raréfaction24. Si l’agriculteur est souvent la victime des « nuisibles », en Camargue ce statut de victime est souvent confus étant donné qu’il est souvent chasseur ou tire un revenu de la location du droit de chasse. Finalement, on voit bien comment le statut de l’espace fait aussi le statut de l’espèce, et inversement : les incursions des flamants ou des sangliers pouvant symboliser l’appropriation ou la mise sous tutelle des propriétés tantôt par les acteurs de la protection de la nature tantôt par ceux de la chasse. Les usages de la notion de nuisible fluctuent donc selon les acteurs considérés et révèlent le caractère dynamique des relations homme/nature mais aussi des interdépendances socioécologiques. La notion de « nuisible » participe alors non seulement à la recomposition des rapports de force entre acteurs du territoire mais aussi à la redéfinition du sauvage et des relations humains/non-humains en Camargue. Face à ce que l’on pourrait considérer – en forçant le trait – comme les excès du productivisme agricole, cynégétique et conservationniste, un retour à la naturalité, à moins d’intervention dans la biologie de ces espèces et la dynamique de ses milieux de vie, est envisagé par certains au sujet du sanglier ou du flamant rose alors que d’autres pensent au contraire à intervenir davantage comme on l’observe dans un projet récent de réintroduction et de soutien de populations de lapins de garenne dans les aires protégées camarguaises. Mais pour l’avenir, il s’agit encore à l’évidence de combler un triple déficit : de connaissance (notamment en écologie spatiale et en éthologie), de reconnaissance mutuelle des différents acteurs et de dialogue en créant des dispositifs qui rendent intelligible ce qu’il advient au territoire, aux humains et à la faune qui le fréquentent25. Ce processus pourrait conduire à l’abandon de la notion de « nuisible » et à lui préférer celle « d’espèce susceptible d’occasionner des dégâts », notion qui ouvre le champ des solutions au-delà de l’élimination ou de l’éradication.
Conclusion
17Si le statut de l’animal produit aussi le statut de l’espace (et inversement), il en découle souvent des tensions sociales. Si la dialectique « naturel/artificiel » n’est pas obsolète en Camargue, cette dernière s’affirme comme un espace d’entre-nature26 tout comme la faune qui la fréquente est souvent une faune d’entre-deux, une faune tantôt sauvage qui fréquente l’espace des hommes tantôt mi-sauvage mi-domestique pareillement à l’une des icônes régionales, le taureau Camargue27. Face à la mobilité animale dans l’espace et nos imaginaires, il convient de revisiter la notion de coexistence des hommes et de la faune, qui tend souvent à spécialiser l’espace et à la ségrégation spatiale, en soulignant qu’il s’agit d’inter-existence, pour promouvoir davantage le partage de l’espace. Il s’agit pour cela d’inviter à respecter la souveraineté des animaux sauvages sur leurs territoires et prendre acte des obligations qui en découlent, tout comme nous y invitent les philosophes28. Cela d’autant que certaines espèces, comme la grue cendrée (Grus grus) dont les effectifs hivernaux sont passés de quelques dizaines d’individus à près de 15000 en dix ans, génèrent déjà de premiers dommages aux cultures et de nouvelles inquiétudes quant à la cohabitation apaisée entre la faune sauvage et les activités agricoles camarguaises.
Remerciements
18Les auteurs remercient Grégoire Massez (RNN Marais du Vigueirat), Jean-Yves Mondain-Monval (ONCFS) et Aurélie Barboiron (ONCFS) pour la transmission de données, ainsi que l’ensemble des personnes enquêtées.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Bibliographie
Béchet Arnaud, Rendón-Martos Manuel, Rendón Miguel Angel et al., « Global Economy Interacts with Climate Change to Jeopardize Species Conservation : a Case Study in the Greater Flamingo in the Mediterranean and West Africa », Environmental Conservation, 39, 2012, p. 1-3.
Bernardina Sergio Dalla, L’utopie de la nature. Chasseurs, écologistes et touristes, Paris, Imago, 1996, 320 p.
Callon Michel, « Éléments pour une sociologie de la traduction. La domestication des coquilles Saint-Jacques et des marins pêcheurs dans la baie de Saint-Brieuc », L’année sociologique, n° 36, 1986, p. 169-208.
Claeys-Mekdade Cécilia, Le lien socio-politique à l’épreuve de l’environnement. Expériences camarguaises, Bruxelles, Peter Lang, coll. « Écopolis », 2003, 245 p.
