Chapitre XXXIII. Q. Sempronius Vitulus et l’ala Tauriana
Les inscriptions de Los Bañales de Uncastillo, Saragosse
p. 549-564
Note de l’auteur
Publié dans Ma Cruz González Rodríguez, Pilar Ciprés, Estíbaliz Ortiz de Urbina Álava et Gonzalo Cruz Andreotti (dir.), A Verbis ad Scripta. Studia Epigraphica et Historica in Honorem Juan Santos Yanguas, Anejos de Veleia. Series minor 36, Vitoria-Gasteiz, UPV-EHU, 2019, p. 125-146.
Texte intégral
1Le site archéologique de Los Bañales de Uncastillo, Cinco Villas en Aragon, est voisin de Sádaba et occupe le Nord-Ouest de la province de Saragosse touchant à la Navarre actuelle. L’existence de vestiges d’époque romaine et même antérieurs a été détectée depuis longtemps1. Désormais, à la suite de campagnes de fouilles annuelles, on constate qu’il s’agit d’un oppidum correspondant à une cité devenue municipe à l’époque flavienne. Le toponyme dû à la présence de bains antiques et à un complexe hydraulique de la fin du ier siècle apr. J.-C. (aqueduc, barrage, citerne) demeure ignoré2. Le territoire, avant le contrôle de Rome, était occupé, pense-t-on, par les Vascones et dépendit de la juridiction (conventus) de Caesaraugusta3. Dès Auguste, il fut traversé par la route conduisant de Saragosse à Pompaelo.
2En 2014 et 2015, trois nouvelles inscriptions, parmi d’autres, ont été mises au jour qui attirent l’attention non seulement sur l’évolution urbaine de l’oppidum mais aussi sur le règne de Tibère et sur l’armée romaine provinciale. Leur publication par J. Andreu Pintado dans la ZPE 2015 et 20164 et les informations (textes et images) fournies sur le site internet de Los Bañales offrent un dossier relativement complet, auquel manque toutefois une documentation cartographique antique et moderne accessible et lisible. Dans la mesure où le petit dossier ainsi constitué par le hasard des fouilles soulève des problèmes épigraphiques et historiques divers que n’ont pas épuisés les études récentes, comme il est logique, il est possible de reprendre, outre des questions d’interprétation de détail, l’histoire de l’aile mentionnée et de réévaluer certaines données plus générales relatives aux unités auxiliaires et à leur insertion dans la vie des provinces ibériques d’époque julio-claudienne.
Les monuments inscrits (voir aussi l’annexe)
3Les découvertes, effectuées en trois temps rapprochés, doivent être étudiées séparément au départ s’agissant des méthodes et du contenu.
4Le premier piédestal (annexe A1, fig. 1) en grès local gris bleuté dont n’est conservé que le dé, un peu endommagé au dos, ne permet pas d’établir la nature de la statue sans doute en pied, en bronze ou en marbre.
Ti. Caesari Avg.
f. Divi n. Avg.
pont. maxvmo
imp. viii trib. pot.
xxxiii cos v
Q. Sempronivs L. f.
Vitvlvs dec. eqvit.
test. f. ivssit.
5L’hommage à Tibère transcrit une titulature dont le formulaire n’était pas encore fixé durablement. Ce n’est qu’avec Vespasien que la séquence pontificat, puissances tribuniciennes, salutations impériales, consulat, père de la patrie devint canonique. Tibère refusa d’être pater patriae comme il ne voulut pas du prénom d’Imperator. Le Ve consulat, le dernier du règne, a été revêtu au début de janvier 31 avec Séjan pour collègue. La trente-troisième puissance tribunicienne se place entre le 26 juin (jour anniversaire de l’adoption par Auguste) 31 et le 25 juin 325. Le dédicant est un gradé de la cavalerie auxiliaire dont l’unité n’est pas mentionnée, ce qui ne doit pas surprendre si l’on interprète la formulation comme l’affirmation d’un attachement, d’une marque de fides envers Tibère, de la part d’un sous-officier6. Le choix d’offrir à l’empereur une statue honorifique en vertu du testament est relativement rare et, dans les provinces ibériques, il n’existe qu’un exemplaire en l’honneur de Claude, en outre sous la forme non de la figure de l’empereur lui-même mais du Géant Atlas portant la voûte céleste7. Le statut militaire du dédicant de Los Bañales et le contexte municipal mal connu éclairent certainement une catégorie d’hommage peu représentée, notamment sous les Julio-Claudiens.
6Q. Sempronius L. f. Vitulus portait un gentilice fréquent en Espagne Citérieure et répandu dans les provinces ibériques8, peut-être en souvenir du père des Gracques, mais le prénom Ti. n’y est que rarement accolé cependant9. Vitulus, d’origine latine et républicaine, n’est pas caractéristique de la région : il est usité dans la province sans être très banal. La nomenclature comporte la filiation mais non la tribu, ce qui s’explique sans doute par la position de dédicant du personnage qui, recherchant une économie de place, n’a pas jugé bon de signaler son matricule complet10. Le statut de citoyen romain n’est pas douteux et n’invite pas à conclure à une origo locale, ce qui n’exclut pas une cité du conventus Caesaraugustanus ou du conventus voisin de Clunia. Le décurionat d’aile pouvait être attribué ou à des légionnaires nommés directement à ce poste ensuite ou à des principales auxiliaires ayant acquis une certaine ancienneté dans une aile11. Le fait que le décurion ait été promu ultérieurement comme subpraefectus d’une cohorte12, malgré le silence sur cette fonction ici, irait dans le sens d’un auxiliaire sorti du rang plutôt que d’un légionnaire. Il convient de rester prudent toutefois, car les exemples de décurions d’aile d’époque julio-claudienne sont peu nombreux et peu éloquents13. Quoi qu’il en soit, rien n’oriente vers une nomination directe au décurionat d’aile, ce que J. F. Gilliam appelait une « direct commission » répondant à un statut d’officier14. Enfin, dès Auguste, des citoyens Romains ont choisi de servir dans des unités auxiliaires ou y ont été admis15.
7La formule même de decurio equitum est peu attestée à cette époque et ensuite, mais elle est logique ici en l’absence même du nom de l’aile concernée16. Le deuxième document apporte un éclairage plus complet et suscite de nouvelles interrogations (annexe A2, fig. 2) :
[Q.] Sempronio L. f.
Vitulo dec. eqvit.
alae Tavrianae
[s]vbpraefecto
[c]oh. Germanorum
[---]vs lib. /
ex test.
8L’hommage est adressé cette fois au décurion lui-même par ses soins (ex testamento), ce qui souligne l’équivalence avec testamento fieri iussit sans nuance chronologique17. Il en va de même pour le grade qui montre que decurio equitum alae était sans doute le formulaire originel, induit par l’appellation d’eques alae commune et quasi obligatoire chez les simples cavaliers, et usuel sous les Julio-Claudiens avant de céder le pas à decurio alae18. Les dernières fonctions revêtues, les plus élevées, sont cette fois énumérées : le service comme décurion a été effectué dans l’ala Tauriana qu’il faut donc sous-entendre dans l’hommage à Tibère. On apprend également que la charge de décurion a été suivie d’une autre, celle de subpraefectus cohortis Germanorum. La fonction de subpraefectus cohortis (ou même alae) a été analysée depuis longtemps et est attestée exclusivement à ce jour avant Vespasien19. La formulation de la charge est identique à celle que l’on rencontre à Aquilée pour Ti. Iulius Viator, fils d’un affranchi d’Auguste20, subpraefectus cohortis. Les autres inscriptions de subpraefecti mentionnent des subpraefecti equitum ou encore d’autres unités telles que la flotte (classis). La documentation fait défaut pour situer hiérarchiquement la charge d’un adjoint d’un préfet de cohorte qui n’était sans doute pas présent dans toutes les cohortes21. À suivre S. Demougin et à la lumière de l’inscription d’Aquilée, on peut exclure que notre subpraefectus ait été un chevalier et même qu’il ait été promis à ce rang22. Le cas du poste de même nom dans une aile est différent et ces subpraefecti sont classés en principe dans l’ordre équestre23.
