L’Action catholique spécialisée de la jeunesse
Une fausse évidence ?
p. 9-18
Texte intégral
1Voilà près d’un siècle, en 1927 se tenaient les premières réunions de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) française à Clichy et à Lille. Rassemblés autour d’un vicaire, quelques jeunes hommes inspirés par la JOC belge cherchaient à rendre aux ouvriers leur fierté et à leur apporter la foi. Bien vite se sont organisés d’autres mouvements semblables, pour le milieu agricole (Jeunesse agricole catholique, JAC), pour les jeunes scolarisés (Jeunesse étudiante chrétienne, JEC) pour ceux engagés dans des métiers liés à la mer (Jeunesse maritime chrétienne, JMC) ou pour les autres (Jeunesse indépendante chrétienne, JIC). L’Association catholique de la jeunesse française (ACJF) soutenait et fédérait ces mouvements ; parallèlement, des initiatives ont fait émerger des structures féminines (JOCF, JACF, JECF, JICF). Dans la décennie suivante, la plupart de ces associations de jeunesse ont su se donner des prolongements adultes. Les mutations de l’après-guerre ont conduit certains à se transformer : la JAC est devenue Mouvement rural de la jeunesse chrétienne (MRJC) ; la JEC (1965), le MRJC (1965) et la JOC (1987) sont devenus mixtes, la JMC s’est autodissoute pour renforcer une association non confessionnelle, la Jeunesse de la Mer. Dès l’origine, l’épiscopat avait soutenu et institutionnalisé cet apostolat original, désigné sous le terme d’Action catholique « spécialisée », en décernant à chaque mouvement un mandat qui faisait de lui un représentant officiel de la hiérarchie1.
2Par cette expression d’« Action catholique », acteurs et chercheurs désignent généralement un mode d’évangélisation assuré par des laïcs et par une action sociale. On le qualifiait de « spécialisé », ou atteignant « le semblable par le semblable », parce que chacun de ces laïcs apôtres était appelé à convertir les gens de son milieu social. Cette évangélisation se fondait sur des méthodes pédagogiques audacieuses, qui responsabilisaient de jeunes croyants. On résumait par la formule « Voir, juger, agir » leur démarche qui joignait aux activités spirituelles et missionnaires des temps d’observation, de relecture et d’engagement. Combien d’anciens militants témoignent avoir vu ainsi leur vie transformée ? Combien d’actions modestes ou d’envergure ont été par-là entreprises ? Une mémoire collective en est née, qui n’a cessé d’évoluer depuis, grâce à la durabilité des liens noués et entretenus au sein des mouvements adultes d’Action catholique ou dans les fonctions professionnelles, associatives, ecclésiastiques, politiques occupées par la suite, car l’Action catholique spécialisée fut un vivier de militants et de cadres exceptionnel.
3Toutes ces raisons ont conduit le PAJEP (Pôle de conservation des archives des associations de jeunesse et d’éducation populaire) à consacrer à ces mouvements de jeunesse deux journées d’étude dont on trouvera les interventions dans cet ouvrage2. Il n’ambitionne pas de tracer un portrait général de l’Action catholique, même en ne s’en tenant qu’à sa forme spécialisée, en délimitant le public (la jeunesse), le territoire (la France métropolitaine), la période (grossièrement, les trente glorieuses). Il s’agit de dresser un bilan de la recherche déjà menée sur ces organisations, d’en combler – autant que possible – quelques lacunes, d’en signaler les renouvellements, de dégager des perspectives.
Un concept et son emploi historiographique
4Une approche globale et comparative des mouvements d’Action catholique spécialisée était attendue par les historiens du catholicisme3. Certes, on disposait d’une multitude de témoignages et de travaux universitaires. Parmi ces derniers, on peut distinguer deux catégories : certains ne concernent qu’un mouvement, qu’un territoire ou qu’un milieu en particulier ; d’autres replacent l’Action catholique spécialisée, prise dans son ensemble, dans l’histoire des organisations et mouvements de jeunesse chrétiens4 ou dans l’histoire du christianisme.
