Chapitre III. Morphologie d’un réseau de communication (1865-1900)
p. 95-138
Texte intégral
« Il ne faut pas perdre de vue que le Service dont il s’agit est ici, quant à présent, un Service de colonisation. Quand les immigrants s’établissent dans ce pays, leur premier souci est de rester en communication avec les leurs, et ce besoin est d’autant plus impérieux pour eux, que, s’installant généralement dans des centres en création, sur des points isolés, ils sentent plus vivement encore l’éloignement de ceux qu’ils ont laissés au-delà de la Méditerranée. Le rôle du Service des Postes et Télégraphes commence dès les premières installations ; il cherche à porter remède à cette situation pénible, et provoque, par ses subventions, l’organisation de services de voitures publiques qui, tout en portant la correspondance, créent aux nouveaux colons des moyens de relations avec les centres voisins. Souvent ces mesures ont précédé la construction des routes1. »
1Les six mille kilomètres de lignes télégraphiques déjà construits en Algérie en 1872 révèlent l’étendue du contrôle français, du littoral à la région des hauts plateaux, sans rapport avec la domination ottomane. La toile tissée par le télégraphe et les circuits du courrier participe du mouvement, jamais linéaire, par lequel la colonisation resserre son empire sur les hommes et sur l’espace2. Les zones jugées stratégiques, précocement reliées, contrastent toutefois avec des pans entiers de l’intérieur de l’Algérie longtemps privés de tout moyen de communication. En se perdant le long des lignes, on voit alors se déployer toute la gamme de la domination impériale. Les villes carrefours du réseau, les têtes de pont qui facilitent la progression en direction du sud et les interstices où le pouvoir colonial est presque absent reflètent bien ces « souverainetés feuilletées », présentées par Jane Burbank et Frederik Cooper3.
2Instruments, outils, auxiliaires, les réseaux de communication participent à l’appropriation du territoire colonisé4. Utiles aux miliaires puis aux administrations, ils favorisent aussi la circulation d’informations, de marchandises, d’argent et de personnes. Dès la fin du xixe siècle, le nord de l’Algérie est doté d’un réseau secondaire ramifié mis au service d’un public élargi. Dans les grandes étendues désertiques du Sud en revanche, les logiques militaires persistent plus longtemps. L’approche réticulaire permet de saisir l’imbrication des échelles et des logiques d’occupation ; elle est aussi un moyen de penser les limites de la colonie. Les flux de courrier ou de signaux électriques ne sont pas circonscrits à l’espace algérien. L’émigré italien expédie de l’argent à sa famille restée sur l’autre rive de la Méditerranée, le touriste anglais venu hiverner à Alger envoie quotidiennement des nouvelles à ses proches et le militaire nommé dans le Sahara échange avec Alger et le Soudan français. Les liaisons établies avec le reste de l’Afrique sous domination française façonnent l’image d’une continuité impériale.
Quadriller, contrôler et administrer le Tell
Un instrument de l’appropriation du territoire
3Dans les années 1860-1880, la domination française demeure précaire, y compris au nord de l’Algérie. Les territoires civils forment toujours des poches de colonisation discontinues et plusieurs tribus contestent encore frontalement la présence française5. La population européenne se concentre déjà dans les villes et certains villages, de sorte que l’occupation du territoire ne sera jamais ni complète, ni homogène. Les réseaux donnent néanmoins une consistance à cette réalité impériale6. Dans les régions du Tell et des hautes plaines, les lignes télégraphiques et postales, tout comme le chemin de fer, les routes et les services maritimes, renforcent les liens entre des populations éparses et véhiculent la représentation d’un territoire contrôlé et continu.
Dans le sillage des militaires
4L’établissement d’un service postal, même rudimentaire, a très tôt constitué une priorité de l’armée française. Dans la vallée du Chélif, mais aussi à Géryville ou Bou Saada, les militaires ont souvent organisé le transport des correspondances avant même de s’atteler à la construction de routes carrossables. Il en résulte une première armature conçue par – et pour – l’armée qui, sans dédaigner la trame préexistante des relais et des caravansérails*, favorise le développement de nouveaux centres de population7. Comme en Afrique occidentale française (AOF) et en Indochine, le télégraphe accompagne la progression des colonnes militaires8. Comme en Chine ou dans l’Empire ottoman, il devient un relais précieux du pouvoir central dans le contrôle des régions périphériques9. Où qu’ils soient, les gouvernants sont les premiers bénéficiaires de ces équipements, comme le suggèrent les propos du ministre de la Guerre en 1854 :
« Les services rendus par le télégraphe pour le gouvernement des tribus, ont décidé mon département à donner une grande extension à cet utile auxiliaire de notre domination en Algérie. Cette communication rapide des nouvelles, cette facilité de réprimer les premiers ferments d’agitation, de combiner presqu’instantanément les mouvements de troupes, ont imprimé aux Arabes une terreur salutaire10. »
5Les autorités reconnaissent au télégraphe des atouts décisifs pour assurer la surveillance et la sécurité du pays, dans un contexte où la menace ennemie est présentée comme permanente : « Aujourd’hui encore [en 1878], nos surveillants* d’Afrique ne parcourent les lignes électriques qu’armés de revolvers. Dans toutes les insurrections de l’Algérie, les télégraphistes ont constamment fait preuve de courage et de dévouement, en construisant des lignes au milieu de tribus révoltées et sous le feu de l’ennemi11. »
6Déjà au moment de la conquête de la Kabylie dans les années 1850, le télégraphe assure la communication des troupes françaises avec Alger. « À mesure que la colonne expéditionnaire avançait dans le pays insoumis12 », le directeur du service télégraphique, Jules Lair, établit la ligne entre Bordj-Ménaïel, Tizi-Ouzou et Fort Napoléon (ancien nom de Fort-National). Les militaires transportent également le courrier, y compris celui destiné aux populations civiles. Jusqu’à ce que le gouverneur général organise en Kabylie un service postal régulier. À la fondation du village de Palestro en 1869, il décide ainsi qu’« un arabe partira tous les jours à midi pour le col [des Beni-Aïcha, situé à 26 km] et sera de retour dans la matinée du lendemain13 ».
7Le passage de relais des militaires aux services civils est interrompu par l’insurrection qui éclate au début de l’année 1871, lorsque Mohammed el-Mokrani et plusieurs milliers de Kabyles s’attaquent aux fermes et aux centres de colonisation. La population européenne se réfugie dans les bordj-s* et les renforts militaires sont un temps tenus en échec14. Sans doute parce qu’ils symbolisent l’emprise de l’État colonisateur et qu’ils sont de précieux outils de la répression, les poteaux et les fils télégraphiques sont pris pour cible. Les liaisons entre Les Issers, Dellys et Fort Napoléon et entre Aumale et Dra-el-Mizan sont mises hors service et au total, 573 kilomètres de lignes sont détruits, ce qui représente presque 10 % de l’ensemble du réseau algérien15. Malgré l’importance de ces dégradations, le volume des correspondances officielles circulant en Algérie triple en 1870 et 1871 par rapport à l’année précédente, du fait de l’insurrection et de la guerre contre la Prusse16.
8La restauration de l’ordre colonial en Kabylie passe aussi par la réfection du télégraphe. À partir l’automne 1871, 426 kilomètres de ligne sont réparés et 1 122 kilomètres de fil sont posés17. Le remplacement du personnel militaire par des agents de l’administration télégraphique se poursuit et à Dra-el-Mizan, Fort-National et Tizi-Ouzou18, les services postaux ou télégraphiques, installés dans des locaux provisoires ou repliés pendant l’insurrection dans le fort militaire, sont déplacés vers le centre du village. Entre 1872 et 1875, le « retour à la normale » en Kabylie absorbe une partie des efforts d’équipement : Palestro obtient un bureau télégraphique municipal, de même que Bordj-Ménaïel et le col des Béni-Aïcha19. Pour quadriller la région par un réseau de communication plus dense, l’administration coloniale exige des municipalités qu’elles financent une partie des équipements postaux et télégraphiques, selon une tendance qui caractérise aussi bien le nord de l’Algérie que la métropole. Une spécificité locale toutefois : certaines communes profitent de la dépossession consécutive à la répression du soulèvement kabyle. Lorsqu’est envisagée, en 1874, l’ouverture d’un bureau de poste à Rebeval, les conseillers municipaux proposent ainsi d’utiliser la maison de Mohamed Cherif ben el Haoussin el Grebissi, « un arabe compromis dans l’insurrection20 ». Le chef du service des Domaines vante la position de cet immeuble à l’entrée du village et le long de la route qui relie Alger à Dellys et « son état de conservation [qui] rendrait commode l’installation et le logement d’un employé21 ». Séquestrée par arrêté du 4 septembre 1871, la maison est finalement partagée avec l’administration des Ponts et Chaussées.
9Outils de conquête et de reconquête, les réseaux de la poste et du télégraphe sont donc à la fois des cibles de l’insurrection et des vecteurs de sa répression. Mais une fois la rébellion étouffée, les populations européennes présentent d’autres revendications que la sécurité. Elles demandent des services publics de proximité, en dépit d’un trafic encore très faible. En 1874, le bureau télégraphique de Dra-el-Mizan n’expédie, en moyenne, que quatre ou cinq télégrammes par jour. Beaucoup de chemin reste encore à parcourir jusqu’aux années 1920, lorsque ces bureaux de Kabylie deviennent extrêmement dynamiques, à la faveur de projets de colonisation volontaristes, grâce à l’alphabétisation des populations colonisées et d’intenses mouvements migratoires (chap. vii).
10Les allées et venues des facteurs réaffirment quotidiennement la souveraineté française dans les campagnes algériennes. Tout comme les poteaux et les fils du télégraphe qui marquent l’espace colonisé et le transforment progressivement en territoire approprié. Dès 1854, le télégraphe relie chaque subdivision de l’Algérie (Bône exceptée) au chef-lieu de division et à Alger22. Localement, cette présence suscite parfois des tensions avec les populations algériennes. En mars 1875, les services du Génie décident d’établir un poste de télégraphie optique sur le sommet de la montagne de Belloua, à l’intérieur du cimetière arabe et juste devant le tombeau d’un saint. Ce point culminant est jugé stratégique car il offre une visibilité jusqu’aux environs d’Alger23. La djemaa* du douar* finit par accepter la construction, à condition que les sépultures soient respectées.
Les usages administratifs de la poste et du télégraphe
11Jusque-là monopole politique au service de la sécurité du territoire, le réseau télégraphique ouvre au public en 1851 en France métropolitaine et en 1854 en Algérie. Les agents chargés des transmissions sont astreints au secret de la correspondance, a fortiori lorsqu’elle touche à la sécurité de l’État, mais les préfets et les commandants de province peuvent suspendre toute communication privée qui renfermerait des indications utiles à la sécurité ou à la résolution de crimes et de délits24. Le sous-préfet de Miliana déplore ainsi, en octobre 1870, que le contenu d’une dépêche relative à la guerre franco-prussienne ait été révélé par un employé du télégraphe25. Pour éviter ces incidents, le gouverneur général, le secrétaire général du gouvernement et les préfets utilisent parfois un langage chiffré pour communiquer entre eux et avec Paris. Le télégraphiste qui reçoit alors les messages ne peut en comprendre le contenu26.
12De ces réseaux de communication dépend la marche quotidienne des administrations établies en Algérie, auxquelles les services des postes et du télégraphe réservent certaines facilités. Les télégrammes urgents transmis après l’heure de fermeture sont directement apportés au domicile de l’administrateur ou du préfet par un auxiliaire des P&T. La recette principale d’Alger, fermée au public à partir de 18 heures dans les années 1870, demeure accessible aux vaguemestres qui peuvent passer par la cour jusqu’à 21 heures. Les coursiers de la préfecture sont également autorisés à apporter dès 4 h 30 les lettres et les paquets préparés dans la soirée ou la nuit afin qu’ils profitent des premiers départs du matin27.
13La franchise – cette exemption de taxe postale ou télégraphique accordée par la loi à certaines correspondances relatives au service de l’État – est un autre avantage dont bénéficient, dès les années 1830, les militaires et les fonctionnaires civils présents sur le terrain algérien28. Comme en métropole, les préfets, les sous-préfets ou encore les maires recourent à la franchise postale, qui s’élargit bientôt aux administrateurs de communes mixtes et à certains de leurs adjoints « indigènes29 ». La franchise télégraphique reste, en revanche, très encadrée et réservée aux autorités supérieures. Les maires ne peuvent l’utiliser que lorsque surviennent « des crimes et délits et des événements graves tels que : incendies de forêts, inondations, invasions de criquets30 ».
14Pour bénéficier de l’exemption, la dépêche doit être officielle, urgente et abrégée au maximum. En 1854, le gouverneur général rappelle que ce mode de communication n’a pas vocation à résoudre les affaires courantes et qu’il doit demeurer « un instrument politique de Gouvernement et non d’administration31 ». Pourtant, le préfet d’Alger y recourt en 1891 pour rémunérer par mandat les instituteurs de son département32. D’autres utilisent cet avantage pour annoncer un décès ou demander un congé. Ces dépêches excessivement longues (parfois de 700 ou 800 mots) encombrent les lignes sans rapporter aucun revenu au service33. Si sa fonction initiale perdure – résoudre les cas de force majeure et permettre une réaction rapide si l’ordre colonial se trouvait déstabilisé – la franchise s’est imposée en Algérie comme un outil quotidien d’administration. Des deux côtés de la Méditerranée, comme ailleurs dans l’empire colonial, fonctionnaires et militaires sont fréquemment rappelés à l’ordre et les employés du télégraphe invités à « refuser rigoureusement toutes les dépêches qui auraient pour objet des intérêts privés34 ». Les autorités persistent à dénoncer ces abus à la veille de la Première Guerre mondiale ; preuve sans doute que ces mises en garde n’ont guère été entendues.
Un réseau hiérarchisé
15L’architecture du réseau se transforme radicalement entre les années 1860 et la fin du xixe siècle (carte 3). Le train et la diligence se sont progressivement substitués au transport par cavalier. Le nombre de localités desservies s’est nettement accru et les liaisons entre elles sont plus rapides et plus fréquentes, si bien qu’on peut parler à la fois d’une meilleure connexité (plus de communes équipées) et d’une meilleure connectivité (liaisons supplémentaires entre des points déjà connectés) du réseau postal35. Au même moment, neuf mille kilomètres de lignes télégraphiques tracent l’une des trames les plus maillées au nord de l’Algérie, après celle du réseau routier36.
Carte 3. – Les routes du courrier au nord de l’Algérie en 1865 et 1898.


16L’évolution de ces réseaux de communication n’est pourtant ni spontanée, ni linéaire37. Comme en métropole, l’armature initiale répond d’abord à une logique de contrôle militaire et politique du territoire, avant que les usages privés et commerciaux ne deviennent ensuite prépondérants. En 1863, dix ans à peine après l’ouverture au public du télégraphe, les dépêches officielles représentent déjà moins d’un quart des télégrammes expédiés depuis l’Algérie (24 %)38. Une proportion qui tombe, en 1900, à 10 % du total des télégrammes expédiés, à un niveau proche de la métropole (graphique 3)39. La « pacification » du Nord de l’Algérie coïncide, en outre, avec l’ouverture de bureaux de poste dans les centres de colonisation qui accueillent les populations européennes. Reste que les impératifs de gouvernement ne s’effacent jamais tout à fait, y compris dans le Tell. Des considérations militaires déterminent, en 1901, l’ouverture d’un bureau télégraphique à Bourbaki, dans la région du Sersou. De même, certaines opérations aux frontières marocaines et tunisiennes donnent lieu ponctuellement à d’abondants échanges de télégrammes officiels40.