9La cohors Germanorum sans numéro n’était pas une cohorte montée autant qu’on le sache. Elle avait été recrutée au plus tard sous Tibère et peut-être avant, la documentation étant de fait insuffisante sur la formation et l’histoire des premières décennies de l’unité. Sa mise sur pied, à en juger par sa nomenclature, résultait non d’une dominante ethnique visant à l’homogénéité, telles les cohortes d’Usipètes ou de Sygambres, mais de l’enrôlement de soldats tirés de l’ensemble des Germanies, terres qui ne constituaient pas encore des provinces24. On admettra que le subpraefectus avait été affecté dans la région du Rhin inférieur si cette unité est la même que la coh. I Germanorum d’époque flavienne25. L’ala Tauriana, appelle une reprise d’ensemble du corpus et de l’histoire julio-claudienne de l’aile qui sera abordée ensuite. À propos du dédicant, l’analyse ne peut négliger la troisième inscription qui est presque jumelle de la précédente. C’est précisément dans la dédicace finale que réside la différence de formulation des deux hommages à Vitulus (annexe 3, fig. 3) :
Q. Sempronio L. f.
Vitulo dec. eqvit.
alae Tavrianae
svbpraefecto
[c]oh. Germanor
Aesop[v]s lib.
10On observe ici que cet hommage est offert à titre personnel par un affranchi, sans l’intervention directe du testament. Le libertus a donc pris l’initiative d’ajouter un hommage pour remercier le subpraefectus de sa générosité envers lui et pour honorer son patronus. Cet affranchi est le même que celui de la base précédente. Involontairement, les éditeurs nous offrent une leçon de méthode sur nos pratiques d’épigraphistes. Sans que l’on comprenne pourquoi, puisque le troisième texte était connu avant la publication des deux premiers (voir annexe A2-3), il est procédé, pour le premier texte abîmé à cet endroit, à une recherche de noms possibles pour le dédicant : Argus, Laetus, Formus, Protus, Primus, Rectus etc., soit un nom unique latin de cinq ou six lettres. Aucun ne correspond à la solution pourtant disponible Aeso[p]us qui en comporte sept26. Mieux. Par un tropisme géographique et méthodologique, les propositions ont omis que les noms d’affranchis peuvent être d’origine gréco-orientale ou de Rome mais surtout, que pour cette raison, ils ne correspondent pas à un stock local ni même provincial déterminé27. Aesopus, rare, n’étant pas attesté dans les Hispaniae, il n’a pas été suggéré28 ! Le cas était particulièrement désespéré car le problème est assurément différent quand on conserve les premières lettres et non les dernières seulement. Quoi qu’il en soit, l’affranchi s’appelait assurément Q. Sempronius Q. l. Aesopus.
11Reste la question de la cohérence entre des inscriptions qui ne se fondent pas en apparence sur une même chronologie. On observe que l’hommage à Tibère, libellé t. f. i., ne prend pas en compte la carrière postérieure à la charge de décurion d’aile. Comment, en ce cas, interpréter la date de 31-32 proposée par la titulature impériale ? L’éditeur suggère deux moments du testament qui aurait été complété après la décision originelle d’élever un hommage à Tibère29. Selon leur hypothèse, il faudrait en effet supposer un premier acte du décurion d’aile complété par un codicille instituant l’affranchi comme héritier. Est-ce envisageable ? Est-il réaliste de penser que l’hommage impérial aurait été daté par anticipation ou aurait été fixé avec précision rétroactivement30 ? S’il n’était pas encore subpraefectus en 31-32, la datation ex testamento n’aurait de sens que si le décurionat était l’objet du remerciement sans que rien n’en soit dit. Si, à l’inverse, le cavalier était déjà subpraefectus on comprend difficilement la gravure d’une titulature qui ne serait pas celle de l’empereur au moment du décès de Vitulus. La solution la plus logique est donc de comprendre que les hommages en vertu du testament ont tous été placés après le décès du testateur, à la date de 31-32, le subpraefectus étant mort sans doute en fonction dans la cohors Germanorum, à un âge déjà assez avancé31.
12Pourquoi une procédure aussi ambiguë que déroutante ? Le statut de libertus de l’héritier n’est peut-être pas hors de cause, d’autant qu’il fut sans doute octroyé par testament comme c’était fréquemment le cas32. L’imprécision dans le détail des dispositions arrêtées par le défunt pourrait certes en rendre compte. Un deuxième élément tient sans doute au lien existant entre le soin mis à remercier Tibère sur place et la promotion au décurionat de cavalerie auxiliaire, arme jugée en outre plus prestigieuse que l’infanterie et dissociée de l’unité concernée. Enfin, les volontés testamentaires traduisent, comme l’ont bien souligné les éditeurs33, une intention d’honorer la cité locale, de statut pérégrin à ce moment-là, ex testamento, ce qui signifiait qu’un accord avait dû être passé avec les représentants de Los Bañales pour l’offrande des statues, la fixation de leur emplacement dans l’espace civique, ici un édifice à double nef ou un portique dont rien ne témoigne qu’il avait été offert par le sous-officier34. Le contexte était celui d’un essor monumental de l’agglomération35 et les clauses testamentaires peuvent s’expliquer par des relations autres que l’origo du cavalier, jamais citée ni suggérée36. Plus qu’un acte d’évergétisme, l’hommage des statues exprime une volonté de reconnaissance pour des services peut-être réciproques. Le militaire n’était pas chevalier ni notable local37. Si rien ne laisse entrevoir l’existence d’un pacte d’hospitium entre le décurion d’aile et la communauté antique de Los Bañales, cela ne veut pas dire qu’il n’y en eut pas car il est rare que ces liens se traduisent ensuite épigraphiquement par des inscriptions honorifiques au patronus ès-qualités. Toutefois, manquent aussi dans la documentation d’autres exemples, en Espagne Citérieure, de générosités envers une cité d’accueil consécutives à un hospitium. Enfin si, comme il a été suggéré, l’affranchi est l’intermédiaire probable, il ne peut pas être le sujet de l’hospitalité ce qui serait sans exemple et pas seulement à cette époque38.
