Napoléon et l’historiographie espagnole
p. 137-150
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Texte intégral
1À la question posée par un catéchisme célèbre en 1808 « Quel est l’ennemi de notre félicité ? », la réponse était : « l’empereur des Français ». Et à la question suivante : « qui est-il ? » ; la réponse était catégorique : « Un nouveau seigneur infiniment mauvais, avide, origine de tous les malheurs, exterminateur de tous les bonheurs, résumé et dépôt de tous les vices1 ». Mais la particularité du rapport entre Napoléon et l’Espagne touche à son paroxysme quand Ferdinand VII, alors retenu à Valençay et pour qui combattaient les Espagnols, félicite l’empereur pour les triomphes militaires français en Espagne et aspire à devenir le fils adoptif de Napoléon2.
2Concernant l’Espagne, Napoléon avait considéré qu’on ne pouvait pas la laisser « en arrière, à la disposition de nos ennemis : il fallait l’enchaîner, de gré ou de force, dans notre système3 ». À ces raisons stratégiques s’ajoutaient, en outre, l’ambition impériale napoléonienne ainsi que la volonté personnelle de revanche au défi jeté par l’Espagne en 1806. Le rapport de l’Espagne avec Napoléon ne peut se comprendre en dehors de la guerre, et d’une guerre qui deviendra décisive pour l’Empire : « la guerre d’Espagne […] a détruit ma moralité en Europe », concluait Napoléon quelques années plus tard, avant d’ajouter : « cette malheureuse guerre m’a perdu4 ».
3Rien de surprenant, donc, que la guerre d’Espagne soit le principal sujet de l’historiographie relative à Napoléon et l’Espagne. Mais on ne peut oublier que ce fut pendant la guerre napoléonienne que se produisit en Espagne le premier grand éclat révolutionnaire face à la société de l’Ancien Régime. La guerre et la révolution qui constituent les deux grands référents historiques de la période napoléonienne en Espagne constituent aussi les deux grands référents de l’historiographie. Mais l’historiographie sur Napoléon et l’Espagne n’a jamais été un modèle d’équilibre épistémologique.
Les images contemporaines
4L’opinion des Espagnols sur Napoléon a subi un changement radical avec la guerre d’Espagne (1808-1814). Jusqu’à cette date, malgré un changement d’opinion progressif après Trafalgar et après la déclaration de Godoy en 1806, Napoléon avait été admiré autant comme celui qui avait terminé la Révolution que comme gouvernant. Mais avec le conflit ouvert en 1808, il devient immédiatement pour les Espagnols le « monstre » qui personnifie l’ambition, l’usurpation, l’intrigue, la tyrannie… Les avis discordants sont le fait d’une minorité qui reste exceptionnelle et qui peine à se faire entendre5. Plus exceptionnelle encore, me semble-t-il, est l’opinion exprimée par celui qui deviendra l’un des plus remarquables exemples de la révolution libérale dans le « triennat » (1820-1823), Juan Romero Alpuente. En 1808, il intitule l’un de ses écrits El grito de la razón al español invencible, o la guerra espantosa al pérfido Napoleón6. Ce texte expose un refus frontal de Napoléon ; mais si l’homme éclairé qu’était Romero Alpuente écrivait contre Napoléon, il n’attaquait pas plus la France que la Révolution française qu’il admirait, au moins dans sa première phase.
5L’attitude de condamnation radicale de Napoléon laissa une empreinte qui persista au long des xixe et xxe siècles, mais à partir des années 1820, elle dut coexister avec la diffusion progressive de la légende napoléonienne imprégnée d’admiration militaire, ainsi que de la récupération du mythe de celui qui avait terminé la Révolution et qui avait incarné la politique bourgeoise de l’ordre et du progrès. En tout cas, cette vision admirative de la figure de Napoléon a été renforcée par une image plus répandue, qui insistait d’autant plus sur la grandeur de Napoléon qu’il s’agissait de la meilleure façon de proclamer le mérite des Espagnols, c’est-à-dire de ceux qui avaient été capables de le vaincre. Dans ces conditions, on peut remarquer l’intérêt d’œuvres telles que les mémoires du Prince de la Paix (le caractère apologétique de l’ouvrage de Godoy n’a pas besoin d’être signalé puisque le concept figure déjà dans le titre original de l’œuvre7) ; la plus importante synthèse réalisée à ce jour de la guerre d’Espagne, celle du comte de Toreno8 ; un nombre considérable d’autres mémoires et témoignages, comme ceux d’Agustín Argüelles, Alcalá Galiano, Espoz y Mina, A. Martín, Mesonero Romanos, José Palafox, Cabanes, et des afrancesados Llorente, O’Farril ou Azanza ; puis ceux enfin des officiers français Soult, Marbot, Hugo, Suchet… et évidemment celles de Joseph Ier9.
L’historiographie du xixe siècle
6Une partie significative de la vision historique, léguée par ceux qui avaient vécu la période de lutte contre les armées napoléoniennes, survit dans les grandes œuvres historiques de la deuxième moitié du xixe siècle. C’est le cas, par exemple, dans l’historiographie libérale d’œuvres comme l’Historia general de España desde los tiempos más remotos hasta nuestros días (Madrid 1887-1890) deModesto Lafuente qui peut être considéré comme l’un des représentant les plus significatif et les plus influents de l’historiographie espagnole du xixe siècle. Et c’est aussi ce qui ressort de la rigoureuse historiographie catalane de la deuxième moitié du xixe siècle, qui a eu un intérêt spécifique à l’étude de la période napoléonienne10.
7À côté de ces livres, il faut mentionner l’apparition de la plus importante histoire militaire de la guerre contre Napoléon, celle de José Gómez de Arteche11, véritable ouvrage de référence pour toute la littérature postérieure relative à la guerre de l’Indépendance. Sans oublier l’intérêt d’une œuvre à mi-chemin entre la narration et l’histoire, entre l’érudition et l’approche romantique : les volumes de Rodríguez Solís sur la guérilla pendant le conflit avec l’armée napoléonienne12.
