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    Plan détaillé Texte intégral Introduction : ordre et désordre de la mémoire Le délit La loi Le processus La réponse Le résultat Notes de bas de page Auteur

    Les conflits d’archives

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Archives parallèles

    La bataille entre documentation officielle et documentation des particuliers pour l’indemnisation des victimes du franquisme

    Verónica Sierra Blas

    Traduit par Stéphane Péquignot

    p. 81-102

    Note de l’auteur

    Cet article s’inscrit dans le Projet de Recherche Vox populi. Espacios, prácticas y estrategias de visibilidad de las escrituras del margen en las épocas Moderna y Contemporánea (PID2019-107881GB-I00), financé par le ministère des Sciences et de l’Innovation et l’Agence Nationale de la Recherche, Gouvernement d’Espagne. Je souhaite remercier Teresa Martín Ayuso, directrice technique des Archives Générales Militaires de Guadalajara (AGMG), pour son aide dans l’obtention des nouvelles cotes d’archives de la documentation consultée et des permis de reproduction des images.

    Texte intégral Introduction : ordre et désordre de la mémoire Le délit La loi Le processus La réponse Le résultat Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    Yo digo mi verdad, la seguiré diciendo mientras pueda, como pueda1.

    Introduction : ordre et désordre de la mémoire

    1Dans Histoire et mémoire, l’un de ses principaux ouvrages, Jacques Le Goff affirme que la mémoire collective constitue un élément essentiel dans toutes les sociétés et toutes les classes sociales, elle « fait partie des gros enjeux des sociétés développées et des sociétés en voie de développement, des classes dominantes et des classes dominées, luttant toutes pour le pouvoir ou pour la vie, pour la survie et la promotion2 ». Comme l’a signalé Armando Petrucci, la création de cette mémoire collective dont parle Le Goff est inséparable de l’écriture. D’après le paléographe italien, l’écriture permet de construire un dépôt infini et durable de mémoire ou, plus précisément, de mémoires ; et ces mémoires construites grâce à l’écriture ont toujours répondu et répondent encore à la logique propre de la société qui les a produites et les produit, les a écrites et les écrit. Par conséquent, écrire est synonyme de construire, de stocker, de conserver et, en définitive, de faire perdurer notre mémoire dans le temps3.

    2Pour autant, si l’on observe comment l’écrit a été et est conservé, la manière dont la mémoire collective a été et est construite à partir de ce qui est préservé ou, parfois, de ce qui a été détruit, il apparaît alors que les archives (de même que les bibliothèques), des espaces élaborés pour le souvenir comme pour l’oubli, ont au cours de l’histoire résulté de projets différents et parfois même opposés pour la sélection, l’organisation et l’utilisation du patrimoine textuel, qu’il soit documentaire ou bibliographique. Notre mémoire collective est pour cette raison fortement déterminée, par les intérêts qui ont présidé à sa création, par les mobiles qui l’ont ordonnée, par les personnes qui ont assuré sa survie, par celles qui l’ont utilisée et diffusée, par les formes et les espaces de sa conservation, etc.4.

    3Depuis des siècles et jusqu’à aujourd’hui, toutes ces déterminations ont répondu à deux principes-clefs, définis de façon magistrale par Jacques Derrida dans son Mal d’archive :

    « Arkhé, rappelons-nous, nomme à la fois le commencement et le commandement. Ce nom coordonne apparemment deux principes en un : le principe selon la nature ou l’histoire, là où les choses commencent – principe physique, historique ou ontologique –, mais aussi le principe selon la loi, là où des hommes et des dieux commandent, là où s’exerce l’autorité, l’ordre social, en ce lieu depuis lequel l’ordre est donné – principe nomologique5. »

    4Après ces considérations préliminaires, mon objectif est ici de proposer une réflexion sur l’utilisation des archives et des documents dans le cadre des processus d’indemnisation des victimes du franquisme. J’analyserai plus particulièrement un cas concret, la Loi d’indemnisation des anciens prisonniers de guerre et victimes de représailles politiques, promulguée en Espagne en 1990, appliquée à grande échelle à partir de 2000. La mise en œuvre de cette loi a comporté de nombreuses problématiques qu’il s’agira ici de démêler, de façon à saisir la relation étroite, mais toujours complexe, entre les archives et la société. Cette relation revêt un tour particulier lorsque les archives deviennent garantes de droits humains6. Dans un tel contexte, il s’agira de déterminer ce qui a provoqué un « conflit d’archives » sans comparaison dans le monde archivistique espagnol7. Trois problèmes fondamentalement ont conduit au développement de ce « conflit » :

    1. la tension constante dans l’histoire du monde des archives entre le secret et l’accessibilité. Les acteurs du travail présenté ici sont les archives historiques militaires, dont une bonne partie des fonds sont demeurés interdits non seulement aux chercheurs, mais aussi et surtout aux citoyens espagnols jusqu’à la mise en œuvre de la loi mentionnée ci-dessus. Elle a permis de faire connaître la richesse et l’immensité du patrimoine de l’armée en la matière, notamment avec les ensembles documentaires produits en raison de la Guerre civile et de la répression franquiste8 ;

    2. la polémique tout aussi récurrente sur la provenance et la validité des documents. On mettra ici plus particulièrement l’accent sur le litige qui, à l’occasion du processus d’indemnisation, a conduit à confronter des documents « officiels », conservés dans ces archives historiques militaires, à des documents « personnels », issus de collections privées ou particulières, et qui constituent pour leurs propriétaires une relique familiale importante et irremplaçable ;

    3. les fonctions et les usages des archives, ainsi que, de façon liée, l’image des archives comme forme de pouvoir et de domination9, en un sens plus derridien, mais aussi comme forme de contre-pouvoir10. Une conjoncture complexe laisse ici apparaître la diversité des intérêts en jeu, les usages variés des archives par les différents collectifs engagés dans le processus d’indemnisation. On trouve d’une part ceux qui sont chargés de la conservation et de la gestion des archives, des militaires jaloux de leurs documents et conscients également des opportunités que la loi leur apporte à de nombreux égards : cataloguer des fonds qui ne l’étaient pas, obtenir de nouveaux espaces et du personnel, démontrer leur engagement auprès de la société, etc. D’autre part, il y a l’État, dont l’action a réellement été déterminante pour que ces archives ouvrent leurs portes, mais qui a également décidé des conditions et des possibilités de cette « ouverture ». À côté des militaires et de l’État, les chercheurs ont vu la possibilité d’accéder11 à des documents inconnus, inédits, l’ouverture, de la sorte, de tout un monde à découvrir et dans lequel doivent être trouvées de nombreuses réponses12. Enfin, last but not least, les acteurs principaux, les victimes ou leurs descendants, venus aux archives à la recherche d’aide, mais qui, lorsqu’ils ne l’ont pas trouvée – et c’est là le véritable problème de fond sous-jacent aux précédents –, n’ont pas craint d’affronter sa logique et de la subvertir pour obtenir la reconnaissance sociale et économique qu’elles pensent mériter.

    Le délit

    5En dépit des efforts réalisés par de nombreux spécialistes ces dernières décennies pour éclairer l’histoire du système répressif de la dictature franquiste, de nombreux camps de concentration demeurent en partie ou totalement méconnus. La rareté, la dispersion ou le caractère incomplet de la documentation à leur sujet explique dans une large mesure cette situation. D’après une étude récente de Carlos Hernández Miguel, il y eut environ 300 camps dans l’Espagne franquiste, et entre 500 000 et un million de personnes y purgèrent des peines. Le premier fut ouvert à Zeluán, près de Mellila, le 19 juillet 1936, quelques heures après le soulèvement militaire au Maroc. Le dernier, à Miranda de Ebro (Burgos), fut fermé en janvier 1947. Il exista ensuite d’autres camps, dans les années 1950 et 1960, notamment à Puerto del Rosario et Tefía (Fuerteventura). Néanmoins, à la différence de ceux qui fonctionnèrent pendant la guerre et l’après-guerre, ils ne furent pas utilisés pour enfermer des soldats de l’Armée républicaine, mais pour isoler et contrôler d’autres « éléments dissidents », comme les homosexuels13.

    6Certains camps furent provisoires, d’autres pérennes. Tous constituèrent, pour reprendre les mots de Javier Rodrigo, « des centres de détention illégale et extrajudiciaire gouvernés par l’administration militaire et utilisés pour interner et classer sans jugement préalable les prisonniers de guerre14 ». Leur organisation et leur gestion furent à partir de mars 1937 prises en charge par l’Inspection des Camps de Concentration des Prisonniers (ICCP), dépendant de la Direction de Mobilisation, Instruction et Récupération (MIR).

    7Selon l’Ordre Général de Classification du 11 mars 1937, le tri des prisonniers, réalisé par les « commissions de classification », devait prendre en compte « leur condition, leurs antécédents, leur participation à la campagne, leurs responsabilités présumées et les circonstances de leur présentation ou de leur capture ». On distinguait quatre catégories, auxquelles correspondaient des peines et des périodes de réclusion différenciées (du moins important au plus important) : « A » (afecto [« dévoué »]), « B » (afecto dudoso ou desafecto leve [« dévoué douteux », « légèrement opposé »]) ; « C » et « D » (desafectos [« opposés »])15.

    8Avec les exécutions et l’exploitation dont furent l’objet les prisonniers dans les camps comme dans les Bataillons de Soldats Travailleurs où ils furent enrôlés, la maltraitance systématique, la surpopulation, la faim et la prolifération des maladies en tout genre furent les principales causes de mortalité. Il demeure aujourd’hui néanmoins impossible de préciser le nombre total des personnes assassinées, mortes et disparues.

    9Les principaux travaux forcés exécutés par les prisonniers de guerre furent, durant le conflit, l’intendance militaire, la fortification et l’amélioration des organisations de défense, puis, par la suite, le creusement de canaux, l’exploitation de mines, l’installation de lignes électriques, des tâches agricoles et forestières, ou bien encore la construction et la reconstruction de monuments, de routes, de barrages, de ponts, d’aéroports et de chemins de fer. Outre le régime, de nombreuses entreprises privées bénéficièrent de cette main-d’œuvre esclave16.

