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Annexe I. Note sur les archives

p. 269-272


Texte intégral

1Le Centre national des archives de l’Église de France (CNAEF) a été créé en 1973. Depuis 1981, il est officiellement missionné pour collecter, conserver et valoriser la documentation produite par les organes de la Conférence épiscopale de France. Les archives de l’ACA et de la CEF préalables à ces dates sont dispersées dans les services d’archives diocésains.

Étudier l’ACA

2L’un des lieux les plus importants pour qui veut étudier l’histoire de l’ACA est le diocèse de Cambrai. Son service d’archives est incontournable, car il conserve les papiers des deux archevêques et secrétaires de l’ACA, Mgr Jean-Arthur Chollet, secrétaire de 1921 à 1952, et Mgr Émile Guerry, secrétaire de 1952 à 1964. Le fonds Chollet est le plus connu, puisque son inventaire a fait l’objet d’une publication en 20061. C’est le fonds le plus complet sur cette période. Il contient les procès-verbaux de l’ACA et de la commission permanente, ainsi que la correspondance et les dossiers de travail associés. Le fonds Guerry, référencé par deux inventaires2, n’a pas encore été classé. C’est un mélange d’archives de l’ACA et de documentation liée à sa mission d’archevêque de Cambrai. Pourtant, toutes les archives de Guerry ne sont pas à Cambrai.

3Un autre fonds, propriété des petites sœurs des maternités catholiques, dont la communauté est située à Nivolas-Vermelle près de Lyon, a été déposé au CNAEF en mars 20193. Ce fonds contient le complément de ce qui est conservé à Cambrai. On y trouve des procès-verbaux de l’ACA, la correspondance du secrétaire de l’ACA, classée par nom de cardinaux et d’évêques, ainsi que des dossiers de travail de l’ACA. On y trouve également des archives sur le concile, dont des actes conciliaires, annotés pour certains, des archives de l’action de Mgr Guerry concernant les prêtres ouvriers et l’ACO, ses écrits, etc. Il reste aux petites sœurs des maternités catholiques les carnets spirituels dont l’archevêque avait souhaité à sa mort qu’ils demeurassent dans cette communauté qu’il a fondée. Or, ces carnets contiennent également des réflexions sur ses missions de l’ACA.

4Trois autres fonds conservés au CNAEF sont essentiels4. Le premier est le fonds à proprement parler de l’ACA, il contient uniquement les procès-verbaux de l’assemblée plénière et de la commission permanente ; le second est le fonds de l’Action catholique française (désormais ACF) qui comprend une correspondance abondante entre le premier secrétaire général de l’ACF, créée en 1931, Mgr Stanislas Courbe, et Mgr Chollet, ainsi qu’avec les évêques sur les dossiers traités par l’ACA. Cette correspondance est d’autant plus importante qu’à l’époque, le secrétariat de l’épiscopat, qui ne sera créé qu’en 1945, n’existe pas encore. Ces archives permettent donc de connaître le fonctionnement de l’épiscopat dans les années 1930. Enfin, le CNAEF possède le fonds Henri Chappoulie, qui fut délégué de l’ACA auprès du gouvernement de Vichy puis premier directeur du secrétariat de l’épiscopat de 1945 à 1950.

5Les services d’archives clés pour l’étude de l’ACA sont donc avant tout le diocèse de Cambrai et le CNAEF. Néanmoins, on trouve en quelques autres lieux des reliquats de cette histoire. Les archives diocésaines de Lille abritent des dossiers du cardinal Liénart qui a eu la présidence la plus longue de l’ACA de 1940 à 19645. Les archives du premier président de l’ACA, le cardinal Luçon, font partie d’un fonds de l’archevêché de Reims conservé aux archives départementales de la Marne (site de Reims) : il s’agit de deux articles dans lesquels sont classés les dossiers des treize premières assemblées des cardinaux et archevêques6. Le fonds du cardinal Gerlier, vice-président de l’ACA de 1951 à 1964, est à Lyon et contient des archives sur les dossiers traités par l’ACA à cette période, ainsi que de la correspondance avec Mgr Chappoulie lorsque l’ACA se réunissait à Lyon pour la zone libre.