13Les faits autorisent à conclure qu’un sous-officier sorti du rang nommé Sempronius Vitulus, issu de la cavalerie auxiliaire, doté de la citoyenneté romaine reçue de son père, qui ne porte pas le même prénom, a tenu à signifier son attachement à Tibère, qu’il avait pu côtoyer sous les enseignes, et à le manifester dans une cité qui n’était sans doute pas la sienne à l’origine, selon toute vraisemblance. Il n’a pas été noté jusqu’à présent que la deuxième statue en hommage au subpraefectus ne comportait pas la mention ex testamento et résultait d’une initiative du libertus. La présence de la formule est d’autant plus intéressante qu’elle est précoce et vient d’un soldat en service. Le testament militaire constituait une catégorie récente et resta marqué par des particularités du point de vue juridique39. Son absence suggère que le piédestal résultait de la convention appelée modus, soit l’étendue ou la limite convenable de l’obligation pour l’héritier de procéder à une dépense comme par exemple de faire élever un monument en l’honneur du testateur40. C’est assurément ce qui rend le mieux compte ici de cette base « jumelle », laquelle éclaire aussi le rôle de l’affranchi comme interlocuteur de la cité à l’époque julienne laquelle oriente vers l’observation relativement courante qu’il était alors prestigieux d’honorer des représentants de l’autorité impériale plutôt que les notables locaux dans des villes pérégrines.
L’ala Tauriana en Hispania sous les Julio-Claudiens ?
14Puisque la cohors Germanorum l’avait conduit sur le Rhin, c’est sans doute à son appartenance à l’ala Tauriana qu’il convient de s’adresser pour essayer de mettre en lumière l’origine des liens avec la cité antique toujours anonyme de Los Bañales. Chronologiquement, les inscriptions de Los Bañales sont les plus anciennes parmi celles qui attestent l’ala Tauriana41. Le nom même de Tauriana seul correspond, par sa simplicité, à l’histoire précoce de l’unité et est identique à celui qu’utilise l’inscription du prodecurio de Mérida dont le service est datable d’avant Vespasien et qui s’était retiré sans doute depuis la fin de Caligula ou les débuts de Claude (annexe B4)42. Le nom de Tauriana vient assurément de Taurus, anthroponyme et non toponyme géographique, et rattache en principe l’aile à la catégorie des unités auxiliaires nommées d’après leur premier commandant ou d’après un commandant qui, le premier, s’était distingué à sa tête, usage créé, semble-t-il, sous Auguste ou Tibère pour des unités de Gaulois43. E. Birley avait exclu une référence à Statilius Taurus comme commandant de l’aile aux débuts de l’unité à cause de la rareté du cognomen chez les chevaliers et les centurions44. D. Saddington, à l’inverse, l’a retenu45. Une unité régularisée sous Auguste paraît une solution avalisée par les évolutions reconnues46. On doit ajouter qu’une inscription de Mérida publiée en 1993 a fait apparaître une cohors Antistiana praetoria dont l’origine remontait vraisemblablement au légat Antistius Vetus d’Auguste qui avait participé aux guerres asturo-cantabres47. L’ambiguïté possible de l’adjectif formé sur vetus, Veterana, explique peut-être le choix du gentilice plutôt que du cognomen pour le nom de l’unité. Quoi qu’il en soit, rien ne s’oppose à ce que Statilius Taurus, proche d’Auguste48, ait laissé son nom au départ à une unité de cavaliers recrutés en Gaule et ayant combattu sous ses ordres également pendant les guerres d’Auguste en Hispania. Les acclamations impériales qu’il reçut pour ses exploits dans la guerre valident cette conclusion. Si c’était bien le cas, l’attribution de l’ala Tauriana à la province d’Espagne Citérieure à une haute époque en serait confortée.
15Le seul document qui autorisait à placer l’ala Tauriana dans la province Citérieure est l’inscription funéraire du soldat d’origine thrace trouvée à Calagurris (Calahorra), corrigée en ala Tau(riana) tor(quata) au détriment du ala Tautorum proposé au départ (annexe B5)49. La dénomination de l’unité montre que l’épitaphe est postérieure à la guerre civile puisqu’elle porte une nomenclature étoffée mais non complète, sachant qu’il manque Gallorum : ala Tauriana torquata victrix c. R. Malgré une introduction tardive, Gallorum tend à assimiler l’unité aux ailes recrutées en Gaule dès Auguste à un moment où les corps auxiliaires étaient mis en place comme unités régulières et adaptés en nombre et en spécialisation (cavalerie, infanterie) aux unités légionnaires affectées à la province. La datation, associée à une appellation nouvelle, semble dire que l’aile était partie puis revenue dans sa province de stationnement après les événements de 68-70. En effet, Tacite relate qu’après le meurtre de Galba, le 15 janvier 69, l’ala Tauriana est présente à Lugdunum aux côtés de la légion Ia Italica50. La présence à Lyon s’expliquerait assez bien si l’on admet que c’est pour avoir suivi Galba dans son voyage vers Narbonne et Rome qu’elle a été conduite dans la colonie des Gaules51. Les deux unités, ajoute toutefois Tacite, furent très vite soustraites à leur garnison de Lyon. On dit ordinairement qu’elles auraient alors accompagné l’armée vitellienne vers l’Italie à partir de Lugdunum. Rien n’est moins sûr52.
16Procédant de manière régressive, on retient encore que Suétone évalue la garnison aux ordres de Galba, légat de la province de Citérieure, à deux ailes et trois cohortes pour une seule légion, la VIa Victrix53. Aucune de ces ailes n’est identifiée avec certitude. Les derniers inventaires vont dans le sens de l’ala Parthorum, cantonnée en Cantabrie54, et de l’ala Tauriana. En revanche, il n’est pas prudent de vouloir identifier celle des deux qui menaça de se rebeller contre Galba55. Le texte traite de la phase des préparatifs contre Néron sans précision. Si l’on suit Plutarque, ce n’est qu’après la défaite de Vindex en mai 68 que Galba aurait gagné Clunia mais, dès avant ce moment, il s’était préoccupé de l’armée et de son état d’esprit outre de la nécessité de la renforcer56. L’épisode de l’aile dut malgré tout se produire lors du déplacement vers Clunia, ce qui situerait le camp quelque part dans la vallée de l’Èbre plutôt qu’en Cantabrie. Rapprochée de l’inscription de Calagurris, l’observation irait dans le sens du camp de l’ala Tauriana qui fut ensuite surveillée et déplacée sur ordre de Galba lui-même en partance pour Rome. En raison des évolutions connues des garnisons de la province à l’époque Claudienne, il n’est pas déraisonnable de compter l’ala Tauriana au nombre des unités auxiliaires de cette période. Dans ce contexte également, l’inscription de Mérida (annexe B4) du vétéran Ti. Claudius Fronto Pap., décédé à quatre-vingts ans après avoir servi dans l’ala Tauriana et avoir été démobilisé vingt-cinq ou trente ans auparavant, sous Claude ou Néron, est un jalon supplémentaire suggérant l’appartenance de l’aile à la garnison hispanique entre Claude et Néron57. En revanche, il n’y a aucun indice sûr de la participation de l’aile à la pacification claudienne de la Maurétanie Tingitane58.