    La loi

    10La Loi d’indemnisation des ex-prisonniers de guerre et victimes de représailles politiques a été promulguée en 1990. Plutôt qu’une nouveauté ou une décision extraordinaire, il s’agissait en réalité d’un complément apporté à la polémique Loi d’amnistie du 15 octobre 1977. La dix-huitième disposition additionnelle de la Loi générale du budget de l’État de 1990 a établi qu’une indemnisation serait concédée à toutes les personnes qui, pour avoir combattu dans les rangs républicains durant la Guerre civile, avaient subi la captivité (« privation de liberté » est l’expression utilisée) au cours du conflit et/ou sous le régime franquiste, soit dans des prisons militaires, soit dans des camps de classification et de concentration, soit dans des bataillons disciplinaires de soldats travailleurs, autrement dit, dans l’un ou l’autre des « espaces de réclusion » liés à la condition de « prisonnier de guerre ». Les personnes concernées devaient pour cela remplir les conditions établies dans la Loi d’amnistie de 1977, avoir atteint 65 ans avant le 31 décembre 1990, avoir été enfermées pendant au moins trois années, et demander leur indemnisation avant le 31 décembre 199217.

    11Étant donné que de nombreux anciens prisonniers ayant été en captivité ne remplissaient pas les conditions exigées, et se trouvaient de ce fait exclus de la protection de l’État, plusieurs communautés autonomes ont exprimé la volonté d’élargir la prise en charge de ces indemnisations. Ces revendications ont entre mars 2000 et décembre 2005 abouti à la signature d’accords par le ministère de la Défense avec 14 des 17 communautés espagnoles18. Il en a résulté d’autres dispositions légales, établissant, non sans différences importantes d’une communauté à l’autre, le temps minimum de réclusion exigé et, proportionnellement, le montant de la somme à percevoir par les éventuels bénéficiaires d’indemnisations (tableau 1).

    12Beaucoup plus souple sur le temps minimal de réclusion – trois années étaient nécessaires dans la Loi de 1990, un mois seulement dans les dispositions nouvelles les plus favorables –, concernant de ce fait un nombre de personnes potentiellement plus élevé, cette nouvelle loi promettait d’être plus efficace que la première. Si l’on s’en tient aux chiffres, c’est-à-dire au nombre d’indemnisations concédées et à l’argent distribué, les résultats n’apparaissent pourtant guère significatifs. En revanche, du point de vue qualitatif, si l’on considère la réponse de la société espagnole et son implication dans le processus, on peut alors affirmer que le début du millénaire a constitué un tournant pour le cadre légal des processus d’indemnisation des victimes du franquisme comme pour la politique archivistique du pays.

    Tableau 1. – Dispositions des Communautés autonomes relatives à la Loi d’indemnisation des anciens prisonniers de guerre et victimes de représailles politiques du franquisme (2000-2005).

    Communauté Autonome

    Disposition légale et date de publication

    Temps de réclusion exigé

    Somme maximale à percevoir

    Asturies

    Décret 21/2000 du 2 mars

    (BOPA, 15-3-2000)a

    3 mois

    6 010,12 €

    Madrid

    Décret 47/2000 du 23 mars

    (BOCM, 4-4-2000)b

    1 an

    6 010,12 €

    Aragon

    Décret 100/2000 du 16 mai

    (BOA, 31-5-2000)c

    1 an

    6 310,63€

    Catalogne

    Décret 288/2000 du 31 août

    (BOGC, 7-9-2000)d

    6 mois

    6 010,12 €

    Andalousie

    Décret 1/2001 du 9 janvier

    (BOJA, 27-1-2001)e

    3 mois

    9 015,18 €

    Castille et León

    Décret 171/2001 du 14 juin

    (BOCyL 20-6-2001)f

    1 mois

    Sans limites

    Rioja

    Résolution du Conseil des Finances et de l’Économie du 30 novembre 2001 (BOR, 4-12-2001)g

    1 mois

    9 600 €

    Baléares

    Ordre no 25381/2001 du Conseil de la Présidence du 27 décembre

    (BOIB, 31-12-2001)h

    6 mois

    3 902 €

    Castille-La Manche

    Décret 31/2002 du 26 février

    (BOCAM, 6-3-2002)i

    3 mois

    9 000 €

    Cantabrie

    Décret 77/2002 du 28 juin

    (BOC, 12-7-2002)j

    1 an

    6 000 €

    Canaries

    Loi 9/2002 du 21 octobre

    (BOC, 25-10-2002)k

    1 mois

    12 621,25 €

    Pays basque

    Décret 280/2002 du 19 novembre

    (BOPV, 29-11-2002)l

    6 mois

    9 600 €

    Murcie

    Décret 81/2004 du 23 juillet

    (BORM, 12-8-2004)m

    6 mois

    1 300 €

    Valence

    Décret 210/2005 du 23 décembre

    (DOGV, 27-12-2005)n

    Non spécifié

    6 000 €

    a. Boletín Oficial del Principado de Asturias (BOPA), no 62, 15 mars 2000, [https://sede.asturias.es/bopa/2000/03/15/20000315.pdf].

    b. Boletín Oficial de la Comunidad de Madrid (BOCM), no 80, 4 avril 2000, [https://www.bocm.es/boletin/CM_Boletin_BOCM/20000404_B/08000.PDF].

    c. Boletín Oficial de Aragón (BOA), no 63, 31 mai 2000, [http://www.boa.aragon.es/cgi-bin/EBOA/BRSCGI?CMD=VEROBJ&MLKOB=427259494039].

    d. Diari Oficial de la Generalitat de Catalunya (BOGC), no 3.221, 7 septembre 2000, [http://portaldogc.gencat.cat/utilsEADOP/PDF/3221/824183.pdf] (erreur en 2022).

    e. Boletín Oficial de la Junta de Andalucía (BOJA), no 11, 27 janvier 2001, [http://www.juntadeandalucia.es/boja/2001/11/boletin.11.pdf].

    f. Boletín Oficial de Castilla y León (BOCyL), no 119, 20 juin 2001, [http://bocyl.jcyl.es/boletines/2001/06/20/pdf/BOCYL-D-20062001-22.pdf].

    g. Boletín Oficial de La Rioja (BOR), no 145, 4 décembre 2001, [http://www.larioja.org/bor/es/boletines-nuevo?fecha=2001/12/04] (erreur en 2022).

    h. Butlletí Oficial de les Illes Balears (BOIB), no 156, 31 décembre 2001, [http://boib.caib.es/pdf/2001511/mp43.pdf].

    i. Boletín Oficial de Castilla-La Mancha (BOCAM), no 28, 6 mars 2002, [http://docm.jccm.es/portaldocm/verDisposicionAntigua.do?ruta=2002/03/06&idDisposicion=123062675212030676].

    j. Boletín Oficial de Cantabria (BOC), no 134, 12 juillet 2002, [https://boc.cantabria.es/boces/verAnuncioAction.do?idAnuBlob=37777].

    k. Boletín Oficial de Canarias (BOC), no 143, 21 octobre 2002, [http://www.gobcan.es/boc/2002/143/boc-2002-143-002.pdf].

    l. Boletín Oficial del País Vasco (BOPV), no 229, 29 novembre 2002, [https://www.euskadi.eus/y22-bopv/es/bopv2/datos/2002/11/0206830a.pdf].

    m. Boletín Oficial de la Región de Murcia (BORM), no 186, 12 aôut 2004, [http://www.borm.es/borm/documento?obj=anu&id=32171].

    n. Diari Oficial de la Generalitat Valenciana (DOGV), no 5.163, 27 décembre 2005, [http://www.dogv.gva.es/datos/2005/12/27/pdf/2005_14333.pdf].

    Élaboré par l’auteure.

    Le processus

    13Comment s’est déroulé le processus ? Pour les requérants, qui pouvaient être soit les anciens prisonniers eux-mêmes, soit leurs veuves ou leurs descendants s’ils étaient déjà morts ou n’étaient pas en bonne condition de santé mentale ou physique, la première chose à faire était de s’adresser aux archives historiques militaires afin de leur demander de rechercher dans leurs fonds toute la documentation existante à leur sujet susceptible de certifier le temps qu’ils avaient passé derrière les barreaux et les barbelés.

    14Une fois obtenue la certification correspondante, ils devaient la joindre à leur demande d’indemnisation et présenter celle-ci aux endroits établis à cet effet dans chacune des lettres de convocation. L’avalanche des pétitions reçues obligea les archives historiques militaires, peu dotées en personnel et en moyens19, à engager sous contrat des experts – historiens, archivistes, documentalistes –, afin qu’ils cataloguent rapidement des fonds quasiment « vierges » et qu’ils réalisent les nombreuses recherches demandées. Tel a été notamment le cas pour les Archives Générales Militaires de Guadalajara, que nous allons à présent examiner plus en détail.

    15Dans ces archives, comme dans les autres concernées, la majorité des fonds documentaires conservés en lien avec la Guerre civile et la répression franquiste se composent de dossiers personnels organisés tout d’abord par année de conscription (année d’entrée dans l’armée), puis selon la zone géographique (lieu de naissance ou parfois de résidence) et, enfin, par ordre alphabétique (noms et prénom des soldats)20.

    16Pour l’essentiel, les séries consultées lors des recherches d’informations sollicitées par les intéressés ont été les suivantes : « Organes de recrutement », où figure toute l’information sur les « bureaux de conscription » et les zones de recrutement ; « Unités disciplinaires », qui abritent les données relatives aux différents bataillons de travailleurs et aux camps de concentration ; « Unités, Centres et Organismes » (UCO), où se trouve toute la documentation relative aux prisonniers militaires et aux unités d’encadrement ; « Commission Centrale d’Examen des Peines », dépendant du Conseil Juridique de l’Armée et chargée de centraliser les propositions de mutation, de révision et de modification envoyées par les Commissions Provinciales21, créées sur un Ordre de la Présidence du gouvernement du 25 janvier 1940 pour examiner les sentences de rébellion militaire dictées par les tribunaux militaires depuis le 18 juillet 1936 ; « Conseil Suprême de Justice Militaire », créé par la Loi du 5 septembre 1939 pour exercer la juridiction supérieure sur les juridictions spéciales des armées de terre, de mer et de l’air, succédant dans ses fonctions au Haut Tribunal de la Justice Militaire créé par le Décret du 24 octobre 1936 dans la zone rebelle ; et quelques-unes des « Séries Factices », formées dans leur majorité de collections de dossiers divers créés de manière factice en mêlant des pièces de diverses provenances22. Logiquement, dans les autres archives auxquelles parvenaient les demandes, à Ávila ou à Ségovie par exemple, des recherches similaires ont été effectuées dans les fonds qui, à l’instar de ceux de Guadalajara, pouvaient abriter l’information requise par les demandeurs d’indemnisation.

