Les préfets de Maine-et-Loire
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Montault-Desilles (Pierre)
1Né le 9 mai 1751 à Loudun (Vienne), de Charles Pierre Montault-Desilles et d’Elisabeth de Rambault. Marié à Madeleine Louise Chartier de Langis, il eut trois enfants. Mort à Loudun le 9 juin 1836.
2Sa formation est marquée par de brillantes études au Collège des Oratoriens de Saumur. Il occupe successivement les postes suivants : conseiller-secrétaire du Roi auprès du Parlement de Rouen, 1776-1790 ; receveur particulier des Finances. Il est élu député de la Vienne à la Législative (1791-1792), puis maire de Loudun en 1795 (après avoir été détenu pendant 9 mois sous la Terreur) ; de nouveau représentant de la Vienne au Conseil des Anciens, avril 1797-novembre 1799 et au Corps Législatif, décembre 1799-mars 1800.
Préfet de Maine-et-Loire, 11 ventôse VIII (2 mars 1800)/8 germinal VIII (29 mars), - 17 septembre 1802.
3Il est le premier préfet de Maine-et-Loire. Il arrive à Angers le 26 mars, et reçoit la visite des principales autorités, et notamment les maires des principales communes et les officiers d’état major. Son premier discours affirme sur un ton enflammé la fin des divisions mais aussi la nécessité de faire face à la guerre qui se poursuit. Après dix années d’instabilité, il entreprend de pacifier le département. Il amnistie une grande partie des émigrés de la Révolution et des fonctionnaires. Fouché lui reproche d’ailleurs sa « faiblesse » envers les émigrés. Il doit lutter contre le brigandage, particulièrement développé dans l’arrondissement de Cholet puisque les « brigands » étaient bien souvent d’anciens soldats des armées insurgées. Il se livre par ailleurs à des tâches moins circonstancielles, comme la levée des impôts, qu’il fallut réorganiser ou la levée des conscrits, qui n’est pas la moindre de ses préoccupations. Il fait des rapports sur l’opinion politique des populations, et indique le plus souvent une fidélité des Angevins au nouveau pouvoir. Il se livre à des tâches aussi anecdotiques que l’encouragement à la chasse aux loups, récompensée par une prime. En matière religieuse, le préfet Montault fut chargé des premières mesures d’application du Concordat. Il parvient à faire nommer son propre frère, Charles, évêque de Maine-et-Loire, installé le 6 juin 1802. Cette nomination allait pourtant lui porter préjudice, car le clergé « constitutionnel » était hostile au nouvel évêque, et par conséquent au préfet. C’est sur la question religieuse qu’il fut en effet déplacé, comme nous l’apprend une lettre pour le moins piquante de Portalis au Premier Consul, du 18 septembre 1802, conservée aux Archives Nationales. Il avait également comme adversaire le général Girardon, qui voyait en lui un rival de l’autorité qu’il exerçait dans le département avant l’institution des préfets.
4Il est ensuite receveur particulier des Finances à Loudun, an X ; Membre du Corps Législatif pour le département de la Vienne, 9 thermidor XI, de Maine-et-Loire, 1804-1807. Chevalier de la Légion d’Honneur en 1831.
5F1bI 167/27.
Nardon (Hugues)
6Né le 10 janvier 1768 à Saint Didier sur Arroux (Saône-et-Loire) de Hugues, notaire royal, et de Marie Bertrand. Il est mort le 9 mai 1812 à Cuenca (Espagne). Marié et père de plusieurs enfants.
7Après des études de droit, il débute sa carrière comme clerc chez un procureur au Parlement de Bourgogne. Pendant la Révolution, il est administrateur et procureur du district d’Autun ; administrateur du département de Saône-et-Loire (thermidor an II) et président du directoire de ce même département (an V). Le 9 germinal VIII, il est nommé sous-préfet d’Autun.
Préfet de Maine-et-Loire, 30 fructidor X (17 septembre 1802)/19 ventôse XI - 15 messidor XIII (24 juin 1806).
8À l’instar de son prédécesseur, c’est d’abord à l’hôtel Lantivy que le nouveau préfet réside. Il adresse plusieurs lettres au Ministre pour protester contre cette situation et obtenir les fonds prévus pour la réfection des appartements dans l’abbaye Saint-Aubin, afin que ses bureaux et son domicile soient au même endroit. En juin 1803, après les travaux de réfection, il s’installe à la préfecture. C’est lui qui reçut, après la signature du Concordat, la prestation de serment de tous les ecclésiastiques du diocèse, en décembre 1802. La personnalité de ce préfet transparaît à travers ses lettres : il écrit très souvent au ministre sur un ton insistant pour diverses réclamations ; il se permet, vantant ses propres mérites, de demander à être décoré de la Légion d’Honneur. Lorsqu’il apprend son déplacement, il envoie de nouveau un courrier au ministre et affirme son attachement au département, la qualité de l’œuvre de pacification qu’il a mené, etc. Mais le Ministre de l’Intérieur a trouvé cette lettre « ridicule, pleine de vanterie sur ses succès, de vanité sur son existence ». Cette personnalité ne doit pas cacher le travail actif du préfet pour le département : il obtient auprès du gouvernement la création d’un lycée à Angers (déjà demandé par son prédécesseur et par la mairie), d’une école d’arts et métiers à Beaupréau, la transformation de l’abbaye de Fontevrault en prison. Il crée à Angers un Bureau de placement sous le contrôle de l’État (6 août 1804), où tous les ouvriers munis d’un livret pourront venir journalièrement chercher du travail. Dans le domaine social, il a permis l’ouverture à Angers d’un mont-de-piété, et l’institution d’un bureau de bienfaisance dans chaque canton de justice de paix pour lutter contre la mendicité. C’est aussi un préfet « policier », qui, pour la sûreté du régime, veille à l’ordre public tant dans les villes que dans les campagnes. Sa correspondance témoigne de son intérêt pour la police secrète. Il envoie régulièrement des agents secrets en mission, qui doivent lui remettre leur rapport d’enquête sur l’opinion publique du département.
9Il est ensuite préfet de Montenotte (Gênes), 15 messidor XIII ; administrateur-préfet des États de Parme et Plaisance, 18 janvier 1806 ; préfet du Taro, 6 juillet 1808. Le 9 septembre 1810, pour des raisons de santé, il est « appelé à d’autres fonctions ». En janvier, il avait été nommé baron d’Empire.
10F1bI 168/1.
Bourdon de Vatry (Marc-Antoine)
11Né le 24 novembre 1761 à Saint Maur des Fossés (Val de Marne). Son père se nommait Alphée Bourdon de Vatry. Il est décédé le 22 avril 1828 à Paris.
12À 14 ans, il entre dans la Marine. En 1778, il est nommé surnuméraire des bureaux de la Marine, et en 1779, premier commissaire des bureaux du Commerce. Pendant vingt ans, il gravit les échelons et devient successivement secrétaire général de l’armée navale envoyée au secours des insurgés, sous-chef au ministère des Finances, directeur en chef de l’administration générale des colonies, chef au bureau des colonies, agent maritime à Anvers, chef de port de Lorient. Il entre dans la carrière préfectorale le 5 vendémiaire X, comme préfet maritime du Havre. Il est ensuite nommé préfet de Vaucluse, 30 fructidor X.
Préfet de Maine-et-Loire, 6 thermidor XIII (25 juillet 1805)/14 thermidor XIII - 11 février 1809.
13Bien que son séjour dans le département ait duré quatre ans, nous avons peu de renseignements sur la personnalité de ce préfet. Le 11 août 1808, il a reçu l’Empereur en visite à Angers à la préfecture. La correspondance avec le ministre de l’Intérieur reflète les préoccupations majeures de tous les préfets de l’Empire : la levée des impôts et des armées. En effet, les préfets sont chargés d’organiser la conscription, et les résistances rencontrées sont souvent importantes. Comme ses prédécesseurs, il doit aussi régler les questions économiques et sociales, qui touchent de près à l’ordre public : surveiller le bon déroulement des récoltes ou arbitrer les conflits. Ainsi, en 1806, il se voit interpellé par les concessionnaires des houillères de Layon et Loire, pour mettre fin à l’insubordination d’ouvriers qui protestent contre une réduction des salaires. En 1807, il transmet à la municipalité d’Angers un décret impérial rendant autorité à la ville sur ses remparts. Il sera décidé peu après que les remparts seront progressivement détruits et remplacés par des boulevards.
14Il poursuit sa carrière comme préfet de Gênes, 11 février 1809 ; directeur du personnel de la Marine, 12 juillet 1814 ; intendant des armées navales, 21 juillet 1814 ; commissaire extraordinaire dans la 7e division militaire, 20 avril 1815 ; préfet de l’Isère, 4 mai 1815. Il prend sa retraite le 10 août 1815.
15F1bI 156/39 (Mais son dossier est absent).
Hely d’Oissel (Abdon Patrocle Frédéric)
16Né à Rouen le 2 avril 1777 et décédé à Paris le 29 janvier 1833. Son père se nommait Abdon Frédéric Victor Hély d’Oissel. Marié, il eut deux garçons. Pendant la période de la Terreur, il est emprisonné pendant quatorze mois avec son père, pour être parent d’émigrés.
17Le 25 thermidor XI, il est à l’instar de nombreux futurs préfets, auditeur au Conseil d’État. Il est élu membre du collège électoral de la Seine-Inférieure. Du 1er vendémiaire XIV au 19 février 1809, il est secrétaire général de la Seine.
Préfet de Maine-et-Loire, 19 février/10 avril 1809 - 18 juin 1814.
18Il a servi le régime napoléonien mais avoue en 1814 ses sympathies monarchistes. Sa personnalité est plutôt équivoque, et à l’époque il a pu passer pour un homme lent dans son travail et peu enclin à négocier, ce qui revient à l’accuser d’être un mauvais préfet. Mais il a dû affronter les difficultés des cinq années sombres de l’Empire qui affectent autant le Maine-et-Loire que les autres départements : c’est d’abord les mauvaises récoltes des années 1810-1812 qui entraînent une crise frumentaire. Le monde industriel est aussi très touché car les effets du Blocus frappent de « paralysie », suivant le mot du préfet lui-même, l’exploitation des carrières d’ardoise et la fabrication des indiennes. Le maintien de troupes dans les villes a cependant empêché toute émeute de subsistance. Dans le domaine de l’assistance, il poursuit les démarches entreprises par son prédécesseur pour créer un dépôt d’aliénés à Saumur. Mais ce projet est rejeté par le pouvoir central en 1810. En 1811, il signe l’acte d’acquisition des bâtiments de l’abbaye Saint-Nicolas afin de créer un dépôt de mendicité. Mais la réalisation tarde, et le projet ne verra réellement le jour qu’en 1831. Le préfet exerce en revanche une autorité totale sur le bureau de bienfaisance, dont le financement est pourtant municipal. Le 18 juin 1814, Hély d’Oissel est révoqué par le nouveau régime. Il avait pourtant, peu après l’abdication de Napoléon, adressé une lettre aux maires qui exprimait sa joie de voir la France « rappeler sur le trône cette famille auguste qui l’occupa si longtemps avec gloire ». Il ne quitte la préfecture qu’à l’arrivée de son successeur. Étrangement, un an plus tard, il écrit à Napoléon pour se plaindre de n’avoir pas été réintégré au mouvement préfectoral effectué au début des Cent-Jours.
19Sa carrière ne s’arrête néanmoins pas là, et il est nommé maître des requêtes au Conseil d’État le 24 août 1815 ; conseiller d’État, 14 juillet 1818. Il est confirmé dans ce poste par le régime de Juillet qu’il soutient. Le 17 novembre 1827, il avait été élu député de Seine-Inférieure, siégeant au Centre gauche. Il le sera à nouveau en 1830. Il devient parallèlement président du Conseil des bâtiments civils, vice-président de la Compagnie de Saint-Gobain (1830-1833). Baron de l’Empire (1809), chevalier de la Légion d’Honneur (1811).
20F1bI162/4.
Clerel de Tocqueville (Hervé Louis François Jean Bonaventure)
21Né à Menon (Nièvre) le 3 août 1772, mort à Clairoix (Oise) le 9 juin 1856. En 1793, il a épousé la petite fille de Malesherbes. Il était le père du philosophe.
22Il commence sa carrière en 1787 comme sous-lieutenant du régiment de Vexin. Pendant la Révolution, il est aide de camp du Comte de Damas à Metz ; cavalier en 1792 dans la garde constitutionnelle de Louis XVI, puis emprisonné avec Malesherbes. Sous l’Empire, il est nommé maire de Verneuil (Seine-et-Oise) et lieutenant dans la cavalerie de la Garde nationale parisienne.
Préfet de Maine-et-Loire, 18 juin/20 juillet 1814 - 20 mars 1815.
23Le comte de Tocqueville n’est resté qu’à peine un an dans le département, destitué au moment du retour de Napoléon. Il dut faire face aux difficultés consécutives à la situation de guerre, et notamment la terrible épidémie de dysenterie qui fit des ravages à Angers en 1814. Il correspond avec le maire pour tenter d’établir une société de charité maternelle. Il sollicite auprès du gouvernement une aide pour le redressement de la manufacture de toiles à voiles d’Angers et le rétablissement du titre de manufacture royale.
24Après les Cents Jours, il est réintégré et nommé préfet de l’Oise, 12 juillet 1815 ; de la Côte d’Or, 31 janvier 1816 ; de la Moselle, 19 février 1817 ; de la Somme, 27 juin 1823. Le 26 août 1824, il est nommé maître des requêtes au Conseil d’État en service extraordinaire. Il est à nouveau préfet en 1826, du département de Seine-et-Oise. En novembre 1827, il est nommé pair de France.
25F1bI 174/9.
Galeazzini (Jean-Baptiste)
26Né à Bastia le 23 octobre 1759, et décédé à Bastia le 23 mai 1833.
27Les sources dont nous avons disposé sont très vagues quant aux dates des différentes étapes de la carrière de Galéazzini. Pendant la Révolution, il est élu député de la Corse. Comme maire de Bastia, il résiste aux Anglais, mais doit rejoindre le continent après la reddition de la cité corse. Bonaparte le nomme intendant des provinces conquises lors des campagnes d’Italie. Puis il participe à la libération de la Corse par le Directoire et redevient maire de Bastia. Il est ensuite commissaire du pouvoir exécutif, membre du Conseil des Cinq-Cents ; préfet de la Corse sous le Consulat ; commissaire du gouvernement à l’île d’Elbe de l’an XI à 1810.
Préfet de Maine-et-Loire, 25 mars/3 avril - 12 juillet 1815.
28Bien que son passage fut très court, on apprend que dès son arrivée, il opère quelques transformations (peu durables pour certaines) à la préfecture : il remplace le papier peint de la salle du conseil de préfecture, car il était à fleurs de lys. Il rétablit le drapeau bleu, blanc, rouge sur le toit de la préfecture, et il fait percer une porte entre les jardins et l’actuel boulevard du Roi René. En raison de l’insurrection vendéenne menaçante, il applique avec souplesse les ordres de levées de troupes en avril. Il organise le Fédération d’Anjou, mobilisation en faveur de l’empereur, en mai. Après la bataille de Waterloo et la seconde abdication de Napoléon, il se sait destitué mais il reste à son poste jusqu’à l’arrivée de son successeur. Cet homme, que Dumont dans la Vie de Mgr Montault (1842) disait « corse de naissance mais italien par la finesse » a justifié ainsi son acte : « j’ai cru devoir rester pour donner au Souverain, à la patrie, et au département de Maine-et-Loire une preuve certaine de mon dévouement absolu aux intérêts du pays » (lettre au ministre de l’Intérieur, 15 juillet 1815). Le maintien de l’ordre public était selon lui la priorité, mais on peut aussi supposer qu’il avait quelque espoir d’être reconduit dans ses fonctions. Révoqué, il se retire sur son île natale.
29F1bI 161/2.
Blocquel de Croix de Wismes (Stanislas Catherine Alexis, de)
30Né à Arras (Pas-de-Calais) le 4 juillet 1778 d’Eugène Armand de Wismes et de Marie Jeanne Françoise de Rougé. Le 25 mai 1803, il épouse Emilie Ramirès de la Ramières dont il eut deux enfants. Il est mort à Paris le 20 mai 1831.
31Nommé préfet du Tarn à la Première Restauration, il occupe le poste du 10 juin 1814 au 6 avril 1815. Il retournait à son poste après les Cent-Jours, lorsqu’il fut arrêté à la Réole, qui tenait encore pour l’Empereur. Sur ces entrefaites, il est nommé par ordonnance royale dans le département.
Préfet de Maine-et-Loire, 12/24 juillet 1815 - 27 juin 1823.
32Le 4 août, peu de temps après l’arrivée du préfet à Angers la situation devient critique : une garnison prussienne de 5000 hommes occupe la ville, car les armées alliées ont à nouveau envahi le pays. Il appelle les populations à garder le calme pour prévenir tout incident. Mais il s’oppose aux réquisitions demandées par l’occupant, car il les juge excessives. Malgré les menaces, il s’obstine. Dans la nuit du 24 au 25 août, il est enlevé et déporté en Silésie. Le 24 septembre 1815, son retour à Angers est ovationné. Le calme revient et le préfet retourne à ses tâches habituelles. En 1816, il reprend le projet du Comte de Tocqueville d’établir à Angers une Société de charité maternelle, mais sans succès, aucune « dame » ne s’étant présentée pour en faire partie. Cette société sera créée en 1838. En 1817 puis en 1822, il rétablit l’ordre troublé par le mouvement saumurois « Les Chevaliers de la Liberté » qui, sous la direction du général Berton, conspirait contre la Monarchie restaurée. En 1819, il joue un rôle essentiel dans la préparation d’un règlement des carrières d’ardoise, négocié entre les entrepreneurs et les ouvriers. Son projet est entériné par l’ordonnance royale du 25 octobre 1823. Par ailleurs, en 1820, il pousse à la constitution d’un comptoir de vente des carrières : c’est l’origine de la Commission des ardoisières.
33Il est ensuite préfet de la Haute-Vienne, 27 juin 1823 ; de l’Isère, 12 novembre 1828 ; de la Côte d’Or, 16 octobre 1829. Il démissionne le 14 août 1830. Il est décédé peu de temps après.
34F1bI 176/16.
Martin de Puiseux (Antoine)
35Né à Salles-sur-l’Hers dans l’Aude le 12 novembre 1768 de Jean-Baptiste et de Marie-Anne Fil. Le 16 novembre 1801, il épouse Antoinette-Victoire Bourlet dont il eut quatre enfants. Il est mort en fonction le 19 octobre 1826.
36Il entre directement dans la carrière préfectorale comme sous-préfet de Pontoise le 2 août 1815.
Préfet de Maine-et-Loire, 27 juin/19 juillet 1823 - 19 octobre 1826.
37Poursuivant l’action de son prédécesseur, il publie un règlement intérieur des ardoisières, y introduisant un prélèvement de 1 % sur les salaires afin de créer une caisse de secours (10 mai 1825).
38Il est décédé à Angers après trois ans d’exercice. Il était chevalier de la Légion d’Honneur.
39F1bI 167/10.
Frotier de Bagneux (Paul Zénobe Louis Marie)
40Né au château de l’Escorcière à Gouex (Vienne) le 26 mars 1783. Sa mère était la fille d’un marquis de Pouzauges. Le 30 janvier 1814, il épouse Melle Baude de la Vieuville, fille de préfet, dont il eut quatre enfants. Il est décédé au château de la Pélissonnière au Boupère (Vendée) le 11 décembre 1858.
41N’ayant pas émigré pendant la Révolution, il se rallie dès 1800 au futur empereur. En 1811, il est membre de la commission des magistrats du Rhin et nommé auditeur au Conseil d’État. En 1815, il se rallie à la Monarchie et devient chef de division des armées royales et catholiques, et il est nommé sous-préfet de la Roche-sur-Yon, 12 août 1815. Il obtient ensuite, sur recommandation de son beau-père, le poste de préfet des Côtes-du-Nord.
Préfet de Maine-et-Loire, 1er novembre/2 décembre 1826 - 6 août 1830.
42Bien que nous ayons peu de renseignements sur son action, on sait qu’en 1827, il reprend le projet d’établissement d’un asile pour aliénés dans le département. Il correspond avec les sœurs du Bon Sauveur de Caen car c’est aux congrégations qu’incombe toujours la direction de ce type d’établissement. Les négociations échouent car les sœurs, jalouses de leur autorité, refuse que le préfet nomme lui-même le médecin spécial chargé des aliénés. En février 1830, il autorise la Société industrielle d’Angers nouvellement fondée à siéger dans les murs de la préfecture. Jusqu’en 1880, elle y disposera d’une salle et d’un accès libre à la bibliothèque, ce qui montre l’intérêt de l’autorité préfectorale pour les questions techniques et économiques, industrielles et agricoles. Notons que le préfet a tenté de lancer la culture de la betterave à sucre en Anjou. Ce fut un échec ! Mais en cette année 1830, le contexte politique change. Le calme relatif maintenu par la lutte contre toutes les oppositions prend fin. À Angers, le Journal de Maine-et-Loire qui était l’organe de presse soumis à la préfecture et à l’évêché est racheté par des membres de la bourgeoisie libérale. Ils réclament le « libre essor de la presse » et « l’émancipation politique ». Le 16 mars, la préfecture suspend l’abonnement des municipalités au périodique et crée un nouveau journal : Le Royaliste, financé par les principaux marquis, comtes et barons du département. Le 6 juin 1830, le préfet interdit tout rassemblement pour fêter le retour des députés d’opposition Guilhem et d’Andigné, deux des 221 députés qui avaient voté une adresse de défiance à la Monarchie autoritaire. Après les ordonnances du 25 juillet, l’agitation gagne Angers comme le reste du pays. Le 6 août 1830, révoqué par le nouveau régime, le préfet quitte Angers secrètement.
43En 1827, il avait été élu député des Côtes-du-Nord, département auquel il s’était attaché. Il siège jusqu’en 1830, votant avec le parti royaliste ultra. En 1832, il œuvre comme « commissaire » dans la province du Poitou aux côtés de la duchesse de Berry pour le rétablissement d’Henri V. On sait comment échoua la cinquième guerre de Vendée. Il était chevalier de la Légion d’Honneur.
44F1bI 160/15.
Barthelemy (Hyacinthe Claude Félix de)
45Né à Saint-Almin (territoire de Belfort) le 8 mars 1787. Il s’est marié assez tardivement et eut deux fils. Il est mort à Châlons-sur-Marne le 22 décembre 1868.
46Il commence sa carrière comme receveur général en 1803 puis devient chef de bureau des contributions, puis surnuméraire au ministère de l’Intérieur. Le 19 janvier 1810, il entre comme auditeur au Conseil d’État. Le 5 septembre 1811, il est nommé sous-préfet de Lunebourg, puis sous-préfet de Lille, 30 juillet 1814 ; sous-préfet de Sainte-Menehould, 12 février 1817. Il est destitué en 1822, pour avoir prononcé un discours lors de l’inauguration d’un monument à Valmy dont le ton ne convenait pas au gouvernement.
Préfet de Maine-et-Loire, 6/10 août 1830 - 31 décembre 1833.
47Peu de temps après son arrivée, il doit maîtriser l’agitation provoquée par une forte hausse du prix du blé. En 1832, c’est une grave épidémie de choléra qui s’abat sur le département. Le préfet prend plusieurs arrêtés pour éviter la propagation de la maladie : mesures sanitaires pour écarter tous les déchets pouvant compromettre la santé publique, circulation contrôlée des personnes, conseils d’hygiène, etc. Il organise aussi l’aide aux indigents. Mais ces mesures ont été insuffisantes et le nombre de victimes s’élève à 562 personnes. Au même moment, au printemps 1832, éclatait la dernière insurrection vendéenne, menée par la Duchesse de Berry. Le préfet conduit lui-même hors de la ville les troupes de volontaires de la milice angevine envoyée pour rétablir l’ordre. Cependant, il reproche aux Bleus d’avoir exagéré les troubles chouans et accuse les troupes de gardes nationaux d’avoir terrorisé le pays chouan. En 1833, il refuse de paraître à la fête de célébration du 6 juin 1830, comme il le faisait chaque année, parce qu’il aurait appris qu’un saint-simonien était présent. Il fait venir le futur maire Antoine Farran pour s’expliquer. Dans ses mémoires, ce dernier affirme que le préfet craignait un charivari. Sa conduite des affaires en cette année de troubles a sans aucun doute déterminé son déplacement, qui doit être interprété comme une sanction. Le pouvoir central a jugé peu efficace sa lutte contre les mouvements qui ont conduit au soulèvement de 1832. Le préfet avait même été accusé de prendre le parti des Chouans. Il semblerait plutôt que la tâche à mener se révélait ardue et qu’il a fait preuve de faiblesse par indécision. Dans une de ses lettres au ministre de l’Intérieur, il se défend et expose les actions qu’il a menées. Mais il avoue aussi : « Quand M. Guizot m’a envoyé à Angers, je ne lui ai pas dissimulé combien je trouvais lourd le fardeau honorable qu’il m’imposait ». Il parle alors du Maine-et-Loire comme du département « le plus inflammable de France ». Le préfet Barthélémy n’a pas été regretté de ses administrés angevins. Félix de Barthélémy a rédigé ses mémoires, mais on y trouve peu d’allusions à son séjour en Maine-et-Loire.
48Il est parallèlement maître des requêtes au Conseil d’État, en service extraordinaire, de 1831 à 1848. Le 17 janvier 1834, il est nommé préfet de Saône-et-Loire, 17 janvier 1834 ; préfet de Haute-Saône, 20 octobre 1838 ; préfet de la Loire, 10 août 1839 ; préfet de Charente-Inférieure, 23 novembre 1841 ; préfet de l’Aube, 4 janvier 1847. Il obtient une pension et se retire de l’administration en décembre 1848. Il était officier de la Légion d’Honneur.
49F1bI 156/7.
Gauja (Jean Raymond Prosper Mélanie Thérèse)
50Né le 11 janvier 1834 à Renneville (Haute-Garonne) le 10 thermidor IX. Il eut trois enfants. Il est décédé Tours, le 24 décembre 1875.
51Dans les notices individuelles qu’il rédige, il se dit homme de lettres avant 1830. À l’époque de la Révolution de Juillet, il est gérant du journal Le National, dirigé par son ami Adolphe Thiers. Le 10 août 1830, il est nommé sous-préfet de Chateaudun. Il est ensuite préfet des Hautes-Alpes, 14 juillet 1833.
Préfet de Maine-et-Loire, 14 juillet/2 août 1833 - 11 janvier 1840.
52À son arrivée, le climat politique consécutif à la cinquième guerre de Vendée est encore tendu : les « patriotes » craignent de nouvelles actions des chouans, bien que le préfet constate un certain essoufflement de leur mouvement. Le préfet est au cœur de nombreuses réalisations de l’époque en matière sociale, éducative ou urbanistique. Une ordonnance royale accordant la construction d’un pont suspendu à la Basse-Chaîne, à Angers, est transmise au préfet en 1835 ; il devient alors le relais entre les différents partenaires : mairie d’Angers, ingénieurs des Ponts-et-Chaussées et gouvernement. Il annule l’adjudication des travaux faites en 1835, car il y a eu entente entre les entrepreneurs, organise les essais du pont, et prend un arrêté pour l’ouvrir à la circulation. En matière scolaire, il incite en 1831 la municipalité à ouvrir une École normale à Angers et en 1838, il appuie son ami F. Grille, qui devient bibliothécaire de l’École. Nous connaissons du préfet Gauja un rapport détaillé sur le paupérisme en Anjou, adressé au ministre de l’Intérieur en 1837. Cela témoigne de l’intérêt croissant du pouvoir central pour les questions sociales. Rappelons que le préfet a sous sa tutelle les commissions administratives de tous les établissements de bienfaisance et d’assistance.