Graphique 3. – Dépêches télégraphiques expédiées depuis les départements algériens en 1900.

Source : Gga, Statistique générale de l’Algérie, année 1900-1901, p. 138.
Quelques principes de différenciation spatiale
17Certaines agglomérations concentrent et redistribuent les flux de lettres et de signaux électriques. Dès les années 1840, des diligences relient chaque jour Alger aux localités alentour dans un rayon de 25 à 30 kilomètres. Le maillage des bureaux de poste dans la Mitidja atteint d’ailleurs des densités inégalées sur le reste du territoire, en réponse à un trafic lui-même très supérieur. Le seul central d’Alger expédie, au cours de l’année 1874, 44 % des télégrammes privés du département et sans doute une proportion plus grande encore des dépêches officielles (carte 4). Bône, Alger et Oran deviennent des nœuds vers lesquels convergent navires, câbles sous-marins, voitures à cheval et bientôt trains et autobus. Dans ces grandes villes portuaires, l’administration des P&T tente de réduire au maximum les inconvénients de la rupture de charge. Les sacs de courrier sont soigneusement rangés à l’intérieur du bateau pour être rapidement acheminés vers la recette principale ou la gare. En 1878, le courrier part quotidiennement d’Alger pour Oran, via la vallée du Chélif. Côté Est, il atteint Constantine en 47 heures par Palestro et Sétif41. En 1901, deux tiers des correspondances en provenance ou à destination de l’Algérie transitent par Alger42.
Carte 4. – Nombre de télégrammes privés expédiés dans le département d’Alger en 1874.

18En dehors des chefs-lieux de département et des villes portuaires, d’autres localités tirent parti de leur position. Dans la seconde moitié du xixe siècle, la vallée du Chélif supplante la route maritime et s’impose comme un axe de circulation privilégié qui draine les flux de voyageurs, de marchandises et d’informations. Avec la construction de la route nationale no 4 et de la voie ferrée, les voies transversales vers Tipaza, Cherchell ou Ténès ne sont plus des artères indépendantes, mais « des affluents venant se déverser dans un courant longitudinal dont l’attraction sera irrésistible43 ».
19Sans doute serait-il excessif de croire que fleurissent subitement villages, bureaux de poste et poteaux télégraphiques le long de la ligne de chemin de fer Alger-Oran. Le rail demeure en Algérie un aménagement tardif et sauf exception, il ne précède pas le télégraphe. En 1871, seulement 513 kilomètres de voies ferrées relient Oran et Alger d’une part, et Philippeville à Constantine d’autre part44. Jusqu’à la fin du xixe siècle, la toile télégraphique est en permanence trois fois plus étendue que le réseau ferroviaire. Le couple gare-bureau de poste n’est pas non plus systématique, tant les voies ferrées sont rares et coûteuses. Dans le département d’Oran en 1903, 51 communes cumulent ces deux équipements mais 74 autres, dotées d’un établissement postal, ne se trouvent pas sur le passage du train45.
20S’il faut donc nuancer les discours de l’époque qui décrivent le chemin de fer comme un puissant instrument de colonisation46, force est toutefois de constater que l’information circule rapidement le long de ces lignes, tout comme les sacs de courrier acheminés à bord des trains. Certaines localités doivent leur prospérité à l’installation de la gare, comme le centre d’Affreville qui se développe au détriment de la ville voisine de Miliana, pourtant siège de sous-préfecture. D’autres confirment une position stratégique ancienne. Le réseau télégraphique et postal puis la voie ferrée s’appuient sur les caravansérails* d’Oued-Fodda et des Attafs et sur les centres plus importants d’El-Affroun et Orléansville. Les empreintes des tracés antérieurs transparaissent le long des quatre cents kilomètres de lignes, rails et routes qui relient Alger à Oran par la vallée du Chélif.
21Le réseau de 1898 s’adosse à l’armature de 1865 mais la prolonge et la ramifie vers le nord et vers le sud (carte 3). Le cavalier qui apportait le courrier à Teniet-el-Haād a été remplacé trente ans plus tard par des entreprises de transport qui parcourent en diligence le Sersou. En 1898, le télégraphe atteint désormais Vialar et Taza et relie Marengo, Cherchell et Gouraya. Avec le déclin du cabotage le long du littoral et la logique de front pionnier en direction du Sahara, ces axes perpendiculaires à la voie ferrée Alger-Oran se déversent vers « l’artère maîtresse47 ».
22Les localités se trouvent hiérarchisées suivant des critères démographiques, géographiques et administratifs et les infrastructures réparties de manière raisonnée sur le territoire algérien. Des recettes des P&T, financées par l’État, ont été ouvertes aux chefs-lieux des circonscriptions, qui sont aussi les communes caractérisées par les plus forts effectifs de population européenne. C’est le cas de Teniet-el-Haād, Ténès ou Cherchell, également sièges d’une caserne, d’une gendarmerie et d’une justice de paix. Inversement, les petites communes éloignées de l’axe principal obtiennent un bureau secondaire qui n’assure pas tous les services, fonctionne avec un personnel auxiliaire et reste longtemps à la charge du budget municipal. Au début du xxe siècle, le service algérien des PTT mobilise un système de points qui rappelle le barème métropolitain élaboré en 1882 par Albert Hec48. De ce classement, actualisé tous les cinq ans, découle l’amélioration de l’équipement de certaines communes49.
Des poches d’inaccessibilité
23Le maillage reste toutefois nettement moins dense qu’en métropole. Avec ses 75 bureaux télégraphiques et une centaine d’établissements postaux en 1872, l’Algérie ne semble pas, à première vue, faire mauvaise figure par rapport aux départements métropolitains, qui comptent en moyenne vingt-trois bureaux télégraphiques. Il faut cependant rappeler l’immensité des départements d’Alger, Oran et Constantine, cinq fois plus vastes en moyenne que ceux de métropole50. Alors que la route et le train placent Oran aux portes d’Alger, les infrastructures des P&T demeurent plus clairsemées dans la partie orientale du territoire colonisé51. Constantine est un nœud stratégique qui redistribue les flux d’information, de courrier, de marchandises et de passagers vers Bône, Philippeville ou Sétif, vers Souk-Ahras et la Tunisie à l’est et, plus au sud, en direction de Tébessa et Batna. Mais ce réseau de communication en étoile complique les échanges directs entre les villes de l’Est et à la veille de la Première Guerre mondiale, un délégué financier s’inquiète du sous-équipement du Constantinois52.
24Les nouveaux moyens de communication (télégraphie électrique, navigation à vapeur, chemin de fer, etc.) contractent l’espace-temps. Le rythme des échanges s’accroît globalement, même si la fréquence et la rapidité des dessertes restent dans les faits très variables. Situé à seulement 38 kilomètres de Sidi-bel-Abbès, Sebdou n’est relié qu’à cheval tous les quatre jours en 1865, alors que la liaison d’Oran à Sidi-bel-Abbès (80 km) est effectuée quotidiennement par diligence. Les données manquent pour réaliser une carte en anamorphose qui déformerait le territoire algérien en fonction de l’accessibilité postale. On verrait alors se dilater l’espace saharien, hormis le long des axes perpendiculaires régulièrement parcourus par des cavaliers à la solde du commandement militaire. Les principales villes du nord de l’Algérie se rapprocheraient les unes des autres, de même que les deux rives de la Méditerranée, traversée par des navires en moins de 36 heures. 36 heures, c’est pourtant le temps qu’il faut au cavalier parti de Constantine pour emprunter la route escarpée qui mène à Djidjelli, en Petite Kabylie53. À la fin du xixe siècle, les distances-temps relatives se sont accrues, dessinant un espace finalement plus ségrégé.
25À une échelle beaucoup plus fine, l’emplacement des boîtes aux lettres et des bureaux des grandes villes fait apparaître d’autres logiques de différenciation spatiale. Il existe, dans les années 1870, une quinzaine de boîtes publiques à Alger et chaque jour, deux facteurs parcourent six fois un circuit d’une demi-heure à pied pour en relever le courrier54. Ces boîtes aux lettres sont placées à côté d’édifices importants, près d’une église ou adossées à un café55. Elles jalonnent la partie basse de la ville, mais ne pénètrent guère au nord de la rue de la Lyre, hormis celles installées place Randon et au 50, rue de la Casbah. Durant la seconde moitié du xixe siècle, la pression exercée par de puissants syndicats commerciaux contribue à améliorer sensiblement la desserte de la population européenne du centre-ville. En revanche, pour effectuer les opérations les plus simples, les habitants de la Casbah doivent descendre jusqu’à la place du Gouvernement. Alors que trente mille personnes résident dans ce quartier, leurs représentants demandent jusque dans les années 1930 la création d’un bureau de poste secondaire56.
Un réseau de colonisation façonné avec le concours des municipalités
26La structure du réseau révèle les priorités des autorités dans l’aménagement du territoire colonisé. Hauts fonctionnaires de la poste, du télégraphe, du gouvernement général et des préfectures se concertent pour décider des équipements financés par le budget de l’Algérie. Au début des années 1870, ils renforcent les lignes existantes et dédoublent les conducteurs pour écouler un trafic croissant. Mais ces aménagements ne suffisent pas à répondre aux attentes des populations européennes, qui exigent davantage de services de proximité.
La pression des usagers européens
27Les archives de la wilaya d’Alger débordent des échanges entre le service algérien des P&T d’une part, et les conseils municipaux, les chambres de commerce ou de simples habitants d’autre part. Ces requérants « européens » sollicitent l’ouverture de bureaux postaux ou télégraphiques dans leur commune ou protestent contre certains dysfonctionnements. En 1872, les commerçants et industriels de Médéa réclament un bureau télégraphique à La Chiffa, « cette localité où tout ce qui alimente le commerce du Sud est obligé de stationner57 ». La rhétorique de ces lettres s’adapte aux attentes de l’État colonial, rappelant qu’un bureau de poste ou une tournée supplémentaire sont devenus indispensables au développement des centres agricoles ou à la bonne marche du commerce. La localité de Mustapha, dans l’agglomération d’Alger, est à plusieurs reprises l’objet de critiques58. Un habitant incrimine, en 1888, le manque de boîtes aux lettres, le déficit de personnel et un « bureau où tout respire la misère » :
« Il a l’air d’une banque en déconfiture, dépourvue de son mobilier, n’ayant plus que ses guichets, dont un seul s’ouvre pour tous les services, pas un banc pour s’asseoir, rien, nudité complète, pas une inscription, pas même une place pour écrire un télégramme. L’ensemble est parfait59 ! »
28Dans les principales villes d’Algérie, plaintes et pétitions transitent le plus souvent par la chambre de commerce qui, toujours selon le même habitant de Mustapha, « est en quelque sorte chargée de la surveillance des services publics se rapportant au commerce et à l’industrie ». L’institution relaie d’innombrables réclamations concernant l’organisation des services, le passage tardif du facteur ou l’acheminement trop lent du courrier.
29Dans les années 1870, les bureaux de poste des localités les plus importantes sont installés aux frais de l’État. À Koléa, dans la banlieue d’Alger, « l’état de vétusté » du local, son manque d’aération et l’humidité du rez-de-chaussée motivent ainsi la location d’un nouvel immeuble en 190260. Au tournant du siècle, le service algérien des P&T est de plus en plus enclin à faire respecter les normes d’hygiène, de sécurité et de confort importées de l’administration métropolitaine. Outre l’aménagement d’une salle d’attente, les bureaux où s’effectuent les opérations confidentielles ne doivent pas être visibles du public ; les fenêtres du rez-de-chaussée doivent être munies de barreaux en fer scellés dans le mur et les portes de verrous et de serrures de sûreté61. Dans les villages plus petits, c’est généralement aux communes qu’il revient de faire appliquer ces règles. Les conventions exigent en effet que le conseil municipal mette à disposition du service des P&T « un local composé de deux pièces facilement accessibles qui seront affectées au bureau et à la salle d’attente62 ». À Pont-du-Chélif en 1900, une partie de la pièce de travail est réservée à l’attente du public, tandis que le reste de ce modeste rez-de-chaussée est divisé en une cuisine et deux chambres à coucher pour loger le receveur et sa famille. Ces derniers utilisent les latrines, le hangar et l’écurie situés de l’autre côté de la cour63.
30Bien qu’un médecin soit chargé d’attester de la salubrité des installations municipales, les conditions de clarté, d’espace ou de chaleur se trouvent rarement réunies. En 1873, le directeur des postes menace de fermer le bureau de Bordj Menaïel si aucun local satisfaisant n’est fourni par la municipalité : « C’est exclusivement dans l’intérêt des communes, sur leur demande instante, que les services en question ont été créés, il semblerait naturel qu’elles dussent, pour assurer leur fonctionnement, s’imposer quelques sacrifices64. » Cela dit, ces instructions ne semblent guère mieux appliquées en Ariège, en Haute-Garonne ou en Normandie et à la fin du xixe siècle, les témoignages métropolitains évoquent aussi « des bureaux minables, poussiéreux, mal installés, imprégnés d’odeur de craie et d’encre oléique65 ».
L’implication financière des communes
31Jusqu’en 1869, tous les bureaux télégraphiques sont financés par le budget de l’Algérie. À partir de cette date, l’administration établit un réseau secondaire « construit avec le concours des communes » et « destiné à desservir des intérêts privés plutôt que ceux de l’État66 ». Le gouverneur général de l’Algérie approuve ainsi la création de bureaux « dans les localités non encore rattachées au réseau et dont le peu d’importance, au point de vue des intérêts généraux, ne justifierait pas, quant à présent, les dépenses qu’impose à l’État l’établissement de bureaux gérés dans les conditions ordinaires67 ». Les municipalités s’engagent alors à fournir les locaux nécessaires au service et au logement de l’employé et à financer une partie des frais d’établissement de la ligne électrique. Elles ont désormais l’initiative, présentent au préfet un projet de convention et approuvent la dépense estimée par l’inspecteur des télégraphes. La réforme est calquée sur le service métropolitain qui, depuis le début des années 1860, met à contribution les municipalités pour développer le réseau télégraphique cantonal68. Dans le département d’Alger, la création des bureaux à service limité (fermés entre 12 et 14 heures) et des bureaux municipaux fait ainsi doubler le nombre de localités desservies par le télégraphe entre 1871 et 187669.