10.1051/nss/2013108 :Demmer Christine, « Grands propriétaires face à la gestion publique de la biodiversité au sein du parc naturel régional de Camargue », Natures Sciences Sociétés, n° 21, 2013, p. 416-427.
Donaldson Sue et Kymlicka Will, Zoopolis. A Political Theory of Animal Rights, Oxford, Oxford University Press, 2011, 338 p.
Ernoul Lisa, Mesléard François, Gaubert Pascal et Béchet Arnaud, « Limits to Agri-Environmental Schemes Uptake to Mitigate Human – Wildlife Conflict : Lessons Learned from Flamingos in the Camargue, Southern France », International Journal of Agricultural Sustainability, 12, 2014, p. 23-36.
Gallet Étienne, Les flamants roses de Camargue, Lausanne, Payot, 1949, 127 p.
Johnson Alan et Cézilly Franck, The Greater Flamingo, Londres, T & AD Poyser, 2008, 336 p.
10.4324/9780203684221 :Knight John (dir.), Natural Enemies. People-Wildlife Conflicts in Anthropological Perspective, New York, Routledge, 2001, 272 p.
Latour Bruno, Changer de société. Refaire de la sociologie, Paris, La Découverte, 2007, 406 p.
10.3917/ethn.091.0005 :Manceron Vanessa et Roué Marie, « Les animaux de la discorde », Ethnologie française, n° 39, 2009, p. 5-10.
Massez Grégoire, Mondain-Monval Jean-Yves, Olivier Anthony et al., Le lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus) en Camargue : évolution des populations depuis vingt ans et conséquences biologiques, poster du XXXVe colloque de la Société française de mammalogie, Arles, 19-21 octobre 2012.
Mathevet Raphaël, Camargue incertaine. Sciences, usages et natures, Paris, Buchet Chastel, 2004, 208 p.
Mathevet Raphaël et Guillemain Matthieu, Que ferons-nous des canards sauvages ? Chasse, nature et gestion adaptative, Versailles, Éd. Quae, 2016, 95 p.
Mathevet Raphaël et Mesléard François, « The Origins and Functioning of the Private Wildfowling Lease System in a Major Mediterranean Wetland : the Camargue (Rhone Delta, Southern France) », Land Use Policy, 19 (4), 2002, p. 277-286.
10.4000/cybergeo.3755 :Mathevet Raphaël, Tourenq Christophe et Mesléard François, « Agricultural Policies, Land-Use and Waterbird Conservation : the Case Study of a Major Mediterranean Wetland, the Camargue », Cybergeo European Journal of Geography, 221, 2002 (en ligne).
10.3917/esp.g2002.110-111.0129 :Mauz Isabelle, « Les conceptions de la juste place des animaux dans les Alpes françaises », Espaces et sociétés, n° 110-111, 2002, p. 129-145.
Micoud André, « Vers un nouvel animal sauvage ; le sauvage “naturalisé vivant” ? », Nature Sciences Sociétés, n° 1, 1993, p. 202-210.
10.1051/nss:2006052 :Micoud André et Bobbé Sophie, « Une gestion durable des espèces animales est-elle possible avec des catégories naturalisées ? », Natures Sciences Sociétés, n° 14, 2006, p. 32-35.
Mondain-Monval Jean-Yves, Olivier Anthony et Le Bihan Aubin, « Recent Trends in the Number of Hunters and the Harvest of Wildfowl in the Camargue, France : Preliminary Results », Wildfowl Special Issue, 2, 2009, p. 192-201.
Morizot Baptiste, Les diplomates. Cohabiter avec le loup sur une autre carte du vivant, Marseille, Wildproject, 2016, 320 p.
Mounet Coralie, Les territoires de l’imprévisible. Conflits, controverses et vivre ensemble autour de la gestion de la faune sauvage. Le cas du loup et du sanglier dans les Alpes françaises, Grenoble, thèse de doctorat de géographie, IGA, université Grenoble 1, 2007, 565 p.
Naudot Carle, Camargue et gardians. Ethnographie folklorique du pays d’Arles, Arles, PNR de Camargue, 1977, 207 p.
Olivier Anthony et Mondain-Monval Jean-Yves, « Le sanglier », in Poitevin Françoise, Olivier Anthony, Bayle Patrick et Scher Olivier (dir.), Mammifères de Camargue, Arles, Regards du vivant et Parc naturel régional de Camargue, 2010, p. 130-135.
