Les femmes, le travail et la mer au XVIIIe siècle dans les îles Shetland
p. 171-185
Texte intégral
1En 1813, la poétesse shetlandaise, Margaret Chalmers, publie un recueil intitulé Poems1. C’est dans le poème To the United Trades’ Society of Lerwick2 que figure cette strophe :
Que les échanges utiles puissent étendre son sourire
Autour de nos Îles mornes, détachées et encerclées par la mer.
Un murmure de génie à l’esprit du patriote,
Où trouver un marché profitable,
Pour les produits de Thulé ; nous indique où chercher
Une acceptation immédiate pour nos produits en laine,
En matières « tissées, lustrées et propres »,
Par le travail des femmes, « peuvent habiller une Reine3 ».
2Penny Fielding, professeur de littérature à l’université d’Édimbourg, explique que dans ces quelques vers, Margaret Chalmers « fait des Shetland une sphère féminine dans laquelle les femmes sont à la fois productrices et consommatrices et dans laquelle les différences de classe sont rendues floues, étant placées dans un mouvement continu qui lie les productions de denrées de base à la consommation de produits de luxe et leurs exemplaires courants au xviiie siècle, la laine et le thé4 ». Au sein de cette société, la sphère féminine est marquante à travers le travail, la place déterminante dans l’économie et le rapport privilégié à la mer.
3L’environnement shetlandais est particulier – mais il n’est pas unique. Les îles Shetland se situent à 360 km à l’ouest des côtes norvégiennes et à 150 km au nord des côtes écossaises, néanmoins, le plus grand port écossais au xviiie siècle, Leith (le port d’Édimbourg), se trouve à 477 km plus au sud. La façade ouest de l’archipel est bordée par l’océan Atlantique nord et à l’est, c’est la mer du Nord qui borde la côte. Au début du xviiie siècle, une trentaine d’îles sont habitées. Appartenant à la couronne dano-norvégienne jusqu’en 1469, les îles Shetland gardent avec la Norvège des liens culturels et économiques très forts pendant toute l’époque moderne – principalement à travers le commerce de bateaux en bois « en kit5 ». Situées entre Atlantique nord et mer du Nord, ces îles sont pendant toute l’époque moderne un point d’ancrage pour les vaisseaux qui naviguent dans ces eaux, qu’ils soient marchands ou militaires, hanséatiques, néerlandais, allemands, anglais ou écossais.
4La question de la place des femmes dans la société shetlandaise a été étudiée par Lynn Abrams, historienne du genre. Ses travaux portent sur les xixe et xxe siècles. Son ouvrage, Myth and materiality in a Woman’s World : Shetland 1800-2000 est une référence pour l’étude du genre dans les communautés insulaires et rurales à l’époque contemporaine6. Cette contribution permet d’observer comment les femmes shetlandaises sont affectées par les transformations socio-économiques de l’archipel au xviiie siècle, tout en contribuant à ces mêmes transformations nonobstant la perpétuation de certaines pratiques agricoles et artisanales. Cette observation commence par une étude de la manière dont le travail féminin se transforme au cours du xviiie siècle et du rôle que la mer a pu jouer dans cette transformation. Il faut ensuite saisir comment la mer, en tant que territoire maritime, offre un espace aux femmes pour vendre leurs tricots mais aussi se déplacer vers des espaces de vente ou d’échange. Pour enfin comprendre comment les savoirs et les pratiques artisanales sont transmis et comment les activités liées à la mer participent à faire des îles Shetland cet « univers féminin » décrit par Lynn Abrams. Dans une approche non-déterministe nous verrons ainsi comment la mer offre des opportunités particulières aux femmes shetlandaises du xviiie siècle7.
Des femmes qui travaillent
5Quelles étaient les activités pratiquées par les femmes dans les îles Shetland au xviiie siècle ? Et plus particulièrement, quelles étaient celles qui avaient un lien direct avec la mer ? Comment ces activités étaient-elles réparties entre les hommes et les femmes pendant l’année ?
Anciennes et nouvelles tâches féminines : sur l’absence des hommes et la saisonnalité
6Dans les décennies 1710 et 1720, la pêche commerciale, en opposition à la pêche de subsistance, se transforme. Elle devient pêche au large, dite au far haaf, c’est-à-dire la pêche en pleine mer sur des bateaux ouverts, principalement de julienne (ling, lingue). La pêche plus proche des côtes, haaf ffshing, se développe : les poissons pêchés sont principalement le brosme (tusk), la morue et le lieu noir8. Dans les premières années du xviiie siècle, la pêche commerciale « semble avoir été limitée principalement à la pêche côtière, à pas plus de 8 à 16 km des côtes9 ». La pêche n’est que très peu organisée : ceux qui possèdent un bateau ou des parts peuvent pêcher et revendre leurs poissons aux marchands allemands, néerlandais et britanniques qui viennent dans les îles10. Cette organisation repose déjà sur la saisonnalité des productions : en été, les hommes s’absentent pour pêcher pendant plusieurs semaines, jamais très loin des côtes. Les femmes quant à elles s’occupent de la petite ferme qu’une famille possède de plein droit ou qu’elle loue.
