Chapitre IX. Postiers en Algérie dans l’entre-deux-guerres
L’« occasion manquée » de la démocratisation
p. 355-400
Texte intégral
« C’est ainsi que les facteurs d’origine indigène ne sont pas nommés facteurs, mais auxiliaires distributeurs, alors que les aptitudes exigées d’eux sont les mêmes que pour les autres facteurs. Pourquoi deux poids deux mesures ? […] En définitive, le facteur distributeur indigène est sacrifié sur tous les terrains parce qu’il est indigène, tout simplement. Il est sacrifié même s’il est mutilé et s’il a rempli tous ses devoirs de bon français1. »
1Dans les années 1920, des voix s’élèvent pour demander l’égalisation des situations salariales et atténuer les hiérarchies qui traversent depuis longtemps les rangs du personnel (chap. vi). Associations et syndicats militent pour que les fonctionnaires recrutés en Algérie soient traités sur le même pied que leurs homologues métropolitains. Tandis que les élus et les postiers algériens appellent à davantage de droits pour le personnel non citoyen. Soutenues par une partie de la presse locale et des représentants du commerce, les délégations financières poussent en parallèle à la réduction des dépenses.
2Soumises à ces pressions contradictoires, les autorités réexaminent, au lendemain de la guerre, les questions de la rémunération, de l’accès aux emplois publics et des carrières du personnel local. Les écarts se creusent entre la frange la plus stable du personnel, titulaire de son emploi, qui perçoit de nouvelles indemnités et des droits en matière de retraite et de maladie, et les auxiliaires et les intérimaires. Cette disparité des situations professionnelles se double d’une division entre citoyens et non-citoyens. Nombreux dans les emplois d’auxiliaires, les Algériens peinent à obtenir leur titularisation, alors que les citoyens, souvent titulaires de leur emploi, bénéficient des nouveaux droits gagnés.
Au lendemain de la guerre, une reconfiguration des clivages
3Plusieurs décisions prises à partir de 1919 sont des conséquences de la Première Guerre mondiale (loi Jonnart, emplois réservés, indemnité de vie chère), tandis que d’autres réformes répondent à des revendications anciennes dont la satisfaction a été retardée par le conflit, comme la fusion des cadres de 1919.
De nouveaux droits pour les postiers
Compression des effectifs et écarts de salaire
4En 1920, près de 4 900 employés – titulaires et auxiliaires – travaillent dans les bureaux de poste et les centraux téléphoniques du nord de l’Algérie. Mais alors que le trafic augmente, que les points de contact avec le public se multiplient et que les attributions du service s’étendent, une pression nouvelle s’exerce pour réaliser des économies. Les effectifs de facteurs titulaires stagnent, tandis que la distribution du courrier est plus fréquemment confiée à des auxiliaires permanents, payés en fonction de la longueur de la tournée2. Jusqu’en 1927, les PTT suppriment des emplois de commis et de dames employées au fur et à mesure des vacances (graphique 12). Les aides, employées auxiliaires que les règlements prévoyaient de n’utiliser que dans les petits bureaux, sont en revanche de plus en plus nombreuses dans les recettes des trois premières classes.
Graphique 12. – Effectifs du personnel des PTT (1910 à 1934).

Sources : Projet de budget 1931 et mouvement des effectifs de 1920 à 1930, Bi/160, CCA, ANA. Gga, service des PTT, Rapport sur la gestion financière pendant l’exercice 1934…, op. cit.
5Vers 1930, un postier d’Algérie sur cinq n’est pas titulaire de son emploi. Le recrutement de cette main-d’œuvre peu coûteuse est cependant loin de faire l’unanimité. Les syndicats protestent contre une politique qui compromet la marche du service et prive les auxiliaires de débouchés3. Les représentants du commerce se plaignent également de l’insuffisance des effectifs, et le Conseil des PTT comme l’administration reconnaissent que ce personnel d’ajustement ne donne pas toujours de bons résultats4.
6Le chef du service algérien annonce donc le renforcement des effectifs dans certains secteurs malmenés par les coupes budgétaires. Tout en rappelant qu’il est indispensable de limiter le nombre d’agents aux heures creuses et de « ne pas embaucher un personnel trop nombreux car c’est un fait d’expérience, l’Administration a beaucoup de mal à se séparer d’un agent, même temporaire5 ». Le personnel d’exécution s’accroît vers 1928, avant de se stabiliser sous l’effet de la crise économique puis des décrets-lois Laval6. En 1934, le service algérien des PTT compte 6 500 employés.
7De 1919 à 1931, l’ensemble des salaires du service a au moins quintuplé, pour suivre l’inflation générée par la guerre. Comme en métropole, le petit personnel titulaire profite particulièrement de ces hausses7. Dans les campagnes algériennes, la différence entre le traitement du receveur et du facteur s’atténue. L’écart entre les commis et les dames employées tend aussi à se réduire, alors que les rémunérations des facteurs de ville et des facteurs ruraux sont harmonisées. Dans les années 1930, un facteur en début de carrière gagne d’ailleurs à peu près autant qu’un homme d’équipe des chemins de fer ou des compagnies de tramways algéroises (tableau 19). Mais l’amplitude du salaire des facteurs reste faible : l’ouvrier des PTT commence sur la même ligne de départ mais atteint l’âge de la retraite avec un salaire très supérieur au facteur (14 000 au lieu de 10 500 francs). Et des deux côtés de la Méditerranée, les syndicats unitaires et confédérés se plaignent du retard pris par les commis par rapport aux instituteurs8.
Tableau 19. – Salaires journaliers pratiqués en Algérie vers 1930.
Emploi | Ordre de grandeur (par jour) |
Facteur des PTT auxiliaire | 2 F |
Facteur des PTT titulaire | 22-29 F |
Ouvrier des PTT non titulaire | 30 F |
Traminot à Alger | 24 F |
Ouvrier agricole spécialisé non citoyen | 14-22 F (180-250 jours par an) |
Manœuvre agricole non citoyen | 8-10 F (180-250 jours par an) |
Source : Projet de budget pour l’exercice 1931, Bi/160, CCA, ANA. Omar Carlier, « Les traminots algérois des années 1930 : un groupe social médiateur et novateur », Le Mouvement social, 146, mars 1989, p. 61-89 ; Charles-Robert Ageron, Histoire de l’Algérie contemporaine…, op. cit., vol. 2, p. 512-514.
Une politique sociale en faveur du personnel
8Au lendemain de la Première Guerre mondiale, les postiers font pression sur leur hiérarchie pour améliorer leur pouvoir d’achat et obtenir de nouveaux droits. Hausse des salaires, journée de huit heures, extension du repos hebdomadaire… ces revendications sont portées par des représentants syndicaux issus de la frange citoyenne du personnel. Si l’administration algérienne répond favorablement à ces demandes, elle limite souvent ces avantages aux agents titulaires.
9L’inflation provoquée par l’état de guerre se répercute en Algérie, où les prix sont en moyenne multipliés par six entre 1914 et 19209. Le décret métropolitain d’août 1917, qui attribue à de nombreux fonctionnaires une allocation pour faire face à la « cherté de la vie », est étendu à l’Algérie en décembre10. Tous les agents et sous-agents titulaires dont le salaire n’excède pas trois mille francs se voient ainsi accorder un « supplément temporaire » de 1 080 francs, tandis que les agents mieux payés reçoivent 900 francs. D’abord exclu de la mesure, le personnel temporaire obtient finalement une indemnité annuelle de 540 francs. La qualité de non-citoyen ne modifie pas l’allocation, dont le montant dépend du salaire de base et de la position de titulaire.
10Dès le début du xxe siècle, l’administration des PTT distribue à ses sous-agents une « indemnité de layette » de 40 à 50 francs pour subvenir aux dépenses consécutives à une naissance. La prise en compte des charges familiales s’améliore ensuite au lendemain de la Première Guerre mondiale, grâce au versement d’une allocation régulière à partir du deuxième enfant11. Pour continuer à la percevoir après ses douze ans, les familles doivent justifier que ce dernier est scolarisé, apprenti ou malade. Un auxiliaire des transports postaux fait ainsi valoir la formation de sa fille Fatima chez une couturière de Mascara12. En 1918, un commis d’Oran père de cinq enfants perçoit – en plus de son traitement de 3 400 francs – une indemnité de vie chère de 900 francs et 1 200 francs pour charges de famille13. Si la réévaluation des salaires dans les années 1920 aboutit à la suppression des indemnités de « cherté de la vie », le principe des allocations familiales est maintenu.
11L’administration s’engage progressivement dans diverses actions sociales. Le service algérien des PTT distribue, dès 1911, des aides à ses agents les plus démunis, ainsi qu’à leurs veuves, orphelins mineurs et ascendants qui se trouvent « dans une position nécessiteuse ». Pour en bénéficier, l’intéressé doit motiver sa demande et une enquête préfectorale est diligentée. Un jeune facteur, soutien de famille, obtient un coup de pouce pour remplacer sa bicyclette volée. En 1936, la veuve d’un distributeur auxiliaire, décédé après 23 ans de service, touche une aide pour payer son loyer et ses impôts, les ménages qu’elle effectue ne suffisant pas à subvenir aux besoins de ses deux enfants14. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, des hommes et des femmes, y compris non citoyens, obtiennent ainsi l’assistance ponctuelle de l’administration, en complément des subsides versés par la municipalité ou le syndicat. Mais la faiblesse des crédits alloués, aux dires même de l’inspecteur général, donne à la mesure « un caractère d’aumône ». En 1931, 83 personnes reçoivent en moyenne deux cents francs, à une époque où le salaire d’un facteur débutant s’élève à 8 000 francs par an15.
12Si le service algérien des PTT se préoccupe de la santé du personnel qu’il recrute (chap. vi), l’accompagnement des fonctionnaires malades demeure mal adapté16. La priorité est de débusquer celles et ceux qui invoquent des affections pulmonaires pour échapper à une mutation dans les hauts plateaux et de placer en congé sans traitement les agents effectivement atteints de tuberculose. Dès 1908 pourtant, des délégués financiers avaient souligné l’effet pervers d’une mesure qui pousse le malade à conserver son poste le plus longtemps possible, au risque de contaminer ses collègues et les usagers17. Laetitia Pérez est mise en disponibilité dès le diagnostic de sa tuberculose en 1922, mais les frais de son séjour dans un sanatorium suisse sont si importants que son mari doit emprunter de l’argent et faire une demande de secours exceptionnel pour éviter de ramener cette dame employée en Algérie « incomplètement guérie avec la menace d’une rechute qui lui serait certainement funeste18 ». Vingt-trois fonctionnaires sont ainsi placés en marge du service algérien entre 1926 et 1928 : quatre décèdent rapidement, un part à la retraite, les autres sont privés de traitement dans les six mois qui suivent la découverte de la maladie19.
13Le congé de longue durée, instauré en mars 1929 en métropole et étendu à l’Algérie en 1931, marque un tournant dans la prise en charge. Désormais, l’agent tuberculeux perçoit l’intégralité de son traitement pendant trois années complètes, puis un demi-traitement les deux années suivantes20. Ces congés sont accordés par le gouverneur général et prolongés tous les six mois, jusqu’à ce qu’une commission médicale autorise le retour du fonctionnaire. Il est alors nommé à un poste équivalent à celui qu’il occupait avant sa maladie21. Si l’agent n’est pas reconnu apte au travail après cinq années, il est placé en disponibilité sans traitement ou en retraite anticipée. Au milieu des années 1930, 162 employés du service algérien bénéficient du dispositif qui, moyennant des crédits importants, sécurise leur situation, tout en répondant aux intérêts de l’administration qui cherche à les écarter du service22.
14Le service algérien des PTT mène donc dans l’entre-deux-guerres une politique sociale active en faveur de son personnel. Des mesures redistributives visent les plus démunis, mais excluent souvent les auxiliaires non permanents et les intérimaires. Pour pallier l’insuffisance de certains crédits et soulager le quotidien des postiers, l’Amicale des PTT, l’Orphelinat des PTT et les syndicats continuent donc de mener en parallèle des actions de bienfaisance23. Des tombolas, concerts et banquets sont régulièrement annoncés par la presse professionnelle et en 1921, est créée à Alger une association sportive des PTT, afin d’« encourager les sports, d’entretenir les relations amicales entre les différents services, de développer l’esprit de solidarité24 ». L’organisation d’un arbre de Noël et les colonies de vacances ne se systématisent en revanche qu’après la Seconde Guerre mondiale. En 1946, une cantine ouvre dans les locaux d’Oran, dont les bénéfices financent les œuvres sociales et les colonies de vacances. La Mutuelle générale des PTT, qui regroupe plusieurs associations philanthropiques métropolitaines, s’organise alors en Algérie25.
Des réformes qui redessinent la frontière entre citoyens et non-citoyens
15Devenir titulaire dans les années 1920, c’est donc bénéficier d’un filet de sécurité considérablement amélioré. En revanche, plus on s’éloigne du noyau dur de l’administration, plus les situations sont incertaines et les salaires faibles. L’« indigène » chargé, trois fois par semaine, de transporter à pied le courrier entre Ourlal et Tolga perçoit, en 1932, une rémunération dérisoire de six ou sept francs par jour de la part de l’autorité militaire. Doublé deux ans plus tard, son salaire demeure deux fois moins élevé que celui d’un facteur auxiliaire du nord de l’Algérie26. Alors que les lendemains de la Grande Guerre sont un moment de réformes et d’acquis sociaux, certaines mesures redessinent paradoxalement les hiérarchies et les frontières au sein du personnel.
L’impact limité de la loi Jonnart
16Portée par le courant libéral, qui réclame davantage de droits pour la population colonisée, la loi Jonnart du 4 février 1919 élargit les possibilités de naturalisation et accorde une sorte de demi-citoyenneté à une frange d’hommes adultes – fonctionnaires, propriétaires, diplômés, militaires –, désormais soustraits au régime de l’indigénat et représentés dans les assemblées algériennes27. L’article 14 de la loi facilite également l’accès aux emplois publics des « indigènes musulmans non citoyens, […] admis au même titre que les citoyens français et sous les mêmes conditions d’aptitude », à condition qu’ils exercent en Algérie. Quarante-quatre fonctions d’autorité leur restent néanmoins inaccessibles, comme les postes de directeur et d’inspecteur des PTT28.
17Les représentants du personnel soutiennent la mesure, sans être à l’avant-garde de ce combat. Dans l’une des rares interventions relatives aux collègues non citoyens, le syndicat national des agents des PTT reconnaît la nécessité que « les indigènes aient de plus en plus accès aux services publics29 ». Dans les faits cependant, la loi bouleverse peu la tendance. Entre 1918 et 1930, les « indigènes » titulaires de la fonction publique algérienne seraient passés de 1 418 à environ quatre mille30. Dix ans après la loi, le personnel non citoyen employé aux PTT – alors exclusivement masculin – ne représente que 6 % des effectifs du département d’Oran et 13 % de ceux du Constantinois (graphique 13). En outre, alors que la loi du 14 février 1919 contribue à résorber le clivage entre les « instituteurs français » et les « adjoints indigènes », en uniformisant les échelles de traitement dans le secteur de l’enseignement31, l’égalité des salaires des postiers citoyens et non citoyens est acquise dès avant la Première Guerre mondiale.
Graphique 13. – Employés des PTT au début des années 1930. Département de Constantine.

Gga, Service central de statistique, Recensement démographique quinquennal du 8 mars 1931. Statistique de la population algérienne, Alger, Pfister, 1936, vol. 1 (Oranais) et 2 (Constantinois), p. 192-193.
Graphique 13. – Employés des PTT au début des années 1930. Département d’Oran.

Gga, Service central de statistique, Recensement démographique quinquennal du 8 mars 1931. Statistique de la population algérienne, Alger, Pfister, 1936, vol. 1 (Oranais) et 2 (Constantinois), p. 192-193.
« Le quart colonial mis à part, il n’y a aucune différence32 »
18Au contraire des postiers « indigènes » d’AOF, d’Indochine ou des colonies allemandes d’Afrique33, le personnel non citoyen du service algérien des PTT n’est pas relégué dans un cadre spécifique, ni soumis à une grille de salaire inférieure (chap. vi). À grade équivalent, le traitement de base des employés citoyens et « indigènes » est identique, et lorsqu’en 1924, un délégué financier interpelle le directeur des PTT sur la situation des facteurs algériens, ce dernier rétorque que « le quart colonial mis à part, il n’y a aucune différence. Tous les agents sont traités sur le même pied34 ».
