« Onze hulp aan Spanje »
Les volontaires néerlandaises au travers du portail biographique numérique spanjestrijders.nl
p. 43-50
Note de l’auteur
Traduction de l’anglais et adaptation par Édouard Sill.
Texte intégral
1Une fleur rouge à la boutonnière de son manteau, Dinie attendait dans la gare déserte de Matabiau à Toulouse, par une froide soirée de janvier 1937. La fleur était la marque convenue pour être reconnue de l’homme qui venait la chercher. Il la conduisit ensuite jusqu’à ce qui s’est avéré être un aéroport clandestin. Il était déjà minuit passé lorsque le petit avion s’envola en direction de Barcelone. De là, Dinie prit place dans une voiture postale pour la suite de son voyage vers Albacete et les Brigades internationales. C’était un long voyage pour cette jeune Néerlandaise, tout juste trentenaire, déterminée à se rendre utile dans le combat contre les armées du général Franco1. Dinie Heroma était l’une des 22 infirmières néerlandaises qui sont parties rejoindre la République espagnole durant la guerre d’Espagne. Au total, plus de 700 Néerlandais, hommes et femmes, sont partis comme volontaires. Malgré cet effectif impressionnant pour un pays de huit millions d’habitants en 1936, la mémoire collective néerlandaise a pratiquement effacé la guerre civile espagnole. Le rôle des volontaires néerlandais n’avait jamais été vraiment documenté et les données existantes dispersées entre différents centres d’archives. Afin de faciliter la recherche historique et de s’assurer que les récits tels que celui de Dinie soient sortis de l’ombre, Yvonne Scholten, journaliste et historienne sur la guerre civile espagnole, a entrepris une grande collecte destinée à rassembler les données disponibles sur ces hommes et femmes partis en Espagne2. Ces données biographiques ont été compilées et organisées dans un vaste projet de dictionnaire numérique, en libre accès : [https://spanjestrijders.nl].
2Ce dictionnaire biographique numérique est accueilli sur le portail de l’Institut international d’histoire sociale (Internationaal Instituut voor Sociale Geschiedenis – IISG) d’Amsterdam qui assure sa mise à jour et la numérisation des archives. Le projet a été soutenu financièrement par la Fondation pour la démocratie3 et l’association mémorielle hollandaise Spanje 1936-19394 et via un financement participatif. La réalisation a été menée par une équipe d’historiens et de chercheurs, des volontaires venant de l’association mémorielle ou du grand public ainsi que des étudiants. L’IISG fournit quant à elle le stockage et l’accès aux données. La base de données initiale a été constituée par l’association mémorielle, à partir de ses propres recollements puis par une collecte d’archives privées. Le portail compile environ 650 fiches biographiques organisées et structurées, permettant la découverte de volontaires jusqu’alors non identifiés comme tels. Il a pour objectif de fournir une base de données aussi complète que possible des Néerlandais formellement identifiés par la documentation disponible comme ayant été en Espagne entre 1936 et 1939. Les deux tiers des fiches possèdent suffisamment d’informations personnelles pour proposer une biographie précise et rédigée. La base de données est très régulièrement mise à jour. Les données de base comprennent la date de naissance et de décès, la durée du séjour en Espagne, la profession, les antécédents politiques, la situation familiale et l’éventuelle déchéance de nationalité. En effet, selon la loi néerlandaise de l’époque, il était interdit de faire partie d’une armée étrangère. La violation de cette loi pouvait être punie de la perte de la nationalité néerlandaise. Cela pourrait également être étendu aux femmes et, dans certains cas, s’appliquer y compris aux enfants5.