32Dans le domaine postal, le gouverneur général Alfred Chanzy déplore la lenteur des créations à la fin des années 187070. Il faut en effet attendre les réformes du ministère Cochery pour que se développe une armature postale appuyée sur des structures peu coûteuses, comme les établissements de facteurs-boîtiers et les distributions auxiliaires. Le nombre d’établissements passe alors, en Algérie, de 295 en 1880 à presque 600 au début du xxe siècle. La tendance est identique à celle de la métropole, où Nicolas Verdier décrit, pour les départements de l’Eure et de la Seine, « une vague de créations sans précédent » après 188071. Le rôle financier des municipalités est, là encore, déterminant. À partir de 1887, elles supportent l’essentiel des dépenses liées à la création des nouveaux bureaux auxiliaires, fixent le salaire du gérant et décident des horaires d’ouverture. En 1898, le gouverneur général propose d’étendre les responsabilités confiées aux gérants de ces bureaux : « Il semble donc que c’est dans cette voie qu’il y a lieu de s’engager pour l’avenir. On pourrait ainsi créer à peu de frais un assez grand nombre d’établissements qui effectueraient, outre la distribution à domicile dans l’agglomération, les opérations postales les plus élémentaires », comme la réception des lettres recommandées, l’affranchissement ou le service des mandats72.
33Les municipalités se trouvent tiraillées entre les exigences de leurs électeurs, qui revendiquent ces services publics, et leurs propres contraintes budgétaires. En 1869, le conseil municipal de Mouzaïaville décide d’ajourner l’installation du bureau télégraphique, au motif que dans ce « chef-lieu peuplé de cultivateurs, tout le commerce se borne à quelques débitants73 ». Certaines communes anticipent les risques d’un tel investissement, tandis que d’autres déplorent a posteriori le manque de rentabilité du service. Lorsqu’en 1909, la municipalité de Saoula, dans les environs d’Alger, décide de ne plus contribuer au loyer du bureau qu’elle paie depuis quinze ans, les recettes télégraphiques et téléphoniques ne s’élèvent qu’à 188 francs, bien loin des 500 francs requis pour pouvoir être libéré de cette charge74. Des tensions compliquent donc les relations entre l’administration et les communes, lorsque celles-ci tardent à trouver un local ou à voter la part contributive exigée pour leur bureau de poste : « Dans le cas où des communes persisteraient dans leur négligence ou leur mauvais vouloir, le Gouvernement général n’hésiterait pas à attribuer les bureaux prévus en leur faveur à d’autres localités75. »
Nuancer le désengagement de l’État
34Le ministère des Postes et des Télégraphes et les services du gouvernement général défendent une « organisation aussi simple que possible et dont le fonctionnement peut être assuré moyennant une dépense des plus minimes76 ». Ils laissent ainsi le réseau de communication se construire au gré des capacités financières des municipalités, sans engager de politique claire d’aménagement du territoire. Des nuances doivent toutefois être apportées. Le gouvernement général continue de sélectionner chaque année quelques localités prioritaires, dont les services postaux et télégraphiques sont entièrement financés par le budget de la colonie. Ailleurs, il subventionne tout de même la création des nouveaux bureaux, de sorte que les communes ne supportent pas seules la totalité des frais77. Dans les années 1890, les services du gouvernement général assument également un tiers des dépenses d’établissement des nouvelles lignes téléphoniques, le reste étant partagé par les conseils généraux et municipaux78. Le budget algérien des PTT contribue enfin au transport du courrier et des voyageurs à l’intérieur de l’Algérie, une lourde charge, « hors de proportion dans la plupart des cas, avec les services exclusivement postaux rendus aux populations desservies79 ».
35Un autre chapitre du budget de l’Algérie finance une partie des infrastructures postales et télégraphiques installées dans les nouveaux centres de colonisation. Ces villages, généralement constitués grâce à l’appropriation de terres prises sur les douars voisins, sont aménagés pour des colons, auxquels le gouvernement général attribue des lots à cultiver80. Les élus locaux entendent faciliter la desserte de ces centres, où sont vaillamment venus s’installer quelques Européens. Il y va de la réussite de la colonisation et aussi de leur réélection :
« Les colons ont pris possession de leur concession, et aujourd’hui, ils réclament parce qu’ils ne peuvent pas envoyer leurs enfants à l’école et qu’ils n’ont pas de bureaux de poste […]. On a créé des centres de colonisation, mais sans y nommer de facteur ni d’instituteur81. »
36C’est au service de la colonisation qu’incombe la charge de construire, souvent dans l’urgence, la mairie, l’école ou la fontaine et de donner au nouveau village la physionomie de l’espace habité en métropole. Son budget rémunère parfois l’instituteur ou le médecin et, s’il reste un peu d’argent, finance l’ouverture d’un bureau de poste. Au tout début du xxe siècle, ce service accompagne l’extension des communications dans les plaines du Sersou, au sud de la vallée du Chélif. Un établissement de facteur-receveur est installé, en 1905, à Pont-du-Caïd et des bureaux sont ouverts à Vialar, Letourneux et Bourbaki82. Lorsqu’est créé le centre de Hardy en 1910, l’administrateur de la commune mixte sollicite encore le service de la colonisation pour installer des équipements postaux et télégraphiques qu’il juge indispensable « au point de vue de la sécurité83 ». Ces combinaisons financières – qui associent la municipalité, le service de la colonisation et les P&T – ne concernent cependant que deux ou trois localités chaque année, venant façonner à la marge le réseau de communication de l’Algérie. Des requêtes sont sans cesse ajournées et en 1911, l’administration refuse de financer le transport de dépêches entre Boghari et Letourneux, au motif qu’elle entraînerait une dépense « absolument hors de proportion avec l’intérêt postal en cause84 ».
37L’administration locale entreprend de désenclaver les régions les plus déshéritées et soutient l’implantation des nouveaux colons. Sélectives, ses interventions révèlent toutefois une tension permanente entre une ambition de service public et le refus d’en supporter l’intégralité des coûts.
Administrer à moindres frais
Retour sur la sous-administration
38Le contraste entre les réseaux de communication algérien et métropolitain est saisissant. Qu’il s’agisse du nombre de points de contact avec le public (établissements, boîtes aux lettres), de l’extension des lignes télégraphiques ou du transport des correspondances, le niveau d’équipement de l’Algérie reste nettement inférieur (tableau 6). Lorsque la vague de créations de la fin du xixe siècle dote l’Algérie de 603 bureaux des PTT en 1903, la métropole atteint dans le même temps les 10 000 établissements. C’est donc un réseau dix à vingt fois moins dense qui se déploie en Algérie pour une superficie à peu près équivalente, si l’on ne considère que la partie nord du territoire colonisé85. Les écarts se mesurent autant en termes d’équité territoriale (nombre de bureaux par kilomètre carré) que du point de vue démographique (nombre d’habitants desservis par un bureau). Alors que vers 1900, les départements métropolitains disposent en moyenne d’un bureau de poste pour 3 790 habitants, l’Algérie, territoires militaires compris, n’est équipée que d’un bureau pour 12 700 habitants86.
Tableau 6. – Comparaison des réseaux métropolitain et nord algérien.
Algérie | France métropolitaine | |
Kilomètres de lignes et bureaux télégraphiques en 1872 | 6 200 km 72 bureaux | 41 248 km 2 025 bureaux de l’État + 1 228 bureaux de gares |
Kilomètres de lignes télégraphiques en 1900 | 10 563 km | Non renseigné |
Nombre de bureaux P&T en 1880 | 295 | 5 942 |
Nombre de bureaux P&T en 1900 | 570 | 10 195 |
Sources : A. Etenaud, La Télégraphie en France et en Algérie depuis son origine jusqu’au 1er janvier 1872, Montpellier, Impr. centrale du Midi, 1872, tome II. Gga, Service des PTT, Notice sur l’organisation du service depuis la conquête et Exposé de la situation au 1er janvier 1904, Alger, Jourdan, 1904. Gga, Exposé de la situation de l’Algérie par M. le Gouverneur général Paul Revoil, Alger, V. Heintz, 1902, p. 95, [http://www.laposte.fr/chp/mediasPdf/statistiques/LesBureauxDePoste.pdf], consulté le 27-06-2017].
39Sans doute ce maillage bien lâche des services publics a-t-il contribué à asseoir l’idée, présente dans l’historiographie, de la sous-administration de l’Algérie. On pourrait d’ailleurs établir des comparaisons similaires pour le réseau routier ou le niveau des équipements médicaux et scolaires87. Pourtant, ces premiers ordres de grandeur tendent à masquer d’importants écarts de répartition sur le territoire algérien, notamment entre les communes mixtes et de plein exercice. Rappelons que les communes de plein exercice élisent un maire et fonctionnent largement sur le modèle métropolitain, tandis que les communes mixtes sont des créations coloniales : dirigées par un administrateur, elles peuvent atteindre la taille d’un département métropolitain. Cette organisation municipale, conçue comme transitoire en 1868, en attendant l’accroissement du peuplement européen88, est venue entériner la séparation socio-spatiale des populations. Vers 1900, 78 % des Algériens colonisés vivent en commune mixte ou indigène, alors que 93 % de la population européenne réside dans une commune de plein exercice89. À cette date, plus de la moitié des établissements postaux ou télégraphiques de l’Algérie (57 %) ont ouvert dans des communes de plein exercice90. Un bureau y dessert alors, en moyenne, 51 km2 et 4 533 habitants, un ordre de grandeur analogue à celui observé pour la métropole (tableau 7)91. En 1903, seules quatre communes de plein exercice (sur 82) du département d’Oran ne possèdent ni bureau de poste, ni liaison télégraphique. Mais les 1 307 habitants de Belle-Côte, dans l’arrondissement de Mostaganem, n’ont guère plus de trois kilomètres à parcourir pour se rendre à la poste de Tounin92.
Tableau 7. – Équipement de la métropole et des communes de plein exercice en Algérie en 1901.
France métropolitaine | Algérie (communes de plein exercice) |
1 bureau pour 53 km² | 1 bureau pour 51 km² |
1 bureau pour 3 790 habitants | 1 bureau pour 4 533 habitants |
Sources : [http://www.laposte.fr/chp/mediasPdf/statistiques/LesBureauxDePoste.pdf], consulté le 28-03-2012. Direction générale de la poste, Annuaire de l’Administration des postes et des télégraphes de France pour 1901. Manuel à l’usage du commerce, de la finance et de l’industrie, Paris, Paul Dupont, 1901. Paul Pelet, Atlas des colonies françaises, Paris, Armand Colin, 1902.
40Pour les neuf Européens sur dix qui résident en commune de plein exercice, l’accès au service public des P&T est donc à peu de chose près identique à la métropole. Dans ces communes-là, l’équipement est donc moins précaire qu’on ne l’a parfois avancé. Le gouverneur général Charles Jonnart décrit même une situation florissante en 1892 : « Il n’est de si petite commune en Algérie qui ne prétende jouir de squares, de rues plantées d’arbres, d’eau potable, de trottoirs, de marché, d’abattoir, c’est-à-dire des commodités et d’un luxe que se refusent par économie tant de communes de France93. » C’est bien vers les principaux foyers de population citoyenne ou européenne que les efforts se portent en priorité, avec l’idée qu’il faudrait reproduire pour cette dernière les conditions de vie de la métropole.
41Les communes mixtes, en revanche, sont nettement sous-administrées94. Certes en 1903, un annuaire commercial recense des services des P&T dans chacune des 18 communes mixtes des territoires civils de l’Oranais. Mais ces immenses circonscriptions se composent en réalité de plusieurs centres de colonisation, villages, douars et hameaux, si bien que rapporté à la superficie et à la population, le niveau d’équipement demeure très inférieur à celui des communes de plein exercice. Dans les communes mixtes du département d’Oran, un seul bureau de poste dessert en moyenne plus 600 km² et 11 462 habitants.
Tableau 8. – Équipement comparé des communes du département d’Oran en 1903.
Communes de plein exercice (territoires civils) | Communes mixtes (territoires civils) |
1 bureau pour 88 km² | 1 bureau pour 632 km² |
1 bureau pour 5 084 habitants | 1 bureau pour 11 492 habitants |
Sources : Gga, Direction générale des affaires civiles et financières, Tableau général des communes de plein exercice, mixtes et indigènes…, op. cit., p. 116. Fouque (dir.), Annuaire oranais…, op. cit., 1903, p. 607-611.
42À l’intérieur des communes mixtes, les infrastructures postales et télégraphiques se concentrent dans les chefs-lieux et les centres où réside la population européenne, comme si les habitants algériens n’étaient pas considérés comme des usagers potentiels. L’unique bureau de poste de la commune mixte de Sebdou, au sud de Tlemcen, est placé au chef-lieu, où vivent 570 des 805 « Européens » de la circonscription. Il dessert cependant une superficie de 969 km2 et les 1 189 habitants du douar de Kréan – tous catégorisés « indigènes » dans le recensement – doivent parcourir 42 kilomètres pour y régler leurs affaires95. Alors qu’en France métropolitaine, « le xixe siècle marque un temps de progrès et d’égalisation96 », le constat est tout autre en Algérie, où les communes de plein exercice concentrent la majorité des équipements, alors qu’elles ne représentent que 5 % du territoire administré et n’accueillent qu’un Algérien sur cinq.
Peser sur les contribuables algériens
43Dans les territoires civils, l’extension du réseau repose donc en grande partie sur l’implication financière des communes de plein exercice, qui captent l’essentiel des créations postales et télégraphiques à la fin du xixe siècle. Les budgets locaux portent la trace de cet effort, même s’il faut en nuancer l’importance. En 1903, les subventions destinées aux services des P&T représentent moins de 1 % du budget des municipalités97. La commune d’Akbou consacre 500 francs au fonctionnement de son bureau de poste, mais alloue la même année plus de 8 000 francs aux travaux publics, 6 000 francs aux services sanitaires et sociaux et 5 500 francs à sa police.
44L’historien Didier Guignard montre que si, à population égale, les communes d’Algérie disposent de moins de ressources qu’en métropole, « rapportées au nombre d’électeurs français, les recettes communales sont en moyenne 4,2 fois plus importantes en Algérie qu’en France en 188598 ». Une abondance de fonds publics qui légitime sans doute le désengagement de l’administration centrale. Il faut en outre souligner que les populations colonisées alimentent de manière essentielle ces caisses locales. L’annexion de douars par les communes de plein exercice permet d’assujettir ces dernières à « toutes sortes de taxes municipales99 ». Tandis que les « indigènes » des communes mixtes contribuent fortement par la taxe des centimes additionnels aux impôts arabes et par l’octroi de mer. La partition du territoire dissimule donc aussi des enjeux financiers. Le député du Rhône, Auguste Burdeau, estime qu’« un indigène rapporte en moyenne 2 francs à la commune dont il dépend100 ». Par sa forte participation aux ressources communales, la population colonisée finance un réseau secondaire de communication qui ne lui profite guère.
Le Sud algérien : rejouer les logiques de la conquête
45Au lendemain de la prise d’Alger, les autorités françaises ont d’abord considéré le Sahara comme un espace tampon, dont le contrôle était précieux pour sécuriser leurs positions plus au nord101. Les explorations menées par les militaires, les voyageurs et les scientifiques ont ensuite révélé les atouts économiques et stratégiques de ce territoire. Si bien que dans les années 1880, les colonisateurs français repoussent la limite de leur occupation. Ils s’aventurent bien plus loin que les Ottomans, qui n’avaient pas installé de garnison au-delà de Biskra. Avec un décalage temporel, le Sahara rejoue donc, à la fin du xixe siècle, les logiques de pénétration, de contrôle et d’appropriation de l’espace qui avaient prévalu dans le Tell dans les décennies 1830-1860102. Au moment où les territoires civils s’étendent au nord, la région reste placée sous autorité militaire. Plus qu’ailleurs sans doute, la mise en place d’outils de communication se fait alors par l’armée et à son bénéfice.