8Une place remarquable parmi les publications parues à la fin du xixe siècle est occupée par deux ouvrages qui n’ont rien en commun e si ce n’est leur grande influence et leur large diffusion : l’Historia de los Heterodoxos Españoles de Marcelino Menéndez Pelayo (œuvre de jeunesse d’un auteur dont le niveau d’érudition est uniquement dépassé par son degré de fanatisme réactionnaire)13, et les Episodios Nacionales de Benito Pérez Galdós14.
9Pour Menéndez Pelayo, Napoléon et ceux qui le soutenaient, les afrancesados, méritaient le mépris parce que Napoléon représentait l’« ideal [de un] déspota ilustrado, un césar impío que regenerase a los pueblos por fuerza y atase corto al papa y a los frailes ; […] [de un césar que] traía consigo el poder y el prestigio militar más formidables…15 ». C’est ainsi qu’on doit louer non seulement la victoire sur les armées napoléoniennes, mais aussi l’expérience même de la guerre : « era preciso, dit Menéndez Pelayo, que un mar de sangre corriera desde Fuenterrabía hasta el seno gaditano y que en estas rojas aguas nos regenerásemos después de abandonados y vendidos por nuestros reyes y de invadidos y saqueados […] por la misma Francia » para que « de nuevo resplandeciesen […] las generosas condiciones de la raza […] ; para recobrar, en suma, la conciencia nacional16 ». Le discours de Menéndez Pelayo allait acquérir sa plus notable influence quelques dizaines d’années plus tard, sous le franquisme, à travers sa reproduction fragmentaire dans les manuels d’histoire d’Espagne et la reformulation de son discours historique17.
10Les Episodios Nacionales (1873-1912), dont les onze premiers volumes se réfèrent à la période napoléonienne, ont eu une influence socioculturelle et historiographique exceptionnelle. Il s’agit d’une œuvre certes narrative, mais fondée sur un véritable travail d’historien mené à partir des mémoires contemporains, des témoignages oraux collectés par l’auteur et du travail sur les principales œuvres historiques. Les Episodios ont joué un rôle remarquable dans la configuration de l’imaginaire culturel espagnol sur la guerre d’Indépendance. Dans l’œuvre du grand écrivain Benito Pérez Galdós, le patriotisme et l’orgueil national deviennent les éléments inséparables du peuple, protagoniste essentiel et vrai garant de la dignité espagnole. L’occupation napoléonienne devient, en même temps, l’occasion pour l’Espagne d’oser, pour première fois, amorcer une transformation qui allait mettre fin à l’absolutisme et à la société des privilèges. Dans les Episodios, Galdos, qui se permet d’abord à peine de proposer une image personnelle du « géant » Napoléon, exprime finalement un désaveu catégorique et méprisant, mais qui n’est qu’une condamnation morale et personnelle18.
Les apports commémoratifs du premier centenaire
11À l’occasion du premier centenaire de la Guerre de l’Indépendance se manifeste une effervescence notable autour de la mémoire napoléonienne en Espagne. La crise de 1898 et le Regeneracionismo aux origines du nouveau siècle donnent en outre un cadre d’interprétation inédit : d’une part l’admiration d’un passé glorieux, contrepoint d’un nationalisme pessimiste face à la perte de l’empire colonial ; de l’autre, le regard vers la capacité régénératrice du peuple, dont l’année 1808 est présentée comme paradigmatique. Quelques années avant la fin du siècle, l’un des hommes les plus remarquables de la pensée régénératrice de l’Espagne du début du xxe siècle, Joaquín Costa, avait déjà anticipé les lignes d’une pensée qui revendiquait même la Révolution. Pour Costa, Napoléon, qu’il considérait avec une notable erreur d’appréciation comme le restaurateur de l’ordre ancien à cause des excès de la Révolution, avait quand même représenté l’occasion du réveil de la vraie incarnation de la liberté du peuple. Celle-ci surgit, en effet, de la lutte des peuples contre l’Empire. Une lutte qui, malgré l’appropriation des monarchies, signale selon J. Costa, l’origine de la conscience politique des peuples et qui représente le véritable point de départ de la régénération et, donc, de la véritable révolution19. Mais en Espagne la pensée de Costa resta très minoritaire et la condamnation de Napoléon – avec celle de la Révolution – demeura l’idée la plus répandue.
12Malgré tout, la commémoration du centenaire de la guerre d’Indépendance fut l’occasion de notables apports scientifiques, particulièrement de la main des hispanistes français. C’est autour de 1908 que paraissent les grands ouvrages de Geoffroy de Grandmaison20, de Pierre Conard21 et de Georges Desdevises du Dézert22. Ces auteurs, dont les œuvres sont toujours nécessaires pour l’historien, ouvrent une voie de recherche très fertile qui se prolonge par le grand livre de référence d’André Fugier23, pour arriver aujourd’hui aux générations héritières de cette naissance de l’hispanisme français à la fin du xixe siècle. Le dénominateur commun à cet ensemble vient de la rigueur des données apportées, ainsi que de la volonté compréhensive du rapport entre l’Espagne et la France à partir des conséquences de la guerre contre Napoléon.
13Dans une certaine mesure on peut donc dire que, dès les premières années du xxe siècle, on dispose déjà des apports fondamentaux pour la compréhension de l’importance historique du rapport entre Napoléon et l’Espagne. D’une part on dispose des grandes synthèses descriptives de la guerre (celles du xixe siècle) et de l’autre, des premières formulations historiques compréhensives (celles parues autour du centenaire). C’est aussi à cette époque que l’on publie la première étude globale sur la presse, qui représente une source de première magnitude pour l’histoire de la période napoléonienne en Espagne. C’est, en effet, en 1910 que M. Gómez Imaz publie son œuvre sur les journaux pendant la guerre d’Indépendance24.
