Mme de Maintenon en ses terres
p. 125-136
Texte intégral
1Que fut Maintenon pour Mme de Maintenon ? Assez étonnamment, la question n’a que rarement été posée. De fait, jusqu’à présent, seules deux études ont été consacrées spécifiquement à ce sujet1. Cette contribution entend revenir sur cette facette largement méconnue. Il s’agira d’observer Françoise d’Aubigné comme dame puis marquise de Maintenon, c’est-à-dire de saisir les rapports qu’elle a pu entretenir avec ses terres et sa fortune patrimoniale. Pour entrer en dialogue avec mes prédécesseurs et y apporter un regard nouveau, j’ai travaillé à partir de sources dites « de la pratique » : sources financières, minutes notariales, actes de l’administration royale et des cours souveraines, disponibles essentiellement aux Archives nationales et aux Archives départementales d’Eure-et-Loir.
2L’achat de Maintenon est généralement considéré comme une étape fondamentale dans la construction de la fortune – aussi bien pécuniaire que sociale – de Françoise d’Aubigné ; il serait en quelque sorte un marchepied lui ayant permis d’échapper aux difficultés du passé pour accéder à l’aisance matérielle, à la cour, au roi. Le but de cette étude est de nuancer quelque peu cette idée, ou tout du moins de restituer tous les enjeux qui ont accompagné cette acquisition : qu’a réellement représenté son domaine pour Françoise d’Aubigné ? Une autre question guidera le propos : celle de la part qu’une femme peut prendre dans la construction de sa propre fortune, en tentant de distinguer son implication personnelle du rôle joué par la faveur royale. Pour comprendre les tenants et les aboutissants d’une telle configuration, une première partie sera consacrée à la construction de la fortune territoriale, en suivant un ordre chronologique. Les enjeux sociaux et honorifiques que recouvre l’enrichissement foncier seront ensuite analysés, avant que ne soient abordés les aspects plus proprement économiques, afin de montrer quels ont pu être les avantages mais aussi les inconvénients liés à la possession du domaine de Maintenon.
La construction d’une fortune territoriale (1674-1688)
Les moyens d’une première acquisition
3Lorsque pour la première fois, Françoise d’Aubigné fait part dans ses lettres de sa volonté d’acheter une terre, en juillet 1674, elle ne possède rien – ou presque. De même que son frère, elle n’a rien hérité de son père, Constant d’Aubigné, qui avait abandonné l’ensemble de ses biens en 1625, à la demande de ses créanciers, avant d’être déshérité en 16302. Au décès de son mari, Paul Scarron, Françoise ne reçoit rien non plus, pas même son douaire (selon toute vraisemblance), fixé à 1 000 livres tournois (lt) par an, car le défunt avait trop de dettes. À ce moment-là, en 1660, elle est donc à peu près démunie.
4Par l’intercession de sa marraine, la duchesse de Navailles, et de son amie, la duchesse de Montausier, elle obtient heureusement une pension de 2 000 lt par an de la part de la reine mère, Anne d’Autriche, en 1661. Cette pension est augmentée à 2 700 lt au décès de la souveraine, en 1666, « tant en consideration des services dud. Scarron qu’en consideration de ceux du feu sr d’Aubigné, [son] ayeul3 ». Françoise entre ensuite au service des bâtards de Louis XIV et de Mme de Montespan comme gouvernante, vraisemblablement à partir de 1669. Cette situation lui permet d’abord d’occuper une nouvelle maison, rue de Vaugirard, mais « tous les meubles estans dans lad. maison appartenoient aud. sieur duc du Mayne son maistre4 ». Lorsque les premiers enfants sont légitimés, en 1673, la veuve Scarron voit sa pension augmentée presque du simple au triple, passant de 2 700 à 6 000 lt par an5. Néanmoins, cela reste bien peu pour couvrir les frais de la vie de cour, à laquelle elle est désormais soumise.
5L’année suivante, en 1674, sa situation financière change radicalement : le roi lui accorde un important don, montant à un total de 200 000 lt. Deux sources sont généralement mobilisées pour attester de ce geste : la correspondance de Françoise elle-même6 et les Mémoires du duc de Saint-Simon, qui donnent une version des faits particulièrement acerbe7. Il n’est en réalité pas aisé de retrouver la trace de ce don dans les sources de la comptabilité royale et donc de connaître avec exactitude les moyens dont disposait Françoise au moment où elle recherche une terre. Dans les registres du Trésor, seule est mentionnée une « gratification » de 144 000 lt, accordée en « considération de ses services8 ». Une large partie de cet argent est portée sur la ferme du tabac. Le roi a certainement complété ce premier don par un second puisque dans un compte que rend l’intendant de Françoise, est bien mentionnée une recette de 200 000 lt pour les années 1674 et 16759. La veuve Scarron se voit en outre accorder un privilège d’exploitation sur les fours des boulangers, en septembre de la même année, et signe même un traité avec deux artisans10. Nous ignorons cependant combien cela a pu lui rapporter.