7Dès les dernières années du xviie siècle et pendant les deux premières décennies du xviiie siècle, les propriétaires terriens shetlandais saisissent une opportunité : la législation britannique se fait plus dure pour les pêcheurs et marchands étrangers. En 1712, le gouvernement britannique impose une taxe sur le sel étranger et offre à partir de 1727 une prime sur tous les poissons traités avec du sel britannique et par des marchands britanniques11. Un espace se crée pour de nouveaux acteurs en mer du Nord12. Les propriétaires terriens mettent alors en place la « méthode shetlandaise13 », caractérisée par la fishing tenure, une tenure sur laquelle le tenancier vend toute sa pêche estivale à prix fixe et déterminé à l’avance, à son propriétaire, en guise de rente. Brian Smith explique qu’à partir des années 1720 la majorité des propriétaires terriens shetlandais ont mis en place cette stratégie14. La pêche est alors fortement encouragée : les domestiques dans un premier temps, puis tous les hommes, se soumettent au calendrier des seigneurs-marchands car ils peuvent recevoir des gages intéressants15. Les hommes sont envoyés pêcher au far haaf pendant dix semaines, l’été, entre mi-juin et mi-août. Les jeunes garçons et les hommes âgés sont quant à eux, réquisitionnés pour s’occuper de la salaison et du séchage des poissons sur les plages16. Pendant dix semaines, les femmes sont alors seules dans les fermes shetlandaises.
8Dans les dernières décennies du xviiie siècle et au début du xixe siècle, la « disparition » des hommes s’accélère encore davantage : ils sont recrutés ou engagés de force pendant de longs mois sur les bateaux de la Navy ou partent sur les bateaux en direction du Groënland17. Les conditions d’engagement pour ces deux activités varient grandement : les marins choisissent de travailler de manière saisonnière sur les baleiniers tandis que les marins de la Royal Navy sont contraints, impressed. La plupart des marins shetlandais sont capturés par les enrôleurs, le press-gang, sur la côte ou quand ils sont encore à bord de bateaux marchands ou de bateaux de pêche. L’historiographie shetlandaise voit l’enrôlement forcé comme un système cruel de conscription dans la Royal Navy et comme étant particulièrement arbitraire dans les Shetland18.
9Pendant ces décennies, trois nouvelles activités productives font leur apparition pour les femmes : elles peuvent être employées à la fabrication de toiles de lin ou au pliage de paille mais ces deux manufactures, qui doivent importer leur matière première, échouent19. La troisième activité est la production de carbonate de sodium ou kelp, à partir d’algues.
10Ces transformations prennent place dans l’ensemble de l’archipel. Les sources étudiées ne permettent pas de savoir si elles ont lieu avec plus ou moins d’intensité sur certaines îles ou dans certaines paroisses. De même, il faudrait se tourner vers les sources de la Navy et des navires groenlandais pour pouvoir cartographier les régions shetlandaises qui fournissent plus ou moins de marins. Concernant la fabrication de kelp, celui-ci est produit dans l’ensemble de l’archipel. Il y a cependant des variations géographiques dans la distribution des côtes les plus adaptées à la production de kelp. Les côtes ne doivent pas être trop escarpées et les baies doivent être suffisamment profondes pour que les algues puissent se déposer sur l’estran. Dans les années 1790, les paroisses unies de Aithsting et Sandsting produisent entre quarante et cinquante tonnes de kelp par an tandis que la paroisse d’Unst produit dix tonnes par an et Lerwick, seulement six tonnes20.
11À la fin du xviiie siècle, plus de 90 % des familles shetlandaises connaissent une organisation pluriactive saisonnière. Ainsi, dans le recensement de 1801, il est écrit que « [d]ans les retours des Shetland, en général, il apparaît que les habitants sont principalement employés dans l’agriculture, à l’exception des mois estivaux, pendant lesquels tous les hommes qui sont capables sont employés pour la pêche21 ».
Kelp et tricot : des liens féminins indirects avec la mer
12Seuls les hommes sont employés pour la pêche pendant les mois d’été. Néanmoins, certaines ressources marines se retrouvent dans les mains des femmes par l’intermédiaire de l’estran. C’est le cas des algues et de quelques crustacés qui servent d’appâts pour la pêche. La combustion des algues en kelp est importée dans les îles Shetland par un Orcadien. Dans les Orcades, la production de kelp a été introduite en 1721 par James Fea sur l’île de Stronsay. Dans cet archipel, « c’est le kelp qui a entièrement transformé les fortunes des propriétaires du xviiie siècle qui découvrent que leurs terres insulaires peuvent leur fournir une nouvelle source de richesse insoupçonnée22 ». Ce n’est que dans les années 1760 que certains propriétaires shetlandais font appel à un Orcadien « pour faire une étude de leurs côtes et donner son avis sur la quantité de kelp […] qu’ils peuvent produire23 ». La production de kelp commence vraiment environ vingt ans après. Robert Jameson et Arthur Edmondston, auteurs de la fin du xviiie siècle et du début du xixe siècle, décrivent précisément comment le kelp était préparé dans les îles Shetland :
« Le propriétaire ou intendant des côtes, emploie une personne pour qui la fabrication de kelp est familière pour brûler les algues sur le rivage et en faire du kelp […]. Ce dernier peut employer des femmes et de jeunes garçons, qu’il embauche à un faible prix […]. Les algues sont coupées […] et étalées sur l’herbe, où elles restent jusqu’à ce qu’elles soient suffisamment sèches. Une fosse est ensuite creusée dans le sol, d’environ cinq pieds de long, deux pieds et demi de profondeur, et trois de large, [cette fosse] est appelée four à kelp [kelp-kiln]. Une petite portion des algues est d’abord allumée, et des portions supplémentaires sont ajoutées, jusqu’à ce que le four soit presque rempli d’une matière semi-fluide visqueuse, de couleur bleuâtre-gris foncé, c’est le kelp. Lorsqu’il est rendu dans cet état, il est ratissé en avant et en arrière, jusqu’à ce que toute la masse prenne une consistance égale. On le laisse refroidir et durcir, et dans cet état induré, il est envoyé sur le marché24. »
13Une fois brûlé, le kelp donne de la soude ou du carbonate de sodium et est « utilisé dans la fabrication du savon et du verre25 ». À la fin des années 1780, le kelp des Orcades est principalement vendu à Shields et Newcastle pour les fabriques de verre26.