19En décidant la fusion les deux cadres, métropolitain et algérien, le décret du 24 septembre 1919 supprime donc la principale démarcation au sein du personnel35. Du moins aux yeux de l’administration, des syndicats et des élus de l’Algérie. Un militant se félicite de la disparition des derniers vestiges autonomistes en Algérie, content de pouvoir dire enfin qu’« il n’y a plus de Méditerranée… postalement parlant36 ». Dans la foulée, l’arrêté du 28 avril 1920 accorde à tous les fonctionnaires citoyens recrutés localement le bénéfice du quart colonial, bientôt appelé tiers colonial en raison de l’indemnité algérienne de 8 % qui lui est ajoutée.
20Aucun fonctionnaire non citoyen, en revanche, ne perçoit cette conséquente indemnité. Alors que les postiers du cadre algérien – qu’ils soient citoyens ou pas – se trouvaient jusque-là dans la même situation d’infériorité par rapport au cadre métropolitain, la fusion de 1919 supprime les différences au sein du personnel citoyen (local et métropolitain), mais instaure un nouveau clivage avec les collègues non citoyens, seuls désormais à ne pas bénéficier du quart colonial (tableau 23). Les délégués financiers des sections arabe et kabyle interpellent le chef du service algérien des PTT :
« À l’origine, je sais que le quart colonial a été réservé aux Européens qui venaient s’installer en Algérie. Cette institution était excellente parce qu’elle avait pour but de favoriser le peuplement français en Algérie […]. Personnellement, je comprendrais très bien qu’on réservât cette indemnité aux Français venus de France ; mais si on l’attribue à un israélite ou à un indigène naturalisé français, je ne vois pas par quel moyen logique peut se justifier l’exclusion qui frappe les indigènes ayant gardé leur statut personnel, alors que ces indigènes rendent les mêmes services que leurs collègues37. »
21La question se pose pour d’autres administrations. En 1929, les instituteurs « indigènes » revendiquent le quart colonial dans leur revue La Voix des humbles. La section fédérale unitaire des cheminots réclame elle aussi, en 1930, l’extension de l’indemnité à tous les ouvriers non citoyens38.
22Alors que les traitements de base sont identiques, les indemnités creusent des écarts considérables entre employés citoyens et non citoyens des services publics. Plusieurs délégués financiers colons et non colons justifient d’ailleurs l’inégalité des rémunérations. Lorsque sont débattues les indemnités de « vie chère » et de charges de famille à la fin de la Première Guerre mondiale, Émile Morinaud propose de n’attribuer aux fonctionnaires « indigènes » que la moitié des montants prévus pour leurs collègues citoyens :
« Un indigène ne fait pas pour se nourrir et pour se vêtir, une dépense correspondante à celle d’un Européen : il aura en réalité une indemnité supérieure à celle d’un Européen lorsqu’il touchera la moitié du taux prévu. J’en dirai de même pour les charges de famille. Un enfant coûte très peu à un indigène ; il n’a pas de chaussures, il a une gandourah pour vêtement. C’est tout ! On ne peut faire aucune comparaison entre les charges d’un modeste employé français, des postes ou des ponts-et-chaussés par exemple, et celles d’un facteur ou d’un cantonnier indigène […]. En réalité, en accordant aux indigènes la moitié de l’indemnité, nous les avantageons39. »
23Plusieurs délégués financiers attribuent ces dépenses inférieures au « genre de vie » et aux coutumes des Algériens, sans jamais considérer que leur grande pauvreté en est la principale raison. La proposition d’Émile Morinaud soulève cependant des objections, deux semaines plus tard, en assemblée plénière. Des élus anticipent les critiques du Parlement ; d’autres rappellent que la mesure pénalise les plus acculturés, qui vivent désormais « à l’européenne, se trouvant contraints de par la nature même de leurs fonctions à conformer de plus en plus leur genre de vie à celui de leurs collègues européens40 ». Le rapporteur du budget des PTT et les délégués arabes et kabyles soulignent l’inconvenance d’une telle mesure, au moment où les soldats rentrent du champ de bataille41. « Dans un sentiment de générosité », les délégations financières optent finalement pour l’égalité des indemnités de cherté de la vie et de charges de famille pour tous les fonctionnaires titulaires qu’ils soient citoyens ou non. Avec seulement 1 418 non-citoyens concernés, la mesure reste relativement peu onéreuse pour le budget de l’Algérie.
Les emplois réservés aux anciens militaires et combattants « indigènes »
24Depuis la loi du 21 mars 1905, les PTT constituent un débouché privilégié pour les anciens militaires (chap. vi). Dans le même esprit, les décrets du 19 septembre 1912 et du 11 janvier 1916 réservent spécifiquement aux anciens combattants et militaires « indigènes » des places dans 129 métiers des administrations centrales, départementales et communales, dont le Journal officiel publie la liste : gérant de café maure, cavalier de commune mixte, planton du gouvernement général, chaouch*, khodja* de sous-préfecture, mais également balayeur de médersa*, cantonnier et facteur auxiliaire des PTT42.
25Ces emplois sont réservés aux « indigènes d’Algérie » ayant accompli au moins trois années de service militaire ou contracté un engagement pour la durée de la guerre. Un droit de préférence est également accordé pendant cinq ans aux « indigènes des armées de terre et de mer réformés no 1 ou retraités par suite d’infirmités résultant de blessures ou de maladies contractées au service devant l’ennemi43 ». Âgés de moins de quarante ans et d’une « moralité irréprochable », les candidats sont classés en fonction de leur ancienneté, du grade obtenu à l’armée, des campagnes effectuées, des blessures de guerre et des décorations. Les trois catégories d’emplois distinguées dépendent des qualifications requises (aptitude physique, maîtrise orale et écrite du français ou de l’arabe, notions de calcul, etc.). Dans le service algérien des PTT, les anciens militaires « indigènes » se voient ainsi réserver les cinq sixièmes des emplois d’auxiliaire distributeur et d’ouvrier permanent, à condition de « savoir lire, écrire et compter en français » (tableau 20). Dans les Territoires du Sud, la même proportion des emplois de courrier à pied, à cheval ou à méhari (3e catégorie) leur est également dédiée44.
Tableau 20. – Emplois des PTT réservés aux anciens militaires « indigènes » en 1917.
Conditions d’aptitude | Proportion réservée | Vacances attendues | |
Facteur auxiliaire des PTT | Savoir lire, écrire et compter en français | 5/6 | 12 |
Ouvrier permanent | Savoir lire, écrire et compter en français, santé robuste | 5/6 | 16 |
Source : Décrets du 19 septembre 1912 et du 11 janvier 1916, précisés par l’instruction du ministre de la Guerre du 30 mars 1917. JORF du 18 avril 1917.
26Ces listes d’emplois diffèrent de celles constituées à la suite de la loi du 30 janvier 1923, qui réserve aux « militaires métropolitains » des postes de receveur, commis ou facteur titulaire (tableau 21). Cette loi prolonge celle du 21 mars 1905 et certaines dispositions prises pendant la guerre45. Pour les trois premières catégories d’emploi, les connaissances du postulant sont vérifiées par un examen. Les receveurs doivent ainsi subir plusieurs épreuves écrites (copie à main posée, dictée, arithmétique, rédaction) et un oral évalue leur connaissance du service postal et télégraphique et de la géographie de l’Algérie. Deux agents des PTT sont périodiquement désignés pour siéger, avec des officiers et des médecins, dans la commission professionnelle des emplois réservés, avec pour mission d’écarter les postulants illettrés ou physiquement inaptes46. L’attribution des places reste néanmoins énigmatique pour la plupart des bénéficiaires, qui recourent à l’aide des syndicats et des associations d’anciens combattants pour faire valoir leurs droits47.
Tableau 21. – Emplois réservés du service algérien des PTT en 1923.
Catégorie | Proportion réservée | Vacances attendues | |
Receveur | 2e | 2/3 | 12 par an |
Commis | 2e | 3/4 | 10 par an |
Brigadier facteur | 2e | 1/2 | indéterminé |
Chef surveillant du télégraphe | 3e | 3/4 | indéterminé |
Surveillant | 4e | 3/4 | indéterminé |
Facteur-receveur Facteur de ville | 3e | totalité | 25 par an 25 par an |
Facteur des télégraphes | 4e | 3/4 | 10 par an |
Facteur local et rural | 4e | totalité | 30 par an |
Planton auxiliaire Gardien de bureau | 4e | totalité | indéterminé |
Dame employée, dame dactylographe | 3e | 3/4 | non renseigné |
Source : Loi du 30 janvier 1923, JORF du 07-02-1923 et du 11-12-1923 et instructions pour l’application de la loi, p. 73b, 103b, 133b et suivantes.
27Ces mesures bienveillantes, qui récompensent les services effectués à l’armée par un accès prioritaire à la fonction publique, ancrent paradoxalement le traitement différencié des anciens militaires « indigènes » dans de nouveaux textes juridiques. Citoyens et non-citoyens suivent des procédures d’attribution séparées et les seconds ne sont prioritaires que dans des emplois subalternes et souvent non-titulaires. Il faut attendre un rapport des ministres de l’Intérieur, des Pensions, de la Guerre, de la Marine et de l’Air et un décret présidentiel d’août 1930 pour que les pouvoirs publics étendent le bénéfice de la loi du 30 janvier 1923 aux « militaires indigènes de l’Algérie48 ». Au congrès musulman de 1936 cependant, les « postiers indigènes » regrettent que les décisions de 1912 et 1917, pourtant abrogées, continuent d’être appliquées au détriment de la loi de 1923. Ils déplorent que « les facteurs d’origine indigène ne [soient] pas nommés facteurs, mais auxiliaires distributeurs, alors que les aptitudes exigées d’eux sont les mêmes49 ».
28Au lendemain de la Première Guerre mondiale, les candidatures d’anciens combattants et militaires non citoyens affluent. L’adjudant Lamara Hazi, invalide à 10 % après avoir servi plus de seize ans au troisième régiment des tirailleurs de Bône, sollicite en 1929 un emploi de facteur des postes et télégraphes, de chaouch du parquet, d’huissier appariteur au conseil général ou de chaouch de sous-préfecture. Ses résultats à la courte épreuve de français et de calcul et l’avis favorable de son capitaine lui permettent d’obtenir un emploi d’auxiliaire des PTT à Lannoy, non loin de Philippeville. Il y distribue le courrier de 1932 à 1950 mais n’obtient sa titularisation qu’en 194750.
29Une fois recrutés les candidats militaires « indigènes », le reste des places d’auxiliaires distributeurs (un sixième) est ouvert aux auxiliaires temporaires du service comptant au moins trois cents jours d’utilisation et deux ans d’ancienneté. La longueur des listes d’attente suscite bien des frustrations, non seulement du côté des postulants civils exclus de cette voie d’entrée, mais également chez de nombreux militaires de carrière qui passent après les blessés de la guerre. En 1937, un candidat classé 93e sur la liste de l’emploi réservé de facteur rural en Algérie ne peut espérer une nomination avant plusieurs années51.
30Plus qu’en métropole, les dispositions sur les emplois réservés ont conditionné le recrutement du service algérien des PTT dans l’entre-deux-guerres. Surtout, ces mesures, associées à la fusion des cadres de 1919, rigidifient la frontière entre le personnel citoyen et non citoyen. Elles participent également à la redéfinition de la place des femmes dans l’administration.
Dissensions dans les rangs du personnel féminin
Concurrence entre dames et commis
31La féminisation du service algérien des PTT culmine à la fin de la Première Guerre mondiale. Dans certains centraux télégraphiques, il manque même des commis masculins pour effectuer les heures de nuit52. Comme pour d’autres services et comme en métropole, les employées font cependant les frais du retour des mobilisés. La priorité est à la réintégration des commis et facteurs des PTT des classes 1911 à 1916 et au recrutement des combattants blessés et des militaires de carrière. Il est donc décidé, dès février 1917, de « ne plus procéder, jusqu’à nouvel ordre, à aucune nomination aux fonctions de dame employée du cadre algérien53 ». Les emplois féminins vacants sont provisoirement occupés par des auxiliaires qu’on licencie à mesure que les anciens commis reviennent du front. La limitation des effectifs entreprise dans la foulée par les délégations financières touche particulièrement le personnel féminin des PTT (graphique 12), dont la proportion passe de 43 à 23 % entre 1926 et 193654.
32La situation est donc contrastée : alors que de nombreuses auxiliaires féminines sont sur la sellette, les titulaires jouissent – comme leurs collègues masculins – de nouveaux droits sociaux. Les épouses de fonctionnaire peuvent déroger au tableau des mutations pour se rapprocher de leur conjoint. Celles qui ont demandé leur mise en disponibilité à la suite de la naissance d’un enfant sont réintégrées en priorité55. Au service des articles d’argent d’Alger, le personnel – presque exclusivement féminin – travaille 7 h 30 par jour, du lundi au samedi midi, bénéficiant de la semaine anglaise désormais répandue dans les secteurs bancaires et financiers56. Les cadences imposées dans les centres urbains sont cependant soutenues. Au téléphone, une opératrice exercée transmet 180 communications par heure, alors qu’au contrôle des articles d’argent, les « dames » vérifient dans le même temps 600 à 700 mandats57.
33Les mobilisations engagées par les employées de métropole réduisent lentement les inégalités salariales au sein des grades intermédiaires (chap. vi)58. La transformation des emplois de dames employées en dame-commis est étendue à l’Algérie, malgré l’obstruction de délégations financières qui ne votent pas immédiatement tous les crédits nécessaires. En 1931, 454 dames employées du service algérien ont déjà été nommées dames-commis59. Affiliée à la CGT confédérée, la section algérienne du syndicat national des agents reprend la devise « À travail égal, salaire égal » et le chantier de l’égalité entre commis et dames des PTT. Pourtant, lors des discussions qui préparent la révision des traitements des administrations prévue pour 1926, elle défend en priorité l’alignement des salaires des postiers sur ceux des instituteurs et des commis des contributions60. La fédération postale unitaire l’accuse alors de reléguer au second plan le combat des dames employées pour ne pas heurter les intérêts des commis masculins.
Des emplois réservés aux veuves de guerre
34Des hiérarchies se sédimentent dans les rangs du personnel féminin, en fonction de la voie de recrutement et de l’accès à la titularisation. Tout un volet de la loi du 30 janvier 1923 sur les emplois réservés concerne particulièrement les veuves et les orphelins de guerre. Dans l’administration métropolitaine des PTT comme en Algérie, trois postes vacants sur quatre de dame employée sont désormais attribués aux veuves de guerre, qui complètent ainsi leur modeste pension (4 à 5 francs par jour) par une rémunération quotidienne d’une vingtaine de francs61.
35Des difficultés spécifiques se posent toutefois dans la colonie. Un rapport du syndicat national des agents, présenté en 1929 au gouverneur général, souligne que l’administration métropolitaine ne se trouve pas gênée par ce recrutement prioritaire qui pourvoit moins de 10 % des effectifs, alors que le service algérien compte bien plus de candidates veuves de guerre que de places offertes62. Ces dernières doivent en effet réussir des épreuves de troisième catégorie, d’un niveau tout juste équivalent au certificat d’études, là où un examen de deuxième catégorie est requis dans la métropole. La mesure contrevient d’ailleurs au principe d’un recrutement identique des deux côtés de la Méditerranée, pourtant imposé par la fusion des cadres.
36Les syndicats regrettent le manque d’instruction de ces recrues et leur âge avancé et dénoncent, avec des mots durs, une situation préjudiciable à la bonne marche du service :
« Les services algériens sont actuellement encombrés de non-valeurs dont les receveurs ne peuvent rien faire. Sans exagération aucune, c’est en Algérie une véritable plaie qui porte le plus grand tort à notre corporation, car telle ancienne bonne ou femme de ménage n’a aucune difficulté pour passer l’examen qui lui a été demandé surtout si l’on considère que le jury, composé de militaires, est très indulgent pour les candidates63. »
37Les représentants du personnel demandent une sélection plus exigeante et la requalification de la fonction de dame employée en emploi réservé de deuxième catégorie (tableau 21). Mais si le service algérien des PTT et le gouvernement général semblent partager ce diagnostic sévère, ils ne vont pas jusqu’à remettre en cause les procédures d’attribution64.
38En un sens pourtant, ces mesures – présentées comme un devoir national de solidarité et de réparation envers les victimes de la guerre – ont mieux atteint leur objectif en Algérie. En métropole en effet, les veuves les moins qualifiées sont orientées vers des emplois de troisième et quatrième catégories, dont le nombre est insuffisant. Leurs débouchés sont meilleurs en Algérie, mais leur recrutement transforme la composition du personnel féminin des PTT dans l’entre-deux-guerres.