5Les premiers composent un ensemble hétéroclite et lacunaire. La JOC, la JEC, la JAC-MRJC ont fait l’objet d’ouvrages de synthèse ou de colloques5, mais la JIC, la JMC et les mouvements féminins restent encore dans l’ombre ; par ailleurs, les études nationales n’ont pas été assez confrontées aux travaux locaux, en dépit de belles réussites6. Il s’en est pourtant dégagée une chronologie générale, qui fait l’objet d’un consensus global. Une première période, jusqu’en 1943 environ, est lue comme celle de l’enthousiasme initial, durant lequel l’Église et les militants se montraient fiers et confiants en l’efficacité de leur entreprise pour restaurer une société chrétienne par le rayonnement personnel, et pour promouvoir un catholicisme plus sincère. Témoins et observateurs ont montré que, dans la période suivante, qui court jusque vers 1962-1965, l’accent fut mis sur la transformation institutionnelle de la société en vue de sa conversion ; l’Action catholique pouvait alors rassembler des foules considérables, influencer l’évolution du monde étudiant ou agricole et limiter l’ascendant du parti communiste sur les ouvriers, mais cela se faisait au prix de vives tensions, non pas tant avec le monde laïque qu’entre catholiques, notamment avec les évêques, tensions qui ont pu dégénérer en crises ouvertes. Ces tensions sont devenues ruptures dans une troisième période, au point qu’en 1975 les évêques retirent leur mandat officiel aux mouvements d’Action catholique spécialisée. Celle-ci connaît, dans le même temps, un effondrement de ses effectifs, de son influence et de son efficacité.
6Le second type de travaux, ceux qui replacent ces mouvements dans un tableau historique plus large, embrasse généralement d’un seul regard l’Action catholique spécialisée. Or, le terme d’Action catholique lui-même a posé et pose un problème. Depuis les années trente, il reste une abstraction, « un concept clérical, hiérarchique et extensif7 ». Il a compliqué l’apostolat parce qu’il n’a jamais fait l’objet d’un consensus : si les évêques et les militants d’Action catholique français considéraient qu’elle ne regroupait que des mouvements mandatés et pratiquant un mode d’apostolat spécifique, les conceptions à l’étranger – et parfois même en France – tendaient à y intégrer toute association de laïcs pratiquant une activité religieuse susceptible de renforcer ou de diffuser la foi. À partir du second congrès mondial de l’apostolat des laïcs (1957) cette seconde acception est de plus en plus acceptée, contre la première, jugée trop restrictive.
7Pour l’historien, l’Action catholique apparaît comme une formule utile à la taxinomie religieuse et susceptible de rendre compte des mentalités. Cependant, elle véhicule l’idée qu’il existe une unité entre les mouvements concernés, présupposé qui correspond généralement à l’expérience des évêques et des aumôniers, souvent en charge de plusieurs mouvements. Inversement, chaque militant – sauf exception – ne fréquentait que l’une des branches de l’un des mouvements, durant une période limitée et dans un contexte précis, qui doit autant aux événements qu’au cadre de son investissement. Il vivait une expérience spécifique, relativement distincte des autres groupes d’Action catholique. Dans le cas de l’Action catholique spécialisée cette différenciation est accentuée par les distinctions sociales, voire les inimitiés entre mouvements. André Vial, qui a dirigé la JAC puis l’ACJF, déclarait :
« Moi, je n’aime pas beaucoup qu’on parle d’Action catholique, non que j’aie eu à en découdre avec elle, mais dans les années cinquante, si nous voulions sauvegarder une méthode pédagogique particulière, et notre philosophie, il fallait que l’on se démarque des mouvements d’Action catholique. La JAC était d’Action catholique, c’est bien d’accord, mais l’Action catholique était devenue un terme complètement générique8. »
8Il faut entendre ce genre de mise en garde. L’historiographie de l’Action catholique s’est construite tôt, dans un dialogue avec les anciens acteurs de cette aventure9. Il n’est pas question de renoncer à cette démarche qui a montré son intérêt heuristique. Mais il n’est pas faux d’affirmer que, dans un premier temps, l’histoire religieuse a construit ses problématiques et son vocabulaire à partir de l’expérience et de la mémoire militante, qui ont leur intérêt propre mais dont le but n’est pas de forger des concepts scientifiques.