14Qui brûle le kelp ? Nous savons grâce aux descriptions mais aussi à quelques procès que les femmes peuvent être employées pour récolter les algues. Arthur Edmondston et Robert Jameson expliquent qu’un propriétaire peut employer une personne en charge de la préparation du kelp. Cette personne peut embaucher à son tour des femmes pour récolter les algues. Le préposé au kelp, kelp-overseer, est payé 210 £ shillings par tonne27 tandis que les femmes reçoivent 7 shillings et 6 pences par mois ou 2 pences par marée28. Un préposé au kelp touche ainsi 600 pences par tonne tandis que les femmes qui ramassent les algues ne touchent que 90 pences par mois. Nous n’avons pas beaucoup plus d’information sur ces femmes qui travaillent sur les côtes à récolter les algues pour en faire du kelp. Cependant, un procès devant la cour du Shérif est particulièrement intéressant. Ainsi, en 1797, Janet Russland est embauchée sur le Ness of Westshore, Tingwall, par Andrew Bolt. Elle reçoit pour salaire la somme due au préposé au kelp29. Une femme tient ainsi ce rôle. Cette nouvelle activité permet aux femmes d’apporter un revenu complémentaire dans leur foyer, qu’il soit plutôt faible lorsqu’elles ne font que récolter les algues ou plus élevé, lorsqu’elles sont en charge du processus de fabrication dans son ensemble.
15La confection d’objets en laine et plus particulièrement de chaussettes et de bas est, pour les femmes, un autre moyen d’apporter au foyer un revenu complémentaire à celui de la pêche. Le développement de cette activité doit être envisagé en complémentarité avec l’extension de la pêche et du commerce maritime. Ainsi, le tricot fournit des ressources supplémentaires sous forme de monnaie sonnante et trébuchante ou de biens matériels. George Low, qui visite les Shetland dans les années 1770, explique que la « [l]aine a toujours été un objet de valeur dans les Shetland, maintenant plus que jamais ; pendant ce dernier demi-siècle, elle a augmenté de 5 shillings Sterling à 13 shilling et 4 pence par lispound30, ou 26 livres de poids, en raison de la grande demande pour les chaussettes grossières31 ». La complémentarité entre la pêche et le tricot apparaît clairement dans un procès ayant lieu devant la cour du Shérif à la fin du xviiie siècle. En 1794, la gale du mouton se répand dans la paroisse de Dunrossness, au sud des Shetland. Un muret est construit pour empêcher les moutons infectés de se déplacer vers le nord. Cette maladie touche la peau des moutons, « [l]a toison est feutrée dans un premier temps, puis souillée. Elle tombe après grattage ou mordillement32 ». Dans une pétition datée du 29 novembre 1794, Gideon Gifford de Busta, « Responsable des commissaires à l’approvisionnement pour les îles Shetland », déclare :
« que les exportations annuelles de produits manufacturés en laine dans les Shetland ne valent pas moins de 11 000 £ à 12 000 £ sterling par an. L’usage interne au pays ne peut pas être estimé à moins de 7000 £ et les moutons dont on utilise la laine n’ont pas une valeur inférieure à 4 000 £. Ainsi, il est évident que le produit des troupeaux de moutons équivaut pour la région à une somme supérieure à 20 000 livres sterling par an, sans ajouter un sou pour tout matériel que ce soit et dépasse de loin la valeur du kelp, du bœuf, de l’huile, du beurre et des poissons33 ».
16Ainsi, Gideon Gifford de Busta explique qu’il faut, pour pêcher, importer de nombreux produits : bateaux, cordes, lignes, hameçons, etc. alors que pour tricoter nul besoin d’importer du matériel, il faut seulement maintenir en bonne forme le troupeau et le défendre de la gale. Le tricot apporte aux ménages un revenu complémentaire par rapport à la pêche et à la différence de celle-ci, il peut être pratiqué pendant toute l’année, dans n’importe quelle condition climatique, sans souffrir des mêmes aléas.
Des femmes qui se déplacent et échangent
Se déplacer pour échanger
17Le développement de la vente des chaussettes en laine est lié aux possibilités de revente des objets tricotés aux différents marchands qui fréquentent les îles. À partir des années 1580, des centaines de bateaux de pêche néerlandais viennent dans les eaux shetlandaises et les pêcheurs se rendent à terre pour acheter des chaussettes et des gants. Cette rencontre a principalement lieu à Bressay Sound, en rade de Lerwick. Les femmes viennent elles-mêmes y vendre leurs tricots aux marchands néerlandais. Mais en 1625, leur présence perturbe les autorités shetlandaises qui voient dans cet espace de vente urbain un lieu de dépravation où les femmes de la campagne ne céderaient pas que leurs tricots. Les autorités ordonnent alors aux maris et aux fils de se rendre à Lerwick à leur place34.
18Malgré cela, la production de tricots shetlandais continue à augmenter et en plus des pêcheurs, des marchands commencent à se spécialiser dans l’achat et la vente de ces produits. Au début du xviiie siècle, les mêmes seigneurs-marchands qui sont engagés dans les tenures à poisson avec les hommes achètent à leur femme des tricots pour les commercialiser35. Ces derniers sont aussi vendus directement aux marchands par les productrices. Samuel Hibbert, qui visite les îles au début du xixe siècle, explique qu’à l’arrivée des bateaux dans la rade de Lerwick, des bateliers se rendent dans leurs yawls auprès de ces navires ; les Shetlandais leur vendent alors un grand nombre de chaussettes, de gants, de bonnets de nuits et de couvertures36. À la même époque, John Laing écrit qu’« ici les bateaux pour le Groenland sont souvent servis avec des mitaines, des bonnets de nuit, etc. Les habitants viennent avec assurance avec leurs bateaux le long de tels navires37 » pour leur vendre leur production.