Un réseau de communication à la conquête du Sud (années 1850-1890)
Assurer la liaison avec les postes militaires
46Les limites du territoire à coloniser sont à la fois floues et mouvantes. Au cours de la décennie 1843-1852, les militaires français établissent une première ligne de forts à la latitude des hauts plateaux, depuis Sebdou, à l’ouest, jusqu’à Batna côté tunisien, en passant par Saïda, Tiaret, Laghouat et Bou-Saada. Le réseau postal et télégraphique suit de près la progression des militaires. Dès l’occupation de l’oasis de Laghouat, en 1852, ces derniers projettent une ligne télégraphique entre Médéa et Boghar pour « assurer une prompte communication avec la colonne d’expédition103 ». En attendant sa construction, la piste de Médéa à Laghouat est jalonnée de treize postes-relais, où les cavaliers du courrier trouvent des chevaux reposés104. Ces postes fonctionnent grâce aux hommes et au bétail réquisitionnés par l’autorité militaire dans les tribus voisines. En 1853, un « indigène » parcourt ainsi en quarante ou cinquante heures les 300 kilomètres qui séparent Boghar de Laghouat105.
47La limite de la présence française est progressivement repoussée vers le sud, selon un modèle qui s’apparente à celui du front pionnier. Les autorités coloniales ne projettent pas de « mettre en valeur » cet espace immense, qu’elles ne considèrent pas comme une zone de colonisation à placer sous le contrôle d’une administration civile. La pénétration du Sahara emprunte des axes privilégiés, suivant une direction méridienne. À partir de la trame qui couvre l’Algérie septentrionale, le réseau télégraphique décrit trois percées majeures vers Biskra en 1858, Laghouat en 1862 et Tiaret en 1864. Et dans les décennies suivantes, des missions de repérage effectuées sous escorte militaire poursuivent l’extension du télégraphe bien au-delà.
48La construction d’un réseau de communication rapide et efficace doit sécuriser le Sud algérien et appuyer la lutte contre les djiouch et les rezzous, ces bandes armées qui parcourent de grandes distances dans le désert et pillent les caravanes et les campements. En 1892, le général O’Neil insiste pour que les postes militaires puissent communiquer rapidement entre eux par voie télégraphique afin de réprimer efficacement cette « sorte de brigandage » qu’il attribue à des groupes de Touaregs et de Chambas106. Des attaques visent parfois directement le chargement de la poste, suscitant les craintes du spahi* qu’Isabelle Eberhart rencontre en 1903 dans une boutique d’Aïn-Sefra :
« Eh ! N’ai-je pas prêté serment ? Celui qui s’engage met la tête dans le nœud coulant ; après, il fera ce qu’on lui ordonnera, sans plus songer ni à sa tente ni à ses amis ? Moi, ce n’est pas d’être tué que j’ai peur. On ne meurt qu’une fois ? C’est de marcher tout seul dans la nuit, sans un être humain à qui parler… on m’envoie porter une lettre à Beni-Yaho107. »
49Son inquiétude semble justifiée. En novembre 1906, un méhariste transportant le courrier de Béni-Ounif à Taghit, dans la même région, est tué d’un coup de carabine. Le lieutenant Rochas, qui mène l’enquête, mentionne de nombreuses lettres éparpillées et décachetées108. Les sommes en jeu sont considérables, non seulement parce que ces courriers transportent les soldes des militaires mais aussi parce que le Sahara est le théâtre de relations commerciales dynamiques. Lorsque le dromadaire qui véhicule un chargement postal à destination d’El-Goléa échappe à l’attention de son maître, en octobre 1896, ce sont près de 14 000 francs de lettres chargées et de valeurs recommandées qui disparaissent109.
Le front de colonisation dans le Sud-Oranais
50Le réseau postal révèle l’avancée du front de colonisation. Dès qu’une oasis ou une place est soumise, les militaires assurent immédiatement le transport du courrier avec Alger et le chef-lieu de la subdivision. Au contraire, le télégraphe nécessite d’importants moyens et du temps. La ligne télégraphique ne connecte Géryville (El-Bayadh), dans le Sud-Oranais, qu’à la fin de l’année 1866, presque quinze ans après la prise de contrôle de la ville par les Français. Les travaux s’apparentent à une véritable épopée qui mobilise pendant un mois plus de six cents personnes sur les 150 kilomètres qui séparent Frenda et Géryville110. Un millier de mulets acheminent les poteaux depuis Tiaret, relayés ensuite par des chameaux et des chariots. Le brouillard et même la neige retardent la progression ; certains soldats désertent ; le terrain rocheux complique l’insertion des poteaux et une portion du tracé est momentanément inondée. Surviennent aussi des problèmes d’approvisionnement en eau, en vivres et en matériel111.
51Principal poste français des hauts plateaux oranais jusqu’au début des années 1880, Géryville sert ensuite de point d’appui pour pénétrer plus au sud112. En attendant la prolongation de la ligne télégraphique, les dépêches terminent le trajet jusqu’à Aïn-Sefra dans des sacs postaux113. En 1881, une ligne de chemin de fer doit partir de Saïda et se scinder en deux tronçons : Le Kreider-Géryville et Le Kreider-Mécheria. Dans la foulée, Géryville est relié à Saïda par le télégraphe, mais la priorité est surtout de connecter Mécheria, « si importante au point de vue stratégique » dans cette région convoitée par le voisin marocain114. Là encore, la construction du télégraphe est concomitante de celle du chemin de fer, dont elle forme, selon le ministre de la Guerre, « le complément naturel et indispensable115 ». Les frais sont d’ailleurs pris en charge sur les crédits dont il dispose pour la construction de la voie ferrée.
52Inquiets de voir les fils interrompus ou détruits aux marges d’un Sahara encore mal contrôlé, les militaires s’attachent à doubler le réseau électrique par des lignes optiques. En parallèle de la construction de la voie ferrée et du télégraphe en 1881, Mécheria est ainsi amenée à devenir le « nœud des communications optiques du Sud Oranais116 ». Un détachement de vingt cavaliers télégraphistes, dont la moitié est spécialement venue de métropole, et de 32 élèves télégraphistes recrutés dans les régiments de tirailleurs, de zouaves et de la légion étrangère établit en quelques semaines une ligne optique jusqu’à Aïn-Sefra, alors aux limites de la souveraineté française. Le chef du service de télégraphie militaire conclut que « l’Afrique est exceptionnellement favorable à la télégraphie optique117 ». Ce réseau ne fonctionne pourtant que de nuit et est fréquemment interrompu par le siroco. Il reste un palliatif en cas d’insurrection, les autorités françaises privilégiant cependant dans les années 1880-1890 l’établissement de lignes électriques.
53Les installations du Sud demeurent précaires. Le télégraphiste se contente souvent d’une baraque, d’une tente ou comme à Aïn-Sfissifa, d’une simple pièce située dans le bordj*118. Après une discussion ambiguë pour savoir si, dans les territoires de commandement, le trésorier-payeur qui suit l’armée devait prendre en charge le service postal, c’est finalement au directeur des P&T à Oran qu’il revient d’affecter des agents à Daya, Saïda, Mozbah puis Mécheria. Tandis que la mainmise des militaires perdure sur le réseau télégraphique, les bureaux de poste du Sud sont donc gérés, à partir des années 1880, par un personnel civil relevant du ministère des P&T119.
54La trame du Sud-Oranais s’étoffe dans la décennie suivante. En 1897, la ligne télégraphique est ouverte jusqu’à Aïn-Sefra à la correspondance officielle et privée, puis prolongée jusqu’à Djenien-bou-Rezg120. Des bureaux télégraphiques sont établis à Taghit et Colomb-Béchar en juin 1905. Entre-temps, le train est arrivé jusqu’à Aïn-Sefra en 1887, Djenien-bou-Rezg en 1900 et Colomb-Béchar en 1906. L’Oranais reste la région où la percée ferroviaire est la plus ambitieuse. En 1900, Laghouat n’est toujours pas desservi par le chemin de fer et à l’est de l’Algérie, la gare la plus méridionale est encore Biskra121.
Traverser, connecter et moderniser le désert (1890-1905)
55En dépit de l’issue tragique de la mission Flatters – massacrée alors qu’elle explore le Hoggar en 1881 – une nouvelle ligne de forts est établie en 1892-1893, autour de la latitude d’El-Goléa122. Le directeur des P&T du département d’Alger reçoit alors la tâche d’organiser le réseau télégraphique du Sud. L’ingénieur Bayol fait construire, en 1895-1896, les lignes télégraphiques Biskra-Touggourt-El Oued et Touggourt-Ouargla, comblant en partie le retard du sud-est algérien123. Dans l’axe central, la ligne Laghouat-El Goléa, ouverte à cette même époque, est considérée comme « la plus importante au point de vue de la sécurité de notre domination et de l’extension de notre influence dans l’extrême sud124 ».
56Malgré son coût, les membres du Conseil supérieur de gouvernement reconnaissent non seulement le rôle politique et militaire du réseau télégraphique saharien, mais ils en font un atout majeur du développement économique de l’Algérie. Le général de La Roque semble ainsi persuadé de la rentabilité de la ligne Biskra-El-Oued, « appelée à desservir la région du Souf, où existent des intérêts commerciaux dont il a pu constater l’importance125 ». La logique du glacis protecteur perd du terrain à la fin du xixe siècle et des voix s’élèvent pour défendre d’autres ambitions pour le Sahara et proposer, sinon de le mettre en valeur, de mieux le connecter au nord de l’Algérie et au reste de l’Afrique.
Tensions entre civils et militaires
57Des ambiguïtés subsistent, dans les années 1880, concernant la répartition des tâches entre les administrations civile et militaire. Les militaires assurent généralement la sécurité des installations télégraphiques sahariennes et financent l’essentiel des travaux sur le budget de la Guerre. Le fonctionnement technique des lignes revient à l’administration des télégraphes. Aux P&T, on rappelle que le décret du 26 novembre 1881 ayant placé l’administration des populations du Sahara aux mains du département de la Guerre, c’est à ce dernier que doivent être imputés les travaux entrepris dans un but militaire, comme la construction de la ligne entre El-Oued et Touggourt126. Alors que se prépare l’expédition du Mzab, en novembre 1882, le ministre Adolphe Cochery développe sa vision de l’organisation du télégraphe au Sahara :
« En ce qui concerne la ligne de Laghouat à Ghardaïa, […] ou elle n’a qu’un intérêt militaire et alors votre département doit en supporter les frais, ou elle est projetée en vue de la colonisation et alors c’est le Gouverneur général qui doit la proposer et pourvoir aux dépenses au moyen des crédits mis à sa disposition. Cette ligne, Monsieur le Ministre [de la Guerre] et cher collègue, n’entre pas dans les prévisions de mon service télégraphique, elle n’est pas utile à l’exploitation du réseau et je ne dispose d’aucune ressource pour faire face aux dépenses que sa construction comporterait […]. Je n’ai pas besoin d’ajouter que je m’empresserais de donner les ordres nécessaires dans le cas où vous estimeriez qu’elle répond à un intérêt militaire et me feriez savoir que vous prenez toutes les dépenses à votre charge127. »
58Le ministère de la Guerre considère, à l’inverse, que bien des localités du Sud ne sont plus, au début des années 1890, de simples postes militaires et qu’il revient aux P&T d’assurer les communications avec les chefs-lieux de circonscription situés en territoire civil.
59Ces conflits d’attribution resurgissent par la suite. Au tout début du xxe siècle, civils et militaires se renvoient la responsabilité du paiement des employés « indigènes » du service postal. Sur la ligne El Goléa-Miribel-In Salah, les piétons et les 54 goumiers chargés d’acheminer le courrier n’ont touché aucune rémunération entre janvier et août 1901128. Lorsque le fait se reproduit en 1903, le gouverneur général Charles Jonnart demande au ministre de la Guerre de « faire cesser l’état des choses […] dont sont victimes de malheureux indigènes et qui est si préjudiciable à notre prestige129 ». Il estime que les communications sahariennes sont d’un « intérêt purement militaire », destinées essentiellement à assurer des relations rapides avec les colonnes en opération130. Même le commandant du XIXe corps d’armée reconnaît l’avantage limité de ces liaisons pour l’administration civile. Le ministère de la Guerre se range un temps à cet avis et son département supporte, en 1901 et 1902, l’essentiel des dépenses du service postal de l’extrême-sud de l’Algérie.
60La question rebondit lorsque la loi du 24 décembre 1902 organise les Territoires du Sud et institue pour eux un budget spécial. Les mêmes arguments sont mobilisés : pour le gouverneur général et les délégations financières, la précarité du contrôle de la région justifie que les communications postales et télégraphiques restent des dépenses de souveraineté assumées par la métropole, alors que le ministre de la Guerre insiste sur la rentabilité déjà intéressante du service postal131. De fait, la situation militaire se stabilise. La franchise postale des troupes opérant au sud des départements d’Alger et d’Oran est supprimée en 1904, preuve qu’elles ne sont plus en campagne132. En 1905, le réseau de communication des Territoires du Sud compte 29 bureaux, tous désormais gérés par l’administration des Postes, Télégraphes et Téléphones133.
Combinaisons sahariennes
61Le service des P&T au Sahara incorpore des éléments de la modernité des colonisateurs, tout en conservant certaines spécificités par rapport au reste de l’Algérie. L’araba est ainsi présentée comme le « véhicule idéal dans un pareil pays134 ». Plus rapide qu’une charrette, elle distribue le matériel sur les chantiers télégraphiques et passe sans grande difficulté aussi bien sur le roc que dans le sable. Le nord du désert se parcourt généralement à cheval, grâce à des cavaliers recrutés dans les tribus des environs. Au-delà, les militaires utilisent, jusque dans les années 1930, des dromadaires qui portent jusqu’à 150 kg de poteaux ou de lettres, mais dont la vitesse n’excède pas les six ou sept kilomètres par heure135. En 1896, un entrepreneur achemine tous les deux jours en diligence le courrier de Laghouat à Ghardaïa. Des Algériens montés à dromadaire prennent ensuite le relais. Par petits groupes de quatre, ils atteignent Ouargla en 48 heures et il leur faut encore quatre jours et demi pour parcourir les 265 kilomètres menant à El-Goléa. Objets de curiosité, ces méharistes sont mis en scène sur les cartes postales de l’époque (figure 2).
Figure 2. – Un courrier de la poste au Sahara.

Source : « Types indigènes. Méhari. Courrier postal du Sahara », carte postale, collection Delcampe.
62Plus au sud encore, des goumiers et des spahis franchissent deux fois par semaine la distance entre El-Goléa, Timimoun et In-Salah. L’idée d’une rémunération spéciale s’impose tardivement à la fin du xixe siècle. Jusque-là, les compensations en rations de farine, d’orge, de sel, de sucre et de café étaient courantes136. Le service continue à être amélioré au début du xxe siècle, mais des piétons se relaient encore en 1901 pour parcourir les 150 kilomètres qui séparent Timimoun et Adrar, accompagnés d’ânes chargés de sacoches de 35 à 40 kg137. Charles de Foucault note dans sa correspondance que la desserte de Tamanrasset ne devient régulière qu’en 1908, avec un départ de courrier tous les deux mois. Auparavant, ses lettres étaient acheminées depuis In Salah au coup par coup, lorsque passait un militaire ou un visiteur138.
