Montault, premier préfet de Maine-et-Loire
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Texte intégral
1Les institutions ne valent souvent que par les hommes qui les incarnent, et parfois les marquent du sceau de leur personnalité. Aussi nous attacherons-nous ici au premier, mais éphémère, préfet du département, Pierre Montault-Desilles, qui reste en poste trente mois, de sa nomination officielle, le 11 ventôse VIII, à son rappel, le 30 fructidor X. Pourquoi ce choix ? pourquoi si peu de temps ? et qu’a-t-il eu le temps de faire ?
2À bien des égards, Pierre Montaut-des-Illes est un « ci-devant », représentant de la robe provinciale, qui finalement a traversé sans trop d’encombres la Révolution. Son grand-père paternel, prénommé Pierre, est procureur au bailliage de Loudun, son père, prénommé Charles-Pierre, se dit écuyer et procureur du roi à l’élection de Loudun. Lui-même semble donc promis à une carrière juridique au moins égale. Il est le second d’une fratrie de six, né et baptisé le 9 mai 1751 en l’église Saint-Pierre-du-Marché, à Loudun, paroisse où ses parents se sont mariés cinq ans plus tôt1. Mais son père meurt à 34 ans, en décembre 1757. Sa mère et tutrice, Elisabeth Rambault, est fille d’un petit noble, Julien-Charles, seigneur d’Aubois, et d’Elisabeth Diotte de Lavalette, famille d’anoblis loudunois d’origine robine2, à laquelle le futur préfet s’allie en secondes noces, par un renchaînement, en juillet 1789. Comme son dernier frère Charles, le futur évêque d’Angers (né le 30 avril 1755), il fréquente vraisemblablement le collège (jansénisant) de l’Oratoire à Saumur3, puis l’Université de Poitiers où il obtient sa licence en droit. Exerce-t-il quelque temps le métier d’avocat, avant d’acheter, en 1776 (donc à 25 ans), selon sa propre notice biographique4, un office (anoblissant au premier degré) de secrétaire du roi à la Chancellerie du Parlement de Rouen5 ? L’année suivante, il épouse Madeleine-Louise Chartier de Langis, fille du receveur particulier en l’élection de Loudun. On ignore s’il remplit à Rouen les fonctions (à temps partiel, un semestre par an) de sa charge de conseiller-secrétaire de chancellerie, mais il semble toujours vivre à Loudun comme receveur particulier des finances, successeur de son beau-père, à la fin de l’Ancien Régime. Son cousin Daniel Montault, bailli de Loudun, y préside, en mars 1789, l’assemblée électorale des trois ordres, mais on ignore si lui-même y participe6. On le trouve, en revanche, l’année suivante parmi les fondateurs de la Société locale des Amis de la Constitution.
3Son frère Charles, ordonné prêtre à Poitiers en avril 1783 et aussitôt nommé vicaire dans sa paroisse natale de Saint-Pierre-du-Marché7, adhère également à la Révolution : en juin 1790, il devient administrateur du district, puis, en juillet, du Département et même membre du directoire8. Il prête naturellement serment à la Constitution civile du Clergé en janvier 1791 – plus tard, devenu évêque concordataire, il prétendra avoir alors « songé à émigrer » et expliquera a posteriori sa décision par les « soupirs journaliers » de sa mère « qu’il voyait à ses genoux le supplier avec larmes de ne pas quitter le toit paternel et d’épargner à sa vieillesse un chagrin qui la conduirait promptement au tombeau ». Subit-il aussi l’influence de son frère Pierre, partisan des nouvelles institutions et aussi élu administrateur du Département ? Le 2 septembre 1791, le collège des électeurs de la Vienne le désigne, par 382 voix, comme troisième député à la Législative, où, dit-il en 1814, « il vote constamment avec la minorité qui défendait la monarchie et les personnes qui lui étaient restées fidèles9 ». Membre du Comité des assignats et des monnaies, il se fait uniquement remarquer, le 4 juin 1792, en proposant l’impression sans numérotation des assignats de moins de cent sous, « désirant faire jouir le plus promptement possible les départements du bienfait de cette impression »10. Il s’y lie d’amitié avec Jean-Claude Beugnot, député modéré de l’Aube, relation plus tard déterminante dans sa nomination à la préfecture de Maine-et-Loire. Remarquons que deux jours après son élection, le même collège électoral de la Vienne élit, par 244 voix sur 321, son cadet Charles, alors vicaire jureur à la cathédrale et toujours administrateur du Département, à l’âge de trente-six ans, évêque constitutionnel, en remplacement du premier évêque élu, René Lecesve, décédé deux mois après son élection. Sacré dans la cathédrale de Poitiers, le 23 octobre, par ses collègues Suzor, évêque d’Indre-et-Loire, Rodrigue de Vendée et Mestadier des Deux-Sèvres, il s’efforce paradoxalement d’être l’évêque de tous les prêtres de son diocèse, réfractaires hostiles et jureurs favorables à la Révolution. Dans une lettre pastorale du 6 mars 179211, dans laquelle il se déclare par ailleurs « attaché de tout mon cœur, de toutes les facultés de mon âme à la chaire de Saint Pierre », il écrit, à un moment où les « patriotes » réclament partout l’incarcération, ou du moins l’assignation à résidence des insermentés12 :
« Pour vous, ministres du Seigneur, respectables dissidents qui n’avez montré qu’une erreur paisible et qui, si elle était examinée dans sa source, parait tenir à de grandes vertus, vous qui, avec des opinions inciviques, êtes vrais citoyens et aimez la Patrie, vous qui craignez de causer du trouble dans l’État et qui n’avez refusé de vous soumettre à la Loi que pour ménager de prétendus intérêts de l’Église au préjudice de plus grands intérêts de l’État, ne craignez pas que ma bouche se prête jamais contre vous à la moindre inculpation. Non, vous n’avez rien perdu dans mon esprit de la vénération que vous ont acquise d’anciennes vertus, et Dieu m’est témoin que je m’exposerais à mille persécutions pour vous en éviter une seule […] Pensez librement sur la Révolution, parlez de tout ce qui alarme dans notre Constitution vos âmes timorées, puisque la paix se marie sur vos lèvres avec des opinions inciviques ; loin de vous contrister par de durs reproches, je n’aurai jamais pour vous que les expressions de l’amour et les procédés de la plus ardente charité ».