14Il est possible de suivre l’influence directe de cette situation historiographique jusque dans les années 30, avec l’apport déjà mentionné d’André Fugier. Ainsi, à côté du lieu commun d’une vision nationaliste, gallophobe et contre-révolutionnaire des héritiers de Menéndez Pelayo, une place est dédiée à l’expression, certes minoritaire, d’un courant qui voit, dans le rapport de l’Espagne avec la France à l’époque napoléonienne, l’éclat d’une révolution libérale et populaire plutôt que la simple lutte et condamnation de Napoléon25…
De la stérilité du franquisme à la commémoration du 150e anniversaire de la guerre d’Indépendance
15Dans la ligne du legs de Menéndez Pelayo, le franquisme revitalise le sens nationaliste et religieux de la guerre d’Indépendance. Pour l’historiographie franquiste cet événement fut une guerre de religion contre l’impiété et les traîtres. Elle est présentée comme une récupération de l’esprit de croisade et de la Reconquista, en même temps qu’une préfiguration de la guerre civile de 1936-193926. Il s’agit donc d’un moment culminant de la mythification de la guerre contre Napoléon, et de la sacralisation de sa dénomination comme guerre d’Indépendance. C’est, en fait, l’oubli de l’histoire ou son « invention » par le stéréotype et la propagande. L’histoire reste enfermée dans la narration des affrontements armés. On peut quand même noter dans ce domaine, l’intérêt de quelques apports, comme ceux du Servicio Histórico Militar. Cette institution, dès la fin de la guerre civile, accorde une grande attention aux épisodes historiques de l’époque révolutionnaire et napoléonienne comme référents historiques du combat franquiste en faveur du caractère indiscutable de l’unité et de l’« intégralité » de l’Espagne et de l’exaltation du rôle historique de l’armée. C’est le cas des volumes sur la guerre contre la Convention27, ainsi que du Diccionario Bibliográfico de la Guerra de la Independencia Española (1808-1814)28.
16Il en résulte la très significative commémoration du 150e anniversaire des événements de 1808. L’année 1958 peut être considérée comme la culmination de l’approche de l’époque napoléonienne pendant la période franquiste. Cette commémoration est particulièrement mise en évidence à travers les célébrations officielles et l’organisation des grandes expositions dans lesquelles ressort l’intérêt pour l’héroïsme espagnol face à la cruauté des sièges napoléoniens de Saragosse où de Gérone ; mais, en même temps, elle peut être considérée aussi comme l’occasion de manifester le réveil de ce qui allait devenir l’importante rénovation historiographique des années 60 et 70. Le IIe Congreso Histórico Internacional de la Guerra de la Independencia y su época, célébré à Saragosse du 30 mars au 4 avril 1959 fut le principal événement de cette commémoration. Parmi ses 12 rapports et ses 105 communications29, on voit non seulement le poids de l’historiographie traditionnelle (érudition locale, histoire des batailles et exaltation nationale), mais aussi la présence de nouvelles études portant sur des aspects économiques et fiscaux de la guerre, ou sur la situation politique et les Cortes de Cadix… On y découvre, en fait, le nom de quelques historiens qui vont, dans les années suivantes, faire un renouvellement remarquable de l’historiographie sur cette période napoléonienne en Espagne (J. Mercader30, J. Recasens, C. Seco, A.Matilla…) et on constate même une timide ouverture à l’historiographie étrangère (même si on ne trouve dans les actes de ce Congrès international que les noms de Jacques Godechot, S.H.F. Johnston, et Ch. d’Eszlary31).
L’historiographie des années 1960 et 1970
17C’est à la fin des années 1950 que l’historiographie commence à réagir contre la paralysie et l’enfermement qui la caractérisaient sous le franquisme. En Espagne, la mort de l’historien Jaume Vicens Vives coïncide avec l’essor de son influence comme le maître qui a renouvelé l’historiographie espagnole et qui a ouvert les portes à l’historiographie européenne, de l’historiographie marxiste à l’école des Annales. En ce qui concerne l’époque napoléonienne, cet essor est lié à l’influence d’un autre maître, Pierre Vilar. C’est sous leur double influence que s’inscrivent les historiens qui, dans ces années 60 et 70 renouvellent les études de l’époque napoléonienne. Cette rénovation est fondée sur l’élargissement du domaine d’analyse, incluant l’étude de la crise de l’Ancien Régime et de la Révolution et situant l’histoire péninsulaire dans le panorama européen. C’est ici qu’il faut citer les apports de P. Vilar (particulièrement sa participation aux Congrès Occupants-Occupés, 1792-181532, et Patriotisme et Nationalisme en Europe33) de J. Mercader (notamment ses études sur l’occupation napoléonienne34), de Artola (qui en 1953 avait déjà publié son étude sur les afrancesados et qui en 1959 publie sa thèse sur Los orígenes de la España contemporánea35), de J. Fontana (avec ses conclusions décisives sur la crise de l’Ancien Régime et la révolution libérale en Espagne36) et d’autres. L’historiographie espagnole et celle des hispanistes français se rencontrent, comme en témoignent les « colloques de Pau », à partir de 1970. Le résultat est la complémentarité avec l’historiographie espagnole réalisée par les travaux d’historiens tels que J.-R. Aymes, C.Morange, G. Dufour et d’autres37. C’est aussi le moment de la redécouverte des écrits de K. Marx sur la Révolution en Espagne et c’est, enfin, le moment de la publication des premières grandes synthèses, qui vont devenir les références obligées des années 70 et 80. Par exemple celles de Artola, dans son volume sur La España de Fernando VII38 ou celle de G.H. Lovett, La guerra de la Independencia y el nacimiento de la España contemporánea39. Sans oublier la parution de la petite synthèse qui allait devenir la plus répandue et la plus connue en Espagne, celle de J.-R. Aymes La Guerra de la Independencia en España (1808-1814)40.