17Suivant E. Ritterling et d’autres avant lui, l’usage d’aera et non de stipendia pour établir un lien entre un soldat et des unités stationnées au moins temporairement à l’époque julio-claudienne dans les armées hispaniques a retenu l’attention. Le fait ne nous paraît pas niable malgré une étude récente qui l’a mis en doute sans arguments décisifs en l’absence d’une méthode attentive aux difficultés de l’établissement des datations épigraphiques et faute d’une perspective géographique et historique adaptée au sujet59 : il est certain que ce n’est pas dans les armées d’Hispania que s’est créé l’usage du mot aera au pluriel pour indiquer la durée de la militia. C’est pourtant à Rome et avant l’empire qu’aera a été créé pour désigner aussi l’argent versé de la solde. Comme pour sobrinus au sens de neveu établi par S. Armani dans divers travaux, l’ancienneté de l’usage du latin dès la République dans les provinces ibériques a fait naître des habitudes de langage qui ont perduré60. Vouloir attribuer la « mode » (sic) d’aera aux armées du Rhin sous Tibère relève de l’argument e silentio (applicable aussi à stipendia) et ne tient pas compte de l’epigraphic habit ni des décalages dans des séries lacunaires entre langage et développement des inscriptions, elles-mêmes lentes à se fixer à un moment où la mobilité des unités demeurait une règle. La nouvelle proposition, insuffisamment étayée, paraît ignorer que la solde était une donnée remontant à la Deuxième guerre punique, non liée à des annuités au départ : s’il s’agit d’affirmer l’importance militaire des armées du Rhin sous Tibère, aera n’est pas le meilleur symbole d’habitudes qui ont mis du temps à émerger et à évoluer (les hésitations sur le génitif pluriel aerum/aerorum sont un indice supplémentaire d’une adaptation lexicale incertaine d’un terme ancien). Aera n’a jamais été compris par l’historiographie comme un marqueur identitaire, seulement comme un outil méthodologique pour suivre les pratiques militaires dans le domaine funéraire et dans celui de la mémoire de leur activité. Quoi qu’il en soit, la notation des aera n’autorise aucune chronologie précise sur le stationnement d’une unité dans telle ou telle province. On ajoutera que, malgré des légionnaires décédés en Tingitane en provenance d’Hispania, aucun cavalier de l’aile ne figure dans les inscriptions de Maurétanie de la période julio-claudienne.
18Ce ne peut pas être, non plus, l’explication de l’envoi de l’aile dans la province de Tingitane sous les Flaviens. Un diplôme militaire de 88 la situe pour la première fois parmi les unités de cette province61. Des indices permettent ainsi de placer l’arrivée en Maurétanie sans doute avant 80, après un passage indéterminé par l’Hispania Citérieure62. La nouveauté du dossier provient de la présence antérieure à Claude de l’ala Tauriana dans la province d’Hispania Citerior voire dans le secteur de la vallée moyenne de l’Èbre. Même si le site de Los Bañales ne saurait avoir constitué le camp de l’unité à un moment donné, seul un stationnement prolongé dans la région devrait rendre compte des dispositions testamentaires du décurion en faveur de la cité par l’intermédiaire de son affranchi. On ne peut en dire davantage faute de modèles ou de cas identiques observables dans les inscriptions disponibles. La proximité immédiate n’est pas nécessairement la meilleure localisation comme le signale l’hospitium de l’an 40 entre C. Terentius Bassus C. f. Fab. Mefanas Etruscus, préfet de l’ala Augusta et les Clunienses63. En revanche, il s’agit de lieux d’un même ensemble régional. L’aile Augusta, selon une inscription pourrait avoir été stationnée à Añavieja (Soria), à proximité d’Augustobriga, sur l’itinéraire de Caesaraugusta à Asturica Augusta par Clunia64. Il n’est pas étonnant de ne pas rencontrer de corps auxiliaires sur les milliaires commémorant la construction de la route de Caesaraugusta à Pompaelo par Catiliscar en 9-8 av. J.-C.65. Seules les légions, jamais les auxiliaires et moins encore les ailes, étaient sollicitées à plus forte raison au premier siècle de l’empire.
19Il reste un dernier paramètre, celui du contrôle des terres et des axes de circulation dans un secteur constitué par les Vascones, la vallée de l’Èbre et les passages pyrénéens. L’oppidum de Los Bañales était établi à proximité d’un des tronçons de la voie, dédoublée dans ce secteur qui était également celui de Catiliscar, entre Caesaraugusta et Pompaelo, et voulue par l’administration augustéenne. Si l’on considère que l’inscription de Calagurris est un indice supplémentaire de la présence du camp de l’unité dans un secteur à l’est de la cité de l’Èbre, un triangle formé par Segia, Cara et Iluberis, soit le piémont au sud-est de Pompaelo pourrait être privilégié. Ce triangle englobe la zone de Sádaba, Los Bañales et Catiliscar. Quoi qu’il en soit, aucune prospection d’aucune sorte n’a permis à ce jour de retrouver un camp qui devait mesurer autour de 4 ha, ce qui pourrait être dû pour une part à un manque de programmation systématique66. Ce type de camp, comme tous ceux de la péninsule sous l’empire, était en principe installé à proximité des axes de circulation mais un peu à l’écart pour des questions de défense et de protection. Le rôle de l’ala Tauriana dans le secteur des Vascones était non seulement de veiller à la pacification des populations mais aussi de contrôler les abords des Pyrénées et de protéger la vallée de l’Èbre essentielle à la liaison entre Tarragone et les régions militaires du Nord-Ouest.
20L’aile Tauriana a donc appartenu sans doute très précocement et au plus tard sous Tibère aux unités auxiliaires de la province d’Hispania citerior. La conclusion souligne à nouveau, comme il a été rappelé souvent67, que nous n’avons qu’un tableau lacunaire de la petite vingtaine de cohortes et ailes qui tinrent garnison pour une durée variable dans l’ensemble de la province sous les Julio-Claudiens. Le dossier attire en outre l’attention sur un secteur géographique négligé par l’histoire militaire malgré son passé d’époque républicaine. Le prisme d’un regard pacifié à partir de Vespasien, ajouté à l’idée que les guerres cantabro-astures augustéennes avaient seules dicté le dispositif géostratégique, a sans doute fait oublier que les armées de l’Espagne Citérieure ont mis près d’un siècle à acquérir une stabilité au rythme de l’empire et de la paix. Le dossier de Los Bañales, comme souvent, n’est pas seulement un document d’histoire militaire à proprement parler. Il met l’accent sur les liens privilégiés à cette époque entre les cités, les sous-officiers et officiers et l’urbanisation en plein essor monumental y compris d’agglomérations relativement modestes voire anonymes, ce qui doit dissuader de privilégier systématiquement l’hypothèse de l’origo par rapport aux autres possibilités. Cependant, la chronologie relativement précoce, confère à l’expression militaire un cachet particulier dû à l’expérimentation d’un dispositif permanent, mais encore ouvert et placé sous le signe de la mobilité conjoncturelle des unités.
Post-scriptum
21Page 562 et 563 : Les photographies installent un doute sur la présence ou non d’une ponctuation entre sub et praefecto. Il s’agit d’une question fréquente en épigraphie qui vaut également pour propraetor, prolegatus, prodecurio ou proconsul. La forme la plus courante est subpraefectus et c’est peut-être à la déclinaison au datif (et non à l’ablatif) qu’il convient d’attribuer une confusion. La lecture subpraefecto paraît préférable et est de toute manière correcte.
Annexe
A) Los Bañales de Uncastillo (l’identification à Tarraca/Tarraga manque de données sûres)
1. ZPE, 196, 2015, p. 297-298 (photo) ; apparu le 22 mai 2015, lors de la fouille de l’étage inférieur du portique double oriental du forum de la ville, en remblai ; piédestal en grès local gris bleuté dont n’est conservé que le dé, endommagé au dos : 88 × 57 × 82 cm. Lettres : 8 à 4 cm.