Rancœurs dans les rangs du personnel féminin
39Les aides forment une armée d’auxiliaires féminines affectées aux tâches pénibles des bureaux secondaires. Détentrices d’un diplôme équivalent au brevet élémentaire, elles sont rémunérées entre 7 000 et 9 500 francs par an en 1930 et ont la possibilité, après cinq années, de présenter un examen professionnel pour devenir dame employée. La compression des effectifs de dames employées, le recrutement prioritaire des veuves de guerre et l’augmentation du nombre des aides (graphique 12), notamment dans les grandes recettes, limitent toutefois leurs perspectives d’avancement dans les années 1920. Malgré le soutien des syndicats, plusieurs aides attendent toujours leur nomination trois ou quatre ans après avoir réussi l’examen.
40Un effort est consenti dans les années 1929-1931 pour régulariser la situation du personnel auxiliaire féminin et 150 aides obtiennent leur titularisation comme dames employées, notamment dans des bureaux des trois premières classes65. Ces mesures nourrissent alors les craintes de titulaires, inquiètes de se trouver bloquées dans des localités déshéritées. En 1939, une employée démissionne de la fédération postale :
« Que voulez-vous le syndicat ne fait absolument rien pour les titulaires et au bureau de Mascara, il y a pas mal de mécontentes titulaires. Ce qui me révolte c’est qu’il y a des auxiliaires qui viennent d’être nommées dames spécialisées et qui sont mutées de l’intérieur aux grands centres, alors que nous dames nous attendons ces grandes villes depuis 3 et 4 ans. Ça n’est pas la peine d’avoir 8 et 10 ans de service, de passer des concours, d’être resté (sic) en classe jusqu’à 17 ans pour n’avoir aucun avantage66. »
41Le responsable parisien du syndicat rappelle que la plupart des aides deviennent dames manipulantes – un emploi légèrement moins qualifié et moins rémunéré –, et qu’elles ne prennent pas la place des dames employées. Dans les faits pourtant, les mutations de ces dernières s’en trouvent ralenties67. L’énergie déployée par le syndicat irrite à leur tour les assistantes-receveuses, elles-mêmes non-titulaires, qui regrettent d’avoir quitté leur famille pour « s’éterniser dans nos “bleds” d’Algérie ». Ces employées, qui acceptent de travailler dans les résidences déshéritées de l’intérieur, semblent également pressées de les quitter68.
42Mais malgré l’engagement de la Fédération des PTT pour obtenir la titularisation des aides, les priorités du syndicat sont claires. En prévision des négociations du budget de 1940 avec l’administration algérienne, le responsable régional indique : « S’il fallait lâcher du lest, faites des concessions sur les créations intéressant les Assistantes receveuses et gérantes de cabines, mais maintenez celles se rapportant aux agents du Service Général », contrôleurs, contrôleurs principaux et facteurs-chefs en tête69. Un choix qui privilégie les débouchés des agents masculins des grades intermédiaires, quitte à sacrifier les revendications féminines.
43Dans les années 1920, des réformes renforcent l’assimilation du personnel de l’Algérie à la métropole, maintiennent un pouvoir d’achat entamé par l’inflation et dédommagent les victimes de la guerre. Malgré ces acquis, qui s’inscrivent dans la dynamique longue de renforcement de la protection des agents de l’État, certaines mesures alimentent des divisions dans les rangs des PTT. La fusion des cadres, par exemple, supprime les différences de traitement entre les Français d’Algérie et les métropolitains, mais exclut les Algériens du bénéfice du quart colonial. La distinction explicite des employés citoyens et non citoyens contribue à l’émergence de revendications collectives des postiers « indigènes ».
Les voix des « humbles » et des non-citoyens (années 1930)
S’engager en politique, militer dans les syndicats
La division des forces syndicales
44Au lendemain de la Première Guerre mondiale, ouvriers et employés redonnent de la voix, avec 121 grèves dénombrées en Algérie en 191970. Pour protester contre de nouvelles exigences relatives au rendement, les télégraphistes d’Algérie s’emploient à ne pas dépasser les quarante mots réglementaires par minute, alors qu’ils sont capables d’en transmettre jusqu’à quatre-vingt71. À l’appel de la Fédération postale unitaire, des employés du télégraphe d’Alger et Oran s’opposent, en février 1925, à la remise en cause des primes de cherté de vie72. Les associations de fonctionnaires se réorganisent et s’affilient à des syndicats. En mars 1919, une section locale de la Fédération des fonctionnaires est fondée à Philippeville par deux enseignants, deux employés des contributions, un douanier et deux postiers. La première réunion rassemble environ 80 personnes, dont une trentaine de femmes, mais la présence d’Algériens n’est pas mentionnée73.
45Les heurts qui traversent le monde ouvrier et syndical se rejouent en Algérie. Après la scission des réformistes de Léon Jouhaux (CGT) et des révolutionnaires de la Confédération générale du travail unitaire (CGTU) en 1921, la Fédération des fonctionnaires reste une troisième force minoritaire, en marge des deux confédérations. La majorité des postiers de métropole rejoint la CGT confédérée, même si les PTT font partie des secteurs les moins unanimes, aux côtés des chemins de fer, du gaz ou de l’électricité74. Les divisions sont encore plus marquées en Algérie, où s’esquissent des clivages régionaux. Les employés et les ouvriers des PTT du département d’Oran rallient dès 1922 la CGTU, proche du parti communiste, tandis que les postiers du Constantinois soutiennent la tendance confédérée et que ceux de l’Algérois tentent de maintenir une position « neutre75 ».
46L’émiettement – en syndicats, grades et départements – complique le dénombrement des militants. La fédération postale de la CGT réformiste compte quatre groupes distincts : ouvriers, techniciens, employés et agents, qui ont chacun des sections locales en Algérie. En 1934, près d’un agent des PTT titulaire sur trois est affilié à la tendance réformiste76, tandis que les sous-agents et les ouvriers ont plutôt rallié la CGTU. Le commis Michel Goutier et le facteur Jean Venturini sont ainsi deux figures de la SFIO passées à la SFIC au début des années 192077. Le militant Amar Ouzegane estime a posteriori que « les cheminots et les postiers […] constituent la colonne vertébrale [de la tendance révolutionnaire en Algérie] et fournissent les cadres de direction à tous les échelons78 ».
47Pour remplacer Le Courrier algérien des PTT, qui cesse de paraître au début de la guerre, les postiers d’Algérie lancent en 1923 un nouveau journal corporatif, L’Écho des PTT d’Afrique du Nord, où s’expriment les syndicalistes de la CGTU et de la CGT confédérée. À partir des années 1930, L’Écho des PTT devient le journal de la seule tendance unitaire, les réformistes ayant créé leur propre journal : Le Courrier des PTT79. Associations et syndicats orientent le personnel dans ses démarches auprès de l’administration, préparent les candidats aux concours d’entrée et publient les listes de classement pour chaque emploi80. La grève de février 1934, suivie à 80 % par les postiers d’Oran, initie cependant le rapprochement de la CGT et la CGTU. La fédération postale est réunifiée l’année suivante et la quasi-totalité du personnel des services techniques de l’Algérie (près de 1 300 personnes) y adhère en 193881.
Des employés sous étroite surveillance
48Les militants estiment que l’« action syndicale en Afrique du Nord est plus délicate que dans la métropole. Les brimades sont plus nombreuses, les menaces, les dangers plus graves82 ». Si le constat est peut-être excessif, la surveillance des réunions syndicales est systématique et les positions anticoloniales ou révolutionnaires durement réprimées. Lorsque le secrétaire du syndicat unitaire des PTT dénonce l’intervention française dans le Rif marocain en 1925, il est suspendu de ses fonctions de facteur et décrit par le tribunal correctionnel comme un « actif propagandiste des doctrines bolcheviks ». Il n’est finalement réintégré qu’au poste d’auxiliaire distributeur et lutte pendant quinze ans pour obtenir réparation83.
49Le personnel est tenu de taire ses opinions politiques dans l’exercice de ses fonctions. Lorsque le gérant de Maginot orne d’un drapeau rouge l’entrée de l’agence postale, le jour de son inauguration en 1939, le directeur départemental menace de lui retirer la responsabilité du bureau si de nouveaux incidents devaient avoir lieu84. Les prises de position des fonctionnaires nourrissent parfois des conflits avec la population locale. L’enquête, qui vise à déterminer si le receveur d’Azazga mène une propagande communiste en direction des Algériens, établit finalement que l’hostilité à son encontre des aides du bureau, « toutes apparentées ou alliées aux familles européennes de la région », tient surtout à son attachement scrupuleux au règlement85. À l’autre extrême de l’échiquier politique, Octave Razes dénigre violemment le service des PTT dans le journal local du Parti populaire français (PPF). Membre du syndicat réformiste et « considéré par ses camarades comme étant plutôt un “anarchiste”, brusquement et sans raison apparente, il change d’opinion, adhère au “Parti populaire Français” et se met à attaquer avec une grande violence ses anciens camarades86 ». Il rédige alors de virulents articles contre l’étatisme et les syndicats, viole le secret des correspondances et utilise sa fonction d’inspecteur des PTT pour puiser dans les dossiers individuels les informations nécessaires à son argumentation. Toujours en poste en juin 1940, l’inspecteur Razes dénonce à sa hiérarchie les receveurs suspectés d’être membres du parti communiste87.
50Alors que les syndicats sont affaiblis par les divisions et les mesures d’épuration consécutives au pacte germano-soviétique, le contrôle et la répression se renforcent dans le contexte du second conflit mondial88. Le préfet d’Alger réclame, en mai 1940, une liste des fonctionnaires « réputés pour leurs opinions extrémistes ». Le régime de Vichy diligente ensuite des enquêtes dans toute la fonction publique algérienne pour évaluer la conduite et les « opinions subversives » des agents communistes, francs-maçons, nationalistes ou gaullistes. Tel agent des lignes a poussé ses enfants à chanter l’Internationale et a arboré le drapeau rouge devant chez lui en 1938 ; tel facteur se livre à une propagande en direction des populations colonisées ou tient des propos hostiles au maréchal Pétain. Les services de renseignements interrogent également la sincérité d’une dame employée dont l’amant de nationalité italienne a quitté l’Algérie en juin 194089. Des agents du service algérien des PTT semblent d’ailleurs avoir été sollicités pour établir des fiches confidentielles sur le comportement de leurs collègues durant les quatre années précédentes. Tandis que l’ensemble du personnel, titulaire et auxiliaire, est sommé de signer une déclaration de non-appartenance aux sociétés secrètes90.
51La loi du 17 juillet 1940 permet aux autorités de relever n’importe quel fonctionnaire de son poste, sans justification préalable91. En Algérie, le décret Crémieux est ensuite abrogé à l’automne 1940 et les juifs exclus de la fonction publique. À la fin de la guerre, les victimes de ces « mesures d’exception » sont progressivement réintégrées aux PTT, sauf « constatation d’une faute professionnelle grave ou d’un fait entachant l’honneur ou la probité92 ». Licencié par application du statut des juifs, Benjamin Aouizerate retrouve son poste de facteur en octobre 194393. Reviennent également dans le service les Algériens écartés en raison de leur engagement nationaliste94. Au lendemain de la guerre, le syndicat des travailleurs des PTT s’inquiète néanmoins de la méfiance persistante à leur égard :
« Nous avons l’impression que des erreurs ont été commises, à la suite des événements du Constantinois, sur le loyalisme des indigènes servant dans les Administrations publiques. Autant nous pouvons admettre les précautions prises à l’encontre des éléments troubles, autant nous ne pouvons souscrire à des mesures qui frappent des innocents95. »
52Les militants algériens restent l’objet d’enquêtes policières et de sanctions administratives bien après la Seconde Guerre mondiale.
53Sont également punis ceux qui ont activement collaboré avec le régime de Vichy. Tel receveur de troisième classe est déplacé d’office et rétrogradé à l’emploi de receveur de quatrième classe au titre de l’épuration96. Un groupe de facteurs des PTT est accusé d’être toujours « entièrement dévoué à Vichy97 ». Au sortir de la guerre, l’atmosphère reste donc pesante et le nouveau ministre des PTT cherche à calmer les esprits. Il rend ainsi hommage, en 1946, « au dévouement et à la conscience du personnel ainsi qu’à la compétence des chefs responsables » qui ont permis au service algérien de fonctionner malgré la rupture, pendant deux ans, des communications avec le territoire métropolitain98.
Des postiers algériens dans l’arène politique
54Les Algériens sont presque systématiquement absents des associations de postiers qui fleurissent avant la Première Guerre mondiale. Le groupe amical des jeunes facteurs des télégraphes d’Algérie se donne certes « pour but de resserrer […] les liens de camaraderie qui doivent toujours unir les collègues », mais aucun patronyme arabe ou berbère n’émaille la composition des bureaux successifs, hormis celui de Mohamed Derradji qui devient secrétaire-adjoint en 192099. Musicales, sportives ou artistiques, ces associations s’interdisent dans leurs statuts tout débat concernant des questions politiques, religieuses ou professionnelles. Elles offrent sans doute des occasions de rencontre entre une minorité d’Algériens citadins acculturés et leurs collègues citoyens, mais ne sont pas un lieu d’expression des revendications du personnel non citoyen. Les syndicats, majoritairement investis par des militants citoyens et masculins, n’ont guère joué ce rôle non plus100. Peu confient des responsabilités aux camarades algériens et dans L’Écho des PTT, les références aux postiers non citoyens sont rares. Les travaux de Nora Benallègue rappellent d’ailleurs que, si la position de la CGT confédérée est « franchement colonialiste », les préjugés racistes sont également enracinés chez de nombreux syndicalistes unitaires101.
55Reste que des postiers algériens pénètrent progressivement ces organisations. Entré à 14 ans comme jeune facteur des télégraphes, Amar Ouzegane milite, au début des années 1930, dans les rangs de la CGTU puis s’investit activement dans le parti communiste algérien. Au retour d’un séjour à Moscou, il est licencié par le service des PTT, avant d’être réintégré sous le gouvernement du Front populaire102. C’est dans ces années-là que la « génération engagée » des années 1950 fait ses armes. Des travailleurs algériens se familiarisent avec l’action collective dans la « maison commune » du syndicat ou du parti, avant de développer leurs propres organisations103. Au début des années 1930, Hamoud Drareni adhère au groupe amical des facteurs du télégraphe d’Algérie, avant de militer au PCA104. Facteur à son tour, son fils Mohamed Drareni s’engage ensuite à la fédération postale de la CGT et est élu premier secrétaire national de l’UGTA en 1956105.
56D’autres militants contournent les syndicats, estimant peut-être que ces derniers ne relaient pas suffisamment leurs aspirations. Le chef de la police recense, en 1939 à Constantine, une dizaine de postiers membres de l’association des oulémas et les renseignements généraux alertent à plusieurs reprises sur la présence de partisans du PPA (Parti du peuple algérien) dans l’administration des PTT, comme le facteur auxiliaire d’Oued el-Alleug qui dirige la section locale du parti messaliste106. Ceux qui sont suspectés d’activité nationaliste sont éloignés des postes stratégiques et notamment du service téléphonique ; d’autres sont licenciés pour leurs liens avec le PPA, interdit en 1939, ou avec l’association des Amis du manifeste et de la liberté107. Mais pour faire aboutir leurs revendications spécifiques, les « indigènes » des administrations algériennes vont utiliser d’autres moyens d’action à partir du début des années 1930.
Les revendications du personnel non citoyen
57En 1929, un facteur des télégraphes écrit au journal de l’Amicale des mutilés du département d’Alger, La Tranchée, pour signaler « quelques anomalies choquantes pour nous employés à titre indigène qui sommes traités comme des sujets inférieurs108 ». Outre la privation du quart colonial, H. Hamedouche dénonce un avancement ralenti et des affectations aux postes les plus pénibles. Il rappelle aussi que l’auxiliaire distributeur non citoyen perçoit la moitié seulement de l’indemnité de chaussure accordée au « facteur européen » et aucune indemnité pour la manipulation et le transport des fonds.
58Dans l’entre-deux-guerres, les revendications exprimées dans la presse et les actions des délégués financiers arabes et kabyles sont relayées par des associations corporatives. Des avocats, des instituteurs et bientôt des postiers s’organisent pour réclamer à leur tour l’égalisation des situations professionnelles entre citoyens et non-citoyens109. Le combat des postiers algériens se concentre alors sur la question du quart colonial et les débouchés des auxiliaires qui peinent à obtenir leur titularisation110.