Le dernier quart du vingtième siècle
18Le renouvellement historiographique en Espagne au cours des années 1970 s’est particulièrement manifesté autour des études sur la crise de l’Ancien Régime et la révolution libérale41. C’est ainsi que les recherches sur le conflit napoléonien se sont progressivement moulées dans des analyses qui dépassent largement les aspects politico-militaires42.
19En essayant de tracer un bilan de cette période, on doit noter le renouvellement autant thématique que méthodologique de l’historiographie. Par exemple, toute une nouvelle sorte d’études locales et régionales se détache de très importantes monographies apportent avec rigueur les analyses d’une histoire scientifique, au-delà des apports simplement érudits qui avaient caractérisé traditionnellement la vieille histoire locale. La spécificité et la répercussion de la période de la guerre napoléonienne et de la première révolution espagnole dans les diverses régions de la mosaïque péninsulaire et insulaire sont ainsi soulignées43.
20Une bonne partie des recherches publiées pendant ce dernier quart du siècle s’insère dans la ligne d’une histoire « totale », avec des analyses approfondies sur les sociétés, les économies, les structures, la politique, la culture et, évidemment, la guerre44. Mais se produisent en même temps des apports fondamentaux relatifs à divers chantiers d’analyse qui vont de l’afrancesamiento45 à l’Église46, en passant par la contre-révolution et la réaction47, sans oublier les institutions et la mobilisation populaire48, l’image, les gravures et l’estampe49, la pensée ou la vie quotidienne50 et enfin l’impact social et économique de la guerre51… tout cela permettant la publication de quelques nouvelles synthèses52.
21Les études menées en Catalogne sont particulièrement significatives. Après celles portant sur l’occupation et la domination napoléonienne qui ont été conduites jusqu’à la fin des années 7053, l’attention s’est portée sur la résistance à Napoléon, avec des très intéressants apports sur les comportements et capacités des sociétés péninsulaires face au phénomène napoléonien54. Bien que les études sur l’époque napoléonienne n’aient pas occupé une grande place dans l’historiographie espagnole des années soixante-dix et quatre-vingt, leur présence a été remarquée qualitativement, comme en témoignent les apports aux divers Congrès tenus sur la crise de l’Ancien Régime, de la Révolution libérale ou sur l’impact de la Révolution française en Espagne55, ainsi que les articles qui n’ont cessé de paraître dans des revues telles que Hispania, Spagna Contemporanea, Studia Historica, Trienio, etc.
22Il est logique que l’historiographie sur Napoléon et l’Espagne ait toujours compris un volume considérable d’études spécifiques sur les particularités de la guerre. Dans ce domaine, la tradition historiographique anglaise a été dominante depuis le xixe siècle, dès les œuvres de W. Napier, en passant par celles de Ch. Oman, jusqu’aux synthèses plus récentes de Jan Read ou de David Gates56. Mais à côté de cette tradition des synthèses sur la guerre et des descriptions des batailles les plus importantes – tradition non seulement britannique, mais aussi espagnole et française57 – les dernières années ont vu un très intéressant renouvellement de l’histoire militaire napoléonienne, que ce soit par la capacité d’analyse critique58, ou par un regard neuf porté sur l’un des phénomènes les plus remarquables de la résistance antinapoléonienne, la guérilla59.
La « menace » du bicentenaire
23À la veille du bicentenaire de la guerre de l’Indépendance, on peut constater quelques paradoxes dans les intérêts de la société espagnole. D’une part, le personnage de Napoléon continue à attirer l’attention du public, comme le montrent les ventes des biographies du général ; d’autre part, l’intérêt pour la société et la guerre de la période napoléonienne reste toujours très mince, non seulement pour les publications académiques, mais aussi de vulgarisation. Seule exception, le caractère récurrent d’une certaine littérature qui recourt au récit « complaisant » des atrocités de la guerre60.
24Reste que, depuis 1993, l’Asociación para el Estudio de la Guerra de la Independencia a été créée dans l’intention de préparer et stimuler les initiatives pour la commémoration du bicentenaire. Jusqu’à aujourd’hui, elle a organisé plusieurs séminaires, ainsi que deux Congrès internationaux (le premier, déjà mentionné, tenu en 1997 à Saragosse et le deuxième en 2001 à Navarre61). Pour sa part, en Catalogne, la Coordinadora dels Centres d’Estudis de Parla Catalana a organisé en 1994 son premier Congrès autour du thème « Guerra Napoleónica a Catalunya (1808-1814)62 » ; et dans la même ligne la revue Recerques a préparé pour avril 2002 un Congrès à Lleida sur « Els enfrontaments civils : postguerres i reconstruccions » qui consacre une section à la période révolutionnaire et napoléonienne. La convocation d’une grande rencontre sur le Libéralisme pour rendre compte de Salamanque en tant que capitale culturelle deviendra aussi en 2002 un très intéressant moment de discussion sur la période napoléonienne.
25À partir des communications des récents congrès ainsi qu’à l’annonce de ceux qui vont se tenir prochainement, on peut constater le dépassement d’une vision et d’une approche très réduite de la période napoléonienne en Espagne. L’éventail thématique s’est élargi et la volonté de compréhension globale de la période prévaut. Elle permet de mieux comprendre la guerre de l’Indépendance comme un cadre exceptionnel de la situation globale qui imprègne la crise de l’Ancien Régime en Espagne. Cependant il faut regretter le caractère très limité des apports à certains domaines (par exemple celui de la biographie) et surtout, la rareté des études fondées sur une analyse comparative. Dans ce domaine, l’œuvre de S. Woolf qui peut être un élément fondamental de référence n’a malheureusement pas été le point de départ d’une approche de la période napoléonienne en Espagne, dans une vision globale de l’Empire.