63Ces combinaisons, qui associent diligence, chevaux, piétons, méharis* et des communications télégraphiques presque instantanées, persistent jusque dans les années 1920 ou 1930. Les modes de transport rudimentaires côtoient les nouveaux véhicules mieux adaptés aux régions désertiques et ne disparaissent pas avec le développement du transport aérien du courrier (chap. vii).
Relier les possessions françaises en Afrique : esquisse d’un réseau impérial
64D’est en ouest, la trame du réseau postal et télégraphique couvre précocement une large bande tellienne : des bureaux de poste sont ouverts dès avant 1865 à Marnia, Nemours et Tlemcen, tout près de la frontière marocaine, et à La Calle, Souk-Ahras et Tébessa côté tunisien (carte 1). Les travaux du géographe Marc Côte et ceux de Xavier Yacono, centrés sur la vallée du Chélif, soulignent le renversement des flux sous l’impulsion des colonisateurs : en quelques décennies, les complémentarités régionales nord-sud ont été concurrencées par des logiques transversales, comme en témoigne le dynamisme de l’axe régional d’Alger à Oran, bien vite adossé sur la route et le rail139. L’expansion des réseaux de communication rappelle combien la colonisation se présente comme un processus cherchant à repousser sans cesse les limites de la souveraineté française. De ce point de vue, les prétentions des colonisateurs en direction du Sahara s’affirment du même coup sur l’ensemble du Maghreb.
Vers un réseau maghrébin ?
65Dans quelle mesure les frontières avec les voisins maghrébins marquent-elles des limites sur lesquelles viennent buter les lignes télégraphiques algériennes et les cavaliers chargés de transporter le courrier ? Dès les années 1850, un projet évoque la possibilité de tracer une voie ferrée parallèle à la côte reliant le Maroc à la Tunisie140. Le ministre de la Guerre vante aussi à l’Empereur les mérites du télégraphe grâce auquel, « les distances venant à être comblées, nous pourrons en un seul jour surveiller et le Maroc, et Tunis, et le désert141 ».
Les communications algéro-tunisiennes
66Bien avant d’établir leur protectorat sur la Tunisie en 1881, les Français semblent avoir anticipé le prolongement vers l’est du réseau de communication algérien. La compagnie Bazin assure dans les années 1840 un service maritime régulier entre le port de Stora – en Algérie – et Tunis142. À cette époque déjà, le directeur du service télégraphique estime que « d’importants avantages politiques résulteraient de la liaison de notre système télégraphique avec celui que le bey de Tunis désire établir dans ses États143 ». En 1859, Mohamed Sadok, poursuivant la politique de réformes de son prédécesseur, conclut une convention avec la France pour installer le télégraphe144. Cinq cents kilomètres de lignes sont alors construits par des employés du service algérien entre Souk-Ahras et Tunis et une seconde ligne est entreprise en direction du sud-est pour relier Sousse, en août 1861, puis Sfax.
67Après la grande révolte de 1864, qui détruit une partie de ces équipements, de nouveaux bureaux télégraphiques sont ouverts au Kef, à Bizerte, à La Goulette, au Bardo ou à Mahdia. Ils sont généralement tenus par des employés français, tout comme d’ailleurs la poste de Tunis, dirigée en 1874 par un receveur et un commis qui touchent l’indemnité du quart colonial145. Arabisant, l’agent consulaire Bernard Roy est détaché au bureau télégraphique du Kef, où il mène des missions de renseignement pour le compte de la France146. Le Premier ministre tunisien s’inquiète d’ailleurs de voir son entourage insuffisamment familiarisé avec la manipulation du télégraphe et de la forte dépendance, technique et financière, qui s’instaure à l’égard du service franco-algérien. Les difficultés du gouvernement tunisien, qui retardent le rachat des installations pourtant prévu par les conventions, permettent à l’administration française d’en conserver l’exploitation pendant plus de vingt-cinq ans.
68Les autorités françaises espèrent prolonger ces communications vers l’est du Maghreb dans le contexte d’intense compétition politique et commerciale qui les oppose aux Anglais et aux Italiens. Dans les années 1870, la poste française de Tunis est d’ailleurs concurrencée par une agence basée au consulat italien qui distribue les lettres apportées par les navires de la compagnie Rubattino de Gênes147. Les dirigeants français tentent de convaincre le gouvernement ottoman de l’intérêt d’étendre la ligne télégraphique jusqu’à Tripoli, au lieu de réparer le câble sous-marin britannique Tripoli-Malte-Alexandrie, rompu en 1871148. Le gouverneur général de l’Algérie estime alors que « le besoin d’un moyen de communication rapide entre Alger et Tripoli se fait fréquemment sentir. La lenteur des correspondances a souvent de sérieux inconvénients au point de vue de l’intérêt de la colonie […]. D’autre part, la France en reliant l’Empire ottoman à l’une de ses dépendances ne pourrait qu’augmenter son influence dans le Levant149 ». Finalement, le projet d’extension est abandonné et le gouvernement ottoman réalise lui-même, plus tard en 1906, la jonction entre Tripoli et Ghadamès.
69Avant même l’établissement du protectorat, le télégraphe tunisien se présente donc comme une excroissance du réseau algérien. Les mêmes tarifs sont appliqués des deux côtés de la frontière et les télégrammes expédiés depuis la Tunisie représentent environ un dixième du trafic150. Concomitante des débats sur le renforcement de la tutelle métropolitaine sur les administrations de l’Algérie (chap. ii), la signature du traité du Bardo en mai 1881 aboutit au rattachement des postes et télégraphes tunisiens à la métropole. Pour le représentant du ministère parisien, le rattachement du service algérien des P&T s’impose ensuite « avec d’autant plus d’urgence » que les lignes tunisiennes ne sont reliées à la France continentale que par l’intermédiaire de l’Algérie151.
70Dans les années 1880, le gouvernement général de l’Algérie perd donc la main sur les communications tunisiennes. Un office tunisien des P&T est créé en 1888 et placé sous l’autorité du Résident général de France à Tunis. L’administration française lui cède le matériel, les bureaux et les lignes aériennes et sous-marines. Le personnel est détaché de métropole ou recruté localement. Les taxes pour correspondre entre la France, l’Algérie et la Tunisie restent identiques mais la Régence peut émettre ses propres timbres et disposer de la totalité des recettes152.
71Les connexions entre l’Algérie et la Tunisie se multiplient. Le courrier continue de circuler par bateau le long des côtes algéro-tunisiennes. Le cavalier qui apporte régulièrement les lettres de Souk-Ahras à la frontière tunisienne est bientôt remplacé par une diligence, puis un autobus153. Au cours des années 1890, une ligne télégraphique est établie entre El-Oued et Nefta et le commandant de la division de Constantine présente le prolongement vers Tozeur comme le moyen de lutter plus efficacement « contre les bandits qui font parfois leur apparition dans cette région154 ». Les choses se compliquent à l’arrivée du téléphone, les deux voisins ayant recours à des dispositifs techniques différents :
« La Tunisie s’est en effet créé très rapidement un réseau téléphonique dont tous les fils sont en fer, semblables aux fils télégraphiques et ne peuvent servir qu’à des distances relativement faibles. L’Algérie au contraire, a pu, grâce à d’importantes ressources, créer un réseau à fils de cuivre de gros diamètre, permettant des communications à de très grandes distances. Il n’y a donc pas égalité entre les deux réseaux qui, pris séparément, fonctionnent très bien mais qui accouplés, donneraient de déplorables résultats155. »
72Faut-il y voir une politique délibérée de séparation ou le simple reflet des difficultés budgétaires de la Tunisie ? En 1913, la section téléphonique Tunis-Ghardimaou, destinée à être prolongée jusqu’à Constantine, n’est toujours pas achevée156.
La liaison Marnia-Oujda (1907)
73Le Maroc aussi est le terrain de rivalités entre puissances européennes. Trois câbles relient, au début du xxe siècle, la ville de Tanger à l’Angleterre, l’Espagne et l’Algérie française et jusqu’en 1914, les offices postaux français, allemand, anglais et espagnol se livrent une rude concurrence157. « Les Français exploitent chaque incident entre Européens et Marocains pour grignoter l’espace chérifien à ses extrémités158. » L’instabilité politique de la région justifie l’établissement, en 1905, de postes militaires de télégraphie optique le long de la frontière algéro-marocaine, alors que l’armée française prend possession du Touat en 1901, de Berguent en 1904 et d’Oujda en mars 1907159.
74Dès le lendemain de l’occupation d’Oujda par le général Lyautey, un télégraphe optique fonctionne avec Marnia, située à 27 kilomètres côté algérien. D’abord installée sur un minaret, la lunette optique est finalement transportée sur une terrasse voisine pour ne pas froisser la population locale160. La connexion fonctionne cependant assez mal, les télégrammes n’arrivant pas plus rapidement que les lettres. Le service algérien des P&T entreprend de lui substituer une ligne électrique qui, bien que dite « provisoire » ou « de fortune », marque cet espace frontalier par des poteaux plantés le long de la route161. La liaison est assurée dès le 11 avril 1907 par des télégraphistes militaires. L’établissement d’une ligne définitive est jugé prématuré par le gouverneur général de l’Algérie, même si ce dernier voit dans cette innovation une occasion de renforcer l’influence française :
« Cette installation provisoire habituerait les indigènes d’Oujda à ce service du télégraphe et leur permettrait d’en apprécier les avantages, la transformation de la ligne provisoire en ligne définitive deviendrait alors des plus simples et l’on peut espérer que, bien accueillie par la population, elle ne soulèverait aucune opposition de la part du Makhzen*162. »
75Lyautey partage cette vision, au contraire du service algérien des P&T qui préférerait réserver la nouvelle ligne aux télégrammes officiels163. Un délégué financier note toutefois l’importance des usages commerçants et des transferts d’argent, notamment pendant la saison des ventes de bétail164.
76En avril 1907, plusieurs circuits viennent donc connecter Oujda : les plis officiels sont portés par un cavalier du bureau des Affaires indigènes de Marnia ; un entrepreneur achemine quotidiennement les lettres destinées aux populations ; tandis que les archives mentionnent aussi une « distribution du courrier aux indigènes faite par un Algérien, Si Mohammed ben Abdallah165 ». L’extension du réseau algérien en direction du Maroc reste néanmoins prudente et graduelle. Le ministre français des Affaires étrangères s’oppose d’abord au rattachement des nouvelles liaisons au service algérien des P&T, pourtant appelé de ses vœux par le gouverneur général de l’Algérie166. Mais comme en Tunisie, l’établissement du protectorat français sur le Maroc aboutit à la création, en 1913, d’un office marocain des Postes, des Télégraphes et des Téléphones qui assure les communications sur plus de 600 kilomètres167. Le gouvernement marocain prend en charge l’ensemble des services, même si les règlements et les tarifs français s’appliquent largement. La France continue de mettre ses fonctionnaires à disposition mais, en parallèle, un cadre local d’agents est créé.
77Avant même l’établissement des protectorats, les autorités françaises ont cherché à étendre le réseau algérien en direction du Maroc et de la Tunisie. Le télégraphe et les agents du courrier ont accompagné des occupations coloniales préparées par l’établissement d’une dépendance financière et entérinées par les armes. Certes, les représentations cartographiques de ces réseaux tendent à faire oublier combien la souveraineté coloniale s’exerce inégalement sur ces territoires fragmentés. Artifice commode, la ligne entre les différents points conquis symbolise une domination diffuse, alors que dans la pratique, subsistent entre chaque nœud de vastes zones imparfaitement contrôlées. Les réseaux de communication ont néanmoins facilité la pénétration de territoires encore mal asservis et contribué à donner consistance à l’espace impérial français en Afrique.
Le télégraphe transsaharien, alternative aux circuits maritimes et ferroviaires
78Le Maroc et la Tunisie sont également reliés par une longue ligne télégraphique saharienne « allant de Djenien-bou-Rezg à El-Oued en passant par Aïn-Sefra, El-Abiod, Géryville, Aflou, Laghouat, Ghardaïa, Ouargla et Touggourt168 ». Cette ligne est prolongée jusqu’à Nefta en 1898, de l’autre côté de la frontière tunisienne et en 1914, elle atteint Bou Denib, côté marocain169. Cette logique transversale n’exclut pas le prolongement des axes de pénétration vers le sud, comme en témoigne l’arrivée du télégraphe à El-Goléa en 1894, puis à Timimoun en 1902170. L’Algérie conquise, représentée et aménagée par les Français au tournant du siècle s’ancre plus fermement dans un espace africain auparavant délaissé. Les autorités coloniales entendent faire du Sahara une « interface à l’échelle impériale171 », capable de connecter, via les réseaux de communication, Alger – et donc Paris – aux possessions françaises d’Afrique occidentale.
79Dès les années 1870, des travaux imaginent une ligne ferroviaire traversant le Sahara du nord au sud. Le désert n’est plus appréhendé comme une barrière infranchissable : il devient une zone de jonction, une voie d’accès172. C’est dans ce contexte qu’émerge aussi un projet de ligne télégraphique transsaharienne, alternative possible aux câbles sous-marins et tête de pont susceptible de préparer ensuite le déploiement du chemin de fer. Si le transsaharien ferroviaire ne voit jamais le jour, la jonction télégraphique semble en passe d’aboutir.
La jonction maritime entre la métropole, l’Algérie et le reste de l’Afrique
80Soucieuses de connecter la France aux côtes africaines, les autorités chargent des paquebots d’acheminer les correspondances par la voie maritime. A. de Cluveaux loue, en 1895, le travail accompli par les compagnies maritimes, qui permettent de relier Tombouctou à Paris « sans sortir de chez nous [sic], avec seulement une traversée de mer de quelques heures173 ». Des câbles sous-marins posés dans les années 1880 assurent en parallèle les transmissions télégraphiques jusqu’à Saint-Louis et Dakar, en passant par l’Espagne.
81Assez vite toutefois, des élus soulignent la vulnérabilité de la liaison sous-marine. La convention internationale de 1885 reconnaît en effet le droit des belligérants à couper les câbles ennemis en temps de guerre. Surtout, la France reste, dans ce domaine, tributaire des Britanniques, qui possèdent à la fin du xixe siècle les deux tiers du réseau privé sous-marin et les trois quarts de la flotte de câbliers (chap. ii)174. Sur les côtes occidentales d’Afrique, les lignes sont presque toutes aux mains de compagnies anglaises qui s’engagent, en cas de conflit, à remettre la conduite de leur réseau au gouvernement britannique.
82Un élu de l’Algérie estime, en 1896, que
« les conséquences de cette situation sont terribles pour nos intérêts : que les hostilités éclatent demain entre la France et l’Angleterre, et nos escadres, privées de communications, sont dans un état d’infériorité déplorable vis-à-vis de leurs adversaires ; nos colonies sont pratiquement à leur merci175 ».