    17Une fois commencé le processus, il apparut d’emblée que ce qui avait en principe été conçu comme un élargissement des possibilités devenait au final une forme supplémentaire de contrôle et de limitation de l’accès aux indemnisations. Il s’avéra pratiquement impossible, en dépit de la flexibilité des nouvelles dispositions légales, de trouver dans les dossiers personnels des prisonniers de guerre des documents qui auraient permis de connaître et de certifier le temps total de captivité, ainsi que l’exigeait la loi.

    18Ce qui devait théoriquement se trouver dans les dossiers personnels ne correspondait pas du tout à ce qui y figurait véritablement. Tout d’abord, de nombreux dossiers étaient tout simplement inexistants. Ont-ils disparu en raison d’une destruction intentionnelle ou bien à cause d’une perte ponctuelle ? Il demeure malheureusement impossible de le savoir. En outre, tous les dossiers n’étaient pas classés correctement, de sorte qu’il fut impossible de trouver ceux qui ne figuraient pas dans l’inventaire correspondant ou ne se trouvaient pas à leur place. L’on avait conservé seulement le dossier avec le prénom et les noms du prisonnier, mais sans aucun document à l’intérieur. Et, finalement, lorsqu’il existait (encore) des dossiers à leur place et contenant des documents, la majeure partie d’entre eux ne permettaient pas de connaître les dates de début et de fin de la période passée par le prisonnier en captivité. De la sorte, ils étaient eux aussi sans aucune utilité.

    19La plupart des dossiers contenaient des cautions, dont la présentation était obligatoire pour les classifications des prisonniers de guerre selon l’Ordre Général de Classification du 11 mars 1937 déjà cité. Il revenait aux cours de justice et aux commissions de classification de demander cette documentation à une série de destinataires préétablis, parmi lesquels figuraient les « forces vives » du régime franquiste : les maires, la Garde civile, les commandants militaires, les curés, les responsables des Délégations provinciales ou des Directions locales de la Phalange23 de la localité d’origine ou de résidence des prisonniers (cahier couleur, ill. 3)24.

    Ill. 3. – Caution émise par la Délégation provinciale de Guipúzcoa de la FET et des JONS en faveur de Sebastián Quintana Ruiz, prisonnier du Bataillon de Travailleurs no 52.

    Image
    Image

    Saint-Sébastien, 12 novembre 1941 (AGMG, Unités disciplinaires – Bataillons des Soldats Travailleurs, dossier personnel de Sebastián Quintana Ruiz, 2251/117178).

    20Outre ces cautions, l’on pouvait aussi trouver dans quelques dossiers des recommandations ou des certificats remis volontairement aux autorités militaires par des personnes d’une importance certaine dans le domaine politique, militaire ou religieux de l’époque, que les prisonniers connaissaient directement ou par l’intermédiaire de tiers25, et auxquelles ils pouvaient demander de répondre d’eux, contredisant ainsi les charges qui leur étaient imputées ou suppliant que leur condamnation soit révisée, réduite, transformée ou suspendue.

    21En plusieurs occasions, les membres des familles des prisonniers défendirent eux-mêmes leurs proches en tentant de tirer parti de leur situation privilégiée. C’est ce que fit Mercedes Arrizabalaga Albéniz, sœur du prisonnier Juan Cruz Arrizabalaga Albéniz et abbesse du couvent des Sœurs des Servantes de Marie de Ségovie. Elle se répandit en flatteries et en courtoisie auprès de son correspondant, Cristino Rodríguez, le chef du Bataillon de Soldats Travailleurs no 37 dans lequel Juan était enrôlé. Dans une lettre du 1er septembre 1940, l’abbesse fit complètement sien le langage du régime pour mettre en relief la bonne conduite de son frère au cours de ses trois années de captivité, et pour demander son incorporation dans l’armée afin de mettre ainsi fin à sa peine, une fois accomplie le temps de réclusion exigé dans la prison d’Ondarreta (Saint-Sébastien) et dans plusieurs bataillons de travaux forcés (fig. 1) :

    Fig. 1. – Lettre de Mercedes Arrizabalaga Albéniz, abbesse du Couvent des Sœurs des Servantes de Marie de Ségovie, à Cristino Rodríguez, chef du Bataillon de Soldats Travailleurs no 37. Ségovie, 1er septembre 1940.

    Image

    AGMG, Unités disciplinaires – Bataillons des Soldats Travailleurs, dossier personnel de Juan Cruz Arrizabalaga Albéniz, 302093/18807.

    « Cher Monsieur,
    J’ai l’honneur de m’adresser à vous avec la confiance que vous voudrez bien me pardonner ma prétention si elle s’avère impertinente et hardie. Parmi les jeunes hommes du bataillon de travailleurs placés sous votre digne commandement se trouve mon frère, Juan Cruz Arrizabalaga.
    Il a travaillé trois années de la même manière durant le glorieux Mouvement, et mon désir ardent et véhément est qu’il puisse maintenant rejoindre les rangs de nos soldats. Il y agira, je le crois, avec une noble loyauté, et il a selon moi des prédispositions pour apprendre l’instruction…
    Mon capitaine, je vous demande très chèrement de bien vouloir accueillir ma demande avec la charité qui sûrement vous caractérise. De mon côté, je vous aurai très présent à l’esprit dans mes pauvres prières. Pour cette raison, je vous prie d’agréer l’expression de la haute considération de votre dévouée et sûre servante en notre Seigneur26. »

    22Néanmoins, les cautions, les recommandations et les certificats contenus dans les dossiers des prisonniers prouvaient en général seulement la date de production des documents en question, sans éclairer dans la durée le périple complet de la « privation de liberté » subie par l’intéressé, ainsi que l’exigeait la loi. Par conséquent, comme cela a été signalé plus haut, à de rares exceptions près, ces documents se sont avérés sans utilité dans le processus.

    23La correspondance était également présente en abondance dans les dossiers : des lettres échangées entre les autorités au sujet des transferts de prisonniers ou de questions administratives et normatives propres aux différents établissements de réclusion ; des lettres de demande des prisonniers eux-mêmes adressées aux autorités militaires, dans lesquelles ils sollicitaient la révision de leur classement, une faveur ou une autorisation spéciale ; des lettres envoyées par les proches aux prisonniers, interceptées par la censure militaire ou remises pour divers motifs aux responsables des camps, des bataillons et des prisons militaires. Parmi ces dernières lettres, beaucoup étaient liées à de mauvaises nouvelles. Elles avaient par exemple pour but de connaître l’état de santé des prisonniers lorsque ces derniers étaient punis, malades ou avaient eu un accident, ou bien étaient écrites afin de récupérer leurs effets personnels après communication de leur décès.

    24Martina Moraleja Rodríguez, sœur de Santos Moraleja Rodríguez, affecté au Bataillon de Soldats Travailleurs no 13, écrivit ainsi au commandant de son frère le 2 janvier 1941, en manifestant sa grande inquiétude pour le silence prolongé de son frère et en demandant à connaître l’évolution de sa maladie.

    « Cher Monsieur,
    Après vous avoir salué, j’ai le plaisir de m’adresser à vous pour vous dire ce qui suit : je vous informe que le soldat de votre Bataillon de la 1ère Compagnie, Santos Moraleja Rodríguez, est mon frère, et que je suis sans nouvelles de lui depuis un mois […]. Dans sa dernière lettre, il me disait se trouver en une situation très délicate. Étant si gravement malade, je crois qu’il lui est arrivé quelque chose, car je lui ai écrit quatre lettres et n’ai eu de réponse à aucune. Au vu de tout cela, je m’adresse à vous comme Chef de ce Bataillon, et je vous demande de bien vouloir avoir la bonté de me répondre […] [et de me dire] comment il est et où il se trouve […]. Veuillez excusez la gêne [que cette lettre pourra vous causer], [mais] je suis à la place d’une mère, car manquent par malheur nos défunts parents […]27. »

    25Pour sa part, le 24 janvier 1941, Olimpia Montalvo Leivo, après avoir été informée de la mort de son frère Pelayo Montalvo Leivo quelques jours auparavant, envoya une carte postale au capitaine de la 1re Compagnie du Bataillon de Soldats Travailleurs no 28, auquel il appartenait. Avec une écriture serrée, l’émotion et la rage contenues, elle réclamait ses modestes biens personnels (fig. 2) :

    Fig. 2 a et b. – Carte postale d’Olimpia Montalvo Leivo au capitaine du Bataillon de Soldats Travailleurs no 28. Cordoue, 24 janvier 1941.

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    AGMG, Unités disciplinaires – Bataillons des Soldats Travailleurs, dossier personnel de Pelayo Montalvo Leivo, 303443/96646.

    « Monsieur,
    Après vous avoir salué respectueusement ainsi que vous le méritez, j’en viens à vous remercier pour la délicatesse dont vous avez fait preuve en notifiant la mort de mon frère, le pauvre soldat Pelayo Montalvo Leivo, appartenant au bataillon placé sous votre digne commandement.
    Je vous demande à présent [une] faveur pour [laquelle] je [vous serais] éternellement reconnaissante : pourriez-vous avoir l’amabilité de m’envoyer l’acte de décès de mon pauvre petit frère et, si vous n’y voyez pas d’inconvénient et de gêne, me dire de quoi il est mort et où il est enterré ? Je souhaiterais aussi que vous m’envoyiez la petite valise qu’il avait là-bas, avec tout ce qui s’y trouve, et le portefeuille avec ses photographies et ses documents officiels, ainsi qu’une couverture blanche avec des rayures incarnat qui lui appartenait. Ce n’est pas pour ce que cela vaut, capitaine, mais, pour moi, ce qui a été à mon très cher petit frère et qui vient entre mes mains a une grande valeur, parce que c’est un souvenir, même si le souvenir le plus grand, c’est le vide qu’il a laissé.
    Par avance, mille mercis [pour] la faveur que j’espère obtenir de votre bonté.
    Votre humble servante, Olimpia Montalvo.
    [Post-data au verso] Envoyez-moi la petite valise en port dû. Mille mercis28. »

    26Toute cette correspondance officielle pouvait sans doute démontrer la condition de « prisonnier de guerre » de nombreux requérants, mais, de même qu’avec les cautions, les recommandations et les certificats, elle ne pouvait pas servir de preuve. Les documents qui pouvaient permettre de répondre le mieux à cette exigence légale d’obtenir des dates et des lieux concrets, de reconstruire la vie passée en captivité étaient des pièces-clefs de l’engrenage bureaucratique de la répression franquiste : par exemple, les garanties de bonne conduite et les certificats de libération signés par les chefs des bataillons, des camps et des prisons (fig. 3) ; les fiches de condamnés ou « semi-signalements », qui contenaient les données personnelles, familiales, académiques, professionnelles, militaires, etc., des prisonniers ; ou bien les « signalements complets » qui, en plus de tous les éléments figurant dans les fiches précédentes, après avoir mentionné leur activité durant la guerre, reconstituaient également la trajectoire complète de la vie des prisonniers, depuis le jour de leur capture jusqu’à celui de leur mise en liberté.