L’achat de Maintenon et la mise en valeur du domaine
6À peine a-t-elle reçu cet argent que Françoise cherche à le convertir dans l’achat d’une terre. Les historiens ont donné plusieurs explications à cette volonté : la fragilité de sa position à la cour, les conflits avec Mme de Montespan, la recherche d’une certaine tranquillité, mais aussi, comme le souligne Dominique Picco, la volonté de répondre « à un impératif identitaire noble masculin, celui de s’enraciner dans une seigneurie11 ».
7Une occasion se présente à la fin de l’année 1674 avec la terre de Maintenon. Le vendeur, Odet de Ryants, marquis de Villeray, avait racheté ce domaine l’année précédente à son beau-frère, Charles-François d’Angennes, sans pour autant parvenir à le purger de ses dettes. Il se voit donc contraint de s’en séparer. L’acte de vente est signé avec Françoise le 27 décembre 167412. Le bien cédé y est décrit en détail : il s’agit des châtellenies de Maintenon et du Parcq, couvrant environ 25 arpents (10 hectares) et comprenant la coupe des bois, les vignes, les banalités et autres droits seigneuriaux (voir annexe). Le prix pour l’ensemble est fixé à 240 000 lt, auquel il faut ajouter le versement de quelques rentes seigneuriales.
8Quelques semaines après la signature de ce contrat, Françoise requiert la réalisation d’un procès-verbal, considérant qu’« il y a grand nombre de réparations à faire qui sont considérables13 ». L’enquête réalisée par le Châtelet de Paris rend compte des chantiers à lancer dans plusieurs domaines, comme les maçonneries, les toitures, les charpentes ou les jardins. Les lettres de Françoise comportent plusieurs mentions de ces travaux. Parmi les chantiers les plus notables, il faut noter l’aménagement du jardin par André Le Nôtre (vers 1676) et la construction d’une nouvelle aile (vers 1685-1686). Les Comptes des Bâtiments du roi recensent plusieurs des dépenses ainsi réalisées : rien que pour le château et le parc, l’on atteint entre les années 1686 et 1689 un montant de presque 315 000 lt14. Néanmoins, il est difficile de connaître avec exactitude le coût total de toutes ces opérations, faute de sources.
9Françoise ne se préoccupe pas seulement de faire réparer et construire des bâtiments : elle cherche également à étendre son domaine. Après avoir fait réaliser un arpentage, elle acquiert de nouvelles portions de terres. Elle achète d’abord, en 1678, une pièce appelée le « pré au bœuf », échangée avec le prieur de Maintenon contre une prairie15. L’année suivante, elle s’arrange par « convention verballe » avec la comtesse de Nogent, sœur du beau Lauzun. Moyennant une somme de 34 000 lt, réglée dès le début du mois de février 1679, elle entre ainsi en possession de trois terres voisines de Maintenon, à l’est : Pierres, Teneuse (ou Taneuse) et Boisricheux16.
Les dons du roi
10Dans le but de conduire les eaux de l’Eure au château de Versailles, Louis XIV ordonne en 1685 des travaux pour la construction d’un aqueduc sur le territoire de Maintenon. À compter de ce moment, la propriétaire des lieux bénéficie régulièrement de la libéralité royale, en guise de « dédommagement » pour la gêne occasionnée. Faisant valoir que « sa terre est […] fort peuplée d’habitans, marchands, et artisans, fertile en grains, bestiaux et autres marchandises », elle requiert d’abord la création d’un marché hebdomadaire et de quatre foires annuelles. Le roi accède à cette requête en mai 168617. Quelques mois plus tard, en octobre, il lui octroie les droits sur les rivières, digues, écluses et littoraux situés dans l’étendue de Maintenon, qui servent à la construction de l’aqueduc18.
11Mais le don le plus important, sans conteste, date de 1687. Par un brevet du 13 juillet, Louis XIV ordonne l’acquisition d’un domaine entier, dans le but clairement exprimé d’en faire don à Françoise d’Aubigné19. Ce geste est proprement exceptionnel : sur toute la période qui couvre le règne d’Henri IV et celui de Louis XIV, il ne trouve pas d’équivalent. La justification qui en est donnée mêle deux registres : d’abord « pourvoir au desdommagement de la dame de Maintenon », mais aussi « luy donner des marques de la consideration que sa majesté a pour elle20 ». C’est ainsi que le 31 juillet 1687 le marquis de Louvois, surintendant des Bâtiments, se retrouve chez le notaire pour acquérir les terres de Grogneul (ou Grogneuil), Lafolie, Changé, Saint-Piat, Marais de Marcilly, Chartainvillier, Boigneville, Hermenonville (ou Yermenonville), et autres cédées par le prince et la princesse de Fürstenberg. Ces domaines comptent au total huit maisons seigneuriales ou châteaux – dont celui de Grogneul, ainsi que des terres labourables, des prés, des vignes et des bois. Le prix est autrement plus élevé que celui de Maintenon et du Parcq puisqu’il monte à 330 000 lt – entièrement à la charge du roi, et donc du Trésor royal21.