Ti. Caesari Avg. / f. Divi n. Avg. / pont. maxvmo / imp. viii trib. pot. / xxxiii cos v / Q. Sempronivs L. f. / Vitvlvs dec. eqvit. / test. f. ivssit.
Datation (par les puissances tribuniciennes fixées à son adoption) : 26 juin 31-25 juin 32 apr. J.-C. Le cinquième consulat avec Séjan pour collègue date de janvier 31 mais il n’y eut pas de sixième (fig. 1).
Fig. 1.
Cliché J. Andreu Pintado.
2. ZPE, 196, 2015, p. 298-299 (photo) ; apparu le 9 juin 2015, non loin du lieu de découverte du bloc précédent ; piédestal en grès local gris bleuté dont n’est conservé que le dé, retaillé à gauche pour remploi, en remblai : 87 × 56 × 66 cm. Lettres : 5 à 3 cm.
[Q.] Sempronio L. f. / Vitulo dec. eqvit. / alae Tavrianae / [s]vbpraefecto / [c]oh. Germanorum / [---].vs lib. / ex test.
Les deux dernières lignes diffèrent de l’édition princeps : outre les lettres identifiables PVS, il faut supprimer un vacat infondé à la lecture du document suivant avant ex testamento.
Datation : 26 juin 31-25 juin 32 apr. J.-C., par association avec l’hommage à Tibère (fig. 2).
Fig. 2
Cliché J. Andreu Pintado.
3. ZPE, 200, 2016, p. 553-554 (photo) ; apparu le 26 juin 2015, dans le même contexte que les autres monuments, piédestal de grès gris local à peu près complet, dont la face inscrite est écaillée à hauteur de la dernière ligne sans gêner la lecture d’un texte de contenu presque identique à celui du document précédent : 85,9 × 54,2 × 65,7 cm. Lettres : 5 à 4 cm. La partie postérieure présente une anathyrose, indice de la disparition de blocs complémentaires non identifiés.
Q. Sempronio L. f. / Vitulo dec. eqvit. / alae Tavrianae / svbpraefecto / [c]oh. Germanor / Aesop[v]s lib.
Le document permet assurément de restituer sur l’inscription précédente le nom de l’affranchi : [Aeso]pus dont le P semble partiellement identifiable.
Datation : 26 juin 31-25 juin 32 apr. J.-C. Voir l’hommage précédent.
La gravure et la mise en page seraient, selon l’éditeur, de qualité moindre comparées à l’inscription précédente (fig. 3).
Fig. 3.
Cliché J. Andreu Pintado.
B) L’ala Tauriana en Hispania
4. Mérida (Augusta Emerita), Lusitanie. CM Badajoz, 249, no 917 = ILER, 6412 = P. Le Roux, 1982a, p. 191, no 72.
Ti. Clavdivs Fronto / Pap. veteranvs eq. ala Tav/riana prodecvrio / signifer aerorvm (sic) xxxv / annor. lxxx sibi et svis / h. s. e. s. t. t. l.
Datation : époque flavienne mais le vétéran mort âgé a été recruté sous Tibère et libéré sous Claude ou Néron (voir aussi Holder 1980, 275, no 451).
5. Calahorra (Calagurris). CIL, II, 2984 = ILS, 2516 ; P. A. Holder, 1980, p. 275, no 452 = M. Christol et P. Le Roux, 1985, p. 16-17.
Ivlivs Lon/ginvs Doles / Biticenti f. Bes/svs eqves alae / Tav. tor. vic. c. R. / ann. xl aer. xxii h.s. e. / Svlpicivs Svsvlla / et Fvscvs Bitivs / her. ex t. f. c.
Datation : époque flavienne (noms de l’unité, avant 88, date où l’aile est recensée en Maurétanie Tingitane : CIL, XVI, 159 = IAM, 2, 234). Le soldat, d’origine thrace a été recruté au plus tôt sous Claude. En raison de sa dénomination et de l’intervention des camarades héritiers, il ne saurait être considéré comme originaire de Calagurris.
6. Héliopolis, Syrie. AE, 1939, 60 ; H.-G. Pflaum, 1960-1961, I, 128-136, no 56.
Sex. Attio L. f. Vol. / Svbvrano Aemiliano praef. / fabrvm praef. alae Taurianae tor/qvatae adivtori Vibi Crispi leg. / Avg. pro pr. in censibvs accipiendis Hispaniae citerioris etc…
Datation : G. Alföldy, 1969, p. 18-19, situe, à la suite de Pflaum, le gouvernement provincial de Q. Vibius Crispus entre 73 et 75 à cause de la censure de Vespasien à laquelle renverrait la fonction d’adiutor du chevalier Suburanus Aemilianus, ce dernier ami de Vespasien selon Tacite (Dial., 8). M. Christol et P. Le Roux, 1985, p. 22 estiment que la fonction d’adiutor n’a pu être dévolue qu’à un officier déjà en poste depuis quelque temps.
Notes de bas de page
1 Le site figure au CIL, II, 403-404 et au supplementum, 937 mais n’y offre qu’un tout petit nombre d’inscriptions (deux au plus : II 2978 mentionnant une Sempronia Antigona, plutôt qu’Anticona, et une cupa II, 6338aa = HEp, 20, 668 dédicacée par un Sempronius Paramythius selon la relecture récente) sans provenance précise ; cette donnée et l’absence de borne milliaire expliquent sans doute le peu d’intérêt suscité par Los Bañales jusqu’à récemment malgré les vestiges de l’aqueduc aérien. La collection épigraphique s’est étoffée lors des fouilles effectuées à partir de 2009.
2 L’hypothèse qu’il pourrait s’agir de Tarraca/Tarraga (Tάρραγα chez Ptolémée, II, 6, 66), cité fédérée chez Pline l’Ancien (Histoire naturelle, III, 24) manque de fondement en l’absence d’une localisation suivant un itinéraire routier puisque l’énumération plinienne obéit alors aux statuts juridiques des peuples (fœderati Tarracenses). La liste de Ptolémée selon la méthode des coordonnées ne paraît pas convenir non plus à l’identification à Los Bañales.
3 Les Vascones fédéraient, semble-t-il, plusieurs populi mal définis et les limites du territoire au sens le plus neutre ne sont pas aisées à fixer : cf. Tabula Imperii Romani, 1993, p. 236-237 (avec les références aux documents essentiels) ; N. Barrandon, 2011, p. 22, 64-65 et surtout p. 240-246, qui pense, sans motif précis et sans recours aux agrimensores, que Rome aurait effectué les découpages administratifs sur la base des traits culturels propres à chaque communauté, sachant également que les Vascones n’apparaissent dans les témoignages qu’avec la guerre de Sertorius ; voir encore les références des indices p. 468 (les cartes sont très imprécises et mal adaptées à une étude qui est pourtant régionale).
4 ZPE, 196, 2015, p. 296-302 ; ZPE, 200, 2016, p. 553-556. Aussi désormais Á. Ventura Villanueva et al., 2018, p. 35-45, qui m’ont généreusement communiqué l’étude avant même sa parution : qu’ils en soient vivement remerciés.