4Cette lettre est d’autant plus étonnante qu’elle émane d’un administrateur du Département, réélu à l’automne 1792 et même porté à sa présidence (jusqu’au 8 septembre 1793, où il est démis de ses fonctions par les représentants en mission Choudieu et Richard, au lendemain de la crise fédéraliste). Ses prises de position publique lui valent donc d’être arrêté en novembre 1793, et d’entraîner avec lui son frère aîné, qui paie aussi sa position de député hostile à la journée du 10 août 1792 – et son retrait immédiat de toute activité publique. Leur emprisonnement commun à la Visitation de Poitiers, avec transfert du cadet à Paris devant le Tribunal révolutionnaire, en messidor II, dure jusqu’au lendemain de Thermidor (Charles, enfermé à la Conciergerie, n’est toutefois libéré qu’à la fin de l’année). Retiré momentanément dans la propriété familiale de Niré, près de Loudun, Pierre reparaît dans la vie publique lors de la mise en place de la Constitution républicaine et censitaire de l’an III (proclamée le 1er vendémaire IV, 23 septembre 1795) : le 12 brumaire IV (3 novembre 1795), il est élu, par l’assemblée primaire du canton, président de l’administration municipale (cantonale) de Loudun. Quinze mois plus tard, le 22 germinal V (11 avril 1797), lors du renouvellement du tiers des Conseils, il est élu par le collège électoral du département, avec 122 voix sur 183 votants, député de la Vienne au Conseil des Anciens (il a en effet alors plus de quarante ans) et le reste au coup d’État de fructidor, preuve qu’il n’est pas ouvertement suspecté de royalisme. Dans sa notice autobiographique de 1814, il déclare pourtant y avoir « été uni d’opinion à ses collègues Lebrun, Barbé-Marbois, Malleville (sic) » – références hautement significatives de ses opinions sous le Directoire, et aussi de la similitude de leurs trajectoires personnelles13. Le premier, fils d’un secrétaire du roi et officier de finances, député du bailliage de Dourdan aux États Généraux, puis, après la Constituante, président du Département de Seine-et-Oise, a comme lui, cessé toute fonction publique au 10 août 1792, subi la prison sous la Terreur, et, élu aux Anciens en octobre 1797, pris parti contre toutes les mesures « jacobines » du Directoire ; le second, diplomate et administrateur colonial sous l’Ancien Régime, élu aux Anciens dans le « troisième tiers », en octobre 1795, est « fructidorisé » comme clichyen et déporté en Guyane, d’où l’amitié de Lebrun le tire après le coup d’État de Brumaire pour le faire entrer au Conseil d’État ; le demier, de petite noblesse périgourdine, a été avocat au Parlement de Bordeaux, administrateur, puis président du Département de la Dordogne en 1790 ; élu lui aussi dès octobre 1795 aux Anciens, également Clichyen, il échappe cependant (comme Montault) à la proscription des 18 et 19 fructidor. En 1814, Montault omet volontairement le nom de Portalis, artisan de sa disgrâce en 1802, mais qui fait partie du même groupe de députés « modérés » aux Anciens : lui aussi ancien élève des Oratoriens (à Aix, puis à Toulon), avocat au Parlement d’Aix, défenseur de la tolérance religieuse, mais hostile aux nouvelles institutions de 1789, inscrit sur la liste des émigrés pour avoir quitté la Provence, emprisonné à Paris sous la Terreur, et élu en octobre 1795 aux Anciens, où il combat la législation sur les émigrés et les réfractaires, et réclame la suppression des clubs ; évidemment « fructidorisé » et contraint à l’exil (en Allemagne), d’où le tire aussi l’amitié de Lebrun, personnage central de ce petit noyau de réformistes anti-démocrates, nostalgiques de l’esprit (élitaire, sinon autoritaire) des Lumières. Rallié au coup d’État de Brumaire, membre de la Commission intérimaire chargée d’avaliser la nouvelle Constitution du 22 frimaire VIII, Montault fait partie des 97 membres des Anciens choisis par le Sénat conservateur, le 4 nivôse VIII (25 décembre 1799), pour composer le nouveau Corps législatif de 300 membres muets, où il représente son département d’origine.
