Chapitre VI. Adapter le journal éducatif de Stéphanie-Félicité de Genlis
p. 97-110
Texte intégral
1Témoignage d’une utilisation différente de l’écriture éducative, les journaux tenus par Esther Monod ainsi que Clémentine Witel et Antoinette Benoît, dans le cadre de leur fonction de gouvernante, méritent d’être étudiés car ils rendent compte de l’impact de la littérature d’éducation sur les pratiques. Et c’est le modèle du journal rédigé par le comte de Roseville pour son élève que met en scène Félicité de Genlis dans Adèle et Théodore, ainsi que celui qu’elle-même a tenu pour les princes de la maison d’Orléans et publié en partie dans ses Leçons d’une gouvernante à ses élèves, qui est expérimenté dans deux cadres différents : la cour de Russie et une maison bourgeoise lausannoise. Influencés par les modèles d’éducation exemplaire que leur fournit la littérature, les gouvernantes tentent de façonner leurs jeunes élèves par le truchement de la plume.
Le journal en pratique
2Près de vingt ans séparent le Journal de son Altesse Impériale Madame la grande Duchesse Helene Pavlovna commencé le 1er mars 1792 adressé à S. A. I. la grande duchesse femme de Paul Ier mère d’Alexandre Ier et de Nicolas I. par Mlle Esther Monod1, écrit à la cour de Russie, du Journal de Cécile Constant2, tenu au sein d’une famille appartenant à la haute bourgeoisie lausannoise. Malgré leur éloignement spatial et social, ils sont le fait de gouvernantes issues d’un même espace géographique, le bassin lémanique, et peuvent se réclamer des mêmes influences pédagogiques et littéraires. L’utilisation largement similaire que les scriptrices font du journal éducatif proposé par Félicité de Genlis témoigne à la fois de la pérennité du modèle mais aussi de l’intérêt reconnu d’un tel instrument dans la formation des jeunes filles.
3Esther Monod3, originaire de Morges, quitte le pays de Vaud en 1790 alors qu’elle est âgée de vingt-six ans. Cousine d’Henri Monod, un ami proche de Frédéric-César de La Harpe, précepteur d’Alexandre et de Constantin à la cour de Russie – auquel elle est redevable de l’obtention de ce poste –, elle est appelée par Catherine II pour devenir la gouvernante de sa petite-fille Helena Pavlovna (1784-1803). Esther s’engage dans cette aventure en compagnie d’une amie de la famille, destinée elle aussi à devenir préceptrice de l’une des jeunes princesses, Jeanne Huc-Mazelet, dont il vient d’être question. Elle demeure à cette place jusqu’en 1799, année qui voit la célébration du mariage de sa princesse alors âgée de quinze ans avec le prince Friedrich Ludwig von Mecklembourg-Schwerin (1778-1819). Deux ans plus tôt, elle-même avait convolé avec le général Charles de Rath tout en conservant sa fonction.
4Les tâches imparties à la gouvernante consistent essentiellement à tenir compagnie à son élève dans ses différentes activités (habillage, coiffage, jeux…), à assister aux leçons et à contrôler son travail. Bien qu’elle lui dispense les leçons de français, elle apparaît moins investie dans l’instruction elle-même que ne le sera Louise Martin auprès de Marie. En revanche, tout comme elle, elle assure, par ses conseils et principes, la formation morale de la jeune princesse4.
5Les archives d’Esther concernant cette période rendent compte, à l’instar de celles de Louise Martin, d’une utilisation très régulière de l’écriture diaristique déclinée sous différentes formes ; plusieurs journaux ont ainsi été conservés parmi lesquels des journaux de voyage ou un récit intitulé Journal des derniers tems que je passe avec mon enfant chéri [la Grande duchesse Hélène] à gatschina 17995. Dans le cadre de sa pratique éducative, l’usage du journal apparaît tout aussi naturel. Sous sa direction, la jeune Helena ouvre, le 10 février 1792, un journal destiné à évaluer son propre comportement. Rédigé avec une grande application sur du papier ligné en gros caractères qui témoignent encore d’un manque d’aisance dans l’écriture, le compte rendu journalier semble écrit sous dictée et finit, en apothéose, par une pensée morale :
« Je me suis levée aujourd’hui avec de bonnes intentions, malgré cela je n’ai pas egalement bien fait toutes mes leçons. J’ai été distraite a celle de M. de Sibourg, et j’ai fort mal écrit en Russe, mais pour la première fois depuis bien longtems mon maitre de musique a été très content de moi. Pour reparer un peu mes mauvaises leçons j’ai lu ce soir, et je me suis preparée pour celle de demain, après quoi j’ai joué avec mes sœurs sans quereller. Voila ma journée finie, je serais bien plus contente si tout le monde avait été content de moi6. »
6Jugée peut-être inadaptée ou parce que sa rédaction prenait trop de temps dans la journée chargée de la jeune princesse, cette première tentative d’écriture diaristique s’interrompt au milieu d’un mot, après trois jours seulement7. Quinze jours plus tard, un nouveau journal est ouvert. Répondant aux mêmes objectifs, il est rédigé, cette fois-ci, par la gouvernante ce qui permet de contourner l’obstacle d’une écriture laborieuse et d’être plus détaillé. Intitulé 1er cahier, il ne s’étend que sur trois mois durant lesquels l’institutrice rédige un compte rendu quotidien de la journée passée par Helena, qu’elle destine, comme elle le note sur sa page de titre, à Maria Feodorovna, mère de son élève.