19Pour se rendre à Lerwick ou dans le reste de l’archipel, les déplacements peuvent se faire de trois manières différentes : à pied, en poney ou en bateau. Les trajets en bateau sont souvent privilégiés car l’absence de routes et les sols tourbeux shetlandais empêchent une progression rapide par la terre38. La navigation côtière permet alors aux femmes de se déplacer et d’échanger ou de vendre dans la capitale leur propre production. George Low décrit en 1774 la ruée vers Lerwick qui advient pendant l’été. Les habitants des campagnes shetlandaises s’y rendent pour y vendre leur production lainière39. Deux listes de passages, ferry freights or frauchts, dans l’archipel, permettent d’établir une carte des ferrys shetlandais au xviiie siècle40. Elle met en évidence l’interconnectivité entre les différentes îles et paroisses et Lerwick, la capitale administrative, judiciaire et commerciale de l’archipel. La mer apporte des acheteurs potentiels mais elle est aussi le lieu où les échanges se font. Elle sert de connecteur entre les femmes, les produits qu’elles manufacturent et leurs acheteurs potentiels.
Échanger verbalement
20Les femmes n’échangent pas uniquement des produits manufacturés, elles échangent aussi verbalement pendant leur travail et construisent ainsi un groupe de voisinage. Par exemple, le « festival du tourbage » est un moment de sociabilisation intense dans les Shetland. Une fois par an les habitants d’un même secteur se regroupent pour tourber, manger et transporter de la tourbe tous ensemble41. Quand elle est prête, vers le mois de juillet, les femmes sont employées au poste d’uplayers, remplissant des paniers de tourbe pour la transporter42. Son acheminement s’effectue principalement au xviiie siècle à dos de poney mais aussi par bateau, le long des côtes, vers un endroit donné43. Le tourbage, comme d’autres activités shetlandaises, est un moment de commensalité et de sociabilité où la mer sert de lien entre plusieurs espaces de l’archipel.
21Lorsque les femmes récoltent les algues, pour en faire du kelp ou pour l’épandre sur les champs44, c’est entre femmes et probablement avec leurs jeunes enfants, filles et garçons, qu’elles le font. De même, avant de pouvoir tricoter la laine, celle-ci doit être cardée. Cette étape semble avoir été un moment de sociabilisation très fort. Bien que nous n’ayons pas d’éléments qui le confirment directement pour le xviiie siècle, Alexander Fenton, ethnologue, explique qu’au début du xxe siècle « le travail était fait en commun le plus souvent possible, et ceci conduisit au développement de la petite fête connue en tant que cairdin, cardage, quand une famille avait de la laine prête à être cardée à la main, ce qui était facile à faire avec la laine shetlandaise. Un groupe de femmes était invité pour le thé dans l’après-midi, puis le cardage et les discussions continuaient jusqu’à 23 heures, quand l’heure du dîner sonnait45 ». Même s’il n’y a pas de traces directes pour le xviiie siècle, il semble raisonnable de considérer que des pratiques similaires peuvent avoir eu lieu à cette époque. Des traces de la sociabilité féminine peuvent cependant être trouvées dans les archives judiciaires où n’apparaît pas l’entente cordiale entre les femmes mais plutôt leur mésentente. Ainsi, en 1731, Grisel Laurencedaughter et Marion Sinclair, habitantes de Noss dans la paroisse de Dunrossness, sont jugées pour s’être battues avec des pelles et des fourches. Comme les deux femmes, assistées de leurs maris, nient toute bagarre, le procès est annulé46. Cette mésentente est le fruit, comme le montre Lynn Abrams, des nombreuses interactions entre les femmes pendant leur journée de travail quotidien et illustre, en négatif, les possibilités d’interactions positives entre femmes et la construction d’une sociabilité féminine47.
Des femmes qui transmettent
L’apprentissage et le travail des jeunes filles
22Ces femmes qui discutent et travaillent ensemble transmettent à leurs filles les gestes et les habitudes de ces différentes activités. Il faut ainsi imaginer leur travail comme un exercice intergénérationnel : pour chaque activité, un passage de témoin est nécessaire et il semble qu’il soit fait dès le plus jeune âge.
23Pour les activités comme le tricot, l’apprentissage se fait probablement en intérieur et en hiver. Nous n’avons pas de traces particulières de cet apprentissage dans les sources. Néanmoins, les femmes employées comme domestiques savent tricoter. Elles le deviennent jeunes et peuvent « avoir leurs mains à elles-mêmes48 », une des conditions de leur contrat, pour avoir la possibilité de tricoter. De même James Fea écrit en 1787 que les « femmes et les enfants, et les personnes âgées » tricotent en hiver49. Il met en évidence les liens intergénérationnels et l’apprentissage mis en place entre générations, en hiver.
24Pour les autres activités comme le ramassage des algues pour la fumure, la transformation du kelp en carbonate de sodium, la récolte des appâts et des coquillages, les femmes sont accompagnées de jeunes filles. James Gordon, pasteur de North Yell et Fetlar, écrit dans les années 1790 que les femmes shetlandaises sont « habitué[es] à errer parmi les rochers dès leur plus jeune âge [pendant qu’elles récoltent des appâts pour la pêche]50 ». L’apprentissage des ressorts des échanges commerciaux doit aussi être fait par les jeunes filles qui se rendent probablement elles aussi à Lerwick pour échanger les produits manufacturés avec les marchands britanniques ou étrangers.