Un compilateur d’archives et une banque de données numériques
3Ces biographies ont été établies à partir de différentes sources. Tout d’abord, les registres d’état civil et les archives municipales, qui ont été sollicités pour trouver des informations de base telles que la date de naissance et les antécédents familiaux et professionnels, ensuite, les Archives nationales néerlandaises de La Haye, qui détiennent les archives du Service de renseignement national6. Étant donné que de nombreux volontaires néerlandais étaient étroitement surveillés par les services de renseignement, ces archives constituaient une deuxième source importante d’information. Ces archives détiennent également la correspondance entre les ministères des Affaires étrangères et de la Justice et les différents consulats d’Espagne et de France. Outre les rapports sur l’évolution de la situation en Espagne, les archives couvrent également la correspondance sur les hommes et les femmes néerlandais en Espagne et sur l’aide éventuelle à ceux qui souhaitent retourner aux Pays-Bas. Elles contiennent aussi des dossiers de police sur des volontaires qui se sont rendus en Espagne. Il s’agit notamment d’entretiens avec des membres de la famille et de lettres interceptées.
4Une autre source importante consiste dans les collections propres de l’IISG sur la guerre civile espagnole, qui comportent des fonds anciens, dont les archives personnelles de volontaires ou de Néerlandais investis dans la solidarité avec l’Espagne, du matériel de la Commission néerlandaise d’aide à l’Espagne, comme des brochures, des journaux, des interviews, des documentaires ou des lettres. L’Institut possède également les transcriptions d’entretiens réalisés dans les années 1980 avec plusieurs vétérans dans le cadre de la préparation de l’ouvrage de référence sur les volontaires bataves De Oorlog begon in Spanje publié en 19857. Enfin, les archives du RGASPI de Moscou, accessibles en ligne, constituent naturellement un quatrième ensemble documentaire fondamental8.
5Les sources primaires produites par les Néerlandais en Espagne, comme les mémoires ou les lettres, se sont révélées être une denrée rare. Les écrits de Jef Last, Johannes Brouwer ou de Gerard van het Reve (père, « Gerard Vanter » en Espagne) forment une exception9. Enfin, les journaux néerlandais des années 1930 peuvent être consultés via le portail numérique de la presse ancienne néerlandaise Delpher10. Ils offrent pour la plupart une perspective partisane du sujet, en particulier dans les écrits communistes, mais sont une source inestimable sur les parcours et les combats des volontaires et leurs carrières biographiques. Avec le changement du climat politique aux Pays-Bas dans les années 1970, lorsque le gouvernement néerlandais s’est porté sensiblement à gauche, l’attention donnée à l’histoire et à la mémoire des volontaires de la guerre civile espagnole a été valorisée. Plusieurs journaux et magazines ont alors publié des entretiens avec ces volontaires, autant de témoignages qui peuvent également être consultés via le portail Delpher.
6Hormis l’évaluation critique habituelle des sources, la collecte des informations relatives aux volontaires néerlandais a été soumise à une attention supplémentaire pour différentes raisons. De nombreux volontaires ont dissimulé l’étendue réelle de leur implication, car la plupart étaient conscients qu’en servant une armée étrangère, ils risquaient de perdre leur nationalité. Beaucoup ont donc assuré qu’ils n’avaient été employés que comme chauffeurs ou comme assistants médicaux, plutôt que de servir au front. Enfin, les sources communistes ont le plus souvent jugé les individus suivant leur zèle communiste et prosoviétique. Ces sources ont donc été traitées avec un soin particulier. Depuis l’interface du portail de l’IISG, le chercheur dispose de la possibilité de trouver des biographies sur différentes requêtes, notamment par nom ou lieu de résidence. En outre, des mots-clés tels que « infirmière » ou certains lieux, régions ou hôpitaux tels que « Murcie », peuvent être insérés afin que toutes les biographies contenant ces mots apparaissent. À l’aide des onglets de recherches, on peut ajouter d’autres requêtes telles que sexe (Sekse), le métier (Beroep) l’affiliation politique (Overtuiging), permettant des recherches analytiques et quantitatives. Outre les données biographiques, le portail numérique offre aux visiteurs un aperçu détaillé du conflit, des sources supplémentaires pour une lecture plus approfondie, des liens vers d’autres sites Web et une galerie de photos. La plateforme est un « travail en cours », elle peut donc être mise à jour en permanence11.