26Le bicentenaire peut donc être une bonne occasion pour la revitalisation des études sur une période cruciale pour la compréhension de l’histoire péninsulaire.
27Quelques indices nous font aussi penser qu’il peut être une excellente occasion de revoir les sources historiques nouvelles et/ou renouvelées. Le deuxième Congrès de l’AEGI, déjà cité, s’est, en effet, penché sur l’étude des Fuentes documentales para el estudio de la Guerra de la Independencia parmi lesquelles on peut remarquer l’intérêt et la préoccupation pour l’importance des sources locales et régionales, ainsi que pour la complémentarité des sources internationales. Cette préoccupation pour les sources historiques s’était déjà fait jour lors du Congrés de la Coordinadora de Centres d’Estudis de Parla Catalana de Lleida en 1994. On peut donc espérer un point de départ pour un renouvellement des domaines d’études sur la période napoléonienne en Espagne, ainsi qu’un meilleur approfondissement de quelques autres, par exemple ceux relatifs à la thématique ecclésiastique. Mais on peut espérer aussi la présentation des résultats de certains études, comme celle que mène depuis quelques années A. Gil Novales à partir d’une révision exhaustive de la presse de la période et qui vont nous délivrer d’études datant d’une centaine d’années.
28Il serait primordial que la commémoration du bicentenaire puisse favoriser l’amélioration des instruments de recherche, particulièrement celle relative au catalogage et à l’inventaire des grandes collections documentaires des archives. Mais, hélas, on peut craindre aussi que le bicentenaire de la Guerre d’Indépendance ne glisse vers le marais des intérêts politiques de l’Espagne actuelle. Ainsi, par exemple, le difficile encadrement de la pluralité nationale dans la structure de l’État – qui demeure l’un des grands problèmes toujours mis en question dans l’Espagne actuelle – pourrait raviver une histoire nationaliste espagnole qui a déjà montré sa capacité médiatique à l’occasion de quelques commémorations et initiatives académiques récentes63.
29En tout cas il faut être conscient que l’utilisation « nationaliste » de la Guerre d’Indépendance ne serait pas un phénomène nouveau, et comme nous l’a montré l’historiographie, bien que ce nationalisme trouve un enracinement dans le caractère de la guerre anti-napoléonienne, il est surtout l’expression d’une vision absolument réductrice de l’histoire64 ; d’une « histoire » fondamentalement préoccupée par la réussite d’un combat réactionnaire qui tourne vers la contre-révolution l’éclat d’énergie transformatrice de la société qui s’est manifesté dans la révolution espagnole. Une révolution vécue en symbiose avec le combat anti-napoléonien65.
Notes de bas de page
1 « P. Quien es el enemigo de nuestra felicidad ?/R. El Emperador de los Franceses/P. Quén es ese ?/R. Un nuevo señor infinitamente malo, codicioso, principio de todos los males, exterminador de todos los bienes, compendio y depósito de todos los vicios » (Catecismo Civil, Cartagena 1808 – Biblioteca del Senado [se encuentra publicado en Sabino Delgado, éd. : Guerra de la Independencia. Proclamas, Bandos y Combatientes, Madrid 1979 Editora Nacional, p 294-300]).
2 Le 5 février 1810 Ferdinand lui exprime « el placer que he tenido viendo en los papeles públicos las victorias con que la Providencia corona sucesivamente la augusta frente de VMI y R » (Cf. M. Lafuente : Historia General de España, t. XVII, Barcelona 1889, éd. Montaner y Simón, p. 74) ; et le 4 avril, il refusait un plan d’évasion qu’on lui avait préparé parce que « lo que ahora ocupa mi atención, écrivait-il au gouverneur Berthemy, es para mí un objeto de mayor interés. Mi mayor deseo es ser hijo adoptivo de SM el emperador, nuestro soberano » (Id., p 110).
3 Emmanuel de Las Cases, Mémorial de Sainte-Hélène, Paris 1999 (reéd. 1968) Éd. du Seuil, vol. 1, p. 622.
4 Id. p. 622 et 621.
5 On peut trouver un échantillon représentatif de l’opinion sur Napoléon en Espagne dans A. Gil Novales, « La dualidad napoleónica en España » dans Les Espagnols et Napoléon, Université de Provence 1984, p.7-23.
6 Cf. son édition dans J. Romero Alpuente, Historia de la Revolución española y otros escritos. Edición preparada e introducida por Alberto Gil Novales, Madrid 1989 CEC, 2 vols.
7 M. Godoy, Memorias críticas y apologéticas para la historia del reinado del señor D. Carlos de Borbón, Madrid 1836-1842 [voir l’édition de 1965 publié à Madrid par les éd. Atlas, B.A.E. tt. 88 et 89].
8 Historia del levantamiento, guerra y revolución de España, Madrid 1835-1837 [voir l’édition de 1953 publiée par les éd. Atlas, B.A.E. t. 64].
9 On peut trouver la plus large collection de témoignages imprimés de la période napoléonienne en Espagne dans la collection « El Fraile ». Mais les fonds sont très nombreux dans les principales bibliothèques (Bibl. Nacional, Madrid ; Bibl. Municipal de Madrid ; Bibl. del Senado ; Bibl. de Catalunya (col. Bonsoms) ; Bibl. Universitaire de Barcelone ; Bibl. Municipales de Barcelone, parmi les plus significatives). Une partie significative de mémoires de la période ont été édités dans la collection déjà cité Biblioteca de Autores Españoles [B.A.E.], Madrid, éditions Alfa. Les mémoires de Joseph I (Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph, publiés, anotés et mis en ordre par A. du Casse, 11 vols. Paris 1853-54, éd. Perrotin) ont été publiés aussi en espagnol, édités à Bayonne par A. Andreossy, s.d. ; le Manual del librero hispanoamericano…de J. Palau signale la publication de la première partie des Mémoires en espagnol à Bayonne en 1855, mais il signale aussi l’existence d’une édition à Madrid, dans l’imprimerie de Tomas Badis, en 1854.