7Avec le journal rédigé par Clémentine Witel puis Antoinette Benoît pour Cécile Constant, une jeune Lausannoise de bonne famille, cet usage rejoint le milieu de la haute bourgeoisie. Fille de César Constant8 et Sophie Rosset, Antoinette Cécile Frédérique Henriette voit le jour à Lausanne le 27 décembre 1802. La famille habite le haut de la rue de Bourg et possède une maison de campagne à Mézery. Les importantes ressources financières de César Constant, dont témoignent ses livres de comptes, lui permettent de doter sa fille d’une éducation soignée9. Elle apparaît comme une marque de distinction qu’illustre le fait d’entretenir une gouvernante à demeure. Clémentine Witel est engagée lorsque la jeune Cécile atteint l’âge de six ans. Elle est la fille de Suzanne Fauche et Jérémie Witel, petite-fille de l’imprimeur neuchâtelois Samuel Fauche. Née aux Verrières en 1781, elle vécut à Genève où son père fut condamné et exécuté par le tribunal révolutionnaire en 179410. Au moment où elle se place auprès de la famille Constant, sa mère et son frère habitent à Vevey. Des informations allusives livrées par ses écrits, il apparaît qu’elle a peut-être exercé la fonction de gouvernante à l’étranger, au sein d’une cour européenne. En novembre 1811, elle relate qu’il s’est manqué de peu qu’elle ne puisse rencontrer « sa » comtesse Auguste, passée à Lausanne alors qu’elle se trouvait en déplacement à Vevey. Cet élément, s’il se vérifiait, pourrait expliquer la mise sur pied d’un tel journal et accréditer l’idée d’un transfert d’un usage du monde de la cour vers le monde bourgeois. La deuxième gouvernante, qui prend le relais de Clémentine Witel en 1812, est originaire de Genève. Fille de Jean-André-Marc Benoît, horloger, et de Catherine-Pernette Delord, issus du Refuge huguenot, Jeanne Antoinette (1787-1845) a suivi sa scolarité dans la cité de Calvin. Les revers de fortune de la famille, et la mort de sa mère qui survient en janvier 1811, la contraignent à chercher une place comme gouvernante. Elle est âgée de vingt-quatre ans lorsqu’elle est engagée par la famille Constant auprès de laquelle elle demeure une dizaine d’années11.
8L’éducation dispensée à Cécile Constant est connue par un document qui, par sa durée et son étendue, n’a pas d’équivalent dans l’espace romand et certainement au-delà. Alors qu’Esther Monod semble arrêter la rédaction du journal d’Helena après trois mois seulement, les deux institutrices-gouvernantes de Cécile conservent cette pratique durant plus de dix ans. Le journal compte ainsi douze cahiers rédigés par Clémentine Witel entre 1809 et 1811 et dix par Antoinette Benoît entre 1812 et 181912. Elles y soumettent le comportement de leur élève à une « sévère critique13 ». Cet écrit fait partie intégrante des tâches qui leur incombent, à côté des leçons d’utilité et d’agrément qu’elles doivent dispenser et de celles, dont elles ne peuvent se charger elles-mêmes, auxquelles elles doivent assister. Un contrat passé entre César Constant et Antoinette Benoît stipule également que cette dernière doit s’attacher à former le caractère de son élève sur la base des préceptes et exemples de morale et de vertu14. Et, insistant sur la surveillance qu’accompagne la fonction de gouvernante, il précise que l’institutrice doit s’engager à ne jamais quitter son élève sans l’avoir confiée au préalable à ses parents. Le journal concrétise cet idéal de contrôle qui doit s’exercer sur chaque instant de la vie de l’enfant.