12Ce don de Grogneul est fondamental pour la construction de la fortune patrimoniale de Françoise d’Aubigné : il lui permet de doubler la superficie de son domaine et le rend suffisamment imposant pour pouvoir obtenir une dignité plus haute (Maintenon restant jusqu’alors une châtellenie) [fig. 1]. L’érection en marquisat a en effet lieu dès le mois de mai 168822. Tous les domaines situés à proximité sont alors unis à Maintenon. Il est en outre stipulé que Françoise peut entièrement en disposer, sans que la Couronne puisse intervenir (même si elle a acheté plus de la moitié des terres et fourni l’argent pour l’autre moitié). Là encore, il s’agit d’une libéralité que l’on ne retrouve que très rarement sous les Bourbons, reposant à la fois sur la « considération » que le roi dit avoir pour la bénéficiaire, sur l’ancienneté des terres et sur les « beaux droits » qui y sont attachés – d’ailleurs largement attribués par Louis XIV à Françoise elle-même, comme nous avons pu le voir. Ce panorama sur les années 1674 à 1688 confirme que Françoise d’Aubigné a bénéficié d’une faveur royale particulièrement efficace et exceptionnelle, lui permettant de cumuler un patrimoine foncier conséquent en à peine quinze ans. Mais quelle a été l’efficience de cette évolution au niveau social ?
Fig. 1. – Carte des environs de Maintenon (détail), Paris, BnF, département des Cartes et Plans, GE DD-2987 (collection d’Anville, 01255 B).
© BnF.
Enjeux sociaux et honorifiques : une acquisition nécessaire pour évoluer à la cour ?
Titre, dénomination et identité
13Le premier changement que l’on perçoit, à travers les sources, concerne la manière dont Françoise se présente et le nom qu’elle arbore. Avant 1675, elle est désignée par son nom de veuve, à savoir le nom de son défunt époux, Paul Scarron. Ainsi, dans le contrat de vente de Maintenon, elle se fait appeler « Francoise d’Aubigny, veufve de Mre Paul Scaron, sr des Fougerais, conseiller du roi en ses conseils23 ». De même, les contemporains qui la désignent alors, comme Mme de Sévigné, parlent de « Madame Scarron ». Mais peu à peu, à partir de 1675, Françoise fait suivre son nom de naissance de ses nouveaux titres et terres, repoussant progressivement le nom de son mari décédé à la fin de sa titulature. Dans l’une de ses lettres, elle affirme que le changement intervient précisément dès le mois de février 1675, après que « le roi [l’a] nommée Madame de Maintenon24 ». Dans les écrits des contemporains comme dans les actes officiels, cette évolution est sensible : Mme de Sévigné, Bussy-Rabutin, etc. parlent non plus de « Madame Scarron » mais de « Madame de Maintenon », et les notaires la citent désormais comme « Françoise d’Aubigny, marquise de Maintenon, vefve de feu Mre Paul Scaron25 […] ». C’est à compter du début des années 1680 – soit au moment du mariage supposé avec Louis XIV – qu’elle abandonne définitivement le nom de « Scarron » pour ne conserver que son nom de naissance et son nom de terre. De la sorte, elle cherche à insister sur son identité nobiliaire attachée à la terre, tout en effaçant les traces de son passé26.
14Non seulement Françoise porte désormais le nom de sa terre, mais elle arbore également une dignité plus élevée – avant même que son domaine ne soit érigé en marquisat. Dès le mois de février 1675, elle se fait déjà appeler « haute et puissante dame dame Françoise d’Aubigny, marquise de Maintenon27 ». À compter de cette date, elle prend souvent le titre de « marquise » et les épithètes d’honneur qui y sont associées dans les actes notariés, en particulier dans ceux où son caractère seigneurial a besoin d’être affirmé. Le roi fait d’ailleurs de même dans ses brevets28, ainsi que le marquis de Sourches dans ses Mémoires29. Cette dénomination de « marquise de Maintenon » reste donc longtemps un titre de courtoisie, qui ne s’appuie sur aucune réalité matérielle. Seule l’érection en marquisat, en 1688, permet de donner un caractère officiel à la situation. Mais est-ce là le seul changement introduit par cette élévation en dignité, qui finalement n’a pas eu besoin d’attendre les lettres patentes du roi ?