    Fig. 3. – Certificat de bonne conduite en faveur de Pedro Sala Pont émis par le Bataillon de Travailleurs no 66, 16 avril 1939.

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    AGMG, Unités disciplinaires – Bataillons des Soldats Travailleurs, dossier personnel de Pedro Sala Pont, 2424/128185.

    27Ces signalements ont parfois été remplacés par des récits que les prisonniers élaboraient eux-mêmes, sous la forme de déclarations jurées (cahier couleur, ill. 4).

    Ill. 4. – Déclaration jurée d’Ángel Iriande Echevarría, le 5 juillet 1940 (AGMG, Zonas de Reclutamiento, dossier réglementaire d’Ángel Iriondo Echevarría, ZOR 66, reemplazo 1939, caja 13 [dep. 6]).

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    28La pratique des « mémoires imposés » avait été très habituelle dans les camps de concentration et les bataillons disciplinaires des soldats travailleurs. Les autorités militaires demandaient aux prisonniers d’y consigner des données sur leur vie familiale et professionnelle avant le déclenchement de la Guerre civile, ainsi que tous les services rendus aux troupes « ennemies » durant le conflit. Ils devaient en outre retracer toute leur vie de prisonniers, en relatant le lieu et les conditions de leur détention, en faisant la liste des différents lieux où ils avaient jusqu’alors été destinés pour accomplir leur condamnation29. Anselmo P. C. rédigea par exemple son mémoire imposé le 16 juin 1939. Sous le titre « Ma vie de prisonnier », précédé d’un en-tête du Bataillon de Travailleurs no 41, d’un portrait bien visible du « Généralissime » et de la consigne « Salut à Franco : vive l’Espagne », il commençait de la sorte (fig. 4) :

    Fig. 4. – Anselmo P. C., Mi vida de prisionero, 16 juin 1939.

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    Archives privées.

    « Je suis parti de Santander le 26 septembre 37 par la voie maritime en étant protégé par des avions. La nuit de ce même jour, ils nous ont débarqués en face de la mairie de Bilbao, et de là ils nous ont emmené à l’Université de Deusto. De là, le 12 novembre pour les Escolapios, à la Prison de Procesados, dont je suis sorti le 27 janvier 38 […] pour le Camp de Concentration de Miranda de Ebro, dont nous sommes partis dans le [Bataillon de Travailleurs] no 78 pour Almazán (Soria), en passant par Burgos le 8 février, [pour une] arrivée le 9…
    [Après] quatre mois […] nous sommes partis le 3 juin en direction d’Ávila, en passant par Aranda de Duero, Valladolid et Medina del Campo. Arrivée à Ávila le 4, dans la matinée, où ils nous ont donné un déjeuner et nous ont mis sur la place des taureaux, et nous en sommes partis pour Arévalo deux heures après, pour arriver à deux heures de l’après-midi [à Tolède].
    Aujourd’hui, le 16 juin 1939, nous avons avec une grande joie quitté ce village de Huerta de Valdecarábanos […] avec l’espoir de ne plus jamais marcher sur ces [terres]… Nous sommes partis pour Madrid à 8 heures de l’après-midi… Je ne donne pas de détails sur l’atmosphère, parce que nous sommes comme le jour où nous sommes entrés dans ce bataillon, sans pouvoir rien voir30. »

    29Bien qu’ils contiennent des données très utiles pour certifier tout le temps passé en réclusion, ces « mémoires imposés » ne constituent pas des documents émis par l’armée, mais des documents produits sous la contrainte des autorités militaires et de manière obligée par les intéressés eux-mêmes. De ce fait, ils ne furent pas non plus considérés comme des documents « fiables » et finirent par être écartés du processus.

    La réponse

    30Face à ce panorama désolant, les requérants et/ou leurs familles décidèrent d’agir. Si les archives ne leur donnaient pas ce dont ils avaient besoin, la solution la plus simple était alors de donner aux archives ce qui leur manquait. Avec les demandes commencèrent ainsi à arriver dans les archives historiques militaires des milliers de documents personnels. Le but était de démontrer ainsi une « privation de liberté » subie, mais dont soit il n’y avait pas trace dans les fonds « officiels », soit les traces existantes n’étaient – comme nous venons de le voir – ni suffisantes ni fiables pour répondre aux exigences légales et, par conséquent, pour pouvoir prétendre au bénéfice des indemnisations proposées.

    31L’entrée en scène des documents personnels dans le procès présenta une double dimension. Les personnes concernées recherchèrent tout d’abord dans leurs maisons les documents produits ou reçus par les prisonniers et qui pouvaient pour cette raison démontrer leur condition de captifs, puis ils les envoyèrent aux archives où on leur avait communiqué qu’il n’existait pas de preuves à leur nom31. Parmi ces documents prédominaient les cartes postales et les lettres des prisonniers à leurs parents et à leurs amis, ainsi que celles qu’ils avaient reçues pendant leur réclusion. Elles visaient dans leur majorité à rendre compte de leur état de santé et à demander des articles de première nécessité, comme on peut le voir dans la lettre écrite le 7 novembre 1939 depuis la prison militaire de Carthagène par Rafael E. A. à sa mère et au reste de sa famille :

    « Chère maman et chère famille,
    J’imagine combien vous vous préoccuperez pour moi, mais sachez que je vais bien. Pour sûr, je ne connais pas le mobile de ma détention, mais sitôt qu’ils me le diront, je vous l’écrirai.
    Quant à avoir besoin, oui, j’ai besoin de quelque chose, mais pour l’heure ne m’envoyez rien, car je ne sais pas combien de temps je serai ici à Carthagène […]. En tout cas, voici ce que vous devez préparer pour [me l’envoyer] dès que je vous le demanderai : […] un sac [de couchage] […] et un [illisible] ou tapis pour mettre sous le matelas ; mes chaussures ou mes bottes, mais avec des semelles bien renforcées ; un béret ; des gants, quelques caleçons. Tout cela, je vous le demanderai. Ne me l’envoyez donc pas jusqu’à ce que je vous le demande. N’anticipez pas, car le paquet fairait des tours pour rien […]32. »

    32Outre les correspondances, un grand nombre de journaux intimes, de carnets, de cahiers et d’agendas personnels ébauchés en captivité furent envoyés aux archives. Certains de ces documents étaient seulement des listes de dates et de lieux. Tel est le cas de l’agenda d’Esteban A. L. (fig. 5)33. D’autres en revanche étaient des récits très élaborés, fourmillant d’informations détaillées et de descriptions éclairantes. Cela apparaît par exemple dans des fragments du journal rédigé par Ignacio M. A. et que ses fils ont soigneusement retranscrit à la machine pour le faire parvenir aux personnes chargées de gérer et de traiter les demandes d’indemnisation :

    « 4 mai 1940. La faim ne me quitte pas même quand je dors, et maintenant ils nous ont diminué le pain. Ils nous donnent deux morceaux qui doivent peser 100 grammes chacun […]. La 2e Compagnie est à 12 kilomètres, à Valsequillo, en train de tuer des langoustes. On raconte que dans certains endroits elles atteignent la taille de la jambe d’un homme. Fermín et le lieutenant Vázquez ont pris en 10 minutes plus d’une arrobe, mais ici on n’en voit pas une seule.
    6 mai 1940. Une compagnie qui était à Andújar est venue et s’est logée dans les locaux que nous occupions avant. Plusieurs Basques sont arrivés. J’en connaissais un. Il y a des gens de Portugalete, Santurce, Somorrostro, etc. Aujourd’hui, je dois dormir là où étaient logés les sergents de la 2e Compagnie. Il n’y a pas de lumière, mais des rats en abondance. La faim continue. Nous avons mangé les habituels pois chiches et de la salade au thon. Malgré la faim, je ne peux pas l’avaler.
    16 mai 1940. Il y a une nouvelle énorme : nous allons être libérés immédiatement d’après un télégramme que j’ai reçu du lieutenant […]. Je ne le crois pas. Au moins que moi je m’en aille, non. Mais malgré ça, je n’ai pas pu m’empêcher de rêver éveillé. On ne peut pas l’éviter34. »

    Fig. 5. – Agenda d’Esteban A. L., 1940-1945.

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    Archives privées.

    33Mais de tels témoignages des peines endurées faisaient défaut dans beaucoup de domiciles particuliers, car il ne faut pas oublier qu’une grande partie de cette documentation fut détruite dans l’après-guerre par peur des représailles. Certains décidèrent donc que le moment était venu de mettre leur vie par écrit et de raconter tout ce qui s’était passé. C’est ainsi que des dizaines d’autobiographies parvinrent aux archives, parfois accompagnées d’autres documents probatoires, par exemple des cartes, des dessins ou des photographies (fig. 6 et 7). Et parfois, ces autobiographies ne furent même pas composées comme des documents autonomes, conçus pour être apportés en tant que preuves en soi, mais elles furent rédigées de façon improvisée sur les formulaires même de requêtes que les intéressés devaient remettre, en mettant à profit les espaces en blanc qui s’y trouvaient (fig. 8).

    Fig. 6 a et b. – Autobiographie et carte de Félix G. L. jointes à sa demande d’indemnisation, 7 mars 2003.

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    Fig. 7. – Dessin d’une baraque du camp de concentration de La Ciudadela (Pampelune) réalisé par Enrique E. L. et joint à sa demande d’indemnisation, 31 mars 2003.

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    Fig. 8. – Notes autobiographiques écrites par Francisco M. A. dans sa demande d’indemnisation, 23 juin 2003.

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    Archives privées.