Les îles Shetland dans la seconde moitié du XVIIIe siècle : « un univers féminin »
25Le travail des femmes ainsi que l’absence des hommes nous incitent à nous demander si les îles Shetland sont déjà dans la seconde moitié du xviiie siècle, quelques décennies après l’introduction des fishing tenures, « un univers féminin ». Cette expression est empruntée au titre de l’ouvrage de Lynn Abrams, Myth and Materiality in a Woman’s World : Shetland 1800-200051. Elle y décrit comment au xixe siècle, bien que les discours construits sur les îles Shetland soient principalement masculins (pêcheurs héroïques, anciens vikings, etc.), les îles sont en fait transformées et dominées par les femmes. Elles y sont plus nombreuses numériquement et ont une présence active dans la vie sociale et économique de l’île. À tel point qu’en 1849, le capitaine Craigie les décrit comme étant « les meilleurs hommes dans les Shetland52 ».
26Dès les dernières décennies du xviiie siècle, les Shetlandaises sont, comme Lynn Abrams les décrit pour le xixe siècle, fortement impliquées dans l’économie et la société de l’archipel. Ainsi le pasteur de Northmavine, William Jack, écrit dans les années 1790 le texte suivant :
« Les femmes s’occupent des problèmes domestiques, élèvent les enfants, préparent à manger, s’occupent du bétail, filent, tricotent des chaussettes ; elles assistent aussi, et ne sont pas moins laborieuses que les hommes, pour le fumage des terres et les labours, la récolte, [etc.]. On apprend de bonne heure aux enfants à aider à la maison ; de nombreuses jeunes filles sont employées en mai et août pour couper des algues pour le kelp53. »
27Aussi, les femmes, en plus des tâches qu’elles effectuent déjà dans les premières années du xviiie siècle, sont dorénavant en charge de certaines activités agricoles et les jeunes filles participent au ramassage des algues. À travers cette implication dans l’agriculture et leur forte présence économique dans les industries du kelp et de la laine, il semble que l’on puisse dire des Shetland qu’elles sont déjà « un univers féminin » dans la seconde moitié du xviiie siècle. De plus, l’équilibre démographique est lui aussi rompu : les femmes sont plus nombreuses que les hommes54. Aucune source ne nous permet d’avoir des données chiffrées sur cette question avant les années 1790. Mais dans la dernière décennie du xviiie siècle, des données parcellaires permettent de statuer qu’il y a environ 116 femmes pour 100 hommes, trente ans plus tard, en 1821, on est passé à 121 femmes pour 100 hommes55. Il apparaît aussi que dès les années 1790, les personnes en situation de veuvage sont majoritairement des femmes. Les données de quatre paroisses semblent indiquer que les veuves représentent plus de 70 % des personnes en situation de veuvage56.
28Les hommes quittent les îles pour s’engager, pour de plus ou moins longues périodes, dans la Navy ou sur les bateaux groënlandais, et sont affectés par la surmortalité maritime. Les données quantitatives sur les décès en mer n’existent pas pour le xviiie siècle. Cependant, de nombreux documents font référence à la dangerosité de la mer. En 1700, John Brand explique que « la navigation autour de ces côtes est souvent très dangereuse, […] les eaux deviennent des tombes pour de nombreux habitants57 ». Trente ans plus tard, Thomas Gifford décrit comment le courant appelé le Roust, près de la pointe de Sumburgh head, est « souvent fatal pour les pauvres pêcheurs58 ». Dans son journal, le révérend John Mill fait de nombreuses références aux naufrages et aux morts en mer. En 1774 il écrit que le 21 juin « trois bateaux avec seize hommes furent perdus à la pêche… », il ajoute que cet accident laisse « soixante enfants sans père » dans la paroisse de Northmavine59. Cette perte est conséquente pour la paroisse de Northmavine qui perd soudainement un grand nombre de marins et de pères.
Tableau 1. – Déséquilibre démographique dans trois paroisses dans les années 1790.

Tableau 2. – Veuves et veufs dans quatre paroisses dans les années 1790.

29Dans les listes des pauvres dressées par l’assemblée paroissiale, figurent le plus souvent des femmes et particulièrement des veuves60. De même, les pasteurs affirment, dans leurs réponses à l’enquête statistique menée par sir John Sinclair dans les années 1790, que la mer est capricieuse et tue de nombreux hommes laissant leur femme veuve et leurs enfants orphelins61. Le pasteur de Delting, John Morison, écrit ainsi qu’il « se souvient que deux bateaux furent perdus en une nuit, cet accident laissa 10 veuves et 53 enfants orphelins de père62 ». Celui de Aithsting et Sandsting, Patrick Barclay, note que « [l]es fréquents malheurs à la pêche augmentent grandement le nombre de veuves et d’orphelins qui doivent recevoir de l’aide63 ». Ce veuvage, lié à la mort en mer de leur mari, place les femmes dans une situation de précarité où le recours à un réseau de sociabilité et de solidarités ainsi qu’à des revenus complémentaires est nécessaire.
30Face à la mer, les femmes shetlandaises, bien qu’elles ne pêchent pas, ne sont pas dépourvues : elles se rendent sur l’estran pour récolter algues et coquillages et elles profitent du transport côtier maritime pour pouvoir vendre leurs productions et se rendre chez d’autres où elles cultivent la sociabilité et les solidarités qui les préservent de la misère en cas de veuvage. Car c’est sur la mer que leur mari et fils pêchent ou sont contraints de joindre la Navy et c’est en mer qu’ils peuvent périr. Le développement de la pêche entraîne les hommes shetlandais loin de l’archipel et des travaux agricoles mais aussi, pour certains, vers la mort. Cependant, les femmes shetlandaises réorientent et renforcent leurs activités : elles continuent à tricoter et bénéficient des trajets maritimes des marchands britanniques et étrangers pour vendre leurs tricots et dégager un revenu complémentaire. Elles s’engagent dans la production du kelp, participent aux activités de la ferme et contribuent au maintien d’une activité agro-pastorale dans les Shetland. Enfin, elles contribuent, bien entendu, à la transmission des savoirs et des pratiques pour toutes ces activités. Ainsi, face à l’absence de leur mari, les femmes shetlandaises mettent en place des stratégies de production et de solidarité qui leur permettent de survivre. Elles reçoivent aussi le soutien des institutions de charité mises en place par la Kirk. Lors de son assemblée annuelle, la session paroissiale presbytérienne, composée des Anciens et du pasteur, dresse une liste des pauvres auxquels elle redistribue de petites sommes d’argent. Ces pauvres sont le plus souvent des femmes et leurs enfants appauvris par l’absence de leur mari ou son décès en mer. Ces femmes perçoivent ainsi une part du fonds paroissial dédié aux pauvres. Ces stratégies offrent aux femmes dès la seconde moitié du xviiie siècle une place particulière dans la société shetlandaise. La complexification des échanges et l’intensification des départs sur les bateaux de pêche et de la Navy renforcent cette situation au xixe siècle.