L’obtention du quart colonial et l’ouverture des emplois publics
59L’« Amicale des postiers d’origine d’indigène » est créée en 1933 à Constantine, à l’initiative du facteur auxiliaire Hamoudi Atmani. Elle s’appuie sur l’Association des instituteurs d’origine indigène d’Algérie, qui existe depuis le début des années 1920 et dont l’organe, La Voix des humbles, prête ses colonnes aux « camarades des autres services111 ». Une cinquantaine de postiers – facteurs, distributeurs auxiliaires, contrôleurs et commis –, venus de diverses localités de l’Est algérien, se réunissent ainsi pour « défendre [les] intérêts matériels et moraux » des employés des PTT « d’origine indigène112 ». Intégré à la Fédération des amicales de fonctionnaires d’origine indigène d’Algérie (FAFOIA), le groupe espère susciter des dynamiques similaires à Oran et Alger et une section oranaise est attestée dès 1934113. L’Amicale revendique l’assimilation des situations professionnelles des postiers citoyens et non citoyens, sans s’engager plus loin sur le terrain politique, ni remettre en cause le cadre colonial. L’adhésion n’est pas contradictoire avec d’autres formes d’engagement. Hamoudi Atmani est, en 1939, militant local de la CGT et membre de l’association des oulémas114. Reste que jusqu’au début des années 1950, le service des liaisons nord-africaines ne s’inquiète guère d’une « association apolitique dont les dirigeants ont toujours eu une excellente réputation115 ».
60Les postiers du Constantinois semblent avoir joué un rôle moteur, aux côtés des élus et des instituteurs, pour faire aboutir certaines revendications du personnel non citoyen. « Assaillis de protestations », les délégués financiers arabes et kabyles demandent chaque année depuis 1926 l’attribution du quart colonial aux fonctionnaires « indigènes ». Des considérations budgétaires motivent le refus des autorités d’engager le 1,3 million de francs nécessaire à la réforme, une somme qui représente pourtant moins de 2 % des augmentations de traitement prévues au budget de 1930116. Alors que le directeur des Affaires indigènes et le gouverneur général reconnaissent « absolument la légitimité du principe de l’assimilation : à travail et à responsabilité égaux, salaires égaux117 », le blocage vient du ministre de l’Intérieur qui estime qu’une extension de l’indemnité aux non-citoyens reviendrait à octroyer un supplément général de traitement. Un refus du pouvoir métropolitain donc, contre l’avis de l’administration locale. Le rapporteur du budget de l’Algérie de 1931 s’indigne qu’une indemnité
« accordée aux agents français nés dans la colonie, de l’aveu même de l’Administration pour des raisons de service et d’équité, ne soit pas accordée aux agents indigènes, nés dans la Colonie pour les mêmes raisons de service et d’équité alors qu’ils remplissent exactement les mêmes fonctions et sont soumis au même statut après avoir passé les mêmes examens ou concours et qu’elle leur soit refusée pour la seule raison qu’ils “sont indigènes”118 ».
61En juin 1936, les fonctionnaires « indigènes » reprennent le dossier. Consacré aux revendications économiques, le cinquième point de la charte revendicative du congrès musulman insiste sur la nécessité d’instaurer l’égalité des salaires chaque fois qu’ils remplissent les mêmes conditions d’aptitude que leurs collègues citoyens119. Le docteur Bendjelloul sollicite ensuite une audience auprès de différents ministres, dont ceux des Pensions, de l’Éducation nationale et des PTT120. Les projets réformateurs portés par le Congrès musulman et le Front populaire génèrent de grandes déceptions et les écarts de salaires perdurent dans le secteur privé, mais les fonctionnaires non citoyens obtiennent gain de cause. Presque vingt ans après les Français d’Algérie – et la fusion des cadres de 1919 –, un arrêté du gouverneur général du 18 mars 1938 leur accorde le bénéfice du quart colonial, lorsqu’ils exercent les mêmes fonctions et sont recrutés comme leurs collègues citoyens. La mesure s’applique à toutes les administrations où les fonctionnaires non citoyens appartiennent à « un cadre non exclusivement réservé aux indigènes », ce qui est le cas aux PTT121.
62C’est aussi à cette époque que sont supprimées les dernières barrières qui tenaient les Algériens à l’écart des fonctions de direction (loi du 4 février 1919, chap. vii). Le décret du 25 septembre 1936 admet ainsi les Français non citoyens à se présenter à tous les concours civils et militaires ; une mesure confirmée au lendemain de la guerre par l’ordonnance du 7 mars 1944, qui entérine l’ouverture sans restriction de la fonction publique et accorde la citoyenneté à toute la population algérienne masculine122.
Un plafond de verre ? L’impossible titularisation
63Plusieurs corporations participent aux travaux préparatoires du Congrès musulman de juin 1936123. Le rapport des postiers non citoyens, dont Hamoudi Atmani est l’un des artisans, reprend en partie le registre mobilisé quelques années plus tôt par le journal de l’amicale des mutilés du département d’Alger. Les auxiliaires distributeurs « indigènes » demandent à être « assimilés, sous tous les rapports, à leurs collègues européens » et à être titularisés après 300 jours d’utilisation. Et ils estiment que les sacrifices consentis au front rendent d’autant plus injuste la situation d’infériorité dans laquelle ils se trouvent maintenus124.
64Dans ces années, le débat oppose de manière récurrente le facteur « européen », titulaire de son poste et bénéficiaire de nombreux avantages sur le plan du salaire, des congés et de la retraite et l’auxiliaire distributeur « indigène » condamné à la précarité. Mais comment interpréter les écarts de rémunération, d’avancement ou d’affectation ? Découlent-ils du statut de titulaire ou de la citoyenneté ? L’administration des PTT minimise le rapport de domination coloniale et précise que si un facteur touche la moitié de l’indemnité de chaussure, ce n’est pas tant parce qu’il est « indigène » que parce qu’il n’est pas titulaire de son emploi. Pris à partie en 1935 par la section arabe des délégations financières, le directeur du service algérien réduit la différence entre citoyens et non-citoyens à la question du quart colonial125. Les représentants des postiers « indigènes » prennent le contrepied de cette position et substituent à un langage technique et réglementaire un discours qui dénonce d’autres inégalités fondées sur des considérations raciales :
« L’auxiliaire distributeur, lui, parce qu’il est indigène, n’est pas à vrai dire un fonctionnaire […]. Il n’a pas d’avancement […], les années sous les drapeaux ne sont pas comptabilisées […]. On le nomme dans les postes les plus déshérités ; jamais il ne peut être nommé à Alger par exemple, même s’il a des enfants à faire instruire126. »
65Les facteurs algériens regrettent qu’on les envoie dans des localités enclavées, où les tournées sont pénibles, quand le facteur « européen » nommé en ville utilise les tramways et marche sur les trottoirs de rues bien entretenues. Jusqu’en 1933, les différences se manifestent aussi dans l’habillement : l’auxiliaire distributeur ne porte pas l’uniforme de facteur mais une simple veste sans doublure et un complet sans gilet127.
66Il faut cependant souligner que tous les auxiliaires – citoyens et non citoyens – sont soumis aux mêmes échelles de traitement et portent la même tenue. Ces sources militantes ont tendance à ethniciser les inégalités qui existent entre titulaires et non-titulaires. En 1930, un facteur titulaire perçoit entre 8 et 10 500 francs, quand un auxiliaire ne gagne pas plus de 7 500 francs. Les indemnités et les droits en matière de congé ou de retraite sont également moins favorables à ce dernier. Mais au contraire du protectorat voisin, le service algérien des PTT ne semble pas avoir édicté des réglementations spécifiques aux non-citoyens. À deux nuances près : le quart colonial dont ils sont privés, et le dispositif des emplois réservés qui entravent leur accès à certains emplois subalternes mais titulaires.
67Reste une question : comment expliquer que les Algériens attendent des années leur titularisation ? Théoriquement, toutes les dispositions concernant le recrutement, au titre civil, des employés des PTT, sont applicables aux non-citoyens. Ceux qui occupent des emplois de facteurs auxiliaires ou d’agents temporaires de lignes peuvent être titularisés dans les mêmes conditions que leurs collègues citoyens. Nombreux sont pourtant les Algériens qui restent bloqués, des années durant, comme intérimaires ou auxiliaires. Cantonnés dans des emplois subalternes, ils semblent aussi affectés plus souvent dans les communes mixtes, les régions montagneuses ou les Territoires du Sud.
68Une étude quantifiée des trajectoires professionnelles objectiverait sans doute l’impression tenace, née à la lecture des archives, d’une stagnation des carrières des postiers « indigènes128 ». Si les contraintes des sources et les stratégies d’analyse retenues dans cette recherche n’ont pas permis d’isoler les « effets propres » de la position de non-titulaire et de celle de non-citoyen pour mesurer l’ampleur des discriminations, de nombreux indices suggèrent l’existence d’obstacles à la mobilité du personnel algérien. Depuis longtemps en effet, les délégués financiers arabes et kabyles attirent l’attention de l’administration sur les difficultés de titularisation129. Les listes nominatives des auxiliaires de la distribution sont d’ailleurs éloquentes, tant elles comportent de prénoms et patronymes arabes et berbères130. En 1933, La Voix des humbles relaie le témoignage d’un sympathisant de l’Amicale des postiers d’origine indigène : « Père de six enfants, je suis facteur auxiliaire depuis le début de ma carrière et dans la même situation qu’il y a vingt-trois ans131 ! »
69L’omniprésence des non-citoyens dans les rangs des auxiliaires distributeurs est renforcée par les dispositions prises en faveur des anciens combattants et militaires. Cinq sixièmes des places de facteurs auxiliaires sont réservées aux « indigènes », alors que la loi du 30 janvier 1923 octroie aux anciens militaires « métropolitains » la quasi-totalité des emplois de facteurs titulaires. Les Algériens ainsi recrutés comme auxiliaires voient donc leurs débouchés restreints par l’afflux d’anciens militaires citoyens qui sont d’emblée titularisés. C’est pourquoi ils demandent que l’administration cesse d’appliquer les décrets de 1912 et 1916, pourtant abrogés en 1930, pour bénéficier à leur tour de la loi de janvier 1923132.
70Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, la situation des auxiliaires non citoyens du service des PTT demeure précaire. En 1939, la CGT prend la défense de six « indigènes », hommes de peine ou journaliers depuis plus de vingt ans et menacés de licenciement. Tous illettrés et ayant atteint la limite d’âge de 45 ans, ils ne peuvent satisfaire aux nouvelles réglementations qui imposent de détenir le certificat d’études pour exercer à l’emploi d’agents des lignes. Père de cinq enfants, Dahmen Benannoun est pourtant entré dans l’administration trente ans plus tôt133. Le service algérien des PTT assouplit finalement ses exigences au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et, pour titulariser les intérimaires des services techniques qui ne possèdent pas le certificat d’études, organise à partir de 1949 un examen d’aptitude, composé d’une dictée et d’une épreuve de calcul. Une solution qui ne règle qu’en partie le problème, tant le déficit de scolarisation est important dans l’Algérie de l’entre-deux-guerres134.
71La situation des auxiliaires s’améliore aussi lorsque les autorités, s’appuyant sur l’ordonnance du 7 mars 1944, décident de titulariser près de deux cents facteurs. La mesure concerne en priorité les auxiliaires employés quotidiennement plus de sept heures, notés « au choix » et pouvant faire valoir une ancienneté de cinq années135. C’est ainsi que Mohamed Athmani – peut-être s’agit-il du président de l’amicale des postiers d’origine indigène, Hamoudi Atmani – obtient sa titularisation le 1er janvier 1946. Auxiliaire à la recette principale de Constantine depuis 1923, il assure pendant la guerre la fonction de facteur-chef avec « dévouement » et « compétence ». Les services du gouvernement général proposent donc de le promouvoir facteur-chef dans la foulée, une « mesure de bienveillance à l’égard de vieux serviteurs de l’Administration [qui] ne manquerait pas d’avoir les plus heureux effets, du point de vue politique dans les milieux musulmans136 ».
Condition subalterne et violence des relations professionnelles
72À l’impossible titularisation s’ajoute le soupçon de pratiques discriminantes venues s’exprimer au niveau le plus local de l’administration. Alors qu’aucun règlement n’écarte les non-citoyens des emplois de receveur ou de facteur-receveur, le directeur départemental des PTT et l’administrateur de la commune mixte de Fort-National préconisent explicitement, au début des années 1930, de nommer au nouveau bureau de Beni-Douala « un receveur français de préférence à un indigène recruté sur place ». Ils rappellent que ce centre de Kabylie, bientôt relié au réseau électrique et desservi par des automobiles, présente toutes les normes de confort pour accueillir un titulaire citoyen et sa famille137. Les gérants d’agence postale choisis dans la population algérienne lettrée sont, à l’inverse, fréquemment affectés dans les localités où l’équipement reste rudimentaire.
73Aux PTT, la division du travail entre des tâches nobles et ingrates est délicate à établir, peut-être davantage que pour d’autres secteurs. Dans les compagnies de tramways, la conduite et la réparation des véhicules sont dévolues au personnel citoyen, tandis que les manœuvres algériens sont généralement responsables du nettoyage. De même, les cheminots citoyens occupent les postes les plus élevés de la hiérarchie ferroviaire, quand les non-citoyens intègrent les secteurs fatigants et peu valorisants138. Si aux PTT les Algériens sont très minoritaires à l’intérieur des bureaux et absents des emplois de contrôle et d’encadrement, la mixité des emplois subalternes masculins est, en revanche, bien réelle. Ouvriers et facteurs citoyens se distinguent surtout, on l’a vu, par un accès à la qualité de titulaire, là où les carrières des « indigènes » n’évoluent guère.
74C’est localement que les écarts et les abus sont les plus criants, car les titulaires des bureaux ruraux recrutent directement leurs intérimaires et disposent d’une relative latitude dans l’application des règlements. Le militant syndical tunisien Abdesselem ben Abdallah dépeint le quotidien des journaliers, « astreints à une humiliante domesticité et licenciés à la moindre réaction par certains receveurs agissant en véritables roitelets139 ». En 1938 et 1939, Ratah Latrèche travaille comme distributeur intérimaire à Rebeill, une localité des hauts plateaux algériens140. En parallèle, la receveuse l’emploie chez elle comme domestique pour la somme dérisoire de 120 francs par mois. « À bout de […] forces », il décide finalement de se consacrer uniquement à l’intérim de facteur, mais la situation s’envenime et la receveuse, contrariée, cherche à le remplacer :
« Elle et sa mère m’insultèrent et me traitèrent de sale raton. Je crois, Monsieur le préfet, que le sale raton que je suis appartient à l’une des familles les plus attachées et les plus dévouées à la France puisque mon grand-père et mon oncle sont mort (sic) au service de la France comme caïd et mon père a versé son sang sur la terre de la France pendant la guerre 1914-1918141. »
75Si la violence des rapports sociaux à l’intérieur des bureaux laisse peu de traces dans les archives, nul doute qu’elle a pu nourrir le ressentiment d’employés humiliés dans l’exercice de leur travail quotidien.
76Avant la Première Guerre mondiale, le traitement relativement égalitaire des postiers « indigènes » et un certain désintérêt des sources administratives et syndicales à leur égard avaient rendu ces derniers presque invisibles. La situation bascule lorsque des réformes viennent paradoxalement rigidifier, dans l’entre-deux-guerres, la fracture entre citoyens et non-citoyens. En réaction, militants et élus algériens donnent de la voix et demandent l’égalisation des situations professionnelles. Pour autant, les postiers non citoyens sont loin de former un groupe unifié. La mise en série des dossiers individuels fait émerger des profils sociologiques diversifiés, du point de vue de l’âge, du milieu social, du bagage scolaire ou du lieu de naissance, et vient ainsi complexifier la lecture d’une société coloniale qui ne se réduit pas à l’opposition entre citoyens et non-citoyens.
Retour sur la bipolarité coloniale : la norme et l’exception
77Si les postiers « indigènes » ne représentent guère plus de 15 % des effectifs dans les années 1930, ils constituent le gros des troupes de facteurs auxiliaires et intérimaires et rayonnent partout dans les villes et villages d’Algérie. Pour beaucoup d’entre eux, la carrière aux PTT est davantage synonyme de mobilité géographique que d’ascension professionnelle, même si tous ne quittent pas leur région d’origine. Possesseurs d’un petit capital scolaire, ils se trouvent dans une position intermédiaire, au-dessus des plus démunis mais bien ancrés dans l’univers des travailleurs. Comme les traminots décrits par l’historien Omar Carlier,
« ils s’élèvent au-dessus du peuple, mais ils sont du peuple, dans le peuple : la “khassa” [l’élite, la crème] du “chaab” [peuple]. Distance et “élection” d’un côté, mais relation d’appartenance de l’autre142 ».