5 Nous suivons ici D. Kienast, 2010, p. 78. La mort de Séjan est du 18 octobre et rien ne laisse penser que l’hommage est en relation avec ces événements. La dédicace en vertu du testament a une autre signification : cf. infra p. 554-555.
6 Indépendamment de tout contexte politique ou autre. Malgré J. Andreu Pintado, 2015, p. 301, le cinquième consulat ne saurait être en cause puisque la puissance tribunicienne situe l’inscription six mois après l’inauguration du consulat. Un rapprochement avec la « conjuration » de Séjan n’a pas non plus de raison d’être et relèverait assurément d’une mauvaise méthode.
7 CIL, II, 1302 de Conobaria, en vertu du testament du mari, Albanus Sunnae f., par l’épouse Terpulia Sauni f. Il s’agit ici, semble-t-il, d’un contexte funéraire et non d’un emplacement au forum.
8 NPILH, 1994, p. 214-218 relève, à la date de l’ouvrage, 271 occurrences toutes catégories confondues, soit 2,33 % du total des noms provinciaux. On note qu’il est très présent dans la vallée de l’Èbre et était attesté à Uncastillo même. L’inscription RIT, 306 concerne un C. Sempronius M. f. Gal. Fidus de Calagurris et RIT, 327 une Sempronia Fusci f. Placida de Pompaelo. On peut ajouter M. Sempronius L. f. décurion de l’ala Sebosiana, originaire de Termes et daté avant Claude (CIL, XIII, 6236).
9 Voir aussi G. Alföldy, 1977, p. 294 qui attribue sa popularité à la famille des Gracques.
10 Au début de l’Empire, l’« epigraphic habit » des auxiliaires n’implique pas la mention systématique de la tribu. La citoyenneté ne faisant pas de doute, c’est à la tribu Galeria qu’il faudrait sans doute penser (voir par exemple RIT, 306). Pour cette question, voir aussi D. B. Saddington, 2000, p. 169-170 qui ne tient pas compte toutefois de la position du décurion dans l’inscription, dédicataire ou dédicant. Un dédicant devait se montrer modeste face au personnage mis en exergue, à plus faute raison quand il s’agissait de remercier un empereur.
11 P. A. Holder, 1980, p. 88-89 et tableau 7, 1 : le décurionat impliquait sans doute une ancienneté non négligeable et l’accession à la citoyenneté au cours du service lorsqu’elle n’était pas acquise au départ. Les noms de Sempronius ne vont pas dans le sens d’une citoyenneté très récente. Le catalogue de Holder montre qu’il est très rare qu’une inscription de decurio equitum mentionne la durée du service, mais le prodecurio de Mérida (annexe no B4) suppose une promotion plutôt tardive, au terme de nombreuses années de militia.
12 Voir les deux inscriptions suivantes.
13 Voir P. A. Holder, 1980, p. 89 : l’exemple de C. Vibius Quartus (CIL, III, 742 = Holder no 742 de Philippes), incertain dans le détail cependant, incite à de la circonspection en raison de l’origine coloniale.
14 Le fait indéniable qu’il n’était pas citoyen de fraîche date n’est pas un élément suffisant. Le « non commissioned » est un sous-officier. J. F. Gilliam, 1957, particulièrement p. 166.
15 Voir récemment encore P. Cosme, 2012, p. 91-97.
16 Il n’y avait pas d’ambiguïté possible sur le type de commandement et de service du dédicant.
17 Elle est cependant volontiers employée à l’époque julio-claudienne dans la mesure où on peut aller au-delà des impressions. Avant même tout commentaire, on doit souligner l’absence de vacat avant ex test. et donc l’inutilité d’une restitution pos.
18 La rareté des documents oblige à nouveau à la prudence : rien n’indique dans les inscriptions qu’une formule en vigueur était toujours et partout employée quel que fût le contexte. Quoi qu’il en soit, l’inscription CIL, IX, 733 = ILS, 2499 de M. Valerius Hispanus exclut, à la lumière du dossier de Vitulus, la correction souvent retenue eques de(curio) ala Patrui, malgré M. P. Speidel, 1980, p. 211-213. Outre le caractère inhabituel de l’abréviation DE au lieu de DEC à toutes les époques (présente cependant avec certitude dans deux inscriptions : CIL, III, 805, du iie siècle et non d’Auguste, [(D(is) M(anibus) / [-] Bonosa / [vix(it) ann(os)] XLII Val(erius) Vale/[rianus] vet(eranus) ex de(curione) al(ae) Fro(ntonianae) / [coniu]gi pientissimae / [b(ene)] m(erenti) f(aciendum) c(uravit)] et CIL, III, 4839, de Claude-Néron et, là encore, non d’Auguste, [Ti(berio) Claudio In/genuo militi / coh(ortis) I Ast(urum) Belli/cius Statutus de(curio) / alae I Thrac(um)], il est notable que l’appellation normale est dec. equitum et que la séquence eq., dec. est absente des inscriptions les plus anciennes). On remarque que c’est avec ex ou avec le génitif qu’est employé de quand il s’agit de decurio, ce qui évite toute ambiguïté. P. A. Holder, 1980, no 440, p. 275 = M. P. Speidel, 1980, p. 212, de Mayence, mentionne de avec l’ablatif également et non avec le génitif : [Ti. Iuliae / Ti. Iuli Divi/ciaci l. Sme/rtucae ano. / XXVII de al/a Sebosiana etc., mal formulé puisque l’appartenance à l’aile ne peut être le fait que du patronus non de l’affranchie.] À Mogontiacum encore (CIL, XIII, 6236), sous Claude, M. Sempronius L. f. domo Termestinus, déjà cité et membre également de l’ala Sebosiana, est dec., eques pour écarter toute confusion avec dec. equitum. La préposition de + abl. pour signifier, au sens spatial ou local, la séparation est parfaitement classique en latin et marque sans doute une nuance avec ex : de + abl. n’est pas que tardif (malgré ILS, 2796 et suivantes) et c’est plutôt d’un retour à une construction ancienne qu’il s’agissait alors. Le raisonnement pèche surtout par l’idée qu’un citoyen romain ne peut être que décurion à l’époque julienne et ne saurait servir dans une unité auxiliaire dite pérégrine. L’inverse, à savoir qu’un décurion était un citoyen romain, paraît plus pertinent.
19 Voir J. Andreu Pintado, 2015, p. 299 et n. 22 avec une bibliographie élémentaire qui ne cite cependant pas P. A. Holder, 1980, p. 75 ni surtout 81, mais rapporte D. B. Saddington, 2013, p. 3-14, lequel ne commente pas le sujet.
20 Supp. It., 185 = Insc. Aq., 2864 = Itin. Ep. Aq., 90, 84-85.
21 A. von Domaszewski, 1967, p. 119, mais p. xxxi Dobson n’y fait pas référence sans doute parce qu’il considérait que la charge était relativement modeste et faute de nouveaux éclairages.
22 S. Demougin, 1988, p. 347-349, indique que la préfecture de cohorte elle-même ne fut intégrée véritablement aux milices équestres qu’avec Claude, soit postérieurement à notre inscription. P. A. Holder, 1980, p. 244, no E18, classe Ti. Iulius Viator parmi les chevaliers parce qu’il fut non seulement subpraefectus cohortis mais encore praefectus cohortis, ce qui se rencontre aussi avant Claude comme le précise S. Demougin, 1988, p. 347.