10 A. Blanch, Cataluña. Historia de la Guerra de la Independencia en el antiguo principado, Barcelona 1861, 2 vols ; A. de Bofarull, Historia crítica de la Guerra de la Independencia en Cataluña, Barcelona 1886-1887, 2 vols. Voir aussi les chapitres correspondents dans l’Historia de Cataluña de Victor Balaguer (Madrid 1885-1887).
11 Publié en 14 volumes, entre 1868 et 1903. Et dont une réedition facsimile vient d’être annoncée à l’occasion du bicentenaire.
12 E. Rodríguez Solis, Los guerrilleros de 1808. Historia popular de la guerra de la Independencia, Barcelona 1895, éd. Enciclopedia Democrática, 2 vols.
13 Historia de los Heterodoxos Españoles, Madrid 1880-1881 (reéditée en 1978, Madrid, B.A.C.).
14 Madrid 1873-1912 [cf. Obras Completas, I Madrid 1968, éd. Aguilar]. Pour la période napoléonienne, voir les épisodes de la « première série » (El 19 de marzo y el 2 de mayo - 1873-, Bailén - 1873-, Napoleón en Chamartín - 1974-, Zaragoza - 1874-, Gerona - 1874-, Cádiz - 1874-, Juan Martín, El Empecinado - 1874-, La batalla de los Arapiles - 1875-), ainsi que le premier de la « deuxième série » (El equipaje del rey José - 1875-). Pour une valoration historique des Episodios Nacionales, cf. H. Hinterhäuser : Los « Episodios Nacionales » de Benito Pérez Galdós, Madrid 1963, Gredos.
15 Op. cit., Madrid 1978 BAC, t. II, p. 673.
16 Id., p.671-672.
17 Dans cette ligne on peut partir de la référence à l’Historia de España [de Marcelino Menéndez y Pelayo] Seleccionada en la obra del maestro por Jorge Vigón (Madrid 1941), ou au Manual de Historia de España. Segundo Grado (Burgos 1939, -œuvre anonyme mais que l’on peut atribuer a José Mª Pemán- et arriver jusqu’aux œuvres du P. Suárez Verdaguer, en passant par la pensée de Ramiro de Maeztu.
18 « Tu crees que Napoléon es una rata » dit un personage du siège de Girona qui nomme Napoléon un rat celui qui survit le mieux dans sa maison. « Aviado estás » s’exclame un autre personage. « No es sino el demonio, el demonio mismo ». Et quelques pages plus loin l’auteur conclut : « desarrollados en proporciones colosales los vicios y los crímenes, se desfiguran en tales términos que no se les conoce ; el historiador se emboba engañado por la grandeza óptica de lo que en realidad es pequeño, y aplaude y admira un delito tan sólo porque es perpetrado en la extensión de todo un hemisferio » Cf. Episodios Nacionales. Gerona, [juin 1874], dans les Obras Comnpletas, I, Madrid 1968 éd. Aguilar, p.802ss et 836.
19 Joaquin Costa, « Plan de una introducción al estudio de la revolución española » (texte de 25 juin 1875), dans Historia crítica de la revolución española. Edición, introducción y notas de Alberto Gil Novales, Madrid 1992 CEC.
20 L’Espagne et Napoléon, Paris 1908, Plon, 3 vols.
21 Napoléon et la Catalogne. La captivité de Barcelone, Paris 1910, Alcan.
22 « La Junte Supérieure de Catalogne », dans la Revue Hispanique, LXXII (1910).
23 Napoléon et l’Espagne, Paris 1930, Alcan, 2 vols.
24 Los periódicos durante la Guerra de la Independencia, Madrid 1910. L’étude de Gómez Imaz est encore de consultation obligatoire, aucune étude globale sur la presse de la période n’ayant été publiée dès le début du xxe siècle. C’est donc avec impatience que l’on attend la publication des études presque achevées d’Alberto Gil Novales sur la presse au début de la révolution libérale.
25 Parmi ces exceptions on doit rappeler, par exemple, les écrits de l’historien Rafael Altamira.
26 « No es posible contar estos principios del gran Alzamiento popular llamado « guerra de la Independencia » sin pensar en el Movimiento Nacional » (Manual de Historia de España. Segundo Grado, Santander 1939 Instituto de España, p 221). Cf. dans le même sens le « digest » déjà cité des Heterodoxos…de M. Menéndez Pidal publié par J. Vigón comme Historia de España (Madrid 1941) et qui est devenu un des manuels d’histoire les plus répandus sous le franquisme où l’on peut lire comme titre en tête des paragraphes relatifs à la guerre contre Napoléon : « Heroísmo y traición ».
27 Estado Mayor Central del Ejército, Campañas en los Pirineos a finales del siglo xviii, 5 vols. Madrid, 1951, 1954 et 1959.
28 Madrid 1952, 3 vols.
29 Cf. Sumario de comunicaciones del II Congreso Histórico Internacional de la Guerra de la Independencia y su época, Zaragoza 1959 Inst. « Fernando el Católico », 70 p.
30 Joan Mercader avait déjà prononcé en 1946, dans la clandestinité où se déroulait la « Societat Catalana d’Estudis Històrics » une très intéressante conférence sur l’officialité de la langue catalane à l’époque napoléonienne et en 1949, il publiait sa thèse Barcelona durante la ocupación francesa (1808-1814) – une véritable exception historiografique sous le franquisme, malgré le fait que tel qu’il le signalait, on pouvait souligner en Catalogne l’intérêt d’une historiographie sur l’époque napoléonienne qui contrastait avec celle du reste de la Péninsule. On peut rappeler, dans ce sens, le nom d’historiens tels que Carles Rahola ou Frederic Camp.