5Tel est l’homme, presque quinquagénaire, qu’après le refus du général Hédouville14, candidat de l’abbé Bernier, Lebrun et Beugnot portent à la préfecture d’Angers, lors de la première promotion de préfets, le 11 ventôse VIII (2 mars 1800). Dès avant son installation officielle à l’hôtel de Lantivy, prévue le 8 germinal (29 mars 1800), il fait imprimer (chez Mame, imprimeur du Département depuis l’an II) une Adresse à ses concitoyens15, très révélatrice de sa pensée politique, à ce moment qui clôt la Révolution et fonde un nouveau régime qui s’en inspire néanmoins, très révélatrice aussi de sa formation classique :
« La Révolution était devenue le patrimoine des factions et la république une arène où toutes les passions soulevées se livraient à des combats cruels. Au-dedans, ni liberté politique, ni liberté civile, nulle ombre de garantie sociale ; au-dehors, ni confiance, ni dignité, nulle considération. Déjà la victoire avait déserté nos drapeaux, déjà nos armées jadis chargées de trophées et de gloire, avaient vu flétrir leurs lauriers au grand étonnement de nos ennemis, au scandale de l’Europe ».
« La République était en danger ! Mais rendu à son pays par le génie de la liberté, le héros de la France s’empare du char de la Révolution, de la même main dont il guida celui de la victoire. Quel changement soudain de fortune et de scène ! […] Tout à coup, la révolution reprend ce caractère imposant, ce caractère auguste qui la signala dans les beaux jours. Une crise heureuse et simultanée s’opère dans les idées, dans les esprits et dans les cœurs. L’ennemi de la liberté est tout étonné de sentir sa haine s’éteindre et ses blasphèmes expirer sur ses lèvres. Eh ! qui n’aimerait pas un gouvernement dont tous les actes portent l’empreinte de la sagesse et le sceau de la justice, un gouvernement dont toutes les paroles sont de paix, de bienveillance et de concorde ; dont tous les vœux, tous les moyens, tous les efforts ont pour objet la félicité publique et individuelle ? […] Détournez à jamais les yeux de ces tem(p)s de vertige ; abjurez tout sentiment de haine et de vengeance et n’ouvrez vos cœurs qu’aux affections douces et généreuses. Qu’une noble émulation s’empare de toutes les âmes ; que l’industrie reprenne son ressort et son activité ; que les sources et les canaux de l’abondance se rouvrent de toutes parts et portent la vigueur et la vie dans tous les membres du corps social ».
« Respectables habitants des campagnes, classe si précieuse aux yeux du politique et du sage, vous tiendrez toujours la première place dans mon cœur : vous aurez toujours les premiers droits à mon intérêt, à ma sensibilité, à mes soins. Restez dans vos chaumières16, retournez à vos champs, ils n’attendent que vos bras pour se couvrir des plus riches moissons. Ne craignez plus d’honorer celui qui les fait croître et mûrir ; le gouvernement respecte vos opinions et protégera votre culte17 ; il est loin de condamner l’élan du cœur, le cri de la reconnaissance. Et vous, négociants honnêtes, enfan(t)s de la paix et bienfaisan(t)s comme elle, vous qui tenez en main cette grande chaîne qui unit les cités et les nations, vous qui réparez envers elle les erreurs et les inégalités de la nature dans la distribution des richesses, reprenez, étendez vos relations commerciales. L’assiet(t)e fixe et durable du gouvernement, son respect religieux pour la propriété, tout appel(l)e, tout favorise vos travaux et vos spéculations ».
« Pourrais-je oublier ici les sciences, les lettres et les arts, ces ornements brillants de l’édifice social, comme l’agriculture et le commerce en sont la base ? […] ».
« Citoyens, après dix ans de sacrifices, il est pénible sans doute de vous en demander encore ; mais la patrie réclame un dernier effort qui doit couronner les autres et vous en assurer la paix. C’est l’Angleterre qui l’a voulu, cette insolente dominatrice des mers a répondu par un cri de guerre à la voix pacifique du Premier Consul. Eh bien ! puisqu’elle a soif de guerre, nous la lui porterons, mais décisive, mais terrible, comme il convient à une grande nation outragée […] Ne souffrez pas que le défaut des moyens enchaîne la valeur de nos héros et ne les retienne dans une honteuse inertie. Empressez-vous d’acquitter vos contributions, ce fut dans tous les tem(p)s un devoir, ce doit être aujourd’hui une jouissance. L’argent, vous le savez, est le nerf de la guerre, ne le placerez-vous pas à un haut intérêt, puisqu’il doit concourir à vous donner la paix ? »
« Et vous, florissante jeunesse, l’espoir et l’honneur de la patrie, vous avez entendu sa voix, elle a fait palpiter vos cœurs généreux. Tournez vos regards vers Dijon18, c’est là le champ de la gloire, c’est là le rendez-vous des braves. Voyez la jeunesse parisienne s’arracher à l’envi du sein des plaisirs et des bras de la volupté […] Mais qu’avez-vous besoin d’exemples étrangers ? N’êtes-vous pas les enfants de ces braves Angevins qui repoussèrent avec tant de vigueur 60 000 insurgés ?19 N’a-t-on pas vu sortir de ce département des bataillons tout armés, comme les soldats de Cadmus sortaient de la terre ? »