À la cour
15De fait, l’évolution sociale que connaît Françoise d’Aubigné après l’achat de Maintenon est plus sensible dans la manière dont elle se fait appeler que dans la place qu’elle tient à la cour. En effet, en 1674, elle y fait encore peu d’apparitions30. Dans les mois qui suivent, elle commence à attirer l’attention des courtisans, « les uns lui baisant la main, les autres la robe31 ». Cette visibilité est d’abord due à l’état de santé du duc du Maine, qu’elle aide à améliorer en prenant l’initiative d’emmener l’enfant aux eaux de Barèges, en 1675. Mais celle que l’on appelle désormais Mme de Maintenon se fait également remarquer en raison de la complication de ses relations avec Mme de Montespan. Cette situation amène rapidement la première à être vue comme une rivale pour la seconde. Dans tous les cas, ce n’est pas tant son évolution sociale que son rôle dans l’entourage royal, auprès du duc du Maine et de la maîtresse du moment, qui place Françoise sur le devant de la scène. Néanmoins, elle prend encore régulièrement ses distances avec la cour et se rend plusieurs fois à Maintenon, jusqu’en 1679 – année où elle ne vient qu’une seule fois.
16Cet éloignement de Maintenon est corrélé à l’évolution de sa situation à la cour : au début de l’année 1680, Françoise est nommée seconde dame d’atours de la toute récente épouse du Dauphin, Marie-Anne de Bavière32. Cette charge est sans précédent : elle a donc probablement été créée pour elle. C’est à ce titre que Mme de Maintenon occupe alors un rang dans les cérémonies royales et participe au quotidien princier, en supervisant la coiffure et l’habillement de la Dauphine. En principe, elle ne peut exercer ces fonctions qu’en l’absence de la première dame d’atours, mais comme l’indique Bussy-Rabutin après une querelle en 1681, en réalité « ces deux charges sont égales33 ». Françoise d’Aubigné, qui n’était jusqu’alors présente à la cour que pour servir officieusement Mme de Montespan et ses enfants naturels, dispose désormais des moyens pour y occuper légitimement un rang dans l’entourage d’une princesse royale. C’est alors qu’elle se voit attribuer un premier logement à Versailles34. Ce n’est donc pas la possession d’un domaine, mais la charge qu’elle occupe, qui lui permet de connaître un avancement social à la cour, en se faisant une place dans la hiérarchie des rangs.
À Maintenon : Françoise, châtelaine et protectrice
17L’acquisition de Maintenon n’en revêt pas moins une dimension honorifique importante, qu’elle soit symbolique (à travers le nom), ou qu’elle soit plus concrète. En effet, posséder une terre noble confère à Françoise un pouvoir réel, sur un territoire et sur des individus, à l’échelle locale. Elle se place ainsi à la tête d’un réseau d’intendants et de chargés d’affaires qu’elle choisit parmi ses hommes de confiance. Elle nomme notamment un procureur général, auquel elle délègue le « pouvoir de régir et gouverner » ses biens, consistant à signer des baux, tenir des comptes, percevoir les recettes et, si nécessaire, poursuivre des actions en justice. Le premier à être nommé à ce poste est Jean Viette, ancien avoué de Scarron, qu’elle a à son service depuis de nombreuses années35. Au décès de celui-ci, en 1686, elle choisit Pierre Delpech, secrétaire du roi travaillant déjà pour elle à l’administration de Saint-Cyr. Françoise peut également compter sur les Boutet de Guignonville, qui servaient déjà les propriétaires précédents. Elle leur confie les affaires plus particulières du château et du village de Maintenon, comme les gages à verser au personnel ou les commandes pour recevoir des invités. Enfin, Mme de Maintenon a parfois recours à d’autres intermédiaires, que l’on retrouve de manière récurrente dans ses lettres, notamment le marquis de Montchevreuil (gouverneur du duc du Maine), l’abbé François Gobelin (son directeur de conscience) et Pierre Manseau (son intendant à Saint-Cyr)36.
18Pour autant, ce n’est pas parce qu’elle délègue la gestion courante que Françoise s’en désintéresse, bien au contraire : les hommes qu’elle nomme sont à la fois des gestionnaires et des interlocuteurs privilégiés, devant lui rendre régulièrement des comptes. De l’analyse des ordres donnés par le biais de ses lettres, Dominique Picco conclut qu’elle « s’intéresse à tout, se mêle de tout et a des idées sur tout37 ». C’est en effet l’impression que laisse l’examen des bilans comptables qui lui sont régulièrement envoyés par ses intendants38. Depuis Saint-Germain, Versailles ou Saint-Cyr, Françoise date et appose sa signature au bas de chacun de ces comptes pour les valider, en rajoutant parfois quelques lignes de sa main. D’ailleurs, la déférence qui transparaît dans ces documents est une preuve supplémentaire du pouvoir qu’elle exerce et de l’honneur qu’elle en retire.