23 S. Demougin, 1988, p. 340 et voir 343-346.
24 Ces Germani sont ceux qu’englobait la dénomination romaine regroupant gentes et populi, à l’époque d’Auguste c’est-à-dire avant des évolutions enregistrées chez Tacite un siècle plus tard. Sur ces recrutements, P. A. Holder, 1980, p. 110-111 ; aussi G. Alföldy, 1968, 59 et CIL, XIV, 2960 = ILS, 2681 mentionnant un préfet de la cohorte à l’époque julio-claudienne. J. E. H. Spaul, 2000, p. 254-255.
25 G. Alföldy, 1968, p. 59 et 140.
26 La conclusion doit inciter à la prudence et à la modestie à l’heure des restitutions et dissuade même de procéder au jeu gratuit de la devinette. Ce qui est moins compréhensible est que l’éditeur ait attendu la deuxième publication pour reconnaître qu’Aesopus était le dédicant des deux piédestaux.
27 Sans oublier la chronologie, relativement précoce, de l’inscription qui ne milite pas en faveur des noms latins banals pour cette catégorie sociale.
28 Αἴσωπος est le nom du fabuliste grec du vie siècle av. J.-C. Le nom Ésope/Aesopus est un nom d’origine linguistique mal identifiée selon certains et évoquerait la Phrygie. H. Cuvigny, dans un utile commentaire dont on la remercie chaleureusement, suggère que rien ne s’oppose à un nom grec par sa formation, ce qui n’est pas contradictoire avec l’origine supposée (phrygienne, thrace) de l’écrivain, mal établie dès l’Antiquité, sans doute à cause de son statut d’esclave. Nous sommes bien sûr seul responsable de l’interprétation finale. Aesopus existe, selon OPEL I, 2005, 31 comme cognomen ou nom unique en Italie (2, Venise : CIL, V, 2234 ; Aquilée : Pais, Supp. It., 1205), en Narbonnaise (1, Narbonne : CIL, XII, 4774) et en Aquitaine (1, Périgueux : CIL, XIII, 997) mais n’est pas répertorié par I. Kajanto : s’agit-il d’une référence à caractère culturel en hommage au fabuliste ou d’un nom en faveur chez les maîtres romains d’esclaves ? La réponse n’est pas aisée. Aesopus est assurément de coloration servile dans chacune des inscriptions occidentales mentionnées. H. Solin, 1982, 1, p. 245, ajoute sept occurrences à Rome même et l’orientation grecque et servile en est renforcée.
29 J. Andreu Pintado, 2015, p. 300-301. Á. Ventura et al., 2018, p. 38 datent sans motif la mort vers 30 ou peu avant.
30 Si tel avait été le cas, les numéros associés aux charges et titres n’auraient pas dû être mentionnés et on ne comprendrait pas qu’a posteriori ait été définie une date précise dans les années de règne de Tibère sous Caligula ou sous Claude.
31 Si le décès en 31-32 se situe entre 50 et 60 ans, ce qui n’est pas exclu étant donnée la durée du service sous Auguste et Tibère qui excédait souvent vingt-cinq années, le décurion serait né entre 25 et 15 av. J.-C. et aurait pu être recruté vers 1 à 5 apr. J.-C. dans une unité indéterminée. Ce ne sont que des évaluations moyennes destinées à mieux fixer la carrière et le contexte. Q. Sempronius Vitulus pourrait toutefois être décédé plus jeune vers 45 ans et avoir été recruté vers 8 apr. J.-C. Nous ne souscrivons donc pas à la démarche ni aux reconstitutions de Á. Ventura et al. 2018, p. 38-42, en grande partie hypothétiques et se prononçant sans donnée aucune sur la carrière du père Lucius dont il n’est pas question en dehors de la filiation.
32 Cependant, malgré la lex Visellia, datée quoi qu’il en soit de 24 apr. J.-C., il ne saurait être question des dispositions qu’elle stipulait sur l’interdiction d’accueillir les affranchis dans les curies : le statut pérégrin de la cité exclut toute réflexion en ce sens.
33 J. Andreu Pintado et E.-M. Felice, 2016, p. 555.
34 Le portique double en bordure d’un forum correspond à un type attesté, « la basilique à deux nefs » : cf. A. Roth-Congès, 1987, p. 711-751. J. Andreu Pintado et E.-M. Felice, 2016, p. 555 pensent que l’élévation des trois statues dont deux à Vitulus lui-même est une présomption forte pour faire de Vitulus un enfant de la cité en question. Ce serait oublier l’existence d’hommages à des étrangers jugés comparativement prestigieux ou méritants dans de nombreuses cités. Il est étonnant qu’aucun indice ne soit fourni en faveur d’une origo locale. La solution paraît résider alors dans la personne du libertus, Q. Sempronius Aesopus, héritier testamentaire, qui par son activité antérieure avait pu nouer des liens avec la communauté de Los Bañales et favoriser des décisions avantageuses pour la cité d’accueil. Une cité de la région n’est pas pour autant exclue pour l’origo de Sempronius (supra p. 553-555).
35 J. Andreu Pintado, 2015, p. 317-320. Le choix de l’emplacement précis des hommages demeure incertain mais devait, selon l’archéologie, aller de pair avec le centre monumental qui semble correspondre au portique double ou basilique, laquelle se distingue par ses fonctions d’une curie ou d’un lieu directement associé à la vie politique locale.
36 L’absence de toute référence à la cité locale dans les trois documents n’est pas une preuve absolue dans la mesure où d’autres témoignages épigraphiques du lieu, antérieurs ou un peu plus tardifs sont dans le même cas. Si l’on accepte l’évaluation de l’âge, il n’est pas impossible, par hypothèse, que le décurion ait participé antérieurement à sa nomination à des campagnes germaniques dirigées par Tibère vers 4-5 ou même 9-12, d’où aussi une affectation postérieure sur le Rhin.
37 J. Andreu Pintado, 2015, p. 300 ; J. Andreu Pintado et E.-M. Felice, 2016, p. 555 concluent au contraire que Vitulus était un notable que son « cursus honorum » (sic) plaçait parmi les citoyens les plus en vue de la ville. L’argument principal demeure le gentilice Sempronius attesté par ailleurs, mais il pourrait s’agir de descendance. Á. Ventura et al., 2018, p. 41-42 donnent clairement Los Bañales comme origo qu’ils n’hésitent plus à identifier à Tarraca.
38 Dopico Caínzos, 1988, p. 67-72 ; P. Balbín Chamorro, 2006, p. 192-233.
39 Cf. J.-B. Campbell, 1984, p. 207-229. J.-B. Campbell, 1994, p. 160-165. Selon Ulpien, Digeste, 29, 1, 1-2, Jules César autorisa le premier les soldats à confectionner un testament exempt des contraintes légales associées à ce type d’acte juridique.
