Introduction
p. 7-20
Texte intégral
Étudier la socialisation de la jeunesse populaire à travers le sport
1Ayant pour objet des pratiques corporelles de groupes stigmatisés au sein de deux espaces urbains marginalisés en France et aux États-Unis, cet ouvrage se veut une contribution à l’étude des recompositions et des socialisations des classes populaires urbaines. Le lecteur y trouvera une analyse sociologique de pratiques peu étudiées et constitutives du style de vie des fractions masculines de la jeunesse populaire en France et aux États-Unis. Il y a un intérêt particulier à « sociologiser » les pratiques sportives dans la mesure où elles sont souvent rattachées à des discours normatifs et essentialisants qui attribuent l’excellence sportive à des groupes sociaux à faibles ressources légitimes, « racialisés » et frappés d’indignité culturelle en la justifiant par l’idéologie du « don naturel » ou à une propension à la violence. Si elles sont souvent traitées sous l’angle des loisirs, comme des dérivatifs voire simplement méprisées, ou au contraire l’objet d’hagiographies, les pratiques sportives sont justiciables d’une approche sociologique et constituent d’excellents analyseurs des rapports sociaux, de classe, de genre et ethno-raciaux1, à condition de se déprendre des représentations spontanées sur ces pratiques. On les appréhendera plus précisément comme « un rameau de la sociologie de la culture2 » comme nous y invite Jacques Defrance. Parce que refuser de considérer le sport comme faisant partie de la culture revient à délégitimer des formes de compétences, en l’occurrence corporelles, a fortiori lorsqu’elles sont acquises par les fractions masculines des quartiers populaires, j’ai considéré les pratiques sportives comme des pratiques culturelles. En évitant le double écueil du populisme et du misérabilisme3, cette démarche consiste à considérer l’importance de la dimension incorporée du capital culturel4, dans sa composante sportive, et invite à prendre en compte la construction de dispositions spécifiques, l’articulation de la position dominée des enquêtés, des différentes formes de ressources, peu visibles, que possèdent les classes populaires (notamment celles qui fonctionnent le plus ici, le capital social et culturel) et comment elles les investissent dans un microcosme social.
2L’histoire de ces jeunes sportifs s’inscrit dans celle plus large de la décomposition de la classe ouvrière et de la recomposition des classes populaires contemporaines collectivement affaiblies, désormais dépourvues de véritables représentants politiques. Voilà plus de trente ans que les quartiers populaires urbains subissent des processus de déstructuration qui ont des effets désocialisants sur les membres des classes populaires et leur style de vie : dégradation des conditions de travail, précarité, chômage, insécurité sociale et temporelle, détérioration de la santé, etc. Résidant dans des zones urbaines touchées au premier plan par la désindustrialisation, les générations des jeunesses enquêtées, désouvriérisées, ont subi de plein fouet les politiques de restructuration de l’économie et de l’emploi. Ces conditions économiques et sociales, ajoutées aux expériences de relégation sociale, résidentielle et scolaire, ainsi que les discriminations raciales et l’image tenace de « racailles » martelée par les médias et les politiciens, sont profondément intériorisées par les jeunes enquêtés et se traduisent par un sentiment d’impuissance sociale chez ces jeunes et des comportements sociaux qui peuvent paraître pour certains complètement incompréhensibles. Le quartier peut alors être le lieu qui « amortit » les effets de ces bouleversements socio-économiques et où cette jeunesse trouve refuge. Néanmoins, en favorisant l’intrusion de la culture légitime au sein des classes populaires, la « massification » scolaire et la « tertiarisation » de l’économie n’ont pas pu rester sans effets sur les jeunesses populaires. Dans un tel contexte, quelle place la socialisation sportive des jeunes prend-elle dans la recomposition des masculinités populaires ?