« Citoyens de tous les états, de tous les partis, de toutes les opinions, vous avez des droits égaux à la justice, à la protection du gouvernement. Je n’apporte au milieu de vous ni préventions, ni haine, je ne veux ni ne dois faire acception de personne. N’est-il pas tem(p)s de mettre un terme à la lutte des passions ? N’est-il pas tem(p)s de renverser ces barrières funestes qu’elles ont élevées partout et jusqu’au sein des familles ? Impassible comme la loi dont je suis l’organe, supérieur à toute considération locale et partielle, je ne veux voir dans mes administrés que des hommes au bonheur desquels je me suis entièrement dévoué. Oui, citoyens, votre bonheur sera l’objet constant de ma sollicitude et de mes veilles ; puisse-t-il en être aussi le résultat et la récompense ! »
6Il se présente donc, à l’image du nouveau maître de la France, en pacificateur d’un département particulièrement éprouvé par la guerre civile, et en restaurateur de la prospérité, gage du retour de la paix intérieure. L’une de ses premières tâches, à son arrivée, est d’organiser son conseil de préfecture, chargé de préparer son travail et d’assurer la permanence du pouvoir en cas d’absence ou d’empêchement. Le premier nommé, le 20 avril, est Mamert Coullion, à peine quarante ans (il est né à Angers en mai 1759), marchand drapier aisé de la rue de la Poissonnerie, marié, deux enfants, fils de marchand notable (son père Pierre-Jacques Coullion de la Douve, décédé en 1782, a été consul en 1764 et échevin en 1770)20, qui a déjà une solide expérience administrative et électorale : officier municipal en janvier 1790, administrateur (girondin) du département en novembre 1792, député aux Cinq-Cents de l’an V à Brumaire. Dix jours plus tard, après l’avoir jugé, il en fait le secrétaire général de la préfecture. Deux autres conseillers résidents à Angers, nommés à la fin d’avril, ont également prouvé leur attachement à la Révolution. Isaac-Michel Maslin (1753-1819) est le dernier président de l’administration municipale (cantonale) d’Angers, élu en thermidor VII : ce marchand-droguiste de la rue Baudrière, célibataire, est un ancien militant jacobin, membre des Amis de la Constitution en 1790, notable (conseiller municipal) de la ville en 1791, officier municipal en novembre 1792, membre nommé (par Francastel) du directoire du Département en ventôse II, maintenu au Département après Thermidor et alors admis au club démocratique des Droits de l’Homme. Jean-François Leterme-Saulnier, originaire de Laval (1761-1840), est lui aussi un négociant (en lins et chanvres), marié, père de trois enfants, devenu officier municipal d’Angers en novembre 1792 ; membre de la commission révolutionnaire nommée par arrêté des représentants Choudieu et Bourbotte, le 8 juillet 1793, il en démissionne en octobre suivant, lorsqu’il est nommé administrateur du Département, dont il devient ensuite membre du directoire à la fin de floréal II (juste après le rappel de Francastel) ; il est enfin élu député aux Cinq-Cents en floréal VI. J. B. Bourgeois, nommé le même jour que Coullion, est le plus jeune (né à Angers en août 1765), le moins aisé (avec un revenu de 1 000 F par an) et sans doute aussi le moins républicain des conseillers : cet ancien colon de Saint-Domingue, major général des troupes de la colonie en 1791, d’où il revient en 1792, élu président de l’administration municipale d’Angers en vendémiaire VI, est destitué par arrêté du Directoire, le 21 thermidor VII, parce que « ses principes et sa conduite ne donnent aucune garantie de son attachement à la République »21. Le plus âgé, nommé en 1801 à 70 ans (il est né à Cognac en juin 1731), est un ancien avocat du roi à la sénéchaussée de Saumur, Jean-André Delafargue, partisan de la création d’un département de Saumur à la fin de 1789, officier municipal en 1790, commissaire du roi près du tribunal de Parthenay en 1792, arrêté comme royaliste en mai 1793, relâché lors de débâcle de juin, entré ensuite dans l’administration des guerres, redevenu avocat à Saumur à la fin du Directoire. Le dernier conseiller représente le Baugeois (on notera qu’aucun n’est, d’une façon ou d’une autre, lié aux Mauges naguère insurgées) : Louis-Joseph Bardet (né à Corzé en juillet 1749), marié, deux enfants, est un ancien clerc tonsuré devenu « homme de loi » à Corzé, élu président du district de Baugé en juin 1790, administrateur du Département en 1791, arrêté comme fédéraliste en septembre 1793 et transféré à Amboise (ce qui lui évite le sort de ses collègues renvoyés devant le Tribunal révolutionnaire à Paris), libéré après Thermidor, juge élu au tribunal civil d’Angers en 1796, membre du jury départemental d’instruction publique et de la commission municipale des Hospices. Ainsi Montault s’entoure d’hommes acquis aux idéaux révolutionnaires de 1789, et à la forme républicaine, ou du moins représentative, des institutions, mais dont aucun n’a de sang sur les mains.
7Le préfet s’emploie aussitôt à rayer une trentaine de noms de la liste des émigrés, et donc à « faire rentrer les familles les plus notables de l’Anjou dans la totalité ou partie de leur fortune ». Parmi les bénéficiaires, outre l’abbé Bernier, il suffit d’évoquer les Andigné, Armaillé, Autichamp, Contades, Dreux-Brézé, Pays-Lathan22. Il s’applique ensuite à apaiser les passions religieuses. À l’automne 1800, il commence par l’arrondissement de Beaupréau ses tournées d’inspection dans le département, achevées en mars 1801. « Je ne dois pas vous dissimuler », écrit-il alors au ministre de la Police générale23, « que les prêtres dits réfractaires sont infiniment plus suivis dans ce département et incomparablement plus que les autres. Cela tient à différentes causes, dont voici les principales :
8Les opinions religieuses ne sont nulle part aussi profondément enracinées que dans ces contrées.