78Comme les traminots aussi, les non-citoyens employés aux PTT pourraient bien appartenir à ces « familles dans lesquelles l’habitus paysan est déjà érodé » par l’expérience de la guerre, de la migration ou du travail salarié. Des sources témoignent en effet d’une pratique du salariat répandue dans l’entourage du candidat à la veille de son entrée aux PTT.
L’exception : pionnières et privilégiés
L’entrée des Algériennes aux PTT
79L’accès d’une minorité d’Algériennes au travail salarié durant l’entre-deux-guerres se comprend, comme pour les hommes d’ailleurs, dans le contexte de précarité, de croissance démographique et d’urbanisation qui déstructure les campagnes maghrébines143. Les statistiques du début des années 1930 ne dénombrent cependant encore aucune postière algérienne dans les départements d’Oran et de Constantine (graphique 13). Tardive et exceptionnelle, leur entrée aux PTT concerne des familles suffisamment dans le besoin pour se résoudre à laisser une femme travailler à l’extérieur du domicile, et suffisamment instruites et connectées pour décrocher une place au service de l’administration coloniale.
80Le parcours de Meriem F. est révélateur de cette tension entre les fortes contraintes sociales qui s’imposent aux femmes des milieux populaires algériens et les marges de manœuvre que celles-ci parviennent à se ménager144. Il témoigne aussi des coïncidences qui émaillent certaines trajectoires. Parce que sa mère meurt quelques mois après sa naissance en 1922, Meriem est élevée par une Espagnole jusqu’à l’âge de six ans. Elle ne va pas à l’école, ne sait ni lire ni écrire mais retire de cette expérience une parfaite maîtrise du français parlé. Parce qu’elle réside ensuite dans l’immeuble voisin de la poste, le receveur de Douéra lui propose un emploi d’auxiliaire. Dans la seconde moitié des années 1930, elle distribue les télégrammes dans ce bourg des environs d’Alger de 5 800 habitants, relève les trois boîtes postales et fait le ménage du bureau. Elle reverse l’intégralité de son salaire à son père mais reçoit des bonbons ou des pourboires, avec lesquels elle s’achète à manger.
81Rémunérée à hauteur de trois cents francs par mois, Meriem semble avoir occupé un emploi de facteur enfant, théoriquement réservé aux jeunes garçons. Sa situation demeure exceptionnelle : aucun autre cas de factrice enfant n’a pu être repéré dans l’entre-deux-guerres et à cette époque, même les Européennes restent confinées dans l’espace du bureau (chap. vi). Son âge – elle est embauchée entre 13 et 18 ans – a peut-être soustrait Meriem à la norme qui empêche les femmes de travailler à l’extérieur. Elle effectue quotidiennement des tâches simples, comme de nombreux garçons, citoyens et non citoyens. Vers 1940, une crise d’appendicite lui interdit le travail debout. Elle quitte les PTT et retourne travailler au magasin de légumes de son père, avant d’épouser un maçon en 1942.
82Dans le service algérien des PTT, de rares femmes ont pu ponctuellement être chargées du ménage des locaux, mais cette tâche est d’ordinaire confiée aux gardiens de bureau, recrutés parmi les anciens combattants et militaires. Les places de facteur et d’ouvrier étant également réservées aux hommes, les Algériennes peuvent seulement prétendre aux emplois d’aide et de dames employées. Mais une aide doit au moins savoir lire et écrire et pour devenir dame employée, un niveau d’instruction équivalent au certificat d’études est requis. Or, comme Meriem, 95 % des fillettes algériennes ne sont pas scolarisées. Seule l’infime minorité passée par l’école française peut donc briguer ces emplois administratifs145.
83Née en 1919 et particulièrement instruite, Malika Amrani est la fille d’un facteur-receveur naturalisé français146. Lorsque ce dernier prend sa retraite à la fin des années 1930 et que la famille s’installe dans la banlieue d’Alger, Malika trouve du travail au guichet de la poste de Bab-el-Oued, puis au centre des chèques postaux d’Alger. Si elle n’y fait pas carrière, embauchée ensuite dans les services du gouvernement général, sa brève expérience préfigure l’entrée, beaucoup plus nette au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, des Algériennes aux PTT, notamment dans les centraux téléphoniques et les recettes des grandes villes où le contrôle social est moins pesant que dans les villages. En témoignent les dossiers individuels d’aides, femmes de peine et dames employées constitués par la direction départementale de Constantine dans les années 1940 et 1950.
Le dessus du panier : fils de caïd, anciens combattants et naturalisés
84La Première Guerre mondiale bouleverse la société algérienne. Outre l’afflux d’argent suscité par le versement des soldes et des pensions et la rente de situation que confère la position d’ancien combattant ou de mutilé par le biais des emplois réservés, ceux qui reviennent sont transformés par l’expérience du front et la découverte de la métropole. Ce moment contribue à faire « sortir du village beaucoup de salariés d’État, dont plusieurs se rangent dans une nouvelle élite : un officier beylical, des instituteurs, des cheminots, un postier, un infirmier, un aide-préparateur en pharmacie147 ». La petite notabilité rurale, qui rachète des terres dans l’entre-deux-guerres, pousse aussi ses fils vers la fonction publique, en ville si nécessaire et lorsque c’est possible dans leur région d’origine.
85À côté du profil dominant de l’ouvrier des PTT ou du facteur auxiliaire, des Algériens font valoir un ancrage familial dans l’administration coloniale ou une position prestigieuse pour obtenir la direction d’une agence postale ou d’un bureau de facteur-receveur. Parmi les candidats à un emploi dans le Constantinois, ils sont 20 à 25 % (une quarantaine) à se réclamer d’un père, oncle, frère ou grand-père ayant précédemment servi comme garde champêtre, khodja*, soldat ou caïd. Les services de la préfecture qui enquêtent sur Mohamed Izem, alors qu’il sollicite la gérance de l’agence postale de Guelaā, notent que le frère de ce dernier est caïd d’un douar voisin et que sa famille est « attachée à la cause française148 ». La proximité avec l’administration coloniale semble constituer un critère implicite de l’embauche du personnel algérien subalterne, recruté à l’échelon départemental sans emprunter la voie des concours. En 1937, un livre d’or des personnalités de l’Algérie recense les non-citoyens ou naturalisés qui occupent des positions remarquables dans l’administration locale. La notice du fils du caïd de Guerrera, Dada ben Kaci, signale que ce dernier dirige l’agence postale de la même ville depuis 1928149. Même s’il ne permet pas de devenir fonctionnaire, l’emploi de gérant constitue pour beaucoup un objectif enviable, pour accéder ou conforter une position de notable dans son douar ou ksar d’origine.
86Ceux qui ne peuvent se prévaloir d’une proximité avec l’administration optent parfois pour l’exigeante procédure de naturalisation pour prouver leur attachement à France. Jusqu’à l’ordonnance du 7 mars 1944, celle-ci permet en effet aux « indigènes » de devenir pleinement citoyen français. Dans la biographie qu’elle consacre à Ali Boumendjel, l’historienne Malika Rahal décrit son beau-père Belkacem Amrani comme « un homme original, sympathique et facétieux » au « tempérament extraverti et aventureux150 ». Né en 1887 dans la commune mixte de Dra-el-Mizan, en Kabylie, il est scolarisé chez les pères blancs et obtient le certificat d’études primaires151. Vers 1912, il s’engage au Maroc comme tirailleur, puis est blessé dans les premiers combats de la Grande Guerre. Naturalisé par décret du 23 décembre 1916, il entre aux PTT à peu près au même moment, probablement par le biais des emplois réservés aux mutilés152. Dans l’entre-deux-guerres, il dirige successivement les bureaux de facteur-receveur de Bir Rabalou, Les Trembles, Marceau, puis La Trappe. En 1940, à la suite d’un différend qui l’oppose au riche propriétaire Henri Borgeaud, il est muté dans la résidence de Tamda, en Kabylie. Belkacem Amrani écrit alors au préfet d’Alger pour demander un poste plus favorablement situé, dans la Mitidja :
« Je suis fonctionnaire depuis 1907, noté au choix par mes chefs dans le courant de ma carrière, mutilé de guerre à 65 %, je suis titulaire de la Médaille militaire et Croix de guerre. Citoyen français depuis 24 ans donc après avoir accompli mon devoir de bon Français, en me faisant Français j’ai prouvé mon amour pour la France. Je suis père de sept enfants vivants que j’élève dans la dignité et dans l’amour de la France, je donne le plus bel exemple de Français d’origine indigène153. »
87En 1941, il prend même la présidence du groupe de la Légion française des Combattants de Tamda154. Ces marques de loyauté semblent finalement mal récompensées. Comme le souligne sa fille, avec ironie, « il n’a jamais été receveur, je te dirais, ils n’ont pas estimé qu’il était assez intelligent pour être receveur ; donc il est resté… facteur-receveur toute sa vie155 ».
88Mammar Ziane ben Mohammed ben Kaddour ben Ziane fait valoir sa maîtrise du français écrit, ses années passées dans un régiment de tirailleurs et ses intérims de facteur pour être naturalisé par décret le 18 mars 1910. Le maire, le commissaire de police et le préfet appuient sa demande, soulignant que « le pétitionnaire jouit d’une bonne réputation de conduite et de moralité […], [et qu’il] est d’une assimilation assez avancée156 ». Il obtient en 1909 un poste de facteur auxiliaire à Bordj-beni-Hindel, dans l’Ouarsénis, mais n’est jamais titularisé. Malgré des demandes répétées entre 1910 et 1922 et les recommandations de nombreux élus, sa demande passe derrière celles des anciens militaires et il finit par quitter les PTT157. Alors que l’abandon du statut personnel et l’obtention de la citoyenneté française placent le naturalisé en porte-à-faux par rapport à son groupe d’origine, cette démarche permet d’obtenir le bénéfice du quart colonial, bien avant les postiers non citoyens, mais ne garantit nullement une ascension sans accroc dans l’administration.
89Naturalisés et notables locaux, le haut du panier des Algériens employés aux PTT est souvent suffisamment instruit et éloigné de la misère pour activer des appuis politiques, s’adresser par écrit à l’administration ou s’insérer dans des cercles associatifs ou militants. Pourtant en 1925, le chef du service des PTT ne recense que deux commis algériens dans l’ensemble du département de Constantine ; une fonction pourtant ouverte aux non-citoyens dès 1865. Rarement titulaires de leur emploi, ces « privilégiés » n’accèdent donc pas aux emplois prestigieux, même si leur carrière est nettement plus stable que celle des journaliers du service des lignes, des hommes de peine et des facteurs intérimaires.
Profils de candidats « ordinaires » dans le Constantinois
90Les dossiers de candidature sont une source précieuse pour saisir la diversité des parcours familiaux et professionnels antérieurs à l’entrée aux PTT. Mentionnant les caractéristiques géographiques, sociales et scolaires des postulants, les 250 dossiers consultés à la poste de Constantine ont ainsi constitué un corpus suffisant pour mettre en œuvre des méthodes quantitatives exploratoires et élaborer une typologie du personnel subalterne employé dans l’entre-deux-guerres158.
Encadré 2. Une source exceptionnelle : les dossiers de candidature du Constantinois
Quelque cinq cents dossiers, constitués avant l’indépendance de l’Algérie par des candidats à un emploi de sous-agent des PTT, ont été conservés dans les caves de la poste de Constantine. Les conditions de consultation n’ont pas permis de tous les examiner mais parmi les 250 dossiers retenus aléatoirement, 195 candidatures ont été déposées entre 1900 et 1939. Loin de constituer un échantillon représentatif de l’ensemble des postiers alors employés en Algérie, le corpus étudié éclaire avant tout le personnel non citoyen et masculin des grades subalternes et permet d’appréhender la frange la moins stable – et souvent la moins documentée – du service algérien des PTT.
Le recrutement des sous-agents (facteur, homme de peine, gardien de bureau, gérant d’agence, aide, etc.) est organisé par le directeur départemental en collaboration avec les services de la préfecture. Le candidat ne subit aucun examen professionnel mais doit remplir deux exemplaires de « la formule servant à l’instruction de la candidature » et fournir divers documents : acte de naissance, certificat du maire ou du commissaire de police constatant qu’il est français et de « bonne vie et mœurs », attestation d’un médecin confirmant son aptitude physique, extrait de casier judiciaire, états des services militaires effectués. Une notice confidentielle des services de la préfecture précise ses occupations professionnelles antérieures, sa moralité, son engagement politique et sa réputation, ainsi que le niveau de fortune de sa famille. Presque tous les postulants entrent aux PTT à l’issue de cette procédure peu sélective (six ne sont pas retenus et six autres diffèrent ou annulent leur demande).
La khassa du chaab (la crème du peuple)
91Les premiers comptages brossent le tableau de candidats masculins, relativement instruits, aux origines sociales contrastées. Sur les 195 dossiers étudiés, seules six femmes sont recensées, dont Augusta Combier, Minah Nakache ou Yvonne Thomas, à une époque où les femmes représentent pourtant 30 à 40 % des effectifs du service algérien des PTT. Les dossiers retrouvés à Constantine concernent en outre majoritairement des non-citoyens. Pour ces emplois attribués au niveau départemental, la qualité de citoyen n’est nullement requise et toute personne de nationalité française peut postuler. Un quart des candidats sont ainsi désignés par des mentions qui les classent explicitement dans le groupe des colonisés – « indigène », « musulman », « sujet » –, mais près des trois quart des 195 dossiers consultés, pour donner un ordre de grandeur approximatif, renvoient en réalité à un patronyme arabe ou berbère159.
92L’origine socioprofessionnelle est relativement diversifiée. Environ un tiers des pères des candidats travaille dans l’artisanat ou le petit commerce, un tiers est cultivateur et le tiers restant se compose d’ouvriers, de petits employés (12 %) et d’agents de l’administration coloniale. 24 % exercent en effet des métiers du maintien de l’ordre ou sont embauchés dans les administrations communales ou départementales (chaouch*, cavalier de commune mixte, garde champêtre…), à une époque où les statisitiques dénombrent seulement 3 % des actifs « indigènes » du département de Constantine dans les services publics (graphique 14)160.
Graphique 14. – Profession du père des candidats postiers (Constantinois, 1900-1939).

Source : Dossiers de candidature, Constantinois, N = 110.
93Cette répartition demeure relativement stable entre 1900 et 1939, mis à part le recul notable du recrutement dans le secteur agricole. On est en effet frappé par la forte proportion (deux tiers) des candidats postiers dont le père s’est déjà éloigné de ce secteur pour s’employer dans l’administration, l’artisanat ou le petit commerce, alors que 75 % de la population active colonisée travaillent encore la terre dans l’entre-deux-guerres. Ces caractéristiques sociales sont à rapprocher de celles des instituteurs « indigènes » étudiés par Fanny Colonna, qui viennent pour un tiers d’entre eux de familles aisées jouissant d’un certain prestige et dont le père est dans 27 % des cas déjà employé du secteur public161.
94Le niveau scolaire des candidats postiers est en outre supérieur à la moyenne de la population algérienne. Dans les dossiers étudiés, 16 % de ceux qui postulent avant 1920 ont un niveau équivalent ou supérieur au certificat d’études. Cette proportion monte à 33 % pour les candidatures formulées entre 1920 et 1939 (tableau 22). Cela peut paraître faible, au regard de la situation métropolitaine et des exigences affichées dans les règlements du service algérien des PTT. À la fin des années 1930, les candidats de moins de trente ans à l’emploi d’auxiliaire distributeur doivent théoriquement détenir le certificat d’études primaires162. Dans la pratique cependant, les métiers de facteur, ouvrier ou gardien de bureau nécessitent des compétences scripturaires limitées et les mentions d’employés illettrés ne sont pas rares, même après la Seconde Guerre mondiale.
Tableau 22. – Niveau d’étude des candidats postiers du Constantinois.
Peu scolarisés, illettrés | École primaire | Niveau du certificat d’études | Cours complémentaire, école primaire supérieure | Enseignement secondaire | Non renseignés | Total | |
1900-1919 | 6 % | 50 % | 8 % | 2 % | 6 % | 28 % | 100 % |
1920-1929 | 16,1 % | 42,8 % | 19,6 % | 1,8 % | 1,8 % | 17,9 % | 100 % |
1930-1939 | 10,8 % | 36,5 % | 25,7 % | 8,1 % | 6,7 % | 12,2 % | 100 % |
Non renseignés | 13,3 % | 26,6 % | 6,7 % | 6,7 % | 6,7 % | 4 % | 100 % |
Total (N = 95) | 11,3 % | 41 % | 18 % | 4,6 % | 5,1 % | 2 % | 100 % |
Indication de lecture : 10,8 % des candidats à un emploi dans le service des PTT du département de Constantine entre 1930 et 1939 sont illettrés ou n’ont presque pas été scolarisés. Source : dossiers de candidature, Constantinois, N = 195 (Test de Fisher, P value = 4,9).