53Ainsi, en cette même année 1837, il entérine le projet de réunir tous les hospices d’Angers, et c’est sous l’impulsion de son épouse qu’est créée la Société de charité maternelle. La question de la création d’un asile d’aliénés dans le département revient à l’ordre du jour, sous la pression des autorités centrales. D’après la correspondance, celles-ci reprochent au préfet de ne pas agir assez efficacement pour faire aboutir le projet. Le préfet mène toujours la politique classique : faire enfermer les aliénés considérés comme dangereux ou vagabonds (ceux des familles pauvres) dans les prisons. Gauja a été à l’initiative de deux grandes vagues de répression dans ce domaine, en 1834 et en 1838. Apparaît aussi, à travers les mémoires d’Antoine Farran, le rôle du préfet dans les nominations des autorités locales ou les élections. En 1837, il aurait poussé Farran à accepter sa nomination comme maire d’Angers. Rappelons qu’au xixe siècle, le préfet exerce sa tutelle sur les conseils municipaux, puisqu’il doit en approuver le budget et toutes les délibérations.
54Sa carrière postérieure montre un attachement aux départements de l’Ouest : il est nommé préfet du Pas-de-Calais le 5 juin 1840 puis de Vendée le 1er août 1841 et à nouveau le 10 juillet 1848 ; d’Indre-et-Loire, 31 octobre 1848 ; de la Loire-Inférieure, 31 décembre 1849. Il est écarté de la fonction préfectorale en 1852 et reçoit une pension. Il réintègre l’administration le 26 mars 1871 comme préfet de la Vendée. Il avait été demandé par les Vendéens qui faisaient l’éloge de ses qualités. Il est préfet honoraire le 16 octobre 1873. Il était chevalier de la Légion d’Honneur et décoré de l’Ordre de Juillet et de l’Ordre royal américain d’Isabelle la Catholique.
55F1bI 161/6.
Bellon (Guillaume)
56Il est né à Paris (11e) le 14 ventôse XI (5 mars 1802) et eut un enfant. Nous ne connaissons pas la date de sa mort.
57Jusqu’en 1830, il est avocat à la Cour royale de Paris. Le 10 août 1830, il est nommé sous-préfet de Pontoise et exerce parallèlement une fonction de maître des requêtes au Conseil d’État à partir du 15 novembre 1830. Le 8 juin 1832, il devient préfet du département de l’Ain. Il est ensuite préfet de Vaucluse, 21 septembre 1833 et de l’Oise, 9 juillet 1836.
Préfet de Maine-et-Loire, 5/15 juin 1840 - 27 février 1848.
58L’action du préfet Bellon est dans la continuité de celle de son prédécesseur. Comme lui, nommé pour un temps relativement long, il eut le temps de marquer le département de son empreinte. C’est la question des aliénés qui revient sur le devant de la scène. Suite à la loi de 1838, le préfet, qui a la tutelle de tous les établissements d’assistance publique, nomme un médecin spécial des aliénés dans la commission administrative des hospices d’Angers. En 1841 l’asile départemental en projet depuis si longtemps est créé à Sainte-Gemmes. La décision semble avoir été presque imposée au préfet par le ministre de l’Intérieur. C’est le conseil général qui rachète le château qui abrite encore cet établissement. En matière scolaire, le préfet encourage la création de salle d’asiles pour les plus jeunes. L’État participe pour moitié au financement de ces salles. L’épouse du préfet est d’ailleurs un membre actif de la commission chargé d’ouvrir et d’organiser le fonctionnement des salles d’asiles à Angers. Notons qu’en 1843, la préfecture accueille dans ses murs le Congrès scientifique de France, ce qui montre que le préfet est aussi au cœur des questions techniques et scientifiques. C’est le préfet Bellon qui, par ailleurs, participe au projet de construction d’une ligne de chemin de fer en Maine-et-Loire. Après avoir nommé une commission d’enquête, son prédécesseur avait déclaré que la construction d’une ligne de chemin de fer par la Loire était « d’utilité publique ». Le préfet Bellon doit réglementer les expropriations. Confor-mément aux ordonnances royales, il désigne les localités ou les travaux doivent avoir lieu. Il est aussi chargé de négocier avec les différents propriétaires en cas de litige. Les travaux de construction de la gare débutent en 1847, après trois années de tensions entre la municipalité et le pouvoir central. Le préfet a dû imposer à la mairie le projet du gouvernement d’un tracé Sud, qui comprenait la construction de la gare dans le quartier de la Visitation. La municipalité était pour un tracé Nord, avec une gare dans le quartier Saint-Serge. La querelle est à son comble en 1847 quand le gouvernement décide de réduire la superficie de la gare à huit hectares et supprime son accès au pont de la Basse-Chaîne, pour des raisons vraisemblablement financières. L’aspect politique du rôle de ce préfet est plus contrasté. Son séjour dans le département est notamment marqué par la crise municipale de 1843. En cette année 1843, le préfet parvient à faire remplacer, sur ordre ministériel, le maire d’Angers A. Farran par A. Giraud, car le maire était en désaccord avec la politique du gouvernement. Mais la majorité du conseil municipal conteste cette nomination et toute délibération est bloquée pendant deux ans ! Ce n’est qu’en 1845 que le préfet accepte de proposer au gouvernement de dissoudre le conseil municipal. Dans ses mémoires, Farran raconte que le préfet aurait aussi œuvré, sans succès, pour empêcher sa réélection comme conseiller général du canton Sud-Est d’Angers. Il aurait préféré l’élection de Montrieux, futur adjoint au maire d’Angers, Giraud. Un an plus tard, le rôle du préfet pendant les élections transparaît une nouvelle fois. La Chambre des députés ayant été dissoute, il faut, en juillet 1846, procéder à de nouvelles législatives, en veillant à ce que les anciens députés ne soient pas réélus, et notamment Antoine Farran. Sur ordre du Ministère, le préfet choisit d’agir pour l’élection de M. de Marcombe dans le 1er arrondissement électoral d’Angers. Mais Antoine Farran est réélu. Dès l’annonce des premiers troubles dans la capitale en 1848, Bellon réunit tous les officiers de la garde nationale et leur demande leur concours pour maintenir l’ordre. En mars, il est révoqué. En 1843, il avait dû faire face à de grandes inondations. Son efficacité lors de cet événement sera invoquée par la suite pour demander sa réintégration, sans succès, sous le Second Empire.
59Il était officier de la Légion d’Honneur.
60F1bI 156/15.
Bordillon (Grégoire)
61Né à Angers le 26 frimaire an XII (18 décembre 1803). Il est mort au château de Montbenault à Faye d’Anjou le 4 juillet 1867. Son père, artisan poêlier-chaudronnier du quartier ouvrier de La Doutre, s’était engagé pendant la Révolution dans le bataillon de Maine-et-Loire commandés par Beaurepaire. Après des études de droit à Rennes, il réside à Paris entre 1825 et 1827 pour son stage d’avocat. C’est dans les salons parisiens qu’il renoue avec les idées de la Révolution, celle de 1789. Il y côtoie Royer-Collard, Guizot, ou Ange Guépin, de Nantes. En 1830, de retour à Angers, il devient avec A. Freslon le principal rédacteur du Journal de Maine-et-Loire, récemment racheté par des membres de la bourgeoisie libérale angevine, dont Alexandre Joubert-Bonnaire et Augustin Giraud. Il entre à la Société industrielle, qui constitue le plus important « réseau libéral du département » (Jacques-Guy Petit). Au sein de cette société, il exprime ses idées sociales, et s’oppose à l’idée de concurrence économique, défendue par Giraud ou Guillory. Bordillon se rapproche de plus en plus des idées saint-simoniennes, qui sont loin de faire l’unanimité dans les milieux libéraux. En 1833, il est exclu de la rédaction du Journal de Maine-et-Loire, précisément parce que ses idées déplaisaient aux propriétaires du journal, certes libéraux, mais attachés aux valeurs de la Monarchie de Juillet. En 1840, il fonde, aux côtés de Freslon, Lefrançois et Delaage, le premier quotidien républicain du département : le Précurseur de L’Ouest. À cette date, on le trouve aussi parmi les membres du bureau de la Société pour l’Encouragement des écoles mutuelles.
Commissaire de la République dans le département de Maine-et-Loire, 27/28 février 1848 puis préfet de Maine-et-Loire, 2 juin 1848 - 22 août 1849.
62Le 27 février 1848, il apprend sa nomination au milieu d’un grand rassemblement populaire à l’Hôtel de Ville. Pour Ledru-Rollin, le choix de Bordillon, qui avait fourni toutes les preuves de son attachement au républicanisme s’imposait. Il exerce, à l’instar des autres commissaires, un pouvoir supérieur à celui des préfets puisqu’il est chargé au nom du gouvernement de prendre toutes les mesures nécessaires au maintien de l’ordre et au salut public. En avril 1848, il refuse d’être candidat aux élections à l’Assemblée Constituante. En effet, seul son poste de commissaire lui permettait de réaliser son ultime objectif : diffuser l’idée républicaine dans un département qui lui est bien réfractaire. Il entend d’abord rassurer : il visite l’évêque pour lui témoigner de son profond respect pour les croyances chrétiennes. Bien que non-pratiquant, il se disait lui-même déiste. Il organise à Angers de nombreuses fêtes en l’honneur du nouveau régime. Il reçoit souvent personnalités et fonctionnaires de tout le département. Parmi les fêtes, on peut citer la cérémonie d’inauguration du socle de la future statue de Beaurepaire, ou les plantations d’arbres de la liberté. Ainsi, le dimanche 16 avril 1848, un grand chêne est planté à Angers. Il est déçu par les résultats des élections dans le département, qui ne marquent pas de réel progrès des idées républicaines. En juin 1848, devenu préfet, il assiste, déchiré, aux journées d’émeute à Paris, mais il fait tout, en ces journées, pour que le trouble ne gagne pas Angers. Ses adversaires eux-mêmes lui en sont reconnaissants et c’est sans doute ce qui explique son maintien au poste de préfet après l’élection de Bonaparte à la présidence de la République en décembre 1848. Dans ses Mémoires, Farran le flatte aussi d’avoir su faire face aux revendications des ardoisiers de Trélazé, d’avoir pu « modérer l’exaltation des travailleurs ».
63Cependant, sa position est de plus en plus fragile. Au cours de l’année 1849, huit des onze députés de Maine-et-Loire écrivent au ministre de l’Intérieur pour réclamer sa mutation. Le 29 juillet 1849, il reçoit Louis-Napoléon Bonaparte, venu inaugurer à la gare Saint-Laud la ligne Angers-Saumur, qui devait être ouverte au public le 1er août suivant. Quelques jours plus tard, le préfet est déplacé.
64Il est nommé préfet de l’Isère, et là encore, il noue des relations étroites avec les milieux républicains de Grenoble. La décision est rapide : Bordillon est définitivement écarté de la fonction publique, « appelé à d’autres fonctions ». Il revient en Anjou et réside sur son domaine de Montbenault. En 1857, il se présente aux élections législatives mais il n’est pas élu. En 1863, il devient conseiller municipal d’Angers. Il combat désormais pour une plus grande justice sociale, se faisant le défenseur des ardoisiers de Trélazé. Il s’intéresse aussi aux moyens de promouvoir les progrès agricoles dans les campagnes. Il meurt d’une crise cardiaque en 1867, sans connaître l’établissement définitif de la République qu’il n’avait cessé de prôner. La foule présente à ses obsèques prouve la reconnaissance et l’affection que les républicains de tout le pays et plus particulièrement angevins lui témoignaient.
65F1bI 156/34.
Bouquet (Jean Olympie) dit Besson
66Né à Rouen (Seine-Maritime) le 3 nivôse VIII (24 décembre 1799) et mort à Paris le 28 juillet 1896.
67Il est d’abord secrétaire de son beau-père, Nicolas Charles Besson de Beauven (1831). Dès le 3 juin 1831, il est nommé secrétaire général du Finistère. Il est ensuite sous-préfet de Vassy, 30 juillet 1832 ; secrétaire général du Rhône, 6 juin 1840 ; préfet de l’Ain, 15 décembre 1846 ; du Jura, 10 janvier 1849.
Préfet de Maine-et-Loire, 22 août/25 septembre 1849 - 11 mai 1850.
68Resté à peine un an dans le département, ce préfet a connu l’une des grandes catastrophes de l’histoire locale de ce siècle : celle de l’effondrement du pont de la Basse-Chaîne. Le 16 avril 1850, par une tempête terrible, le tablier du pont suspendu s’effondre sous les pas d’un régiment en partance pour l’Algérie. Le préfet doit aussitôt réagir et prend les premières mesures d’urgence aux côtés de la municipalité pour repêcher les corps. Il assiste aux funérailles et prononce un discours en l’honneur des victimes. Plus prosaïquement, il doit organiser les souscriptions et recueillir des sommes d’argent venant de la France entière. Il distribue les récompenses à tous ceux qui ont sauvé des hommes de la noyade. Il met en place l’enquête, et c’est là que le bât blesse, pour déterminer les responsabilités dans cette affaire. En effet, il est accusé par les journaux de gauche d’avoir détourné la troupe de l’itinéraire prévu pour éviter le contact entre un bataillon de soldats réputé républicain et la population angevine. À cette date, le gouvernement de Bonaparte entend bien enterrer la République et rétablir un ordre conservateur. Une telle manifestation de la part de l’armée aurait été très malvenue. Cette affaire a entraîné le déplacement du préfet, qui doit être interprété non comme une sanction, mais comme une mesure de pacification dans le département.
69Il est ensuite préfet de la Haute-Garonne, 11 mai 1850 ; du Nord, 7 mars 1851 ; des Bouches du Rhône, 24 juin 1857. Du 29 septembre 1860 au 15 septembre 1870, il est conseiller d’État. Le 16 septembre 1870, il est démis de ses fonctions et obtient une pension à partir du 21 décembre 1872.
70F1bI 156/21.
Vallon (Paul Louis Marie Athanase)
71Né à Saint-Dyé (Loir-et-Cher) le 27 ventôse an VIII (18 mars 1805) et mort à Rambouillet (Yvelines) le 5 novembre 1865.
72D’abord secrétaire du préfet et chef de bureau à la préfecture d’Ille-et-Vilaine, il est nommé sous-préfet de Rochechouart le 12 novembre 1835 ; de Provins, 14 mars 1839 ; de Bar-sur-Seine, 13 septembre 1839 ; de Louviers, 10 mai 1841 ; de Saint-Omer, 28 février 1847 confirmé le 23 juillet 1848. Le 17 décembre 1848, il est nommé préfet des Pyrénées Orientales. Le 10 janvier 1849, il devient préfet de l’Eure.
Préfet de Maine-et-Loire, 11 mai/1er juin 1850 - 17 octobre 1857.
73Lors du coup d’État du 2 décembre 1851, le préfet appelle les citoyens à garder le calme sans se prononcer sur l’événement, ce qui est donc une approbation. Dès le 3 décembre, il interdit la publication du principal organe de presse d’opposition Le Précurseur de l’Ouest, et fait caserner une compagnie de soldats dans l’imprimerie pendant plusieurs semaines. C’est sous sa préfecture qu’est promulgué le décret du 25 mars 1852 qui élargit la marge d’initiative réservée aux préfets. Ce décret établit la liste des compétences au titre desquelles le préfet peut statuer sans autorisation ministérielle. C’est aussi au nom du préfet Vallon qu’est associée l’insurrection de la Marianne du 27 août 1855. Cette société créée en 1853 rassemblait dans la clandestinité les républicains du département. Elle est très surveillée et le préfet la mentionne plusieurs fois dans ses rapports au ministre. En 1854, plusieurs arrestations ont lieu, permises par une collaboration efficace entre les services de police sous les ordres du préfet et le procureur général. Le préfet a été l’artisan de l’échec puis de la répression du mouvement des ardoisiers en août 1855. Les manifestants marchant vers Angers pour y instaurer une « République socialiste » ont été arrêtés alors qu’ils se dirigeaient vers l’Hôtel de ville en chantant « La Marseillaise ». Le préfet informé depuis la veille du projet, n’était pas intervenu pour étouffer le mouvement à Trélazé, mais avait disposé les troupes à Angers pour prendre au piège la colonne des manifestants ainsi compromis. Les mesures de répression ont été terribles. Outre les condamnations judiciaires, les conditions de vie des ardoisiers se sont terriblement dégradées en ces années 1850-1860. Le préfet a dû, pour adoucir les sanctions, faire des distributions de pain aux familles des ouvriers incarcérés. C’est dans ce contexte que se produisent au printemps suivant les grandes inondations de 1856. Aux nombreuses victimes, s’ajoutèrent des dégâts matériels très importants et – comme si un malheur ne suffisait pas – les ardoisières de Trélazé sont entièrement sous les eaux. En raison de l’insistance du préfet, l’empereur vint à Angers et Trélazé le 9 juin 1856. Cette visite doit être interprétée dans la continuité de l’affaire de la Marianne : c’est très nettement de la part de l’empereur une volonté d’affirmer son autorité mais aussi de renforcer sa popularité. Le rôle du préfet pendant les élections est sous l’empire plus important que jamais. Il transparaît notamment à travers les Mémoires d’Antoine Farran, lors des élections législatives de 1857 : « Jamais, dans aucun temps, l’autorité supérieure ne s’était immiscée dans cette lutte avec autant d’acharnement. C’étaient circulaires sur circulaires adressées chaque jour aux maires du département. C’étaient des lettres suppliantes écrites à tous les électeurs ; mon jardinier de la campagne a reçu une missive de M. le Préfet. Enfin, rien n’a été omis pour faire triompher les candidats du gouvernement impérial ». De fait, c’est le maire d’Angers Duboys qui est élu député contre Grégoire Bordillon. Vallon incarne pleinement le préfet du Second Empire, dont le pouvoir est très important dans tous les domaines, et se colore plus que jamais d’une teinte politique.
74Il est ensuite nommé préfet du Nord, 17 octobre 1857. Il est mort en fonction.
75F1bI 176/3.
Bourlon de Rouvre (Léopold)
76Né à Chaumont (Haute-Marne) le 23 mars 1820 et mort à Paris le 19 juin 1905.
77Il débute sa carrière en 1842 comme auditeur au Conseil d’État. Le 6 avril 1846, il est nommé sous-préfet de Sainte-Menehould, poste duquel il est révoqué le 12 mars 1848. Le 10 février 1849, il est nommé sous-préfet de Château-Chinon, mais il démissionne dès le 26. Il est ensuite sous-préfet d’Avallon, 9 novembre 1849 ; préfet du Cantal, 26 novembre 1851 ; des Vosges, 8 avril 1853.
Préfet de Maine-et-Loire, 13/30 novembre 1857 - 16 octobre 1865.
78Son séjour dans le département, malgré une certaine libéralisation du régime, est toujours sous le signe d’une surveillance politique très étroite. En marquant ses distances par rapport à l’Église et aux Légitimistes, le préfet pense attirer les votes républicains vers les candidats bonapartistes. Il surveille attentivement les sociétés de loisirs qu’il accuse d’être des lieux de propagande « démagogique ou cléricale ». Il décide de ne plus en autoriser de nouvelles. La presse est muselée et le préfet ne donne autorisation de paraître qu’aux journaux ne s’occupant pas de politique, comme Le Journal de Baugé (1863), La Semaine religieuse (1863), Le progrès de l’Ouest (1865), etc.
79Il est ensuite préfet de la Loire-Inférieure, 16 octobre 1865 ; de la Gironde, 31 janvier 1870. Il est écarté de la fonction publique le 6 septembre 1870 et dès lors, touche une pension de retraite.
80F1bI 156/40.
Poriquet (Charles Paul Eugène)
81Né à Paris le 30 juillet 1816 et mort à Paris le 9 mars 1910.
82Il est d’abord inspecteur général de police à Nantes le 10 février 1852, mais son poste est supprimé le 5 mars 1853. Le 9 juin 1858, il est nommé préfet du Morbihan. Puis il est préfet de la Meuse, 29 avril 1861 et de Mayenne, 13 février 1865.
Préfet de Maine-et-Loire, 16/31 octobre 1865 - 5 septembre 1870.
83Poriquet incarne le temps d’un empire plus libéral. En vertu de la nouvelle loi sur la presse et les réunions, il autorise en 1868 la parution de deux journaux d’opposition : L’Ouest et Le Réveil de l’Ouest et plusieurs réunions politiques ont lieu dans le département avant les élections de 1869. Ces élections marquent un progrès des forces d’opposition (Allain-Targé, candidat dans le Saumurois a obtenu 30 % des voix). Après la déclaration de guerre à la Prusse, le préfet, qui d’ordinaire a la tâche de recruter les classes de militaires, doit lever les armées départementales. Il procède lui-même à la nomination des officiers de la garde mobile afin d’accélérer la mobilisation. Il ordonne à ses sous-préfets de mobiliser dans la garde sédentaire tous les hommes jusqu’à 40 ans.
84Il démissionne le 4 septembre, et quitte la fonction publique. Il sera plus tard élu sénateur de l’Orne, 1876-1882.
85F1bI 170/21.
Allain-Targe (François Henri René)
86Né à Angers le 7 mai 1832 de François Henri Allain-Targé, natif de Saumur, devenu avocat puis procureur général et député, et de Marie Henriette Juin. En 1857, il épouse Geneviève Émilienne Élise de Villemain, fille d’Abel François de Villemain, membre de l’Académie française, pair de France, ministre de l’Instruction Publique. Ils eurent deux filles. Il est décédé en Maine-et-Loire, au château de Targé, le 16 juillet 1902.
87Après des études secondaires à Angers, il effectue des études de droit à Poitiers, et obtient une licence le 7 mars 1853. Il exerce ensuite pendant huit ans la profession d’avocat. En 1855, il n’hésite pas à prendre la défense des Mariannistes, affichant ainsi publiquement ses idées politiques. En 1861, il devient substitut du procureur à Angers, mais il donne sa démission en 1864. Il s’installe alors à Paris et devient journaliste, en écrivant dans différents journaux d’opposition. En 1868, il fonde avec Gambetta, Spüller et Buisson la Revue politique, feuille très vite supprimée. Il se présente comme candidat aux élections législatives de 1869 dans la circonscription de Saumur. Il y était un membre actif des cercles républicains et organisa en cette année 1869 de nombreuses réunions à Parnay.
Préfet de Maine-et-Loire, 5 septembre 1870 puis Commissaire de la Défense nationale en Maine-et-Loire, Vendée, Mayenne et Sarthe - 5 octobre 1870.
88Nommé à ce poste par son ami Gambetta, il est le premier des préfets à ne pas prêter serment puisque la République du 4 septembre abolit définitivement cette pratique. Le franc-maçon Allain-Targé incarne l’une des grandes figures de l’opposition républicaine du département au xixe siècle. Sa première tâche est, comme à chaque changement de régime, de procéder au changement des sous-préfets : Abellard à Saumur, Benoist à Baugé et Villedieu à Cholet sont tous républicains. Il doit aussi, conformément aux ordres de Gambetta, remplacer tous les maires ou conseillers municipaux qui passent pour des adversaires farouches de la République, mais laisser en place les autres. Une telle directive a donné lieu a des mesures parfois arbitraires, consécutives à des lettres de dénonciation. À Angers, à la fin du mois de septembre, il constitue une commission municipale de 27 membres formée de tous les notables municipaux républicains. Le préfet doit surtout parer à l’urgence, et pour l’heure, c’est la guerre. Il institue dès le 11 septembre un comité départemental de défense du Maine-et-Loire, dont il est vice-président, chargé de mettre en place et d’organiser la défense militaire à l’échelle du département. Le préfet envoie même un certain Lechalas en Angleterre pour acheter des armes et pallier au manque d’armement des troupes de défense. Il est pour la défense à outrance, la « guerre des haies et des chemins creux ». Il n’est resté qu’un mois en poste dans le département. Le 4 octobre, il donne sa démission quand le gouvernement de Tours décide de faire procéder aux élections.
89Il est ensuite nommé commissaire aux armées pour les départements de Maine-et-Loire, Sarthe et Mayenne puis préfet de la Gironde, 29 novembre 1870, mais il donne sa démission au mois de février 1871. Resté un farouche partisan de la défense à outrance, il est en effet indigné par la capitulation de Paris. En juillet 1871, il est élu conseiller municipal de Paris et le restera jusqu’en 1874. Il fonde avec Gambetta La République française, dans laquelle il écrit jusqu’en 1877. De 1876 à 1889, il est député de la Seine. Du 14 novembre 1881 au 30 janvier 1882, il est ministre des Finances du gouvernement Gambetta. Du 5 avril 1885 au 2 janvier 1886, il est ministre de l’Intérieur du gouvernement Brisson.
90F1bI 155/3.
Engelhardt (Louis Maurice) dit Engelhard
91Né à Strasbourg (Bas-Rhin) le 21 mars 1819 de Louis Henri, avocat, et de Marguerite Salomé Boch. Marié à Louise Aimée Valentine Fleury née en 1838 (d’Alphonse Pierre Louis préfet et de Laure Decerfz (1809-70), « ma charmante amie d’enfance » écrit G. Sand) et morte en 1931. Il est mort à Paris (5e) le 14 mai 1891. Il eut deux enfants.
92Après des études de droit à Strasbourg (doctorat en droit), il devient clerc dans l’étude de L. B. Bonjean, avocat à la cour d’appel et à la Cour de Cassation. Puis il exerce lui-même le métier d’avocat à Strasbourg et devient secrétaire d’Émile Arago à Paris. Il est nommé maire de Strasbourg en septembre 1870, mais cette nomination est refusée par la commission municipale. Il s’établit à Sélestat où il exerce les fonctions de sous-préfet. Puis il est nommé préfet du Bas-Rhin, 5 octobre, département qu’il tente d’administrer pendant quelques jours.
Préfet de Maine-et-Loire, 6/7 octobre 1870 - 25 mars 1871.
93Protestant, républicain et libre-penseur, Engelhard ne reste que quelques mois dans le département de Maine-et-Loire. Le préfet entend pourtant prendre des mesures symboliques du changement : il réhabilite toutes les personnes du département persécutées sous l’Empire. Le 30 octobre, il se rend à Trélazé où il prononce un discours faisant l’éloge de la société secrète La Marianne. Il s’en prend à l’Église en proposant de supprimer, à l’occasion de la rentrée de la Cour d’appel et des tribunaux de première instance, la traditionnelle messe du Saint-Esprit. En décembre 1870, le conseil général est dissous, sur décision de la Délégation du Gouvernement de la Défense nationale. Le préfet demande aux sous-préfets de lui adresser le nom de candidats sincèrement républicains. Cependant, il se trouve confronté à l’opposition du parti clérical si puissant en Anjou. Ce dernier lui mène une guerre sourde : les attaques contre le préfet et contre le nouveau régime se multiplient dans la presse. C’est la fin du climat d’union, qui avait prévalu en raison de la guerre. (Depuis le 25 novembre 1870, le département avait en effet été déclaré en état de guerre). Cette dégradation du climat politique n’empêche pas la préfecture et l’évêché de travailler de concert pour porter secours aux blessés. Engelhardt est chargé d’organiser les élections législatives de février 1871. Pensant d’abord se présenter, il se retire pour des raisons tactiques, mais place l’un de ses conseillers de préfecture sur la liste républicaine, où se trouve également Allain-Targé. C’est cependant la liste conservatrice qui obtint la majorité. Engelhard est remplacé le 25 mars 1871 mais l’intérim est assuré dès le 4 par Merlet, qui occupera le poste trois ans plus tard.
94Il quitte la carrière préfectorale et redevient avocat à Paris ; conseiller municipal (radical) de Paris (Sorbonne) le 11 octobre 1875 ; président du conseil général de la Seine en 1878 ; réélu 4 le novembre 1881 au conseil municipal qu’il préside le même jour ; candidat à maintes reprises à la députation, il se retire de la vie politique en 1884.