9Conformément aux instructions de Félicité de Genlis, les journaux rédigés par Esther Monod et Clémentine Witel sont tenus au quotidien sous la forme d’un compte rendu des diverses activités de leurs pupilles, durant lesquelles le comportement est évalué. Esther Monod focalise sa rédaction sur trois points principaux ; l’attitude de la princesse envers elle-même, ses professeurs et les domestiques, sa façon de se comporter avec ses sœurs et sa conduite durant ses leçons. Bien que plus prolixe, le journal de Cécile reprend sensiblement les mêmes éléments. En revanche, pour la première institutrice, qui pense-t-on, impose la technique dans la famille Constant, la forme discursive du compte rendu varie au gré des jours. La scriptrice s’adresse parfois directement à Cécile pour la complimenter, la réprimander ou lui demander des explications. Affichant une nature profondément pieuse dont témoigne sa présence assidue au prêche, elle interpelle régulièrement Dieu, l’implorant de la soutenir dans sa tâche. À l’occasion, elle prend à témoin un lecteur « virtuel15 ». Cette pratique fait écho à l’impression de Rudolf Dekker, qui, dans son étude sur les écrits personnels hollandais, dit avoir constaté avec surprise que certains textes destinés à la famille semblent avoir été écrits avec un lecteur anonyme derrière la tête16. L’institutrice prend à partie ce lecteur imaginaire pour maintenir le suspense ou pour lui demander de façon rhétorique une explication à la conduite blâmable de la jeune fille. Enfin, Clémentine Witel s’adresse personnellement des encouragements ou des injonctions. Cette dernière, tout comme Esther Monod, déploie dans les comptes rendus, tout un panel de stratagèmes éducatifs – alternant honte et émulation – destinés à orienter la conduite de sa jeune élève. Ainsi, par leur plume, les gouvernantes préviennent, rappellent à l’ordre, menacent ou parodient le comportement. Clémentine établit des comparaisons désavantageuses pour Cécile avec d’autres demoiselles – et Esther avec les sœurs de son élève – ou se moque d’elle et de sa conduite :
« Chère Cécile quand on vous dit de faire des lettres d’après le modèle vous faites des A si l’on vous dit de cesser vous continuez toujours. Est-ce un manque d’esprit je le crois car j’aime mieux que Cécile soit sotte que méchante. Ainsi donc vous ne comprenez pas ce qu’on vous dit, ce n’est pas votre faute. Faites m’y penser si je viens à l’oublier et si je vous répète souvent la même chose. […] Dites moi seulement Melle je suis trop sotte pour me souvenir de cela17. »
10L’institutrice use volontiers d’un ton ironique, de même que dans la pratique, elle-même et les parents utilisent régulièrement la moquerie. L’institutrice a conscience que Cécile est particulièrement sensible à ce moyen, ce qui explique qu’ils y aient recours :
« A diner Cécile auroit été très supportable si elle avoit mangé plus proprement mais elle remplissoit sa bouche comme font les enfans affamés ou mal appris. Cela nous a bien fait rire et comme Cécile n’aime point à être plaisantée elle se gardera bien de s’y exposer à l’avenir18. »
11Due à la condition princière de sa pupille, l’ironie est, sous la plume d’Esther, plus subtile. Elle cherche en revanche à la responsabiliser quant à son âge et à sa position. Variant la méthode, les institutrices puisent également dans des moyens plus positifs tels que la flatterie, les remerciements, les éloges ou les promesses pour Clémentine Witel et la valorisation des bonnes actions pour Esther Monod. Ainsi, toutes les marques de sagesse et les moments où les jeunes filles ont témoigné de leur aptitude à se conformer à ce que l’on attend d’elles sont scrupuleusement consignés, loués et récompensés.
12Tout comme le jeune prince placé sous la tutelle du comte de Roseville qui se présente chaque matin dans le cabinet de son précepteur pour en solliciter la lecture19, les institutrices attendent d’Helena et de Cécile la même initiative. Helena se doit de marquer son désir de se corriger en souhaitant prendre connaissance de la relation des éventuelles erreurs commises que l’institutrice lui fait la faveur de relever. Cette responsabilisation implique également que la jeune princesse vienne spontanément avouer ses fautes – en particulier celles qui se sont passées en l’absence de l’institutrice – pour qu’elles puissent prendre place dans le cahier. Quant à Clémentine Witel, elle se dispense à l’occasion d’écrire de mauvaises actions parce que la jeune fille les a spontanément avouées à ses parents. Prendre conscience de ses erreurs et trouver le courage de les avouer est considéré comme la meilleure voie pour se corriger dans un processus qui s’est éloigné de sa connotation religieuse. Ainsi, dans le journal d’Helena, Dieu n’est-il jamais évoqué. La jeune fille doit s’améliorer afin de remplir les devoirs qu’elle a envers ses parents, son institutrice et elle-même. Comme la technique du journal en témoigne, l’aveu devient une véritable pièce maîtresse de la formation morale20. Le philosophe allemand Basedow soulignait, dans sa Méthode élémentaire, les bienfaits de la démarche et la façon dont celle-ci se devait d’être envisagée :
« Rien de plus important pour les enfants, quand ils ont été désobéissants, quand ils ont offensé quelqu’un & qu’ils commencent à sentir leur tort, que de les accoutumer à faire l’aveu de leurs fautes avec une certaine franchise. Mais il est toujours nuisible d’employer la violence pour les porter à cette démarche ; car s’ils ne reconnoissent pas leur faute du fond du cœur, c’est une hypocrisie qui déprave leur caractère21. »
13Le journal tel que le conçoit Félicité de Genlis soutient ce processus. Ainsi, le comte de Roseville insiste-t-il sur le fait que le jeune prince écoute le compte rendu, lors de la première lecture, sans mot dire, manifestant par son silence la reconnaissance de ses torts. Pour Cécile, l’acceptation tacite des comptes rendus rédigés par l’institutrice – et des fautes commises – se fait en deux temps ; chaque matin elle prend connaissance du journal de la veille et chaque semaine elle lit à ses parents les pages relatives aux sept jours écoulés.
Façonner des jeunes filles modèles
14Dans la famille Constant, le journal est renforcé par deux autres moyens destinés, eux aussi, à influencer le comportement de la jeune Cécile. Ces outils ne sont pas issus des ouvrages de Félicité de Genlis mais de ceux de Johann Bernhard Basedow illustrant la faculté des éducateurs à puiser dans la littérature les moyens qui leur semblent les plus à même de les servir dans leur tâche. Ainsi, chaque action de la jeune fille est récompensée ou sanctionnée par une bonne ou une mauvaise note inscrite sur un tableau, débouchant sur un système de punitions et de récompenses. Au terme de la semaine, si les bonnes notes excèdent les mauvaises, la jeune fille reçoit une récompense. Dans le cas inverse, elle se voit contrainte à payer une amende22. À cela s’ajoute l’usage d’un « livre noir », destiné à prendre note des paroles grossières que Clémentine Witel ouvre à l’occasion23. Si ce livre noir semble n’avoir pas fait long feu, ce n’est qu’à l’âge de seize ans que le système de notation est abandonné car la jeune fille est jugée, comme l’écrit l’institutrice « en âge à présent de se conduire raisonnablement par elle-même et sans y être engagée par des bonnes notes24 ».