    34Néanmoins, indépendamment du support employé pour les mettre par écrit, de leur extension et de leur qualité littéraire, toutes ces autobiographies furent écrites en conscience, préparées spécialement pour l’occasion. Elles présentent de ce fait certaines caractéristiques communes, les plus frappantes étant la réclamation constante que justice soit rendue et les allusions réitérées au fait que ce qui était raconté correspondait à ce qui s’était réellement produit. Le 12 février 2003, Fernando M. C. commençait ainsi son autobiographie rédigée sur quelques feuilles volantes mécanographiées et destinée à rejoindre sa demande d’indemnisation :

    « Moi, [Fernando M. C.], né à Mocejón le 29 mai 1917, je dis et assure que ce que je raconte dans cet écrit est aussi certain que ce que peut dire une personne qui ne ment jamais ou un moyen d’information qui dit seulement des vérités, et je me réfère aux sites par où je suis allé après la fin de la Guerre civile […]. Tout ce que je dis est absolument certain et je n’ai aucun problème à le dire le cas échéant et en la présence des personnes nécessaires […]. Et je crois qu’il n’y a rien d’amusant à ce que, après les dangers, les besoins et les misères que j’ai soufferts, il semble que par manque de données […] ils présentent que je suis un menteur […], et pour preuve de la plus absolue vérité, j’écris ceci à Talavera de la Reina en février 200335. »

    35Considérés dans leur ensemble, ces documents que les anciens prisonniers et leurs proches firent parvenir aux archives historiques militaires étaient dans leur immense majorité des documents intimes et inédits. Comme si le temps s’y était arrêté, ils abritaient le monde intérieur et les expériences de vie des prisonniers de guerre du franquisme. Des preuves d’autres genres furent également fournies, qui n’appartenaient pas strictement au domaine privé, mais possédaient une dimension ouvertement publique : des photographies de monuments et de plaques commémoratives où figuraient les noms des requérants, des œuvres académiques, des chroniques journalistiques, des livres de mémoires et des témoignages où ils étaient cités ou bien qui apportaient un élément significatif en relation avec leur captivité ; autant d’informations qui furent convenablement soulignées ou commentées en marge pour qu’elles ne fussent pas ignorées.

    36Enfin, lorsque ceux qui avaient vécu ces épisodes n’étaient plus là, ou ne pouvaient plus réaliser la demande en raison de leur âge avancé ou de leur état de santé, comme on l’a signalé plus haut, ce furent les membres de leur famille, en général les veuves et les fils, qui s’en chargèrent pour eux et firent connaître leur histoire. De nombreuses demandes devinrent ainsi de longues lettres dans lesquelles leurs auteurs s’efforcèrent de mettre sur le papier tout ce qu’ils avaient entendu leurs proches raconter. L’occasion fut sans nul doute également mise à profit pour leur rendre hommage, en même temps que pour signifier aux destinataires de ces documents, et par extension aux autorités compétentes, leur désaccord avec la manière dont se déroulait le processus, et pour dénoncer que l’on ait autant tardé à offrir aux prisonniers de guerre du franquisme cette possibilité de restaurer économiquement et socialement leur dignité.

    37Le 5 mars 2003, Marcelino F. L., fils d’un prisonnier de guerre, s’adressait ainsi au nom de sa mère aux responsables des Archives Générales Militaires de Guadalajara, après avoir reçu une lettre dans laquelle on lui communiquait qu’il n’y avait pas de documents dans ces archives susceptibles de prouver le temps passé en captivité par son père :

    « Je veux faire part du fait que mon défunt père [Marcelino F. D.] est mort le 25/9/1984, et qu’en conséquence, j’écris ces lettres en représentation de ma mère, âgée de 85 ans.
    Mon père, né le 6 avril 1917, fils d’Enrique et de María, a été prisonnier dans la période 1936-1940 […]. De manière orale, je sais par mon père qu’en plus d’avoir été prisonnier à San Marcos et à San Pedro de Cardeña (Burgos), il l’a aussi été à Tarragone. Il a été blessé à Villablino (León) et emmené à Pola de Siero (Asturies), pour être enrôlé dans le Bataillon 205 de Fortifications. Il a aussi été destiné au Bataillon de Travailleurs du Régiment de Simancas.
    J’espère et je désire ne pas me sentir déçu […], car dans les précédentes indemnisations des années 1990 et 1992, on m’a refusé ladite aide car il n’arrivait pas aux 3 années […] J’écris ces lettres comme un exutoire, parce qu’il est pathétique qu’on verse une somme à des individus qui sont demeurés en prison pour des motifs moins graves, mais qui peuvent le démontrer, tandis que d’autres, au motif qu’ils n’apportent pas de certificats, restent privés de ladite indemnisation […]36. »

    38De la même manière, à l’été 2003, Carmen de C. T., qui venait d’avoir 88 ans, envoya une demande au nom de son mari, Daniel A. M., mort quelques années auparavant. Elle expliquait dans une longue lettre aux responsables du processus dans les archives précédemment citées ce que son mari avait vécu comme prisonnier de guerre. Carmen se rappelait encore avec précision les dates, les noms et les faits qu’elle avait entendu Daniel raconter tant de fois. En mettant par écrit ces faits qu’elle fut capable de réunir et de se rappeler, elle ne put éviter de manifester son indignation – non sans un certain sens de l’humour – devant le temps excessif qu’avait tardé le gouvernement espagnol avant de permettre que les victimes de la dictature puissent réclamer justice :

    « Messieurs,
    Je suis Carmen de C. T. […], veuve de Don Daniel [A. M.], né à San Sebastián le 18 du 11[ème mois] de 1912… Voici [les] éléments que je peux apporter pour l’aide ou la compensation en raison de la privation de liberté subie par mon époux durant la Guerre civile espagnole de 1936.
    Il a évacué San Sebastián le 13 septembre de cette même année [1936], en se dirigeant vers Bilbao et en s’incorporant dans les rangs par appel de son année de conscription (il fut soldat de cuota37). Il fut destiné au 3e Régiment d’artillerie lourde, 2e batterie, 2e section, sous les ordres du lieutenant Chocano. Son Quartier Général était à Durango…
    Il a été sur le font d’Ochandiano, [illisible], d’Orduña, et ils durent reculer jusqu’à la côte vers le mois d’avril 1937. Ils arrivèrent à Castro Urdiales, Santoña, Laredo et Noja. Ils se rendirent aux troupes nationales dans cette localité. Il fut transféré à Sabiñánigo, puis de là à [un] bataillon de travailleurs pour construire des routes dans la région de Huesca. Il tomba malade, de fièvres typhoïdes, et fut hospitalisé dans la clinique de Saragosse…
    Je ne voudrais pas vous fatiguer avec cette lettre si longue, mais comme vous le comprendrez, s’il vous était possible de vérifier tout ce qui se rapporte à cette histoire si pénible que nous avons vécue, l’aide que vous avez décidé de nous octroyer serait pour moi très bienvenue, car bien peu pourront l’obtenir, car trop d’années ont passé (cette veuve a déjà 88 ans), et si nous tardons un peu plus, qui sait ce qui pourra se passer ! Pardon pour ma façon familière de m’exprimer…
    Je crois que mon époux a été libéré sans aucune charge en juillet 1939.
    En espérant de vos nouvelles et vous remerciant de tout cœur, affectueusement vôtre38. »

    Le résultat

    39Tous ces documents personnels envoyés aux archives militaires historiques par les demandeurs d’indemnisations ont constitué une forme « d’archives parallèles ». Des dates et des lieux concrets y figuraient bien. En se fondant sur ces archives, il s’avérait possible de reconstruire toute la vie des prisonniers afin de certifier le temps complet passé en captivité, ainsi que la loi exigeait de le faire.

    40Mais la documentation privée qui parvint aux archives créa deux problèmes : que faire de ces documents ? et, de manière plus importante, comment les utiliser ? À dire vrai, on ne fit rien, ni dans un sens ni dans l’autre. Avec les demandes, les documents personnels vinrent grossir les dossiers administratifs résultant du processus d’indemnisation. Autrement dit, ils devinrent immédiatement des sources non consultables, étant donné la législation en vigueur, des histoires vouées comme tant d’autres à l’oubli, au moins jusqu’à ce que, dans de nombreuses années, vienne à quelqu’un l’idée de consulter cette documentation. Comme d’autre part il s’agissait de documents non « officiels », ils ne furent par conséquent pas pris en compte pour l’octroi des indemnisations. Ils furent simplement utilisés pour faciliter les recherches d’informations dans les différentes archives où elles étaient réalisées.

    41Malgré tout, cette lutte entre les archives historiques militaires et les « archives parallèles » engendrées par l’afflux de documents personnels envoyés par les citoyens qui sollicitèrent les indemnisations eut d’importantes conséquences dans les années ultérieures :

    1. la première a été l’avancée historiographique et le maniement de nouvelles sources d’étude. L’ouverture des archives historiques militaires et la consultation d’une documentation auparavant non classée et inconnue ont permis d’aborder des aspects jusqu’alors très peu connus ou complètement ignorés, notamment le fonctionnement de l’univers concentrationnaire franquiste ou l’histoire de la vie des prisonniers de guerre. On se réfère ici à plusieurs études incontournables, notamment aux travaux pionniers de Javier Rodrigo, José Ángel Fernández López ou Carme Molinero, Margarida Sala et Jaume Sobrequés sur les camps de concentration, ou bien aux ouvrages fondateurs sur les travaux forcés des prisonniers de guerre de Franco dus à Gonzalo Acosta Bono, José Luis Gutiérrez Molina, Lola Martínez Macías et Ángel del Río Sánchez. Tous ont été publiés entre 2003 et 200539. De plus, forts du constat de l’absence d’information sur ces thèmes dans les archives « officielles » et de la manipulation à laquelle la documentation conservée avait été soumise, les chercheurs furent conduits à apprécier l’importance et la nécessité des documents personnels, ainsi qu’à les incorporer progressivement comme des sources indispensables dans leurs travaux ;

    2. la seconde conséquence a été de nourrir la mémoire historique, individuelle et collective. En raison du processus d’indemnisation, de nombreuses familles prirent connaissance de la véritable histoire de leurs proches, ce qui s’est traduit par la configuration d’une nouvelle identité personnelle et familiale. L’immense production documentaire de tous ceux qui ont écrit sur leur expérience durant leur captivité, ainsi que la révélation de témoignages innombrables à des fins probatoires ont sans aucun doute eu une fonction de thérapie individuelle – à des moments et selon des modalités distinctes –, mais, en devenant un élément de la mémoire historique collective, leur rôle a aussi été important dans la sensibilisation et la prise de conscience sociales ;

    3. la troisième et dernière conséquence a été le développement d’une nouvelle législation plus juste. Finalement, la mise en œuvre de ce processus d’indemnisation a joué un rôle-clef dans le développement ultérieur de la Loi de Mémoire Historique approuvée par le Parlement espagnol le 27 décembre 200740, ainsi que dans la création du Centre Documentaire de la Mémoire Historique de Salamanque après le Décret Royal du 1er juin 2007. De fait, dans ce centre, comme chaque personne désireuse d’y effectuer des consultations pourra le vérifier sur place, les documents « officiels » produits par des organismes et des entités de caractère public ou privé partagent l’espace avec des documents personnels, qui arrivent grâce à de nombreuses donations de collections particulières ou à des projets d’importance et de définition très variables. La même valeur et la même importance sont accordées à toutes les pièces lorsqu’il s’agit de reconnaître les victimes de la Guerre civile et du franquisme41.