95FlbI 159/1.
Leguay (Léon, baron)
96Né à Paris (7e) le 3 juillet 1827, il se marie en septembre 1863 à N. Thouincont dont il eut deux enfants. Il est mort le 25 janvier 1891.
97Titulaire d’une licence en droit, il est attaché au ministère des Finances, 1841-1854. Puis il est élu membre du conseil général de l’Orne (Alençon), juin 1858-1871.
Préfet de Maine-et-Loire, 25/27 mars 1871 - 18 juin 1873.
98Nommé par le gouvernement Thiers, le baron Le Guay, propriétaire d’un vaste domaine dans le département, est un fervent catholique et de sensibilité monarchiste. Il participe aux œuvres du diocèse et entretient de bonnes relations avec Mgr Freppel. Cependant, il estime que le clergé manque de modération dans son action. Ceci ne l’empêche pas de lutter contre les républicains qui contrôlent les municipalités d’Angers et de Saumur. Il annule certaines délibérations municipales. Citons pour exemple l’affaire des subventions aux écoles congréganistes : en 1871-1872, suite à la suppression de toute subvention aux écoles congréganistes par le conseil municipal d’Angers, le préfet, pensant la réclamation de l’évêque fondée, intervient auprès du conseil et rétablit d’office la subvention accordée aux frères des écoles chrétiennes.
99En décembre 1873, il est promu secrétaire général du ministère ; puis conseiller d’État, 19 juin 1873. Préfet du Nord, 21/25 décembre 1873, remplacé, 21 mars 1876. Il est élu sénateur du Maine-et-Loire le 30 janvier 1876, réélu le 5 janvier 1879 et le 5 janvier 1888. Il a obtenu la Légion d’Honneur le 25 février 1870 ; officier le 11 octobre 1873.
100FlbI 166/22.
Merlet (Jules Marie)
101Né à Angers (Maine-et-Loire) le 26 novembre 1830 d’Henri Marie, négociant et de Virginie Françoise Brichet. Il a épousé N. Brault fille d’un juge de paix du Doubs, dont il eut deux enfants. Il meurt au château de La Barre à Martigné-Briand (Maine-et-Loire) le 1er août 1921. Son grand-père avait été membre de l’assemblée des Cinq-Cents, son grand-oncle, Jean François Henri Merlet, préfet du Consulat, son oncle, Jean-Jacques, sous-préfet de Cholet de 1830 à 1848.
102Licencié en droit, il devient avocat à la cour d’appel de Paris en 1852. Puis il est nommé conseiller de préfecture de l’Ardèche, 16 août/19 septembre 1856 ; de Maine-et-Loire, 28 octobre/7 novembre 1857 ; vice président, 10 janvier 1866 jusqu’à sa démission le 22 septembre 1870 ; il exerce les fonctions de préfet de Maine-et-Loire par intérim en mars 1871 (Jusqu’au 27) ; il reprend ses fonctions de vice-président du conseil de préfecture le 2 avril 1871, où il est confirmé le 10 janvier 1872 et le 18 janvier 1873.
Préfet de Maine-et-Loire, 18/21 juin 1873 - 17 juin 1876.
103Nommé par le gouvernement De Broglie désigné par Mac Mahon, c’est sous sa préfecture que Mgr Freppel inaugure l’Université catholique d’Angers, en vertu de la loi du 12 juillet 1875 sur l’enseignement supérieur libre. Il est remplacé le 17 juin 1876 et quitte la carrière préfectorale.
104Il est élu député du Maine-et-Loire le 14 octobre 1885. En 1889, il ne se représente pas, mais est élu sénateur dans le département le 19 avril 1891, le 3 janvier 1897, et le 7 janvier 1906. Il a obtenu la Légion d’Honneur le 7 août 1875.
105FlbI 167/20.
Reinach-Werth (Maximilien Benoît Félix, baron de)
106Né à Niedernai (Bas-Rhin) le 21 juillet 1837 de Maximilien Henry Constantin (1809-1867) propriétaire, maire de Niedenai, conseiller général d’Obernai (1852-67) et de Marie Eusèbe Cresence Walbourge de Breitenlandenberg. Marié le 7 mai 1863 à Ernestine de Balsac de Firmy née vers 1837, dont il eut un fils, qui devint lieutenant de vaisseau. Mort en 1896. Élève à l’école militaire spéciale de Saint-Cyr. Il est promu sous-lieutenant au 12e régiment de chasseurs et est envoyé en Afrique pendant deux ans pour la campagne du Maroc en 1859. Il démissionne et est nommé conseiller de préfecture dans le Tarn-et-Garonne, 1er février/1er mars 1862, puis de la Moselle (2e), 25 juin/1er août 1864. Sous-préfet de Marennes 25 octobre/19 décembre 1865. Il démissionne en mars 1867 et devient conseiller général d’Obernai, 1867-70, puis maire de Niedernai. Il intègre le corps des préfets en 1873 et il est nommé préfet du Jura, puis préfet de la Meuse, 24 mai/16 juin 1876.
Préfet de Maine-et-Loire, 17/23 juin 1876 - 18 décembre 1877.
107Partageant la même sensibilité politique que ses prédécesseurs, il est le dernier des préfets de l’Ordre moral. En effet, l’été 1877, il échappe au mouvement de révocation de préfets orchestré par Mac Mahon dans le but de favoriser les monarchistes aux élections législatives prévues à l’automne, pour remplacer la Chambre dissoute le 25 juin. Il a donc la confiance du gouvernement de Broglie. Pour gagner ces élections, il demande instamment au ministre de l’Intérieur Fourtou de lui renvoyer l’ancien secrétaire général de la préfecture, Montaubin, envoyé en disgrâce à Aubusson, ce qui est fait en juillet. Cela fut efficace en Maine-et-Loire où les conservateurs emportent 6 sièges sur 7. À l’échelon national, ces élections se soldent par une victoire républicaine, et le préfet Reinach-Werth, à l’instar de nombreux préfets, se voit contraint, à 40 ans, de donner sa démission. Elle est acceptée le 18 décembre 1877.
108Il a obtenu la Légion d’Honneur le 23 mars 1867 ; est devenu officier le 24 février 1872.
109FlbI 172-5.
Bechade (Abdon Étienne)
110Né à Castillonnès (Lot-et-Garonne) le 7 janvier 1836 de Hyacinthe, 41 ans, avocat et de Françoise Dubois, 29 ans. Marié. Mort au château de Lagrave, Baleyssagues (Lot-et-Garonne) le 24 janvier 1897.
111Après avoir exercé le métier d’avocat à Bordeaux entre 1861 et 1870, il est élu conseiller général de Lot-et-Garonne le 19 juin 1864, fonction qu’il exerce jusqu’en 1870. Il intègre le corps préfectoral comme sous-préfet de Marmande nommé par le préfet, le 11 septembre 1870 ; confirmé, 6/15 décembre ; puis il est nommé sous-préfet de Pontivy, 19 avril/4 mai 1871 ; de Pamiers, 24 janvier 1872, mais il est révoqué, 24 mai 1873. Nommé sous-préfet de Boulogne-sur-Mer, 24 mai/7 juin 1876. Préfet de la Nièvre, 5/10 janvier 1877, mais il donne sa démission, 18 mai 1877. Il est réintégré en décembre 1877.
Préfet de Maine-et-Loire, 18/27 décembre 1877 - 12 janvier 1880.
112Bénéficiant du mouvement d’épuration administrative de l’automne 1877, Béchade entre en fonction dans le département le 18 décembre. Il est le premier de la – désormais très longue – série de préfets républicains. Auréolé de la réputation d’un fonctionnaire ayant mérité au 4 septembre 1870, il a aussi l’expérience des provinces de l’Ouest pour avoir occupé la fonction de sous-préfet à Pontivy. La tâche s’annonce difficile puisqu’il doit non seulement compter avec l’hostilité de Mgr Freppel, mais aussi avec les exigences et les divisions du parti républicain. Car ce dernier ne pardonne à l’administration aucune défaite face au parti clérical. Dans une lettre au ministre de l’Intérieur du 29 août 1879, Béchade affirme pourtant avoir toujours reçu la confiance des républicains.
113Il est remplacé le 12 janvier 1880, et affecté comme Trésorier payeur général dans le département du Cantal, 19 décembre 1879 mais il n’y est pas installé. Il est alors nommé dans la Sarthe, 22 janvier/1er mai 1880 ; puis Trésorier payeur général de Seine-et-Marne 23 mai/1er septembre 1886 ; de la Loire-lnférieure, 29 janvier/1er mai 1887. Retraite le 28 mai/1er novembre 1896. Légion d’Honneur, 21 juin 1896.
114FlbI 156/12.
Assiot (Marie Louis Félix Auguste)
115Né à Toulouse (Haute-Garonne) le 25 juillet 1834 d’Étienne Nicolas Félix professeur de mathématiques et de Marie Louise Josèphe Edwige Duc. Marié à Palmyre Durand. Mort à Monfavet, Avignon (Vaucluse) le 3 janvier 1893.
116Licencié ès sciences mathématiques et titulaire d’un diplôme d’ingénieur civil (hydrographie et usines), il devient professeur de mathématiques pures et appliquées à l’école municipale des beaux-arts et des sciences industrielles de Toulouse en septembre 1859, puis chef d’une institution préparatoire aux écoles spéciales et aux baccalauréats à Toulouse, 30 juillet 1861. Il est nommé sous-préfet de Castres, 13/15 septembre 1870 ; puis de Saint-Nazaire, 11/18 avril 1871 ; démission, 25 mai 1873. Préfet du Gers, 5/12 janvier 1877 ; de l’Aveyron, 30 décembre ; de la Haute-Loire, 25 juillet/7 août 1878.
Préfet de Maine-et-Loire, 12/23 janvier 1880 - 26 janvier 1881.
117D’après Isabelle Emeriau, Assiot fut sans doute « le plus malheureux des préfets ». La personnalité maladroite de cet homme n’était pas à la hauteur des difficultés à arbitrer dans ce département. Il intenta un procès à la jardinière de la préfecture pour avoir utilisé du fumier de la préfecture à son usage propre ! En 1880, il parvient, en vertu du décret Ferry, à faire expulser par la force le couvent des Jésuites d’Angers, malgré la grande manifestation catholique où Mgr Freppel lui-même s’est rendu. Ensuite, il procède à l’expulsion des Trappistes de Bellefontaine. En septembre 1880, il révoque le maire de Marans, Monsieur de la Perraudière, un noble clérical, qui avait mené la lutte contre l’ouverture d’une nouvelle école publique en vertu des lois Ferry. Mais le préfet n’est pas soutenu par le parti républicain, qui le trouve incapable de se confronter à Mgr Freppel, et redoute les conséquences électorales. En octobre 1880, Janvier de la Motte et Benoist exigèrent auprès du ministre son départ dans les plus brefs délais. Assiot lui-même, conscient de son échec, demande son déplacement qui n’intervient qu’en janvier 1881.
118Il est nommé préfet de Vaucluse, 26 janvier/7 février ; du Puy-de-Dôme, 8 novembre 1882, maintenu dans le Vaucluse, 15 novembre ; retraite et préfet honoraire, 12 février 1886. Légion d’Honneur, 12 juillet 1880 ; officier, 9 juillet 1883.
119FlbI 301.
Schnerb (Eugène)
120Né à Paris (3e) le 11 août 1839 de Simon né à Herrlisheim (Haut-Rhin) le 17 avril 1801, employé-caissier et de Marie Eugénie Merbodt née à Luxembourg le 29 juillet 1810. Reconnu et légitimé par le mariage des parents à Paris le 5 décembre 1844 ainsi que ses deux frères aînés. Mort le 24 juin 1897. Il eut deux enfants. Il exerce le métier de publiciste avant d’intégrer le corps préfectoral à la faveur du mouvement de l’automne 1877.
121Il est d’abord nommé préfet de la Corse, 18/27 décembre 1877 ; puis de Vaucluse, 15/30 mars 1879.
Préfet de Maine-et-Loire, 26 janvier/7 février 1881 - 1er mai 1882.
122Ce préfet, resté peu de temps en poste en Maine-et-Loire, est plutôt considéré comme une figure peu marquante, comme un préfet « de passage ».
123En mai 1882, il est nommé directeur de la Sûreté générale. Puis préfet de la Gironde, 1/9 avril 1884 ; de Meurthe-et-Moselle, 8/23 septembre 1885. Le 1er décembre 1888, il est mis en disponibilité avec traitement. Conseiller d’État, 8/20 juin 1889. Préfet honoraire, 5 juillet 1887. Il a obtenu puis la Légion d’Honneur le 6 février 1877 ; officier 12 juillet 1880 ; commandeur 13 juillet 1887.
124FlbI 383 et 907.
Jabouille (Louis Arthur)
125Né à Ruffec (Charente) le 23 octobre 1842 d’Edmond Thomas, lieutenant de gendarmerie, chev. L.H. et de Rose Petit. Marié (d’après l’acte de décès) à Poitiers (Vienne) à Emma Jenny Lejeune, 31 ans, née à Besançon (Doubs), dont il eut quatre enfants. Mort à Paris (8e) le 25 février 1887.
126Il est d’abord substitut du procureur au tribunal de Saintes. En avril 1876, il est nommé sous-préfet de Dôle, et remplacé le 24 mai 1877. Nommé à nouveau à ce poste, 30 décem-bre/1er janvier 1878. Puis il occupe successivement les postes de préfet du Jura, 15/20 mars 1879, de l’Oise, 17/22 novembre 1880.
Préfet de Maine-et-Loire, 1/15 mai 1882 - 25 avril 1885.
127Ami personnel de Jules Grévy, Jabouille incarne la figure du « Préfet de choc » (Isabelle Emeriau). Il arrive en Maine-et-Loire au cours de l’année 1882, et entend mener une véritable guerre contre le cléricalisme. C’est une mission difficile mais facilitée par la réélection de l’évêque d’Angers comme député de la circonscription de Brest. Ce dernier passe désormais plus de temps à Paris que dans son diocèse. L’offensive préfectorale débute par une attitude intransigeante lors de la fête du 14 juillet 1882, instaurée deux ans auparavant. Le préfet est bien décidé à appliquer à la lettre la circulaire de Flourens rappelant que l’intérieur des églises est réservé au culte, mais que l’extérieur est public. Le 12 juillet, il prend un arrêté qui impose le pavoisement de l’évêché. L’architecte diocésain refuse et démissionne. Cinq trophées sont pourtant installés et surveillés par cinq sergents de ville. Mgr Freppel réagit en intentant un procès à l’entrepreneur chargé des décorations. Or, le 25 janvier 1883, la Cour d’Appel d’Angers donne raison à l’évêque. Le 1er février, le préfet promulgue un arrêté de conflit. Le 14 avril, le tribunal des conflits casse l’arrêté du 25 janvier, et reconnaît par conséquent au gouvernement républicain la possibilité d’illuminer et de pavoiser l’évêché. Le préfet ne manqua pas de le faire le 14 juillet 1883, ce qui illustre bien son esprit combatif. Jabouille entend par ailleurs occuper le premier rôle au sein du parti républicain de Maine-et-Loire. Cela peut sembler paradoxal dans la mesure où l’Etat défend le principe de la neutralité. Mais dans le cas du Maine-et-Loire, le préfet peut en fait devenir un missionnaire de la République, puisque le régime politique lui-même est loin de recueillir l’adhésion de la majorité des Angevins et de leurs élus. Ainsi, Jabouille devient membre du Cercle républicain de l’Anjou, entraînant à sa suite le conseiller de préfecture Calmès et son chef de cabinet, ancien instituteur, Gellerat (Jean-Edouard). La personnalité du préfet n’est pourtant pas appréciée de tous les républicains : bon nombre d’entre-eux se réjouissent de son départ. C’est d’ailleurs comme une sanction que le changement de poste de Jabouille doit être interprété. Ce dernier a en effet menacé publiquement le président de la Cour d’Appel, le franc-maçon Chudeau, de le gifler, l’accusant d’être complice des caricatures ridicules qui paraissaient régulièrement sur le préfet dans La satire de l’Ouest.
128Il est ensuite nommé préfet du Doubs, 25 avril/1er mai 1885. Il est mort en fonction. Légion d’Honneur, 12 juillet 1880.
129FlbI 349. BB6 II 215. Préfecture de police, B a/1123.
Chiérico (Félix) dit Nelson-Chiérico
130Né à Alger (Algérie) le 10 juillet 1847 de Michel Nelson François, 36 ans, négociant italien et d’Henriette Victorine Émilie Cécile Arnaud, 37 ans. Célibataire.
131Il obtient un doctorat en droit à la faculté de Paris, puis devient avocat à Alger. Il est nommé secrétaire général de la Lozère, 21 février/7 mars 1877, révoqué en mai ; puis à nouveau nommé secrétaire général, de la Côte-d’Or, 26 décembre/10 janvier 1878 ; de la Seine-Inférieure, 27 octobre/1er novembre 1880. Préfet de la Nièvre, 4/16 avril 1883.
Préfet de Maine-et-Loire, 25 avril/1er mai 1885 - 11 novembre 1886.
132Chiérico, au caractère moins batailleur, prend le contre-pied de la politique de Jabouille à l’égard de Mgr Freppel. Il parvient à rétablir des relations normales avec l’évêché. Il estime, à la veille des élections de 1885, qu’il ne faut pas déplacer le débat sur le terrain religieux. Il est remplacé le 11 novembre 1886.
133Il devient directeur de la banque d’Algérie puis receveur percepteur à Paris. De 1904 à 1907, il occupe le poste de Trésorier payeur général d’Alger. Légion d’Honneur, 30 décembre 1884.
134FlbI 1319.
Bardon (Charles Marie Joseph)
135Né à Nîmes (Gard) le 1er mars 1848 de Jacques Philippe, 54 ans, doreur, mort à Nîmes le 1er février 1868 et de Mathilde Paderq, 45 ans, morte à Nîmes le 7 mai 1884. Marié à Taninges (Haute-Savoie) le 19 février 1887 à Antonie Marie Humbert née à Taninges le 11 mai 1867, dont il eut deux enfants. Mort à Nice (Alpes-Maritimes) le 20 mars 1899.
136Il débute sa carrière comme sous-préfet d’Uzès, 30 décembre 1877/1er janvier 1878. Puis il est nommé : conseiller de préfecture des Bouches-du-Rhône, 12/22 janvier 1880 ; sous-préfet d’Alès, 17/20 novembre 1880 ; préfet de l’Aveyron, 4/12 avril 1883 ; de la Haute-Savoie, 25 avril/1er mai 1885.
Préfet de Maine-et-Loire, 11/14 novembre 1886 - 8 janvier 1890.
137Bardon est bien décidé à reprendre fermement la lutte contre le cléricalisme. Mais cette lutte ne se traduit pas par une opposition brutale à Mgr Freppel. Dans le but de favoriser les républicains aux élections législatives de 1889, il propose au ministère de l’Intérieur un nouveau découpage de l’arrondissement d’Angers. L’ancien, réalisé pendant la période de l’Ordre moral, visait à réduire le poids de la ville. Le préfet met donc en place un découpage qui permet une représentation directe de la ville d’Angers à la Chambre des députés. Mais aucun républicain n’est élu dans le département, alors qu’ils connaissent une victoire nationale. Angers et Baugé ont même élu deux conservateurs ! Le préfet ne peut qu’avouer son échec et les journaux républicains, comme Le Ralliement ou La petite Loire, se livrent à une critique très sévère. Il est accusé d’avoir provoqué la division de la famille républicaine en favorisant les Opportunistes Benoist, ami d’Allain-Targé, et Peyssonie, aux dépens de candidats plus radicaux. Cela met en évidence la position extrêmement vulnérable du préfet, liée à son rôle très politique sous la IIIe République. Ce rôle politique s’étend même à des affaires mineures : comme ses prédecesseurs, Bardon oriente les secours gouvernementaux aux travaux à réaliser dans les églises rurales en fonction des intérêts politiques. En 1888, il propose l’attribution d’un secours car « la municipalité et la population de Saint-Melaine sont, en grande majorité dévouées aux institutions républicaines ».
138Il est ensuite nommé préfet du Puy-de-Dôme, 8/25 janvier 1890 ; de la Somme, 6/20 janvier 1897 ; des Alpes-Maritimes, 8/12 novembre 1898. Il est mort en fonction. Légion d’Honneur, 11 juillet 1882 ; officier, 13 juillet 1891.
139FlbI 302. F4 3275.
Ligier (Jules Marie Herman)
140Né à Poligny (Jura) le 1er février 1849 de Bélisaire Félix, 29 ans, propriétaire, professeur, maire de Poligny le 4 septembre 1870, mort en 1871 et de Marte Joséphine Ermance Laroue. Célibataire. Mort à Caen (Calvados) le 26 mars 1904.
141Licencié ès lettres en 1871, titulaire d’une thèse sur La politique de Rabelais. Engagé volontaire dans les corps francs des Vosges en 1870-71. Maître auxiliaire au lycée Henri IV à Paris, 1869-70 ; répétiteur au lycée de Lyon, 1871-72 ; publiciste à La Cloche, au Siècle, 1872-78. Il intègre la carrière préfectorale comme sous-préfet de Mirecourt, 30 décembre 1877/4 janvier 1878, de Dôle, 25/31 mars 1879, 30 décembre 1880, de Meaux, 28 août/ 22 septembre 1881. Il est ensuite nommé préfet du Jura, 21 octobre/1er novembre 1883 ; de la Somme, 24 mars/5 avril 1888.
Préfet de Maine-et-Loire, 8/15 janvier 1890 - 16 novembre 1895.
142Les années 1890 voient se développer, en Anjou comme dans le reste du pays, le mouvement anarchiste. La préfecture surveille étroitement leurs activités et tient à jour un répertoire nominal des « anarchistes à résidence fixe ». Les « lois scélérates » conduisent le préfet à renforcer la surveillance et obligent Ludovic Ménard et les autres anarcho-syndicalistes à restreindre leurs activités. En 1891, Angers se dote d’une Bourse du Travail, qui compte 3400 adhérents, soit 27 % de la population ouvrière de l’agglomération. Les syndicats demandent au préfet d’intervenir comme médiateur des conflits sociaux. En 1891, Ligier tente, sans succès, une médiation entre les industriels de la chaussure et leurs ouvriers. La même année, ce sont les ardoisiers, dirigés par Ludovic Ménard, qui font appel à lui. En 1893, toujours dans l’industrie de la chaussure, au bout de 84 jours de grève et après l’échec de la tentative de conciliation réglementaire par le juge de paix, le préfet convoque les deux parties : la grève se termine le lendemain, sans que les ouvriers aient obtenu beaucoup. Pour les conflits politico-religieux, le climat général est à la détente. Le préfet est en bons termes avec l’évêque Mathieu. La personnalité de Ligier favorise cette accalmie. Cela n’est d’ailleurs pas du goût de tout le monde : le 23 août 1895, les conseillers généraux républicains réunis en session demandent au ministre la mutation du préfet. Celui-ci, d’après la lettre qu’ils ont alors rédigée, ne serait pas à même d’unir les différentes tendances du parti, en vue des élections, à cause de certaines inimitiés. Cette demande n’est pas prise en considération, et c’est le gouvernement suivant, dirigé par Bourgeois, qui place un nouveau préfet à la tête du département.
143C’est sur sa demande qu’il est appelé à d’autres fonctions et il devient trésorier payeur général de l’Orne, 5 décembre/1er févier 1896 ; du Calvados, 26 juin/1er septembre 1901. Mort en fonction. Légion d’Honneur, 10 juillet 1885 ; officier, 30 juillet 1894.
144FlbI 1359.
Delpech (Jean André Albert)
145Né à Amiens (Somme) le 21 septembre 1852 d’Alphonse Alexandre Désiré Constant, 30 ans, avoué, maire et de Sidonie Émélie Bernault. Marié à Perpignan (Pyrénées-Orientales) le 19 octobre 1839 à Constance Joséphine Marthe de Brugnère née à Perpignan le 19 novembre 1863. Mort à Paris le 25 avril 1930.
146Titulaire d’une licence en droit, il effectue son service militaire du 10 mars 1873 au 10 mars 1874. Il devient avocat à la cour d’appel d’Amiens, 1875-78. Puis il est nommé conseiller de préfecture du Pas-de-Calais, 15/17janvier 1878 ; du Nord, 13/19 février 1880. Il est mis en disponibilité sur sa demande, et occupe le poste de conseiller auprès du cabinet du ministre R. Goblet, 10 février 1882. Il intègre la carrière préfectorale comme sous-préfet de Langres, 8/23 novembre 1882, puis il est nommé préfet de la Haute-Marne, 6/15 mars 1886 ; des Ardennes, 22 septembre 1890 ; de l’Hérault 26 juin/5 juillet 1893. Il est mis en disponibilité le 31 juillet 1894.
Préfet de Maine-et-Loire, 16 novembre/5 décembre 1895 - 4 septembre 1900.
147À l’instar de son prédécesseur, Delpech est d’un tempérament conciliant. Il le prouve par son attitude dans l’affaire symbolique du projet d’érection d’une statue de Cathelineau au Pin-en-Mauges en 1896 : d’Andigné, maire de la commune, a proposé au Comité d’installation du monument de mettre la statue sur un terrain certes privé mais aménagé en place publique au centre du bourg. Le préfet enjoint au maire d’attendre l’autorisation ministérielle. C’est donc un piédestal vide qui est inauguré. Un an plus tard, c’est avec le descendant du héros vendéen que le préfet négocie l’installation de la statue puisque le terrain lui appartient : X. de Cathelineau refuse d’ériger un mur autour du terrain. Finalement, la statue qui avait été mise sous séquestre à la mairie est rendue à son propriétaire. Elle n’est donc pas érigée mais c’est la négociation, et non le conflit, qui a prévalu. Le 8 juin 1898, le préfet tient un cordon du poêle lors des obsèques de Mgr Baron. Par ailleurs, Delpech a participé en 1895 à la reconstitution de la Société des concerts populaires. Grâce à elle, Angers jouit d’une vie musicale de haute qualité : on y donne les premières auditions en France du Faust de Liszt. La presse républicaine reproche d’ailleurs au préfet son activité dans cette société, où il fréquente des réactionnaires et des « ralliés ».
148Delpech est ensuite nommé en Ille-et-Vilaine, 4 septembre/15 octobre 1900 ; appelé sur sa demande à d’autres fonctions, préfet honoraire, 9 septembre 1902. Il est nommé trésorier payeur général du Gers en octobre 1902 mais il refuse le poste. Il est placé en disponibilité avec traitement à compter du 1er octobre 1902. Retraite, préfet honoraire, 1er mars 1908. Légion d’Honneur, 30 décembre 1883.
149FblI 326. F4 3285.
Joly (Marie Jean Henri André de)
150Né à Paris (2e) le 26 janvier 1857 de Jules Louis Jean-Baptiste René et d’Élisabeth Marie Tavernier. Marié le 15 février 1882 à Alice Théodorine Louise Mamman née à Paris le 8 novembre 1862, dont il eut une fille. Mort le 6 avril 1934.
151Après avoir obtenu son baccalauréat ès lettres, il intègre la carrière administrative comme auxiliaire au ministère des Finances, attaché au cabinet du sous-secrétaire d’État (A. Cochery) en décembre 1877 ; il gravit progressivement les échelons et devient commis à l’administration des Postes et Télégraphes, 12 octobre 1878 ; sous-chef de cabinet du même, ministre, 5 février 1880-30 mars 1885 ; sous-chef de bureau au ministère, 1er avril 1885-8 janvier 1886 ; chef adjoint de cabinet du ministre J. Sarrien, 9 janvier 1886 ; chef de cabinet du même, ministre de la Justice, 13 décembre 1886 ; chef de cabinet du même, ministre de l’Intérieur, 18 décembre 1887 ; chef du bureau des affaires politiques, 30 mars/1er avril 1888. Il est ensuite nommé préfet de la Creuse, 3/25 octobre 1893 ; de la Vendée, 8 février/1er mars 1895 ; de Saône-et-Loire, 26 septembre/1er octobre 1899.