15Dans la famille Constant, journal, livre et notes sont combinés pour contraindre étroitement le comportement de l’enfant. Ils témoignent d’un désir de modeler la personnalité – sorte de « corsetage » des âmes25 – de la jeune fille dans le sens désiré par les parents et par les gouvernantes. Alors que l’observation est orientée vers l’amélioration de l’enfant, l’écriture se veut performative. On attend que la rédaction, ou la menace de la rédaction, agissent sur le comportement dans un sens positif comme le formule la gouvernante d’Helena Pavlovna : « Elle a été douce et aimable comme hier et j’ai promis que le journal serait embelli de bons témoignages, ce qui a paru causer une grande joye à son altesse et fortifier encore l’envie de bien faire26 » ou dans un sens prohibitif comme l’utilise Clémentine Witel à l’occasion : « On a eu de la peine à la calmer et j’ai vu le moment où il faudroit la menacer du journal pour la faire entrer dans son lit et y rester tranquille27. » Il est envisagé comme un moyen temporaire, appelé à être abandonné lorsque la conduite de la jeune fille le permettra. Clémentine Witel en fait le vœu pieux lorsqu’elle entame le douzième cahier : « Puisse ce livre qui commence si bien et que M. Constant a choisi couleur de l’espérance n’avoir plus de successeur et Cécile être devenue si douce que la plume m’en tombe des mains pour ménager sa modestie28. » Écrire les fautes de l’enfant est aux dires des institutrices une souffrance à laquelle elles ne se résolvent qu’à contrecœur et pour le bien de leur élève. Elles ambitionnent au contraire de rédiger une belle histoire :
« Chère Cécile il ne tient qu’à vous de rendre ce journal charmant à l’avenir. Faites en sorte que je n’aie plus rien a y écrire de pénible et que votre histoire soit celle d’un enfant doux, obéissant et aimable vous pouvez être tout cela malgré votre excessive vivacité et vos sept ans29. »
16Ce souhait, exprimé par Clémentine, l’est également, et dans des termes presque similaires, par Esther Monod, qui écrit en préambule : « Je viens de vous quitter, Madame, et je m’occupe encore de vous en m’imposant la tâche d’écrire chaque soir l’histoire de votre journée. Il est au pouvoir de votre Altesse Impériale de me rendre cette occupation aussi douce qu’agréable, c’est en me fournissant les moyens d’écrire beaucoup de bien30. » L’assimilation du journal à une « histoire » de la vie des jeunes filles montre l’influence déterminante de la littérature sur les pratiques. Par le truchement de la plume, Cécile et Helena deviennent des personnages dans lesquelles les scriptrices souhaitent retrouver les qualités des jeunes héroïnes des romans pédagogiques – telles Émilie, Adèle ou Caroline – ce qui rend compte du désir de les contraindre dans ces modèles de comportement. Ainsi, Clémentine Witel rapproche-t-elle explicitement Cécile des personnages fictionnels du Magasin des enfans de Marie Leprince de Beaumont, la jeune Lausannoise devenant à l’occasion, en fonction de son comportement, « Lady Babiole », « Mlle Gentille » ou « Mme Volontaire31 ». Par période également, s’inspirant, pour appâter son futur lecteur, d’usages littéraires, l’institutrice donne un sous-titre aux différents comptes rendus. Ainsi celui du lundi 15 juillet 1811 est-il intitulé La complaisance et celui du mercredi 31 du même mois L’affreux caprice. Si les institutrices sont contraintes de faire la litanie de leurs reproches envers leurs pupilles qui ont été désobéissantes, qui se sont salies, qui se sont montrées malpolies ou qui n’ont pas travaillé avec assez d’assiduité, ceux-ci renvoient en miroir leur perception de l’enfance. Helena et Cécile, tout comme les héroïnes de la littérature d’éducation, ne sont pas des petites filles sans défaut parce qu’elles sont encore des enfants revêtus des caractéristiques tels le naturel, la légèreté ou le goût pour les activités ludiques qui caractérisent cet état. En revanche, elles sont perfectibles et entrent de « bon gré » dans le jeu de l’éducation pour devenir des jeunes filles accomplies, modèle qui demeure l’idéal de la société nobiliaire et bourgeoise à la fin du xviiie et au début du xixe siècle. C’est à cela qu’aspire ouvertement Clémentine Witel : « Si Cécile doit être à 15 ans une petite demoiselle accomplie je voudrois la voir alors au prix de 10 ans de ma vie. Ce ne seroit pas payer trop cher un si grand bonheur32. »
17Dans le monde de représentation – la cour – auquel appartient Helena, où cette dernière attire tous les regards, le journal que rédige Esther Monod habitue la jeune fille à un autocontrôle continuel. Il la prépare à cette position particulière en lui renvoyant constamment en miroir son comportement afin qu’elle apprenne à adapter sa conduite sachant qu’elle sera toute sa vie observée et évaluée. Son rang induit des devoirs qui lui sont propres et que soutient l’écriture :
« Voilà donc à quoi Madame Helene s’expose par les négligences répétées au lieu de cela si elle prenait la ferme résolution de changer de conduite, Elle pourrait un jour par ses vertus, ses connaissances, et ses talens, être un des ornements de son Siecle et faire le bonheur de ceux qui dépendront d’Elle. La place que Son Altesse occupe attire les regards et demande beaucoup, on sait qu’Elle est née avec les plus heureuses dispositions, qu’Elle à tous les moyens possibles pour les développer. Mais si Madame Helene ne répond pas à ce qu’on est en droit d’attendre d’Elle, combien alors Elle serait coupable, et que de reproches on aurait à lui faire33. »
18L’argumentation de la gouvernante se rapproche du plaidoyer de Félicité de Genlis dans son Discours sur l’éducation du dauphin qui souhaitait, par la publicité donnée à son journal d’éducation que « placé, pour ainsi dire, dans tous les momens de sa vie, sous les yeux de la Nation, il [le dauphin] apprendroit, dès son enfance, à la regarder comme un juge respectable de ses actions & de sa conduite, & le suffrage du peuple deviendroit pour lui la plus glorieuse des récompenses34 ».