9L’intolérance y a constamment été extrême depuis le début de la Révolution : une si longue privation de culte a dû allumer et a en effet allumé l’ardeur religieuse.
10Les prêtres réfractaires ont pour eux l’intérêt si puissant du malheur et de la persécution.
11Les autres ont presque tous, pendant la Terreur qui a tant pesé sur ce département, été obligés de se marier24 ou de faire des rétractations publiques qui les ont discrédités.
12Il rentre beaucoup de mode et d’engouement dans le zèle qu’affectent les sectateurs de ces prêtres, ce qui semble annoncer qu’il ne sera pas durable ».
13Est-ce pour l’aider à résoudre ce délicat problème qu’il pousse son frère Charles, l’ancien évêque constitutionnel qui a cessé toute activité pastorale depuis sa sortie de prison, à faire le premier sa soumission au pape, le 5 mars 1802, un mois et demi avant la promulgation solennelle du Concordat ? Dans sa « supplique au Très Saint Père », remise au cardinal Caprara, Charles Montault, « fils très humble, très obéissant et très soumis de Votre Sainteté », reconnaît « comme illégitime et schismatique la convocation et célébration des soi-disants conciles diocésains, provinciaux et nationaux tenus par les constitutionnels auxquels, cependant, je n’ai point assisté et pris aucune part », et conclut habilement : « Puisse ma démarche contribuer à l’extinction du schisme qui désole l’Église de France ! Je m’en réjouirai dans toute la sincérité de mon cœur et ce jour sera le plus beau de ma vie »25. Sa démarche est évidemment agréée par le légat Caprara et, le 11 mars suivant, il est absout de toutes censures par le curé de Saint-Sulpice, Pancemont26. Le 9 avril, un arrêté du Premier Consul le nomme au siège d’Angers, dont il reçoit l’investiture canonique par Caprara cinq jours après. Le 18 avril (28 germinal X), jour de Pâques, il prête, par écrit, à Notre-Dame de Paris, serment de fidélité au Premier Consul, avec tous ses confrères nouvellement nommés.
14En attendant l’arrivée et l’installation solennelle de son frère, parti effectuer une retraite à Loudun, le préfet demande au conseil général de voter une subvention exceptionnelle de 30 000 F (et en obtient 20 000) pour réparer la cathédrale, transférer la bibliothèque de l’École centrale qui occupe l’ancien évêché et « mettre la maison épiscopale en état de loger convenablement l’évêque et ses vicaires généraux ». Puis il part, à la fin de mai, chercher son frère. Les « deux autorités » quittent ensemble leur ville natale, le dimanche 30 mai, et passent quelques heures plus tard par Saumur, à l’entrée de laquelle attend le vicaire de Saint-Pierre, Louis-Jacques Breton (ordonné en 1797 en Espagne, où s’est aussi réfugié son curé, l’intraitable Jean-René Forest27, rentré en avril 1800), pour conduire directement l’évêque au presbytère de Saint-Pierre. Celui-ci fait contre mauvaise fortune bon cœur. « Il félicite M. Forest et tous ses prêtres d’avoir déployé un noble courage au sein des troubles passés […], leur avoue qu’il n’a pas eu le même bonheur, se reconnaît indigne d’être leur évêque et leur demande pardon de sa faute, comme s’il les avait offensés personnellement. Il représente ensuite amicalement à l’abbé Forest qu’il est attendu à Nantilly, et l’engage à l’y accompagner […] Là, Monseigneur épanche son cœur au milieu d’eux comme un père au milieu de ses enfants, exhortant les uns les autres à la paix et à l’union qui doivent naturellement exister entre les membres d’une seule et même famille28 ». Ce premier contact avec son clergé l’amène donc à adopter spontanément la même attitude conciliante qu’en mars 1792 à Poitiers, mais avec quelle chance de succès ?