Préfet de Maine-et-Loire, 24 septembre/15 octobre 1900 - 5 septembre 1904.
152Nommé par le gouvernement Waldeck-Rousseau, André de Joly inaugure une nouvelle période de tensions dans le département. Jouant au mieux son rôle politique, le préfet accentue sa complicité avec tous les candidats républicains. Il participe volontiers à des banquets, visite les communes, comme Liré, La Varenne ou Champtoceaux en 1901. Il se trouve confronté à un rebondissement dans l’affaire de la statue de Cathelineau qu’un groupe de catholiques royalistes, sous la direction de M. d’Andigné et de X. de Cathelineau voulait ériger au Pin-en-Mauges : en 1902, X. de Cathelineau place la statue de son ancêtre sur le socle qui était resté vide. La réaction est immédiate : le 22 septembre 1902, le préfet fait descendre la statue. Il attise habilement les divisions conservatrices lors des élections de 1902 à Angers, provoque ainsi une triangulaire, qui permet la victoire du républicain Bichon. En 1903, en raison de menaces venant de groupes anticléricaux, il interdit la procession de la Fête-Dieu à Angers, contre l’avis du maire. Quelques mois plus tard, le 30 août, il est rappelé de sa cure à Bagnères de Bigorre lors de la grève de l’usine Bessonneau, marquée par des violences contre un directeur : sa médiation permet la reprise du travail le 9 octobre. L’année suivante, une grève à Trélazé est également marquée par des violences. Le gérant de l’entreprise ayant demandé l’intervention du procureur général, et laissant entendre un manque de fermeté du préfet, celui-ci réagit vigoureusement pour défendre ses prérogatives et rappelle à ce patron que des gendarmes « ont été blessés pour la défense des propriétés de [sa] société ».
153Puis il est nommé préfet des Alpes-Maritimes, 5 septembre/ 1er octobre 1904 ; appelé sur sa demande à d’autres fonctions, préfet honoraire, 19 juin/5 juillet 1917. Disponibilité sur sa demande, 7 mai 1920, à compter du 1er janvier. Retraite et préfet honoraire, 15 janvier 1923. Il a obtenu la Légion d’Honneur le 25 juillet 1887 : officier, 31 décembre 1897, commandeur, 30 juillet 1910, grand officier, 4 juin 1921.
154FlbI 635. F4 3292.
Marie (Alfred Victor)
155Né à Coutances (Manche) le 14 juin 1850 d’Adolphe Louis Marie, avocat, adjoint au maire, et de Delphine Rose Vigot. Il a épousé Marguerite Louise Potot, dont il eut une fille.
156Réformé au service militaire, il exerce le métier d’avocat à Coutances pendant quatre ans, dès l’obtention de son doctorat. En mars 1877, il est nommé conseiller de préfecture de la Corrèze, puis vice-président un an plus tard. Puis il gravit successivement les échelons de la carrière préfectorale : secrétaire général de la Nièvre : 25 juillet / 2 août 1878 ; de Saône-et-Loire, 5/10 septembre 1881 ; sous-préfet de Lisieux, 14 nov./1er déc. 1886 ; du Havre, 26 juin/5 juillet 1893 ; préfet de la Lozère, 18 mars/1er avril 1895 ; du Morbihan, 13 septembre/1er octobre 1897 ; de l’Aveyron, 24 mars 1901.
Préfet de Maine-et-Loire, 5 septembre/1er octobre 1904 - 1er décembre 1905.
157En 1905, il interdit la procession de la Fête-Dieu à Angers, pour les mêmes raisons que son prédécesseur. Une manifestation se dirige vers la préfecture aux cris de « conspuez Marie ! ».
158Il est déplacé, sur sa demande, au lendemain du vote de la loi sur la Séparation des Églises et de l’État.
159Il est alors nommé trésorier payeur général de l’Oise en décembre 1905, de la Manche en 1906, et est mis à la retraite le 8 octobre 1910. Il a obtenu la Légion d’Honneur le 26 août 1898.
160F1b1/501. AD 2M 7.
Bouffard (Henri Auguste)
161Né à Tôtes (Seine-Maritime) le 3 octobre 1851 de Jacques Charles, 40 ans, officier de santé et de Marguerite Saunier, 40 ans. Marié à Rouen (Seine-Inférieure) le 8 mai 1878 à Marguerite Pauline Esther Le Roy née à Offranville (Seine-Inférieure) le 13 août 1857. Mort à Bordeaux (Gironde) le 14 septembre 1922. Il eut trois fils, dont André, qui deviendra préfet.
162Après des études au collège à Dieppe, il entre à la faculté de droit de Paris et obtient une licence en droit le 12 mars 1874 puis un doctorat. Il est exempté de service militaire et occupe divers postes de la carrière judiciaire. Il est d’abord avoué à Yvetot, 23 février 1877 ; juge de paix suppléant, août 1881 ; président de la chambre des avoués, 19 octobre 1882 ; conseiller municipal. Il est ensuite nommé conseiller de préfecture de la Seine-lnférieure, 26 décembre 1885/1er janvier 1886, puis sous-préfet de Neufchâtel, 14/15 novembre 1886, sous-préfet de Louviers, 22/31 décembre 1891 ; secrétaire général du Calvados, 12 avril/ 1er mai 1894 ; de la Gironde, 13 septembre/1er octobre 1897. Préfet des Hautes-Pyrénées, 24 septembre/11 octobre 1900.
Préfet de Maine-et-Loire, 1/16 décembre 1905 - 14 février 1906.
163Auguste Bouffard doit dès son arrivée mettre en application la loi de Séparation des Églises et de l’État. Les premiers inventaires ont lieu au début de l’année 1906. Dans un département réputé difficile, Bouffard adopte une attitude prudente. Ainsi, bien que les catholiques s’y opposent, il n’y a aucun incident violent en Anjou. Les autorités, conciliantes, se retirent chaque fois qu’elles se voient refuser l’accès à une église. Mais les journées du 1er et du 8 février, marquées par les manifestations catholiques devant les églises Saint-Laud et La Madeleine à Angers, qui empêchent les inventaires d’avoir lieu, prennent le préfet au dépourvu. Sa passivité est interprétée comme un recul qui satisfait les catholiques et attise la flamme des socialistes : « Partout, les cafards ont ri au nez des autorité […]. Qu’attend-on pour agir ? » peut-on lire dans Le Cri social du 28 février 1906. Le préfet est déplacé, mais non sanctionné.
164Il est nommé préfet de la Manche, 14 février/1er mars ; de la Somme, 30 juin/ 20 juillet 1906. Appelé à d’autres fonctions, préfet honoraire, 22 novembre/16 décembre 1910, directeur de l’Institution nationale des sourds-muets de Bordeaux. Retraite, 5 décembre 1910. Il a obtenu la Légion d’Honneur le 9 août 1904 ; officier, 22 juillet 1909.
165FlbI 446. F4 3279.
Bascou (Eugène Jules Gustave Olivier)
166Né à Bouzon-Gellenave (Gers) le 3 février 1865 de Jules Joseph Alcide, 33 ans, médecin à Aignan (Gers) et de Marie Adèle Dualé, 21 ans. Marié à Marie Goudchaux, de la famille des banquiers, dont il eut une fille. Il est mort à Pau (Hautes-Pyrénées) le 2 octobre 1940. Après des études secondaires à Tarbes et Toulouse, il entre à la faculté de droit de Toulouse puis de Paris. Il obtient une licence en droit, et est inscrit au barreau de Paris. Il est nommé chef de cabinet du préfet de la Lozère et conseiller de préfecture de la Lozère, 7/15 janvier 1891. Il prend une disponibilité en décembre 1892 et est élu député (républicain indépendant) du Gers, 3 septembre 1893 ; il est à nouveau candidat en mai 1898, mais n’est pas réélu. Il exerce alors le métier de publiciste pendant trois ans (1898-1901). Puis il est nommé préfet des Basses-Alpes, 16 juillet/1er août 1901 ; de la Charente, 21 février/1er mars 1903.
Préfet de Maine-et-Loire, 14 février/ 1er mars 1906 - 13 janvier 1908.
167Olivier Bascou arrive en gare d’Angers à 2 heures 57, l’après-midi du jeudi 1er mars. On le décrit comme un homme d’une taille au dessus de la moyenne, une forte moustache, les yeux très vifs, la physionomie et le caractère énergique. Et effet, dès le lendemain de son arrivée, il décide d’en finir avec la résistance des catholiques, là où elle est la plus forte, où son prédécesseur a échoué, c’est-à-dire à Angers. Il fait cerner par la troupe toutes les églises non inventoriées, qui sont ouvertes de force. Les fonctionnaires de l’Enregistrement exécutent les inventaires. Mais les manifestants catholiques barricadés dans l’église de la Madeleine vont donner au préfet du fil à retordre. Finalement, onze personnes sont arrêtés et le préfet, au soir du 2 mars, est parvenu à imposer la volonté du gouvernement. Dans ce contexte, « les inventaires se ramènent à des formalités où l’aspect symbolique l’emporte sur la destination originelle de l’opération » (Laurent Dupuy). Le préfet envisage d’agir de la même manière avec toutes les paroisses récalcitrantes, mais l’incident de Boeschèpe (Nord) qui fit un mort le 6 mars conduit le ministre de l’Intérieur à réviser ses instructions aux préfets : craignant que le climat de guerre civile ne s’aggrave, il prône la prudence. À la fin de l’année 1906, la plupart des inventaires ont cependant pu être effectués. Le préfet s’attelle alors aux dossiers des emblèmes religieux dans les écoles et de la restitution des bâtiments publics occupés par l’Église. Là encore, il prouve sa détermination. En décembre 1906, 59 maires qui refusent de procéder à l’enlèvement des emblèmes religieux dans les écoles publiques sont suspendus ou révoqués. Ainsi des communes de Saint-Lambert du Lattay, Rochefort-sur-Loire, La Cornuaille, etc. Par ailleurs, le 11 décembre 1906, le préfet demande à Mgr Rumeau de quitter l’évêché, car l’État va reprendre possession du lieu. L’évêque refuse, soutenu par une grande manifestation. Bascou vient en personne négocier son départ. Finalement, l’évêque se résout, ému, à quitter le bâtiment. Le Grand Séminaire et les petits séminaires de Beaupréau et d’Angers (Mongazon) sont également évacués. En 1906, il tente sans succès de convaincre l’industriel Bessonneau de reprendre un ouvrier congédié, ce qui a provoqué une grève. Les grévistes manifestent de la bourse du travail à la préfecture pour demander l’appui du préfet (18 mars). Quelques jours plus tard, alors que le commissaire de police, après sommation, donne l’ordre à la troupe de charger les grévistes, le préfet s’interpose et fait retirer les troupes. Les grévistes l’acclament ! Ceci vaut au préfet de violentes attaques de la presse de droite : « Vous trouvez mauvais, cher M. Bascou, que des catholiques que vous venez provoquer chez eux se défendent, mais sublime que des ouvriers qui veulent porter atteinte à la propriété, ainsi qu’à la liberté du travail, démolissent vos fantoches de policiers ! ». En matière électorale, l’œuvre du préfet – s’il a effectivement la responsabilité qu’on lui fait si souvent endosser – est plus nuancée : le Maine-et-Loire conserve six députés de droite et un de gauche, mais la perte du siège d’Angers par la majorité du Bloc des Gauches est mal compensée par la victoire de son candidat à Baugé, Gioux. Les catholiques s’en réjouissent et accablent le préfet d’injures comme celle de « créature des loges ». Il n’en conserve pas moins la confiance des radicaux et du gouvernement, puisqu’il reste à son poste jusqu’en février 1908.
168Puis il est promu préfet de Seine-et-Marne, 13 janvier/1er février 1908 ; de la Gironde, 7/26 février 1914. En 1919, il démissionne et reprend ses activités de publiciste. Il est élu député (union des républicains) de Mirande, 29 avril 1928 ; candidat, mai 1932. Légion d’Honneur, 9 août 1904 ; officier 30 janvier 1913.
169FlbI 584.
Cruchon-Dupeyrat (Jean-Baptiste Adolphe François Joseph)
170Né à Libourne (Gironde) le 23 novembre 1868 d’Armand Gustave Alfred Henri Cruchon, 40 ans, avocat, conseiller municipal, consul de France à Séville et de Marte Berthe Rebeyrolle, 26 ans. Marié le 6 juin 1893 à N. Cabrol, fille d’un colonel du 11e régiment de chasseurs, dont il eut deux filles et un fils. Mentionnons qu’il fut autorisé par décrets du 9 septembre 1895 à s’appeler Cruchon-Dupeyrat et du 8 février 1919 à porter uniquement le nom de Dupeyrat.
171Après des études à la faculté de droit de Paris, il est le premier préfet de Maine-et-Loire à être passé par l’École libre des sciences politiques. Il devient ensuite avocat stagiaire à Paris, puis attaché au cabinet de Larroche, préfet de la Charente, 1891-92 puis de la Haute-Garonne, 16 décembre 1894/11 novembre 1895 ; rédacteur au ministère, 16 mars 1896 ; secrétaire général de la Vendée, 13 septembre/1er octobre 1897. Il est remplacé en avril 1898, et appelé à d’autres fonctions. Il est nommé chef de cabinet du ministre du Commerce (Maruéjouls) en 1898. Puis il est nommé sous-préfet de Fougères, 21 octobre/ 12 novembre 1898 et à nouveau appelé sur sa demande à d’autres fonctions : il devient directeur de l’Office du gouvernement général de l’Algérie à Paris, 16 juin 1900, puis directeur de cabinet du ministre (E. Etienne), 1er février 1905. Il réintègre la carrière préfectorale comme préfet de la Vendée, 11 novembre 1905, où il n’est pas intallé ; préfet des Hautes-Pyrénées, 1/16 décembre 1905 ; de l’Oise, 6/13 juillet 1907 ; de l’Aude, 13/17 juillet 1907.
Préfet de Maine-et-Loire, 13 janvier/1er février 1908 - 10 juin 1909.
172Resté à peine un an dans le département, à une période d’apaisement, Dupeyrat a laissé peu de traces en Maine-et-Loire. Il poursuit l’action de ses prédécesseurs en œuvrant pour la défense des idées de la République. Cela passe notamment par la défense de l’enseignement public, et l’on voit le préfet intervenir au conseil général en août 1908 pour rappeler qu’un instituteur se doit d’envoyer ses propres enfants dans les écoles publiques. Depuis le début des années 1880 et le vote des lois Ferry, les préfets et l’inspection académique se sont livrés à une tâche importante « d’épuration » parmi le personnel enseignant. Les instituteurs sont à cette époque placés au centre des tactiques électorales élaborées par le préfet pour favoriser les idées républicaines. Le préfet est donc particulièrement attentif à ces fonctionnaires et conscients du rôle qu’ils peuvent jouer. Cependant, il nomme rarement de véritables militants car il est aussi attentif à ne pas attiser trop fortement les tensions. En 1908, il veut obtenir des sanctions contre des instituteurs syndiqués et socialistes qui ont adhéré à une motion « anti-patriotique » de la SFIO. Simon, Bordier, et Bouet sont défendus par la bourse du travail, le comité central de la Ligue des Droits de l’Homme (juin 1908-avril 1909). Le gouvernement finalement recule, et cette fausse manœuvre provoque le départ de Dupeyrat. Il est l’un des rares préfets à avoir accompli par la suite une brillante carrière diplomatique.
173Appelé sur sa demande à d’autres fonctions, il est nommé préfet honoraire et devient Consul général, 30 juillet 1909, puis : attaché commercial en Russie, 12 août 1909 ; chef du bureau du Maroc, 10 mai 1912 ; ministre plénipotentiaire à Santiago du Chili, 25 février 1914, non installé. Il obtient une disponibilité le 27 février 1914, et est placé à la disposition du gouvernement chérifien, 8 septembre 1915… En mission en Amérique du Sud. 28 mai-3 décembre 1921 ; ministre plénipotentiaire et maintenu dans les cadres, 9 janvier 1928 ; retraite, 31 mars 1929. Légion d’Honneur, 22 juillet 1905 ; officier, 15 octobre 1913.
174F1bI 462.
Tallon (Georges Émile)
175Né à Issoire (Puy-de-Dôme) le 10 mai 1860 de Jean Martin Alfred, 30 ans, avocat et de Fortunée Sydonie Mars, 23 ans. Marié le 5 mai 1887 à Marie Louise Million née à Lyon (Rhône) le 16 juin 1863 (de Louis né à Lyon le 18 septembre 1829, député 1882-1900, sénateur, mort à Épinal/Vosges le 14 juillet 1901), parente d’Éd. Herriot. Ils eurent deux enfants.
176Il débute sa carrière administrative comme attaché au cabinet du ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts, 13 mars 1877-3 février 1879 ; de l’Intérieur, 14 novembre 1881-29 novembre 1883. Puis il est nommé sous-préfet de Segré, 21 octobre 1883, mais il n’est pas installé. Il est alors nommé sous-préfet de Châteaudun, 29 novembre/ 3 décembre 1883 ; de Senlis, 12 février/1er mars 1890 ; de Fontainebleau, 21 octobre/ 11 novembre 1895 ; préfet des Vosges, 31 décembre 1899/6 janvier 1900. Il est ensuite nommé, sur sa demande, conseiller de préfecture de la Seine, 5 septembre/1er octobre 1904. Puis : préfet du Loiret, 4/28 janvier 1907.
Préfet de Maine-et-Loire, 10 juin/1er juillet 1909 - 25 mars 1911.
177À son arrivée, la préfecture de Maine-et-Loire, qui appartenait jusqu’alors à la seconde catégorie du classement des préfectures, passe dans la première catégorie (ce qui conditionne, entre-autres, la rémunération des préfets).
178Sur le terrain politico-électoral, le préfet Tallon s’engage d’une nouvelle manière : il est président d’honneur de l’association « Bleus d’Anjou », créée en 1910 par le maire d’Angers le docteur Louis Barot, et chargée d’aider à la diffusion de l’idée républicaine dans le département. Il doit par ailleurs faire face à la grande grève des cheminots en 1910, organisée par la Bourse du Travail et à la grève générale des ardoisiers, marquée par de violents affrontements entre la gendarmerie et les grévistes. Il proclame l’état de siège à Trélazé, du 27 juin au 20 juillet 1910. Après la reprise du travail, il calme les esprits en obtenant le régime politique pour les grévistes condamnés et emprisonnés.
179Il est ensuite nommé préfet de la Loire-Inférieure, 22 mars/16 avril 1911. Il obtient une disponibilité et devient chargé de mission auprès du gouvernement belge en qualité de commissaire du gouvernement français, 20 mars/1er avril 1915. Il a été décoré de la Légion d’Honneur, 8 janvier 1910.
180FlbI 677. F4 3306.
Reboul (Georges Antoine Guillaume)
181Né à Bordezsc (Gard) le 14 septembre 1863. Titulaire d’une licence en droit, il est nommé chef de cabinet de son père, préfet du Finistère, 11 décembre 1883, du Puy-de-Dôme, 12 décembre 1885, de Seine-et-Marne, 29 janvier 1888. Il se dégage de la tutelle paternelle et devient attaché au cabinet du ministre (J. Constans), mars 1889. Puis il est nommé secrétaire général de la Marne, 8/21 janvier 1890 ; de l’Oise, 28 février/15 mars 1896 ; sous-préfet de Compiègne, 16/18 juillet 1901 ; préfet de la Haute-Saône, 30 juin/20 juillet 1906.
Préfet de Maine-et-Loire, 25 mars/16 avril 1911 - 28 février 1912.
182Dès son arrivée, les nationalistes angevins, lors de la fête de Jeanne d’Arc, le 28 mai 1911, viennent décorer les grilles de la préfecture de lanternes vénitiennes. Il est, comme son prédécesseur Dupeyrat et son successeur Dautresme, l’auteur de projets établis à la demande du ministre de l’Intérieur, de redécoupage des circonscriptions électorales du département, en vue de l’introduction d’une dose de proportionnelle. Sa proposition repose sur deux grandes circonscriptions, l’une abandonnée aux « réactionnaires », l’autre taillée pour les républicains (Angers, et des parties des arrondissements de Baugé et de Saumur). À l’instar de son prédécesseur, il préside l’Association « Bleus d’Anjou » et se trouve confronté à plusieurs grèves, comme celle qui touche le secteur du bâtiment en 1911.
183Il est ensuite nommé directeur du personnel et du secrétariat, 28 février/11 mars 1912, puis appelé à d’autres fonctions et directeur honoraire, janvier 1913. Il est préfet de Meurthe-et-Moselle, 19/21 avril 1913, puis mis en disponibilité sur sa demande pour des raisons de santé le 9 août 1914. Il reprend ses activités comme préfet du Calvados par intérim pendant le congé (santé) du titulaire, 24 février/1er mars 1916. Appelé à d’autres fonctions et préfet honoraire, 29 décembre 1916. Il a obtenu la Légion d’Honneur le 30 juillet 1910.
184FlbI 668 et 908.
Dautresme (Lucien Henri)
185Né à Caudehec-lès-EIbeuf (Seine-Maritime) le 29 janvier 1860 de David, rentier et de Marie Berthe Levavasseur. Il eut deux filles et trois fils dont David Lucien Alfred né à Rouen le 6 octobre 1883 qui deviendra sous-préfet.
186Titutaire d’une licence en droit, il est d’abord avocat à la cour d’appel de Paris, publiciste, et auditeur au Conseil d’État, 21/30 décembre 1885. Il est nommé chef de cabinet du ministre du Commerce et de l’Industrie, (P. Legrand), 1887-89, puis : chef du commissariat général de l’exposition universelle de 1889 ; rapporteur au comité consultatif des chemins de fer, 1888-92 ; il démissionne du Conseil d’État le 16 mai 1892. Il intègre la carrière préfectorale comme secrétaire général des Bouches-du-Rhône, 10/15 avril 1903. Puis il est nommé préfet de la Lozère, 16 février/1er mars 1906 ; des Pyrénées-Orientales, 3 novembre/1er décembre 1906 ; des Basses-Alpes, 12/16 juillet 1907 ; de la Nièvre, 3 octobre/1er novembre 1910.
Préfet de Maine-et-Loire, 2/11 mars 1912 - 7 février 1914.
187Il est, comme ses prédécesseurs, président d’honneur de l’association « Bleus d’Anjou », chargée de diffuser l’idée républicaine dans le département, et à plus court terme, de diriger les actions et la propagande en vue des élections législatives de mars 1914. Néanmoins, le préfet est déplacé peu de temps avant la date des élections. En 1913, il eut à faire face à une grande grève aux ardoisières de Trélazé, menée par l’anarcho-syndicaliste Ludovic Ménard. Il envoie de nombreuses troupes patrouiller à Trélazé, ce qui lui vaut d’être critiqué par les syndiqués et le conseil municipal de cette ville, d’autant plus que les patrons refusent toute conciliation. Il est, quant à lui, tout aussi critique envers la Commission des Ardoisières.
188Il est ensuite nommé préfet de Seine-et-Marne, 7/26 février 1914, puis appelé à d’autres fonctions, 13 août 1919, pour devenir directeur de l’administration pénitentiaire, 4 octobre. Préfet honoraire, 11 décembre 1919. Légion d’Honneur, 28 décembre 1888.
189FlbI. 610. AJ40 542/2.
Lasserre (François Louis Alfred)
190Né à Trouville-sur-Mer (Calvados) le 20 janvier 1863 de Jean, maître d’hôtel, et de Marguerite Julie Guillermin. Le 29 juillet 1914, il épouse Jeanne Trénis à Paris. Il est décédé à Montpellier en septembre 1926.
191Après des études au lycée et à la faculté de droit de Caen, il obtient une licence en droit et devient avocat à la cour d’appel de Caen en 1883. En 1886, il est nommé chef de cabinet de Rivaud, préfet du Calvados puis de la Loire-Inférieure en 1889 et du Rhône en 1891. Il intègre la carrière préfectorale comme sous-préfet de Vassy, 22 décembre 1891/1er janvier 1892 ; de Saint-Gaudens, 13 septembre/1er octobre 1897 ; de Pontivy, 19/27 juillet 1898 ; de Dreux, 31 décembre 1899/6 janvier 1900 ; puis il devient secrétaire général de la Loire-Inférieure, 1er avril/ 16 mai 1901, sous-préfet d’Arles, 31 mars/27 avril 1905 ; de Béthune, 30 décembre 1905/16 janvier 1906 ; de Saumur, 30 juillet/16 août 1906. Préfet de la Lozère, 3 octobre/1er novembre 1910 ; d’Alger 4/26 janvier 1912 (le gouverneur général Lutaud avait fait des objections à sa nomination le 1er janvier).
Préfet de Maine-et-Loire, 7 février/1er mars 1914 (installation d’abord fixée au 26 février) - 7 juillet 1914.
192Ce préfet n’est resté que quatre mois dans le département. Lorsqu’il était sous-préfet de Saumur, il avait été l’objet de violentes attaques de la part du député de Saumur, Monsieur de Grandmaison.
193Dès le 7 juillet, il est appelé sur sa demande à d’autres fonctions et nommé préfet honoraire. Il est placé en disponibilité le 12 septembre 1914 puis nommé trésorier payeur général du Calvados, 3 juin/1er août 1916 ; de l’Hérault, 1er janvier 1920. Il prend sa retraite le 4 août 1923. Il a été décoré de la Légion d’Honneur le 30 janvier 1913.
194FlbI 795. CAOM 1 G 1527. SAEF 1C 7601.
Fabre (Jacques Prosper Edmond)
195Né à Nîmes (Gard) le 5 juin 1866 de Georges Gustave, 26 ans, pasteur et d’Adeline Marie Caroline Lydie Agulhon, 21 ans. Marié à Marseille (Bouches-du-Rhône) le 17 avril 1895 à Sophie Hélène Chaponnière de Kuster née à Marseille le 10 février 1868 dont il eut un fils. Il est mort à Beauvais (Oise) le 11 février 1919.
196Après avoir obtenu une licence en droit, il effectue son service militaire du 12 novembre 1884 au 11 novembre 1885. Il est ensuite nommé chef de cabinet de Th. P. Viguié, préfet de l’Aude, 1er novembre 1888, puis de la Marne, 1er mars 1890. Il est ensuite nommé sous-préfet de Vitry-le-François, 8/18 juin 1893 ; de Ploërmel, 4/24 décembre 1894 ; de Clermont, 21 octobre/1er novembre 1898 ; de Corbeil, 31 juillet/1er septembre 1901 ; de Libourne, 31 mars/27 avril ; de Rambouillet, 6/17 mars 1906, puis préfet de la Corse, 3/21 août 1909 ; du Tarn, 3 octobre/1er novembre 1910 ; de Charente, 20 octobre/ 1er novembre 1911.
Préfet de Maine-et-Loire, 7 juillet/1er août 1914 - 23 novembre 1917.