40 F. K. von Savigny, 1845, p. 237-249.
41 L’inscription CIL, III, 12299 = AE, 1890, 83 = AE, 1983, 896, Thesprotia, près de Paramythia en Épire, province d’Achaïe, se limite aussi à cette appellation simple : Sex(to) Po[m]peio / Sp(uri) f(ilio) [P]o[l(lia?)] Sabin[o] / praef(ecto) a[la]e Taur(ianae) / proc(uratori) A[u]g(usti) Epiri / [or]do(?) / Photic(ensium) ex pecunia / viritim conlat(a) / ob m(e)rita. La procuratèle d’Épire n’est pas antérieure à 67 selon H.-G. Pflaum, 1960-1961, 1, p. 123, no 53 ce qui place la préfecture d’aile sous Néron vraisemblablement. En s’appuyant sur Forni, 1977, p. 93, on lirait Col. et non Pol. pour la tribu (voir AE, 1983, 896) mais il n’y a pas de certitude sur ce point.
42 J. Edmondson, 2010, p. 218, fig. 4, photo et notice p. 238-239, no A1 (infra annexe B4). Le monument épigraphique lui-même est plus tardif car le cavalier est décédé à 80 ans.
43 P. A. Holder, 1980, p. 21-22 suivant E. Birley, 1978. Il est possible que Tibère ait mis fin à ces recrutements à la suite de la révolte de 21 en Gaule ou peu après : voir M. Christol et P. Le Roux, 1985, p. 18.
44 E. Birley, 1978, p. 269 et 265-272. Comme nous verrons, il n’y a pas de raison d’exclure les sénateurs de la liste.
45 D. B. Saddington, 1982, p. 148.
46 M. Christol et P. Le Roux, 1985, p. 17-19.
47 AE, 1993, 915 ; P. Le Roux, 2007b, p. 484, fig. 2. Ces unités avaient sans doute pu jouer le rôle de garde montée pour des imperatores de haut rang dans les guerres d’époque augustéenne ou tibérienne. Comme l’a montré E. Birley, 1978, p. 262-263 suivi par P. A. Holder, 1980, p. 21-22, l’établissement des dénominations s’effectua en deux temps : l’usage du génitif indiquant le commandement effectif de l’éponyme fut suivi selon un temps plus ou moins long de l’emploi de l’adjectif : l’ala Tauri au départ devint ainsi l’ala Tauriana.
48 Il s’agirait du consul ordinaire de 26 av. J.-C. plutôt que d’un descendant : voir EOS, II, 1982, 110 et 155. Les Statilii seraient originaires de Lucanie.
49 M. Christol et P. Le Roux, 1985, p. 16. Voir CIL, II, 2984 et P. A. Holder, 1980, p. 275, no 452.
50 Voir J. E. H. Spaul, 1994, 217. Tacite, Histoires, I, 59 et 64 : elle se rallie au Vitellien Blaesus à Lyon, ville défavorable à Galba pour avoir renversé Néron, où elle campait avant d’être déplacée (I, 64) car soupçonnée comme la Ia Italica de ne pas être ralliée sans réserve au camp vitellien.
51 Voir la note précédente, démarche qui illustre la méthode des recoupements nécessaires faute de récit détaillé à notre disposition. La conclusion est d’autant plus probable que Tacite signale des dispositions de Galba en faveur de nombreuses communautés des Gaules et que Lyon, par l’état d’esprit de ceux qui s’y trouvaient, devait être surveillée aux yeux de Galba : Histoires, I, 51. Voir aussi P. Cosme, 2012, p. 61-62.
52 Aucun texte ni document ne mentionne la participation de l’ala Tauriana à la marche vers l’Italie, malgré M. Christol et P. Le Roux, 1985, p. 21. J. E. H. Spaul, 1994, p. 219 pense que le silence de Tacite sur l’aile ensuite s’expliquerait par le retour en Espagne Citérieure, ce qui est le plus vraisemblable.
53 Suétone, Galba, 10, 2 et M. Christol et P. Le Roux, 1985, p. 21.
54 P. Le Roux, 2007b, p. 485-486 et P. Le Roux, 2009d, p. 288. En 1985, l’aile des Parthes n’était pas encore détectée faute de traces identifiées.
55 Suétone, Galba, 10, 6 : Alarum altera castris appropinquantem (Galba) paenitentia mutati sacramenti destituere conata est aegreque retenta in officio. (« L’une des deux ailes, se repentant d’avoir violé son serment (à Néron), était disposée à l’abandonner au moment où il s’approchait de son camp et elle ne fut maintenue dans le devoir qu’à grand’peine. »)
56 Suétone, Galba, 6, 6.
57 Le fait qu’il pouvait s’agir d’un pérégrin recruté en Lusitanie est ce qui rend compte simplement du choix de Mérida pour la retraite en dehors d’une probable missio agraria.
58 M. Christol et P. Le Roux, 1985, p. 23-33.
59 J. Gómez Pantoja et F. J. Castillo Sanz, 2014, p. 507-518 avec la bibliographie antérieure.
60 C’est ce que suggèrent les inscriptions de la X Gemina à Carnuntum ou l’emploi d’aera par des soldats qui sont originaires de la péninsule et y ont servi. Est-ce par hasard que les soldats de la legio VII Gemina, créée en Hispania et revenue dans la province de Citérieure, ont perpétué les derniers l’emploi d’aera ?
61 CIL, XVI, 159 ; voir pour la documentation maurétanienne J. E. H. Spaul, 1994, p. 217.
62 M. Christol et P. Le Roux, 1985, p. 23. Surtout infra annexe B6 et supra n. 52.
63 CIL, II, 5792 = ILS, 6102 ; A. d’Ors 1953 (EJER), p. 373, no 21. Cf. P. Le Roux, 1992, p. 233. Le site archéologique de Clunia (Peñalba de Castro) se situe aujourd’hui au sud-est de la province de Burgos.
64 P. Le Roux, 1992, p. 233 et inscriptions 250.
65 P. Le Roux, 1992, p. 248, sur la participation des trois légions de la province : la IIII Macedonica, la VI sans surnom et la X Gemina. J. Lostal Pros, 1992, p. 26-28 (suivi par J. Andreu Pintado, 2016, p. 314) propose de restituer XVIII plutôt que XV sur la borne de Catiliscar 2, d’où une datation vers 5/4 av. J.-C., difficile à démontrer à partir de l’inscription jugée incomplète sans certitude. La logique semble toutefois aller dans le sens d’une même datation pour les travaux effectués à l’aide des trois légions dans un même secteur : 9/8 av. J.-C. Ce n’est pas le lieu de réexaminer ici le dossier des blocs inscrits sans soin de l’aqueduc de Los Bañales (HEp, 20, 645-654) qui ne signifient pas l’intervention d’une main-d’œuvre tirée de la Legio IIII sachant que d’autres graffitis non militaires coexistent sur le même monument et que ce type de travaux à caractère municipal ne relevait pas en principe de l’empereur mais de la cité. En revanche, des spécialistes de l’adduction d’eau et de ces ouvrages, présents dans les légions, pouvaient être mis à la disposition des architectes pendant les travaux sans que l’unité soit mentionnée par des graffitis. Voir aussi M. Navarro Caballero et al., 2014, p. 573-598. Sous Auguste, aucun aqueduc ne peut être attribué à une intervention impériale dans les provinces des Espagnes, sauf hypothèse invérifiable (Tarragone).
66 Si l’unité a été cantonnée dans la région durant plusieurs décennies, il est envisageable qu’elle ait laissé des traces encore détectables au moins par la photographie aérienne.
67 P. Le Roux, 1982a, p. 85-93 ; P. Le Roux, 1992, p. 232-237 ; P. Le Roux, 2006a, p. 452-457 ; P. Le Roux, 2014a, 293-306.
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