Saisir la diversité de sa réalité par la diversité des approches
9Ces remarques ont conduit Yvon Tranvouez à proposer de nuancer les observations selon les mouvements, mais aussi selon les âges, le genre, l’appartenance générationnelle des militants10. C’est à quoi s’emploie cet ouvrage. Le renouvellement du regard est stimulé par la diversité des intervenants : les historiens du religieux et de l’éducation populaire s’y rencontrent et côtoient sociologues, politologues, théologiens, militants et aumôniers actuels ou passés. Sans s’interdire de revenir sur les mouvements les plus fréquentés et les mieux connus (JOC-F, JAC-F, JEC-F), on a voulu mettre en lumière la JIC-F et la JMC, presque ignorées. Aux questions de nature religieuse, autour du mandat et de la vocation des laïcs, ou celles tournant autour de l’influence socioéconomique des mouvements, très travaillées, on a ajouté d’autres approches, adaptées aux périodes traitées.
10Celle qui court de 1945 à 1965 est l’objet de la première partie de cet ouvrage. Si l’on écarte les années de guerre11, la connaissance des faits généraux, même incomplète, est assez solide. Yvon Tranvouez la résume en pointant notamment cet étrange paradoxe : pendant cette période, l’Action catholique spécialisée s’impose comme la forme la plus aboutie de l’apostolat, alors même qu’à partir de 1956, débute un « premier ébranlement12 » qui annonce des crises à répétition13. Cette description d’ensemble est ensuite confrontée à diverses expériences vécues à la base. À partir de l’exemple de la fédération JOC-JOCF de Besançon, Jean Divo montre le processus d’échanges permanents entre acteurs locaux et direction nationale : celle-ci envoie des instructions et porte le soutien logistique et formatif mais s’enrichit des expériences remontées « d’en bas » ; c’est par exemple d’une réunion de militants bisontins qu’est issue la révision de vie, qui s’imposera comme une activité phare, à l’échelle nationale. Comme bien d’autres, Jean Divo a complété la lecture des archives par des entretiens d’anciens militants. Leur écoute est essentielle à la bonne compréhension de ce que fut leur expérience. C’est pourquoi la parole est ensuite donnée à deux anciens responsables nationaux. Tour à tour, Jacques Meunier, jéciste parisien de 1954 à 1961, et Jacqueline Garet, jociste de Blois entre 1960 et 1968, nous font entrer, avec une honnêteté et une simplicité touchantes, dans le vécu d’un acteur de terrain. Ce militantisme fut une « école d’ouverture à la vie militante et à une foi agissante » pour l’un, un « chemin pour un engagement citoyen et la recherche de foi en vérité » pour l’autre. La similitude des titres qu’ils ont donnés – sans se concerter – à leurs témoignages respectifs ne peut que frapper et plaide en faveur d’une lecture unitaire de l’Action catholique spécialisée. Mais quel usage le chercheur doit-il faire de ces récits, livrés à plusieurs décennies de distance et qui replacent (artificiellement ?) une expérience militante dans un parcours de vie ? Que faire des silences, des oublis ou des recompositions mémorielles ? Claire Bailly Alemu rappelle ici d’indispensables précautions méthodologiques avant de nous faire connaître le rôle que d’anciens jacistes attribuent à leur militantisme de jeunesse dans leur parcours ultérieur. Son propos s’appuie sur quelques exemples d’après-guerre tirés de la vaste analyse prosopographique qu’elle consacre aux militants JAC-JACF du Jura, entre 1930 et 1960. On pourrait penser que Vincent Flauraud échappe à ce processus de recomposition mémorielle en décrivant le jacisme de l’Aveyron ; son article s’appuie sur des questionnaires complétés par treize responsables locaux, en 1955 alors qu’ils militaient encore. Mais ici encore, un « attirail méthodologique », que l’auteur nous donne à connaître, permet d’en dénicher les biais. Si ces exemples confirment la nécessité de nuancer la description du militantisme d’Action catholique spécialisée d’un mouvement à l’autre, il n’en reste pas moins qu’une relative cohérence existe.