83Les autorités françaises étudient dans un premier temps un projet de câble sous-marin entre le Sénégal et la métropole. Après l’échec du tracé par Oran et Tanger, les télégrammes empruntent, en 1904, la voie espagnole par Cadix et Tenerife. Le Parlement vote au même moment d’importants crédits pour réaliser le câble Brest-Dakar. En Algérie, des élus dénoncent cependant le coût exorbitant de l’installation et militent pour la construction d’une ligne télégraphique par la voie terrestre176. L’idée de prolonger le télégraphe d’El-Goléa vers Tombouctou coïncide alors avec la politique volontaire d’occupation du Sud portée par le gouverneur général Édouard Laferrière. C’est ensuite Émile Broussais qui met le télégraphe transsaharien à l’agenda algérien. Dans la seconde moitié des années 1890, cet avocat du barreau d’Alger, conseiller général et membre du Conseil supérieur de gouvernement défend un projet qui doit faciliter la traversée du désert aux caravanes et aux convois et servir d’appui aux expéditions scientifiques :
« Cette question présente un intérêt absolument national et la solution qui lui sera donnée est de la plus haute importance au point de vue de la politique internationale. Le réseau télégraphique soudanais s’étend actuellement jusqu’à Tombouctou ; on va, en outre, relier le Sénégal à la Guinée et au Dahomey. Si l’on créait une ligne télégraphique d’El-Goléa à Tombouctou, la France se trouverait ainsi en communication directe avec toutes ses possessions du Nord et de l’Ouest de l’Afrique177. »
84L’élu de l’Algérie convoque l’expérience des Britanniques qui ont préféré au câble sous-marin la traversée du continent australien sur plus de trois mille kilomètres et cite encore d’autres régions dans lesquelles le télégraphe terrestre s’est révélé un puissant instrument de colonisation, précédant partout l’arrivée du rail :
« Au lieu de nous battre sur les tracés encore incomplètement étudiés du chemin de fer transsaharien, nous ferions mieux de jalonner les routes du Niger et du Tchad avec des poteaux télégraphiques et des postes bien placés. Comme en Amérique, au Turkestan, en Sibérie, les lignes aériennes précéderaient les voies ferrées. L’étincelle électrique dictant les ordres du Gouvernement français, reliant les centres d’action de notre empire colonial, sans emprunter les câbles anglais, courrait en avant des locomotives et mettrait bientôt Paris et le commerce national en communication rapide et sûre avec le Soudan français, la Sénégambie, le Congo, toute l’Afrique australe178. »
85En 1899, le Conseil supérieur de gouvernement se déclare favorable à la réalisation par étapes du télégraphe transsaharien, mais s’inquiète du coût. Aux 1 500 francs par kilomètre de ligne posé – soit au minimum 1,4 million pour construire 1 600 kilomètres entre El-Goléa et Tombouctou – s’ajoutent les dépenses nécessitées par la création d’une quinzaine de postes militaires destinés à sécuriser la ligne. Le délégué colon de Médéa dénonce une « utopie qui ne serait pas prise au sérieux par la Métropole », tandis que le rapporteur du budget de l’Algérie et certains députés métropolitains soutiennent le projet179.
La mission de reconnaissance et l’essoufflement du projet
86En avril 1905, le conseil des ministres autorise le gouverneur général de l’Algérie à étudier le tracé d’une ligne télégraphique reliant la colonie au Soudan français. Fort de son expérience au Congo et dans le Sud-Oranais, l’inspecteur des P&T, M. Étiennot, dirige la mission de reconnaissance180. Escortée par des compagnies sahariennes, celle-ci emprunte deux voies différentes à l’aller et au retour afin de déterminer le meilleur itinéraire. Partie le 29 avril 1905 de Taghit, à l’extrémité sud du réseau télégraphique algérien, elle traverse Ksabi, Adrar, Akabli, In-Zize, Timissao, In-Ouzel et atteint Timiaouine le 5 juillet. C’est en ce dernier point que doit être opérée la jonction avec le parcours étudié par les autorités de l’Afrique occidentale française181. Plus long, le retour par le Hoggar et le Tidikelt est finalement délaissé. La ligne télégraphique transsaharienne est jugée réalisable et le gouverneur général de l’Algérie fait des propositions pour en financer la réalisation : 1 900 kilomètres de fil sont nécessaires pour relier le réseau algérien à Timiaouine, auxquels s’ajoutent 900 kilomètres pour la section soudanaise comprise entre Timiaouine et Tombouctou.
Carte 5. – Un projet de télégraphe transsaharien (1904).

Source : Capitaine Nou, « Le Transsaharien télégraphique », Bulletin du Comité de l’Afrique française, no 8 (supplément), août 1904, p. 187.
87En 1907, le tronçon de 420 kilomètres reliant Béni-Abbès à Adrar doit « être incessamment entrepris182 ». Mais la construction de la ligne transsaharienne se fait ensuite attendre et plusieurs voix s’élèvent pour que les travaux soient relancés. L’explorateur Félix Dubois appelle à « l’unification de notre vaste empire africain183 ». D’autres vantent un « puissant moyen de pacification et de progrès » et un « élément de force important pour la défense de nos possessions184 ». En 1909, la ligne de 1 800 kilomètres achevée entre Tombouctou et Zinder laisse espérer une connexion future avec le Lac Tchad185. Dans les années suivantes, la priorité est cependant donnée à la réfection des lignes existantes, souvent très abîmées par le vent, le sable, les termites ou des détériorations volontaires186.
88À la veille de la Première Guerre mondiale, la ligne télégraphique transsaharienne n’est toujours pas achevée. Alors qu’elle devait se substituer aux câbles sous-marins, réduire le prix des dépêches envoyées à Dakar et capter le trafic télégraphique des colonies voisines (Cameroun, Gold Coast et Nigeria), cette ligne n’est pas devenue l’alternative à des projets de liaison ferroviaire coûteux. Dans les années 1920, l’automobile, l’aviation et la radiotélégraphie la rendent définitivement obsolète (chap. vii).
Conclusion. Jeux d’échelles187
89Les ramifications du réseau télégraphique et postal révèlent l’imbrication des échelles méditerranéenne, maghrébine, saharienne et africaine. Les lignes continuent de se perdre toujours plus au sud, suivant une logique de front pionnier, tandis que des mailles se resserrent dans la partie tellienne du réseau. C’est en effet au nord de l’Algérie que les infrastructures de communication sont les plus précoces et les plus rapides. C’est aussi là que vit l’essentiel de la population européenne.
90Pour Édouard Pélissier, fonctionnaire au ministère de l’Intérieur, ces équipements doivent desservir les Européens installés en Algérie et faciliter au quotidien l’entreprise de colonisation : « L’usage des lignes télégraphiques est apprécié à sa juste valeur par ceux qui, à plus de cinq cents lieues de leurs familles, peuvent, moyennant le prix d’une dépêche, être à la station télégraphique de leur résidence, fut-elle Bathna [sic], et toucher le fil qui les met instantanément en rapport avec ceux qui leur sont chers, fussent-ils à Dunkerque188. » Même si le terme n’est jamais présent dans les sources de l’époque, ces préoccupations témoignent de l’émergence d’un souci de service public. Un rapport du service algérien des PTT rappelle d’ailleurs, en 1904, que le budget de la colonie est prêt à supporter le coût de ces infrastructures :
« Peut-on laisser isolés du reste du monde des habitants d’un centre algérien nouvellement créé sous le prétexte que les recettes du bureau de poste à installer dans ce centre ne couvriraient pas les dépenses […] ? Il est évident qu’en Algérie en raison du peu de densité de la population, d’un grand nombre de villages, un bureau de poste sera le plus souvent improductif189. »
91Deux logiques semblent se cumuler, voire se contredire : l’une propre à l’Algérie, par laquelle les autorités cherchent à favoriser le peuplement européen, une fois le territoire approprié et les révoltes réprimées ; l’autre, qui s’inspire des évolutions à l’œuvre en métropole, où l’administration délègue aux municipalités une partie des efforts d’équipement. Nicolas Verdier évoque d’ailleurs un « abandon par l’administration postale [métropolitaine] d’une politique claire d’aménagement du territoire190 ». En Algérie, le gouvernement général continue toutefois de sélectionner les demandes des communes et d’accorder des subventions : les nouveaux établissements n’ouvrent pas seulement dans les localités les plus riches, mais également dans celles que le service algérien des P&T juge prioritaires, en raison de leur position stratégique ou de l’importante présence européenne. Un service public en formation donc, de plus en plus efficace, mais qui génère des disparités. Les communes de plein exercice sont indéniablement mieux loties que les communes mixtes et à l’échelle de ces dernières, les centres de colonisation sont toujours mieux équipés que les douars.
92En parallèle, le réseau progresse vers des régions jusque-là insoumises. Les communications façonnent un territoire connecté, aux contours poreux. Au nord, les liaisons sous-marines et maritimes disent bien le « retournement » d’un espace de mieux en mieux relié à la métropole, tandis que les flux horizontaux entre l’Algérie et ses voisins marocain et tunisien sont renforcés par la mise en place des protectorats191. Les marches sahariennes progressivement appropriées sont desservies plus régulièrement et plus rapidement. Certes subsiste le passage des caravanes dans la région, suivant des logiques séculaires. Mais lorsque les militaires français pénètrent le Sahara à marche forcée, dans la seconde moitié du xixe siècle, la poste et le télégraphe deviennent de précieux instruments de contrôle du territoire, sur lequel l’armée s’appuie pour avancer vers d’autres espaces à conquérir.
Notes de bas de page
1 Conseil supérieur de gouvernement, Exposé de la situation de l’Algérie…, op. cit., 1878, p. 52.
2 O. Carlier, « L’Espace et le Temps dans la recomposition du lien social… », art. cité, p. 162.
3 Jane Burbank et Frederick Cooper, Empires…, op. cit.
4 Jacques Lévy et Michel Lussault (dir.), Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris, Belin, 2003, p. 910. Daniel R. Headrick, The Tools of Empire…, op. cit. ; Daniel R. Headrick, The Invisible Weapon. Telecommunications and International Politics, 1851-1945, New York/Oxford, Oxford University Press, 1991.
5 Charles-André Julien, Histoire de l’Algérie contemporaine. La conquête et les débuts de la colonisation, 1827-1871, Paris, PUF, 1986.
6 H. Blais, F. Deprest et P. Singaravélou (dir.), Territoires impériaux…, op. cit., p. 12. J.-M. Offner et al. (dir.), Réseaux – territoires…, op. cit., p. 14.
7 En Algérie, « la plupart des nouveaux villages n’ont été faits que pour les voies de communication […] on calculait la distance normale des étapes et des grandes haltes et lorsqu’on arrivait à un nombre régulier de kilomètres, on traçait l’enceinte d’un nouveau centre de population ». Baudicour (L. de), Histoire de la colonisation de l’Algérie, Paris, Challamel, 1860, p. 133, cité par X. Yacono, La Colonisation des plaines du Chelif…, op. cit., tome 1, p. 416.
8 Denis Cantin, Le service des postes et télégraphes en Indochine. Des origines aux années trente, mémoire de DEA d’histoire des institutions et des idées politiques, dir. Jean-Louis Mestre, université de Droit, d’Économie et des Sciences d’Aix-Marseille, 1997, p. 80 ; Amos Hongla, La Poste et le télégraphe en Afrique occidentale française, AOF, des origines à 1920, thèse dirigée par Marc Michel, université de Provence, 1995, p. 6 et 317.
9 Roderic H. Davison, « The Advent of the Electric Telegraph in the Ottoman Empire », art. cité, p. 147 ; Zhong Zhang, The Transfer of Networkds Technology to China (1860-1898), PhD dissertation, University of Pennsylvania, 1989 ; Saundra Studervant, A Question of Sovereignty: Railways and Telegraph in China, 1861-1878, PhD dissertation, University of Chicago, 1975.
10 Rapport du maréchal Vaillant, ministre de la Guerre, présenté à l’Empereur et inséré au Moniteur, le 22-05-1854. Cité par A. Etenaud, La Télégraphie électrique en France et en Algérie…, op. cit., tome 1, p. 146.
11 Conseil supérieur de gouvernement, Exposé de la situation de l’Algérie…, op. cit., 1878, p. 53.
12 Extrait des Annales télégraphiques, nov.-déc. 1858, cité par Édouard Pélicier, Statistique de la télégraphie privée en Algérie, depuis son origine jusqu’au 1er janvier 1858, Paris, Delmont et Dunod, 1858, p. 4.
13 La population atteint alors 482 personnes dont 52 « Européens ». Alain Mahé, Histoire de la Grande Kabylie, xixe-xxe siècles. Anthropologie historique du lien social dans les communautés villageoises, Saint-Denis, Bouchène, 2001, p. 583. Lettre du gouverneur général au général commandant de la province d’Alger, le 03-08-1870 ; lettre du commandant de la subdivision de Dellys au commandant supérieur, le 14-09-1870, 6O/13, AWA.
14 Louis Rinn, Histoire de l’insurrection de 1871 en Algérie, Alger, A. Jourdan, 1891 ; C.-A. Julien, Histoire de l’Algérie contemporaine…, op. cit., p. 487.
15 A. Etenaud, La Télégraphie électrique en France et en Algérie…, op. cit., tome 2, p. 333.
16 Lettre de l’inspecteur du département d’Alger au préfet d’Alger, le 28-09-1871, 6O/60, AWA.
17 Lettres de l’Inspecteur des lignes télégraphiques du département d’Alger au préfet d’Alger, le 28-09-1871 et le 13-07-1872, 6O/60, AWA.
18 Registre des délibérations du conseil municipal de Dra-el-Mizan le 13-08-1872 (6O/13, AWA), le 16-11-1874 et le 12-07-1875 (6O/4, AWA). Correspondance du directeur des postes de l’Algérie et du commandant du cercle de Tizi-Ouzou avec le préfet d’Alger, août-septembre 1872, 6O/4, AWA.
19 Ce village, fondé en 1873, prend ensuite le nom de Ménerville. Registre des délibérations de la commune du Col des Beni-Aïcha, le 16-05-1875, 6O/24, AWA.
20 Lettre du maire de Dellys au préfet d’Alger, le 23-05-1873 ; délibérations de la commune de Dellys, le 27-01-1874, 6O/25, AWA.
21 Lettre du chef du service des Domaines au préfet d’Alger, le 06-12-1873, 6O/25, AWA.
22 Le dispositif rappelle la centralisation métropolitaine où chaque préfecture est directement connectée à Paris. Décret du 25-03-1852 cité par O. Bataillé, Naissance d’une administration moderne…, thèse citée, p. 93.
23 Lettre du général commandant de la division d’Alger au préfet d’Alger, mars 1875 ; lettre du sous-préfet de Dellys au préfet d’Alger, le 14-03-1875, 6O/49, AWA.
24 Application en Algérie de la loi du 30-11-1850, également en vigueur en métropole. Lettre du secrétaire général du gouverneur général au général de la division d’Alger, le 30-07-1870, 6O/10, AWA.
25 Lettre du sous-préfet de Miliana au préfet d’Alger, le 20-10-1870, 6O/60, AWA.
26 Lettre de l’inspecteur des lignes télégraphiques au préfet d’Alger, le 16-04-1875, 6O/61, AWA.
27 Lettre du gouverneur général au préfet d’Alger, le 25-10-1871 et lettre du directeur des postes du département d’Alger au préfet, le 13-09-1871, 6O/61, AWA.