95Dans les années 1930, plus des trois quarts des candidats à un emploi dans les services des PTT du Constantinois déclarent être passés sur les bancs l’école primaire. L’école ne suscite plus la même méfiance qu’avant-guerre et s’est progressivement imposée à la population algérienne comme une nécessité, bien au-delà de la Kabylie. Les effets de ce revirement ne sont cependant pas immédiats et en 1931, moins de 2 % des hommes algériens du département de Constantine savent écrire le français163. Nos candidats postiers sont donc nettement plus instruits que l’ensemble de la population colonisée et voient leur niveau de scolarisation progresser rapidement.
Typologie de postiers non citoyens dans l’entre-deux-guerres
96Les premiers traitements quantitatifs confirment la morphologie générale de ce groupe, composé majoritairement d’hommes, non citoyens, nés dans le Constantinois, scolarisés à l’école primaire voire titulaires du certificat d’études, qui sollicitent généralement une place de facteur auxiliaire. Mais si les candidats à un emploi dans le service des PTT entre 1900 et 1939 présentent des caractéristiques sociales assez distinctes de l’ensemble de la société colonisée, des méthodes de classification automatique permettent d’élaborer une typologie plus fine, qui isole un sous-groupe numériquement important d’autres profils moins fréquents164.
Des Français·e·s, jeunes et instruits
97Se détache en premier lieu un groupe de quarante personnes. Toutes les femmes y sont présentes et la totalité de ceux qui sont désignés comme « français » au cours du recrutement. Les 195 candidats du corpus considéré sont pourtant probablement tous de nationalité française, puisque c’est une condition requise pour exercer dans la fonction publique. On s’intéresse donc ici au phénomène d’assignation, c’est-à-dire à ceux pour lesquels l’administration a pris soin de préciser le statut, avec de fréquentes confusions entre citoyenneté et nationalité. Inversement, seulement 6 % de ceux qui ont reçu l’étiquette d’« indigènes » sont présents dans ce groupe, qui rassemble également la majorité des candidats nés dans le département d’Alger et presque les deux tiers de ceux qui ont suivi une scolarité au-delà du certificat d’études.
98Dans ce groupe, Maurice Tourre est sans doute assez représentatif des Européens de condition modeste des grandes villes d’Algérie. Il ne dépasse pas le niveau d’instruction primaire et avant d’entrer aux PTT en 1915, il est employé chez des négociants de Constantine pour un salaire de deux francs par jour165. Fils de cordonnier, Brahim Koubi est quant à lui né en 1886 à Sétif166. Lorsqu’il sollicite l’emploi de facteur intérimaire en 1909, il a déjà été téléphoniste à Ampère et facteur rural à Colbert, deux localités au sud de sa ville natale. Alors que son prénom – Brahim et non Abraham – aurait pu inciter à le classer d’emblée dans la catégorie des sujets de confession musulmane, le nom de ses parents, Jacob Koubi et Thouna Lellouche, et son certificat de bonne vie et mœurs suggèrent qu’il est issu d’une famille juive. Un exemple qui illustre les difficultés d’une assignation trop systématique des identités sur la base des noms de famille, notamment quand l’on sait combien sont proches les patronymes juifs et musulmans dans le département de Constantine. De rares non-citoyens appartiennent également à ce premier groupe, à condition qu’ils soient instruits ou originaires de familles assez favorisées. Mohammed Ghennan, qui débute comme facteur intérimaire à l’âge de 18 ans, a d’abord étudié au collège de garçons de Philippeville. Deux de ses oncles sont caïds aux douars des Ouled Achour et des Ouled Sebaā et ses parents sont des propriétaires aisés « attachés à la cause française167 ».
Des candidats aux origines modestes déjà éloignés du monde paysan
99Un second groupe, numériquement réduit (18 personnes) mais relativement homogène, se distingue. Il rassemble des candidats venus de milieux socioprofessionnels plus modestes : tous les enfants d’ouvriers et de petits employés s’y trouvent et plus d’un quart de ceux dont la famille est jugée « sans fortune » par les services de la préfecture. On y trouve également des non-citoyens qui ont exercé divers emplois de bureau subalternes avant de postuler aux PTT, ce qui suggère un petit niveau d’instruction. Ahmed Fridja ben Mohammed n’a pas le certificat d’études, mais il a été scolarisé à l’école « indigène » et employé dans une librairie de Batna. Mouloud Ali Bey ben Mohand vient quant à lui d’une « ancienne famille du pays d’Oued Amizour peu fortunée » ; il a d’abord été employé de commerce avant de solliciter un emploi de facteur en 1922168. Pour ces fils d’ouvriers ou de journaliers, les PTT pourraient avoir constitué un moyen d’échapper à des métiers précaires et au monde agricole. S’esquisse ici une logique d’ascension sociale ou du moins la recherche d’une situation plus assurée.
Postiers « indigènes » entrés sur le tard
100Reste un troisième groupe de candidats, très majoritaire (138 personnes), qui ne comprend que des hommes et regroupe 83 % de ceux catégorisés « indigènes » à un moment de la procédure de recrutement. Beaucoup arrivent aux PTT sur le tard, après une carrière militaire ou plusieurs années au service de l’administration coloniale169. Dans ce groupe, une dizaine de candidats sont issus de familles de cultivateurs ou ont eux-mêmes travaillé dans le secteur agricole. Marié et père de deux enfants, Amar Sadi a déjà 37 ans quand il devient facteur en 1934. Fils de fellahs décédés, il cultivait ses terres avant de se porter candidat à un emploi aux PTT.
101Trente postulants originaires des régions du sud de Biskra sont particulièrement liés à l’administration coloniale. Beaucoup mettent en avant une première expérience aux PTT, quand d’autres sont fils d’adjoints de commune mixte ou de la justice musulmane. Abderrahmane ben Salah sollicite ainsi en 1917 un emploi de facteur à El Oued, une localité saharienne proche de la frontière tunisienne, où son père Si Salah ben Belkacem distribue le courrier170. Malgré sa qualité d’« indigène musulman non naturalisé », le fils du bachadel de la commune voisine de Guémar obtient en 1935 la gérance du bureau de poste, faisant valoir son certificat d’études et un passage sur les bancs du lycée de Constantine. Délaissées par les fonctionnaires citoyens, ces résidences du Sud sont souvent tenues par des notables locaux, avec plus ou moins de succès. Quelques mois après son arrivée, une enquête dénonce la conduite du gérant de Guémar, « compromis dans deux affaires de pédérastie » : « il boit et joue, faisant ainsi preuve d’un état d’esprit déplorable en pays indigène171 ». Le commandant du Territoire militaire de Touggourt suggère de le remplacer par son frère, titulaire de la première partie du baccalauréat.
102Restent enfin des candidats ayant exercé auparavant des métiers d’ouvrier, employé, artisan ou commerçant. Père de trois enfants et âgé de 35 ans, Ahmed Mentouri a longtemps travaillé dans une entreprise de transport automobile. La carrière militaire et, pour certains, les mesures d’emplois réservés constituent une autre raison d’entrer tardivement aux PTT. Originaire d’une famille assez fortunée de Lambèse, Ali Haddha débute sa carrière de postier à 36 ans, après avoir atteint le grade de sergent-chef du troisième régiment de tirailleurs algériens172.
103Cette plongée dans les dossiers de candidature complexifie la vision d’une société dichotomique. Non seulement le profil des Algériens recrutés localement dans l’administration des PTT se distingue de la masse de la population colonisée, mais ces derniers sont loin de constituer un groupe homogène. Tous ne viennent pas de familles de fellahs et beaucoup ont des proches liés à l’administration coloniale. Ceux qui parviennent à faire valoir leurs ressources scolaires, relationnelles ou économiques peinent cependant à obtenir une situation plus prestigieuse ou confortable, comme celle d’instituteur ou d’avocat, qui aurait exigé de plus longues études. Si quelques-uns accèdent à une position de notables locaux ou confortent celle de leur père, la plupart stagnent durant des années dans des emplois de facteurs auxiliaires ou quittent leur poste pour rechercher un salaire plus conséquent.
Conclusion. Tous logés à la même enseigne ?
104Si l’heure est aux réformes dans l’entre-deux-guerres, certains acquis produisent parfois des effets mineurs, voire paradoxaux. Des mesures échouent avant d’avoir vu le jour ou sont vidées de leur substance au moment de leur mise en œuvre, malgré les attentes de militants et d’élus algériens et le soutien de plusieurs organisations de gauche. L’« “ère des possibilités” s’est muée en matrice des “occasions manquées”173 », venant nourrir un discours désabusé que l’histoire du pays n’ait pas pu « prendre d’autres chemins174 ». L’ouverture plus large des emplois publics à la population colonisée (loi Jonnart) reste ainsi sans effet, parce que seuls les Algériens scolarisés plusieurs années consécutives peuvent dans les faits prétendre aux emplois intermédiaires et supérieurs. En 1919, l’extension du quart colonial laisse de côté l’ensemble du personnel non citoyen. Dans le service algérien des PTT se sédimentent dans l’entre-deux-guerres des clivages qui n’étaient pas aussi explicites durant la période précédente.
105Plus marqué entre les postiers citoyens et non citoyens, l’écart se creuse également entre les titulaires et les non-titulaires et entre ceux qui bénéficient de la législation sur les emplois réservés et les autres. Certes les avancées sociales décidées au lendemain de la guerre visent à maintenir le pouvoir d’achat des fonctionnaires et à sécuriser leur situation professionnelle et personnelle ; mais réalisées sous contraintes budgétaires, ces améliorations profitent surtout à la frange la plus stable du service. Les auxiliaires et les intérimaires n’obtiennent pas les mêmes avantages et se trouvent fréquemment privés de débouchés. La réduction des effectifs de dames employées restreint les perspectives des aides et en 1930, près de quatre facteurs sur dix ne sont pas titulaires de leur emploi en Algérie175. Difficile de dire combien, parmi eux, ne sont pas citoyens, mais ces années façonnent l’opposition entre la figure du facteur titulaire citoyen et celle de l’auxiliaire distributeur « indigène ».
106Les postiers algériens, loin d’accepter cet état de fait, revendiquent l’égalisation des situations professionnelles. Après les sacrifices de la guerre, beaucoup sont sortis des villages, ont accepté des emplois salariés en ville ou dans d’autres localités et ils sont nombreux à faire valoir des expériences professionnelles antérieures à leur entrée dans l’administration. Déçu par les limites des réformes des années 1920, le personnel non citoyen arrache le quart colonial à l’approche de la Seconde Guerre mondiale et bénéficie d’une large ouverture des emplois publics. Dans la pratique toutefois, les restrictions budgétaires et les mesures d’emplois réservés à géométrie variable entravent ses possibilités d’ascension et de titularisation. Les Algériens se heurtent à un plafond de verre, ne parvenant presque jamais à exercer les emplois de receveur ou de commis.
Tableau 23. – Accès aux emplois publics et indemnités des postiers en Algérie.
Période | Français nés en métropole | Français d’Algérie | « Indigènes » naturalisés | Non-citoyens (« indigènes ») | |
Statut | Français citoyens | Français non citoyens | |||
Accès aux emplois publics | 1865-1919 | tous | tous | tous | Certains seulement (sénatus-consulte du 14-07-1865) |
1919-1944 | tous | tous | tous | Presque tous les emplois (loi du 04-02-1919) | |
Après 1944 | Accès à tous les emplois publics (ordonnance du 07-03-1944) | ||||
Indemnité du quart colonial | 1901-1919 | oui | non | non | non |
1919-1938 | oui | oui | oui | non | |
Après 1938 | Quart colonial accordé à tous |
Notes de bas de page
1 La Tranchée, Journal de l’Amicale des mutilés du département d’Alger, octobre 1929.
2 Gga, service des PTT, Rapport sur la gestion financière pendant l’exercice 1925…, op. cit., p. 82.
3 Fédération nationale unitaire des Travailleurs des PTT – Section d’Alger, Réponse au rapport du Syndicat commercial algérien…, op. cit., p. 14.
4 Séance de la chambre de commerce d’Alger du 16-12-1931. Bi/164/60, CCA, ANA. Rapport du chef du service central des PTT d’Algérie commenté par le Conseil des PTT, s. d. (vers 1928), Bi/159, CCA, ANA.
5 Projet de budget pour l’exercice 1930 par le chef du service central, p. 4, Bi/159, CCA, ANA.
6 Syndicat national des Agents des PTT de France et des colonies, 15e congrès tenu à Paris les 17-20 mai 1936, Rapport de la Commission exécutive, Épernay, Impr. Nouvelle, 1936, p. 30. Gga, Délégations financières algériennes. Session extraordinaire, Alger, Heintz, séance du 15-11-1935, p. 7.
7 Jeanne Siwek-Poudesseau, « Le syndicalisme des fonctionnaires (1900-1981) », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 37, 1993, p. 115-126.
8 Lettre de la Fédération des travailleurs des PTT, le 24-07-1926, B73/16, CCA, ANA.
9 J. Bouveresse, Un parlement colonial… ?, op. cit., t. 2, p. 573 ; G. Meynier, L’Algérie révélée…, op. cit., p. 690.
10 Décrets du 18-08-1917 et du 27-03-1918 et arrêté du gouverneur général de l’Algérie du 28-12-1917, Gga, Délégations financières algériennes. Délégation des non-colons, Alger, Heintz, séance du 21-03-1917, p. 454-455.
11 Avant-guerre, elle était versée pour le quatrième enfant. Gga, Projet de budget pour l’exercice 1919 présenté par Ch. Jonnart, Gouverneur général, Alger, Heintz, 1918, p. 31-32, 18-75/235, ANA.
12 Certificats produits pour l’obtention de l’indemnité pour charge de famille, en 1931, 18-75/113, ANA.
13 Dossier de Michel Goutier, 18-75/278, ANA.
14 Requête de Guy Metral mentionnée dans la lettre du directeur départemental à Oran au service central des PTT, du 27-02-1936 ; Formulaire de demande de secours de la veuve de Mammar Ziane, le 11-01-1936 et lettre jointe par l’intéressée le 06-12-1935, 18-75/220, ANA.
15 Gga, service des PTT, Rapport sur la gestion financière pendant l’exercice 1931-1932…, op. cit.
16 Décret du 9 novembre 1853. Les lois Bourgeois et Honnorat, en 1916 et 1919, permettent l’ouverture de dispensaires et sanatoriums.
17 Rapport de M. Audousset et vœu d’Auguste Bories et du délégué non-colon d’Oran, M. Duret, Gga, Délégations financières algériennes. Délégation des non-colons…, op. cit., séance du 31-03-1908, p. 332.
18 Feuille signalétique de 1921 et lettre de l’époux Antoine Perez (commis) au service central, le 23-04-1922, dossier de Laetitia Perez (née Raffin), 18-75/299, ANA.
19 Tableau d’agents en congé pour tuberculose, 1926-1928, 18-75/159, ANA.
20 Congé de longue durée et préservation antituberculeuse des fonctionnaires, loi de finances du 30-03-1929, décret présidentiel du 6 juillet 1931, étendu à l’Algérie par ordre du gouverneur général le 21-08-1931. Extrait du Journal officiel de l’Algérie (no 35, le 28-08-1931 no 38, le 18-09-1931).
21 Circulaire du 13-01-1937 relative aux congés de longue durée pour tuberculose, 18-75/159, ANA.
22 Jean Lamouroux, « Le bilan de trois ans de lutte contre la tuberculose », Bulletin d’informations, de documentation et de statistique, 1938/3, p. 11-15. Gga, service des PTT, Rapport sur la gestion financière pendant l’exercice 1934…, op. cit.
23 Association amicale des PTT, Statuts, règlement d’administration intérieure, Paris, Tancrède, 1929. Livret de l’assemblée générale de 1913, Orphelinat des fonctionnaires et agents des PTT de France et des colonies, p. 8-16. Notes de renseignement du commissariat de la sûreté de la ville d’Oran, le 29-09-1908 et le 07-07-1914,//2541, ANOM. Lettre du secrétaire du syndicat des agents du département d’Alger, le 26-04-1933 et lettre du secrétaire du syndicat des employés du département de Constantine, le 14-06-1933, 72-1/204, fonds Moscou, archives confédérales, CGT Montreuil.
24 Association fondée le 30-09-1921, articles 1 et 2 des statuts, 1Z/104/869, fonds associations, AWA. Michel Darcy et Gilbert Paulin, L’Esprit d’équipe, Paris, Le Cherche midi, 2005.