31 Estudios de la Guerra de la Independencia (Actas del II Congreso Histórico Internacional de la Guerra de la Independencia y su época), 3 vols., Zaragoza 1964, 1966 y 1967, Inst. « Fernando el Católico » (p.792, 496 et 402).
32 « Quelques aspects de l’occupation et de la résistance en Espagne en 1794 et au temps de Napoléon », dans Occupants-Occupés, 1792-1815.Actes du Colloque qui s’est tenu à Bruxelles les 29 et 30 janvier 1968, Bruxelles 1968 ULB, p.221-252 (texte qui a été publié en langue catalane à Barcelone en 1973).
33 « Patrie et Nation dans le vocabulaire de la Guerre d’Indépendance espagnole », dans Actes du Colloque Patriotisme et Nationalisme en Europe à l’époque de la Révolution française et de Napoléon. XIIIe Congrès International des Sciences Historiques (Moscou 19 août 1970), Paris, 1973, Société des Études Robespierristes, p.167-201 (publié aussi en catalan en 1973).
34 En 1978 il publia Catalunya i l’Imperi Napoleònic (Barcelone, Publications de l’Abadia de Montserrat) en même temps qu’il terminait sa grande étude sur le règne de Joseph I (José Bonaparte, rey de España. 1808-1813. Historia externa del reinado, Madrid 1971, CSIC, dont la deuxième partie, finie en 1976, ne serait publiée qu’en 1983 : José Bonaparte, rey de España, 1808-1813. Estructura del Estado español bonapartista, Madrid CSIC.
35 Madrid 1975, Instituto de Estudios Políticos (2 vols).
36 . La quiebra de la Monarquía absoluta, 1814-1820, Barcelona 1971, Ariel.
37 En 1963 Joan Mercader a publié un excellent et complet bilan historiographique dans le vol. IX de la revue Indice Histórico Español (Barcelona, p XI-LXXIII) : « La historiografía de la Guerra de la Independencia y su época desde 1952 a 1964 ». Pour la décade postérieure on peut consulter le bilan historiographique publié par A. Gil Novales : « 1970-1979, diez años de historiografía en torno al primer tercio del siglo xix español » dans M. Tuñón de Lara (et alii) : Historiografía española contemporánea. X Coloquio del Centro de Investigaciones Hispánicas de la Universidad de Pau. Balance y resumen, Madrid 1980 éd. Siglo xxi, p.47-89.
38 Tome XXVI de l’Historia de España dirigée par R. Menéndez Pidal, Madrid, 1968.
39 2 vols., Barcelona 1975, éd. Península (édition originale en anglais éditée en 1965 à New York sous le titre Napoleon and the birth of modern Spain).
40 Madrid, 1974, éd. Siglo xxi (original édité en français : La guerre d’Independence espagnole (1808- 1814), Paris, 1973, Bordas).
41 On peut jeter un coup d’œil sur l’importante historiographie espagnole sur la crise de l’Ancien Régime dans Antiguo Régimen y Liberalismo. Homenaje a Miguel Artola, 3 vols, Madrid 1994, éd. Alianza. Cf. aussi le bilan plus cerné autour de l’Espagne et la Révolution française de J.-R. Aymes : « España y la Revolución francesa : ensayo de bibliografía crítica » dans J.-R. Aymes (éd.) : España y la Revolución francesa, Barcelone 1989 éd. Crítica, p 3-68.
42 Entre 1972 et 1981 a été publiée la plus récente étude militaire et stratégique de la guerre d’Independance, celle de Juan Priego López qui, malgré ses prétentions ne peut être considérée comme une œuvre supérieure à celle de Gómez de Arteche. Guerra de la Independencia, 1808- 1814, Madrid, 5 vols, Serrvicio Histórico Militar.
43 On peut mentionner comme exemple les thèses de doctorat sur : Logroño (C. Sobrón, 1977), Palencia (A. Ollero, 1980), Aragon (R. M. Gonzalvo, 1983 où l’on peut y ajouter l’étude d’H. Lafoz publiée à Saragosse en 1996), Baleares (Ll. Roura, 1983), Léon (P. García, 1987), Navarre (F. Miranda Rubio, 1974, J. de la Torre, 1988), Asturias (A. Laspra, 1989), Catalogne (M. Ramisa, 1992), Toledo (L. Lorente, 1993).
44 M. Ardit, Revolución liberal y revuelta campesina, Barcelona 1977, Ariel ; Ll. Roura, L’Antic Règim a Mallorca. Abast de la commoció dels anys 1808-1814, Palma 1985 Govern Balear.
45 Cf. les études de G. Dufour et E. La Parra (El clero afrancesado ou Tres figuras del clero afrancesado, numéros 10 et 11 de la collection « Études Hispaniques », Université d’Aix-en-Provence, 1986 et 1987), d’E. Riera i Fortiana (Els afrancesats a Catalunya, Barcelona 1994 Curial), de L. Barbastro Gil (Los afrancesados. Primera emigración política del siglo xix español, 1813-1820, Madrid 1993 CSIC, ou Ll. Mª de Puig (Tomàs Puig : catalanisme i afrancesament, Barcelona 1985 IEC).
46 E. La Parra, El primer liberalismo español y la Iglesia. Las Cortes de Cádiz, Alicante 1985 IEJGA.
47 J. Herrero, Los orígenes del pensamiento reaccionario español, Madrid 1971 Edicusa.
48 A.Moliner, La Catalunya resistent a la dominació francesa (1808-1812), Barcelona, 1989, Éd.62, ainsi que sa thèse inédite Las juntas Supremas Provinciales en la guerra contra Napoleón (UAB, 1981).