3Sans forcément y apporter une réponse définitive, cet ouvrage pose la question de l’autonomisation d’une culture propre aux jeunes des quartiers populaires urbains et de sa relation à la culture légitime. Si le groupe ouvrier a perdu de son autonomie symbolique, on fait l’hypothèse que cette autonomie s’est en partie déplacée, en se transformant, au sein de l’espace sportif. Dépourvus d’un réel héritage ouvrier mais possédant un héritage racial dans le cas américain et colonial dans le cas français, les « jeunes de quartier », ayant développé un style de vie propre, y trouvent un lieu de forte sociabilité, d’expression et de quête de respectabilité. L’objectif de ce livre est donc de faire entrer le lecteur dans la fabrique sociale de sportifs des fractions masculines des classes populaires urbaines contemporaines en comparant la France et les États-Unis. La comparaison des pratiques sportives de jeunes garçons dans une banlieue populaire française et un ghetto noir américain est, à bien des égards, riche d’enseignements sociologiques dans la mesure où, bien que les contextes socio-historiques soient différents, ces deux jeunesses possèdent des propriétés sociales similaires et occupent des positions proches dans la structure de classe, ethnique et de genre. Les processus sociaux et historiques propres à la société américaine et à la société française ont institué ces groupes en porteurs d’un stigmate ethno-racial et de classe tout en conférant un stigmate territorial aux zones urbaines où ces mêmes groupes ont toutes les chances de résider. Les membres de ces groupes stigmatisés partagent ainsi l’expérience de « double conscience5 ». Ces processus de domination ethno-raciale sont masqués par des idéologies à prétention universaliste : le multiculturalisme aux États-Unis (qui ne verrait que des « minorités » traitées de manière soi-disant égalitaire) et l’idéologie républicaine en France (qui ne reconnaîtrait que des citoyens abstraits). Leur position dans l’espace social ainsi que leur adhésion à ces idéologies nationales font qu’ils entretiennent des relations ambivalentes à la culture légitime de leur société. Les salles de sport enquêtées permettent aux fractions masculines de ces quartiers à la fois de vivre pleinement leur style de vie propre mais aussi de desserrer l’étau d’un destin social cloisonné et de s’ouvrir partiellement à « l’extérieur » et au monde des « autres ».
4Soumis à une urbanisation rapide, dépourvus de lieux de mémoire légitimes, les ghettos noirs américains et les banlieues populaires françaises sont perçus comme des zones concentrant tous les « problèmes sociaux » (délinquance, chômage, immigration, échec scolaire, etc.) au sein d’un espace urbain délimité, dégradé, racialement homogène aux États-Unis et ethniquement hétérogène en France. Les sportifs enquêtés appartiennent à ces générations qui ont connu les effets du « virage » sécuritaire à la fois aux États-Unis, avec la politique de la « tolérance zéro » à New York pendant le mandat du maire Rudolph Giuliani, et en France, un peu plus tard, avec le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy qui s’en est inspiré. Ces deux espaces, et leurs habitants, deviennent les cibles de politiques et pratiques ambivalentes, à la fois sociales et pénales, visant à régler ces « problèmes ». Ce n’est pas tant à cause de la « mondialisation » ou de la circulation internationale des styles de vie que parce qu’ils occupent des positions dominées en partie similaires dans les structures ethnique, de classe et de lieu que les fractions viriles des classes populaires urbaines américaines et françaises développent des stratégies de vie relativement proches qu’il s’agit ici d’analyser.
5Sans chercher à trouver une finalité rationnelle à ces pratiques, ni à leur accoler des attributs mécanistes, mais en établissant leurs conditions sociales de possibilité, il s’agit, dans le cas de jeunes hommes des quartiers déshérités, de comprendre les stratégies de vie et les intérêts spécifiques qui orientent le quotidien de ces jeunes dont les profanes peuvent penser qu’il est dépourvu d’intérêt, vulgaire, voire violent. Les pratiques étudiées, la musculation et la boxe anglaise aux États-Unis et la boxe thaï en France, ont été choisies car elles permettent d’interroger les rapports de classe, de genre, ethno-raciaux et les enjeux autour de la représentation du corps stigmatisé et donc des croyances ethno-raciales et des jugements de goûts qui y sont associés. On se donne ainsi les moyens d’étudier des pratiques qui s’inscrivent dans un style de vie spécifique qui a partie liée avec les chances de vie et l’estimation de l’honneur social de groupes dominés. Ces groupes « parias » sont en mesure de croire, malgré la stigmatisation, en leur dignité6 et ces pratiques sont à comprendre comme des manières expressives de porter l’honneur du groupe social auquel ils appartiennent.