15L’évêque arrive à Angers dans la soirée du 31 mai. « Aussitôt qu’il a été aperçu, toutes les cloches se sont fait entendre […] Arrivé à la maison de son frère le préfet, il a paru un instant sur le balcon et a salué avec cordialité le peuple qui l’accueillait avec tant de plaisir », relatent sur ordre du préfet les Affiches d’Angers. Mais ni les autorités judiciaires, ni le général commandant la garnison ne se sont déplacés. Le lendemain 1er juin, l’évêque reçoit la visite du clergé de la ville. Il invite les neuf membres « du presbytère constitutionnel d’Angers » à revenir le voir le lendemain pour signer une déclaration qu’ils acceptent après deux légères modifications29. Puis il les mande le lendemain à une réunion de réconciliation avec « les ecclésiastiques de l’autre opinion ». L’un d’eux raconte : « M. l’évêque, dans un discours aussi pathétique qu’insinuant, déclare s’être rétracté devant M. le cardinal-légat du serment qu’il avait fait de se soumettre à la Constitution civile du clergé, il espérait qu’ils voudraient bien lui pardonner d’avoir persécuté l’Église, puisqu’il en avait témoigné un repentir sincère qu’il ressentirait toute sa vie, et qu’il les priait de nous accorder la même grâce, parce que nous avions fait entre ses mains la rétractation qu’il avait exigée de nous : qu’il se réservait de nous relever lui-même des censures et irrégularités que nous avions encourues »30. L’évêque, pour se concilier les anciens réfractaires, a été maladroit et blessant pour les constitutionnels, même s’il s’en défend dans une lettre à Portalis écrite deux semaines plus tard, le 19 juin31. « J’avais pris sur moi tout l’odieux de la Constitution civile du clergé, en représentant qu’à raison de mes anciennes opinions j’étais […] le seul coupable. Tout était parfaitement disposé lorsque les signataires de la déclaration s’élevèrent avec force contre leur propre écrit et démentirent verbalement ce qu’ils avaient signé, et cela publiquement devant tout le clergé […] ». L’échec est avéré. En conséquence, aucun des constitutionnels n’est autorisé à assister à l’installation solennelle de l’évêque dans sa cathédrale, le dimanche 6 juin, en présence cependant des autorités civiles et militaires de la ville, grâce à l’entremise de Bernier, qui ne voulait pas d’esclandre dans son diocèse d’origine. « M. l’évêque d’Angers officia pontificalement et prononça un discours empreint de cette charité, de cette onction qui le caractérise, dans lequel il fit des vœux pour la réunion de tous les fidèles […] et protesta qu’il n’épargnerait rien pour parvenir à un si heureux résultat », lit-on dans la presse locale. Le lendemain, Fouché, averti par Dufour de la réunion du 3 juin, tance le préfet : […] « Vous devez porter une égale attention à ce qu’aucun des partis qui ont divisé l’Église n’exige aucune espèce de rétractation. Je vous ai déjà fait connaître la volonté du gouvernement à cet égard ; on ne peut, sans la méconnaître, demander aux prêtres ni serment, ni formule autre que la déclaration qu’ils adhèrent au Concordat, et qu’ils sont dans la communion des évêques nommés par le Premier Consul32 ». Le préfet répond sans précipitation, le 29 juin, en déguisant la réalité : « L’exécution du Concordat ne paraît pas devoir être l’occasion du moindre trouble. Tous les ecclésiastiques se réunissent et adhèrent sans difficulté à leur nouvel évêque. Quelques-uns à la vérité ne lui ont pas encore donné une satisfaction complète »33. En fait, l’évêque durcit les termes de la formule de soumission, sur les conseils de l’administrateur du diocèse pendant la Révolution, Jean Meilloc34, et de l’ancien vicaire général François Le Noir, rentré d’exil en octobre 1800, que le préfet, en août 1801, a pourtant présenté au ministre de l’Intérieur comme « celui de tous les ecclésiastiques qui peut rendre le plus de services au gouvernement »35. Les faits s’enchaînent alors, au détriment de l’évêque et de son frère le préfet, que surveillent mutuellement le général Girardon et le nouvel évêque d’Orléans, Bernier, officiellement chargé par Portalis, le 20 juillet, « de lui donner un détail exact de ce qui s’est passé et de ce qui se passe ». À la suite de l’éviction par l’évêque du constitutionnel Ferré, un vieillard très populaire de 81 ans, et de son remplacement par « un ancien déporté en Espagne », la paroisse St Serge est le théâtre de troubles graves, entre les 18 et 23 juillet, avec intervention de la gendarmerie, pose de scellés, bris de portes, enlèvement de mobilier par les paroissiens, huées de la foule contre l’évêque venu en personne « cadenasser la porte de l’église », et plaintes de ce dernier en justice36. Au début d’août, Bernier confie à Portalis : « Il n’est que trop vrai de dire que l’actuel évêque d’Angers est au-dessous de sa place […] Il fallait y envoyer un évêque savant, éloquent et tout à fait étranger au pays […] Aucune de ces qualités ne convient à Mgr Montault : sa science est faible, son éloquence nulle, et le siège où il a figuré comme constitutionnel n’est qu’à quelques lieues d’Angers […] Son caractère est petit, minutieux, propre aux détails d’une petite cure et non pas à ceux d’un évêché difficile ». Portalis, qui a bien connu le préfet aux Anciens, lui écrit alors : […] « Au nom de l’amitié, je vous prie de dire à M. votre frère de ne pas se livrer à des conseils qui surprennent sa religion et qui ne sont certainement pas animés du même esprit que lui. Après dix ans de troubles, on n’a besoin que du repos, et le repos seul est le vrai remède à nos maux […] Un évêque n’est pas le conseil et encore moins le directeur de chaque individu. C’est une personne publique, c’est l’administrateur de son Église et conséquemment il doit se conduire par des principes autres que ceux qui dirigent un autre casuiste ». Quelques jours plus tard, dans son rapport au Premier Consul, Portalis tranche : « Je crois que le changement de préfet placera le diocèse dans une meilleure situation, parce que si l’évêque est bête et faible, il suffira que le préfet ne soit ni l’un ni l’autre pour faire marcher l’évêque et tout contenir dans l’ordre légitime37 ». Le même jour, le préfet est donc « appelé à d’autres fonctions », et son frère mandé à Paris, ses conseillers Meilloc et Le Noir destitués.