31Cette contribution a permis d’offrir un aperçu des rapports productifs que les femmes shetlandaises entretiennent avec la mer au cours du xviiie siècle. Qu’en est-il cependant de leurs rapports plus affectifs ou sensibles avec l’océan Atlantique et la mer du Nord ? Ont-elles toutes comme Margaret Chalmers, poétesse issue d’une famille aisée mais endettée, le regard qui porte vers l’horizon, et pensent-elles toutes que :
Pendant qu’à la beauté zénithale, l’été sourit,
Et pare de verdure les îles Shetland ;
Pour quelle raison, ô Nature ! (pouvons-nous te questionner)
Retiens-tu les richesses de la mer ?
Pourquoi le pêcheur usé par les vagues doit-il en vain
Supporter ainsi jours pénibles, et nuits blanches64 ?
Notes de bas de page
1 Chalmers M., Poems, Newcastle, S. Hodgson, 1813.
2 Chalmers M., « To the United Trades’ Society of Lerwick », Poems, Newcastle, S. Hodgson, 1813, p. 140-145.
3 Ibid., p. 144, cité par Fielding P., « Ultima Thule : The limits of the north », Scotland and the Fictions of Geography, Cambridge, Cambridge University Press, 2008, p. 146. Je souhaite remercier Malcolm Walsby, maître de conférences en histoire moderne à l’université Rennes 2, pour l’aide à la traduction de cette strophe.
4 Fielding P., « Ultima Thule », op. cit., p. 148.
5 Fenton A., « The Shore and the Sea », The Northern Isles : Orkney and Shetland, East Linton, Tuckwell Press Ltd., 1997, p. 552-562.
6 Abrams L., Myth and Materiality in a Woman’s World : Shetland 1800-2000, Manchester, Manchester University Press, 2010, 252 p.
7 Sunde J. Ø., « Not a stick of wood : Trade relations as the core of Shetland-Norwegian relations up till the mid 19th century », The New Shetlander, n° 253, 2010, p. 18-20.
8 Smith B., « Rents from the sea », Toons and Tenants, Settlement and society in Shetland 1299-1899, Lerwick, Shetland Times Ltd, 2000, p. 65-80 ; Smith H. D., Shetland Life and Trade 1550-1914, Édimbourg, John Donald Short Publishers Ltd., 2003, p. 49, 83-84.
9 Smith H. D., op. cit., p. 46.
10 Smith H. D., « The Ship Merchants, 1550-1710 », dans Shetland Life and Trade 1550-1914, Édimbourg, John Donald Publishers Ltd., 2003, p. 10-45.
11 Fenton A., The Northern Isles : Orkney and Shetland, East Linton, Tuckwell Press Ltd., 1997, p. 570 ; Wills J., Of laird and tenant : A study of the social and economic geography of Shetland in the eighteenth and early nineteenth centuries, based on the Garth and Gardie estate manuscripts., thèse de doctorat, université d’Édimbourg, Édimbourg, 1975, p. 272.
12 Smith H. D., « The Lairds, 1710-1790 », dans Shetland Life and Trade 1550-1914, Édimbourg, John Donald Publishers Ltd., 2003, p. 46-92.
13 Wills J. W. G., « The Zetland Method », dans Crawford B. E. (dir.), Essays in Shetland history : Heidursrit to T. M. Y. Manson, Lerwick, Shetland Times Ltd., 1984, p. 161-178.
14 Smith B., Toons and Tenants, Settlement and society in Shetland 1299-1899, Lerwick, Shetland Times Ltd., 2000, p. 71.
15 « A Compend of the Country Acts for directing the Rancell Men, and Society for regulating of Servants, and Reformation of Manners, with their Instructions », dans An Historical description of the Zetland Islands in the year 1733. With an appendix of illustrative documents, Sandwick, Thule Print Ltd., 1976, p. 93, acte 25 ; Menzies J., « United Parishes of Bressay, Burra, and Quarff », dans Sinclair J. (dir.), The Statistical Account of Scotland 1791-1799, vol. 10, p. 200 ; Morison J., « Parish of Delting », dans Sinclair J. (dir.), The Statistical Account of Scotland 1791-1799, vol. 1, p. 401.
16 Barclay P., « United Parishes of Aithsting and Sandsting », dans Sinclair J. (dir.), The Statistical Account of Scotland 1791-1799, vol. 7, p. 587 ; Jack W., « Parish of Northmaven », dans Sinclair J. (dir.), The Statistical Account of Scotland 1791-1799, vol. 12, p. 361.