6Aux États-Unis, la représentation collective des Afro-Américains évolue historiquement, mais on a tendance à attendre, dans l’interaction, une « façade » stéréotypée au sens de Goffman de la part des Afro-Américains des classes populaires, un élément de cette façade personnelle étant la musculature, voire une propension à la violence. En France, les « jeunes de cités » sont également perçus comme « aimant la bagarre » ou comme étant « violents ». Dans les sociétés française et américaine, mutatis mutandis, les catégories de classification dominantes font qu’on attend des jeunes hommes des banlieues populaires ou des ghettos noirs qu’ils aient certaines caractéristiques telles qu’une virilité exacerbée, l’agressivité, ou la propension à se battre, représentations qu’ils peuvent eux-mêmes avoir intériorisées. Or, en articulant l’analyse de la domination avec les modalités de l’autonomie des fractions masculines des classes populaires urbaines, l’étude ethnographique comparée des pratiques culturiste et pugilistique, qui dresse un tout autre tableau de ces quartiers et de leurs habitants, nous permet de mettre à jour la production de compétences corporelles et culturelles, de formes intenses de sociabilité populaire et d’une vision du monde spécifique située socialement.
Comparer deux sociétés et dénaturaliser les mondes sociaux
7Parce que les deux sociétés ont des cultures politiques, des idéologies nationales, des pratiques juridiques et policières, et des formes spatiales de ségrégation différentes, la comparaison entre la France et les États-Unis doit nous permettre de mieux saisir la manière dont la classe, l’ethnicité et le lieu rendent compte d’une nouvelle forme d’inégalités urbaines telle qu’elle est apparue après le développement différentiel des économies capitalistes et du néolibéralisme, et l’affaiblissement de l’État social dans des grandes métropoles comme Paris et New York. Les processus de marginalité urbaine et de domination ethno-raciale ne sont pas strictement les mêmes en France et aux États-Unis, mais ils interrogent le statut de citoyenneté des jeunesses populaires dans les deux sociétés. Il faut replacer ces processus dans les contextes historique et politique des sociétés dans lesquelles ils ont émergé pour qu’ils soient pleinement intelligibles. Les ghettos noirs américains et les banlieues populaires françaises demeurent des institutions sociales distinctes mais suffisamment proches par certains aspects pour mériter une comparaison. Ainsi, des processus différents peuvent avoir des effets et des manifestations concrètes similaires : pauvreté, dégradation environnementale, décomposition de classe, instabilité familiale, violence et insécurité, discriminations, ségrégation, stigmatisation ethno-raciale et territoriale, etc. La comparaison est une manière appropriée de trouver les « causes véritables » des phénomènes sociaux et ce qui est similaire et distinctif à propos de deux sociétés. Elle permet aussi, « en détournant de certaines pistes, qui ne sont que des impasses », de dénaturaliser ce qui est spécifique à une configuration sociale en rompant avec les « compartiments topographiques désuets où nous prétendons enfermer les réalités sociales7 » et en questionnant les catégories indigènes et savantes en rapport à l’objet. Des discours simplistes jouent avec les peurs et les fantasmes de manière récurrente : l’« underclass », le « gangbanger », le « thug » aux États-Unis, les « sauvageons », les « jeunes de banlieue » ou les « racailles » en France. Les États-Unis sont un cas paradigmatique de l’étude des groupes urbains marginalisés et les notions utilisées (« ghetto », « race », « diversité », « empowerment », etc.) ont toutes les chances d’être exportées et appliquées à d’autres réalités sociales nationales. On est là face à une difficulté majeure : nommer une catégorie d’acteurs sans emprunter le langage stigmatisant du sens commun qui renvoie ces « jeunes » à leurs « origines » ou à leur déviance supposée, à une essence, réduisant ainsi leurs déterminations historiques, sociales et économiques à leur appartenance ethno-raciale réelle ou supposée, ou, de manière euphémisée à un lieu d’habitation honni. Dans les deux cas, le « problème » des inégalités qui semblent s’installer durablement est posé en terme non seulement de catégories (impensées) de populations déviantes, mais également d’espaces géographiques particuliers. La question des inégalités sociales a été spatialisée8 et réduite à la question urbaine, notamment par le biais de l’« idéologie urbaine9 », au point de confondre les effets avec les causes et donc masquer la transformation des modes de reproduction de la force de travail, des groupes sociaux et des différentes formes de domination en attribuant de manière tautologique à l’« urbain » toutes les causes des « problèmes » de la ville, mais aussi en en faisant leur solution. En faisant de l’« urbain », c’est-à-dire en attribuant à l’espace les origines des « problèmes urbains », on évacue l’importance des pratiques et des rapports sociaux, politiques et historiques. Dans les deux sociétés, même si cela est plus récent en France dans le cadre d’une « réforme » de l’État et la mise en œuvre de politiques néolibérales, nous assistons à une responsabilisation de l’« individu » et non pas de la collectivité qui tend à déshistoriciser ces processus et à en faire oublier les causes structurelles. On rappellera que la domination ethno-raciale est un processus qui participe de la construction de l’État-nation10 et que les catégories ethno-raciales sont des constructions sociales produites à la fois par en « haut » et par en « bas ». Cette enquête a été menée dans un contexte comparable de transformation des classes populaires urbaines en France et aux États-Unis et de renouvellement de la question de l’« intégration » des « minorités ». En quoi les pratiques étudiées nous informent-elles sur ces recompositions des classes populaires ?