Un révélateur des engagements féminins sur le long cours
7Au total, 27 Néerlandaises sont allées en Espagne. La majorité d’entre elles étaient des infirmières professionnelles, répondant à l’appel du Comité néerlandais d’aide à l’Espagne Hulp aan Spanje pour que le personnel médical se porte volontaire dans les hôpitaux espagnols. Le Comité a organisé les voyages des infirmières, principalement en train mais aussi en avion. Elles ont été employées dans les hôpitaux des Brigades internationales comme à Murcie, Villanueva de la Jara et Benicàssim. En avril 1937, par exemple, le Comité a organisé le voyage d’un groupe de sept infirmières. Voyageant en train depuis La Haye, la plupart d’entre elles ont été envoyées dans l’hôpital dit néerlandais de Villanueva de la Jara. Cette ancienne maison de campagne, transformée en hôpital, pouvait accueillir plus de 250 patients. Bien qu’il y ait eu également d’autres nationalités à l’hôpital, de nombreux patients et membres du personnel médical étaient néerlandais. Il s’agissait à la fois d’un réconfort pour le moral et d’une facilitation des interactions médicales. Le fait que la plupart des femmes aient marqué leur défense de la République espagnole en fournissant des soins médicaux ne signifie pas qu’elles aient été motivées uniquement par des raisons humanitaires ou charitables. Beaucoup d’entre elles étaient très engagées politiquement, comme l’une d’entre elles l’a explicitement souligné dans une interview intitulée : « Nous n’étions pas des Florence Nightingale12. » Plusieurs d’entre elles avaient des liens avec le Parti communiste, certaines ont adhéré au Parti en Espagne, d’autres étaient sociales-démocrates ou n’étaient affiliées à aucun parti politique, mais toutes étaient résolument de gauche. Selon les mots de l’une d’entre elles : « Nous étions toutes antifascistes. » Cette matrice politique de leurs motivations se reflète également dans la continuité de leur engagement antifasciste, notamment dans la résistance néerlandaise durant l’Occupation, lorsque beaucoup ont poursuivi leur lutte contre le fascisme. Certaines payèrent le prix fort et ont été déportées dans les camps de concentration, notamment au camp de femmes de Ravensbrück.
8Trijntje Hulleman est l’une de ces infirmières néerlandaises qui y ont été déportées pour leur soutien à la résistance néerlandaise, après avoir fourni de fausses cartes d’identité pour des Juifs cachés. Membre du Parti social-démocrate néerlandais et infirmière de formation, Trijntje Hulleman a été l’une des premières femmes à répondre à l’appel du Comité d’aide pour l’Espagne. Elle a toujours estimé qu’il était de son devoir de lutter contre l’injustice dans le monde. Elle s’est rendue en Espagne dans un petit avion-ambulance organisé par le Comité avec quatre autres personnes. Elle est restée en Espagne presque jusqu’à la toute fin du conflit. Elle franchit la frontière française au début de 1939, dans une ambulance pleine de blessés. Une fois en France, elle a été arrêtée et ce n’est qu’après la médiation du consul néerlandais qu’elle a pu retourner en toute sécurité aux Pays-Bas. Pendant le reste de sa vie, elle est restée impliquée dans l’activisme politique, soutenant les prisonniers politiques espagnols sous le régime de Franco et protestant contre la guerre du Vietnam13.
9Une autre infirmière volontaire, Trudel de Vries, avait des liens étroits avec le Parti communiste néerlandais. Elle avait entendu le témoignage de réfugiés juifs et politiques allemands qu’elle avait rencontrés à propos des lourdes menaces que l’évolution de l’Allemagne faisait planer pour celles et ceux qui s’opposaient au fascisme. En tant que juive, la proximité de cette menace la touchait directement. Lorsque cette menace s’est portée contre la République espagnole, elle a estimé qu’il était de son devoir de faire quelque chose et d’agir malgré l’opposition paternelle. Trudel de Vries a utilisé sa formation professionnelle d’infirmière pour exprimer son action politique. En Espagne, elle a épousé le médecin néerlandais Theo van Reemst, qui travaillait dans le même hôpital. À son retour aux Pays-Bas, ce dernier fut déchu de sa nationalité néerlandaise, Trudel, qui s’était rendue quant à elle en Espagne avec la couverture officielle et légale du Comité d’aide à l’Espagne, subit pourtant la même peine, en raison de son mariage14.