25 Note du préfet au chef de la brigade économique, le 27-02-1945 et lettre du comité d’organisation de l’arbre de Noël des PTT, le 05-01-1945, 91/1K/110, cabinet du préfet d’Alger, ANOM. Rapport mensuel du cabinet du préfet (février-mars 1946), p. 7-10, 92/12, cabinet du préfet d’Oran, ANOM.
26 Arrêtés du gouverneur général du 19-04-1932 et du 14-12-1934, 18-75/73, ANA.
27 L. Bengaouer, Les soldats citoyens de la colonie…, master 2 cité, p. 153. C. Collot, Les Institutions de l’Algérie durant la période coloniale…, op. cit., p. 277.
28 Projet de règlement sur l’accès à la citoyenneté et aux emplois publics, discuté aux Délégations financières, Gga, Délégations financières algériennes. Programme de la session de mai-juin 1918, Alger, Heintz, 1918, p. 283-289. Décret du 26 mars 1919, JORF du 30 mars 1919, p. 3253-3254.
29 Syndicat national des agents des PTT de France et des colonies, Premier congrès tenu à Valence…, op. cit., séance du 07-06-1919, p. 242.
30 Gga, Délégations financières algériennes. Assemblées plénières…, séance du 19-06-1918, p. 219. C.-R. Ageron, « Les classes moyennes dans l’Algérie coloniale… », art. cité, p. 376.
31 Bulletin officiel de l’Algérie, 1920, p. 1856, cité par F. Colonna, Instituteurs algériens…, op. cit., p. 42.
32 Réponse du directeur M. Treuillé, Gga, Délégations financières algériennes – sections indigènes, Alger, Impr. Nord-Africaines, 1924, p. 92.
33 F. Dufétel-Viste, « L’emploi des autochtones au sein de la Reichspost », art. cité, p. 216 ; D. Cantin, Le service des postes et télégraphes en Indochine…, mémoire de DEA cité ; A. Hongla, La Poste et le télégraphe en Afrique occidentale française…, thèse citée, p. 106.
34 Réponse de M. Treuillé à Chérif Sisbane, Gga, Délégations financières algériennes – sections indigènes…, op. cit., séance du 31-05-1924, p. 92.
35 Décrets du 24-09-1919 et du 03-04-1920 (art. 3), BO GGA, p. 824-825 ; Gaston Arexy, Législation algérienne. À l’usage du personnel administratif de l’Algérie et des candidats aux fonctions publiques de la colonie, Alger, Soubiron, 1932, p. 206.
36 Intervention du délégué Poli, Syndicat National des agents de PTT de France et des colonies, 2e congrès tenu à Paris les 21 – 24-04-1920, Épernay, Impr. Sparnacienne, 1921, p. 84.
37 Intervention du délégué de Batna, Chérif Sisbane, Délégations financières algériennes. Délégations indigènes…, op. cit., séance du 29-05-1925, p. 45.
38 Revendications des cheminots au congrès musulman (1936-1938), 3CAB/90, ANOM. Revendication présentée à la compagnie PLM, décembre 1930, citée par Nora Benallègue, Le mouvement syndical en Algérie (1930-1942), thèse dirigée par René Gallissot, université Paris Diderot, 1981, p. 122-123.
39 Intervention d’E. Morinaud, Gga, Délégations financières algériennes. Délégation des non-colons…, op. cit., séance du 06-06-1918, p. 621-630.
40 Rapport de M. Passerieu, Gga, Délégations financières algériennes. Assemblées plénières…, op. cit., séance du 19-06-1918, p. 213 et p. 219-220.
41 « Il serait fâcheux qu’il soit dit qu’aujourd’hui, dans cette enceinte, il y a une partie des délégations qui n’a pas voulu de l’égalité entre les indigènes et les français […]. Ne sommes-nous pas vos frères ? Nous l’avons cependant montré sur les champs de bataille. » Intervention du délégué Abderrahmane Ou Rabah, ibid., p. 238-239.
42 Liste des emplois réservés, Journal officiel de la République française, le 18-07-1917, p. 3071.
43 G. Meynier, L’Algérie révélée…, op. cit., p. 48-49. Instruction des ministres de la Guerre et de l’Intérieur pour l’attribution des emplois réservés, décret du 19-09-1912 modifié par celui du 11-01-1916, 0060, Territoires du Sud, ANA.
44 Pièces à produire : demande d’emploi, certificat médical, état des services, extrait de casier judiciaire, appréciation de la hiérarchie, copie du congé de réforme ou du titre de pension. Listes des emplois réservés, JORF du 18-07-1917 (p. 3071) et du 18-04-1917 (p. 3079).
45 En métropole, près de 150 000 personnes bénéficient d’un emploi réservé entre 1923 et 1929. Peggy Bette, « Reclasser les victimes de la Première Guerre mondiale. Le cas de la loi du 30 janvier 1923 sur les emplois réservés en France », Amnis. Revue de civilisation contemporaine Europes/Amérique, 6, 2006. Loi du 17-04-1916, JORF du 30-07-1916 (p. 6806-07) et du 18-07-1917 (p. 6368-69) ; lois du 30-01-1923, du 18-07-1924 et du 21-07-1928 et tableaux parus au JORF du 19-12-1934 (p. 12362).
46 Lettres du directeur départemental des PTT au préfet de Constantine (1937-1939), B/694, préfecture de Constantine, ANOM. Lettre du ministre des pensions au gouverneur général, le 20-11-1931, B3/193, ANOM.
47 Association des anciens combattants des PTT (déclaration et liste des membres de la section de Constantine), juillet 1930, 27/3, fonds des associations, AWC. Association générale des victimes de la guerre aux PTT déclarée le 30-06-1930, 1Z/39/1565, AWA.
48 L’article 5 du décret du 19-09-1912 et les décrets des 11-01-1916 et 19-12-1916 sont abrogés par le décret présidentiel du 24-08-1930, JORF du 11-09-1930, p. 10517 sq.
49 Rapport des « postiers indigènes », congrès musulman, non daté et non signé (1936-1938), 3CAB/90, ANOM.
50 Lettre de Lamara Hazi au colonel commandant le régiment, le 09-09-1929 ; épreuves subies à Bône, le 27-12-1929, dossier no 317, grande poste de Constantine.
51 Toutes administrations confondues, 400 emplois sont, chaque année, réservés aux militaires « indigènes » pour presque 800 candidats. Lettre du ministre de la Guerre au gouverneur général, le 03-01-1927, 0060, TDS, ANA. Lettre du service central au préfet d’Alger, le 08-04-1937, 91/1K61, ANOM.
52 Rapport du chef du service central au Conseil des PTT, s. d. (vers 1928), Bi/159, CCA, ANA.
53 Gga, Délégations financières algériennes. Assemblées plénières, Alger, Heintz, 1919, p. 107-109.
54 Service de la statistique générale, Annuaire statistique de l’Algérie, dressé par ordre de M. Pierre Bordes, gouverneur général de l’Algérie, 1er vol., année 1926, Alger, Pfister, 1928. Service central de la statistique générale, Annuaire statistique de l’Algérie, dressé par ordre du gouverneur général de l’Algérie, année 1936, Alger, Minerva, 1938.
55 Extraits du JORF du 14-11-1931 et du 16-06-1933.
56 Rapport sur le centre régional de contrôle des articles d’argent d’Alger, adressé au gouverneur général par le secrétaire général des PTT, avril-mai 1928, 19990384/7, AN Pierrefitte.
57 Réponse du Conseil des PTT au rapport du chef du service algérien, s. d. (vers 1928), Bi/159, CCA, ANA.
58 Vida Azimi, « La féminisation des administrations françaises : étapes et historiographie (xviiie siècle-1945) », Revue française d’administration publique, 145, 2013, p. 11-38. Voir également le travail en cours de Peggy Bette sur la féminisation des PTT.
59 Gga, service des PTT, Rapport sur la gestion financière pendant l’exercice 1931-1932…, op. cit.
60 Intervention de Maria Verone commentée par la section d’Algérie du syndicat national des agents des PTT, dans son Bulletin mensuel, no 3, mai 1926. J. Siwek-Poudesseau, « Le syndicalisme des fonctionnaires (1900-1981) », art. cité, p. 119.
61 Loi du 30-01-1923 réservant des emplois aux anciens militaires pensionnés pour infirmités de guerre, ainsi qu’aux veuves et orphelins de guerre, JORF du 7 février 1923, p. 1318 (Instruction du 12-11-1923 et règlement d’administration publique du 13-07-1923). Peggy Bette, Veuves françaises de la Première Guerre mondiale. Statuts, itinéraires et combats, thèse d’histoire dirigée par Sylvie Schweitzer, université Lyon II, 2011.
62 Lettre du secrétaire régional de la CGT-PTT au gouverneur général de l’Algérie, le 29-03-1929, 70-1/980, fonds Moscou, archives confédérales, CGT. Tableau récapitulatif de la 50e liste de classement, cité par P. Bette, « Reclasser les victimes de la Première Guerre mondiale », art. cité, § 23.
63 Demande de renseignement du secrétaire général de la fédération postale au responsable du syndicat en Algérie, M. Rotger, le 05-02-1930, 70-1/980, fonds Moscou, archives confédérales, CGT.
64 Lettre du secrétaire général du syndicat en Algérie à M. Mathé, le 27-11-1929, 70-1/980, fonds Moscou, archives confédérales, CGT.
65 Commentaire du rapport du chef du service central par le Conseil des PTT, s. d. (vers 1928), p. 67-68, BI/159. Conseil des PTT d’Algérie, effectifs prévus en 1931, p. 21, BI/160, CCA, ANA.
66 Lettre de Mlle Fumas à M. Grunenwald de la fédération d’Oran, le 02-02-1939, 70-1/806, fonds Moscou, archives confédérales, CGT.
67 Réponse du secrétaire administratif à M. Neverre de la section d’Oran, le 17-02-1939 et lettre du secrétaire de la section d’Oran, Alexandre Favreau, le 22-11-1938, 70-1/806, fonds Moscou, CGT.
68 Lettre de Mme Garcia signée par 32 assistantes-receveuses de l’Oranie, adressée à la fédération des PTT, section d’Oran, le 18-10-1938, 70-1/806, fonds Moscou, archives confédérales, CGT.
69 Lettre du secrétaire régional de la fédération des PTT, M. Rotger, le 25-04-1939, 70-1/980, fonds Moscou, archives confédérales, CGT.
70 René Gallissot, « 1919-1939 : le mouvement ouvrier et ses modèles d’organisation », A. Bouchène et al. (dir.), Histoire de l’Algérie à la période coloniale…, op. cit., p. 434 ; G. Meynier, L’Algérie révélée…, op. cit., p. 690-697.
71 Séance de la chambre de commerce d’Alger, le 12-01-1921, 404, CCA, ANA.
72 G. Frischmann, Histoire de la fédération C.G.T. des P.T.T…, op. cit., p. 254-255.
73 Rapport du commissaire de police au sous-préfet de Philippeville, le 19-03-1919, B3/578, surveillance des activités syndicales, préfecture de Constantine, ANOM.
74 Jeanne Siwek-Pouydesseau, Le Syndicalisme des fonctionnaires jusqu’à la guerre froide, 1848-1948, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires de Lille, 1989, p. 179 sq.
75 Louis Cardin, « L’histoire du syndicalisme CGT-PTT en Algérie », Le Relais, no 49, 2011, p. 2-5.
76 277 adhérents dans le département d’Alger, 337 dans le Constantinois et 403 dans l’Oranais. Syndicat national des Agents des PTT de France et des colonies, 14e congrès tenu à Paris les 6-8 juin 1934, Rapport de la Commission exécutive, Paris, Impr. de L’Hôtel des Postes, 1936.
77 Claire Marynower, Être socialiste dans l’Algérie coloniale : pratiques, cultures et identités d’un milieu partisan dans le département d’Oran, 1919-1939, thèse dirigée par Marc Lazar, Centre d’histoire de Sciences Po, 2013, p. 137-138. Thèse publiée sous le titre : L’Algérie à gauche,1900-1962. Faire l’histoire des identités et des sociabilités militantes en situation coloniale, Paris, PUF, 2019.
78 Amar Ouzegane, « La préhistoire du syndicalisme algérien », Politique aujourd’hui, juillet 1969, cité par N. Benallègue, Le mouvement syndical en Algérie…, thèse citée, p. 101.
79 Journal bi-mensuel consultable aux ANOM à Aix-en-Provence (1925-1939), BIB AOM/30240.
80 Lettre du secrétaire administratif à Paris, au secrétaire du syndicat des agents du Constantine, le 29-03-1939, 70-1/803, fonds Moscou, archives confédérales, CGT.
81 Selon L’Écho d’Oran, cité par N. Benallègue, Le mouvement syndical en Algérie…, thèse citée, p. 214. Recensement des adhérents en 1938, syndicat national du personnel des services techniques des PTT, 69-1/426, 427, 428, fonds Moscou, archives confédérales, CGT.
82 Syndicat national des Agents des PTT de France et des colonies, 15e congrès tenu à Paris les 17-20 mai 1936…, op. cit., p. 30.
83 Historique de l’affaire présenté par M. Astolfi (années 1930), 72-1/186, syndicat des ouvriers, fonds Moscou, archives confédérales, CGT.
84 Procès-verbal de gendarmerie qui raconte l’incident du 18-01-1939 et lettre du directeur départemental des PTT au préfet d’Alger, le 15-04-1939, 1K/94, BSDN (Algérois), ANOM.
85 Lettre du préfet au général commandant de la division, 13-02-1940, 91/1017, cabinet du préfet d’Alger, ANOM.
86 Rapport de l’inspecteur général adjoint, M. Thoury, au cabinet du ministre des PTT, juin 1939-janvier 1940, F90/22091, AN Paris.
87 L’Avertisseur des PTT (bulletin de la section algéroise des postiers du PPF), no 6, décembre 1938 et rapport du Syndicat national des agents des PTT au gouverneur général, p. 4, s. d., F90/22091, AN Paris. Lettre du secrétaire général du syndicat des agents à Paris adressé au responsable de l’Algérie, M. Rotger, le 04-07-1939, 70-1/802, fonds Moscou, archives confédérales, CGT. Lettre de l’inspecteur Razes au directeur départemental des PTT, le 26-06-1940, 91/1017, cabinet du préfet d’Alger, ANOM.
88 Lettre d’un responsable de l’Algérie au secrétaire général du syndicat des techniciens, le 20-04-1940, 71-1/191. Lettre de Grunenwald au secrétaire général de la fédération, le 07-11-1939. Rapport du militant Rotger, avril 1940, 70-1/807, section d’Oran. Fonds Moscou, archives confédérales, CGT Montreuil.
89 « Fonctionnaires des PTT : propagande et suspects communistes », 1936-1942, 91/1017, ANOM.
90 Rapport du commissaire, chargé des fonctions de chef de police générale, au préfet, le 11-09-1941, 91/1017, cabinet du préfet d’Alger, ANOM. Loi du 13-08-1940 sur les sociétés secrètes, dossiers individuels d’inspecteurs généraux, F90/22004, AN Paris.
91 Décret du 18-11-1940 portant modification pendant la durée des hostilités de certaines règles applicables au personnel des PTT en matière de discipline. Arrêté décidant du retrait de fonctions de 34 agents des PTT en Algérie, sur proposition du gouverneur général, le 14-04-1941, 19970231/13, AN Fontainebleau. Marc-Olivier Baruch, Servir l’État français. L’administration en France de 1940 à 1944, Paris, Fayard, 1997 ; Nathalie Carré de Malberg, « Les fonctionnaires (civils) sous Vichy : essai historiographique », Histoire@Politique, no 2, 2007/2, p. 12.
92 Instructions du 26-04-1944 et du 10-10-1944 et ordonnances du 05-08-1943 et du 27-01-1944.
93 Abrogation du décret Crémieux, le 07-10-1940. Jacques Cantier, L’Algérie sous le régime de Vichy, Paris, Jacob, 2002. Rapport du commissaire de police d’Alger, le 17-05-1941, 1K/94, BSDN, ANOM. Dossier de pension de réversion, 19880455/9, AN Fontainebleau.
94 Dossiers de réintégration d’agents des PTT relevés de fonctions pour attitude politique nationaliste ou raison disciplinaire (1939-1946), 91/387, cabinet du préfet d’Alger, ANOM.
95 Lettre du bureau régional du syndicat unique des travailleurs des PTT au préfet, le 09-10-1945, 91/387, cabinet du préfet d’Alger, ANOM.
96 Lettre du chef du service central des P&T au préfet, le 11-10-1945, 91/1K110, cabinet du préfet d’Alger, ANOM. Voir aussi les décisions de classement prises par la Chambre civique à l’encontre d’agents sanctionnés au titre de l’épuration. Note pour le cabinet du préfet, mars-avril 1946, 92/12, cabinet du préfet d’Oran, ANOM.