    ⁂

    42Emilio Lledó disait que les millions de documents et de livres, les millions d’archives et de bibliothèques qui existent dans le monde sont « le front invincible de la singulière bataille de l’humanité contre le temps42 ». Je partage complètement son avis, excepté sur un point : les hommes ne sont parfois pas seuls à livrer cette bataille contre le temps. À de nombreuses reprises, nous nous trouvons dans des situations où il faut livrer cette bataille contre nous-mêmes, et c’est ce qui je crois s’est produit pour les anciens prisonniers de guerre et victimes de répression politique dans le cadre du processus de la Loi d’indemnisation ici analysé. Heureusement, malgré cela, à long terme, ce qui paraissait initialement une défaite a fini par se transformer en une nécessaire et juste victoire pour la société espagnole.

    Notes de bas de page

    1 « Je dis ma vérité, et je continuerai à la dire tant que je pourrai, comme je pourrai. » Lettre de Max Aub à Guillermo de Torre, Mexico D. F., 28 décembre 1954 (Bibliothèque Nationale d’Espagne, Madrid, Archives personnelles de Guillermo de Torre, Correspondance, mss./22819/3).

    2 Le Goff Jacques, Histoire et mémoire, Paris, Gallimard, 1988 (1re édition italienne, Turin, Einaudi, 1977), p. 174.

    3 Petrucci Armando, « Escrituras de la memoria y memorias de lo escrito. Del orden de los objetos escritos al desorden de la escritura virtual », in Armando Petrucci, Alfabetismo, escritura, sociedad, Barcelone, Gedisa, 1999, p. 290-299.

    4 Gimeno Blay Francisco M., « Conservar la memoria, representar la sociedad », Signo. Revista de Historia de la Cultura Escrita, no 8, 2001, p. 275-293.

    5 Derrida Jacques, Mal d’archive. Une impression freudienne, Paris, Galilée, coll. « Incises », 1995, p. 11. Sur la conception derridienne de l’archive, voir Fare Franco, « El archivo derrideano como metarrepresentación », Representaciones. Revista de Estudios sobre Representaciones en Arte, Ciencia y Filosofía, vol. 12, no 1, 2016, p. 1-17 [https://revistas.unc.edu.ar/index.php/repr/article/view/15582], consulté le 18 janvier 2022.

    6 Sur la relation entre archives, sociétés et droits humains, voir Alberch i Fugueras Ramón, Archivos y derechos humanos, Gijón, Trea, 2008 ; González Quintana Antonio, Políticas Archivísticas para la Defensa de los Derechos Humanos, Saint-Jacques-de-Compostelle, Fundación 10 de Marzo, 2009 ; Cruz Mundet José Ramón, El archivo como construcción social, Las Palmas de Gran Canaria, Anroart Ediciones, 2010.

    7 J’utilise le terme « conflit d’archives » dans le sens défini et proposé dans ce volume par Stéphane Péquignot. Cet usage rejoint aussi pour une bonne part celui proposé par Letón Ruiz Raquel et Sánchez-Carretero Cristina (coord.), La memoria de los conflictos: legados documentales para la Historia, Madrid, Consejo Superior de Investigaciones Científicas (CSIC), Fundación de Ferrocarriles Españoles (FFE), 2009.

    8 González Quintana Antonio, « Los archivos militares en España », in La investigación y las fuentes documentales de los archivos. I y II Jornadas sobre Investigación en Archivos, Guadalajara, Confederación de Asociaciones de Archiveros, Bibliotecarios, Museólogos y Documentalistas (ANABAD), Asociación de Amigos del Archivo Histórico Provincial de Guadalajara, 1996, vol. 2., p. 929-940.

    9 Alberch i Fugueras Ramón et Cruz Mundet José Ramón, ¡Archívese! Los documentos del poder, el poder de los documentos, Madrid, Alianza, 1999.

    10 Voir, par exemple, les réflexions de Jelin Elisabeth et Silva Catela Ludmila da, Los archivos de la represión: documentos, memoria y verdad, Madrid, Siglo xxi, 2002.

    11 En ce qui concerne l’état actuel de l’accès aux archives (pas seulement militaires) en Espagne, lire González Quintana Antonio, Gálvez Biesca Sergio et Castro Berrojo Luis (dir.), El acceso a los archivos en España, Madrid, Fundación Francisco Largo Caballero, Fundación 1er de Mayo, 2019 [https://1mayo.ccoo.es/f9d833e22a0c7b5f4fc5f2dfdb44c9e9000001.pdf] (erreur en 2022), consulté le 18 janvier 2022.

    12 Turrión María José, « Los archivos de represión: una aproximación a los centros y las fuentes documentales en España », Boletín de la ANABAD, vol. LXIV, no 3, 2014, p. 39-63.

    13 Voir Hernández de Miguel Carlos, Los campos de concentración de Franco, Barcelone, Ediciones B, 2019.

    14 Rodrigo Javier, Cautivos. Campos de concentración en la España franquista, 1936-1947, Barcelone, Crítica, p. xxiv.

    15 Ordre Général de Classification. Salamanque, 11 mars 1937 (Archives Générales Militaires de Ávila, Caserne du Général Francisco Franco, A1, L46bis, C3). Cf. Rodrigo J., Cautivos, op. cit., p. 30-31.

    16 Sur les travaux forcés réalisés par les prisonniers de guerre, on pourra consulter Gastón Aguas José María et Mendiola Gonzalo Fernando (coord.), Los trabajos forzados en la dictadura franquista, Pampelune, Instituto Gerónimo de Uztariz, 2007.

    17 Loi 4/1990 du 29 juin, section I, dispositions générales. Boletín Oficial del Estado (BOE), 30 juin 1991, no 156, p. 18 669-18 710, [https://www.boe.es/buscar/doc.php?id=BOE-A-1990-15347], consulté le 18 janvier 2022.

    18 Relevant d’une autre catégorie, les villes autonomes de Ceuta et Melilla sont ici exclues. Les seules communautés qui ne prirent pas de dispositions légales sur le sujet sont l’Estrémadure et la Galice. La Navarre fut pionnière en remédiant à cette situation grâce à un Décret foral. Comme elle sort de la période objet de cette étude, elle n’a pas non plus été inclue dans le tableau. Voir le Décret foral 75/1995 du 20 mars. Boletín Oficial de Navarra (BON), 3 avril 1995, [http://memoriahistorica.org.es/2-2-pensiones-e-indemnizaciones/], consulté le 18 janvier 2022.

    19 González Quintana Antonio, « Estado actual de los archivos militares: necesidad de un plan de medidas urgentes », Boletín de la ANABAD, vol. 52, no 3, 2002, p. 83-88.

    20 Guía de archivos militares españoles, Madrid, Secretaría General Técnica del Ministerio de Defensa, 1995. Voir également González Quintana Antonio, « El sistema archivístico de la Defensa y la tradición archivística militar: nuevas perspectivas para los archivos militares españoles », in Fuentes para la Historia militar en los archivos españoles. VI Jornadas Nacionales de Historia militar, Séville, Deimos, 1996, p. 21-38 ; Serradilla Ballinas Daniel, « El Archivo General Militar de Guadalajara. Fuentes documentales e investigación », in La investigación y las fuentes documentales de los archivos, op. cit., p. 941-948 ; et López Jiménez Francisco Javier, « El Archivo General Militar de Guadalajara », Archivamos: Boletín de la Asociación de Archiveros de Castilla y León (ACAL), nos 43-44, 2002, p. 34-37.

    21 Rodríguez Teijeiro Domingo, « Configuración y evolución del sistema penitenciario franquista (1936-1975) », in Sergio Gálvez Biesca (dir.), Hispania Nova. Revista de Historia Contemporánea, no 7 [dossier Generaciones y memoria de la represión franquista: un balance de los movimientos por la memoria], 2007, p. 1-24, [http://hispanianova.rediris.es/7/dossier/07d019.pdf], consulté le 18 janvier 2022.

    22 Le cadre de classement des fonds des AGMG peut être consulté sur le Portal de Cultura de Defensa del Ministerio de Defensa del Gobierno de España, [http://www.portalcultura.mde.es/Galerias/cultural/archivos/fichero/2016_04_08_cuadro_AGMG.pdf], consulté le 18 janvier 2022.

    23 Phalange Espagnole Traditionnaliste (FET) et Juntes de l’Offensive Nationale Syndicaliste (JONS).

    24 Sierra Blas Verónica, Cartas presas. La correspondencia carcelaria en la Guerra Civil y el Franquismo, Madrid, Marcial Pons, 2016, p. 60-72.

    25 Ce travail d’intermédiation était presque toujours effectué par les femmes des prisonniers. Lire, par exemple, Sierra Blas Verónica, « Las secretarias de las penas. Escrituras, resistencias y reivindicaciones de las mujeres de los prisioneros de guerra », in Ángeles Egido et Jorge J. Montes Salguero (dir.), Mujer, franquismo y represión: una deuda histórica, Alcorcón (Madrid), Sanz y Torres, 2018, p. 379-400, et Moya Alcañiz Francisca, « Mujer de moral intachable. La relativa efectividad de los avales y de las cartas de súplica de las presas del Franquismo », in Verónica Sierra Blas et Guadalupe Adámez Castro (coord.), Escrituras y lecturas en reclusión, dossier de Vegueta. Anuario de la Facultad de Geografía e Historia, no 19, 2019, p. 359-379, [http://revistavegueta.ulpgc.es/ojs/index.php/revistavegueta/article/view/460/669], consulté le 18 janvier 2022.

    26 Lettre de Mercedes Arrizabalaga Albéniz, abbesse du Couvent des Sœurs des Servantes de Marie de Ségovie, à Cristino Rodríguez, chef du Bataillon des Soldats Travailleurs no 37. Ségovie, 1er septembre 1940 (AGMG, Unités disciplinaires – Bataillons des Soldats Travailleurs, dossier personnel de Juan Cruz Arrizabalaga Albéniz, 302093/18807).