8Les ghettos noirs américains et les banlieues populaires françaises ont en commun certaines transformations structurelles, certaines stratégies de (sur) vie de leurs habitants, et les représentations hautement négatives que l’on s’en fait. Mais, comme l’a montré Loïc Wacquant, ces formations diffèrent aussi par leurs conditions historiques de construction et par l’ampleur des phénomènes qui les caractérisent, au point de ne pas pouvoir rigoureusement les assimiler11. La banlieue populaire française et le ghetto noir américain sont des espaces urbains d’isolement et de fermeture sociale qui sont principalement caractérisés par quatre processus sociaux en rapport étroit : la désindustrialisation, le retrait de l’État social, la désintégration et la ségrégation de classe, et la domination ethno-raciale (fondée sur l’ascendance d’esclave aux États-Unis, et sur l’origine coloniale en France). Néanmoins, il y a une différence essentielle entre eux : historiquement, le ghetto noir américain s’est formé sur une base raciale très homogène, alors que la banlieue populaire française, en dépit d’une forte concentration par endroits de divers immigrants et leurs enfants et donc d’une ethnicité hétérogène et parfois saillante, s’est plutôt développée sur la base de l’appartenance de classe. Les deux groupes sont passés par des processus de déprolétarisation qui ont rendu un grand nombre d’entre eux sans emploi et redondants économiquement. On peut donc dire avec Loïc Wacquant qui parle du ghetto et de la banlieue ouvrière comme caractéristiques de la « marginalité avancée » qu’« en dépit de tendances morphologiques et d’expériences vécues semblables la périphérie ouvrière française et le ghetto afro-américain demeurent deux constellations sociospatiales nettement distinctes12 ». Si les banlieues populaires françaises ont de fortes chances de voir se concentrer au sein de leurs habitats à loyer modéré des immigrants et leurs enfants, ces derniers ne sont, sauf exception, jamais majoritaires dans une ville ou un quartier ou même une cité où ils côtoient souvent des dizaines de nationalités, et où contrairement au ghetto noir américain, il y a un important « turnover » de la population. D’après l’INSEE, la tendance s’est même inversée, les immigrants sont de moins en moins membres de la classe ouvrière : entre 1992 et 2002, le nombre de travailleurs en usine parmi les immigrants a diminué de 13,5 %, contre 1,8 % pour les non-immigrants. Même s’il est vrai que, selon le recensement de 1999, 40 % des immigrants vivent en région parisienne, les immigrants maghrébins et d’Afrique subsaharienne représente 40 % de la population immigrante, donc pas une majorité, comme on pourrait le croire, qui menacerait l’ordre républicain par son « communautarisme », et 6 % de la population totale de la région parisienne, alors que depuis les années 1980 leur ségrégation est soit restée stable, soit a légèrement augmenté, et leur diffusion spatiale s’est plutôt faite là où leur présence était faible. Il est intéressant de noter que la ségrégation des Français des DOM-TOM, perçus comme Noirs, est très proche de celle des Algériens13.