10La plupart des infirmières se sont rendues en Espagne sous la houlette du Comité, mais certaines ont entrepris leur périple par elles-mêmes. Gerondina Heroma dite « Dinie » fut de ces dernières. Alors que ses parents accueillaient des réfugiés juifs allemands dans les années 1930, Dinie, comme Trudel, a réalisé le danger et la réalité de la menace du fascisme à leur contact. Une amie également infirmière, Hinke Kerner, qui était déjà à Murcie avec son mari Harry, où elle travaillait comme assistante en radiologie, l’informa de la pénurie de personnel médical qualifié que connaissait alors l’hôpital international. Dinie Heroma, infirmière diplômée, a estimé qu’elle pouvait elle aussi aider et prit la décision de se rendre en Espagne. Elle s’est rapprochée du Comité d’aide pour l’Espagne, mais on lui a répondu qu’un groupe d’infirmières venait de partir et qu’elle devait attendre la constitution du prochain groupe. Refusant d’attendre, elle prit contact avec le consul d’Espagne à Amsterdam, qui lui conseilla de se rendre à Paris à cette fin. Effectivement, Dinie Heroma parvint à Murcie en janvier 1937 où elle fut la bienvenue, du fait de sa formation médicale accomplie. En dépit du fait qu’elle ne parlait ni ne comprenait alors l’espagnol, Dinie Heroma a été rapidement promue infirmière en chef. Lorsque les Brigades internationales furent dissoutes et le personnel étranger de l’armée républicaine espagnole démobilisé, Dinie est retournée aux Pays-Bas. Mais comme elle s’était rendue en Espagne sans la médiation du Comité, et donc sans l’autorisation officielle du gouvernement néerlandais, elle a été déchue de sa nationalité. Il lui a fallu deux ans pour être de nouveau investie de ses pleins droits de citoyenne néerlandaise, une exception lorsque la plupart des volontaires néerlandais ont dû attendre parfois des décennies pour voir cette indignité levée. Comme beaucoup d’autres infirmières, Dinie Heroma s’est investie ensuite dans la Résistance néerlandaise et a aidé des familles juives en protégeant leurs enfants.
11Cornelia Frederika van Dordrecht, dite « Freddy » était en école d’infirmières à Leyde lorsque la guerre civile en Espagne a éclaté. Elle avait de fortes convictions féministes et était, selon ses propres dires, très « révoltée ». Ainsi, elle est licenciée en raison de son franc-parler et de son activisme politique, avant même d’avoir pu passer son diplôme d’infirmière15. Grâce à un ami, elle a appris qu’une collecte de fonds était lancée pour les enfants espagnols. Grâce à cet argent, le Comité d’aide pour l’Espagne a pu créer un orphelinat à Picanya, au sud de Valence. Il était à la recherche d’un directeur pour ce refuge. Freddy a postulé et a été embauchée. Elle était la seule néerlandaise du home d’enfants, et apprit l’espagnol sur place. En publiant régulièrement des témoignages dans la presse néerlandaise et des articles dans les brochures du Comité d’aide à l’Espagne, elle a participé à la levée de fonds supplémentaires pour l’orphelinat. Frederika van Dordrecht est retournée aux Pays-Bas en 1938. En 1939, comme de nombreux autres vétérans néerlandais, elle s’est impliquée dans le Comité d’aide aux réfugiés espagnols en France qui envoyait des vêtements, de la nourriture et des médicaments aux Espagnols et aux Internationaux internés dans des camps du sud de la France puis continua de militer pendant la Seconde Guerre mondiale. Comme Dinie Heroma, Frederika van Dordrecht n’était pas affiliée à un parti politique en particulier, son activisme était enraciné dans la conviction de faire « ce qui devait être fait » ; « Si vous voyez que quelque chose ne va pas, vous devez faire quelque chose, – a-t-elle déclaré dans une interview – c’est votre devoir. Sans idéaux et sans justice, la vie ne vaut rien16. »
Apercevoir les chemins de traverses et rendre compte du minoritaire