19Les protections qu’elle accorde et les droits qu’elle perçoit en tant que seigneur – ou plutôt dame – de Maintenon sont une autre source d’honneur participant à affirmer son identité nobiliaire. Elle reçoit ainsi des cadeaux alimentaires et des rentes, de la part des habitants de ses domaines ainsi que de ses vassaux qui lui doivent foi et hommage et serment de fidélité39. Elle a également la main sur la nomination des curés et vicaires, qu’elle met régulièrement en application40. De son côté, Françoise se doit d’assumer des devoirs liés à son statut de châtelaine. Chaque année, elle consacre plusieurs dépenses à l’entretien des bâtiments dont elle est propriétaire : son château, bien sûr, mais aussi les fermes, moulins, pressoirs, ponts et chaussées. Cela représente des sommes variables, allant de 316 lt, pour l’année 1687, à 7 788 lt, pour l’année 1689. Pour répondre aux préoccupations charitables qu’on lui connaît, mais aussi pour s’inscrire dans l’éthos nobiliaire, elle protège en particulier les églises paroissiales et les presbytères. Elle fonde aussi de nouveaux établissements, notamment une blanchisserie, une manufacture de toile et un hôpital destiné à accueillir les nécessiteux. Dans une perspective cette fois plus personnelle, le fait de posséder son propre château lui permet d’héberger des parents démunis, comme les bâtards de son frère. En somme, la détention d’un domaine tel que Maintenon permet à Françoise d’Aubigné d’exercer charité et pouvoir, sur les hommes et sur la terre, donc de s’approprier de forts marqueurs sociaux de la noblesse ancienne et traditionnelle.
Les revers matériels de la médaille : bonne affaire ou gouffre financier ?
Paiements et procédures de vente : une acquisition difficile
20Reste à voir dans quelle mesure ce domaine a, finalement, été (ou non) une bonne affaire, du point de vue économique. Une première chose à noter, à cet égard, est que l’acquisition n’a pas été aussi aisée qu’il n’y paraît, et ce malgré l’aide substantielle apportée par le roi. Françoise elle-même s’en inquiète, dans une lettre écrite le 17 décembre 167441. L’affaire est en fait assez compliquée.
21À la signature du contrat de vente font suite plusieurs procédures, plus ou moins longues et toujours coûteuses. Dans le cas de Maintenon, a d’abord lieu une première vague de paiement, aux plus anciens créanciers du vendeur : 154 000 lt leur sont distribuées entre janvier et avril 167542. Ensuite, vient le versement de droits féodaux aux seigneurs auxquels Françoise doit rendre foi et hommage. C’est alors seulement, en mai 1675, qu’elle prend officiellement possession des lieux, par le biais du sieur de Guignonville43. Cependant, la procédure ne s’arrête pas là car, par sécurité, Françoise demande la réalisation d’un décret d’adjudication, afin de recenser toutes les hypothèques portées sur son nouveau domaine. L’enquête se termine le 28 novembre 1675 et débouche sur une deuxième vague de paiements. C’est alors qu’éclate un conflit avec les vendeurs, portant sur le calcul des intérêts à verser aux créanciers. L’affaire ne s’achève que le 28 juillet 1685 par un arrêt rendu par le Parlement. Finalement, entre l’acte d’achat et la fin du procès, s’écoulent plus de dix années, durant lesquelles Françoise a déboursé un total de plus de 260 000 lt pour le prix, les intérêts, les frais de notaire et d’avocat. Pour compléter le don royal, elle est contrainte d’emprunter à plusieurs reprises, pour presque 50 000 lt44.
22Mais les frais ne s’arrêtent pas là. Lorsque le roi érige le domaine en marquisat, il le place directement sous la mouvance de sa Couronne, ce qui implique un rattachement de la justice d’appel de Maintenon au parlement de Paris. Les seigneurs dont dépendait Maintenon perdent alors les droits qu’ils exerçaient, notamment en matière fiscale et judiciaire, ce qui oblige Françoise à tous les indemniser en 1689 et 1698. Au total, cela lui coûte plus de 75 000 lt. Si l’on prend en compte l’ensemble des dépenses effectuées entre 1674 et 1698, il s’avère que la constitution du marquisat de Maintenon (Grogneul compris) a coûté plus de 720 000 lt – dont plus de 55 % pris en charge personnellement par Françoise (sans compter les travaux). Son élévation en dignité a donc eu un prix élevé.
Revenus du domaine
23Bien évidemment, Maintenon rapporte aussi des revenus. Dans une lettre que la marquise écrit à son frère en février 1675, elle les estime à 10 000 lt par an, « 12 000 dans deux ans », précise-t-elle45. Trois ans plus tard, elle revoit cette estimation à la baisse, affirmant qu’elle n’a « encore pu voir 2 000 livres ensemble de Maintenon46 ». Qu’en disent les sources comptables ?
24Dès février 1675, Françoise concède un bail général pour assurer la mise en valeur de Maintenon, moyennant un loyer de 10 200 lt puis 11 000 lt par an – ce qui correspond à peu près au chiffre qu’elle donne dans sa correspondance47. En 1679, le bail s’étoffe et le loyer augmente : il compte désormais les nouveaux domaines acquis (Boisricheux, etc.) et monte à 15 000 lt48. La situation s’inverse néanmoins à partir de 1687 : l’acquisition de Grogneul permet d’augmenter les revenus de 10 000 lt par an, mais plus aucun bail général n’est concédé pour Maintenon. Un comptable au service de la marquise se charge dès lors d’affermer et de percevoir individuellement les différents droits et ressources. On constate alors qu’entre 1687 et 1697, les recettes du marquisat baissent fortement. D’un total de presque 34 000 lt en 1687, l’on passe à 22 000 lt à peine en 169749. La recette de Grogneul reste stable (et augmente même à 11 000 lt en 1690), tandis que celle de Maintenon chute de presque 50 %.