6Selon l’objet de l’étude, on pourra aussi se renseigner auprès des diocèses dont les archevêques ou cardinaux ont fait partie de l’ACA. On peut toujours découvrir, au détour d’une correspondance ou d’un carnet personnel, des réflexions sur l’institution qui permettent d’avoir un regard différent sur telle action ou tel événement. Par exemple, les carnets du cardinal Grente sont conservés aux archives diocésaines du Mans. Ils contiennent des réflexions du cardinal sur l’attitude et les choix de ses collègues, ainsi que sur l’ACA.

7Enfin, l’un des hauts lieux permettant l’étude de la gouvernance de l’épiscopat est le Saint-Siège. Car, en effet, il est évident qu’une institution nationale de l’envergure de l’ACA n’aurait pu être érigée sans l’accord du pape. C’est d’ailleurs Benoît XV qui demanda à ce que la première assemblée se tienne en 1919. Il faut donc se rendre au Vatican pour apprendre comment le Saint-Siège a suivi l’ACA. Les archives les plus intéressantes pour cette étude sont celles de la Congrégation pour les affaires ecclésiastiques extraordinaires7. Celle-ci suivait les conférences épiscopales de chaque pays, dont la France. Ensuite, on pourra se tourner vers les Archives apostoliques vaticanes pour examiner les archives de la Congrégation du Concile, de la Congrégation consistoriale et de la nonciature en France.

Étudier la CEF

8Lorsque la Conférence épiscopale française est créée, le secrétariat est déjà installé au 106, rue du Bac à Paris, et les choses sont plus simples du point de vue archivistique. Un seul lieu pour accueillir le secrétariat général de l’épiscopat permet d’éviter que les archives ne soient dispersées. C’est donc tout naturellement que le CNAEF s’y installe lors de son rattachement au secrétariat général en 1981, à l’instigation du chanoine Charles Molette. Cela fait maintenant soixante-deux ans qu’il existe une instance de gouvernance de l’Église supra-diocésaine et un centre d’archives devient plus que nécessaire afin de centraliser les productions documentaires des commissions et services nationaux. Ainsi le conseil permanent s’exprime-t-il en février 19818 :

« 1) Il est important que l’Église ait la gestion de ses archives ; elles appartiennent à son patrimoine. La situation en ce moment est favorable pour rendre officielle cette institution de l’Église en France. Le conseil permanent remercie et encourage le chanoine Molette pour la tâche qu’il remplit.

2) Si le service des archives est mieux reconnu comme service de l’Église en France, une incitation est à donner pour que les documents actuellement dispersés soient remis au fonds national (archives des commissions, des secrétariats nationaux, des mouvements). De plus, les évêques ont à prendre des dispositions pour que certaines archives reviennent à ce fonds. »

9La collecte des archives débute donc véritablement à la suite de ce rattachement. C’est ainsi que le CNAEF reçoit la majorité des archives des instances de gouvernance de l’épiscopat, et notamment des commissions épiscopales créées par l’assemblée plénière d’avril 1951. Le croisement de ces fonds avec une base de données recensant l’intégralité des commissions, comités et conseils épiscopaux sur les cent dernières années, ainsi que les noms des évêques présidents de chaque organe, a permis d’identifier précisément les lacunes. Parallèlement, une enquête auprès des diocèses a été effectuée pour repérer des reliquats de cette histoire dans leur service d’archives. Le risque était en effet que des évêques aient laissé dans leur évêché leurs archives produites dans le cadre de leur mission auprès d’une commission.