197Lorsque l’Allemagne déclare la guerre à la France le 3 septembre 1914, Edmond Fabre n’est en poste dans le département que depuis quelques mois. Il y restera près de trois ans et devra faire face à toutes les difficultés et les exigences imposées par la guerre. Cette guerre inaugure un nouvel aspect du rôle du préfet qu’Alain Jacobzone développe dans son ouvrage En Anjou, loin du front : son intervention dans le domaine économique. Cela ne fera que s’amplifier par la suite. Parallèlement aux opérations de mobilisation, le préfet doit, dès l’été 1914, régler le problème de la pénurie d’hommes pour les moissons. Il propose aux agriculteurs l’appoint des ouvriers des villes au chômage, puis celui des premiers réfugiés. Il demande aux maires de prendre l’initiative de l’organisation des opérations agricoles dans leur commune. Dans son esprit, à travers les récoltes, c’est « le Salut de la France » qui est en cause, mais c’est aussi la paix sociale. En 1915, il annonce la première mesure de réquisition de blé pour faire face aux besoins des villes. À l’hiver 1916-1917, il doit faire face aux manifestations contre la vie chère, qui sont les premiers troubles graves. Le préfet est aussi chargé de gérer l’approvisionnement en énergie : en juillet 1917, il crée un « office départemental des charbons », chargé d’établir les prix de vente et de répartir les dotations faites par l’État, destinées aux foyers domestiques et aux petites industries (les grandes industries sont livrées par un autre groupement charbonnier, privé). Le rôle du préfet est aussi d’encourager les populations à souscrire aux emprunts lancés par l’État (1915) et d’orchestrer la solidarité de l’arrière avec le front : tous les dons de couvertures, vêtements chauds, etc. sont livrés à la préfecture. Par ailleurs, sa mission traditionnelle de surveillance de l’ordre public est plus que jamais à l’ordre du jour. Jusqu’en février 1915, il dirige les deux responsables chargés de la censure militaire et civile, puis il cède la place à l’armée pour remplir ce rôle. Aidé de ses sous-préfets, il collecte de nombreux rapports effectués auprès des élus les plus proches des populations : maires, conseillers d’arrondissement et conseillers généraux. Le moral des populations des villes et des campagnes est soigneusement décrit mais Alain Jacobzone met en évidence le ton souvent trop optimiste de ces rapports. Il surveille de près toutes les activités politiques et syndicales. Si le syndicaliste Ludovic Ménard est favorable à la guerre, à la grande satisfaction du préfet, l’instituteur socialiste et pacifiste Louis Bouët est considéré par Fabre comme l’élément le plus dangereux du département.
198La guerre n’est pas encore terminée, mais le préfet est déplacé et nommé préfet de l’Oise, 23 novembre/1er décembre 1917. Il est mort en fonction. Il a été décoré de la Légion d’Honneur le 13 janvier 1909.
199FlbI 619. F4 3289.
Bouju (Paul Frédéric)
200Né à Saint-Servan (Ille-et-Vilaine) le 3 juin 1868 de Thomas Pierre Théophile Frédéric, capitaine de frégate, chevalier de la Légion d’Honneur, et de Cécile Éléonore Éloïse Hébert. Marié le 8 février 1898 à Louise de Colomb.
201Après des études secondaires au collège de Rochefort, puis à la faculté de droit de Bordeaux où il obtient une licence, il exerce d’abord la profession d’avocat à la cour d’appel de Bordeaux (novembre 1889). Il est nommé chef de cabinet de Dumoulin, préfet du Tarn-et-Garonne, 15/16 septembre 1890, puis de la Haute-Loire, 1er avril 1893. Il est ensuite : sous-préfet d’Yssingeaux, 22/28 juillet 1893, secrétaire général de l’Indre, 21 octobre/ 1er novembre 1895, sous-préfet de Figeac, 13 février/6 mars 1897, de Muret, 19/26 juillet 1898, de Pamiers, 7/12 septembre 1903, de Béziers, 13 janvier/1er février 1908 ; préfet du Tarn, 10 mai/1er juin 1913 ; des Côtes-du-Nord, 7/12 avril 1917 ; directeur de la sûreté générale, 24 août/1er septembre 1917.
Préfet de Maine-et-Loire, 23 novembre/1er décembre 1917 - 15 janvier 1920.
202Le préfet Bouju poursuit le travail de son prédécesseur en matière économique pour pallier au mieux aux grandes difficultés vécues à l’arrière en 1918. Les grèves sectorielles se multiplient à partir de juin. Le préfet intervient parfois dans les négociations, qui se traduisent toutes par des augmentations de salaires de 6 à 20 %. Il règle par ailleurs le dossier encombrant de Louis Bouët, instituteur socialiste et pacifiste, en lui proposant un arrangement amiable que Bouët accepte : en échange d’un engagement de modération, le préfet offre de classer l’affaire provoquée par la parution dans le journal La Vérité d’un article de Bouët prenant la défense de collègues charentais, les Mayoux, durement condamnés après la publication de leur brochure Les instituteurs et la guerre. Il doit au sortir de la guerre organiser les élections de 1919. C’est lui qui, reprenant les études de ses prédécesseurs, suggère au ministère le sectionnement du département (possible mais non obligatoire dans les département élisant plus de six députés), ce qui assure aux républicains des chances de succès dans la circonscription orientale qui intègre Angers. Il doit faire face à de nouvelles grèves, comme celles du bâtiment et du textile à l’automne 1919 et des cheminots au cours de l’hiver 1920.
203Mais le 15 janvier 1920, il est nommé préfet du Puy-de-Dôme, puis préfet de la Loire-Inférieure, 1er/25 novembre 1924 ; de la Seine, 15/25 septembre 1925. Il prend sa retraite le 21 mars 1929. Il a été décoré de la Légion d’Honneur le 20 septembre 1920, puis officier, 21 décembre 1925.
204F1b1/595.
Valette (Émile Charles Marie)
205Né à Jouy-aux-Arches (Moselle) le 5 décembre 1869 de Paul Léon, 39 ans, et de Jeanne Pauline Cécile Nelly Gillard. Vers 1900, il épouse Marie Thérèse Gazagnon, dont il eut quatre enfants. Il est décédé le 9 septembre 1956 à Antibes.
206Après avoir obtenu une licence en droit (31 août 1893), il devient avocat au barreau de Nancy, puis secrétaire particulier du préfet du Doub (1er mai 1894). Il est ensuite nommé chef de cabinet du préfet de la Haute-Loire, 5 avril 1895 ; secrétaire général de la Haute-Loire, 13 septembre 1897 ; sous-préfet de Saint-Pol, 5 septembre 1904 ; secrétaire général du Puy-de-Dôme, 8 décembre 1906 ; secrétaire général des Bouches-du-Rhône, 24 septembre 1906, et à nouveau le 28 février 1909. Il est mobilisé le 8 octobre 1914 et il passe trois ans sous les drapeaux. Le 7 avril 1917, il est nommé préfet des Basses-Alpes pour la durée de la guerre et à titre définitif le 21 décembre 1917. Puis il est préfet de Vaucluse, 22 janvier 1919 ; à la disposition du Président du Conseil pour le service de l’Alsace et de la Lorraine, 18 mars 1919 ; préfet du Doubs, 18 mars 1919 ; préfet des Vosges, 23 mai 1919 ; directeur de l’Assistance et de l’Hygiène publique, 7 août 1919 ; conseiller d’État (en service extraordinaire), 18 novembre 1919.
Préfet de Maine-et-Loire, 15/22 janvier 1920 - 10 avril 1920.
207Pendant son bref séjour, le préfet Valette semble avoir réussi à convaincre les conservateurs, pour les sénatoriales de 1920, d’écarter le royaliste d’Action Française Delahaye, et d’intégrer dans leur liste à sa place le républicain Frémy, prolongeant ainsi l’Union sacrée.
208Il est ensuite à nouveau mis à la disposition du Président du Conseil pour le service d’Alsace et de Lorraine, 10 avril 1920 ; préfet du Rhône, 8 novembre 1923. Le 13 septembre 1932, il est appelé, sur sa demande, à d’autres fonctions, et devient président de chambre à la Cour des Comptes. En 1933, il est directeur de cabinet du ministre de la Guerre, le maréchal Pétain, puis le général Maurin.
209Le 16 janvier 1920, il a été décoré de la Légion d’Honneur ; promu commandeur le 6 juillet 1934.
210F1bI 858 et 908.
Borromee (Emmanuel Charles Henri)
211Né à Paris (6e) le 27 décembre 1873 de Henri, sous-chef de bureau au ministère des Finances, et de Marie Thérèse Henriette Luppé. Il épouse Madeleine Sophie Ledière le 23 juin 1898 à Valenciennes, dont il eut deux fils. Il est décédé à Paris le 22 avril 1954.
212En mars 1894, il obtient une licence ès lettres et une licence de droit en juillet 1896. Il est aussitôt nommé chef de cabinet du préfet de la Manche, puis sous-préfet de Mortain, 16 mars 1898 ; secrétaire général de la Manche, 31 mars 1905 ; de la Somme, 26 février 1907 ; sous-préfet de la Somme, 19 décembre 1910 ; d’Abbeville, 4 août 1911 ; secrétaire général du Nord, 30 mai 1913. En 1915, il est déporté en Allemagne. Son attitude face à l’ennemi ayant été saluée, il est nommé préfet d’Eure-et-Loire pour la durée de la guerre le 3 novembre 1916, puis à titre définitif.
Préfet de Maine-et-Loire, 10 avril/10 mai 1920 - 14 mars 1922.
213En Anjou comme ailleurs, la tâche principale de ce début des années 20 est bien sûr de relancer les activités économiques. Les conflits politico-religieux qui ont tant occupé les préfets d’avant-guerre s’apaisent. Il subsiste pourtant des tensions dans le département, qui s’expriment à travers les questions scolaires. Ainsi, le 29 janvier 1922, le préfet se joint à la grande manifestation organisée par le « Cartel de Défense laïque », pour défendre l’enseignement public contre l’enseignement catholique. Rappelons que le préfet est à la tête de tous les services de l’État du département, dont celui de l’inspection académique. C’est au préfet que l’inspecteur d’académie remet un rapport annuel. Il décide des créations de postes et peut révoquer un instituteur. Ce préfet n’a cependant pas l’esprit militant de certains de ses prédécesseurs d’avant-guerre. Il ne cherche pas à tout prix à combattre l’enseignement catholique. Il a par exemple accordé à certaines écoles privées de garçons le droit d’employer des institutrices (au lieu d’instituteurs), afin de résoudre le problème parfois crucial de recrutement d’enseignants. Au lendemain de la guerre, il est très conciliant envers les conseils municipaux qui contrairement à la réglementation apposent des signes religieux sur les monuments aux morts placés dans des lieux publics, considérant que fermer les yeux est de « sage et bonne administration », mais il annule la délibération du conseil municipal de Trélazé qui refusait de façon argumentée l’érection d’un monument.
214Il est ensuite placé à la disposition du Garde des sceaux pour le service général d’Alsace et de Lorraine. Puis il est nommé préfet du Bas-Rhin, 20 janvier 1925, où il reste plus de cinq ans. Il obtient sa retraite préfectorale le 24 avril 1931 et devient administrateur de la Banque d’Indochine.
215Il a été décoré de la Légion d’Honneur en 1916, promu officier en 1923, puis commandeur en 1927. Il a le titre de Grand Officier.
216F1bI 594.
Lambry (Jean Raymond Gustave Barthélemi)
217Né à Toulouse (Haute-Garonne) le 5 septembre 1873 de Jules Thérèse Cloter, avoué et d’Anne Marie Alexandrine Carles. Marié à Paris (16e) le 14 janvier 1904 à Èvelina Émilie Marguerite Vallon née à Limoges (Haute-Vienne) le 11 juin 1875, dont il eut deux enfants. Il est mort à Toulouse le 9 mars 1952. En septembre 1896, il est attaché au cabinet du préfet de la Haute-Garonne, puis nommé chef de cabinet du préfet de la Haute-Vienne, 16 octobre 1899 ; de la Charente, 16 octobre 1900. Sous-préfet de Ruffec, 4/7 juin 1901 ; de Cosne, 3/21 juin 1908 ; Secrétaire général de la Corse, 3 octobre/1er novembre 1910 ; sous-préfet de Cholet, 20 mai/11 juin 1912 ; de Béziers, 10 mai/1 juin 1913 ; préfet des Pyrénées-Orientales par intérim, 30 avril/5 mai 1918 et à titre définitif, 22 janvier/5 février 1919 ; de l’Orne 15/22 janvier 1920.
Préfet de Maine-et-Loire, 16/26 mars 1922 - 11 octobre 1924.
218Ce préfet signale dans ses rapports les effets de la nouvelle situation politique dans le département : la « minorité républicaine » est troublée de voir les conservateurs approuver la politique du gouvernement, et par conséquent, les conservateurs entretenir de bons rapports avec le préfet. Il est vrai que Lambry ne semble pas éprouver beaucoup de sympathie pour les radicaux et que ceux-ci lui reprochent de ne pas défendre la laïcité en accordant des bourses aux pupilles de la Nation qui fréquentent des écoles privées. Sur un dossier très complexe, celui de la Loire navigable, il émet un avis motivé en conclusion d’une enquête en 1923, avis qui conclut en fait à l’abandon du projet. Cette décision satisfait la majorité conservatrice du conseil général, hostile à un coûteux projet vu comme un projet des ingénieurs, mais refusé par les populations rurales du département. Attentif aux problèmes économiques, il suggère au gouvernement de lancer une vaste consultation des intérêts économiques, pour s’informer, mais aussi pour faire prendre conscience « à des éléments importants de l’opinion publique [de] toute la complexité du problème ». Ainsi les mesures gouvernementales « seraient d’autant mieux comprises et acceptées et au besoin imposées, qu’elles résulteraient d’une enquête à laquelle tous les grands groupements auraient participé ».
219Il est ensuite nommé préfet de la Manche, 11 octobre/1er novembre 1924 ; d’Oran, 18 novembre/1er décembre 1925 ; de l’Hérault, 9 février/11 mars 1929. Il est ensuite placé à la disposition du ministre, 8 août/1er septembre 1931 et part en retraite comme préfet honoraire, 6 septembre.
220F1bI 638 et F4 3294, F1cIII/1130.
Remyon (Georges Jean-Baptiste Alexis)
221Né à Châlons-sur-Marne (Marne) le 13 juin 1874 de Louis Joseph, 31 ans, commis, directeur à Besançon en 1903 des contributions indirectes et de Pauline Émilie Pérardel, 30 ans. Il se marie à Strasbourg (Bas-Rhin) le 28 septembre 1908 à Marie Louise Doirisse ; en deuxièmes noces à Paris (1er) le 8 mai 1923 à Jeanne Marie Thérèse Montoya, divorce le 10 octobre 1942 ; en troisièmes noces à Paris (6e) le 5 novembre 1946 à Renée Adrienne Justine Augustine Marie Avenel. Il est mort à Paris (16e) le 6 décembre 1963. Il était père d’un enfant.
222Après des études à l’École libre des sciences politiques, 1897-98, il obtient un doctorat en droit, 28 janvier 1898 et entame sa carrière administrative : fonctionnaire des contributions indirectes : surnuméraire à la sous-direction de Reims, 13 juin 1892 ; commis, 11 novembre 1893, commis principal, 15 novembre 1897, à Pans. Chef de cabinet d’Humbert, préfet du Loiret, 1er août 1898, de Meurthe-et-Moselle, 1er octobre 1902 ; sous-préfet de Bar-sur-Seine, 7/20 juillet 1906 ; sous-préfet de Saint-Pol, 7/26 novembre 1908 ; de Sarlat, 25 novembre/16 décembre 1911. Il avait effectué son service militaire en 1894 comme sergent de réserve, et se trouve mobilisé le 3 octobre 1914 au 96e régiment d’infanterie, mais il est réformé. Il réintègre donc le corps préfectoral comme sous-préfet de Castres pour la durée de la guerre, 20/25 novembre 1914 ; définitif, 11/20 janvier 1918. Puis il est nommé préfet des Pyrénées-Orientales, 16 février/10 mars 1921 ; de l’Aube, 27 juillet/11 août 1922.
Préfet de Maine-et-Loire, 11 octobre/1er novembre 1924 - 3 février 1926.
223Lors de son séjour dans le département, il doit faire face à la renaissance des mouvements de droite et du mouvement catholique, ravivés par la victoire nationale du Cartel des gauches. En novembre 1924, il doit répondre à une enquête ministérielle sur les établissements de congrégations : ses réponses sont peu satisfaisantes, puisque par deux fois, le ministre de l’Intérieur, mieux informé que lui, lui signale les lacunes de son enquête. En janvier 1925, une section locale de la Légion est fondée à Angers, chargée de lutter contre le programme des radicaux, et notamment la suppression du Concordat dans les « provinces rattachées » de l’Alsace et de la Lorraine. Dans le même temps, la Ligue des catholiques de l’Anjou, section locale de la FNC, prépare un vaste rassemblement pour la « défense des libertés religieuses ». Le 8 mars, entre 25 000 et 60 000 hommes (selon les sources divergentes) défilent dans les rues d’Angers. Le préfet a tout fait pour empêcher le contact entre cette manifestation et la contre-manifestation organisée par les communistes : cette contre-manifestation se heurte violemment aux gendarmes sur le boulevard de Saumur. Un an plus tard (juin 1925), l’extrême-droite l’accusera d’avoir poussé les républicains à voter pour le catholique Manceau plutôt que pour le candidat radical, afin d’éliminer ainsi Léon Daudet, de l’Action Française, lors d’une sénatoriale partielle.
224Puis il est nommé préfet d’Indre-et-Loire 3 février/1er mars 1926 ; de la Somme, 28 mai/ 2 juillet 1929. À la disposition du ministre, 2 mai/1er juin 1930. Il prend sa retraite le 11 mai 1934 et est nommé préfet honoraire le 13 juillet 1934. Il a été décoré de la Légion d’Honneur le 24 mai 1924 ; officier, 31 août 1932 ; commandeur, 23 novembre 1937.
225F1bl 833.
Mathieu (Louis Gustave Joseph)
226Né à Veynes (Hautes-Alpes) le 18 février 1873 d’Auguste Joseph, 37 ans, propriétaire et de Marie Louise Hyacinthe Harmann, 25 ans. Marié à Autun (Saône-et-Loire) le 15 octobre 1907 à Mathilde Joséphine Brault ; en secondes noces à Nice (Alpes-Maritimes) le 5 juin 1952 à Juliette Michaut. Il est mort à Nice le 10 juin 1961.
227Titulaire d’une licence en droit obtenu le 26 juillet 1894, il devient avocat ; attaché au parquet général à Grenoble, 10 mars 1896. Puis il est nommé chef de cabinet de Berseville, préfet des Hautes-Alpes, 15 avril 1899, de Lot-et-Garonne 20 octobre 1902/à c. du 1er. Il devient ensuite secrétaire général de l’Ain, 5 septembre/1er octobre 1904 ; sous-préfet de Nérac, 13 juillet/6 août 1907 ; de Lannion, 16 juillet/16 septembre 1912. Exempté de service militaire en 1895, il doit effectuer un service auxiliaire en 1914, affecté au 12e régiment de chasseurs à pied. Mais le 16 janvier 1915, il est nommé sous-préfet de Dreux pour la durée de la guerre puis d’Alès pour la durée de la guerre, 2/16 mars 1917 et définitivement le 17 février 1918. Il devient ensuite préfet du Tarn, 15 juin/1er juillet 1921.
Préfet de Maine-et-Loire, 4 février/2 mars 1926 - 13 décembre 1927.
228Pendant son bref séjour dans le département, éclate dans une commune du département une petite affaire qui va prendre de l’ampleur. Il s’agit de l’affaire de Montjean, dans laquelle l’inspecteur d’académie est directement impliqué : en juillet 1927, au cours d’une conférence, il se voit accusé d’avoir prononcé des propos diffamatoires contre les habitants des Mauges, de sensibilité très conservatrice et catholique. Le préfet doit mener une enquête mais prend nettement position pour l’inspecteur. D’après un rapport du sous-préfet de Cholet adressé au préfet, il s’agirait d’ailleurs d’une manœuvre électorale : un candidat conservateur aux élections de 1928, M. de la Grandière, aurait attisé la flamme des défenseurs de l’enseignement catholique afin de se constituer un groupe de soutien. Cette affaire est la dernière concernant les questions religieuses, à laquelle les préfets de l’entre-deux-guerres se trouveront confrontés.
229Puis il est nommé préfet d’Alger, 13 décembre 1927/6 janvier 1928. Il est ensuite mis à la disposition du ministre, 28 mai/à c. du 2 juillet 1929, puis à la disposition du ministre des Finances. Il obtient sa retraite et est promu préfet honoraire, 21 février 1933. Il a obtenu la Légion d’Honneur le 26 juillet 1924.
230F1bI 809. CAOM C 246 (Alger).
Mouchet (Paul Henry)
231Né à Paris le 7 octobre 1882 d’Henri Paul, 30 ans, employé de commerce et de Marie Henriette Aubert, 26 ans. Marié à Paris 5 juin 1906 à Jeanne Benoîte Léonie Petit-Dossaris ; en secondes noces à Paris le 16 janvier 1917 à Jane Louise Antoinette Régner. Il eut un enfant. Il est mort à Paris le 17 mai 1963.
232Après des études à l’École libre des sciences politiques puis à l’École nationale des langues orientales vivantes, il effectue son service militaire (1902-1903) et intègre l’administration. Il est d’abord attaché libre au ministère des Affaires étrangères, octobre 1903-mars 1904, puis chef de cabinet de son beau-père Petit-Dossaris, préfet de la Creuse, 1er mars 1904. Le 30 janvier 1909, il est nommé sous-préfet de Lesparre, puis de Gray, 12 janvier/1er février 1914. Mais il est mobilisé le 1er octobre 1914, et réformé deux mois plus tard. Ce n’est qu’en décembre 1917 qu’il réintègre le corps préfectoral comme sous-préfet de Grasse pour la durée de la guerre, puis à titre définitif, 8/17 août 1918. Il est ensuite nommé préfet du Territoire de Belfort, 12 octobre/2 novembre 1922 ; de la Savoie, 26 octobre/1er décembre 1925.
Préfet de Maine-et-Loire, 13 décembre 1927/6 janvier 1928 - 13 octobre 1932.
233Nous disposons de peu d’informations sur ce préfet, qui pourtant est resté plus de quatre années dans le département. Mentionnons qu’en octobre 1931, il a été chargé d’organiser, en déléguant une grande partie à l’inspection académique, les fêtes du cinquantenaire de l’école laïque. Lors de son départ, le Petit Courrier le décrit ainsi : « fin lettré, orateur délicat et émouvant, M. Henry Mouchet était un étincelant causeur » qui n’avait que des amis.
234Il devient ensuite directeur de l’administration départementale et communale, 13 octobre/ 16 novembre 1932 ; conseiller d’État, 19/24 novembre 1932 ; préfet des Alpes-Maritimes, 19 mai/1er juillet 1934. Sous le gouvernement de Vichy, il est directeur de l’Office français d’information de janvier à mai 1941. Mais il demande et obtient sa retraite le 23 mars 1942, à compter du 20 septembre 1941. Il est réintégré et maintenu à la retraite, 26 mai 1945/à c. du 21 septembre 1940, et nommé préfet honoraire, 26 mai 1945. Il a été décoré de la Légion d’Honneur le 24 mai 1924 ; officier, 28 juillet 1933.
235F1bI 816 et 1101.
Bollaert (Émile Édouard)
236Né à Dunkerque (Nord) le 13 novembre 1890 d’Émile Georges Hector né à Lardy (Essonne) le 26 avril 1862, professeur de musique, organiste de Saint-Eloi et de Marie Léonie Victorine Bollaert, 33 ans. Marié à Roubaix (Nord) le 8 septembre 1919 à Flora Willern née en 1894 et morte à Paris le 26 février 1979, dont il eut trois enfants. Il est mort le 18 mai 1978.
237Après des études aux lycées Faidherbe à Lille et Louis-le-Grand à Paris, il se dirige d’abord vers une carrière musicale et entre au conservatoire national de musique de Paris. Mais il obtient parallèlement une licence en droit et devient en décembre 1913 attaché au cabinet du préfet du Nord. Il est mobilisé pour la durée de la guerre, du 3 août 1914 au 27 juillet 1919, comme officier de chasseurs alpins et chef de bataillon.
238C’est donc après la guerre que débute véritablement sa carrière : il est d’abord adjoint au chef des services administratifs et financiers du ministère des régions libérées, 5 août 1919. Puis : chef de cabinet du préfet de la Loire, 4 octobre 1919 ; secrétaire général du Gers, 7/25 octobre 1921 ; sous-préfet d’Arcis-sur-Aube, 1/16 juin 1922 ; de Carpentras, 8 septembre/1er octobre 1924. Le 11 novembre 1924, il est placé en disponibilité et appelé à d’autres fonctions. Il devient alors chef de cabinet d’Éd. Herriot, Président du Conseil, du 14 juin 1924 au 17 avril 1925, puis de la Chambre des députés à partir du 24 avril 1925. Bollaert est ensuite envoyé en service détaché auprès du ministère des Régions libérées en qualité de contrôleur général, 20 mai 1926. Il intègre la carrière préfectorale comme sous-préfet de Brest, 29 mai/20 juin 1926 ; préfet de la Haute-Marne, 19 février/11 mars 1929 ; des Vosges, 6 janvier/1er février 1931 ; il est à nouveau directeur de cabinet d’Ed. Herriot, Président du Conseil, 4 juin 1932.
Préfet de Maine-et-Loire, 13 octobre/16 novembre - 13 décembre 1932.
239Il n’est nommé à ce poste que pour accéder à la première classe. Il ne vient à Angers que pour son installation, et celle de son chef de cabinet qui assure l’intérim de ses fonctions.
240Après ce très bref passage dans le département, ce brillant personnage est nommé directeur général des Beaux-Arts le 13 décembre 1932, puis préfet du Rhône le 4 février 1934, poste qu’il occupe jusqu’à la guerre. Dès 1940, il est pris en otage par les Allemands. Il est mis d’office à la retraite par le gouvernement de Vichy et s’engage dans la Résistance. Le 20 janvier 1943, il est désigné pour exercer les fonctions de préfet de police à la Libération. Le 1er septembre, il est nommé délégué général du CFLN mais arrêté par les Allemands dans le Finistère, 3 février 1944 et incarcéré à Rennes, à Fresnes, 20 mars, et déporté à Buchenwald, 15 août, transféré à Dora, 3 septembre, à Bergen-Belsen, 5 avril 1945. Délivré par les armées britanniques, il est rapatrié et nommé commissaire de la République de la région de Strasbourg, 1/20 juin 1945. En 1947, il est haut-commissaire de la République en Indochine. Il prend sa retraite de préfet en 1948 et occupera par la suite divers postes honorifiques, comme celui de président de l’Association du corps préfectoral et des hauts fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, de 1946 à 1952.
241Il a été décoré de la Légion d’Honneur (commandeur, en 1946), de la Croix de guerre 14-18 et de la Croix de la Libération.
242F1bI 1043. 72 AJ 234. Who’s who, 55-56. Administration, juin 1978, et 1980, numéro hors série.
Fourcade (Jean Raymond)
243Né à Pouy-Roquelaure (Gers) le 8 décembre 1879 de Pierre, 53 ans, agent d’affaires et de Thérèse Antoinette Bouet, 32 ans. Il se marie à Toulouse (Haute-Garonne) le 18 septembre 1922 à Mercédès Marie Sarrazij.
244Titulaire d’une licence en droit, il est à la fois publiciste (1898-1906) comme correspondant de La Dépêche de Toulouse et avocat à Bézier (1902-1906). Le 20 novembre 1906, il est nommé conseiller de préfecture de l’Ardèche, puis nommé chef de cabinet du préfet de l’Ardèche, 1/1er janvier 1909 ; sous-préfet de Nontron, 3/21 août 1909 ; de Sarlat pour la durée de la guerre, 5/15 décembre 1914 ; secrétaire général de la Dordogne pour la durée de la guerre, 4/16 janvier 1916 ; sous-préfet de Villeneuve-sur-Lot par intérim pour la durée de la guerre, 20 mars/1er avril 1918 et à titre définitif, 29 mars/15 avril 1919 ; d’Avesnes, 22 octobre/16 novembre 1920. En 1920, il devient chef du secrétariat particulier du Président du Conseil ministre des Affaires étrangères (G. Leygues). Puis il est nommé : sous-préfet de Castres, 20 février/10 mars 1921 ; préfet du Tarn, 11 avril/1er mai 1926.