16Avoir voulu « cette union des deux frères dans le même département » était assurément une erreur, que Montault paie ensuite très lourdement. Il revient à Loudun occuper son poste de receveur des finances, a la satisfaction morale de retrouver son siège au Corps législatif (jusqu’en 1809) et d’être proposé, en 1807, au Sénat par le collège électoral de Maine-et-Loire. Malgré « les preuves indirectes de son dévouement à l’auguste maison qui remonte sur le trône de ses ancêtres », il échoue à retrouver un poste de préfet, lors de la Restauration, mais redevient bientôt conseiller municipal et général de Loudun. Il obtient à ce titre la croix de chevalier de la Légion d’Honneur pour ses 80 ans38 et meurt à 85 ans, en juin 1836, en laissant un très modeste actif de communauté de 7 900 F et, en propre, une maison à Loudun, estimée 10 000 F39. Une misère comparée aux 238 000 l. de la succession de son père, un demi-siècle plus tôt.
Notes de bas de page
1 AD Vienne, 9 E 165/2, 19 février 1746 ; 9 E 165/14, 9 mai 1751 : il a pour parrain et marraine des domestiques, sans doute de ses parents. Je remercie M. Édouard Bouyé, conservateur aux archives départementales, qui a bien voulu effectuer les recherches nécessaires à la rédaction de cet article.
2 H. Beauchet-Filleau, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, tome 3, 1890, p. 129-130.
3 J. Maillard, L’Oratoire à Angers aux xviie et xviiie siècle, Paris, s.d. (1975), p. 222. Dans ses souvenirs de collège, Charles dit : « on me fit voir le christianisme tel qu’il est, une doctrine éminemment civilisatrice, ayant pour but, comme le dit Montesquieu, non seulement le bonheur de l’homme, mais encore sa félicité présente ».
4 AN, F 1b1/167/27, notice autographe, 21 avril 1814, recommandée au ministre de l’Intérieur par le comte de Vaubois, pair de France.
5 O. Chaline, que je remercie, a bien voulu vérifier qu’il n’en reste pas trace dans les archives de la série B de la Seine-Maritime. Le prix d’un tel office était d’environ 80 000 l. À sa majorité, Pierre Montault a recueilli 52733 l. de la succession de son père (contre 24744 l. pour chacun de ses autres frères et sœurs, AD Vienne, 2 C 1383/54, partage de succession 2/3/1785), il a donc dû emprunter pour l’acquérir.
6 D’après la liste des présents, donnée dans les Archives parlementaires, 1879, tome III, p. 587, plusieurs membres de sa famille y participent : deux Montault, de Brault et de Rilles, dans la noblesse ; un Montault des Iles et un Diotte de la Valette dans le Clergé ; un Montault de Chavigny, député du grenier à sel, et l’avocat Diotte la Valette, député du corps de ville, dans le Tiers.
7 Dont le curé Étienne Richard de Bussy, abbé commendataire de St Laon à Thouars, préside l’assemblée du Clergé loudunois.
8 Bardon Paul, « Le clergé angevin et la reconstruction concordataire du diocèse d’Angers (1802-1809) », thèse Paris IV, dir. Jean Tulard, 1981, tome 1, p. 121-122, d’après son dossier personnel aux Archives de l’Évêché d’Angers et les biographies de Mgr Montault, écrites peu après sa mort, par J. Dumont, Angers 1842, et A. Maupoint, Angers 1844.
9 AN, notice citée supra, n. 4.
10 Bourloton, Cougny et Robert, Dictionnaire des parlementaires français, tome 3, p. 408. Sur la révolution à Poitiers et dans la Vienne, marquis de Roux, in Mémoires de Société des Antiquaires de l’Ouest, 1910 (référence due à l’obligeance de J. Péret).
11 AN, F 19/481, citée par P. Bardon, op. cit., p. 123 et 149.
12 Le 10 décembre 1791, la Législative interdit aux réfractaires de dire la messe entre 7 heures et 11 heures du matin, sans autorisation du clergé constitutionnel. Le 1er février, le Département de Maine-et-Loire ordonne l’assignation à résidence à Angers de tous les réfractaires du département, AD Maine-et-Loire, 1 L 370. Le 3 mars, le Département de Vendée interdit de séjour tout prêtre qui ne peut justifier d’un an de résidence, AD Vendée, L 203, cité par Lusson Patricia, « Religion et Révolution : la vie religieuse des catholiques dans l’Ouest à l’époque révolutionnaire », thèse de l’Université de Lille-3, dir. J. de Viguerie, 1989, tome 1, p. 77-78.
13 Tulard Jean (dir.), Dictionnaire Napoléon, Fayard, éd. 1999, tome 1, p. 166-167, tome 2, p. 165, 254 et 540.
14 Successeur de Hoche à la tête de l’armée de l’Ouest, signataire, le 18 janvier 1800, de la paix de Montfaucon-sur-Moine, qui marque la fin des troubles en Maine-et-Loire.
15 AD Maine-et-Loire, 2 M 6. Dans quelle mesure son frère Charles, retiré de toute vie pastorale à Loudun, l’a-t-il aidé à la préparation de ce texte aux aspects de « lettre pastorale » ?
16 Ce passage reprend un thème développé par Toussaint Grille, professeur à l’École Centrale, lors de la fête de l’Agriculture, le 10 messidor V, cf. B. Bois, Les fêtes révolutionnaires à Angers de l’an II à l’an VIII, Paris, 1929.