25Cette situation affecte directement la marquise puisque la part qu’elle touche personnellement est proportionnelle au total des recettes. Cela représente, en moyenne, entre 65 et 70 % de ce total, soit 28 000 lt environ en 1687 contre 16 000 lt en 1695. D’un autre côté, Françoise a d’autres revenus personnels : elle peut aussi compter sur la pension que lui verse le Trésor royal, augmentée à 9 000 lt en 1691 (d’ailleurs peut-être en compensation de ses pertes domaniales). Elle s’assure donc chaque année une recette frôlant les 30 000 lt au total : 19 000 lt venant de ses terres (en moyenne) et presque 10 000 lt venant du roi. Pour donner un ordre de comparaison, d’autres dames de la faveur, comme Louise de La Vallière (avec son duché) ou Mme de Montespan (avec Clagny et sa pension), touchent une recette équivalente. Toutes ces femmes se placent donc dans les mêmes ordres de grandeur que les ducs et pairs50.
26En outre, la marquise de Maintenon peut toujours compter sur le soutien du roi, d’autant que la chute de ses revenus s’explique par l’abandon progressif de la construction de l’aqueduc. En effet, la cessation des travaux royaux laisse son domaine en piteux état, entraîne des éboulements de terres, facilite les vols et fait donc chuter le rendement des loyers (surtout après le départ des troupes à l’été 1688)51. C’est pourquoi le roi fait d’autres concessions à la dame. En novembre 1689, il lui délaisse toutes les constructions et embellissements faits aux frais de son Trésor pour le château de Maintenon, en l’occurrence l’élévation de la nouvelle aile, la décoration intérieure du corps central, la reconstruction des écuries et du pont-levis, la construction de plusieurs bâtiments dans le parc52. En octobre 1704 et mars 1705, il lui abandonne le droit de rendre l’Eure navigable et, pour ce faire, lui délaisse les droits de péage, les écluses, les digues, les matériaux abandonnés et les carrières d’Épernon et de Gallardon53.
Projet de navigation sur l’Eure
27La marquise tente de mener à bien ce projet de navigation, qui permettrait de faciliter les relations commerciales entre l’Orléanais et la Normandie. Elle passe même un marché à cet effet, le 23 janvier 1705, avec un entrepreneur des Bâtiments du roi nommé Jacques Le Roux54. Le devis, accompagné d’une carte et d’illustrations, détaille les ouvrages envisagés pour rendre navigables l’Eure, la Voise et la Drouette, mais également les aménagements à faire pour la « facilité du commerce et l’entrepôt des bateaux ». L’entrepreneur s’engage à recruter les ouvriers, à fournir les matériaux et à opérer des saisies de terres si nécessaire ; en échange, la marquise lui abandonne la moitié des ressources laissées aux bords des canaux et lui promet une somme de 332 000 lt.
28Mais le chantier prend du retard et Jacques Le Roux décède en 1707, avant son achèvement. Françoise signe alors un nouveau marché avec le gendre du défunt, Gaspard Imbert, le 18 novembre 170855. Elle fait également appel à deux financiers afin qu’ils avancent les frais pour la fin des travaux, estimés à 48 840 lt. À première vue, l’affaire semble être un véritable gouffre financier. Mais à peine dix jours après avoir signé le second marché, Françoise obtient de nouvelles compensations : Louis XIV décide de lui donner « plusieurs sommes sur les remises des traittez d’affaires extraordinaires de finance » – donc un montant indéfini, qui doit couvrir l’ensemble des dépenses56. Finalement, entre les versements faits aux entrepreneurs, les dédommagements accordés aux particuliers et les frais extraordinaires, le Trésor royal débourse presque 300 000 lt, comme l’indiquent des lettres patentes de confirmation données en janvier 171057.
29Le projet pour la navigation de l’Eure prend fin en septembre 1715, soit moins de deux semaines après le décès de Louis XIV. « Sa Majesté [Louis XV] a [alors] dessein de rentrer dans les droits concédez […] à mad. dame marquise […] et de les réunir à son domaine » ; autrement dit, le nouveau souverain, chapeauté par le régent Philippe d’Orléans, entend faire cesser les privilèges donnés à l’épouse secrète du défunt roi. Françoise n’a d’autres choix que de résilier les traités passés en 1708 avec l’entrepreneur et les financiers, ce qui l’oblige à leur verser 20 000 lt en dédommagement58. Nombre de droits qui lui avaient été concédés par Louis XIV lui sont ainsi repris pour être définitivement réunis à la Couronne, en février 171759. Il est possible de voir dans cette décision du Régent une volonté de la rabaisser, ou tout du moins de marquer le passage à un nouveau règne, mais d’un autre côté, Françoise n’est pas totalement lésée : trois jours avant de donner sa renonciation, elle reçoit une nouvelle pension, montant à la somme exceptionnelle de 48 000 lt.