19Dans le milieu bourgeois, l’importance d’une certaine forme de paraître qu’accompagne une autosurveillance soutenue semble tout aussi essentielle. Une haute naissance implique des devoirs et exigences et Clémentine Witel répète régulièrement à la jeune Cécile, avec nombre d’expressions imagées, qu’elle n’a pas le comportement d’une jeune fille qui peut se prévaloir d’une naissance telle que la sienne. La scriptrice s’offusque notamment lorsqu’elle aperçoit sa pupille en train de se traîner sous la table : « il ne faut plus se permettre ce jeu-là qui ressemble plus au cadet des fils du fermier qu’à une petite demoiselle35 » ou lorsqu’elle agit sans distinction : « Cécile ne trainez pas ce bâton comme feroit un bambin de Lausanne36. » Dès son plus jeune âge, Cécile est intégrée dans l’univers social de ses parents tout en se construisant progressivement le sien. Puisque les membres de la société assistent à l’évolution de la jeune fille, on souhaite qu’elle se fonde, sans trop tarder, dans le moule des attentes du milieu.
20L’âge auquel les institutrices débutent la rédaction influe indubitablement sur la forme du journal. Alors que Louise Martin choisit de rédiger un journal d’éducation pour sa jeune pupille qui n’a que trois ans, Cécile et Helena, âgées de six et huit ans, ont selon la conception commune déjà atteint l’âge de raison au moment où leurs gouvernantes prennent la plume. Le développement de leur conscience leur permet de distinguer le bien du mal. Le journal – de type éducatif – renforce alors l’éducation morale dispensée notamment par les lectures. L’étude de cas menée par Arianne Baggerman sur les pratiques de lecture du jeune scripteur hollandais, Otto van Eck, a permis de mesurer l’impact des lectures moralisatrices sur ce garçon. Imprégné par ce genre littéraire, Otto ne peut lire un ouvrage sans chercher à identifier les considérations morales qu’il véhicule, comme en témoigne l’extrait qu’il tire du Katechismus der natuur (1777-1779) rédigé par Johannes Florentius Martinet dans lequel il ajoute une morale à un ouvrage qui n’en comporte pas37. Dans la famille Constant, les histoires servent de miroir à la jeune Cécile quant à son propre comportement et la morale lui indique la voie à suivre. Le 28 juillet 1809, alors qu’elle est âgée de six ans, l’institutrice rend compte :
« Cécile a refusé à Monsieur son papa de lire un nom qui nous est bien cher et Cécile a résisté aux prières puis aux ordres de Monsieur Constant. Qu’en est-il résulté ? Cécile a été renvoyée et le porte-feuille s’est fermé. Cécile n’a senti sa faute et ne l’a réparée qu’après avoir lu l’histoire d’une petite Caroline qui s’est corrigée de ses déffauts. Cécile l’imitera et vous verrez comme elle va s’acquitter de son examen et mériter les caresses de ses parens38. »
21Cet usage moralisateur et édifiant que fait Clémentine Witel est conforme à celui que propose la littérature d’éducation dans laquelle les contes servent de support aux discussions. Ce procédé constitue la trame du Magasin des enfants de Marie Leprince de Beaumont, alimente les Conversations d’Emilie (1773) de Louise d’Épinay et se retrouve dans les ouvrages de Félicité de Genlis. Ces ouvrages, appartenant à cette nouvelle littérature à destination des enfants orientée fortement vers le développement de la vertu39, proposent du reste une mise en abyme de l’impact que devraient avoir les lectures édifiantes sur le comportement enfantin. Dans le Magasin des Enfans, les contes narrés par la gouvernante sont analysés par les jeunes filles afin qu’elles en comprennent – et intègrent – la morale. L’utilisation est la même dans les Veillées du château. Madame de Clémire dont le mari se rend à l’armée quitte Paris en compagnie de ses trois enfants pour s’installer dans un petit château bourguignon. En accord avec la grand-mère, partie avec eux, elle décide, pour animer leur soirée de leur conter chaque soir des histoires susceptibles de les intéresser mais surtout de les instruire. L’effet est à la hauteur de ses espérances. Ainsi, après les quatre premières veillées, ayant entendu l’histoire de Delphine, une jeune fille gâtée qui découvre progressivement la valeur de l’argent et la satisfaction que donnent les actions désintéressées et charitables, les enfants de Mme de Clémire décident de réserver les huit livres qu’ils envisageaient de dépenser pour un cabinet vitré destiné à exposer des papillons, pour venir en aide à une personne dans le besoin40. Deux veillées sont consacrées à l’histoire d’Églantine, une jeune fille dont l’indolence gâche l’éducation soignée qui lui est offerte. Aussitôt Caroline, l’une des deux filles de Mme de Clémire, promet d’être plus soigneuse, attentive et appliquée41.