Préfet de Maine-et-Loire, 23 décembre 1932/21 janvier 1933 - 29 mars 1934.
245Les rapports du préfet (et des sous-préfets) font alors état des difficultés économiques qui touchent l’Anjou, dans le contexte de la grande dépression des années Trente. Le monde agricole, comme le monde industriel souffrent de la chute des prix. De nombreuses usines sont contraintes de fermer. Par ailleurs, Fourcade doit faire face à l’agitation politique du mois de février 1934 : le 12, une grande manifestation est organisée par la CGT à Angers, en réaction à la journée du 6 février. Elle rassemble des ouvriers ardoisiers, allumettiers, des employés des PTT et des instituteurs. C’est la première grande grève à Angers depuis 1920, et la première manifestation politique. Les jours suivants, plusieurs altercations ont lieu entre les « nationaux » (camelots du roi, jeunesses patriotes) et les groupements de gauche.
246Il est ensuite préfet de la Haute-Garonne, 29 mars/10 avril 1934 et appelé à d’autres fonctions en novembre 1934. Préfet de l’Hérault, 26 décembre 1935/2 février 1936. Il est mis en disponibilité (sur sa demande), 26 décembre/3 février 1936. Il devient ensuite trésorier payeur général de Saône-et-Loire, 14 novembre/1er janvier 1937. Deux arrêts du Conseil d’État des 10 mars 1937 et 8 juillet 1938 condamnent l’État à lui verser une indemnité de 100 000 francs avec intérêts à compter du 16 novembre 1935 (pour refus implicite de le nommer à un autre emploi). Légion d’Honneur, 20 février 1927.
247Flbl 950 et 1072.
Stirn (Myrtil)
248Né à Belfort le 3 mars 1880 d’Alexandre, 52 ans, né à Dannemarie (Haut-Rhin), courtier et de Julie Dennecy, 36 ans. Il s’est marié à Die (Drôme) en 1910 avec Blanche Azoulay née à Constantine (Algérie), avocate à la cour d’appel d’Alger, dont il eut un enfant qui devint préfet. Il est mort à Paris (16e) le 8 août 1950.
249Après des études secondaires au lycée à Avignon il poursuit à la faculté de droit de Paris et obtient une licence. Il devient avocat à la Cour d’Appel de Paris. Il est nommé chef adjoint de cabinet du préfet des Ardennes, 1er octobre 1902 ; chef de cabinet du préfet de Vaucluse en 1904/non installé ; chef adjoint de cabinet du préfet de Constantine, 1er janvier 1905 ; chef de cabinet du préfet de la Somme, 1/16 février 1906 ; de la Loire-Inférieure, 10 décembre 1906/à compter du 8 jusqu’au 15 juillet 1907 ; sous-préfet de Die, 27 septembre/16 octobre 1908 ; secrétaire général de Maine-et-Loire pour la durée de la guerre, 8/24 novembre 1914 ; chef adjoint de cabinet du ministre du Ravitaillement général (M. Long), 13 septembre 1917 ; il obtient une disponibilité en octobre 1917 et deux mois plus tard, il est appelé à la fonction de chef adjoint de cabinet du sous-secrétaire d’État au ravitaillement (E. Vilgrain). Il est ensuite chargé de l’intérim des fonctions de secrétaire général de la Loire, 11/15 février 1918 ; des fonctions de sous-préfet de Béthune, 2/10 décembre 1918 et à titre définitif, 15/22 janvier 1920. Puis il est nommé préfet des Hautes-Pyrénées, 5 octobre/16 novembre 1928 ; d’Eure-et-Loir, 28 mai/2 juillet 1929 ; de la Haute-Vienne, 23 mai/20 juin 1931.
Préfet de Maine-et-Loire, 29 mars/10 avril 1934 - 5 août 1938.
250Comme dans toute élection, le préfet Myrtil Stirn a rédigé de nombreux rapports sur les élections législatives de 1936, et établit les résultats. Alors que le Front populaire connaît une victoire nationale, seuls deux candidats sont élus dans le département par les circonscriptions de Segré et d’Angers-Est. Ce résultat s’explique en grande partie par le poids des voix du parti radical. En juin-juillet, la préfecture doit faire face aux grandes grèves qui ont lieu en Anjou pour obtenir l’application des accords Matignon. À Cholet, les patrons investissent la sous-préfecture pour faire pression sur les autorités. Le maire de Cholet lui-même écrit au préfet pour demander l’évacuation des usines. C’est par l’entremise du sous-préfet de Cholet que les deux parties parviennent à un accord. À l’automne cependant, l’hostilité au gouvernement Léon Blum s’accroît et les tensions politiques sont patentes dans le département. Le préfet doit surveiller les activités des groupements de gauche mobilisés par la guerre civile espagnole. À droite, de nombreuses manifestations sont organisées contre le gouvernement. À l’échelle locale, le préfet porte la responsabilité des mesures prises par le Front populaire. Ainsi, pour ne citer qu’un exemple, celui-ci reçoit en 1937 une lettres des limonadiers et restaurateurs d’Angers, qui contestent la loi des quarante heures et affirment que cette loi a entraîné leur ruine. Ils annoncent donc au préfet la fermeture de leurs établissements. En 1937, l’affaire du monument du Vendéen de Cholet place le préfet en position difficile. Entre le ministre de l’Intérieur, alerté par la SFIO et la Ligue des Droits de l’Homme (qui parle de « provocation à l’insurrection »), et le Souvenir Vendéen, décidé à inaugurer un monument à la « Vendée martyre et fidèle », le préfet et le sous-préfet de Cholet tentent de trouver un compromis : le monument est placé hors de la ville, sur un terrain privé, et masqué par des palissades.
251Stirn devient ensuite directeur de l’Hygiène et de l’Assistance au ministère de la Santé publique, 5 août/16 novembre 1938 ; il obtient une disponibilité le 22 septembre 1938 et prend sa retraite, 10/15 juillet 1940. En 1945, on le nomme directeur général honoraire au ministère de la Santé publique.
252Il a été décoré de la Légion d’Honneur le 3 février 1923 et est promu officier le 10 août 1935.
253FlbI 848.
Ancel (Pierre Simon)
254Né le 10 février 1885 à Paris, d’Adolphe Ancel, propriétaire, et de Flore Frédérique Nathan. Marié à Paris le 9 juillet 1919 à Louise Françoise Jeanne Renée Treigner, fille de Pierre Gaston Treigner, magistrat, député de la Creuse (1914-1919). Il eut deux enfants. Mort à Paris le 26 août 1966, obsèques à Crozant (Creuse).
255Il est licencié ès lettres et en droit, et effectua son service militaire en 1905 et 1906. Il commença sa carrière auprès des préfets de la Loire-Inférieure, comme chef adjoint de cabinet, 10 décembre 1906, et de Loir-et-Cher, 3 août 1907, avant d’appartenir à différents cabinets ministériels : attaché au cabinet de L. Puech, ministre des Travaux publics, Postes et Télégraphes en 1910, sous-chef de cabinet de M. Raynaud, ministre de l’Agriculture en 1913, des Colonies en 1914, sous-chef de cabinet du Président du Conseil (Viviani) en septembre 1914, et du Président du Conseil ministre de la Guerre (G. Clemenceau) en novembre 1917. Il intègre le corps préfectoral comme sous-préfet de Rocroi, 15 décembre 1917. Puis il est nommé secrétaire général de l’Oise pour la durée de la guerre, 22 septembre 1914, puis définitivement en 1918 ; sous-préfet de Senlis, 1er novembre 1924 ; de Rambouillet, 3 novembre 1925 ; préfet de la Haute Marne, 6 janvier 1931 ; de la Haute-Vienne, 26 février 1935.
Préfet de Maine-et-Loire, 30 août/10 octobre 1938 - 16 août 1940.
256Pierre Ancel doit organiser l’entrée du Maine-et-Loire dans la « drôle de guerre ». Les Angevins se croyant trop loin des combats pour être menacés, ils acceptent mal la réglementation des ventes de produits agricoles, et les exercices de la « Défense passive ». Le préfet est accusé par M. de Blois, sénateur, de tiédeur dans la surveillance des menées communistes après la dissolution du parti : il s’en explique auprès du ministre de l’Intérieur. C’est à P. Ancel qu’incombe l’organisation de l’installation du gouvernement polonais, en novembre 1939. Cette tâche est difficile car beaucoup de propriétaires d’immeubles refusent les réquisitions. Le 16 juin 1940, il appelle les Angevins au sang-froid. Le 19, suivant l’ordre du gouvernement, il proclame Angers « ville ouverte ». Avec le maire, Victor Bernier, il va à la rencontre des troupes allemandes à l’entrée de la ville, sur la nationale 23, et les accompagne dans leur traversée de l’agglomération jusqu’aux Ponts-de-Cé. Il est mis à la retraite d’office par le gouvernement de Vichy le 20 décembre 1940.
257Rappelé à ses fonctions le 29 décembre 1944, il est nommé préfet délégué du Pas-de-Calais. Il prend sa retraite comme préfet honoraire le 20 août 1945.
258Il devient maire adjoint du 5e arrondissement de Paris le 6 novembre 1950. Il était commandeur de la Légion d’Honneur.
259F1bI 711 et 1036.
Roussillon (Jean)
260Né le 10 mai 1896 à Saint-Affrique (Aveyron), de Philippe Léon Henri Laurent, propriétaire, et de Jeanne Julliard. Marié à Versailles (Yvelines) le 9 octobre 1922 à Alice Lemoyne dont il divorce en 1940, puis en secondes noces à Paris le 10 juin 1941 à Jeanne Sophie Josèphe Mathon dont il divorce en 1953. Il eut un enfant. Il est mort le 26 janvier 1970 à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques).
261Il est titulaire d’une licence en droit. Engagé volontaire lors de la Première Guerre mondiale, sa carrière administrative ne commence qu’après le conflit. Il occupe divers postes d’attaché dans les préfectures du Bas-Rhin (1919), Seine-et-Oise (1921), Seine (1922) et du Pas-de-Calais (1926). En 1934, il devient préfet de Lozère. Mis à la disposition du préfet de la Seine, il est nommé le 22 mai 1937 secrétaire général du Crédit municipal.
Préfet de Maine-et-Loire, 16 août 1940 - 14 novembre 1941, et préfet régional d’Angers, 30 juin 1941 - 6 juillet 1943.
262Préfet de Maine-et-Loire depuis le 16 août 1940, il est nommé préfet régional lors de la création de cette fonction en juin 1941. Le choix d’Angers comme siège du préfet régional peut s’expliquer par sa situation géographique par rapport aux départements concernés (Maine-et-Loire, Loire-Inférieure, Mayenne, Sarthe, partie occupée de l’Indre-et-Loire). Roussillon prend ouvertement position pour Angers : dans un télégramme du 13 août 1941, il défend vivement le choix de cette ville contre les critiques des Tourangeaux. Mais la présence à Angers d’une importante administration allemande a aussi compté dans ce choix, ainsi que les bons rapports qu’entretient Roussillon avec Médicus, chef de l’administration de guerre du district d’Angers. Roussillon doit s’imposer : dans un rapport de 1942, il suggère que le préfet régional soit l’intermédiaire entre le gouvernement et les préfets pour toute mesure de politique générale, et il se plaint à plusieurs reprises de la fronde des directeurs de service qui ne rendent compte qu’à leur ministère, sans passer par lui. Fidèle serviteur de la Révolution Nationale, il est très hostile à la IIIe République, se vantant d’avoir été par trois fois disgrâcié. Pour lui, « le parlement est fils spirituel du libéralisme et toutes ses conceptions politiques et économiques se heurtent à la formule autoritaire et corporative ». Cette conviction est à l’origine du conflit qui l’oppose à Anatole Manceau, sénateur et propriétaire du Petit Courrier. Dès 1940, ce journal où Manceau avait préconisé le maintien du Parlement, est momentanément suspendu ; puis, le quotidien ayant critiqué l’organisation du ravitaillement, Manceau fut arrêté par Vichy pendant deux mois (1942). Dans le même esprit, Roussillon s’engage dans la propagande en faveur de la Charte du Travail, en allant signer un « pacte social » à Saint-Nazaire (février 1941) et défendre le texte devant 4000 ouvriers de l’entreprise Bessonneau en mars 1942, où il obtient, rapporte-t-il, des « applaudissements nourris ». Ses rapports avec les autorités allemande sont complexes. Après l’exécution du Feldkommandant Holtz à Nantes le 20 octobre 1941, il se rend dans cette ville pour présenter ses condoléances aux autorités occupantes. Le lendemain, les Allemands arrêtent le préfet de Loire-Inférieure. Roussillon va à Nantes, à Paris, et obtient la libération du préfet, mais rien pour les cinquante autres otages qui seront fusillés à Chateaubriant. Roussillon est actif dans la lutte contre le « terrorisme », à Nantes et à Tours, ce qui selon lui est la cause de ses relations extrêmement courtoises avec le commandant S. S Ernst. Pourtant, s’il lutte avec les Allemands contre le terrorisme, il veut aussi sauvegarder les intérêts français. Ainsi refuse-t-il (1941-1942) d’arrêter les ouvriers récalcitrants à la Relève, ou de fournir de la main d’œuvre à l’organisation Todt. Lors des réquisitions du STO, il est également peu coopératif, malgré les ordres de Laval. Ces tensions croissantes sont à l’origine de sa mise à l’écart en juillet 1943, très probablement à la demande des Allemands, son remplaçant n’ayant en effet été nommé qu’un mois plus tard. Les documents ne permettent pas de déterminer s’il fit plus qu’exécuter les ordres lors des rafles de juifs de 1942.
263Il est mis officiellement à la retraite le 14 décembre 1943 par le gouvernement de Vichy. En 1953 et 1954, il porta plusieurs requêtes relatives à son maintien à la retraite en conseil d’État qui furent rejetées en février 1957.
Daguerre (Pierre)
264Né le 4 juin 1891 à Bordeaux (Gironde), d’Eugène, Émile Daguerre, représentant de commerce, et de Catherine Louise Dupuy. Marié à Bordeaux le 31 juillet 1917 à Anne, Marie, Jeanne Ferron, fille d’un professeur de droit à la faculté de Bordeaux. Il eut deux enfants. Mort le 14 avril 1971 à Angoulême (Charente).
265En janvier 1919, ancien combattant, il est avocat à la cour d’appel de Bordeaux. Au mois de juin de la même année, il débute sa carrière administrative. Entre 1919 et 1940, il occupe différents postes et obtient en 1926 son doctorat de droit : attaché au cabinet, 23 juin 1919, puis chef adjoint de cabinet du préfet de la Gironde. Sous-préfet d’Orthez, 15 avril 1921 ; rattaché à la préfecture des Basses-Pyrénées, 22 septembre 1926 ; d’Oloron, 12 juillet 1928 ; secrétaire général de la Charente-Inférieure, 31 mars 1934 ; sous-préfet de Bayonne, 27 octobre 1934 ; préfet des Landes, 8 août 1940 puis de la Mayenne, 4 mai 1941.
Préfet délégué à Angers, 14 novembre 1941 - 6 juillet 1943.
266Alors que Roussillon est préfet régional depuis juin 1941, Pierre Daguerre n’est nommé préfet délégué pour le Maine-et-Loire qu’en novembre 1941. Les fonctions de préfet délégué sont limitées puisque ni la ville d’Angers, ni le Conseil départemental (qui remplace le Conseil général) ne relève de son domaine. Son activité est difficile à saisir. On connaît surtout de lui ses rapports sur l’opinion, où il signale en mai 1942 « un certaine nervosité », et où il commente ainsi la première grande rafle de Juifs en juillet 1942 : « Il est à craindre que ne soit ainsi créé un courant de pitié en faveur d’une race juive considérée désormais comme martyre même par des personnes approuvant entièrement les mesures de sauvegarde édictées par le gouvernement français ». À Londres, un rapport d’août 1943 signale qu’il « fait de son mieux pour arranger les questions de départ en Allemagne pour la population Anti-allemand ».
267Puis il est nommé préfet de la Charente le 5 août 1943. Le 1er septembre 1944, il est suspendu de ses fonctions. En février 1945, il fit l’objet d’une proposition de maintien dans le corps préfectoral de la sous-commission de reclassement. Il est alors commissaire provisoire du comité d’organisation des conseils et professions auxiliaires du commerce et de l’industrie. Un avis du 28 mai 1945 de la commission d’épuration le mit à la retraite d’office.
268F1bI 962. F1a3873.
Donati (Charles Guérin Joseph Louis)
269Né le 8 décembre 1891 à Belley (Ain), d’Étienne Frédion Louis Antoine Donati, lieutenant, et de Rose Marie Aglaé Vittini. Marié à Nice (Alpes-Maritimes) le 26 avril 1919 à Pauline Alexis Yvonne Colonna d’Istria. Il eut quatre enfants. Mort le 7 novembre 1945 à Paris. Il a été décoré de la croix de guerre. En 1928, il reçut la Légion d’Honneur (officier).
270Titulaire d’une licence en droit, il était au service militaire depuis deux ans quand la première guerre mondiale éclate. Capitaine d’artillerie, il est blessé en octobre 1917 perdant un bras. Démobilisé, il devient adjoint à l’inspecteur général des finances. Puis en 1920, il est inspecteur des finances. Entre 1930 et 1940, il devient directeur général de la société alsacienne de banque à Strasbourg. C’est en 1940 que commence sa carrière préfectorale. Il fut tout d’abord préfet d’Eure-et-Loire, 2 novembre 1940, puis de la Côte-d’Or et de la région de Dijon, 14 novembre 1941.
Préfet délégué de Maine-et-Loire, 6 juillet - 15 septembre 1943 et préfet régional d’Angers, 6 juillet 1943 - 10 août 1944.
271Catholique pratiquant et anticommuniste, il défend « notre vieille civilisation chrétienne contre le péril communiste ». « Le Maréchal est la preuve vivante que notre pays n’est pas abandonné par la Providence » (octobre 1943). Témoin lors du procès Pétain, il y affirme que « seul un retour aux valeurs catholiques traditionnelles pouvait rétablir une grandeur perdue non pas en 1940, mais bien avant ». À la différence de son prédécesseur, il défend avec zèle le STO ; ses rapports, jusqu’au bout, veulent croire à l’adhésion de la population, à « la crainte qu’inspirerait l’avance des armées soviétiques ». Il reproche à la population son manque de vigueur et estime que l’anglophilie est brisée par les bombardement de Pentecôte 1944. Néanmoins, au début du mois d’août 1944, alors que les armées américaines se rapprochent d’Angers, il craint les représailles allemandes et proclame sa volonté de défendre les populations. Il est relevé de ses fonctions par Michel Debré, nommé Commissaire de la République. On connaît le récit que fait ce dernier de son entrevue avec Donati : « Des hommes ont collaboré avec l’ennemi. D’autres ont servi sans collaborer. Vous êtes de ceux-ci. Vos fonctions cessent immédiatement, mais vous êtes libres ». Ce n’était pas le point de vue d’un rapport arrivé à Londres, à la Mission militaire de liaison administrative : « Avait toutes les qualités pour faire un grand préfet, sauf une, le patriotisme. Collaborateur et vichyssois ».
272Le 17 nov. 1944, il est mis en disponibilité sans traitement. Il sera révoqué le 9 mars 1945.
273F1bI 757 et 1064. F1a 3870.
Sassier (Michel Pierre Henri Marcel)
274Né le 29 avril 1909 à Caen (Calvados) d’Émile Henri Albert, préfet. Il s’est marié le 29 octobre 1936 à Isabelle Marguerite Marie Rey, dont il eut trois enfants. Il est mort le 12 janvier 1955 à Chinon (Indre-et-Loire).
275Licencié en droit, il effectue son service militaire puis est nommé chef adjoint du cabinet du préfet de Savoie le 14 septembre 1931 ; chef de cabinet du préfet de Seine-et-Marne, 27 décembre 1932 ; du préfet de la Savoie, 28 juin 1934 ; du Lot, 21 juin 1937 ; secrétaire général du Lot, 30 septembre 1938. Mobilisé d’octobre 1939 à août 1940, il est ensuite mis temporairement à la disposition du secrétaire général des réfugiés du Lot, puis sous-préfet de Dieppe, 30 octobre 1940, où il s’engage dans la Résistance (réseau Samson).
Préfet délégué pour le Maine-et-Loire, 15 septembre 1943 - 23 février 1944.
276Le 23 février 1944, il est arrêté par les Allemands et mis en résidence assignée. Cette arrestation est très certainement liée à son engagement dans la Résistance, mais nous n’avons pu recueillir d’autres éclaircissements. Donati obtient son transfert de la prison à son domicile personnel. Sassier est mis en disponibilité exceptionnelle le 6 mai (situation prévue par Vichy pour les fonctionnaires ne pouvant pas être maintenus en poste en raison des « rapports avec les autorités allemandes »). Le journal collaborationniste Je suis partout du 10 mars 1944 l’accusait d’avoir été, lors de son passage à Dieppe, favorable aux francs-maçons et hostiles aux collaborateurs. Il fut libéré par les Américains. Le 3 août 1944, la radio de Vichy avait annoncé la nomination de son successeur, M. Delmas, sous-préfet de Sarlat.
277Le 1er mai 1945, il est nommé préfet de 3e classe. Du 5 février 1946 au 1er mars 1946, il sera chargé de l’intérim de la préfecture de l’Eure. Le 1er novembre 1946, il est placé en disponibilité avec traitement et prend sa retraite officielle comme préfet honoraire en 1949.
278F1bI 963.
Debre (Michel)
279Né le 15 janvier 1912 à Paris, fils de Robert Debré, professeur à la faculté de médecine. Mort à Montlouis-sur-Loire en 1996. Il a été décoré de la croix de guerre et de la médaille de la Résistance avec rosette.
280Il est titulaire d’un doctorat en droit et du diplôme de l’École libre des sciences politiques. Auditeur au Conseil d’État en 1935 puis maître des requêtes en 1942, il reçoit la responsabilité de la désignation des préfets de la Libération et est adjoint au délégué du CFLN.
Commissaire de la République à Angers, 10 août 1944 - 1er avril 1945.
281À l’origine, c’était René Brouillet qui avait été, par le décret d’Alger du 3 octobre 1943, désigné pour ce poste. Puis M. Debré fut prévu pour cette région dans une liste du 20 mars 1944. Michel Debré lui-même souhaitait exercer son action dans l’Ouest, par attachement familial, mais aussi parce qu’il mesurait l’importance stratégique de la Loire. Il a passé son adolescence dans le Maine-et-Loire et, avant Jacquier, il avait emprunté ses pseudonymes de clandestinité à des villages saumurois : Fontevrault, Turquant, Parnay. Dans ses mémoires, il fait un récit épique de sa prise de pouvoir à Angers. Au début du mois d’août 1944, il y rejoint son ami Michel Fourré-Cormeray, qui avait été désigné pour le poste de préfet et qui devait prendre tous les contacts utiles pour préparer la prise de pouvoir. Le 8 août, il est reçu à la préfecture par Donati, et le démet de ses fonctions. Il fait placarder dans le département les affiches annonçant le rétablissement de la République, et l’abrogation des lois de Vichy. Il assiste à l’arrivée des troupes américaines à Angers. Puis il procède à l’installation de nouveaux préfets dans les autres départements relevant de ses compétences, et amorce le rétablissement d’une administration républicaine. Pour suppléer à l’absence de presse (qu’il encourage par ailleurs à renaître, d’abord sous le contrôle du Comité de Libération), il crée un organe officiel d’information : un Bulletin officiel, destiné à toutes les municipalités de la région. Il institue à Angers, dès août 44, une Cour Provisoire de Justice, dont il nomme lui-même le président, chargée de procéder à l’épuration. La liste des jurés doit être établie par le Comité départemental de Libération. Michel Debré a adopté une attitude relativement clémente car il tenait à faire prévaloir l’unité sur la division. Il tranche avec souplesse et fermeté l’affaire du recteur de l’Université catholique, que le Comité de Libération se préparait à envoyer devant la Cour de Justice, pour collaboration : il obtient de l’évêque, Mgr Costes, que le Recteur soit remplacé, et l’Université peut rouvrir ses portes, échappant ainsi au procès public. Il active le recrutement de militaires et oriente les jeunes sur la nouvelle armée française, car la guerre n’est pas terminée. Il doit par ailleurs organiser le ravitaillement, qui est une urgence quotidienne, et, à partir d’octobre 1944, aider les usines à reprendre le travail, en vertu des instructions du ministre de l’Économie, Pierre Mendès-France. Le 14 janvier 1945, Debré accueille à Angers le général de Gaulle, qui prononce un discours depuis le balcon de l’Hôtel de Ville, acclamé par une foule en liesse. À son départ, hormis les problèmes de ravitaillement, la situation administrative du département est pratiquement normale.
282Le 1er avril 1945, il est mis à la disposition du président du GPRF et est chargé de mission pour la réforme administrative. Il fut cofondateur de l’ENA et poursuivit la carrière politique que l’on connaît.
Fourré-Cormeray (Michel)
283Né le 25 mai 1910 à Angers (Maine-et-Loire), de Georges, avocat à la cour d’appel et de Jeanne Fourré-Cormeray. Marié le 5 avril 1960 à Siren Adjemova, danseuse étoile. Mort le 23 mars 1965 à Paris. Il est inhumé à Saint-Jean-de-Linières (Maine-et-Loire). Il était commandeur de la Légion d’Honneur, croix de guerre et médaillé de la Résistance.
284Ancien élève du Lycée David d’Angers, il est docteur en droit et diplômé de l’École libre des sciences politiques. Durant la seconde guerre mondiale, il participe activement à la Résistance comme membre du groupe Vaneau du réseau Scell-Brun chargé de l’évasion des aviateurs alliés tombés en zone occupée. En 1943, il est emprisonné à Fresnes. De 1939 à 1944, il est auditeur à la Cour des comptes. Il fut membre du bureau clandestin de l’administration régionale et départementale installé par R. Brouillet à la Cour des Comptes, auprès de M. Debré. Il assura le secrétariat de liaison entre les futurs commissaires de la République. Il prépara le Comité de Libération de Maine-et-Loire.
Préfet de Maine-et-Loire (délégué dans les fonctions), 18 août 1944, à compter du 10 août - 3 mai 1945.
285En juin 1944, il est proposé comme préfet de Maine-et-Loire par son ami et compagnon de résistance Michel Debré. Il se rend aussitôt à Angers, sa ville natale, pour préparer la prise de pouvoir prévu dès que la ville sera libérée. Il participe aux côtés du Commissaire de la République à toutes les premières mesures prises par la nouvelle administration : il réalise les affiches annonçant le rétablissement de la République et passe en revue les troupes américaines. Il réorganise le conseil municipal de la ville d’Angers, en nommant treize nouveaux conseillers, et en rétablissant Bernier comme maire. En janvier 1945, il fait des tournées en campagne pour calmer l’émotion née de la dissolution de la corporation paysanne ; en février, les conférences du préfet dans les cantons sont bien accueillies.
286En mai 1945, il est nommé directeur du Centre nationale de la Cinématographie. Sous son administration, fut organisé le Festival International de Cannes. Revenu à la Cour des Comptes en 1952, il devient directeur général de la Cinématographie et fait partie du conseil d’administration de l’ORTF.
287F1bI 769. AD 19 W 13.
Savary (Alain)
288Né le 25 avril 1918 à Alger, fils d’un ingénieur des chemins de fer. Mort à Paris en février 1988. Croix de guerre, médaillé de la Résistance, il fut compagnon de la Libération et reçu la Silver Star.