12Toutes les volontaires néerlandaises qui sont allées en Espagne n’avaient pas de formation médicale. Henriette Daalderop, par exemple, a travaillé comme traductrice et fut employée dans l’administration de l’hôpital du SSI à Benicàssim. Une autre néerlandaise, Annie Wiersma était arrivée en Espagne à Barcelone en mai 1937, avec son mari. Le but de leur séjour en Espagne n’est pas absolument clair. Il est possible qu’en tant que socialistes révolutionnaires liés au Partido Obrero de Unificación Marxista (POUM), ils se soient rendus à Barcelone pour organiser l’aide au mouvement17. Une autre possibilité pourrait être que, son mari étant rédacteur en chef de The Socialist, un journal socialiste révolutionnaire, ils se soient rendus à Barcelone pour couvrir la situation pendant les troubles entre les différents partis en mai de la même année. Tous deux ont été arrêtés le 17 juin pour espionnage et ont passé six semaines en détention avant d’être expulsés. Pour les autres femmes, nous avons moins de détails. Jeanne Schrijver, par exemple, a fait de fréquents séjours en Espagne pendant la guerre civile dont l’objet demeure pour le moment inconnu. On pense qu’elle était communiste et qu’elle a vécu à Moscou de 1931 à 1933. Lors d’un interrogatoire de police, elle a affirmé ne pas être politiquement engagée et travailler pour Radio Barcelone. Probablement à cause de ses liens avec le POUM, elle a été expulsée d’Espagne. Pendant la Seconde Guerre mondiale, après avoir été arrêtée pour son rôle dans la Résistance, elle s’est suicidée en prison à l’âge de 35 ans18.
13Enfin, deux Néerlandaises ont été miliciennes. Yvonne Scholten a publié une biographie sur l’une d’entre elles, Fanny Schoonheyt, à partir de matériaux rassemblés pour le portail documentaire [Spanjestrijders.nl]19. Fanny était déjà en Espagne lorsque la guerre civile a éclaté, en espérant alors relancer sa carrière de correspondante à l’étranger. L’atmosphère révolutionnaire de Barcelone des années 1930 eut un effet saisissant sur elle et elle rejoignit le mouvement prolétarien peu après son arrivée. Lorsque survint la guerre civile, elle fut parmi les premiers à rejoindre la ligne de front. Dans son uniforme, elle fit sensation et plusieurs journaux espagnols l’ont prise pour sujet, la surnommant « Fanny la mitrailleuse ». De fait, son excellente maîtrise du maniement des armes fit qu’elle officia comme instructrice pendant plusieurs mois dans une caserne catalane. En 1940, elle part pour la République dominicaine20. Une autre Néerlandaise, Lini Bunjes, a combattu dans les milices. Lini était arrivée en Espagne avec son compagnon Franz Löwenstein, qui était membre du Parti communiste allemand (et réfugié juif aux Pays-Bas). Tous deux travaillaient comme photographes et lorsque la guerre civile a éclaté, ils ont rejoint les milices. Lini a été blessée à la défense de Madrid. Elle a épousé ensuite le commandant espagnol Antonio Blas. Franz comme Antonio ont perdu la vie dans la guerre civile espagnole. Lini est retournée aux Pays-Bas, et a évité la déportation, en partie parce qu’elle et sa mère ont refusé de porter l’étoile jaune.
En conclusion
14Ces différents aperçus biographiques donnent une idée de l’épaisseur des biographies qui ont pu être réalisées sur la plupart des volontaires néerlandaises grâce au projet prosopographique [spanjestrijders.nl] mis en œuvre avec le soutien de l’Internationaal Instituut voor Sociale Geschiedenis (IISG) à Amsterdam. Par le croisement des sources et la collecte de témoignages mais aussi de documents intimes, comme des photographies ou la correspondance des volontaires, cette initiative a permis de recueillir un patrimoine exceptionnel qui donne notamment du corps et de la voix aux silences de la mémoire des volontaires néerlandaises engagées en Espagne, en empruntant des chemins différents de la mémoire masculine du volontariat transnational en Espagne. Grâce au numérique, le travail de collecte et de rédaction est en perpétuelle élaboration, permettant aux familles comme au grand public de participer à la valorisation et à la perpétuation mémorielle mais également à la construction d’un fonds irremplaçable pour les historiens aux Pays-Bas comme ailleurs dans le monde.