22Les journaux accompagnent l’usage de la littérature à fin d’édification en permettant aux gouvernantes de dispenser aux jeunes filles des leçons – en fonction de leur comportement – comme le suggérait Félicité de Genlis dans son Discours sur l’éducation de M. le Dauphin :
« Le journal particulier de ses fautes & de ses bonnes actions formeroit également son cœur & son esprit. Les seules réprimandes faites de vive voix, au moment de la faute commise, ont peu d’efficacité, ou même ne produisent qu’un effet contraire à celui que l’Instituteur se propose. Trop souvent, dans les premiers mouvements, l’humeur & la vivacité se mêlent aux leçons, & presque toujours l’instant où l’on vient d’avoir un tort, est celui où l’on est le moins disposé à le sentir. Mais les leçons qu’on écrit sont toujours sages, parce qu’elles sont toujours réfléchies. Rien de ce qui peut les rendre frappants n’y est omis ; on ne se contente pas de les faire une seule fois, on peut les graver dans la tête de son Eleve42. »
23Dans Adèle et Théodore, la page du journal du prince que le comte de Roseville transcrit pour son correspondant amalgame étroitement le compte rendu de la journée avec des leçons destinées à démontrer les conséquences d’attitudes inappropriées. Ainsi, alors que le prince a commis une faute en accusant à tort l’un de ses valets d’avoir contrevenu à ses ordres, le gouverneur lui explique quelle attitude aurait dû être la sienne, à savoir celle d’un homme avisé s’attachant à prendre des renseignements avant de se forger une opinion43. Esther Monod, Clémentine Witel et Antoinette Benoît se conforment à cette façon de procéder. Des leçons de morale, dispensées en fonction de leurs observations, viennent fixer sur le papier et graver dans la mémoire des jeunes filles celles dispensées oralement. Lorsque, par la faute d’Helena, sa jeune sœur est privée de sa visite hebdomadaire à ses illustres parents, le grand-duc Paul et la grande-duchesse Marie Feodorovna, l’institutrice s’indigne du manque de courage dont elle a fait preuve en refusant d’endosser sa responsabilité auprès d’eux. Elle relate alors toute la scène et rappelle la leçon qu’elle s’est employée à dispenser : « J’ai tâché de faire sentir à Madame Hélene qu’une étourderie peut se pardonner, mais que rien ne peut excuser une légéreté qui étouffe en nous la sensibilité, la justice et le devoir44. » En mêlant ainsi étroitement ces deux dimensions, les institutrices entendent donner un impact fort aux erreurs de leurs élèves les utilisant comme des exempla. Le journal agit alors comme un soutien à la conscience en développement de l’enfant, les institutrices leur soufflant, par le biais de la plume, les pensées que devrait leur inspirer leur comportement sur fond, là encore, de craintes quant à la nature inaltérable des impressions comme le rappelle Clémentine Witel à sa pupille : « on peut s’instruire toute sa vie ; mais le caractère une fois formé ne se corrige plus. Cécile pensez y bien et aidez nous si vous désirez votre bonheur et le nôtre45 ». En leur montrant la voie à suivre et en stigmatisant leurs fautes, le journal les aide à atteindre cet idéal élevé.
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24Le journal d’éducation, dans lequel l’éducateur prend note de ses observations sur ses élèves et réfléchit à leur formation ou le journal éducatif, destiné à influencer la conduite de l’enfant, sont deux instruments auxquels les précepteurs et gouvernantes eurent recours dans le cadre de leur pratique. À l’instar du physicien qui observe et recueille les faits de la nature, l’éducateur se doit d’observer le matériau – l’enfant – qui lui est confié. Pour Pierre Prevost, le journal permet une « scientifisation » – bienvenue – de l’éducation en offrant la possibilité de réorienter constamment les interventions éducatives en fonction des observations. Mais écrire offre également l’opportunité de marteler l’importance de la fonction et de prouver son implication en répondant aux critiques très vives véhiculées à l’encontre des éducateurs par la littérature d’agrément et la littérature pédagogique. Les précepteurs et gouvernantes s’approprient, par l’écriture, un statut de pédagogue auquel leur formation ne les a pas préparés mais que leur fonction appelle. Elle leur permet d’affirmer avec force leur légitimité, leur engagement et les connaissances acquises par la lecture et l’expérience. La foi dans l’éducation et la fonction se lit dans ces journaux qui portent en filigrane les craintes mais aussi les attentes que suscite l’idée de la puissance de l’éducation. Commettre des fautes dans un domaine de cette importance, c’est à la fois trahir la confiance des parents qui leur ont confié un dépôt précieux et manquer à leur devoir. Mais réussir cette tâche et façonner des jeunes gens vertueux, c’est, à l’inverse, contribuer activement à une régénération souhaitée de la société. Pour des personnes qui se disent profondément pieuses, telles que Louise Martin et Clémentine Witel, il n’est pas concevable de faillir à cette tâche qui dépasse la formation sociale et intellectuelle pour inclure le développement – hautement sensible – de la conscience de l’enfant. Et former de jeunes princesses renforce encore la perception de l’importance de la fonction. Sur la base des écrits de Félicité de Genlis, et encouragées par les modèles proposés par la nouvelle littérature à destination des enfants, les gouvernantes ont tenté de modeler leurs jeunes élèves par la pratique du journal, témoignant du pouvoir qu’elles accordaient à l’écriture pour soutenir le processus d’amélioration.