17 Thomson D., « Parish of Walls and Sandness », dans Sinclair J. (dir.), The Statistical Account of Scotland 1791-1799, vol. 20, p. 106 ; Gordon J., « United parishes of North Yell and Fetlar », dans Sinclair J. (dir.), The Statistical Account of Scotland 1791-1799, vol. 13, p. 290 ; Mill J., « Parish of Dunrossness in Zetland », dans Sinclair J. (dir.), The Statistical Account of Scotland 1791-1799, vol. 7, p. 395 ; Morison J., « Parish of Delting », op. cit., p. 396 ; Barclay P., « United Parishes of Aithsting and Sandsting », op. cit., p. 597 ; Edmondston A., A View of the Ancient and Present State of the Zetland Islands. Including their Civil, Political, and Natural History, Antiquities and an Account of their Agriculture, Fisheries, Commerce, and the State of Society and Manners, Édimbourg, John Ballantyne and Co., 1809, vol. 2, p. 62-72 ; Robertson J. D. M., The press gang in Orkney and Shetland, Kirkwall, The Orcadian, 2011.
18 Wills J., « The volunteers », The New Shetlander, 117, 1976, p 29. Edmondston A., A View of the Ancient and Present State of the Zetland Islands, op. cit., p. 67-68.
19 Shetland Archives (SA), GD144/102/2, « Notebook with accounts of lint delivered to individuals, and linen yarn received from them, 1771-1772 » ; Low G., « Voyage to Schetland », dans A Tour Through the Islands of Orkney and Schetland : Containing Hints Relative to Their Ancient Modern and Natural History Collected in 1774, Inverness, Melven Press, 1978, p. 178 ; Morison J., « Parish of Delting », op. cit., p. 404-405 ; Mill J., « Parish of Dunrossness in Zetland », op. cit., p. 396-397 ; Gordon J., « United parishes of North Yell and Fetlar », op. cit., p. 287-288 ; Neill P., A Tour Through Some of the Islands of Orkney and Shetland, With a View Chiefly to Objects of Natural History, but Including Also Occasional Remarks on the State of the Inhabitants, Their Husbandry, and Fisheries, Édimbourg, A. Constable and Company and John Murray, 1806, p. 71 ; Edmondston A., A View of the Ancient and Present State of the Zetland Islands, op. cit., p. 4-5, 14-15, 65-66 ; Fenton A., The Northern Isles : Orkney and Shetland, East Linton, Tuckwell Press Ltd., 1997, p. 270, 491 ; Smith H. D., Shetland Life and Trade 1550-1914, op. cit., p. 87, 119.
20 Barclay P., « United Parishes of Aithsting and Sandsting », op. cit., p. 588 ; Mouat T. et Barclay J., « Island and parish of Unst in Shetland », dans Sinclair J. (dir.), The Statistical Accounts of Scotland 1791-1799, vol. 12, p. 192 ; Sands J., « Parish of Lerwick », dans Sinclair J. (dir.), The Statistical Accounts of Scotland 1791-1799, vol. 3, p. 416.
21 « Abstract of the answers and returns to the Shire of Orkney and Shetland », Abstract of the Answers and Returns Made pursuant to an Act, passed in the Forty-ffrst Year of His Majesty King George III. Intituled, “An Act for taking an Account of the Population of Great Britain, and the Increase or Diminution thereof” : Enumeration, 1801, Part II. Scotland, p. 534.
22 Thomson W. P. L, « Merchant-Lairds and the Great Kelp Boom », dans The New History of Orkney, Édimbourg, Birlinn, 2008, p. 352.
23 Edmondston A., A View of the Ancient and Present State of the Zetland Islands, op. cit., p. 5.
24 Ibid., p. 6. Voir aussi Jameson R., An outline of the mineralogy of the Shetland Islands, and of the Island of Arran : Illustrated with copper-plates. With an appendix ; containing observations on peat, kelp, and coal, Printed for William Creech, 1798, p. 188-189 ; Shetland Archives (SA), SC12/6/1781/13, « Petition (carrying of tang.) », 1781.
25 Smith H. D., Shetland Life and Trade 1550-1914, op. cit., p. 118.
26 Fea J., Considerations of the Fisheries in the Scotch Islands, Londres, 1787, p. 77-78.
27 Mouat T. et Barclay J., « Island and parish of Unst in Shetland », op. cit., p. 192 ; Jameson R., An outline of the mineralogy of the Shetland Islands, and of the Island of Arran, op. cit., p. 188 ; Edmondston A., A View of the Ancient and Present State of the Zetland Islands, op. cit., p. 6 ; Fenton A., The Northern Isles, op. cit., p. 59.
28 Barclay P., « United Parishes of Aithsting and Sandsting », op. cit., p. 588.
29 SA, SC12/6/1797/50, « Petition for damages (awaytaking of kelp) », 1797.
30 Unité de poids originaire de la région de la mer Baltique, adoptée dans les Orcades et les Shetland et utilisée particulièrement pour les mesures de céréales, de malt et de beurre, d’environ 12 livres Scots à 30 livres Scots.
31 Low G., « Voyage to Schetland », op. cit., p. 146.
32 Alvinerie M. et Mage C., Parasites des Moutons : Prévention, Diagnostic, Traitement, Paris, France Agricole, 2008, p. 65.
33 SA, SC12/6/1794/15/8, « Petition (interdict against illegal dyke.) Bundle 8 : Petition of Gideon Gifford of Busta Conviener of the Commissioners of Supply for Zetland », 1794.
34 Smith B., « Stockings and mittens, 1580-1851 », dans Laurenson S. (dir.), Shetland Textiles : 800 BC to the Present, Lerwick, Shetland Amenity Trust, 2013, p. 52.
35 Ibid., p. 52.
36 Hibbert S., A Description of the Shetland Islands, Comprising an Account of their Geology, Scenery, Antiquities, and Superstitions, Édimbourg, Archibald Constable and Co., 1822, p. 499-500.