Notes de bas de page
1 Fiche HEROMA Dinie, par Seran de Leede et Cindy van Veen, [https://spanjestrijders.nl/bio/heroma-dini].
2 On doit à Yvonne Scholten deux monographies importantes : Scholten Yvonne, Bart van der Schelling: de zingende Hollander van de Lincoln Brigade, Rotterdam, Uitgeverij Ad. Donker, 2014 ; Scholten Yvonne, Fanny Schoonheyt: Een Nederlands meisje strijdt in de Spaanse burgeroorlog, Amsterdam, Samenw. Uitgeverijen. Meulenhoff Boekerij, 2011.
3 Stichting Democratie en Media, [https://www.stdem.org/en/].
4 Stichting Spanje 1936-1939, [https://spanje3639.org/].
5 Sill Édouard, « Pénaliser l’idéal ? L’État français confronté au volontariat combattant de ses ressortissants durant la guerre civile espagnole », Cultures & Conflits, 2019/1, no 113, p. 44, [https://0-www-cairn-info.catalogue.libraries.london.ac.uk/revue-cultures-et-conflits-2019-1-page-43.htm].
6 [http://resources.huygens.knaw.nl/rapportencentraleinlichtingendienst].
7 Dankaart Hans, Flinterman Jaap-Jan, Groot Frans et Vuurmans Rik, De oorlog begon in Spanje. Nederlanders in de Spaanse Burgeroorlog 1936-1939, Amsterdam, Van Gennep B. V, 1985. Cet ouvrage est disponible en ligne à l’adresse suivante : [https://spanje3639.files.wordpress.com/2016/05/deoorlogbegoninspanje2016v1-1.pdf].
8 [http://sovdoc.rusarchives.ru/].
9 Le témoignage de Jef Last a été publié en France. Last Jef, Lettres d’Espagne, Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1939.
11 Les informations supplémentaires sont encouragées à être signalées, via le formulaire de contact de l’IISG, [https://iisg.amsterdam/en].
12 De Leede Seran et Piersma Hinke, « “Wij waren géén Florence Nightingale”. Nederlandse verpleegsters in de Spaanse Burgeroorlog », De Groenen Amsterdam, no 30, juillet 2016, [https://www.groene.nl/artikel/wij-waren-geen-florence-nightingale].
13 Fiche HULLEMAN Trijntje, par Seran de Leede, [https://spanjestrijders.nl/bio/hulleman-trijntje].
14 Fiche VRIES Trudel, par Giny Klatser-Oedekerk, [https://spanjestrijders.nl/bio/vries-trudel-de].
15 Fiche Dordrecht Freddy van, par Seran de Leede : [https://spanjestrijders.nl/bio/dordrecht-freddy-van].
16 Griffioen Pim, Habold Erik, Lanz Isabella, Vuurmans Rik, Deurwaa Ineke et al., En gij… wat deed gij voor Spanje?: Nederlanders en de Spaanse burgeroorlog 1936-1939, Verzetsmuseum Amsterdam, novembre 1992.
17 Fiche WIERSMA Annie, par Seran de Leede, [https://spanjestrijders.nl/bio/wiersma-annie].
18 Fiche SCHRIJVER Jeanne par Yvonne Scholten, [https://spanjestrijders.nl/bio/schrijver-jeanne].
19 Scholten Yvonne, Fanny Schoonheyt…, op. cit. Sa biographie complète est disponible en anglais sur [http://www.albavolunteer.org/2011/12/queen-of-the-machine-gun-fanny-schoonheyt-dutch-miliciana/].
20 Fiche BUNJES Lini par Yvonne Scholten, [https://spanjestrijders.nl/bio/bunjes-lini].
Auteurs
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