Conclusion
30L’achat puis l’élévation de Maintenon en marquisat, et ensuite la construction puis l’abandon de l’aqueduc, portent un important préjudice économique à la marquise, cependant largement compensé par des concessions royales conséquentes et une gestion à peu près efficace du domaine. En somme, en à peine deux décennies, Françoise parvient à accumuler une fortune considérable excédant les 600 000 lt rien que pour les terres, alors qu’elle n’avait aucun héritage au départ – ce qui est tout bonnement exceptionnel sous l’Ancien Régime. Le portrait de Françoise d’Aubigné qui se dessine ici tend donc à nuancer le « désintéressement incontestable » qui lui est souvent attribué60. Mais l’enjeu avec l’achat de Maintenon n’était pas seulement économique : en se construisant un ensemble patrimonial, il s’agissait surtout d’affirmer son identité sociale et de s’inscrire dans un éthos nobiliaire, autant sur un mode symbolique qu’au niveau local. Il s’agissait, aussi, de s’aligner sur les autres courtisans au niveau foncier, en possédant sa propre maison de plaisance et en disposant d’une source de revenu personnelle équivalente à la leur. Ce faisant, Françoise d’Aubigné se rapprochait de la norme sociale qui était celle de la cour, mais s’écartait des normes de genre, en devenant une véritable « femme d’affaires61 ».
Annexe
Extrait de l’acte de vente de Maintenon – description du bien acheté par Françoise d’Aubigné
« La terre, seigneurie et chastellenie de Maintenon et celle du Parcq, sçizes au pais chartrain, avec les fiefs acquis et annexez auxd. terres de Maintenon et du Parcq, concistant icelle terre de Maintenon entre autre chose en un chasteau sur la rivière d’Heure [sic], tous droicts de justice haulte moyenne et basse sur toute l’estendue de lad. terre de Maintenon et fief du Parcq, et autres en revelantes, presentateur des chanoines et marguiller de l’église collegialle attenante led. chasteau, droicts seigneuriaux, moulins et pressoirs, tant dud. Maintenon que de la paroisse de Pierre, rivières, greffes, tabellionages, sergenterie, rachapts, droicts de pesage, aulnage, mesurage, estalage, travers, forage, desfaulz et amendes, censives, champart, rentes seigneurialles et foncieres et autres droicts seigneuriaux, l’hostellerie et maison de Sainct Michel, avec le pré en dépendant, terres labourables, prez, isles, aulnoix, vignes, bois, garenne et fours et chacun les autres droicts, annexes, circonstances et dépendances desd. terres de Maintenon et du Parcq, ainsy que le tout se poursuict et comporte, tant en fiefs que rotures, sans aucune chose en excepter, retenir ny réserver, tout ainsy qu’en a jouy ou deub jouir led. seigneur de Villeray et ses prédécesseurs. »
(AN : MC/ET/CX/193, acte de vente, 27 décembre 1674, 3, 5, 6, 8, 10 et 11 janvier 1675).
Notes de bas de page
1 Chandernagor et Poisson, 2001 ; Picco, 2012.
2 Sur cette question, voir Lavallée, 1863, p. 26-72 et Merle, 1971.
3 BnF, Clairambault 1165, fo 1295 ro, copie du brevet (23 février 1666).
4 AN : V 4 1369 B, décret d’adjudication de Maintenon (28 novembre 1675).
5 BnF, Mélanges Colbert 291, fo 294 ro, comptant par certification des six premiers mois de 1673.
6 Maintenon, 2009, p. 155-156, lettre no 52 (à l’abbé Gobelin, probablement le 28 septembre 1674).
7 Selon lui, c’est Mme de Montespan qui aurait insisté pour que le roi effectue ces dons, qu’il refusa dans un premier temps, arguant qu’il « n’avait déjà que trop fait pour cette créature » (Saint-Simon, 1856-1858, t. XIII, p. 13).
8 BnF, Mélanges Colbert 294, fo 745 vo, comptant par certification des six derniers mois de 1674.
9 AD28 : 60 J NC 157, compte rendu par Jean Viette (1674-1676).
10 AN : O1 18, fo 122 vo, placet (15 septembre 1674) et AN : MC/ET/XCI/391, traité (23 août 1674).
11 Picco, 2012, p. 68.
12 AN : MC/ET/CX/193, acte de vente (27 décembre 1674, 3, 5, 6, 8, 10 et 11 janvier 1675).
13 AD28 : 60 J NC 8, sentence pour les réparations de Maintenon (26 mars 1675).
14 Guiffrey, 1881-1901, passim.
15 AN : MC/ET/CXII/377, échange (4 décembre 1678).
16 AN : MC/ET/LII/97, déclaration de la comtesse de Nogent (25 janvier 1679).
17 AN : O1 30, fo 162 ro-163 ro, établissement de foires et marchés au bourg de Maintenon (mai 1686).
18 AN : O1 30, fo 352 vo-353 ro, lettres de don en faveur de Made de Maintenon (octobre 1686).
19 AN : O1 31, fo 150 vo-151 vo, brevet portant pouvoir à M. de Louvois de faire l’acquisition de la terre de Grogneul (13 juillet 1687).