    27 Lettre de Martina Moraleja Rodríguez au commandant de la 1re Compagnie du Bataillon de Soldats Travailleurs no 13. Villalba del Rey (Cuenca), 2 janvier 1941 (AGMG, Unités disciplinaires – Bataillons des Soldats Travailleurs, dossier personnel de Santos Moraleja Rodríguez, 1956/97621).

    28 Carte postale d’Olimpia Montalvo Leivo au capitaine de la 1re Compagnie du Bataillon de Soldats Travailleurs no 28. Cordoue, 24 janvier 1941 (AGMG, Unités disciplinaires – Bataillons des Soldats Travailleurs, dossier personnel de Pelayo Montalvo Leivo, 303443/96646).

    29 Sur les mémoires imposés, je renvoie à Sierra Blas V., Cartas presas, op. cit., p. 56-59 ; et à Castillo Gómez Antonio, « Escribir para no morir. La escritura en las cárceles franquistas », in Antonio Castillo Gómez y Feliciano Montero García (coord.), Franquismo y memoria popular. Escrituras, voces y representaciones, Madrid, Siete Mares, 2003 p. 17-54.

    30 Anselmo P. C., Mi vida de prisionero, 16 juin 1939. Archives privées.

    31 Dans leur grande majorité, ces documents particuliers sont arrivés sous forme de copie. L’envoi aux archives de documents originaux a été exceptionnel, leurs propriétaires demandant leur retour une fois le processus terminé.

    32 Lettre de Rafael E. A. à sa mère et à sa famille. Prison Militaire de Carthagène, 7 novembre 1939. Archives privées.

    33 Agenda d’Esteban A. L., 1940-1945. Archives privées.

    34 Journal d’Ignacio M. A., 1er mai au 3 juillet 1940. Archives privées.

    35 Feuillets volants mécanographiés joints à la demande d’indemnisation de Fernando M. C., 12 février 2003. Archives privées.

    36 Lettre de Marcelino F. L., fils de Marcelino F. D., aux responsables des AGMG. Villablino (León), 5 mars 2003. Archives privées.

    37 Soldat pour partie exonéré de service, car il avait payé la cuota militar, une somme correspondant à la diminution concédée.

    38 Lettre de Carmen de C. T. aux responsables des AGMG. Sans lieu, été 2003. Archives privées.

    39 Fernández López José Ángel, Historia del campo de concentración de Miranda del Ebro (1937-1947), Miranda de Ebro (Burgos), auto-édition, 2003 ; Molinero Carme, Sala Margarida et Sobrequés Jaume (éd.), Una inmensa prisión. Los campos de concentración y las prisiones durante la Guerra Civil y el Franquismo, Barcelone, Crítica, 2003 ; Acosta Bono Gonzalo, Gutiérrez Molina José Luis, Martínez Macías Lola et Río Sánchez Ángel del, El canal de los presos (1940-1962). Trabajos forzados: de la represión política a la explotación económica, Barcelone, Crítica, 2004 ; Rodrigo Javier, Los campos de concentración franquista: entre la historia y la memoria, Madrid, Siete Mares, 2003 ; et id., Cautivos, op. cit.

    40 Il en va de même actuellement avec l’avant-projet de Loi de Mémoire Démocratique, approuvé par le Conseil des ministres le 15 septembre 2020, et dont l’objectif est « la reconnaissance de ceux qui ont, durant la période comprise entre le coup d’État de 1936, la Guerre civile et la dictature franquiste jusqu’à la promulgation de la Constitution espagnole de 1978, subi des persécutions ou des violences pour des raisons politiques, idéologiques, de conscience ou de croyance religieuse, d’orientation et d’identité sexuelle », [https://www.lamoncloa.gob.es/consejodeministros/resumenes/Paginas/2020/150920-cministros.aspx] (erreur en 2022), consulté le 18 janvier 2022.

    41 Turrión María José, « El papel de los archivos en la memoria: el Centro Documental de la Memoria Histórica », Patrimonio cultural de España, no 1, 2009, p. 157-172.

    42 Lledó Emilio, « Lenguaje y memoria », in id., Imágenes y palabras. Ensayos de Humanidades, Madrid, Taurus, 1998, p. 166.

    Auteurs

    Stéphane Péquignot (trad.)

    Stéphane Péquignot est directeur d’études à l’École pratique des hautes études – PSL (chaire « Relations internationales et diplomatie (1300-1700) »), membre de l’équipe SAPRAT et chercheur associé à l’Université nouvelle de Lisbonne. Auteur d’Au nom du roi. Pratique diplomatique et pouvoir durant le règne de Jacques II d’Aragon, 1291-1327 (Madrid, 2009), et, avec Jean-Marie Moeglin (dir.), de Diplomatie et « relations internationales » au Moyen Âge ixe-xve siècle, (Paris, 2017), il a également publié plusieurs articles sur l’histoire des Archives de la Couronne d’Aragon, à Barcelone. Ses recherches actuelles portent, entre autres, sur la Couronne d’Aragon, le royaume de Majorque et la Catalogne, ainsi que sur l’histoire de la négociation.

    Verónica Sierra Blas

    Verónica Sierra Blas est docteure en histoire et professeure d’histoire de la culture écrite à l’université d’Alcalá, où elle dirige le Séminaire interdisciplinaire d’études sur la culture écrite (SIECE) et coordonne le groupe de recherche Lectura, Escritura, Alfabetización (LEA) ainsi que le Réseau d’archives et de chercheurs sur l’écriture populaire (RedAIEP). Son principal champ de recherches est l’étude des témoignages écrits privés produits par les gens ordinaires durant la Guerre civile espagnole et la dictature franquiste. Elle est l’auteure, parmi d’autres ouvrages, de Palabras huérfanas. Los niños y la Guerra Civil (Madrid, 2009, traduit en français en 2016, Paroles orphelines. Les enfants et la guerre d’Espagne) et Cartas presas. La correspondencia carcelaria en la Guerra Civil y el Franquismo (Madrid, 2016).

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    2008

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

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    2008

    Un constructeur de la France du xxe siècle

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    La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)

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    2008

    Ouvriers bretons

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    Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968

    Vincent Porhel

    2008

    L'intrusion balnéaire

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    Dominique Lhuillier-Martinetti

    2008

    L'éveil politique de la Savoie

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    Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)

    Sylvain Milbach

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    L'évangélisation des Indiens du Mexique

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    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

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    Laurence Moal

    2008

    Les saints bretons entre légendes et histoire

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    Le glaive à deux tranchants

    Bernard Merdrignac

    2008

    Les miroirs du silence

    Les miroirs du silence

    L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934

    Patrick Bourgalais

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    Remarques sur la communication entre marchands au bas Moyen Âge1

    Maria Elisa Soldani Stéphane Péquignot (trad.)

    Nommer les archives

    Origine et spontanéité constitutive des arcana imperii et des arcana domestici

    Diego Navarro Bonilla Stéphane Péquignot (trad.)

    Voix subalternes

    Archives et mémoire écrite des classes populaires

    Antonio Castillo Gómez Stéphane Péquignot (trad.)

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    1 « Je dis ma vérité, et je continuerai à la dire tant que je pourrai, comme je pourrai. » Lettre de Max Aub à Guillermo de Torre, Mexico D. F., 28 décembre 1954 (Bibliothèque Nationale d’Espagne, Madrid, Archives personnelles de Guillermo de Torre, Correspondance, mss./22819/3).

    2 Le Goff Jacques, Histoire et mémoire, Paris, Gallimard, 1988 (1re édition italienne, Turin, Einaudi, 1977), p. 174.

    3 Petrucci Armando, « Escrituras de la memoria y memorias de lo escrito. Del orden de los objetos escritos al desorden de la escritura virtual », in Armando Petrucci, Alfabetismo, escritura, sociedad, Barcelone, Gedisa, 1999, p. 290-299.

    4 Gimeno Blay Francisco M., « Conservar la memoria, representar la sociedad », Signo. Revista de Historia de la Cultura Escrita, no 8, 2001, p. 275-293.

    5 Derrida Jacques, Mal d’archive. Une impression freudienne, Paris, Galilée, coll. « Incises », 1995, p. 11. Sur la conception derridienne de l’archive, voir Fare Franco, « El archivo derrideano como metarrepresentación », Representaciones. Revista de Estudios sobre Representaciones en Arte, Ciencia y Filosofía, vol. 12, no 1, 2016, p. 1-17 [https://revistas.unc.edu.ar/index.php/repr/article/view/15582], consulté le 18 janvier 2022.

    6 Sur la relation entre archives, sociétés et droits humains, voir Alberch i Fugueras Ramón, Archivos y derechos humanos, Gijón, Trea, 2008 ; González Quintana Antonio, Políticas Archivísticas para la Defensa de los Derechos Humanos, Saint-Jacques-de-Compostelle, Fundación 10 de Marzo, 2009 ; Cruz Mundet José Ramón, El archivo como construcción social, Las Palmas de Gran Canaria, Anroart Ediciones, 2010.

    7 J’utilise le terme « conflit d’archives » dans le sens défini et proposé dans ce volume par Stéphane Péquignot. Cet usage rejoint aussi pour une bonne part celui proposé par Letón Ruiz Raquel et Sánchez-Carretero Cristina (coord.), La memoria de los conflictos: legados documentales para la Historia, Madrid, Consejo Superior de Investigaciones Científicas (CSIC), Fundación de Ferrocarriles Españoles (FFE), 2009.

    8 González Quintana Antonio, « Los archivos militares en España », in La investigación y las fuentes documentales de los archivos. I y II Jornadas sobre Investigación en Archivos, Guadalajara, Confederación de Asociaciones de Archiveros, Bibliotecarios, Museólogos y Documentalistas (ANABAD), Asociación de Amigos del Archivo Histórico Provincial de Guadalajara, 1996, vol. 2., p. 929-940.

    9 Alberch i Fugueras Ramón et Cruz Mundet José Ramón, ¡Archívese! Los documentos del poder, el poder de los documentos, Madrid, Alianza, 1999.

    10 Voir, par exemple, les réflexions de Jelin Elisabeth et Silva Catela Ludmila da, Los archivos de la represión: documentos, memoria y verdad, Madrid, Siglo xxi, 2002.