289Il est licencié en droit et diplômé de l’École libre des sciences politiques. Lors de la Seconde Guerre mondiale, il s’engage dans les Forces françaises libres. Le Comité Français de Londres le nomme gouverneur de Saint-Pierre-et-Miquelon (1941-1943). Après avoir combattu avec les fusilliers marins, il appartint à l’Assemblée consultative provisoire d’Alger et de Paris comme représentant de l’Ordre de la Libération (1944-1945).
Commissaire de la République à Angers, 1er avril 1945 - 30 mars 1946.
290Passée la grande fête du 8 mai 1945, la tâche à mener est celle du relèvement du pays. Lors de son passage à Angers, le général de Gaulle accompagné du ministre de la Reconstruction, R. Dautry, avait invité les autorités locales à tout mettre en œuvre pour reconstruire rapidement la cité. Tout est fait pour rétablir les ponts, restaurer les routes, aider aux réouvertures d’usines, et avant cela, veiller au ravitaillement.
291Il est ensuite secrétaire général aux affaires allemandes et autrichiennes (1946-1947), puis conseiller de l’Union française (1948-1951). De 1951 à 1959, il sera député de Saint-Pierre-et-Miquelon. En 1956, il entre dans le cabinet de Guy Mollet où il est secrétaire d’État aux Affaires étrangères pour les affaires marocaines et tunisiennes. En 1969, il participe à la constitution du nouveau parti socialiste dont il sera le premier secrétaire de 1969 à 1971. De 1973 à 1981, il est élu député de Toulouse et préside le conseil régional de Midi-Pyrénées. De 1981 à 1984, il est ministre de l’Éducation Nationale.
Piton (Henri Léon)
292Né le 6 juin 1890 au Val Binard, Tourville (Manche), de Georges Adolphe Piton, maire, et de Lucie Du Breuil. Marié à Paris le 26 août 1918 à Suzanne Lucie Bouton, dont il eut sept enfants. Mort le 26 novembre 1947 à Agon (Manche).
293Titulaire d’un baccalauréat en droit, ses études sont interrompues par la Première Guerre mondiale. Sa carrière administrative débute avant-guerre : il est d’abord attaché au cabinet dans différentes préfectures (Calvados 1912-1913, Alger 1914). Démobilisé, il devient secrétaire général du Gers, 23 mai 1920. Puis, il est nommé sous-préfet à Vire, 16 juillet 1921 et à Lisieux, 15 septembre 1928. En 1931, il devient préfet de la Mayenne, puis préfet de l’Ardèche, 8 août 1931, de la Mayenne, 8 avril 1933, du Calvados, 19 mai 1934, du Morbihan, 26 septembre 1936 et du Vaucluse, 14 novembre 1941. En 1943, il est mis à la disposition du secrétaire d’État à l’Agriculture et au ravitaillement.
Préfet de Maine-et-Loire, délégué dans les fonctions de, 3 mai 1945 - 4 janvier 1946.
294Aux côtés d’Alain Savary, il œuvre pour la reconstruction des villes du département. En juin 1954, à l’occasion des conseils de révision, il fait une large tournée dans le département, recevant les maires, les anciens conseillers généraux, les comités locaux de la libération.
295Remplacé dès janvier 1946, il est mis à la retraite en juillet 1946.
296Il a obtenu la Légion d’Honneur en 1930, et a été décoré de la Croix de guerre 14-18.
297F1bI 829 et 1108. AD 19 W 13.
Lepoil (Georges Victor Gustave) dit Beroys
298Né à Paris (3e) le 24 août 1902 de Clément Auguste Lepoil et de Marguerite Juliette Bœmare. Marié le 23 juin 1925 à Germaine Joly née à Mende (Lozère) dont il eut deux fils. Il est mort le 7 mai 1960.
299Titulaire du baccalauréat en droit, il est nommé chef de cabinet du préfet des Ardennes le 2 juillet 1922. Il effectue ensuite son service militaire du 12 novembre 1923 au 28 avril 1925, et réintègre la fonction publique en 1929 : le 21 mars 1929, il est nommé chef de cabinet du préfet de la Lozère, puis secrétaire général des Ardennes, 9 août/16 septembre 1929 ; sous-préfet de Carpentras, 21 janvier/22 février 1939. Le 2 septembre 1939, il est mobilisé. Puis il est nommé sous-préfet de Lunéville, 26 mars 1941 ; directeur de cabinet du préfet de la région de Nancy, 16 septembre/26 octobre 1942, mais il est fait prisonnier de guerre. À la Libération, il est nommé secrétaire général des Alpes-Maritimes, 3/16 juillet 1945.
Préfet délégué dans les fonctions de préfet de Maine-et-Loire, 4/21 janvier 1946 - 30 juillet 1947.
300Il est ensuite préfet du Haut-Rhin, délégué dans les fonctions, 30 juillet/1er septembre 1947 puis à titre définitif, 2/16 février 1949. Il est placé en service détaché à la disposition du ministre des Affaires étrangères comme ambassadeur en Équateur, 18 novembre 1959.
301Il a obtenu la Légion d’Honneur le 21 février 1947 ; promu officier, 2 mars 1954. Décoré de la Croix de guerre 39-45.
302F1bI 938 (6 pièces). CAC 910704/1. Who s Who, 55-56.
Feyfant (Louis)
303Né à Périgueux (Dordogne) le 20 juin 1889, de Jean et de Marie Lafaye. Marié à Georgette Mathieu à Libourne le 11 juillet 1914, et en secondes noces à Charolotte Zélie Schmit à Trélissac (Dordogne) le 8 avril 1854. Mort à Trélissac le 1er octobre 1962.
304Licencié en droit, il est appelé sous les drapeaux pour son service militaire en 1909-1910, alors qu’il occupait un poste d’instituteur public. Mobilisé de décembre 1914 à novembre 1918, il réintègre la préfecture de la Dordogne où il était rédacteur depuis 1912. C’est au sein de cette préfecture qu’il gravit les échelons de l’administration, devenant successivement chef de bureau puis chef de division jusqu’en 1938. Le 3 septembre, il est nommé secrétaire général de la Dordogne à titre temporaire, pendant l’absence du titulaire mobilisé. D’août à octobre 1944, il est maire de Périgueux, avant d’être délégué dans les fonctions de sous-préfet de Libourne (11 janvier/15 mars 1945). Le 20 mars 1946, il est délégué aux fonctions de préfet de l’Ariège, et titularisé à ce poste le le 10 juin 1946.
Préfet de Maine-et-Loire, par délégation, 30 juillet/1er septembre 1947 - 7 juillet 1949.
305C’est un département marqué par les séquelles de la guerre que Feyfant reçoit de son prédécesseur. Il poursuit donc le travail de reconstruction et d’amélioration du ravitaillement. Il doit faire face au problème des squatters, touchés par la crise du logement. En 1948, sur ordre du gouvernement, il boycotte la visite du général De Gaulle, venu à Angers inaugurer la place du général Leclerc, en présence de 100 000 personnes.
306Le 7 juillet 1949, il est nommé préfet de l’Hérault ; il prend sa retraite comme préfet honoraire le 20 mars 1951.
307Louis Feyfant a obtenu la Légion d’Honneur le 8 août 1936, et est devenu officier le 19 août 1914. Il a été décoré de la Croix de Guerre 14-18.
308F1bI 767.
Morin (Jean)
309Né à Melun (Seine-et-Marne) le 23 juin 1916 d’Alexis, ingénieur des travaux publics de l’État, et de Berthe France. Marié à Paris le 9 décembre 1942 à Jeanine Lamouroux, il a 3 enfants (Michel, Brigitte et Odile).
310Après des études à l’École libre des sciences politiques, il obtient une licence en droit, et trois diplômes d’études supérieures. En 1939, il devient assistant puis secrétaire général de l’Institut scientifique de recherches économiques et sociales. Le 18 novembre 1941, il est reçu au concours d’auditeur à la Cour des Comptes. Collaborateur de Georges Bidault, président du Conseil National de la Résistance, il est chargé le 26 août 1944 des fonctions de directeur du personnel, du matériel, et de la comptabilité au ministère de l’Intérieur, puis nommé le 17 novembre 1944. En mars 1946, il est nommé préfet de la Manche. Le 1er juillet 1946, il est appelé comme directeur adjoint de cabinet auprès du président du gouvernement provisoire (G. Bidault) et le suit dans les mêmes fonctions au ministère des Affaires étrangères. Le 1er août 1948, il devient conseiller technique au cabinet du ministre de l’Intérieur (J. Moch).
Préfet de Maine-et-Loire, 7/21 juillet 1949 - 4 août 1958.
311Il a 33 ans et restera pendant neuf ans à Angers, étant ainsi le préfet resté en place le plus longtemps depuis 1800. Il fait preuve d’une grande activité et prend de nombreuses initiatives dans les différents domaines de la vie angevine. Les Angevins ont surtout retenu de lui son action en faveur du logement, du tourisme, des affaires culturelles et de l’industrialisation, domaines où il fait jouer en faveur du département les relations contractées au cours de ses séjours dans les cabinets ministériels.
312À son arrivée, les taudis sont nombreux et les destructions de la guerre encore visibles. Il soutient dans sa lutte très active, à la limite du droit, Christine Brisset et la pousse à agir non comme sqatter, mais comme créatrice et présidente des Castors angevins. Il obtiendra du ministre de la Reconstruction, Claudius-Petit, d’origine angevine et protecteur de Christine Brisset, les crédits nécessaires à la construction de logements neufs préfabriqués, notamment la Cité Phoenix, mais surtout les moyens avec l’aide de la ville et de l’office d’HLM du grand programme de construction sur le site de Belle-Beille (1953), en vue de faire disparaître les taudis des quartiers Saint-Nicolas et Saint-Michel.
313Jean Morin a considéré que le tourisme était un activité insuffisamment développée dans un département si bien doté. Il crée dès 1950 un Comité départemental du Tourisme avec l’aide du Conseil général, et en sera le président. Cet effort est accompagné par la création du Festival d’art dramatique d’Anjou (1952) avec Marcel Hersant, Jean Marchat et Albert Camus. De même il négocie avec l’évêque d’Angers, Mgr Chappoulie, l’exposition au château de la tapisserie de l’Apocalypse jusqu’alors mal présentée à l’Ancien Évêché. Cet accord est à mettre sur le compte de ses excellents rapports avec l’évêque : il est approuvé par tous alors que certains milieux laïques avaient trouvé trop solennelle la réception faite par le préfet à l’évêque à son arrivée. C’était en effet au moment de la grande querelle scolaire apaisée quelques mois plus tard par la loi Barangé, du nom d’un parlementaire de Maine-et-Loire.
314Inquiet de l’évolution des industries traditionnelles de l’Anjou (l’entreprise textile Bessonneau, passe de 4800 emplois en 1946 à 2800 en 1955), il réussit en accord avec la ville et la Chambre de Commerce l’implantation de l’usine Thomson à Angers et l’extension des usines électroniques de Cholet. Pour poursuivre le mouvement dans l’ensemble du département, il crée le Comité d’Expansion économique qui siège à la préfecture (1955) et la SODEMEL (société d’équipement du département), en 1957. La reconstruction du collège Chevrollier, l’installation d’un Collège scientifique universitaire, permettront à l’industrie le recrutement de ses cadres.
315Ajoutons que Jean Morin s’est présentée sans succès en 1955 aux élections municipales à Angers soutenu par les gaullistes contre la liste (MRP-Indépendants) du maire sortant.
316Il a ensuite occupé les postes suivants : préfet de la Haute-Garonne et IGAME pour la 5e région, 4/21 août 1958 ; puis il est nommé par De Gaulle délégué général en Algérie le 1er décembre 1960 ; secrétaire général de la Marine marchande, 8 juillet 1962-février 1968 ; président de la Compagnie française industrielle et minière du Pacifique et président de la Société auxiliaire du Pacifique (mars 1968-février 1972) ; vice-président de Publicis S. A (1972-1984) ; président du directoire de Publicis Conseil, 1972-73 ; président du directoire d’Intermarco Farner (1972-84) ; PDG de Régie-Presse (1974-83).
317Chevalier de la Légion d’Honneur le 13 septembre 1947, promu officier le 6 août 1955, commandeur le 24 avril 1963, Grand Officier en novembre 1987. Il a été décoré de la Croix de Guerre 39-45 et de la Médaille de la Résistance.
318CAC 920178/12.
Vivant (Raymond Pierre)
319Né à Graulhet (Tarn) le 31 juillet 1909, d’Émile Pierre, notaire, et de Joséphine Laetitia Martiaves. Marié le 20 octobre 1932 à Jeanne Coudert, il eut deux enfants (Claudine et Michel). Mort à Castres (Tarn) en février 1985.
320Licencié en droit après des études à la faculté de Toulouse, d’abord chef adjoint de cabinet (16 février 1934) puis chef de cabinet de Jean Fourcade, préfet de Maine-et-Loire et de Haute-Garonne. Le 22 mai 1937, il est nommé sous-préfet de Condom. Mobilisé entre le 2 septembre 1939 et le 25 juillet 1940, il est réintégré comme secrétaire général de la Nièvre. Le 20 mars 1943, il est nommé sous-préfet d’Abbeville, mais il est arrêté par la Gestapo (14 février 1944) et enfermé à la prison d’Amiens dont il parvient à s’évader lors du bombardement du 19 février. À la Libération, il est mis à la disposition du ministre en qualité de membre des commissions de reclassement et d’épuration. Le 13 juillet 1945, il est nommé préfet de la Vendée, puis du Cher (23 février 1949), de l’Hérault (17 décembre 1955).
Préfet de Maine-et-Loire, 4/21 août 1958 - 19 septembre 1964.
321Raymond Vivant a laissé le souvenir d’un préfet politique, plus qu’économique. L’homme a l’accent du Sud et fait volontiers de longs discours. Il organise régulièrement des réceptions à la préfecture et ses qualités de diplomate sont appréciées. Il influence les élections, en encourageant ou décourageant les candidats. Ainsi, il aurait proposé Pisani comme candidat au secrétaire général du mouvement gaulliste Narquin, lors des élections cantonales de 1964.
322Entre 1958 et 1964, le département poursuit son expansion économique, mais le Comité d’expansion quitte la préfecture et devient autonome en 1964.
323Le 19 septembre 1964, Raymond Vivant est mis en congé spécial, et prend sa retraite comme préfet honoraire le 9 août 1969. Raymond Vivant a obtenu la Croix de Guerre 39-45, et la Légion d’Honneur le 21 février 1947 ; officier, 23 mai 1951.
324CAC 920266/93 ; AJ40 542/5.
Jannin (René Pierre)
325Né à Ajaccio (Corse du Sud) le 16 septembre 1914 de Léon, inspecteur général des ponts et chaussées, et de Marie Dorlancourt. Marié le 6 novembre 1944 à Elisabeth Février, il eut un fils, Charles. Mort à Perros-Guirec (Côtes d’Armor) le 27 août 1978.
326Licencié en droit de faculté de Paris, il est appelé sous les drapeaux pour le service militaire le 15 octobre 1937, puis mobilisé le 2 septembre 1939. Après avoir occupé les postes de rédacteur, puis sous-chef de bureau à la préfecture de la Seine (1940), il débute sa carrière préfectorale comme délégué dans les fonctions de sous-préfet d’Avesnes (16/21 septembre 1944). Il est intégré sous-préfet puis nommé à Villefranche-sur-Saône, 15 février/1er mars 1947. Le 30 juillet 1953, il est nommé secrétaire général du Rhône ; préfet du Gers, 22 octobre/1er décembre 1959 ; préfet de police d’Alger, 14/20 mars 1961. Le 24 novembre 1961, il est détaché à la disposition du ministre d’État chargé des Affaires algériennes. Il réintègre le corps préfectoral le 25 avril 1962, comme préfet du Loir-et-Cher.
Préfet de Maine-et-Loire, 19 septembre/1er octobre 1964 - 21 décembre 1967.
327Poursuivant l’œuvre d’expansion amorcée par ses prédécesseurs, René Jannin a contribué, avec le concours des municipalités et du Conseil général, à la mise en place de la politique d’aménagement du territoire amorcée par la DATAR. Il a poursuivi la politique de création de logements, ainsi que l’aménagement de la vallée de l’Authion. Il avance les projets de création d’établissements d’enseignement supérieur public à Angers.
328Puis il occupe successivement les postes suivants : préfet des Côtes-du-Nord, 21 décembre 1967/1er février 1968 ; de l’Isère, 13/15 juin 1974. Il est mort en fonction.
329René Jannin a obtenu la Légion d’Honneur le 24 juin 1958 ; il est fait officier en janvier 1968. Il a été décoré de la Croix de Guerre 39-45.
330CAC 930584/37.
Vimeney (André Mathurin Gaston)
331Né à Bordeaux le 23 mai 1909 de Marcel, négociant, et d’Henriette, Marie, Bonnore. Marié le 5 mars 1932 à Simone Vezia, il eut une fille, Anne-Marie.
332André Vimeney est titulaire d’une licence de droit, obtenue à la faculté de Bordeaux, d’un diplôme d’études supérieures en économie politique, et d’un DEA de sciences politiques. C’est outre-mer qu’il débute sa carrière administrative : entre 1937 et 1947, il occupe plusieurs postes comme administrateur de la France d’Outre-mer, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Le 23 août 1947, il intègre la carrière préfectorale comme président du conseil de préfecture de la Guyane. Le 15 juin 1951, il est nommé sous-préfet de Pointe-à-Pitre. Mais un mois plus tard, il est détaché en qualité d’administrateur civil à l’administration centrale. Le 30 juillet 1953, il est nommé secrétaire général de la Vienne ; conseiller technique au cabinet du secrétaire d’État à l’Intérieur, 9 septembre 1964 ; sous-préfet de Chalon-sur-Saône, 3 février 1955 ; promu préfet hors-classe, il est détaché en qualité de directeur des centres d’instruction de la protection civile le 19 décembre 1955. Le 19 mars 1957, il est nommé préfet des Landes ; préfet de Tlemcen, 12 mai 1959 ; préfet d’Alger, 6 octobre 1960 ; préfet de l’Yonne, 2 juin 1961 ; préfet de Saône-et-Loire, 12 janvier 1963.
Préfet de Maine-et-Loire, 21 décembre 1967/1er février 1968 - 14 juin 1973.
333André Vimeney arrive à sa demande dans le département en cette année 1968. Il est vite confronté à la contestation étudiante, puisque dès le 9 mai, accompagnant le ministre Michelet venu inaugurer les nouveaux bâtiments de la faculté des lettres de l’Université catholique, il assiste à la première manifestation étudiante angevine, qu’il juge « puérile et violente ». Pendant que les grèves immobilisent le département et que les manifestations parcourent les rues d’Angers, il assure le fonctionnement régulier des services de la préfecture. À partir du 30 mai, le mouvement de grèves recule et les manifestations sont moins suivies. Le préfet interdit la dernière manifestation prévue pour le 12 juin, et le 15 juin, estime que « les mouvements sociaux peuvent être considérés comme terminés ».
334Le malaise étudiant prend à Angers une forme particulière, en raison des débats passionnés sur la situation universitaire de la ville. Le préfet Vimeney décide donc, le 9 juillet 1968, de réunir toutes les personnalités concernées, élus, responsables des facultés catholiques et des établissements de l’État. De cette réunion sortira la création du Collège Juridique Universitaire (automne 1968) et la construction de bâtiments pour le Collège Scientifique Univer-sitaire. En 1969 est créé le Centre Universitaire d’Angers. En 1970, d’autres initiatives seront prises par le préfet qui en synergie avec le CADUA (Comité d’Action pour le développement universitaire d’Angers) et la JCE (Jeune Chambre Économique) aboutiront à la création de l’Université d’Angers le 26 octobre 1971.
335André Vimeney est à l’origine de la restauration de la salle des séances du conseil général, faisant dégager les boiseries des couches de peinture accumulées.
336André Vimeney est mis en disponibilité sur sa demande le 14 juin 1973, et prend sa retraite comme préfet honoraire le 31 décembre de la même année. En 1974, il devient Président de la Société des autoroutes du Nord-Est de la France.
337A. Vimeney a obtenu la Légion d’Honneur le 18 septembre 1954 ; il est fait officier le 24 avril 1963. Commandeur des Palmes académiques en 1965, de l’Ordre du Mérite en 1966, du Mérite agricole en 1970.
338CAC 920266/92 et CAOM EE II 4539.
Beziau (Pierre Maurice Paul)
339Né à Asnières (Hauts-de-Seine) le 17 janvier 1920 de René, chef de service au gaz de Paris, et de Léa Savignac. Marié à Asnières le 19 juillet 1947 à Marie-Thérèse Rohrer ; ils eurent trois filles. Pierre Béziau est mort à Paris le 19 septembre 1996.
340Après des études à la faculté de droit de Paris, puis de Toulouse, il obtient une licence de droit. Il est mobilisé du 3 juin 1940 au 31 juillet 1941. Le 1er mai 1942, il entre dans l’administration comme rédacteur de préfecture. Il est reçu au concours de rédacteur à l’administration centrale le 20 avril 1944, puis nommé le 21 juin. En 1953, il est détaché pour exercer les fonctions de sous-préfet de Dôle. Le 10 juillet 1954, il est nommé secrétaire général d’Indre-et-Loire ; puis il occupe les postes suivants : administrateur civil, 24 octobre 1957 ; secrétaire général d’Oran, 23 août 1958 ; à la disposition du préfet inspecteur général à Oran, 31 juillet 1959 ; secrétaire général de la Seine-Maritime, 24 juillet 1961 ; sous-préfet de Brest, 4 novembre 1963 ; préfet de la Meuse, 6 septembre 1967 ; de la Martinique, 9 août 1969 ; de la Dordogne, 11 décembre 1970.
Préfet de Maine-et-Loire, 14 juin/1er juillet 1973 - 28 octobre 1975.
341Très sensible aux questions économiques, Pierre Béziau est aussi un « humaniste » mélomane et amateur de belles-lettres. Il participe à toutes les manifestations du Festival d’Anjou. Il a aussi laissé le souvenir d’un homme de relations : il reçoit beaucoup à son bureau et n’hésite pas à organiser des réceptions à la préfecture. Il a poursuivi avec compétence et méthode la tâche de développement et d’aménagement du département, dans tous les domaines : construction de logements, équipements collectifs divers, industrialisation. L’Anjou n’a pas subi immédiatement les conséquences des chocs pétroliers. Dans les derniers mois de sa préfecture, P. Béziau a cherché à conjurer les premières menaces pesant sur l’emploi.
342À son départ, il est promu préfet de la région de Franche-Comté et du Doubs, 28 octobre 1975. Le 24 mai 1977, il obtient un congé spécial, et devient directeur de la Fédération française des syndicats de libraires. Il prend officiellement sa retraite administrative le 23 avril 1982. Le 1er janvier 1983, il devient Conseiller de synthèse. Pierre Béziau été décoré de la Légion d’Honneur le 30 décembre 1964 ; officier : 10 avril 1977.
343CAC 930584/6 ; Who’s Who, 63-64.
Robert (Jean-Marie Paul)
344Né à Strasbourg le 16 mars 1924 de Marcel, colonel d’aviation et de Suzanne Tournaire. Marié le 12 avril 1950 à Josette Barbe, il eut trois fils et deux filles. Mort le 18 août 1991.
345Après son service militaire (1942-1943), et des études de droit à la Faculté d’Aix-en-Provence, il entre à l’ENA le 1er janvier 1952. Le 1er octobre 1954, il est nommé contrôleur civil au Maroc puis adjoint aux directeurs de cabinet des résidents généraux de France, 20 novembre 1955 ; secrétaire des Affaires étrangères à l’ambassade de France à Rabat, 1er janvier 1957. Il intègre le corps préfectoral le 24 juillet 1959, comme sous-préfet d’Akbou (Algérie) ; sous-préfet de Sarlat, 1er octobre 1962 ; secrétaire général de la Dordogne, 27 janvier 1965 ; sous-préfet de Montbéliard, 24 janvier 1969 ; sous-préfet hors-cadre, chargé de mission au secrétariat général de la Présidence de la République, 16 janvier 1971 ; préfet du Gers, 29 octobre 1971 ; du Var, 22 janvier 1974.
Préfet de Maine-et-Loire, 28 octobre/24 novembre 1975 - 13 avril 1982.
346C’est dans un contexte de crise économique que Jean-Marie Robert est nommé dans le département, où son grand-père avait exercé le métier d’ingénieur des ponts-et-chaussées, et où son père était né. Son séjour en Maine-et-Loire va durer sept ans, et lui permettre, malgré le contexte économique, de mener à terme un certain nombre d’actions : travaux d’électrification et d’équipement téléphonique en milieu rural, application des contrats de villes moyennes pour Saumur et Cholet et des contrats de pays. Les réseaux routiers ont également retenu son attention : la déviation des Ponts-de-Cé, la nouvelle ligne de ponts à Saumur, l’autoroute Angers-Nantes, ainsi que les dossiers encore ouverts en 1982 des autoroutes Angers-Le Mans et Angers-Tours. Il s’est également préoccupé de l’entretien des monuments historiques et de la politique en faveur des jeunes et des sports (pour laquelle les crédits ont été décuplés en six ans). Maurice Grassin rapporte qu’en 1979, il est intervenu auprès de Jean Monnier pour redresser la politique salariale menée à la STUDA (Société des transports urbains d’Angers) : les salaires sont jugés trop élevés et c’est contraire à la politique de lutte contre l’inflation menée par le gouvernement. Cependant, en août 1980, le préfet est victime d’un accident de voiture à Montbéliard, : il est blessé à la tête ; cet accident a assombri la fin de sa préfecture.
347Le 16 mars 1982, il devient conseiller maître à la Cour des comptes. Il prend sa retraite en 1990.
348Jean-Marie Robert a été décoré de la Légion d’Honneur le 22 avril 1973 et fait commandeur de l’Ordre National du Mérite le 12 décembre 1980.
349CAC 930584/56 ; Who’s Who, 73-74.
Morel (Louis)
350Né à Guiguen (Ille-et-Vilaine), le 11 juillet 1921, pupille de la nation, de Louis, garde-champêtre, et de Angèle Bigot, couturière et commerçante en tissus. Marié à Madeleine Masson, il a trois enfants.
351Titulaire d’une licence-es-lettres, d’une licence en droit, d’un diplôme d’études supérieures de droit public, et d’un certificat de sciences (PCB). Ancien élève de l’École libre des sciences politiques, de l’ENFOM, du Centre des Hautes Études sur l’Afrique et l’Asie moderne, et de l’IHEDN.
352Il entre le 10 juin 1943 dans le maquis des Monédières, en Corrèze (réseau Martial de l’ORA), passe la frontière pyrénéenne à la fin d’août 1943, est interné en Espagne. Il rejoint au Maroc les Forces Françaises Combattantes. Il est nommé sous-lieutenant, et avec la 1ere Armée fait la campagne de France, d’Allemagne, d’Autriche comme chef de peloton de chars au 1er RCA ( 5e Division blindée). Il est lieutenant-colonel de réserve.
353Après concours au ministère des Affaires étrangères, il entre dans le corps des Contrôleurs civils, occupant divers postes en Tunisie, puis celui de chef de cabinet du Haut Commissaire de France à Tunis, et de secrétaire d’ambassade à Tunis. Volontaire pour servir en Algérie, il est affecté comme sous-préfet à Bou-Saada (1er août 1957-31 janvier 1962), puis est nommé conseiller technique au cabinet de ministre d’État, puis du secrétaire d’État chargé des Affaires algériennes. Il est ensuite sous préfet de Sedan (19 février 1963), secrétaire général de la Seine-Saint-Denis (30 août 1967). Préfet le 11 décembre 1970, il est successivement secrétaire général de la zone de défense de Paris, directeur central des Renseignements généraux, directeur de cabinet du préfet de la Région parisienne, préfet des Vosges (16 juin 1974). À la demande de l’Élysée, il effectue alors une mission au Tchad, où le rebelle Hissen Habré (son ancien stagiaire à la sous-préfecture de Sedan), retient prisonnière Françoise Claustre. Au bout de huit heures de négociations dans le Tibesti, il sort libre, de justesse, et a écarté la menace de mort qui planait sur Françoise Claustre. Placé hors-cadre le 19 avril 1977, il est président de l’Office d’HLM de l’ancien département de la Seine (1978-1981).