Olivier Anthony, Mondain-Monval Jean-Yves et Massez Grégoire, « Le lapin de garenne », in Poitevin Françoise, Olivier Anthony, Bayle Patrick et Scher Olivier (dir.), Mammifères de Camargue, Arles, Regards du vivant et Parc naturel régional de Camargue, 2010, p. 186-192.
Picon Bernard, L’espace et le temps en Camargue, Arles, Actes Sud, 1978, 231 p.
Quiqueran de Beaujeu Pierre, Loué soit la Provence, Arles, Actes Sud Beaux Arts, 1999 (1610), 352 p.
10.4000/books.editionsmsh.2434 :Saumade Frédéric, Des sauvages en Occident, les cultures tauromachiques en Camargue et en Andalousie, Paris, Maison des sciences de l’homme/ministère de la Culture, 1994, 275 p.
Star Susan Leigh et Griesemer James R, « Institutional Ecology, “Translations”, and Boundary Objects : Amateurs and Professionals on Berkeley’s Museum of Vertebrate Zoology », Social Studies of Science, 19, 1989, p. 387-420.
Tourenq Christophe, Aulagnier Stéphane, Durieux Laurent et al., « Identifying Ricefields at Risk from Damage by the Greater Flamingo », Journal of Applied Ecology, 38, 2001, p. 170-179.
UICN France, MNHN, SFEPM et ONCFS, La liste rouge des espèces menacées en France, chapitre : « Mammifères de France métropolitaine », Paris, UICN, 2009, 12 p.
Notes de bas de page
1 Mounet Coralie, Les territoires de l’imprévisible. Conflits, controverses et vivre ensemble autour de la gestion de la faune sauvage. Le cas du loup et du sanglier dans les Alpes françaises, Grenoble, thèse de doctorat de géographie, IGA, université Grenoble 1, 2007, 565 p.
2 Callon Michel, « Éléments pour une sociologie de la traduction. La domestication des coquilles Saint-Jacques et des marins pêcheurs dans la baie de Saint-Brieuc », L’année sociologique, n° 36, 1986, p. 169-208 ; Latour Bruno, Changer de société. Refaire de la sociologie, Paris, La Découverte, 2007, 406 p.
3 Knight John, (dir.), Natural Enemies. People-Wildlife Conflicts in Anthropological Perspective, New York, Routledge, 2001, 272 p. ; Manceron Vanessa et Roué Marie, « Les animaux de la discorde », Ethnologie française, n° 39, 2009, p. 5-10 ; Mauz Isabelle, « Les conceptions de la juste place des animaux dans les Alpes françaises », Espaces et sociétés, n° 110-111, 2002, p. 129-145 ; Micoud André, « Vers un nouvel animal sauvage ; le sauvage “naturalisé vivant” ? », Nature Sciences Sociétés, n° 1, 1993, p. 202-210 ; Micoud André et Bobbé Sophie, « Une gestion durable des espèces animales est-elle possible avec des catégories naturalisées ? », Natures Sciences Sociétés, n° 14, 2006, p. 32-35.
4 Star Susan Leigh et Griesemer James R., « Institutional Ecology, “Translations”, and Boundary Objects : Amateurs and Professionals on Berkeley’s Museum of Vertebrate Zoology », Social Studies of Science, 19, 1989, p. 387-420.
5 PNRC, Occupation du sol du PNR de Camargue, Arles, base de données du PNRC, 2011.
6 Demmer Christine, « Grands propriétaires face à la gestion publique de la biodiversité au sein du parc naturel régional de Camargue », Natures Sciences Sociétés, n° 21, 2013, p. 416-427.
7 Mathevet Raphaël et Mesléard François, « The Origins and Functioning of the Private Wildfowling Lease System in a Major Mediterranean Wetland : the Camargue (Rhone Delta, Southern France) », Land Use Policy, 19 (4), 2002, p. 277-286 ; Mondain-Monval Jean-Yves, Olivier Anthony et Le Bihan Aubin, « Recent Trends in the Number of Hunters and the Harvest of Wildfowl in the Camargue, France : Preliminary Results », Wildfowl Special Issue, 2, 2009, p. 192-201.