28 Ordonnance du 26-06-1833 (art. 4) citée par C.-L. Pinson de Ménerville, Dictionnaire de la législation algérienne…, op. cit., 1853, p. 540. Direction générale des Postes, Instruction générale sur le service des Postes, Paris, Impr. nationale, 1876, p. 106 et 161.
29 Supplément au manuel général des franchises, mai 1847, 6O/60, AWA ; Service télégraphique de l’Algérie, État général des franchises télégraphiques, Alger, Juillet Saint Lager, 1875 ; Circulaire du préfet d’Alger, le 31-03-1886, 6O/61, AWA.
30 Lettre du gouverneur général au préfet d’Alger, le 23-11-1889. Lettre du directeur cabinet du ministre de l’intérieur au préfet d’Alger, le 09-05-1894, 6O/61, AWA.
31 Lettre du gouverneur général aux généraux commandants de division et aux préfets, le 02-12-1857, 1J/206, ANOM.
32 Lettre du gouverneur général au préfet d’Alger, le 16-02-1891, 6O/61, AWA.
33 Lettre du gouverneur général au général de la division d’Oran, le 07-11-1864, 1J/206, ANOM. Circulaire du gouverneur général, le 04-11-1864, 6O/60, AWA.
34 Lettre du général de la division d’Oran aux commandants des subdivisions d’Oran, Mostaganem, Tlemcen, Mascara et Sidi-bel-Abbès, le 06-07-1855, 1J/206, ANOM.
35 « Réseau », Jacques Lévy et Michel Lussault (dir.), Dictionnaire de la géographie…, op. cit, p. 795.
36 En 1891, 27 000 km de chemins vicinaux et de pistes aménagées, dont 13 000 km de routes empierrées et 3 000 km de routes nationales à circulation rapide. Omar Carlier, « Horaires et réseaux, de la diligence à l’hydravion sur la révolution de l’espace-temps dans l’Algérie coloniale (1830-1954) », dans Chantal Chanson-Jabeur, Mohamed Fakhfakh, Xavier Godard et Bouziane Semmoud (dir.), Villes, transports et déplacements au Maghreb, Paris, L’Harmattan, 1996, p. 153.
37 Jean-Marc Offner, « Le développement des réseaux techniques : un modèle générique », Flux, 9-13, 1993, p. 12.
38 Gga, Tableau de la situation des établissements dans l’Algérie. 1864-1866, Paris, Impr. impériale, 1866, p. 144.
39 Cécile Dauphin, Pierrette Lebrun-Pezerat et Danièle Poublan, « L’enquête postale de 1847 », dans Roger Chartier (dir.), La Correspondance. Les usages de la lettre au xixe siècle, Paris, Fayard, 1991, p. 53-55.
40 Délibérations de la commune mixte de Teniet el-Haād, le 17-08-1901 et lettre de l’Inspecteur général des P&T au préfet d’Alger, le 27-06-1902, 6O/24, AWA. Conseil supérieur de gouvernement, Procès-verbaux des délibérations. Session de novembre 1878, Alger, V. Aillaud, 1878, p. 230.
41 Marche des courriers dans le département d’Alger, avril 1878, 399, CCA, ANA.
42 Intervention d’Auguste Tédeschi, séance du 14-11-1901, Gga, Délégations financières algériennes. Délégation des non-colons, Alger, Galmiche, 1901, p. 261-262.
43 X. Yacono, La Colonisation des plaines du Chelif…, op. cit., p. 412. X. Yacono cite aussi le rapport du directeur général des services civils adressé en 1862 à l’ingénieur en chef de la compagnie des chemins de fer algériens (p. 431).
44 Pierre Morton, « Le développement des chemins de fer en Algérie », Généalogie, Algérie, Maroc, Tunisie, 82, 2000.
45 L. Fouque (dir.), Annuaire oranais, nouvel annuaire industriel, commercial et agricole du département d’Oran. 11e année, Oran, Impr. Fouque & Cie, 1903, p. 607-611.
46 « Un chemin de fer constitue un véritable fleuve colonisateur, qui charrie des colons et les dépose sur ses berges ». Discours devant la Chambre des députés, le 4 décembre 1891, A. Burdeau, L’Algérie en 1891…, op. cit., p. 319.
47 X. Yacono, La Colonisation des plaines du Chelif…, op. cit., p. 433-434.
48 Albert Hec, Traité théorique et pratique du service des directions départementales des Postes et télégraphes, Paris, l’auteur, 1888 (2e éd.), p. 280.
49 Séance du 06-06-1911, Gga, Délégations financières algériennes. Délégation des colons…, op. cit., 1911, p. 674.
50 Gga, Statistique générale de l’Algérie, Paris, Impr. nationale, 1872, p. 393-394. Gga, service des PTT, Rapport sur la gestion financière pendant l’exercice 1925 et sur la marche générale du service des PTT, présenté par le Gouverneur général de l’Algérie, Alger, Pfister, 1933, p. 70.
51 Gga, Statistique générale de l’Algérie, Alger, Fontana, 1884, p. 312.
52 Rapport sur le budget des PTT, séance du 14-06-1911, Gga, Délégations financières algériennes. Assemblées plénières, Alger, Heintz, 1911, p. 724.
53 Carte du service postal par M. Betsellère, commis des postes à Alger, 1865, F80/2040/27, ANOM.
54 Charles Gouillon, Annuaire administratif et commercial des trois départements de l’Algérie, Alger, V. Aillaud, 1877, p. 83.
55 P.-B. Nicot, Annuaire commercial des trois provinces d’Algérie, Alger, Impr. centrale algérienne, 1870, p. 43.
56 Intervention de M. Lamoudi, délibérations du conseil municipal d’Alger, séance du 06-08-1938, 6O/2, AWA.
57 Pétition de représentants de l’industrie et du commerce à Médéa, mentionnée dans une lettre du maire de Médéa au préfet d’Alger, le 08-12-1872, 6O/25, AWA.
58 Pétition des habitants de Mustapha, citée dans la lettre du préfet d’Alger au gouverneur général, le 03-01-1851, F80/929, ANOM ; lettre du cabinet du gouverneur général au directeur des postes, le 14-09-1871, fonds de Gueydon, GGA, 3E/89, ANOM.
59 Plainte d’un habitant de Mustapha auprès de la chambre de commerce d’Alger, le 11-02-1888, 2HI/396, CCA, ANA.
60 Lettre de l’inspecteur général des PTT au préfet d’Alger, le 29-04-1902, 6O/4, AWA.
61 Formulaires sur l’état du bureau : Koléa (1902) et Dellys (1902), 6O/4, AWA ; Félix-Faure, 6O/5, AWA.
62 Délibération de la commune de Meurad, 04-08-1899 et convention du 05-08-1899, 6O/4, AWA.
63 Formulaire 1561 et plan du bureau de Pont-du-Chélif (1900), 18-75/238, ANA.
64 Lettre du directeur des postes de l’Algérie au préfet d’Alger, le 29-08-1873, 6O/55, AWA.
65 S. Richez, Postes et postiers en Normandie, op. cit., p. 260-264. Ministère des PTT, Architectures postales – 1887-1987, Paris, 1987, p. 16 (introduction d’Hervé Coulaud).
66 Lettre de l’inspecteur des lignes télégraphiques de la province d’Alger au préfet, le 01-01-1871, 6O/60, AWA.
67 Arrêté du gouverneur général du 12-03-1869, Bulletin officiel du Gouvernement général de l’Algérie. Année 1869, no 305, p. 103-112.
68 Décret du 20 janvier 1862 et circulaire du 30 juillet 1864 cités par O. Bataillé, Naissance d’une administration moderne…, thèse citée, p. 113-115.
69 Lettre de l’inspecteur des lignes télégraphiques du département d’Alger au préfet d’Alger, le 23-08-1876, 6O/60, AWA.
70 Conseil supérieur de gouvernement, Exposé de la situation de l’Algérie…, op. cit., 1878, p. 54.
71 Nicolas Verdier, « Poste et territoires… », art. cité, 2002, p. 74-75.
72 Lettre du gouverneur général au préfet d’Alger du 30-07-1898, 6O/6, AWA.
73 Registre des délibérations de Mouzaïaville, 20-05-1869, 6O/25, AWA.
74 Lettre de l’inspecteur des PTT au préfet d’Alger, le 25-08-1909 et extrait du registre des délibérations de Saoula, le 11-07-1909, 6O/04, AWA.
75 Conseil supérieur de gouvernement, Exposé de la situation de l’Algérie par M. Jules Cambon, Gouverneur général de l’Algérie, Alger, Gojosso et Cie, 1895, p. 143.
76 Lettre du ministre des P&T aux préfets, le 17-05-1887, 6O/1, AWA.
77 Gga, service des PTT, Notice sur l’organisation des services maritimes postaux entre la France et l’Algérie depuis la conquête et exposé de la situation d’après la convention du 16 décembre 1896 (loi du 11 Janvier 1898) dressés par ordre de M. Jonnart, Gouverneur Général de l’Algérie, Alger, A. Jourdan, 1904, p. 29-30.
78 Conseil supérieur de gouvernement, Procès-verbaux des délibérations et exposé de la situation générale de l’Algérie. Session de janvier-février 1892, Alger, Gojosso, 1892, p. 166.
79 Rapport sur le service des PTT présenté au Conseil des PTT par le chef du service central des PTT d’Algérie au gouverneur général, s. d. (fin des années 1920), p. 21, Bi 159, CCA, ANA.
80 Ces centres doivent à terme être transformés en commune de plein exercice. Christine Mussard, L’obsession communale. La Calle, un territoire de colonisation dans l’Est algérien, 1884-1957, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2018.
81 Intervention de Jules Cuttoli, séance du 27-05-1913, Gga, Délégations financières algériennes. Délégation des non-colons, Alger, Heintz, 1912, p. 342.
82 Registre des délibérations de la commune mixte de Teniet-el-Haād, séance du 19-11-1904 ; lettre du gouverneur général au préfet d’Alger, le 18-01-1905 ; lettre de l’administrateur de Teniet-el-Haād à l’inspecteur des PTT, le 04-01-1905, 6O/25, AWA.
83 Création d’un établissement de facteur-receveur auxiliaire à Hardy par l’arrêté du 14-06-1911 et rapport mensuel de l’administrateur communiqué à l’inspecteur général des PTT, le 19-04-1911, 6O/13, AWA.
84 Séance du 06-06-1911, Gga, Délégations financières algériennes. Délégation des colons, Alger, Heintz, 1911, p. 674.
85 La « population municipalement organisée » se déploie, en 1899, sur une superficie de 478 970 km². Paul Pelet, Atlas des colonies françaises, dressé, par ordre du ministère des Colonies, Paris, A. Colin, 1902, p. 9.
86 Gga, Direction générale des affaires civiles et financières, Tableau général des communes de plein exercice, mixtes et indigènes des trois provinces […] avec indication du chiffre de la population et de la superficie, Alger-Mustapha, Veuve Giralt, 1902.
87 Thénault Sylvie, « L’État colonial », art. cité, p. 231-233 ; A. Burdeau, L’Algérie en 1891, op. cit., p. 65.
88 C. Collot, Les Institutions de l’Algérie durant la période coloniale…, op. cit., p. 92-94.
89 P. Pelet, Atlas des colonies françaises…, op. cit., p. 9.
90 On compte, en 1902, 1 459 756 habitants dans les communes de plein exercice (pour une population totale de plus de 4 723 200 personnes). Ces 322 bureaux sont répartis sur 16 526 km², soient 5 % du territoire administré. Direction générale de la poste, Annuaire de l’Administration des postes et des télégraphes de France pour 1901. Manuel à l’usage du commerce, de la finance et de l’industrie, Paris, Paul Dupont, 1901.
91 À la même époque, le réseau postal allemand est déjà deux à trois fois plus maillé qu’en France métropolitaine (avec un bureau pour 17 km² et 1 629 habitants). La situation de l’Algérie apparaît, en revanche, plus enviable que celle de la Russie, où un bureau dessert 3 167 km² et 17 000 habitants.
92 L. Fouque (dir.), Annuaire oranais…, op. cit., 1903, p. 607-611. Gga, Direction générale des affaires civiles et financières, Tableau général des communes de plein exercice, mixtes et indigènes…, op. cit., p. 90.
93 Lettre adressée au ministre de l’Intérieur, citée par C. Collot, Les Institutions de l’Algérie durant la période coloniale…, op. cit., p. 97.
94 À la fin du xixe siècle, environ 400 fonctionnaires français et à peine plus d’auxiliaires (caïds, cheikhs, cavaliers) commandent une population de 2,5 millions d’individus (indigène à 98 %). D. Guignard, L’abus de pouvoir en Algérie coloniale…, thèse citée, p. 156.
95 Gga, Tableau général des communes de plein exercice, mixtes et indigènes des trois provinces…, op. cit., p. 116.
96 Mathilde Marguerit, « La mise en place du réseau postal dans les campagnes du xixe siècle. Une étude de cas : le département du Nord », Flux, 16-42, 2000, p. 48-59.
97 Gga, Statistiques financières de l’Algérie. Année 1903, Alger, Impr. agricole et commerciale, 1905, p. 61.
98 D. Guignard, L’Abus de pouvoir dans l’Algérie coloniale…, op. cit., p. 138.
99 H. Blais, L’Algérie mise en cartes 1830-1930…, dossier d’HDR cité, p. 314.
100 Délibérations du conseil supérieur du 11-02-1884, cité par A. Burdeau, L’Algérie en 1891…, op. cit., p. 155.
101 Jacques Frémeaux, L’Afrique à l’ombre des épées. 1830-1930, Paris, SHAT, 1993.
102 Hélène Blais, Mirages de la carte…, op. cit., p. 237.
103 Lettre du ministre de la Guerre, Eugène Daumas, au gouverneur général, le 26-01-53, F80/931, ANOM.
104 Lettre du commandant du cercle de Boghar au général commandant de la subdivision de Médéa, le 27-12-1853, 1I/189, ANOM.
105 Brouillon de lettre au gouverneur général, l’auteur est probablement le commandant en poste à Médéa, s. d. (vers avril 1854) ; lettre du commandant de la subdivision de Médéa au général commandant de la division d’Alger, le 01-12-1853, 1I/189, ANOM.
106 Conseil supérieur de gouvernement, Procès-verbaux des délibérations et exposé de la situation générale de l’Algérie…, op. cit., séance du 04-02-1892, p. 503-504.
107 Isabelle Eberhardt, notes de l’automne-hiver 1903, dans F. Laurent, Le Voyage en Algérie…, op. cit., p. 778.
108 Rapport du lieutenant Rochas, territoire d’Aïn-Sefra, le 12-12-1906, 22H/51, ANOM.
109 Lettre du général Collet Meygret, commandant de la division d’Alger, au gouverneur général, le 14-11-1896, 22H/51, ANOM.
110 Correspondance du commandant supérieur du cercle de Tiaret adressée au général commandant de la subdivision de Mascara, novembre-décembre 1866, 20J/43, ANOM.
111 Lettres du commandant du cercle de Tiaret au général commandant de la subdivision de Mascara, le 25 et le 28 octobre 1866 et les 6, 9, 15 novembre 1866, 20J/43, ANOM.