10Ce travail a permis d’établir que le CNAEF avait pratiquement toutes les archives des quinze premières commissions épiscopales jusqu’aux conseils épiscopaux d’aujourd’hui. Seulement, il n’est pas toujours aisé de se repérer dans des dizaines de mètres linéaires de cartons, car, depuis 1951, notamment suite à la création de la CEF en 1964, les organes de gouvernance n’ont cessé d’évoluer. Une commission peut simplement rester une commission, telle la commission épiscopale de liturgie qui devient en 2005 la commission épiscopale pour la liturgie et la pastorale sacramentelle. Mais certaines commissions deviennent des comités épiscopaux rattachés à une commission pour finalement fusionner dans un conseil épiscopal. C’est le cas, par exemple, de la commission épiscopale du monde ouvrier qui est devenue en 1994 le comité épiscopal du monde ouvrier ; celui-ci a disparu en 2005 au profit de la Mission en monde ouvrier, qui est rattachée au conseil pour les mouvements et associations de fidèles. Il n’y a donc pas un fonds d’archives « Monde ouvrier », mais plusieurs, dont deux sont des versements du secrétariat national de la Mission ouvrière qui contiennent les archives de la commission. Un autre fonds vient du comité épiscopal du monde ouvrier et les prochains versements en rapport proviendront de la Mission en monde ouvrier ou du secrétaire général adjoint du conseil pour les mouvements et associations de fidèles. Selon l’organisme producteur des archives ou le secrétariat de rattachement, les sources concernant un même sujet ne seront pas désignées sous le même intitulé. Cela souligne l’importance pour les archivistes de connaître avec précision l’histoire de l’institution dont ils conservent la mémoire, de façon à pouvoir correctement conseiller le chercheur qui ne se doutera peut-être pas que des archives d’un fonds pourront l’intéresser.

11Un état des sources a été réalisé à l’occasion du colloque du centenaire9. Il recense, par thématiques et commissions épiscopales, les archives de la gouvernance conservées en France, c’est-à-dire au CNAEF et dans les diocèses.

12L’intérêt de ce livre, outre l’étude historique des cent dernières années, est de rapprocher historiens et archivistes de l’histoire de l’Église catholique, ces deux professions étant étroitement interdépendantes. Des services d’archives sans archiviste ralentissent l’accès aux sources pour les historiens. Réciproquement, des archives sans historiens demeurent mortes. On ne peut donc que souhaiter que cet ouvrage encourage les évêques à recourir à des archivistes pour gérer et mettre en valeur leurs archives, et les historiens à se rendre dans les services d’archives diocésains pour manifester l’intérêt, pour la recherche, du patrimoine de l’Église catholique.

Notes de bas de page

1 Machelart Félicien, Inventaire des archives de l’Assemblée des cardinaux et archevêques de France 1919-1964, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2006.

2 Fonds cotés 3 Z 11 et 3 Z 11 2000.

3 Fonds d’archives enregistré sous la cote 72 PP.

4 Le fonds de l’ACA est enregistré sous la cote 1 CE, celui de l’ACF sous la cote 2 CE et celui d’Henri Chappoulie sous la cote 3 CE.

5 Fonds coté 2 B 1.

6 Articles 7 J 3 et 4. Ces dossiers sont mêlés aux dossiers des assemblées épiscopales.

7 S. RR. SS., AA. EE. SS., Francia periodo III, pos. 1340, fasc. 699-700 (à propos de la première réunion de l’ACA et de ses suites) et pos. 1365, fasc. 717 (à propos de l’assemblée de 1921) ; periodo IV, pos. 540, fasc. 22-29 et pos. 757, fasc. 309-313 (pour les années 1923-1939).

8 CNAEF, 3 GOV 3 Bis, procès-verbal du conseil permanent du 2 février 1981.

9 L’état des sources est téléchargeable sur le site internet du CNAEF. Il n’est pas exhaustif, mais sera actualisé régulièrement.

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