11On ne pourrait le dire à propos de la période suivante, de 1965 à 1979, qui occupe la seconde partie de notre ouvrage. L’histoire de l’Action catholique y est plus difficile à appréhender. Une part de l’explication tient à la particularité de ce moment, durant lesquels les mouvements doivent réagir à une double déflagration. La première correspond au concile Vatican II, qui s’achève en 1965 ; sa mise en application occupe alors les évêques et les militants, de manière désordonnée : si certains y voient l’occasion de faire entrer l’ensemble des fidèles dans la démarche de l’Action catholique, d’autres y trouvent l’autorisation d’investir des voies expérimentales qui permettent de dépasser le Concile. L’autre explosion est celle de Mai-Juin 68 ; elle fait sauter les derniers verrous qui empêchaient l’autonomisation et la politisation du MRJC et de la JEC, à un moment où le gauchisme inonde les débats. Pour important qu’ils soient, ces deux événements ne suffisent pas à comprendre la particularité de cette quinzaine d’années. Qu’elles y insistent ou non, qu’elles privilégient une approche culturelle ou une autre centrée sur la pratique religieuse, les analyses du catholicisme français les replacent dans un processus de sécularisation plus long et faisant intervenir bien d’autres facteurs14. De même, les études actuelles insistent sur le fait que les « années 68 » débutent avant le mois de mai – pour l’Action catholique, on a vite trouvé dans les crises de 1965 un premier coup de semonce – et se prolongent en aval. Finalement, on assiste à une brutale accélération de l’extraction de notre société de son socle civilisationnel et notamment religieux, à un basculement anthropologique dont la jeunesse est précisément l’avant-garde. L’instabilité qui en résulte complique sa compréhension. À propos de l’Action catholique spécialisée, on est d’autant plus incité à la prudence que les travaux et les témoignages sont plus rares. Les études locales manquent et les études générales ont traité la période comme l’aboutissement de mutations ou comme un temps de crise, plutôt que comme la matrice de mutations futures.
12C’est donc avec sagesse que, pour introduire la seconde partie de cet ouvrage, Yann Raison du Cleuziou ne livre pas un récit factuel ou une analyse générale mais propose une série de voies de recherche. Les textes qui viennent ensuite en restent à une étude d’échelle nationale, quoique ponctués d’éclairages locaux. Ils mettent en évidence la diversité des voies suivies par les différents mouvements et des expériences vécues par leurs militants. D’un côté, on trouve ceux qui croient encore en la pertinence de la spécialisation et de la séparation des sexes, en un lien particulier avec l’épiscopat concrétisé par le mandat ; de l’autre, ceux qui passent cet héritage par pertes et profits. Pour les premiers, Jean-Marie Roglet livre un témoignage doublement instructif, puisqu’il fut successivement militant de la JOC et de la JMC, entre 1956 et 1968. Il dit avoir pris conscience de son appartenance au monde ouvrier et acquis la fierté d’en être lors de la première expérience puis avoir, au cours de la seconde, découvert le monde marin et accepté de se laisser interpeler par lui. Le témoignage à deux voix qui porte sur la Jeunesse indépendante chrétienne féminine va dans le même sens. De ses années militantes, entre 1964 et 1972, la jiciste Marie-Madeleine Jaubert retient qu’elle y a appris à assumer son identité bourgeoise ; Jacques Teissier, aumônier des jocistes et des jicistes (1968-1977) l’affirme aussi mais il ajoute qu’il s’est aussi initié à l’écoute et au respect de la diversité des points de vue, au contact de mouvements de jeunes et de filles. L’articulation entre identité et altérité sociales se retrouve dans l’analyse que livre Myriam Bizien Filippi à propos de la JOC-JOCF. Ici encore, on constate que c’est avec un respect particulièrement poussé des identités culturelles que ces deux mouvements, nés pour l’évangélisation, gèrent l’accueil en leur sein d’ouvriers d’origine étrangère et – pour certains – de confession et de culture musulmanes. Quel contraste avec ce que Bernard Giroux décrit à propos de la JEC ! Pour cette dernière, au lendemain de Mai 68, le problème n’est pas la confrontation avec une tradition religieuse différente, mais la gestion de l’héritage catholique, en l’occurrence du texte biblique. Cherchant à élaborer et à promouvoir un mode de lecture recevable de la Bible, les jécistes ne s’encombrent ni de la variété des ressentis, ni des instructions de l’épiscopat. Ce choix de l’indépendance et de la politisation – que l’on retrouve au MRJC – est généralement mis en avant pour expliquer la décision prise en 1975 par l’assemblée plénière des évêques de ne plus attribuer de mandat d’Action catholique. Jean-Yves Baziou en convient, mais il insiste ici sur le fait que cette décision s’inscrit dans la logique de la reconnaissance de la vocation apostolique de tout baptisé et de la réception du concile Vatican II ; il ajoute qu’elle illustre la difficulté, pour les évêques, d’ajuster leur gouvernance et leur mode d’autorité. Au-delà, elle prend place dans l’évolution de l’apostolat à l’époque contemporaine15 ; elle prend acte de « l’éclatement de l’Action catholique » qui semble caractériser cette période et elle le facilite.