Préfet puis Commissaire de la République de Maine-et-Loire, 13/19 avril 1982 - 8 mars 1985.
354Il doit d’abord, en application de la loi de Décentralisation, mener une tâche difficile et urgente : établir la convention qui doit répartir, avant le 3 juin, personnels et locaux entre le département et l’État. Monsieur Jean Sauvage, élu président du Conseil général le 23 mars, voudrait que le préfet abandonne l’appartement de fonction des préfets, ce que Louis Morel refuse catégoriquement. Finalement tout se dénoue le 2 juin, lors d’une réunion de la commission tripartite : le préfet conserve cet appartement, et pourra, comme le président du Conseil général, utiliser les salons de réception. Avec plus tard le partage de la DDASS, l’attribution de la maîtrise de l’urbanisme aux communes, c’est une réorganisation complète des fonctions des collectivités territoriales, qui ne sont plus soumises qu’au contrôle a posteriori du préfet. Parallèlement, la politique de Déconcentration donne des pouvoirs accrus au préfet, proche du terrain, directeur et non plus coordinateur des services extérieurs de l’État. C’est dans ce contexte que le préfet Morel exerce ses fonctions : les premiers temps n’ont pas toujours été faciles, mais les escarmouches ne sont jamais allées jusqu’à l’affrontement, les acteurs se rejoignant sur l’essentiel dès lors que l’intérêt général était en jeu.
355Ce fut le cas lors de la crue centennale de la Loire de décembre 1982 : à quelques centimètres près, il aurait fallu se résigner à faire des brèches dans les levées, noyant des zones rurales pour protéger les agglomérations. D’importants moyens permirent d’évacuer les personnes menacées. Malgré tout, 107 communes furent déclarées sinistrées. L’unanimité se fit également pour réclamer une meilleure desserte autoroutière (il n’existait que l’autoroute Angers-Nantes), en établissement un ordre de priorités : d’abord la liaison Angers -Le Mans (le « hiatus insupportable », pour le préfet, qualifié de « préfet autoroutier » par le directeur des routes), qui fut commencée en 1984, puis le lancement d’Angers-Tours par Saumur, et la programmation d’Angers-Cholet.
356Le 22 mai 1984, le président de la République, François Mitterrand vint à Angers. Il voulut revoir le terrain de fortune d’où il s’était envolé vers l’Angleterre le 15 novembre 1943. Les souvenirs des acteurs étant imprécis, c’est grâce à un ancien du BRCA que le préfet put identifier la prairie de Soucelles où s’était déroulé l’évènement. Quelques jours plus tard (27 au 30 mai), à l’invitation de Michel Rocard qui avait choisi le Maine-et-Loire en raison de la diversité de ses productions agricoles (n’y manquent que le mûrier, le houblon et l’olivier), les 12 ministres européens de l’Agriculture se réunirent à Angers, à une époque où les agriculteurs s’inquiétaient de l’instauration des quotas laitiers. Une manifestation rassembla à Angers 30 000 paysans de toute la France, ce qui posait de sérieux problèmes sous l’angle de l’ordre public.
357Dans un département où le taux de natalité a été longtemps le plus élevé de France, les jeunes arrivent massivement sur le marché du travail et le chômage progresse. Dans ce contexte, l’annonce de licenciements importants dans l’industrie ardoisière (en raison de la concurrence de l’ardoise espagnole) provoque une grave crise. Les instances parisiennes se sont défaussées sur le préfet d’une négociation difficile qui aboutit le 7 novembre 1983 grâce au courage et au réalisme des deux parties, et au climat de confiance établi entre l’Inter-syndicale et le préfet, dont le père avait travaillé au fond, à Trélazé, en 1910.
358Dans un département où la querelle scolaire est à cette date si vive, et où 40 % des élèves sont scolarisés dans le privé, le préfet, lui même ancien élève de l’école publique et de l’école « libre », prend acte de cette situation. Mais il se doit, à la rentrée de 1984, d’imposer à la municipalité d’Andrezé, qui s’y refusait obstinément malgré les appels des autorités religieuses, l’ouverture d’une école publique réclamée par les parents d’élèves.
359Il est muté dans l’Oise, le 27 mars 1985. Préfet hors-cadre, puis à la retraite, il est successivement président de l’Office national des rapatriés (1986-1987), directeur du cabinet du secrétaire général aux Anciens Combattants (1987-1988), représentant du ministre de l’Intérieur à la Commission consultative des Droits de l’Homme (1986-1989).
360Commandeur de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre 1939-1945, Croix de Combattant volontaire de la Résistance.
361CAC 930584/50 ; Who’s Who, 69-70.
Ohrel (Alain Robert Lucien Charles)
362Né le 12 mars 1935, au Havre, de René, chef de service dans l’industrie, et de Denise Edouard. Marié le 29 juillet 1965 à Isabelle Dunoyer de Segonzac, dont il a quatre enfants.
363Après une licence en droit obtenue à Lille, il entre à l’IEP de Paris puis à l’ENA en 1960 (promotion Albert Camus). Il est titulaire de diplômes d’études supérieures (économie politique, sciences économiques et droit public) et certifié de l’université de Cambridge. Nommé chef de cabinet du préfet des Côtes-du-Nord le 30 juin 1962, puis directeur du cabinet de la Haute-Vienne, 16 novembre 1963. En août 1964, il est affecté à l’administration centrale comme chef de la section des études au Service des préfets. Chargé de mission puis chef de cabinet du ministre R. Frey, le 12 février 1965. Il devient sous-préfet de Dreux, le 10 août 1966 ; de Libourne, le 17 décembre 1970 ; secrétaire général de l’Isère, 10 août 1973 ; secrétaire général des Hauts-de-Seine, 17 août 1975 ; préfet de la Mayenne, 9 mai 1979 ; de la Charente, 7 août 1981. Il est haut-commissaire de la République chef du territoire de la Polynésie française, 6 janvier 1983.
Préfet de Maine-et-Loire, 15 avril 1985 - 19 juin 1986.
364Le préfet Ohrel arrive en Maine-et-Loire avec une expérience déjà très diversifiée des redistributions de pouvoirs, depuis la placide et progressive mise en place de la décentralisation en Charente au cours de 1982 jusqu’aux bondissantes avancées de l’autonomie interne à Papeete fixée en 1984 dans un statut adopté à l’unanimité par le Parlement, qui fit de lui le dernier « chef du territoire de la Polynésie française ». À Angers s’engage d’emblée avec le nouvel exécutif départemental un dialogue ouvert et confiant propre à désarmer préventions et préjugés encore si pesants alors. La conclusion des conventions de partition, visant locaux et personnes, s’en trouve à la fois facilitée et hâtée. Le temps – et l’esprit ! – sont ainsi plus libres pour affirmer d’autant mieux la présence de l’État en mobilisant tous ses services, sans oublier toute l’attention accordée aux manifestations ou exercices toujours spectaculaires de l’armée (du Génie d’Angers à l’Arme blindée de Saumur), ou aux magistrats légitimement fiers de leur Cour d’Appel d’Angers. L’implication est plus discrète dans les « créations » de la vie culturelle d’alors : Festival d’Anjou, Nouveau Théâtre d’Angers, musée de la Tapisserie – ou encore l’architecture urbaine et la vie universitaire, dans ses composantes publiques et privées, qui s’affirment avec éclat.
365Mais le préfet Ohrel s’est attaché surtout à d’inlassables négociations commandées par une actualité locale souvent épineuses : actions de formation en faveur des jeunes, régulation de la cohabitation entre privé et public dans l’enseignement primaire pour certaines communes, implications territoriales de la programmation du logement social, protection de la Loire (berges, lits majeur et mineur), secteurs en difficultés tels que le textile du Choletais, les champignonnières du Saumurois et surtout les ardoisières du Segréen et de Trélazé dont l’accompagnement social et financier nécessite un échange permanent avec responsables syndicaux et employeurs.
366Promu Commissaire de la République de la région Picardie en juillet 1986, il revient comme préfet des Pays de la Loire trois ans plus tard (juillet 1989-novembre 1995), où il avait stagiaire de l’ENA. Il aura passé plus du tiers de sa carrière dans les Pays de la Loire. Nommé en 1995 préfet de la région Nord-Pas-de-Calais et du département du Nord, il termine en 1999, sa carrière préfectorale, et est nommé au Conseil d’État. La même année, il est désigné comme personnalité qualifiée au sein de la Commission pour l’avenir de la Décentralisation.
367Il est Commandeur de la Légion d’Honneur et de l’Ordre national du Mérite.
Coury (Henri)
368Il est sans doute le plus angevin de tous les préfets contemporains. Né à Montluçon (Allier) le 26 mars 1928, de Louis Coury (cheminot) et de Louisa Duby, il arrive à Angers à l’âge de 5 ans et y fait ses études primaires et secondaires. Au Lycée David d’Angers, il est l’élève de Louis Poirier, plus connu sous le nom de Julien Gracq. Henri Coury épouse le 29 juillet 1949 Marie-Françoise Jubecourt dont le père est chirurgien-dentiste à Angers. Ils ont trois enfants dont les deux premiers sont nés à Angers. Élève aux lycées Henri IV et Louis le Grand, H. Coury est admissible à l’ENS, licencié de philosophie, diplômé d’études supérieures d’histoire, élève de l’ENA à partir de 1955. Chef du cabinet du préfet du Morbihan le 3 octobre 1957, sous-préfet d’Ussel le 5 janvier 1959, il est nommé chargé de mission au cabinet du Général De Gaulle, Président de la République, en juillet 1959. Il y reste jusqu’au 3 août 1968. H. Coury fait ensuite une carrière préfectorale : successivement préfet en Haute-Savoie (août 1968), Charente-Maritime (août 1972), Saône-et-Loire (avril 1979), Eure (août 1981), commissaire de la République du Loir-et-Cher (novembre 1985).
Préfet de Maine-et-Loire, 25 juillet/11 août 1986, 11 septembre 1989.
369Sur arrière-plan des débuts d’une cohabitation politique conflictuelle au sommet de l’État, ces dates délimitent une période de contrastes. Les difficultés économiques et sociales font l’objet d’une double action de la part des pouvoirs publics : accompagnement social et modernisation. Des mesures sont prises pour pallier les conséquences sociales de l’évolution économique : mise sur pied d’un plan social financièrement très important pour atténuer les conséquences humaines de la fermeture des Ardoisières de l’Anjou ; discussions très ardues avec les syndicats agricoles et l’industrie laitière pour que les quotas laitiers imposés par la PAC (Politique agricole commune) ne pénalisent pas injustement les jeunes agriculteurs ; traitement social du chômage par le système ancien des TUC et par le nouveau système du RMI. La lutte contre la précarité bénéficie d’aides importantes en faveur d’associations caritatives. Les efforts de modernisation se traduisent tout à la fois par le désenclavement de l’Anjou (achèvement de l’autoroute Paris-Nantes, lancement de l’autoroute Angers-Tours, arrivée du TGV, mise à l’enquête d’utilité publique de l’aérodrome de Marcé), des équipements nouveaux pour la formation (bâtiment de la Faculté de Droit et des Lettres), la constitution d’un pôle de physiologie végétale (inauguration en septembre 1986 de la station nationale d’expérimentation des bulbes à fleurs).
370Certaines mesures d’ordre national font du Maine-et-Loire une caisse de résonance particulièrement forte. Le choix de Bourg d’Iré dans le Segréen comme lieu d’enfouissement éventuel de déchets nucléaire est mal accueilli. La loi sur les immigrés en situation irrégulière et faisant éventuellement l’objet de mesures d’expulsion suscite une opposition forte des milieux les plus divers, malgré une application se voulant circonstanciée et non systématique.
371Le rajeunissement des services de l’État est lui-même entrepris. Des réunions cantonales sont systématiquement organisées entre les services de la préfecture, ceux des services extérieurs de l’État, et les élus pour qu’une prise en compte commune des problèmes facilite leur solution. À la préfecture, l’équipement informatique, très en retard, débute grâce à des crédits exceptionnels.
372Après le nouveau partage des pouvoirs entraîné par les lois de décentralisation de 1982, les années 1986-1989 ont été une période de consolidation du travail en commun des services de l’État et de ceux du département, relançant l’état d’esprit d’ » équipe de l’Anjou ».
373Placé en position de congé spécial à compter de septembre 1989, en retraite à compter de novembre 1992, H. Coury n’a pas quitté le pays de sa jeunesse. De décembre 1989 à février 1991, il devint délégué général d’Anjou Eurouest, association créée par le conseil général pour promouvoir l’Anjou à l’échelon européen. Il fut chroniqueur le matin sur Angers 101. S’étant spécialisé dans l’étude des problèmes européens, H. Coury enseigne ceux-ci dans plusieurs établissements universitaires, et à ce titre a été examinateur à l’ENA. H. Coury est officier de la Légion d’honneur, de l’Ordre national du Mérite, des Palmes académiques, médaillé de la Jeunesse et des sports.
Anciaux (Jean Marie François)
374Né à Paris (15e) le 6 novembre 1930 d’André, cadre de l’industrie automobile et de Gabrielle Regnard. Le 14 mai 1955, il épouse Denise Delplanque dont il eut trois enfants. Après des études au lycée Henri IV et à la faculté de droit de Paris, il est inspecteur-élève des impôts le 7 novembre 1952, puis il entre à l’ENA le 1er janvier 1958 (promotion A. de Tocqueville. Il choisit le corps préfectoral et est nommé le 9 août 1960 chef de cabinet du préfet de Tlemcen. Il exerce les mêmes fonctions près du préfet de la Charente maritime, 1er juillet 1961. Il est ensuite sous-préfet de Saint-Jean d’Angély, 1er mai 1963 ; secrétaire général des Landes, 6 février 1966 ; secrétaire général de la Guadeloupe, 3 janvier 1969 ; sous-préfet chargé de l’arrondissement de Nantes, 15 juillet 1971 ; secrétaire général du Haut-Rhin, 1er octobre 1972 ; sous-préfet de Saint-Nazaire, 30 mai 1976 ; préfet des Landes, 1er janvier 1979. Préfet hors-cadre le 9 juillet 1981, détaché près du conseil général de Loire-Atlantique le 15 mars 1982. Commissaire de la République de la région et du département de la Réunion, 25 avril 1986, et parallèlement, représentant de la France à la commission de l’Océan Indien (1986-1989).
Préfet de Maine-et-Loire, 11 septembre 1989 - 22 octobre 1990.
375Outre les dossiers courants largement délégués au secrétaire général, J. Anciaux s’est fortement impliqué dans le transfert de l’aérodrome en liaison étroite avec les maires d’Avrillé et d’Angers, ainsi que dans l’installation de l’usine SCANIA, en symbiose totale avec le Maire d’Angers. Les problèmes agricoles l’ont également beaucoup occupé au fil des semaines… et des nuits.
376C’est malheureusement une opération de maintien de l’ordre très dure et très longue qui marquera son séjour. Très maladroitement annoncé par l’ANDRA (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) et les instances ministérielles depuis 1987, le projet d’enfouissement de déchets nucléaires à grande profondeur, près de Segré, déchaîne, à compter du 13 décembre 1989, la grande majorité des élus et de la population du Segréen. Dès son arrivée, le préfet avait rendu compte au gouvernement des risques. Exécutant les ordres formels reçus, il fait occuper le site le 13 décembre par les gendarmes mobiles. Immédiatement, une réaction populaire d’une rare violence s’organise paramilitairement : plusieurs centaines de personnes abattent les arbres sur les routes, contrôlent les camions, attaquent les gendarmes à la bille d’acier. Les camions de l’ANDRA doivent, de nuit, être escortés par plus de 100 gendarmes et précédés d’un bulldozer du Génie. Cette véritable insurrection, dans un département qui n’en avait pas connue de telle depuis la Révolution, dure 59 jours. Alerté par le préfet sur les risques de blessures mortelles dans les deux camps, le 9 février, le Premier Ministre décide d’arrêter les travaux, après avoir reçu les parlementaires. Le préfet négocie avec les organisateurs un dégagement progressif en deux semaines. Il avait, pendant ces deux mois, réussi à garder le contact avec les parlementaires et les maires.
377En octobre 1990, Jean Anciaux apprend avec surprise sa mise hors-cadre. Le maire d’Angers Jean Monnier a pris sa défense dans plusieurs journaux locaux.
378Le 16 octobre 1990, il est nommé délégué interministériel à la sécurité nucléaire par Michel Rocard, nomination interprétée à l’époque comme la réparation d’une injustice. Puis il devient directeur général des services de la région Bretagne, 15 juillet 1991 ; préfet de la région Limousin et préfet du département de la Haute-Vienne, 20 juin 1995. Il a pris sa retraite le 6 novembre 1996. Jean Anciaux est officier de la Légion d’Honneur depuis le 1er janvier 1987.
Desmet (Michel Camille Lucien)
379Né le 28 août 1933 à Dunkerque de Maurice Desmet, commerçant, et de Lucienne Lahaeye. Le 28 juin 1960, il épouse Françoise Gillet, dont il a deux fils. Il est diplômé de l’IEP de Paris et diplômé d’études littéraires générales classiques.
380Inscrit le 10 février 1956 sur la liste d’aptitude aux fonctions de chef de cabinet, il est nommé le 15 novembre chef de cabinet du préfet des Hautes-Alpes. Il est muté à la préfecture des Ardennes (1er janvier 1957), avant d’être appelé sous les drapeaux, le 6 août 1958. Il réintègre la carrière administrative le 3 novembre 1960 comme chef de cabinet du préfet de Bône, puis du préfet du Var (6 juillet 1961). Il devient ensuite secrétaire général de la Lozère, 11 mars 1963 ; directeur de cabinet du préfet de la région Picardie (1er janvier 1965). Le 1er janvier 1969, il devient chef de cabinet de Jacques Duhamel, ministre de l’Agriculture et le suit au ministère des Affaires culturelles, (14 janvier 1971). Le 21 mars 1972, il est nommé secrétaire général du Val-de-Marne. De novembre 1975 à janvier 1976, il est directeur de cabinet d’Aymar Achille-Fould, secrétaire d’État aux Postes et Télécommunications. Il est ensuite nommé sous-directeur de l’Équipement et du développement à la Direction générale des collectivités locales, 1er mars 1976. Il est détaché auprès du ministre des Affaires étrangères, comme conseiller de gouvernement pour l’Intérieur auprès du gouvernement monégasque, 11 octobre 1977. Il réintègre la carrière préfectorale le 10 octobre 1984 comme commissaire de la République du département de l’Yonne. Puis il est nommé commissaire de la République du département d’Indre-et-Loire, 30 juin 1986 ; des Pyrénées-Atlantiques, 14 décembre 1987.
Préfet de Maine-et-Loire, 22 octobre 1990 - 24 mai 1993.
381Monsieur Desmet apporte une attention prioritaire aux problèmes de l’économie et de l’emploi. Dès son arrivée à Angers, il veille à ce que les exploitants agricoles, durement frappés par la sécheresse, puissent bénéficier des aides publiques. Il s’attache à bien connaître les entreprises du département, par des visites d’entreprises, et intervient notamment en faveur du textile choletais, qui subit la rude concurrence des pays du Tiers-Monde. Il est comme son prédécesseur confronté à des problèmes écologiques dans le Segréen, où il doit faire une conférence de presse pour dépassionner les esprits, après avoir autorisé l’aménagement d’une décharge pour les déchets urbains à la Chapelle-Hullin. Conscient de l’importance du réseau autoroutier, il met la dernier main au dossier de l’autoroute Angers-Tours, avant l’engagement des travaux. Il dirige les études de tracé de l’autoroute Angers-Cholet, en prenant soin d’assurer la meilleure traversée possible des Coteaux du Layon. S’agissant du contournement autoroutier d’Angers, il se prononce pour la solution depuis longtemps inscrite au Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme de l’agglomération d’Angers : le passage par Avrillé. Il entre en conflit à ce sujet avec la municipalité de cette commune, qui voulait organiser un référendum d’initiative locale sur le projet (1992). Le préfet annule cette délibération et le Tribunal administratif et le Conseil d’État reconnaissent le bien fondé de sa position. Sensible aux exigences de la protection des ressources naturelles, il s’efforce de les concilier avec celles de l’économie. Il s’oppose néanmoins à un assouplissement du droit de construire dans la vallée de l’Authion. Le 8 février 1993, 5 000 chasseurs réunis à Angers manifesteront pour soutenir son action dans le domaine de la chasse au gibier d’eau. En 1992, à la demande du ministre de l’Intérieur, il avait organisé un concours d’architecte pour une nouvelle préfecture prévue au Front de Maine.
382Le 24 mai 1993, il est nommé préfet de la région Picardie et préfet de la Somme. En septembre 1995, il est préfet hors-cadre et nommé président du conseil d’administration de la SONACOTRA. Il a pris sa retraite le 28 août 1998.
383Titulaire de diverses décorations, Michel Desmet est notamment officier de la Légion d’Honneur.
Boucault (Bernard Guy Marie)
384Né le 17 juillet 1948 à Blois, d’André, artisan, et de Raymonde Bourbon. Marié le 12 novembre 1977 à Brigitte Boyer, médecin, dont il a deux enfants. Après des études au lycée Augustin Thierry à Blois, il entre à la faculté de droit et sciences économiques de Bordeaux. Il obtient un diplôme de droit public puis entre à IEP de Bordeaux et intègre l’ENA le 1er janvier 1973. En 1975, il occupe un poste d’administrateur civil, avant d’être nommé sous-préfet, directeur de cabinet du Var le 1er septembre de la même année. Il est promu directeur de cabinet du préfet de la région Bretagne et préfet d’Ille-et-Vilaine le 20 juin 1977. Le 1er août 1978, il est nommé secrétaire général de la Haute-Saône ; puis directeur adjoint des stages à l’École nationale d’administration, 17 novembre 1980 ; chef de cabinet du ministre de l’Économie, des Finances et du Budget, 2 novembre 1983 ; conseiller technique au cabinet du ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, 25 juillet 1984 ; secrétaire général de la préfecture des Alpes-Maritimes, 13 janvier 1986 ; préfet de la Haute-Corse, 22 août 1988 ; directeur adjoint du cabinet du ministre de l’Intérieur, 2 février 1990 ; directeur de l’administration territoriale et des affaires politiques, 6 mars 1991.
Préfet de Maine-et-Loire, 28 juin 1993 - 21 juillet 1997.
385Bernard Boucault a été l’un des préfets les plus appréciés des élus et des acteurs de la vie économique du département depuis la décentralisation. C’est aussi le plus jeune préfet depuis longtemps : il a 44 ans à son arrivée. Ses qualités de diplomate correspondent tout à fait au rôle attendu du préfet aujourd’hui. Pour traiter d’un dossier, il consulte systématiquement toutes les parties prenantes et sait prendre rapidement des décisions. Cette double qualité a fondé les bonnes relations qu’il n’a cessé d’entretenir avec les élus. En 1993, il se heurte à une situation économique toujours difficile dans le Choletais. Il se dit également mal à l’aise face aux plans sociaux successifs de l’usine Bull, sans pouvoir faire plus. Il lance la concertation sur l’aménagement du Territoire, dans le cadre du grand débat national. Il s’est personnellement impliqué dans l’élaboration du projet autoroutier entre Angers et Cholet. Auprès des maires, il prône l’intercommunalité. Il défend le projet d’un aéroport à Marcé. Il a fortement contribué à l’amélioration de la situation économique et sociale du Segréen, et participé à la négociation pour l’installation à Angers de l’usine Packard Bell. À son départ, le Comité d’expansion salue son « sens de l’écoute et du dialogue ». Il s’est également impliqué sur le terrain social en aidant les plus démunis par la création du SAMU social, ou par le biais d’associations comme « Une famille, un toit » à Angers, ou « Habitat solidarité » à Saumur.
386Le 21 juillet 1997, il est nommé préfet de la Seine-Saint-Denis. Depuis le 21 avril 1999, il est préfet de la région Midi-Pyrénées et du département de la Haute-Garonne.
Hagelsteen (Bernard Émile Gierdt)
387Né le 12 août 1947 à Alger de Jean, pharmacien, et de Suzanne Richardot. Marié le 25 juillet 1972 à Marie-Dominique Monfraix, membre du conseil d’État. Il a trois enfants. Après des études secondaires en Algérie et à Montpellier, il entre à la faculté de Paris où il obtient une licence en droit. Il est diplômé de l’IEP de Paris et intègre l’ENA le 1er janvier 1971, après avoir effectué son service militaire. Administrateur civil au ministère de l’Intérieur, il est nommé sous-préfet et directeur de cabinet du préfet de la Seine-Saint-Denis. Le 1er septembre 1977, il est détaché auprès de l’inspection générale des Finances, puis chargé de mission au secrétariat général du Gouvernement, 1er avril 1979. Le 1er août 1984, il devient secrétaire général de la préfecture des Hauts-de-Seine ; des Bouches du Rhône, 30 octobre 1986 ; directeur de la police générale à la Préfecture de police, 23 mars 1989 ; préfet-secrétaire général de la zone de défense de Paris, 1er janvier 1992 ; coordonnateur de la France en matière de libre circulation des personnes dans les pays européens, 24 février 1992. Le 3 août 1992, il est titularisé préfet et nommé, six mois plus tard, préfet, secrétaire général de la préfecture de la région Ile-de-France, préfecture qui occupe le sommet de la hiérarchie.
Préfet de Maine-et-Loire, 11 août 1997 - mai 1999.
388Il hérite de son prédécesseur les dossiers difficiles de la réorganisation des Ardoisières d’Angers, de la baisse d’activité dans le Choletais (textile, chaussures) et dans le Saumurois (fabrication de médailles). Il doit aussi trouver réponse aux plans sociaux de l’ETAS, dont un tiers des effectifs doit être supprimé d’ici 2002. Il obtient la confirmation du lancement de l’autoroute Angers-Cholet, mobilise les partenaires locaux et les fonds européens pour la modernisation de la liaison ferrée avec Cholet et la rénovation de la gare d’Angers, engage les concertations préalables à la réalisation du contournement nord d’Angers. Il est aussi confronté à des problèmes d’environnement : à Mozé-sur-Louet, une carrière est menacée de fermeture, car cinq agriculteurs ont contesté son extension, alors que le préfet l’avait autorisée ; à Angers, c’est l’affaire de la mise aux normes de l’usine d’incinération des ordures ménagères ; dans le Segréen, le programme de limitation de l’utilisation de l’atrazyne. Dans les vallées de la Loire et de l’Authion, il doit mettre en œuvre une procédure de Programme d’Intérêt Général (PIG) visant à concilier le développement de cette région et la prévention des risques d’inondation. C’est lui qui a appliqué les premières mesures d’emplois-jeunes et proposé un plan départemental de rapprochement de l’emploi et d’insertion des Rmistes. Il organise la visite du président de la République dans le département en mai 1998. En raison de l’abandon du projet de nouvelle préfecture au Front de Maine, il conçoit et met en œuvre un important programme immobilier de substitution, comprenant l’acquisition d’un immeuble rue Hanneloup, et la restructuration des locaux occupés par la préfecture dans l’abbaye Saint-Aubin.
389En mai 1999, il est nommé préfet de la Seine-Saint-Denis à la place de B. Boucault, poste qu’il occupe encore à ce jour.
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