20 Ibid., fo 151 ro.
21 L’argent est versé par les Bâtiments du roi en 1689, avec 16 500 lt d’intérêts (voir Guiffrey, 1881-1901, t. III, col. 272).
22 AN : X1A 8682, fo 288 vo-295 ro, confirmation de don et érection en marquisat de la terre de Maintenon (mai 1688).
23 AN : MC/ET/CX/193, acte de vente, op. cit.
24 Maintenon, 2009, p. 170-171, lettre no 66 (à l’abbé Gobelin, le 6 février 1675).
25 AN : MC/ET/XIV/112, bail (19 février 1675).
26 Son nom de naissance et sa signature changent également à partir du milieu des années 1680, passant de « d’Aubigny » à « d’Aubigné ». Sur cette question, voir Boislisle, 1894, p. 156-169.
27 AN : MC/ET/XIV/112, bail, op. cit.
28 Par exemple, AN : O1 30, fo 162 ro-163 ro, établissement de foires et marchés, op. cit.
29 Sourches, 1882-1912, t. I, p. 20.
30 Sévigné, 1862-1868, t. III, p. 377-378, lettre à sa fille du 19 janvier 1674.
31 Ibid., t. IV, p. 223-224, lettre à sa fille du 10 novembre 1675.
32 AN : O1 24, fo B, mention des lettres de provision (8 janvier 1680).
33 Bussy-Rabutin, 1857-1859, t. V, p. 94.
34 Himelfarb, 1999.
35 AN : MC/ET/CX/194, procurations (6 janvier et 13 avril 1675).
36 Sur ce dernier personnage, voir Da Vinha, 2018, p. 123-142.
37 Picco, 2012, p. 74.
38 AD28 : 60 J NC 157-159, comptes rendus à la marquise de Maintenon (1674-1697).
39 Voir par exemple AN : MC/ET/XIV/116, foi et hommage rendu par François Bazin (19 avril 1677).
40 Voir par exemple AN : MC/ET/XCI/503, présentation de Pierre Révérend et de Guillaume Goubet (14 et 22 septembre 1694).
41 « Je n’ai point encore signé le contrat de Maintenon ; les sûretés sont difficiles à trouver. Dieu veuille qu’à la fin elles soient suffisantes, et que je ne tombe pas à des procès dans un temps que je voudrois mieux employer » (Maintenon, 2009, p. 167, lettre no 62, à l’abbé Gobelin, le 11 décembre 1674).
42 AN : MC/ET/CX/194, quittances (3 janvier au 18 avril 1675).
43 AD28 : 60 J NC 8, possession de Maintenon, du Parcq etc. prise par Mr de Guignonville (5 mai 1675).
44 Voir par exemple AD28 : 60 J NC 8, constitution à Paul Barillon (15 juin 1677).
45 Maintenon, 2009, p. 169-170, lettre no 65 (à M. d’Aubigné, le 6 février 1675).
46 Ibid., p. 263-264, lettre no 155 (à M. d’Aubigné, probablement le 30 mars 1678).
47 AN : MC/ET/XIV/112, bail, op. cit.
48 AN : MC/ET/XIV/120, bail (26 mars 1679).
49 AD28 : 60 J NC 157-159, comptes rendus, op. cit.
50 Labatut, 1972, p. 271-299.
51 Evrard, 1933.
52 AN : O1 33, fo 337 ro-340 vo, lettres patentes portant confirmation du don fait à Made de Maintenon (novembre 1689).
53 AD28 : 60 J NC 30, lettres patentes en forme d’édit pour Mme de Maintenon (octobre 1704) et lettres de confirmation (24 mars 1705).
54 AN : MC/ET/CXVIII/675, marché (23 janvier 1705).
55 AN : MC/ET/CXVIII/683, marché (18 novembre 1708).
56 AD28 : 60 J NC 28, déclaration de don (27 novembre 1708)
57 AD28 : 60 J NC 30, lettres patentes en faveur de Mme de Maintenon concernant la rivière d’Eure (18 janvier 1710).
58 Ibid., résiliation (14 septembre 1715).
59 Ibid., édit portant réunion au domaine de l’usage de la rivière d’Eure (février 1717).
60 Couard, 1903, p. 80. Pour une mise en application concrète de cette idée dans les sources, voir AN : MC/ET/XCI/523, réserve no 37, contrat de mariage d’Adrien-Maurice de Noailles et de Françoise-Charlotte-Amable d’Aubigné (30 et 31 mars 1698).
61 Picco, 2006.
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