Notes de bas de page
1 Monod Esther, Journal de la grande duchesse Helene Pavlovna, mars-mai 1792, BCUL, fonds Monod IS 1920 Ob 1, 1er cahier.
2 Witel Clémentine, Journal de Cécile Constant, 1809-1811, ACV, P Constant Ci 1, 12 cahiers ; Benoît Antoinette, Journal pour Cécile Constant, 1812-1819, ACV, P Constant, Ci 1, 11 cahiers.
3 Eimann Amandine, op. cit., p. 28. Sur cette gouvernante encore trop peu connue, voir Grisoni Albertine, Éduquer des princesses en Russie. Jeanne Huc-Mazelet (1765-1852) et Esther Rath (1764-1844), gouvernantes à la cour impériale, mémoire de master sous la direction de Danièle Tosato-Rigo, université de Lausanne, 2015.
4 Pour André Bandelier, cet attachement des gouvernantes à la formation morale de leurs élèves participait d’un désir de revalorisation de leur tâche. Il écrit : « Ces femmes, conscientes de leur fonction et de leur éducation, parfois de leur naissance, éprouvent un besoin très fort de reconnaissance. Ne voulant passer ni pour servantes, ni pour maîtresses d’école, encore moins pour simples maîtresses de français, elles affirment la primauté de l’éducation sur l’instruction dans la tradition de la gouvernante vouée à former le cœur de sa ou de ses pupilles et à inculquer le respect du divin » (Bandelier André, « Échanges épistolaires et préceptorat des Lumières », Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, t. XXIX, 2002, p. 149).
5 BCUL, fonds Monod, Is 1920/Ob4.
6 Pavlovna Helena, Journal, février 1792, BCUL, fonds Monod, 10 février 1792.
7 La gouvernante n’oubliera pas pour autant son projet. Au moment de quitter provisoirement son service en 1797, elle rédige une longue lettre pour la jeune princesse dans laquelle elle présente l’emploi du temps idéal qui devrait rythmer son quotidien. La fin de la journée devrait être consacrée à l’écriture diaristique, comme elle l’écrit : « Il est une habitude, Madame, que j’aimerais bien a vous voir prendre, celle d’écrire chaque soir l’emploi de votre journée, vous pourriés vous en occuper pendant qu’on roule vos cheveux […] Après avoir écrit l’emploi de votre journée, vous le lirés avec attention, ce sera une bonne préparation pour votre prière du soir que vous ferés je l’espère avec le même sentiment de ferveur que celle du matin » (lettre d’Esther à la grande-duchesse Helena Pavlovna, 27 août 1797, fonds Monod, IS 1920, Of 2, no 3, reproduite par Grisoni Albertine, op. cit., t. II, p. 33-40).
8 Fils de Samuel-Henry Constant de Rebecque et d’Henriette-Marie de Saussure, né le 26 octobre 1777, il appartient à la branche vaudoise cadette des Constant de Rebecque et n’est lié qu’indirectement aux petits-enfants de Samuel Constant de Rebecque et de Rose-Susanne de Saussure et notamment à Benjamin et Rosalie Constant.
9 Voir Moret Petrini Sylvie, « Entre “jeu de poupée” et “petite société”, l’enfance de Cécile Constant sous les yeux et sous la plume de ses gouvernantes », Annales Benjamin Constant, no 34, 2009, p. 175-190.
10 Jérémie Witel, genevois d’origine, exerça la profession d’imprimeur puis d’instituteur. Dans l’article qu’il consacre au destin de cette famille dont deux membres, le père et l’un des fils, seront condamnés à mort et exécutés, Walter Zurbuchen omet Victoire Clémentine. En se basant sur le recensement général de la population genevoise effectué en 1793, il mentionne en revanche les quatre fils de Jérémie Witel – Édouard, Charles-Samuel, César-Octave et Marc-Henry-Louis (Zurbuchen Walter, « Une famille tragique : les Witel », Revue du Vieux Genève, no 14, 1984, p. 57). Dans son journal, Clémentine évoque son frère Charles décédé quelques années plus tôt et explique avoir été orpheline de père à l’âge de douze ans (Witel Clémentine, Journal de Cécile Constant, 1809-1811, op. cit., 18 juillet 1810).
11 Antoinette Benoît ne retourne à Genève que dans les années 1820. Elle y épouse, en 1823, Bernard Naef avec lequel elle aura un fils, Eugène-François-Bernard (1825-1897) [Naef Henri, La famille Naef et le lignage de Gattikon en Suisse romande, Lausanne, Éditions Spes, 1932, p. 159].