13Nous aurions pu terminer cet ouvrage à cette date ou bien à celle du rapport Defois (1981), première critique ouverte de l’épiscopat de l’ère de l’hégémonie du militantisme catholique16. Cette même année voit l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République. L’événement, dans la continuité des élections municipales de 1977, ouvre la voie à l’accession à des responsabilités politiques pour des personnalités de gauche formées par l’Action catholique, mais aussi à leur désillusion. En ne retenant aucune de ces deux dates, nous signifions qu’à l’approche institutionnelle ou politique, nous avons préféré une autre, plus proche du vécu militant. En 1979, à l’occasion de vastes rassemblements, la JICF17, la JIC, la JEC et le MRJC (comme la JOC en 197718) opèrent une relecture de leur histoire19. Ces deux mouvements en reviennent à des positions plus apaisées et intègrent leur normalisation voire leur marginalisation au sein du catholicisme français, en passe de se faire plus spirituel et plus identitaire.
Saisir sa réalité grâce à un corpus d’archives enrichi
14Ainsi donc, si la première partie de l’ouvrage illustre la manière dont on affine aujourd’hui notre perception de l’Action catholique spécialisée, la seconde en étaye la connaissance et suggère des pistes de recherche. À ceux qui souhaiteraient s’y engager, l’ouvrage porte une masse de ressources. En ce domaine aussi, le travail du PAJEP fut particulièrement fécond. Une bibliographie considérable a été dressée et mise en ligne sur son site. Le Guide des sources des archives des mouvements de jeunesse et de l’éducation populaire qu’il édite s’est enrichi de plusieurs notices présentant les fonds disponibles. L’implication directe des archivistes a permis la réouverture d’un des deux fonds du MRJC20, conservé aux Archives nationales, mais aussi la collecte, le classement et l’ouverture des fonds de la JMC, de la JIC et de la JICF par le Centre national des archives de l’Église de France (CNAEF), qui les conserve désormais, aux côtés de celles de la JEC. Le CNAEF abrite également les archives de l’aumônerie de la JOC-F, le complément se trouvant aux Archives départementales des Hauts-de-Seine.
15Les pages que le lecteur s’apprête à consulter sont issues de la collaboration de chercheurs, d’acteurs et d’archivistes réunis pour traiter d’une question que l’on pourrait formuler avec un brin de provocation de cette manière : l’Action catholique spécialisée a-t-elle jamais existé ? Gageons qu’elles lui offriront, en alternant anecdotes et remarques conceptuelles, des éléments de réponse susceptibles de nourrir sa connaissance et sa réflexion.
Notes de bas de page
1 Dans le reste de l’ouvrage, les acronymes seront employés de la manière suivante : JOC désignera le mouvement masculin (ou le mouvement mixte après une fusion), JOCF, le mouvement féminin, JOC-F les deux mouvements. Il en sera de même pour les autres mouvements.
2 L’Action catholique spécialisée (1945-1965). Expériences de militants : JAC-MRJC, JEC, JIC, JMC, JOC, Créteil, 7 décembre 2017 et L’éclatement de l’Action catholique spécialisée (1965-1978) JEC, JIC, JMC, JOC, MRJC, Pierrefitte-sur-Seine, 29 janvier, 2020. Ces journées d’étude n’auraient pu se tenir sans le soutien de ses partenaires. Les Archives départementales du Val-de-Marne ont accueilli la première, le 7 décembre 2017 ; les Archives nationales la seconde, le 20 janvier 2020. L’une et l’autre y ont, comme les Archives nationales du monde du travail (ANMT), présenté l’intérêt de leurs propres fonds pour traiter ce sujet. De leur côté, l’ADAJEP (Association des déposants aux archives de la jeunesse et de l’éducation populaire), le Fonjep (Fonds de coopération de la jeunesse et de l’éducation populaire) et le ministère de l’Éducation nationale ont fourni un indispensable soutien logistique. Que chacun de ces organismes trouve ici l’expression de la reconnaissance des organisateurs.