17 Le régime consulaire a abrogé par arrêté la déportation des réfractaires (29 novembre) et rendu au culte les édifices religieux non aliénés (28 décembre). « Les ministres d’un Dieu de paix seront les premiers moteurs de la réconciliation et de la concorde : qu’ils parlent au cœur le langage qu’ils apprirent à l’école de leur Maître, qu’ils aillent, dans ces temples qui se rouvrent pour eux, offrir avec leurs concitoyens le sacrifice qui expiera les crimes de la guerre et le sang qu’elle a fait verser ». Le 12 ventôse VIII (3 mars 1800), le commissaire central Guillou écrivait dans un (dernier) rapport au ministre de l’Intérieur : « La conduite des prêtres et des émigrés qui s’emparent des esprits et les préparent à leur manière, la dernière pacification qui permet au scélérat de jouir de ses rapines à côté de l’honnête citoyen qu’il a dépouillé, tout fait croire qu’une troisième insurrection serait générale », AN, F7/3682/1, cité par P. Bardon, op. cit., p. 174 et 177.
18 Lieu de formation de l’armée de réserve, chargée de combattre les Autrichiens en Italie et placée sous le commandement de Berthier.
19 Allusion au deuxième siège d’Angers, les 3 et 4 décembre 1793, où les gardes nationaux, sous le commandement de Ménard, résistent victorieusement aux assauts des Vendéens qui tentent de repasser la Loire, après l’échec de la « virée de Galerne ». Le 7 décembre, la Convention décrète que « les habitants et la garnison d’Angers ont bien mérité de la patrie ».
20 Sur sa carrière, AD M. & L., VI B 23 bis/7 ; S. Chassagne, « Comment pouvait-on être juge-consul à Angers au xviiie siècle », Annales de Bretagne, 1969/2-3, p. 407-431.
21 AD M. & L., 1L340.
22 AD M. & L., 1 M 6/18. Toutes ces familles le recommandent en avril 1814.
23 AD M. & L., 1 M 1/38, 16 ventôse IX (7 mars 1801).
24 De brumaire à prairial II, d’après le Dictionnaire du clergé angevin sous la Révolution de M. Perrin du Rouvray (Angers, 1975), « environ 200 prêtres abdiquent (sur 884 curés et vicaires en activité en 1790) et un tiers de ces abdicataires se marient, tantôt pour sauver leur vie, tantôt pour réprouver le célibat ecclésiastique », F. Lebrun (dir.), Histoire du diocèse d’Angers, Paris, 1981, p. 169.
25 Texte cité in extenso dans P. Bardon, op. cit., tome 2, p. 131-132.
26 Sur lui, Langlois Claude, Le diocèse de Vannes au xixe siècle, 1800-1830, Paris, 1974, 629 p.
27 Sur lui, A. Maupoint, Vie de Jean René Forest, confesseur de la foi, curé de St Pierre de Saumur, Angers, 1864, 494 p. Docteur en théologie, vicaire à St Michel-du-Tertre, à Angers, en 1789, adversaire du serment à la Constitution civile, déporté en Espagne en octobre 1792, hostile, sous la Directoire, à la soumission aux lois de la République exigée des ecclésiastiques, envoyé à son retour à St Pierre de Saumur par l’administrateur apostolique Meilloc. Adversaire résolu du constitutionnel César Minier, curé de Nantilly.
28 A. Maupoint, Vie de Mgr Montault-des-Iles, évêque d’Angers, Angers, 1844, p. 66.
29 Le texte signé était ainsi rédigé : « Nous soussignés, désirant rétablir la paix » (l’évêque avait proposé l’unité) « dans l’Église et faire cesser la division qui l’afflige, déclarons dans toute la sincérité de notre cœur » (phrase identique à la propre soumission de Montault, preuve qu’il en est bien l’auteur) « abandonner la Constitution civile du Clergé et tous les droits que nous tenions d’elle » (l’évêque avait proposé que nous croyions tenir). « Nous promettons de nous soumettre et nous soumettons dès à présent au Concordat. Nous promettons une véritable et sincère obéissance au Souverain Pontife et à notre évêque. Angers, le 13 prairial X ».
30 Claude Louis Dufour, Précis servant de défense pour le clergé assermenté d’Angers, dit constitutionnel, Angers, 1802, p. 4-5, cité par P. Bardon, op. cit., p. 198.
31 AN, F 19/5663, P. Bardon, ibid., p. 197.
32 Dufour, op. cit., p. 11-14, P. Bardon, ibid., p. 199. La formule employée par Fouché est celle-là même que le légat Caprara envoie aux évêques trois jours plus tard, en y ajoutant « et institués par le Pape ».
33 AD M. & L., 1 M 1/71, P. Bardon, ibid., p. 200.
34 Arrêté par la police en avril 1802 pour avoir conseillé à un curé de refuser l’absolution aux acquéreurs de biens nationaux, et libéré sur intervention du préfet et de Bemier, P. Bardon, tome 1, p. 146.
35 AN, F 19/865, cité par P. Bardon, ibid., p. 143.
36 Lettre de Girardon à Bernier, AN, F 19/326, citée par P. Bardon, tome 2, p. 204-205.
37 AN, AF IV/1044, 18 septembre 1802, citée par P. Bardon, tome 1, p. 124.
38 AN, LH 1916/66.
39 AD Vienne, 3 Q/8502, f° 117. En février 1831, il a fait donation à ses deux fils survivants de ses biens fonciers extérieurs à Loudun : à l’aîné, Pierre, la métairie de la Fontaine-Voisin (commune de Bournand) et l’exploitation de la cour Dumaine, les moulins de Lafond et de Gilet (communes de Véniers et des Trois-Moutiers), au cadet, Charles-Louis (1790-1860), un moulin et deux métairies à Saint-Laon, E 4/53/351.
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