112 Louis Rinn, Nos Frontières sahariennes, Alger, A. Jourdan, 1886, p. 25.
113 Claude Lepez, « Saïda-Mecheria. Le cachet à date d’une expédition militaire en Algérie (1881-1882) », Les Feuilles marcophiles, 186, 1971, p. 16-17.
114 Rapports quotidiens du chef du détachement télégraphique, 2e régiment de tirailleurs algériens, octobre-novembre 1881 ; Lettre du chef du Génie à Mécheria au commandant de la subdivision de Saïda, 15-12-1881, 20J/43, ANOM.
115 Lettres du ministre de la Guerre au général commandant supérieur du Génie en Algérie, les 2 et 03-08-1881, 20J/43, ANOM.
116 Rapport du général commandant le XIXe corps d’armée au ministre de la Guerre, sept 1881-mai 1882, 1H/1008, SHD.
117 Lettre du capitaine de Chilly au général commandant de la subdivision de Saïda, le 26-10-1881, 20J/43, ANOM.
118 Lettre de l’inspecteur-ingénieur au général commandant de la subdivision de Mascara, le 06-10-1881, 20J/43, ANOM.
119 Lettre du ministre des Finances au général, ministre de la Guerre, le 06-09-1881, lettre du directeur des P&T d’Oran au général commandant du XIXe corps d’armée, octobre 1881, 1H/1008, SHD.
120 Lettre du général Boitard, commandant de la division d’Oran, au gouverneur général, le 18-06-1897, 22H/55, ANOM.
121 Pierre Morton, « Le développement des chemins de fer en Algérie », Généalogie, Algérie, Maroc, Tunisie, 82, 2000. Carte ferroviaire de l’Algérie en 1900, dans D. Guignard, L’Abus de pouvoir dans l’Algérie coloniale, op. cit., p. 132.
122 H. Blais, L’Algérie mise en cartes 1830-1930…, dossier de HDR cité, p. 330 et 366.
123 Article du Temps du 22-12-1896 et lettre du général commandant du XIXe corps au gouverneur général, le 13-05-1895, 22H/51, ANOM.
124 Conseil supérieur de gouvernement, Procès-verbaux des délibérations et exposé de la situation générale de l’Algérie. Session ordinaire de 1893, Alger, Gojosso, 1894, p. 446.
125 Conseil supérieur de gouvernement, Procès-verbaux des délibérations. Session ordinaire de 1894, Alger, Gojosso, 1895, p. 149-150 et p. 505.
126 Lettre de M. Billot de l’État-major général au général commandant du XIXe corps d’armée, le 05-04-1882 ; lettre du commandant du XIXe corps d’armée au ministre de la Guerre, le 11-03-1882 ; note pour la section d’Afrique de l’État-major général (4e bureau, télégraphie militaire), le 13-04-1882, 1H/1008, SHD.
127 Lettre du ministre des P&T, Adolphe Cochery, au ministre de la Guerre, le 03-11-1882, 1H/1008, SHD.
128 Projet d’organisation du service postal dans le Sud du commandant XIXe corps d’armée au ministre de la Guerre, le 06-08-1901, 1H/1008, SHD.
129 Lettre du gouverneur général au ministre de la Guerre, le 06-06-1903, 1H/1008, SHD.
130 Lettre du général commandant le XIXe corps d’armée au ministre de la Guerre, le 12-12-1900, 1H/1008, SHD.
131 Gga, Assemblées financières, Délégations financières algériennes. Session extraordinaire de 1901, Alger, Galmiche, 1901, p. 194. Lettre du ministre de la Guerre au gouverneur général, s. d. (début 1903), 1H/1008, SHD.
132 Note du bureau de l’organisation et des mobilisations générales, État-major général, section d’Afrique, le 18-08-1904, 1H/1008, SHD. Le Courrier algérien des PTT, no 54, le 25-03-1905.
133 Gga, Exposé de la situation générale des Territoires du Sud de l’Algérie, présenté par le gouverneur général, Ch. Jonnart. Année 1910, Alger, Adolphe Jourdan, 1910, p. 61-63.
134 Extrait du rapport du capitaine Lagarde, commandant le détachement de sapeurs télégraphistes dans l’extrême sud-oranais (s. d., vers 1904-1905), 1H/1008, SHD.
135 J. Frémeaux, L’Afrique à l’ombre des épées…, op. cit., p. 204, tome 2 ; Le Lay, « Le problème des transports à travers le Sahara et leur utilisation par l’administration des Postes », Bulletin d’Informations, de documentation et de statistique, 7, 1933.
136 Minute de lettre du ministre de la Guerre au gouverneur général, janvier 1903 ; Télégramme adressé de Laghouat au général commandant de la division, le 27-06-1900 ; lettre du commandant du XIXe corps d’armée au ministre de la Guerre, le 29-06-1900. 1H/1008, SHD.
137 Projet d’organisation du service postal dans le Sud par le commandant du XIXe corps d’armée adressé au ministre de la Guerre, le 06-08-1901, 1H/1008, SHD.
138 Lionel Galand (dir.), Lettres au marabout. Messages touaregs au père de Foucauld, Paris, Belin, 1999, p. 137-140.
139 M. Côte, L’Algérie ou l’Espace retourné…, op. cit. X. Yacono, La Colonisation des plaines du Chelif…, op. cit.
140 René Lespès, Pour comprendre l’Algérie, Alger, Heintz, 1937, p. 126, cité par Marina Fabre, La gare ferroviaire en Algérie pendant la période coloniale, master 2 dirigé par Omar Carlier, université Paris VII Diderot, 2013, p. 25.
141 Rapport du maréchal Vaillant, ministre de la Guerre, présenté à l’Empereur et inséré au Moniteur, le 22-05-1854. Cité par A. Etenaud, La Télégraphie électrique en France et en Algérie, op. cit., tome 1, p. 147.
142 Minute d’une lettre du service du commerce aux présidents des chambres de commerce d’Alger, Oran et Constantine, le 29-03-1847, F80/929, ANOM.
143 Lettre du directeur service télégraphique de l’Algérie, décembre 1847, 2N/14, ANOM.
144 Conventions franco-tunisiennes du 20-08-1859 et du 19-04-1861. Gga, Tableau de la situation des établissements dans l’Algérie. 1864-1866…, op. cit., p. 142. Andreas Tunger-Zanetti, La communication entre Tunis et Istanbul, 1860-1913. Province et métropole, Paris, L’Harmattan, 1996.
145 Mohammed Amine Aoudia, L’emploi du télégraphe dans le processus de colonisation sur la Régence de Tunis au xixe siècle, master 2 dirigé par Catherine Mayeur-Jaouen et M’hamed Oualdi, INALCO, 2014. Élisabeth Mouilleau, Fonctionnaires de la République et artisans de l’empire. Le cas des Contrôleurs Civils en Tunisie (1881-1956), Paris, L’Harmattan, 2000, p. 56.
146 Lettre du Premier ministre tunisien adressée au consul général de France à Tunis, le 17-04-1876 ; Réponse du gouverneur général de l’Algérie, le 29-04-1876, 25H/21, ANOM.
147 Copie d’un rapport de M. Fortin, receveur des Postes à Tunis, le 18-01-1875, 19990384/13, AN Fontainebleau. Lettre du consulat de France à Tripoli de Barbarie, M. Féraud, au gouverneur général, le 02-05-1879, 25H/21, ANOM.
148 Lettre du consulat de France à Tripoli de Barbarie au gouverneur général de l’Algérie, le 02-05-1879, 25H/21, ANOM. Lettre de l’ambassadeur de France à Constantinople au ministre des Affaires étrangères, le 04-08-1906, 29H/3, ANOM.
149 Brouillon de lettre du gouverneur général au ministre de l’Intérieur, le 02-11-1877, 25H/21, ANOM.
150 Gga, Statistique générale de l’Algérie, Alger, Fontana, 1884, p. 309 ; Gga, Tableau de la situation des établissements dans l’Algérie. 1864-1866…, op. cit., p. 144.
151 Brouillon des travaux de la commission relative à l’organisation administrative de l’Algérie, séance du 09-12-1880, F80/1707, ANOM.
152 Convention du 20 mars 1888. S. Benzimra, L’Accès à la fonction publique en Afrique de nord…, thèse citée ; ministère des Postes, « Création d’un office tunisien postal », Bulletin mensuel des postes et télégraphes, 6, juin 1888, p. 137-140 ; ministère des PTT, « Le cinquantenaire de l’office des Postes et télégraphes de la régence de Tunis », Bulletin d’informations, de documentation et de statistique, 5, 1938, p. 11-20.
153 Lettre du chargé d’affaires de France au gouverneur général de l’Algérie, le 07-09-1880, 25H/21, ANOM.
154 Conseil supérieur de gouvernement, Procès-verbaux des délibérations…, op. cit., 1898, p. 555.
155 Le Petit Souk-Ahras, no 15, le 10 avril 1904.
156 Gga, Délégations financières algériennes. Assemblées plénières, Alger, Heintz, 1913, p. 59, programme des sessions.
157 Association générale des Agents des PTT de France et des colonies, 13e congrès annuel, 1913, compte rendu in extenso des débats, Paris, L’Emancipatrice, 1913, p. 94 ; Renée Michel, L’Office chérifien des P.T.T. et l’évolution postale au Maroc, Rabat, F. Moncho, 1938.
158 Daniel Rivet, Le Maghreb à l’épreuve de la colonisation, Paris, Hachette, 2002, p. 170.
159 Minute du ministère de la Guerre à la section d’Afrique, le 27-03-1905, 1H/1008, SHD. « Le drame de Marrakech et l’occupation d’Oujda », Bulletin du Comité de l’Afrique française, 4, avril 1907, p. 120-139 ; Yvette Katan Bensamoun, Oujda, une ville frontière du Maroc (1907-1956). Musulmans, Juifs et Chrétiens en milieu colonial, Paris, L’Harmattan, 1990, p. 72.
160 Lettre du général Servière, commandant du XIXe corps d’armée, au cabinet du gouverneur général, le 01-04-1907 et télégramme du cabinet du gouverneur général de l’Algérie au ministre français à Tanger, le 08-04-1907, 30H/54, ANOM.
161 Télégramme d’Oujda au gouverneur général de l’Algérie et au commandant du XIXe corps d’armée, le 11-04-1907, 30H/54, ANOM.
162 Minute de lettre du gouverneur général à l’inspecteur général des PTT, le 29-03-1907, 30H/54, ANOM.
163 Lettre de Lyautey, commandant par intérim de la division d’Oran, au gouverneur général, le 03-04-1907 et note du service algérien des PTT au cabinet du gouverneur général, le 05-04-1907, 30H/54, ANOM.
164 Vœu de Justin Maréchal, délégué colon d’Oran, dans Gga, Délégations financières algériennes. Assemblées plénières, Alger, Heintz, 1908, p. 550-551.
165 Note transmise à la division d’Oran, le 12-04-1907, 30H/54, ANOM.
166 Note du service algérien des PTT au chef du service des Affaires indigènes, le 06-09-1907, 30H/54, ANOM.
167 « Décret du 13 mai 1915 portant promulgation de la convention signée à Paris le 01-10-1913 entre la France et le Maroc en vue de la création d’un office des PTT », Bulletin mensuel des postes et télégraphes, 7, juin 1916, p. 382-391. Carte du réseau télégraphique au Maroc en 1914, bureau topographique des troupes du Maroc occidental, GE C-4420, BN Richelieu.
168 Conseil supérieur de gouvernement, Procès-verbaux des délibérations. Session de mars 1898, Mustapha, Giralt, 1898, p. 729-730.
169 Lettre du service central des P&T au ministre de la Guerre, le 27-09-1898, 1H/1008, SHD.
170 Renseignements sur l’organisation des oasis sahariennes par M. Laguière, chef de la section des affaires indigènes à Oran, le 24-07-1902, 1J/146, ANOM.
171 H. Blais, L’Algérie mise en cartes 1830-1930…, dossier de HDR cité, p. 341.
172 Ibid., p. 372-373.
173 A. de Cluveaux, Les Communications postales et les transports entre la France et l’Algérie, op. cit., p. 9-10.
174 Philippe Bata, Le Réseau de câbles télégraphiques sous-marins français…, mémoire cité, p. 165.
175 Émile Broussais, séance du 17-03-1896, Conseil supérieur de gouvernement, Procès-verbaux des délibérations et exposé de la situation générale de l’Algérie. Session de mars 1896, Alger, Gojosso, 1896, p. 517-519.
176 Capitaine Nou, « Le Transsaharien télégraphique », Bulletin du Comité de l’Afrique française, 8 (supplément), août 1904, p. 185-194 ; A. Hongla, La Poste et le télégraphe en Afrique occidentale française…, thèse citée, p. 262 et 370.
177 Conseil supérieur de gouvernement, Procès verbaux des délibérations. Session de décembre 1899, Mustapha, Giralt, séance du 19-12-1899, p. 615-617.
178 Ibid., p. 611.
179 Capitaine Nou, « Le Transsaharien télégraphique », art. cité, p. 186.
180 Gga, Exposé de la situation générale des territoires du sud de l’Algérie, présenté par Ch. Jonnart, Gouverneur général. Année 1905, Alger, Heintz, 1906, p. 64-65. Le Courrier algérien des PTT, no 81, 25-12-1905.
181 Le Courrier algérien des PTT, nos 39, 60, 66, 71, 73, 81, 82, 89 (oct. 1904-mars 1906). Émile-Félix Gautier, La Conquête du Sahara, essai de psychologie politique, Paris, A. Colin, 1910, p. 240.
182 Maurice Zimmermann, « Situation actuelle des Territoires du Sud-algérien. Puits artésiens et communications », Annales de Géographie, 90, tome 16, 1907.
183 « Ce sera notre ligne du Cap au Caire » : article de Félix Dubois, Bulletin du Comité de l’Afrique française, 3, mars 1907, p. 98-99. Lettre du ministre des Colonies au ministre de l’Intérieur, président du Conseil, le 20-08-1907, F80/1773, ANOM. Lettre du colonel Levé au général commandant du XIXe corps d’armée, le 22-02-1912, 8H/45 (51), ANOM.
184 Capitaine Nou, « Le Transsaharien télégraphique », art. cité, p. 192.
185 A. Hongla, La Poste et le télégraphe en Afrique occidentale française…, thèse citée, p. 380.
186 Gga, Exposé de la situation générale des Territoires du Sud de l’Algérie… Année 1910…, op. cit., p. 107.
187 Jacques Revel (dir.), Jeux d’échelles : la micro-analyse à l’expérience, Paris, Gallimard/Seuil, 1996.
188 É. Pélicier, Statistique de la télégraphie privée en Algérie…, op. cit., 1858, p. 14. Extrait des Annales télégraphiques, nov.-déc. 1858.
189 Gga, service des PTT, Notice sur l’organisation du service depuis la conquête et exposé de la situation au 1er janvier 1904 dressés par ordre de M. Jonnart, Gouverneur général, Alger, Adolphe Jourdan, 1904.
190 N. Verdier, « Poste et territoires… », art. cité, p. 72.
191 M. Côte, L’Algérie ou l’Espace retourné…, op. cit.
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