37 Laing J., « Of the Shetland Isles », A voyage to Spitzbergen containing an Account of that Country, of the Zoology of the North ; of the Shetland Isles ; and of the Whale Fishery, Édimbourg, Printed for the author, 1818 rééd. 1825, p. 36.
38 Voir par exemple : Brand J., « A Brief Description of Orkney, Zetland, Pightland-firth, and Caithness, 1701 », dans Pinkerton J. (dir.), A General Collection of the Best and Most Interesting Voyages and Travels in all Parts of the World, Londres, Printed for Longman, Hurst, Rees and Orme, Paternoster-Row and Cadell and Davies, in the Strand, 1809, vol. 3, p. 783-784 ; Mill J., The Diary of the Reverend John Mill, Minister of the Parishes of Dunrossness Sandwick and Cunningsburgh in Shetland, 1740-1803. With Selections from Local Records and Original Documents Relating to the District, Édimbourg, Edinburgh University Press, 1889, p. 13, 84 ; Low G., « Voyage to Schetland », op. cit., p. 68 et 79 ; Fea J., Considerations of the Fisheries in the Scotch Islands, op. cit., p. 86 ; Neill P., A Tour Through Some of the Islands of Orkney and Shetland, op. cit., p. 180 ; Hibbert S., A Description of the Shetland Islands, op. cit., p. 112, 420, 430, 518 ; Laing J., « Of the Shetland Isles », op. cit., p. 35.
39 Low G., « Voyage to Schetland », op. cit., p. 67.
40 Gifford T., An Historical description of the Zetland Islands in the year 1733. With an appendix of illustrative documents, Sandwick, Thule Print Ltd, 1976, p. 85-86 ; Edmondston A., A View of the Ancient and Present State of the Zetland Islands, op. cit., p. 342.
41 Edmondston A., AView of the Ancient and Present State of the Zetland Islands ; Including their Civil, Political, and Natural History ; Antiquities and an Account of their Agriculture, Fisheries, Commerce, and the State of Society and Manners, Édimbourg, John Ballantyne and Co., 1809, vol. 1, p. 178.
42 Fenton A., The Northern Isles, op. cit., p. 229.
43 Ibid., p. 229.
44 Fenton A., « The Land and Its Produce », dans The Northern Isles : Orkney and Shetland, East Linton, Tuckwell Press Ltd., 1997, p. 278-279.
45 Fenton A., The Northern Isles, op. cit., p. 464.
46 National Archives of Scotland (NAS), RH11/29/1, « Dunrossness Sandwick and Cunningsburgh : Bailie Court Book », 1731-1735, p. 4.
47 Abrams L., Myth and Materiality in a Woman’s World, op. cit., p. 122-153.
48 Barclay P., « United Parishes of Aithsting and Sandsting », op. cit., p. 587.
49 Fea J., Considerations of the Fisheries in the Scotch Islands, op. cit., p. 36.
50 Gordon J., « United parishes of North Yell and Fetlar », op. cit., p. 287-288.
51 Abrams L., Myth and Materiality in a Woman’s World, op. cit.
52 Ibid., p. 1.
53 Jack W., « Parish of Northmaven », op. cit., p. 358.
54 Menzies J., « United Parishes of Bressay, Burra, and Quarff », op. cit., p. 198 ; Mill J., « Parish of Dunrossness in Zetland », op. cit., p. 395 ; Gordon J., « United parishes of North Yell and Fetlar », op. cit., p. 285 ; Jack W., « Parish of Northmaven », op. cit., p. 356 ; Barclay P., « United Parishes of Aithsting and Sandsting », op. cit., p. 592 ; Mouat T. et Barclay J., « Island and parish of Unst in Shetland », op. cit., p. 199.
55 Menzies J., « United Parishes of Bressay, Burra, and Quarff », op. cit., p. 198 ; Jack W., « Parish of Northmaven », op. cit., p. 356 ; Barclay P., « United Parishes of Aithsting and Sandsting », op. cit., p. 592-594 ; Abrams L., Myth and Materiality in a Woman’s World, op. cit., p. 66.
56 Gordon J., « United parishes of North Yell and Fetlar », op. cit., p. 285-286 ; Jack W., « Parish of Northmaven », op. cit., p. 356 ; Barclay P., « United Parishes of Aithsting and Sandsting », op. cit., p. 592-594.
57 Brand J., « A Brief Description of Orkney, Zetland, Pightland-firth, and Caithness, 1701 », op. cit., p. 733.
58 Gifford T., An Historical description of the Zetland Islands in the year 1733, op. cit., p. 3-4.
59 Mill J., The Diary of the Reverend John Mill, op. cit., p. 41.
60 Voir par exemple : SA, CH2/112/1, « Dunrossness kirk session minutes », 1764-1841 ; SA, CH2/325/1, « Sandwick and Cunningsburgh kirk session minutes », 1755-1842 ; SA, CH2/286/1-2, « Northmavine kirk session minutes », 1729-1834 ; SA, CH2/385/1-2, « Unst kirk session minutes », 1720-1843.
61 Morison J., « Parish of Delting », op. cit., p. 388 ; Gordon J., « United parishes of North Yell and Fetlar », op. cit., p. 286 ; Barclay P., « United Parishes of Aithsting and Sandsting », op. cit., p. 591 ; Mouat T. et Barclay J., « Island and parish of Unst in Shetland », op. cit., p. 200.
62 Morison J., « Parish of Delting », op. cit., p. 53.
63 Barclay P., « United Parishes of Aithsting and Sandsting », op. cit., p. 591.
64 Chalmers M., « Lines (Written on the occasion of a Boat, with six Men, being lost while prosecuting the Fishery) », Poems, Newcastle, S. Hodgson, 1813, p. 135. Je souhaite remercier Malcolm Walsby, maître de conférences en histoire moderne à l’université Rennes 2, pour l’aide à la traduction de cette strophe.
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