97 Note non datée et sans auteur qui dénonce ces « brebis galeuses », 91/1K110, cabinet du préfet d’Alger, ANOM.
98 Lettre du ministre des PTT au gouverneur général, le 16-08-1946, 81F/1257, ANOM.
99 Déclaration de l’association à la préfecture d’Alger le 10-06-1913 et statuts en 1913, 1914 et 1921. Groupe amical des jeunes facteurs des télégraphes d’Algérie, 1Z8/474, fonds associations, AWA.
100 En 1926, le nombre des syndiqués non citoyens dans l’ensemble de l’Algérie n’excède par un millier. Jacques Choukroun, Le mouvement national et le syndicalisme en Algérie (1925-1954), mémoire de DES, Paris, 1972.
101 N. Benallègue, Le mouvement syndical en Algérie…, thèse cit., p. 98 ; N. Benallègue, Mouvement ouvrier et question nationale (1919-1954)…, op. cit., p. 78 ; C. Marynower, Être socialiste dans l’Algérie coloniale…, thèse citée, p. 404-405.
102 Notice « Amar Ouzegane », René Gallissot (dir.), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier – Maghreb, vol. Algérie. Engagements sociaux et question nationale, Alger, Barzakh, 2007, p. 499-503.
103 René Gallissot, « 1919-1939 : le mouvement ouvrier et ses modèles d’organisation », article cité, p. 438.
104 Écarté de son poste avant d’être réintégré en 1943, cabinet du préfet, 91/1017, ANOM. Groupe amical des anciens et jeunes facteurs du télégraphe d’Algérie, bureau au 01-11-1931, 1Z/44/1973, fonds association, AWA.
105 Fanny Colonna, « Les années 1950. Les Centralistes et les autres : l’indépendance, le bonheur et plus si possible… », dans Génération engagée et mouvements nationaux. Le xxe siècle au Maghreb, Oran, CRASC, 2012, p. 156-160 ; Hassan Aïssat, Aïssat Idir : sa lutte politique et syndicale pour l’indépendance de l’Algérie, Paris, L’Harmattan, 2006, p. 93-94. Notice biographique rédigée par René Gallissot pour le Maitron en ligne.
106 Membres de l’association des oulémas de Constantine, établie par le chef de la police, le 11-11-1939, surveillance des « indigènes », B3/599, cabinet du préfet de Constantine, ANOM. Lettre du ministre plénipotentiaire gouverneur général de l’Algérie au préfet, le 29-11-1944, 91/387, cabinet du préfet d’Alger, ANOM.
107 Rapport du commissaire le 02-11-1944, réintégration d’agents des PTT relevés de leurs fonctions pour attitude politique nationaliste, 91/387, cabinet du préfet d’Alger, ANOM.
108 Journal La Tranchée, amicale des mutilés du département d’Alger, octobre 1929, BIB AOM/30420, ANOM.
109 Lettre d’Oussedik S., avocat au barreau de Bougie, à un député, le 27-12-1930 et lettre d’A. Satour, directeur d’école à Saint-Arnaud et secrétaire général de l’association des instituteurs d’origine indigène d’Algérie, au député Guernut, le 16-12-1930, F∆/RES/798/97, La Contemporaine, Nanterre.
110 Annick Lacroix, « Revendiquer plus de droits pour les “postiers d’origine indigène” dans l’entre-deux-guerres », dans Afifa Bererhi, Naget Khadda, Christian Phéline, Agnès Spiquel (dir.), Défis démocratiques et affirmation nationale. Algérie 1900-1962, Alger, Chihab, 2016, p. 118-129.
111 F. Colonna, Instituteurs algériens…, op. cit., p. 189. La Voix des humbles, janvier 1933, p. 10-11. Laure Blévis, « De la cause du droit à la cause anticoloniale. Les interventions de la Ligue des droits de l’homme en faveur des “indigènes” algériens pendant l’entre-deux-guerres », Politix, 16-62, 2003, p. 39-64.
112 Déclaration à la préfecture de Constantine le 06-10-1933 et statuts du 03-09-1933 (art. 1 et 2), Amicale des postiers d’origine d’indigène, fonds des associations, 26/2, AWC. Compte rendu de la réunion par El Gradechi, La Voix des humbles, 25 août-10 sept. 1933, no 128.
113 Statuts du 03-09-1933, fonds associations, 26/2, AWC.
114 Membre du Syndicat des employés des PTT en 1939, 99/CFD/12, archives fédérales, IHS, CGT Montreuil. Président de l’amicale des facteurs des PTT de la recette principale de Constantine en 1953 (25/1 et 26/2, fonds association, AWA et archives de surveillance, B3/599, cabinet du préfet, ANOM).
115 Note du chef du SLNA au secrétaire général de la préfecture de Constantine, 26-10-1954, fonds des associations, 26/2, AWC.
116 Intervention de Mahieddine Zerrouk soutenue par Abdelhamid Ben Badis, Mahmoud Benyakoub, Moulay Mustapha et Mohamed Benchenane. Gga, Délégations financières algériennes. Délégations indigènes, Alger, Heinz, 1928, séance du 05-06-1928, p. 24-29.
117 Intervention du secrétaire du gouvernement général, Gga, Délégations financières algériennes. Délégations indigènes, Alger, Heintz, séance du 24-10-1932, p. 278. Voir également, Gga, Délégations financières algériennes. Délégations indigènes, Alger, Heintz, séance du 30-05-1929, p. 113-114.
118 Intervention du rapporteur du budget M. Antonelli, ibid., séance du 27-10-1932, p. 65-66.
119 « À travail égal, salaire égal ; À mérite égal, grade égal », charte revendicative du 07-07-1936. Claire Marynower, « 1936. Le Front populaire en Algérie et le Congrès musulman algérien », dans A. Bouchène et al. (dir.), Histoire de l’Algérie à la période coloniale…, op. cit., p. 402 ; C. Marynower, Être socialiste dans l’Algérie coloniale…, thèse citée, p. 541-542.
120 Lettre du docteur Bendjelloul au gouverneur général, le 11-07-1936, 3/CAB/90, ANOM.
121 Arrêté du gouverneur général Le Beau du 18-03-1938 (art. 1), JO de l’Algérie du 26-03-1938, p. 605.
122 Revendications des fonctionnaires indigènes énoncées par l’instituteur Larbi Tahrat, Congrès musulman, 1936, 3CAB/90, ANOM. JORF du 29-09-1936, p. 10266 et du 18-03-1944 (art. 1). En Tunisie, le décret du 03-06-1937 du résident général déclare tous les emplois publics accessibles sans distinction aux candidats français et tunisiens.
123 Rapports des instituteurs, cheminots, aouns, postiers et anciens combattants, congrès musulman de 1936, 3CAB/90, ANOM.
124 Journal La Tranchée, amicale des mutilés du département d’Alger, octobre 1929. Rapport sur la situation des « postiers indigènes », non daté (vers 1936) et non signé, congrès musulman, 3CAB/90, ANOM.
125 Intervention de M. Escande, Gga, Délégations financières algériennes. Délégations indigènes, Alger, Heintz, 1935, p. 31 et 194.
126 Souligné par moi. Rapport des « postiers indigènes » au congrès musulman (vers 1936, non signé), 3CAB/90, ANOM.
127 La Tranchée, octobre 1929. La Voix des humbles, no 129, 10-10-1933.
128 Andrew Abbott, « Time matters », Terrains & travaux, no 19-2, 2011, p. 183-203 ; Odile Join-Lambert, Le Receveur des Postes…, op. cit. ; Marie Cartier, « Fonction publique et mobilité sociale : rester facteur, 1939-1974 », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 51-1, 2004, p. 94-116.
129 Intervention d’Abdelmajid Ourabah, séance du 16-12-1931, Gga, Délégations financières algériennes. Délégations indigènes, Alger, Heintz, 1931 ; Intervention d’Abderrahmane Mohammed Ould Ahmed, Gga, Délégations financières algériennes. Sections arabe et kabyle, Alger, Heintz, séance du 26-03-1908, p. 949.
130 Liste nominative des auxiliaires distributeurs du département d’Alger, vers 1925, 6O/55, AWA. Relevé des auxiliaires distributeurs des trois départements, janvier 1933, 18-75/214, ANA.
131 La Voix des Humbles, no 128, 25 août-10 septembre 1933, p. 27.
132 « Postiers indigènes », rapport non daté (vers 1936), non signé, congrès musulman, 3CAB/90, ANOM.
133 Minute de lettre du secrétaire de la section de Constantine au camarade Coti à Alger, le 07-08-1939, 69-1/260, fonds Moscou, archives confédérales, CGT.
134 Arrêté du 05-10-1949 et note no 151 du 18-10-1949, Bulletin officiel du GGA, p. 145 et arrêté du 20-07-1938. Lettre du directeur du département de Constantine au ministère des PTT (service des installations, lignes et ateliers), le 01-12-1949, 19840480/1, AN Fontainebleau.
135 Arrêté du 15-04-1945, 6O/55, AWA.
136 Il est ainsi dispensé des cinq années d’ancienneté requises comme facteur titulaire. Lettre du secrétaire d’État au PTT au ministre de l’Intérieur, le 15-06-1948. Lettre du secrétaire général adjoint du gouverneur général au ministre de l’Intérieur, le 05-09-1946. 81F/1764, ANOM.
137 Lettre du directeur départemental des PTT au préfet d’Alger, le 02-02-1933 et lettre de l’administrateur de la commune mixte de Fort-National au préfet d’Alger, le 19-01-1931, 6O14, AWA.
138 O. Carlier, « Les traminots algérois des années 1930 : un groupe social médiateur et novateur », op. cit., p. 64-65 ; M. Fabre, La gare ferroviaire en Algérie pendant la période coloniale », mémoire cité, p. 105-107.
139 Abdesselem ben Abdallah, « L’Administration des Postes et son personnel tunisien », Le Fonctionnaire Tunisien, 2 février 1937, cité par S. Benzimra, L’accès à la fonction publique en Afrique de nord…, thèse citée, p. 127.
140 Lettre du directeur départemental des PTT au préfet d’Alger, le 23-12-1939, BSDN, 1K/94, ANOM.
141 Lettre de Ratah Latrèche au préfet d’Alger, le 24-10-1939, BSDN, 1K/94, ANOM.
142 O. Carlier, « Les traminots algérois des années 1930… », art. cité, p. 68.
143 Diane Sambron, Les Femmes algériennes pendant la colonisation, Paris, Riveneuve, 2009.
144 Entretiens avec Meriem F., réalisés le 23 octobre 2010 et le 13 mai 2011, Climat de France, Alger.
145 Seferdjeli Ryme, « La politique coloniale à l’égard des femmes musulmanes », art. cité, p. 361.
146 Malika est la veuve de l’avocat nationaliste algérien, Ali Boumendjel. Entretiens avec Malika Boumendjel, Puteaux, le 28 février 2012 et le 31 mai 2012.
147 Jacques Berque, Le Maghreb entre-deux-guerres, Paris, Seuil, 1962, p. 156.
148 Notice du cabinet du préfet de Constantine, novembre 1919, dossier de candidature de Mohand Izem, no 322, poste de Constantine.
149 Jeanne et André Brochier, Livre d’or de l’Algérie. Dictionnaire des personnalités passées et contemporaines, Alger, Baconnier frères, 1937.
150 Malika Rahal, Ali Boumendjel (1919-1957). Une affaire française, une histoire algérienne, Paris, Les Belles Lettres, 2010, p. 84, d’après des entretiens avec ses proches.
151 Entretiens avec Malika Boumendjel, Puteaux, le 28-02-2012 et le 31-05-2012.
152 Bulletin officiel du Gouvernement Général de l’Algérie, 57e année – 1917, Alger, Fontana frères, 1918.
153 Arrêté de mutation du préfet d’Alger, le 17-05-1940 et lettre de Belkacem Amrani au préfet, le 10-07-1940, 91/1K1017, ANOM.
154 Lettre du préfet Pagès au directeur départemental à Alger, le 30 mai 1941, 91/1K1017, ANOM.
155 Entretiens avec Malika Boumendjel, Puteaux, le 28-02-2012 et le 31-05-2012.
156 Demande de naturalisation de Mammar ben Mohammed ben Kaddour ben Ziane, le 30-11-1909 et certificat du préfet d’Alger, s. d. (vers 1908-1909), dossier 2819X07, AN Paris.
157 Lettre de recommandation du député de la Haute-Marne (Rozet), le 16-02-1910, dossier 2819X07, AN Paris. Lettre du député d’Alger, Émile Broussais, à l’inspecteur général des PTT, le 03-08-1910 ; lettre du sénateur d’Alger au gouverneur général, le 18-08-1922 ; lettre du service central au député d’Alger, le 30-08-1920 et lettre de Mammar Ziane au gouverneur général, le 30-10-1920, dossier de carrière, 18-75/282, ANA.
158 Seuls les résultats de l’analyse sont présentés ici. Le travail de saisie, les choix qui ont présidé à la constitution des variables, les traitements quantitatifs et les modélisations graphiques peuvent être consultés dans ma thèse, partie 4 du chapitre 10 et annexe 43.
159 La question de la sous-assignation du personnel colonisé dans les archives de l’administration des PTT est abordée au chapitre 6. Le décompte patronymique ne prétend être ni précis ni définitif, il a été réalisé pour disposer d’un ordre de grandeur, en s’appuyant sur les noms et prénoms du candidat et lorsque l’information était disponible sur ceux de ses parents.
160 La comparaison de statistiques agrégées portant sur l’ensemble de la population active à une date donnée avec les données lacunaires de candidats aux PTT entre 1900 et 1939 demeure malaisée. Gga, Service central de statistique, Recensement démographique quinquennal du 8 mars 1931, tome 2…, op. cit.
161 F. Colonna, Instituteurs algériens…, op. cit., p. 100.
162 Lettre du directeur départemental des PTT au préfet d’Alger, le 17-04-1937, 1K/94, BSDN, ANOM.
163 F. Colonna, Instituteurs algériens…, op. cit., p. 56.
164 L’analyse des correspondances multiples spécifique est un traitement quantitatif adapté à des données caractérisées par de forts taux de non réponse et des modalités à faibles effectifs. Le logiciel (SPAD) met en œuvre des méthodes géométriques – basées sur des calculs de variance – puis effectue des classifications ascendantes hiérarchiques (CAH), qui délimitent des groupes (appelés « classes » ou « clusters ») qui rassemblent les individus qui partagent un certain nombre de caractéristiques et se distinguent des autres groupes. Je retiens ici une partition simplifiée en trois classes de tailles très inégales. Félicité des Nétumières, « Méthodes de régression et analyse factorielle », Histoire & Mesure, 12-3, 1997, p. 271-297 ; Claire Lemercier, Claire Zalc, Méthodes quantitatives pour l’historien, Paris, La Découverte, 2008 ; Jean Chiche et Brigitte Le Roux, « Développements récents en analyse des correspondances multiples », Modulad, 42, 2010 ; Frédéric Lebaron, L’Enquête quantitative en sciences sociales : recueil et analyse des données, Paris, Dunod, 2006.
165 Dossier no 287 de Maurice Tourre, poste de Constantine.
166 Dossier no 252 de Brahim Koubi, poste de Constantine.
167 Notice de renseignement de la préfecture, juin 1936, dossier no 171 de Mohammed Ghennan.
168 Dossier no 162 d’Ahmed Fridja ben Mohammed et dossier no 2 de Mouloud Ali Bey ben Mohand, poste de Constantine.
169 91 % des postiers recrutés après 35 ans se trouvent dans ce groupe, tous ceux qui ont d’abord travaillé pour l’administration coloniale et 95 % des anciens militaires.
170 Dossiers no 202 d’Amar Sadi et no 350 d’Abderrahmane ben Salah, poste de Constantine.
171 Lettre du commandant provisoire du territoire militaire de Touggourt au directeur des PTT de Constantine, le 26-06-1935, dossier no 249bis, poste de Constantine.
172 Dossier d’Ali Haddah ben Mohammed, no 214, poste de Constantine.
173 C. Marynower, Être socialiste dans l’Algérie coloniale…, thèse citée, p. 28.
174 Sylvie Thénault, Algérie. Des événements à la guerre, idées reçues sur la guerre d’indépendance algérienne, Paris, Le Cavalier bleu, 2012, p. 37.
175 Gga, Budget annexe des Postes et Télégraphes, Projet de budget pour l’exercice 1931 présenté au Conseil des Postes et Télégraphes de l’Algérie – 1re section, Alger, Pfister, 1931.
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