8 Picon Bernard, L’espace et le temps en Camargue, Arles, Actes Sud, 1978, 231 p. ; Claeys-Mekdade Cécilia, Le lien socio-politique à l’épreuve de l’environnement. Expériences camarguaises, Bruxelles, Peter Lang, coll. « Écopolis », 2003, 245 p. ; Mathevet Raphaël, Camargue incertaine. Sciences, usages et natures, Paris, Buchet Chastel, 2004, 208 p.
9 Olivier Anthony, Mondain-Monval Jean-Yves et Massez Grégoire, « Le lapin de garenne », in Poitevin Françoise, Olivier Anthony, Bayle Patrick et Scher Olivier (dir.), Mammifères de Camargue, Arles, Regards du vivant et Parc naturel régional de Camargue, 2010, p. 186-192.
10 Quiqueran de Beaujeu Pierre, Loué soit la Provence, Arles, Actes Sud Beaux Arts, 1999, 352 p.
11 Naudot Carle, Camargue et gardians. Ethnographie folklorique du pays d’Arles, Arles, PNR de Camargue, 1977, 207 p.
12 Massez Grégoire, Mondain-Monval Jean-Yves, Olivier Anthony et al., Le lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus) en Camargue : évolution des populations depuis vingt ans et conséquences biologiques, poster du XXXVe colloque de la Société française de mammalogie, Arles, 19-21 octobre 2012.
13 Olivier Anthony et al., op. cit.
14 UICN France, MNHN, SFEPM et ONCFS, La Liste rouge des espèces menacées en France, chapitre : « Mammifères de France métropolitaine », Paris, UICN, 2009, 12 p.
15 Olivier Anthony et Mondain-Monval Jean-Yves, « Le sanglier », in Poitevin Françoise et al., op. cit., p. 130-135.
16 Quiqueran de Beaujeu Pierre, op. cit.
17 Gallet Étienne, Les flamants roses de Camargue, Lausanne, Payot, 1949, 127 p.
18 Johnson Alan et Cézilly Franck, The Greater Flamingo, Londres, T & AD Poyser, 2008, 336 p.
19 Béchet Arnaud, Rendón-Martos Manuel et Rendón Miguel Angel et al., « Global Economy Interacts with Climate Change to Jeopardize Species Conservation : a Case Study in the Greater Flamingo in the Mediterranean and West Africa », Environmental Conservation, 39, 2012, p. 1-3.
20 Arrêt du Conseil d’État, 6/2 SSR, du 21 janvier 1998.
21 Tourenq Christophe, Aulagnier Stéphane, Durieux Laurent et al., « Identifying Ricefields at Risk from Damage by the Greater Flamingo », Journal of Applied Ecology, 38, 2001, p. 170-179 ; Mathevet Raphaël, Tourenq Christophe et Mesléard François, « Agricultural Policies, Land-Use and Waterbird Conservation : the Case Study of a Major Mediterranean Wetland, the Camargue », Cybergeo European Journal of Geography, 221, 2002 (en ligne).
22 Ernoul Lisa, Mesléard François, Gaubert Pascal et Béchet Arnaud, « Limits to Agri-Environmental Schemes Uptake to Mitigate Human – Wildlife Conflict : Lessons Learned from Flamingos in the Camargue, Southern France », International Journal of Agricultural Sustainability, 12, 2014, p. 23-36.
23 Demmer Christine, op. cit. ; Mathevet Raphaël, op. cit.
24 Bernardina Sergio Dalla, L’utopie de la nature. Chasseurs, écologistes et touristes, Paris, Imago, 1996, 320 p.
25 Mathevet Raphaël et Guillemain Matthieu, Que ferons-nous des canards sauvages ? Chasse, nature et gestion adaptative, Versailles, Éd. Quae, 2016, 95 p.
26 Mathevet Raphaël, Camargue incertaine. Sciences, usages et natures, Paris, Buchet Chastel, 2004.
27 Saumade Frédéric, Des sauvages en Occident, les cultures tauromachiques en Camargue et en Andalousie, Paris, Maison des sciences de l’homme, ministère de la Culture, 1994, 275 p.
28 Donaldson Sue et Kymlicka Will, Zoopolis. A Political Theory of Animal Rights, Oxford, Oxford University Press, 2011, 338 p. ; Morizot Baptiste, Les diplomates. Cohabiter avec le loup sur une autre carte du vivant, Marseille, Wildproject, 2016, 320 p.
Auteurs
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008