12 La série compte en réalité vingt-quatre cahiers. Deux d’entre eux sont rédigés par le père de Cécile à l’occasion de deux voyages en Suisse (en 1812 et 1813). Intitulés Journal de Cécile, ils ne peuvent toutefois pas prétendre à ce titre car bien que la jeune fille accompagne son père lors de ces voyages, elle est absente du récit qui se concentre, conformément à l’usage, sur la description des lieux traversés. Ils ne sont du reste pas classés avec les autres cahiers (ACV, P Constant Cf 2).
13 Witel Clémentine, op. cit., 16 février 1811.
14 Contrat signé entre Antoinette Benoît et César Constant le 14 juillet 1812 (ACV, P Constant Ci 2).
15 Ou « lecteur tiers », comme le rappelle Luciani Isabelle, « Conclusion. Le récit de soi comme un projet d’histoire sociale », in Isabelle Luciani (dir.), Écriture, récit, trouble(s) de soi : perspectives historiques (France, xvie-xxe siècles), Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, coll. « Le temps de l’histoire », 2012, p. 251.
16 Dekker Rudolf M., « Egodocuments in the Netherlands from the Sixteenth to the Nineteenth Century », art. cité, p. 275.
17 Witel Clémentine, op. cit., 7e cahier, mercredi 16 mai 1810.
18 Ibid., 2e cahier, mardi 1er août 1809.
19 Genlis Stéphanie Félicité de, Adèle et Théodore, op. cit., t. I, lettre XXXVI, p. 177.
20 Pour Françoise Simonet-Tenant, si le xviiie siècle laïcise l’aveu, l’individu en intériorise l’obligation. Avouer ne répondrait plus seulement à une injonction mais serait devenu un besoin (Simonet-Tenant Françoise, Journal personnel et correspondance [1783-1939], ou, Les affinités électives, Louvain-la-Neuve, Academia/Bruylant, coll. « Au coeur des textes ; 18 », 2010, p. 20).
21 Basedow Johann-Bernhard, Manuel élémentaire d’éducation, op. cit., p. 53-54.
22 L’utilisation de l’argent comme moyen de récompense ou comme sanction apparaît comme une pratique largement répandue. Ainsi, Sophie d’Erlach, fille du seigneur de Wildegg confiée à sa grand-mère durant sa prime enfance, relate-t-elle dans son autobiographie qu’elle reçoit 5 batz pour chaque psaume appris et récité. Le système est rapidement instrumentalisé par l’enfant qui déclare s’être dès lors appliquée à l’apprentissage de nouveaux psaumes lorsqu’elle avait besoin d’argent (Erlach Sophie d’, née Effinguer de Wildegg, Autobiographie, 1766-1824, ACV, P Charrière de Sévery Ci 37, p. 2).
23 « Ma petite joye a été sage dès le matin l’examen a été bon et parce que le livre noir ne reprochait aucune parole grossière M. Constant a payé 13 bonnes notes de plus qu’il ne devoit et en argent tout neuf » (Witel Clémentine, op. cit., 7e cahier, 10 mai et 13 mai 1810).
24 Benoît Antoinette, op. cit., 12e cahier, 8 mars 1819.
25 Simonet-Tenant Françoise, Journal personnel et correspondance, op. cit., p. 151.
26 Monod Esther, op. cit., 16 mars 1792.
27 Witel Clémentine, op. cit., 1er cahier, 30 mai 1809.
28 Ibid., 12e cahier, 12 août 1811.
29 Ibid., 6e cahier, 17 février 1810.
30 Monod Esther, op. cit., p. 1.
31 Witel Clémentine, op. cit., 2e cahier, 8 juillet 1809.
32 Ibid., 11e cahier, 22 juillet 1811.
33 Monod Esther, op. cit., 20 avril 1792.
34 Genlis Stéphanie Félicité de, Discours sur l’éducation de M. le Dauphin, op. cit., p. 43.
35 Witel Clémentine, op. cit., 3e cahier, 5 août 1809.
36 Ibid., 2e cahier, 4 juillet 1809.
37 Baggerman Arianne, « The Moral of the Story: Children’s Reading and the Catechism of Nature around 1800 », in Pamela H. Smith et Benjamin Schmidt (dir.), Making knowledge in early-modern Europe: Practices, objects, texts, 1400-1800, Chicago, Chicago University Press, 2007, p. 143-161.
38 Witel Clémentine, op. cit., 2e cahier, 28 juillet 1809.
39 Le développement de la littérature enfantine en l’Angleterre à la fin du xviiie siècle qui se signale par sa forte dimension morale a été étudié par Sophie Loussouarn, « La littérature enfantine en Angleterre au xviiie siècle », XVII-XVIII. Bulletin de la société d’études anglo-américaines des xviie et xviiie siècle, no 50, 2000, p. 99-114. Elle souligne notamment la volonté progressive de transmettre cette morale non par des contes mais par des histoires qui mettent en scène la vie quotidienne à laquelle les enfants peuvent s’identifier.
40 Genlis Stéphanie Félicité de, Les veillées du château, op. cit., p. 62-63.
41 Ibid., p. 162-210.
42 Genlis Stéphanie Félicité de, Discours sur l’éducation de M. le Dauphin, op. cit., p. 44.
43 Genlis Stéphanie Félicité de, Adèle et Théodore, op. cit., t. I, lettre XXXVI, p. 178-179.
44 Monod Esther, op. cit., 24 avril 1792.
45 Witel Clémentine, op. cit., 7e cahier, 23 juin 1810.

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