    11 En ce qui concerne l’état actuel de l’accès aux archives (pas seulement militaires) en Espagne, lire González Quintana Antonio, Gálvez Biesca Sergio et Castro Berrojo Luis (dir.), El acceso a los archivos en España, Madrid, Fundación Francisco Largo Caballero, Fundación 1er de Mayo, 2019 [https://1mayo.ccoo.es/f9d833e22a0c7b5f4fc5f2dfdb44c9e9000001.pdf] (erreur en 2022), consulté le 18 janvier 2022.

    12 Turrión María José, « Los archivos de represión: una aproximación a los centros y las fuentes documentales en España », Boletín de la ANABAD, vol. LXIV, no 3, 2014, p. 39-63.

    13 Voir Hernández de Miguel Carlos, Los campos de concentración de Franco, Barcelone, Ediciones B, 2019.

    14 Rodrigo Javier, Cautivos. Campos de concentración en la España franquista, 1936-1947, Barcelone, Crítica, p. xxiv.

    15 Ordre Général de Classification. Salamanque, 11 mars 1937 (Archives Générales Militaires de Ávila, Caserne du Général Francisco Franco, A1, L46bis, C3). Cf. Rodrigo J., Cautivos, op. cit., p. 30-31.

    16 Sur les travaux forcés réalisés par les prisonniers de guerre, on pourra consulter Gastón Aguas José María et Mendiola Gonzalo Fernando (coord.), Los trabajos forzados en la dictadura franquista, Pampelune, Instituto Gerónimo de Uztariz, 2007.

    17 Loi 4/1990 du 29 juin, section I, dispositions générales. Boletín Oficial del Estado (BOE), 30 juin 1991, no 156, p. 18 669-18 710, [https://www.boe.es/buscar/doc.php?id=BOE-A-1990-15347], consulté le 18 janvier 2022.

    18 Relevant d’une autre catégorie, les villes autonomes de Ceuta et Melilla sont ici exclues. Les seules communautés qui ne prirent pas de dispositions légales sur le sujet sont l’Estrémadure et la Galice. La Navarre fut pionnière en remédiant à cette situation grâce à un Décret foral. Comme elle sort de la période objet de cette étude, elle n’a pas non plus été inclue dans le tableau. Voir le Décret foral 75/1995 du 20 mars. Boletín Oficial de Navarra (BON), 3 avril 1995, [http://memoriahistorica.org.es/2-2-pensiones-e-indemnizaciones/], consulté le 18 janvier 2022.

    19 González Quintana Antonio, « Estado actual de los archivos militares: necesidad de un plan de medidas urgentes », Boletín de la ANABAD, vol. 52, no 3, 2002, p. 83-88.

    20 Guía de archivos militares españoles, Madrid, Secretaría General Técnica del Ministerio de Defensa, 1995. Voir également González Quintana Antonio, « El sistema archivístico de la Defensa y la tradición archivística militar: nuevas perspectivas para los archivos militares españoles », in Fuentes para la Historia militar en los archivos españoles. VI Jornadas Nacionales de Historia militar, Séville, Deimos, 1996, p. 21-38 ; Serradilla Ballinas Daniel, « El Archivo General Militar de Guadalajara. Fuentes documentales e investigación », in La investigación y las fuentes documentales de los archivos, op. cit., p. 941-948 ; et López Jiménez Francisco Javier, « El Archivo General Militar de Guadalajara », Archivamos: Boletín de la Asociación de Archiveros de Castilla y León (ACAL), nos 43-44, 2002, p. 34-37.

    21 Rodríguez Teijeiro Domingo, « Configuración y evolución del sistema penitenciario franquista (1936-1975) », in Sergio Gálvez Biesca (dir.), Hispania Nova. Revista de Historia Contemporánea, no 7 [dossier Generaciones y memoria de la represión franquista: un balance de los movimientos por la memoria], 2007, p. 1-24, [http://hispanianova.rediris.es/7/dossier/07d019.pdf], consulté le 18 janvier 2022.

    22 Le cadre de classement des fonds des AGMG peut être consulté sur le Portal de Cultura de Defensa del Ministerio de Defensa del Gobierno de España, [http://www.portalcultura.mde.es/Galerias/cultural/archivos/fichero/2016_04_08_cuadro_AGMG.pdf], consulté le 18 janvier 2022.

    23 Phalange Espagnole Traditionnaliste (FET) et Juntes de l’Offensive Nationale Syndicaliste (JONS).

    24 Sierra Blas Verónica, Cartas presas. La correspondencia carcelaria en la Guerra Civil y el Franquismo, Madrid, Marcial Pons, 2016, p. 60-72.

    25 Ce travail d’intermédiation était presque toujours effectué par les femmes des prisonniers. Lire, par exemple, Sierra Blas Verónica, « Las secretarias de las penas. Escrituras, resistencias y reivindicaciones de las mujeres de los prisioneros de guerra », in Ángeles Egido et Jorge J. Montes Salguero (dir.), Mujer, franquismo y represión: una deuda histórica, Alcorcón (Madrid), Sanz y Torres, 2018, p. 379-400, et Moya Alcañiz Francisca, « Mujer de moral intachable. La relativa efectividad de los avales y de las cartas de súplica de las presas del Franquismo », in Verónica Sierra Blas et Guadalupe Adámez Castro (coord.), Escrituras y lecturas en reclusión, dossier de Vegueta. Anuario de la Facultad de Geografía e Historia, no 19, 2019, p. 359-379, [http://revistavegueta.ulpgc.es/ojs/index.php/revistavegueta/article/view/460/669], consulté le 18 janvier 2022.

    26 Lettre de Mercedes Arrizabalaga Albéniz, abbesse du Couvent des Sœurs des Servantes de Marie de Ségovie, à Cristino Rodríguez, chef du Bataillon des Soldats Travailleurs no 37. Ségovie, 1er septembre 1940 (AGMG, Unités disciplinaires – Bataillons des Soldats Travailleurs, dossier personnel de Juan Cruz Arrizabalaga Albéniz, 302093/18807).

    27 Lettre de Martina Moraleja Rodríguez au commandant de la 1re Compagnie du Bataillon de Soldats Travailleurs no 13. Villalba del Rey (Cuenca), 2 janvier 1941 (AGMG, Unités disciplinaires – Bataillons des Soldats Travailleurs, dossier personnel de Santos Moraleja Rodríguez, 1956/97621).

    28 Carte postale d’Olimpia Montalvo Leivo au capitaine de la 1re Compagnie du Bataillon de Soldats Travailleurs no 28. Cordoue, 24 janvier 1941 (AGMG, Unités disciplinaires – Bataillons des Soldats Travailleurs, dossier personnel de Pelayo Montalvo Leivo, 303443/96646).

    29 Sur les mémoires imposés, je renvoie à Sierra Blas V., Cartas presas, op. cit., p. 56-59 ; et à Castillo Gómez Antonio, « Escribir para no morir. La escritura en las cárceles franquistas », in Antonio Castillo Gómez y Feliciano Montero García (coord.), Franquismo y memoria popular. Escrituras, voces y representaciones, Madrid, Siete Mares, 2003 p. 17-54.

    30 Anselmo P. C., Mi vida de prisionero, 16 juin 1939. Archives privées.

    31 Dans leur grande majorité, ces documents particuliers sont arrivés sous forme de copie. L’envoi aux archives de documents originaux a été exceptionnel, leurs propriétaires demandant leur retour une fois le processus terminé.

    32 Lettre de Rafael E. A. à sa mère et à sa famille. Prison Militaire de Carthagène, 7 novembre 1939. Archives privées.

    33 Agenda d’Esteban A. L., 1940-1945. Archives privées.

    34 Journal d’Ignacio M. A., 1er mai au 3 juillet 1940. Archives privées.

    35 Feuillets volants mécanographiés joints à la demande d’indemnisation de Fernando M. C., 12 février 2003. Archives privées.

    36 Lettre de Marcelino F. L., fils de Marcelino F. D., aux responsables des AGMG. Villablino (León), 5 mars 2003. Archives privées.

    37 Soldat pour partie exonéré de service, car il avait payé la cuota militar, une somme correspondant à la diminution concédée.

    38 Lettre de Carmen de C. T. aux responsables des AGMG. Sans lieu, été 2003. Archives privées.

    39 Fernández López José Ángel, Historia del campo de concentración de Miranda del Ebro (1937-1947), Miranda de Ebro (Burgos), auto-édition, 2003 ; Molinero Carme, Sala Margarida et Sobrequés Jaume (éd.), Una inmensa prisión. Los campos de concentración y las prisiones durante la Guerra Civil y el Franquismo, Barcelone, Crítica, 2003 ; Acosta Bono Gonzalo, Gutiérrez Molina José Luis, Martínez Macías Lola et Río Sánchez Ángel del, El canal de los presos (1940-1962). Trabajos forzados: de la represión política a la explotación económica, Barcelone, Crítica, 2004 ; Rodrigo Javier, Los campos de concentración franquista: entre la historia y la memoria, Madrid, Siete Mares, 2003 ; et id., Cautivos, op. cit.

    40 Il en va de même actuellement avec l’avant-projet de Loi de Mémoire Démocratique, approuvé par le Conseil des ministres le 15 septembre 2020, et dont l’objectif est « la reconnaissance de ceux qui ont, durant la période comprise entre le coup d’État de 1936, la Guerre civile et la dictature franquiste jusqu’à la promulgation de la Constitution espagnole de 1978, subi des persécutions ou des violences pour des raisons politiques, idéologiques, de conscience ou de croyance religieuse, d’orientation et d’identité sexuelle », [https://www.lamoncloa.gob.es/consejodeministros/resumenes/Paginas/2020/150920-cministros.aspx] (erreur en 2022), consulté le 18 janvier 2022.

    41 Turrión María José, « El papel de los archivos en la memoria: el Centro Documental de la Memoria Histórica », Patrimonio cultural de España, no 1, 2009, p. 157-172.

    42 Lledó Emilio, « Lenguaje y memoria », in id., Imágenes y palabras. Ensayos de Humanidades, Madrid, Taurus, 1998, p. 166.

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    Sierra Blas, Verónica. « Archives parallèles ». In Les conflits d’archives, édité par Stéphane Péquignot et Yann Potin, traduit par Stéphane Péquignot. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2022. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.162621.
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    Péquignot, S., & Potin, Y. (éds.). (2022). Les conflits d’archives (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.162446
    Péquignot, Stéphane, et Yann Potin, éd. Les conflits d’archives. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2022. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.162446.
    Péquignot, Stéphane, et Yann Potin, éditeurs. Les conflits d’archives. Presses universitaires de Rennes, 2022, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.162446.
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