49 C. Derozier, La Guerre d’Independance Espagnole à travers l’estampe (1808-1814), Paris-Lille, 1976 ; ainsi que les études de Lafuente Ferrari sur Goya.
50 M.Moreno Alonso, La generación española de 1808, Madrid 1989 Alianza, et Los españoles durante la ocupación napoleónica. La vida cotidiana en la vorágine, Málaga, 1997, Algazara.
51 J. Fontana et J. Garrabou, Guera y hacienda. La hacienda del gobierno central en los años de la Guerra de la Independencia (1808-1814), Alicante, 1986, IJGA.
52 G. Dufour, La guerra de la Independencia, Madrid, 1989, Historia-16 ; voir aussi les chapitres correspondant à la période napoléonienne des œuvres collectives telles que l’Historia de España dirigée par A. Domínguez Ortiz (vol. 9, Barcelone, 1988, Planeta) ou Història política, societat i cultura dels Països Catalans dirigée par Borja de Riquer (vol. 6, Barcelone, 1997).
53 Cf. les travaux déjà mentionnés de J. Mercader (notes 29 et 33).
54 Cf. les études de A. Moliner (La Catalunya resistent a la dominació francesa (1808-1812), Barcelona 1989, Éd.62), E. Canales (« La resistència antifrancesa a Catalunya : estudi d’alguns comportaments » dans L’Avenç 113, Barcelona, 1988, 26-31, et « Una visió més real de la guerra del Francès : la història de Bràfim d’en Bosch i Cardellach » dans Recerques 21, Barcelona, 1988, 1-49) ; et M. Ramisa (La Guerra del Francès al Corregiment de Vic, Vic, 1993, Eumo).
55 Par exemple ceux tenus à Aix-en-Provence en 1984 (Les Espagnols el Napoléon), à Barcelone et Girone en 1989 (El Jacobinisme. Reacció i Revolució a Catalunya i a Espanya, 1789-1837, et La Revolució francesa i el procés revolucionari a Catalunya i al País Valencià), à Madrid en 1983 (La prensa en la Revolución liberal), en 1986 (La Revolución francesa y la Península Ibérica), en 1992 (El Dos de Mayo y sus precedentes), en 1999 (La Revolución española en su diversidad peninsular e insular y americana), à Bordeaux en 1989 (Les révolutions dans le monde ibérique, 1768-1834), à Saragosse en 1997 (Congreso Internacional sobre la Guerra de la Independencia), etc.
56 Napier, W., History of the War in the Peninsula and the South of France, from the year 1807 to the year 1814, London 1828-1840 [éd. facsimile de celle de 1853, London 1992] ; Oman, Ch., A History of the Peninsular War, 7 vols. Oxford 1902-1930, Clarendon, Read, J., War in the Peninsula, London 1977 ; Gates, D., The Spanish Ulcer. A History of the Peninsular War, London, 1986.
57 Aux œuvres déjà citées dans les pages précédentes on peut y ajouter celles de J. Serramon, Napoléon et les Pyrénées. Les chasseurs des montagnes et la couverture des Pyrénées, 1808-1814, Selgues, 1992, éd. Le Lézard ; Id. : La Bataille de Vitoria. La fin de l’aventure napoléonienne en Espagne, Paris, 1985, Bailly ; Argimiro Calama, La Guerra de la Independencia en Soria, La Rioja, Navarra. La batalla de Tudela, 23-XI-1808, Madrid, 1996, Ministerio de Defensa ; Donald Hordward, Napoleon and Iberia. Tehe twin sieges of Ciudad Rodrigo and Almeida, 1810, Florida, 1984.
58 Charles Esdaile, The Spanish Army in the Peninsular War, Manchester, 1988.
59 John L. Tone, La guerrilla española y la derrota de Napoleón, Madrid 1999 Alianza (édition en anglais : 1995) ; J.-L. Reynaud, Contre-guérilla en Espagne (1808-1814). Suchet pacifie l’Aragon, Paris 1992 ; Lluís Roura, « Guerra pequeña y formas de movilización armada en la guerra de la Independencia. ¿Tradición o innovación ? » dans Trienio, 36 (nov. 2000), 65-93.
60 Quelques romans, comme Cabrera (Barcelone, 1981) de J. Fernandez-Santos ont pris comme scénario les tristes épisodes des prisonniers français aux pontons de Cadix et à l’île de Cabrera de même que le très récent roman de B. Porcel, L’Emperador o l’ull del vent (Barcelone 2001) où on ne se préoccupe pas de prendre en considération les précisions apportées sur cet épisode par la recherche historique (cf. Ll. Roura, « Els presoners de l’illa de Cabrera (1809-1814) » L’Avenç 78 (1985) p. 22-28 ; et L’antic règim a Mallorca, abast de la commoció dels anys 1808-1814, Palma 1985 Govern Balear, p 150-158, 451-459).
61 Fuentes documentales para el estudio de la Guerra de la Independencia (Pamplona, 1-3 febrero 2001).
62 Actes publiés par Maties Ramisa : Guerra Napoleònica a Catalunya (1808-1814). Estudis i Documents, Barcelona, 1996, Publ. Abadia de Montserrat.
63 Cf. J.-S. Perez Garzon (et alii) : La Gestión de la memoria : la historia de España al servicio del poder, Barcelona, 2000, Crítica.
64 C.J. Álvarez Junco, « La invención de la Guerra de la Independencia » dans Studia Historica- Historia Contemporánea, vol. XII (1994), 75-99.
65 Voir l’intéressante synthèse sur la dimension révolutionnaire de la période napoléonienne en Espagne de R. Hocquellet, « La convocation des Cortes extraordinaires de Cadix (1808-1810), une étape essentielle de la révolution espagnole » (à paraître dans la Revue Historique ; voir du même auteur : Résistance et révolution durant l’occupation napoléonienne en Espagne 1808-1812, Paris, 2001, éd. La Boutique de l’Histoire).
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