3 Voir les appels en ce sens d’Étienne Fouilloux et d’Yvon Tranvouez. Fouilloux Étienne, De l’Action catholique spécialisée. Faire des militants. Cahiers du GRMF, no 14, 2006, p. 271. Tranvouez Yvon, Catholicisme et société dans la France du xxe siècle. Apostolat, progressisme et tradition, Paris, Karthala, 2011, p. 49.
4 Cholvy Gérard, Histoire des organisations et mouvements chrétiens de jeunesse en France (xixe-xxe siècle), Paris, Cerf, 1999.
5 Par exemple, Tranvouez Yvon, « Le militant d’Action catholique », dans Duriez Bruno, Fouilloux Étienne, Pelletier Denis et Viet-Depaule Nathalie (dir.), Les catholiques dans la République 1905-2005, Paris, Éditions de l’Atelier, 2005, p. 225-237. Duriez Bruno, Action catholique rurale et ouvrière et engagement social : à distance de la politique, dans Pelletier Denis et Schlegel Jean-Louis (dir.), À la gauche du Christ. Les chrétiens de gauche en France de 1945 à nos jours, Paris, Seuil, 2012, p. 131-152.
6 Flauraud Vincent, La JAC dans le Massif central méridional (Cantal, Aveyron) des années 1930 aux années 1960, thèse de doctorat sous la direction de Gérard Chastagnaret, 2003, Aix-Marseille ; Divo Jean, L’Aubier, la JOC et la JOCF dans le diocèse de Besançon 1927-1978, Paris, Cerf, 2015.
7 Tranvouez Yvon, Catholicisme et société…, op. cit., chapitre iii : « Deux équivoques de l’Action catholique », p. 62-110.
8 Actes du colloque sur la JAC dans la région Rhône-Alpes (1984), Cahiers du CIERA, no 6, 1987, p. 45.
9 Cette construction a notamment été orchestrée par Gérard Cholvy au sein de l’Association française d’histoire religieuse contemporaine puis le GRECO 2 du CNRS, puis le GdR 1095 Histoire religieuse moderne et contemporaine.
10 Tranvouez Yvon, Catholicisme et société…, op. cit.
11 Ce qui fut le choix des auteurs ; entrer dans les années d’Occupation aurait nécessité des précautions scientifiques supplémentaires que nous ne souhaitions pas assumer dans le cadre de ces journées d’étude. Mais c’est bien vers 1943, au cœur du conflit, qu’un tournant s’amorce.
12 Prudhomme Claude, « Les jeunesses chrétiennes en crise (1955-1980) », dans Pelletier Denis et Schlegel Jean-Louis (dir.), À la gauche du Christ. Les chrétiens de gauche en France de 1945 à nos jours, Paris, Seuil, 2012, p. 324.
13 Cf. Michel Alain-René, Catholiques en démocratie, op. cit. ; Giroux Bernard, La Jeunesse étudiante chrétienne…, op. cit., p. 285-316 et 409-464 ; Leprieur François (dir.), JAC/MRJC Origines et mutations, op. cit., p. 244-254.
14 Pelletier Denis, La crise catholique. Religion, société, politique en France (1965-1978), Paris, Payot, 2002 ; Cuchet Guillaume, Quand notre monde a cessé d’être chrétien. Anatomie d’un effondrement, Paris, Seuil, 2018.
15 Giroux Bernard, « La Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) : comment dépasser Vatican II ? », dans Galinier-Pallerola Jean-François, Foro Philippe et Laffay Augustin (dir.), Les laïcs prennent la parole. Débats et controverses dans le catholicisme après Vatican II. Actes du colloque 30 janvier-1er février 2014, Paris, Parole et Silence, 2014, p. 325-337.
16 « La mission dans la société et l’histoire », dans Assemblée générale de l’épiscopat, l’Église que Dieu envoie, Paris, Le Centurion, 1981, p. 72-84.
17 Baptisé « Audace 79 », ce rassemblement se tient à Orléans les 31 mars et 1er avril.
18 La JOC-F entreprend alors la collecte des archives et des témoignages d’anciens jocistes.
19 Un regard critique sur les « militants chrétiens de gauche » est opéré par eux-mêmes dans deux revues. Cf. À gauche ces chrétiens, Autrement, no 8, février 1977 et Les militants d’origine chrétienne. Esprit, no 4-5, mai-juin 1977.
20 Il s’agit du fonds nommé « Mouvement rural de la jeunesse chrétienne (MRJC). 132AS » consacré aux années 1920-2015.
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