9Il existe une certaine forme d’identification ethno-raciale parmi les jeunes habitants des banlieues populaires reposant sur une classification qui sépare les Arabes, les Noirs, les Asiatiques, etc., mais ce n’est pas vraiment un processus de stigmatisation raciale à proprement parler. C’est plutôt une utilisation quotidienne des différences perceptibles qui ont une efficace sociale parmi les jeunes et qui tendent à disparaître chez les adultes. L’humour est souvent utilisé afin de neutraliser les effets stigmatisants des préjugés ethno-raciaux que l’on porte sur eux. Par exemple, l’un des entraîneurs de la salle de boxe thaï enquêtée, lui-même Noir, dit en souriant aux jeunes boxeurs noirs, alors qu’une séance de piscine est prévue après l’entraînement la veille des vacances scolaires : « Hé ! Les renois, ne venez pas en slip s’il vous plaît ! », ce qui provoque des rires parmi les boxeurs, parce qu’il joue sur le cliché des jeunes garçons noirs venant à la piscine en slip au lieu d’un maillot de bain par manque d’argent. Pour ce qui est des ghettos noirs américains, l’immense majorité des résidents sont des Noirs, et on y trouve parfois dans une faible proportion des Hispaniques qui ont souvent eux-mêmes la peau noire, et une proportion infime de Blancs. En France, ce facteur est de moindre importance que dans le cas américain où le stigmate racial associé aux Noirs a une plus longue histoire et est plus prégnant. Tout porte à croire que les Noirs américains reprennent plus facilement le stigmate à leur compte, tout en le renversant, que les immigrants et leurs enfants français. Toujours est-il que l’un des effets de cette double stigmatisation – de classe et ethno-raciale – sur les habitants de ces quartiers est qu’ils sont contraints d’adopter des stratégies par rapport à l’apposition de ce stigmate : l’acculturation, l’inversion du stigmate, l’oubli. J’essaierai de montrer en quoi les pratiques sportives étudiées participent de ce répertoire de stratégies que les enquêtés mettent en œuvre.
10L’asymétrie des deux sociétés, et celle plus relative des pratiques étudiées, n’est pas sans poser de problèmes et incite à la prudence épistémologique. On aurait pu bien sûr se contenter d’une monographie. Néanmoins, l’approche comparative, si exigeante soit-elle, m’a paru riche heuristiquement. La méthode comparative pousse à un retour réflexif sur les catégories d’analyse que nous utilisons, ici celles concernant l’étude des inégalités urbaines et de la domination ethno-raciale, à contrôler leur usage et si possible à les repenser. On utilise souvent la comparaison avec les États-Unis en tant que repoussoir. On redoute que la France subisse un processus d’« américanisation » et que les banlieues ne deviennent des « ghettos ». Les banlieues sont souvent assimilées à des ghettos, ou la réputation des cités ou des quartiers à Chicago ou au Bronx. Les habitants, en particulier les jeunes (et notamment ceux qui sont adeptes de culture hip-hop profondément influencée par le hip-hop américain) décrivent de plus en plus leurs quartiers comme des « ghettos ». Les espaces urbains marginalisés étant au cœur d’enjeux politiques, leur étude rencontre de nombreux obstacles, notamment le fait qu’ils soient érigés en « problèmes sociaux » qui donnent lieu à d’innombrables prises de position, ou qu’on les associe à des figures sociales stéréotypées (la « racaille », le membre d’un gang, l’« immigré », le « musulman », le « jeune », le « cas soc’ », les « exclus », l’« underclass », etc.). Peut-on penser ces fractions des classes populaires urbaines en dehors des catégories qui sont au fondement des représentations dominantes à leur égard et qui nourrissent leur domination ? La comparaison menée dans cet ouvrage me semble permettre au moins de donner à voir ce que font et disent des membres ordinaires de ces groupes sociaux. Plutôt que de prendre pour objet ces représentations pathologisantes, j’ai opté pour une approche résolument empirique qui montre ce que font et disent les boxeurs et les culturistes de ces quartiers.
11Avant d’en venir au dispositif d’enquête qui m’a semblé le plus adapté à un tel objet, quelques préalables épistémologiques sont nécessaires. Cette étude comparative, qui permet de mieux comprendre les inégalités sociales, m’a imposé une triple rupture épistémologique : la première avec les représentations communes précédemment évoquées, la deuxième avec la vision racialisée américaine du monde social qui m’a fait notamment rompre avec l’emploi de la « race » en tant que concept analytique, la troisième avec la dénégation de formes de domination sur des critères ethno-raciaux en France tout en se refusant d’y apposer un « modèle » américain, si tant est qu’il existe. L’observation de première main des différences mais également des similitudes des expériences de vie ordinaire et des pratiques dans un ghetto noir américain et une banlieue populaire française m’a amené à opérer cette rupture et à refuser les appels d’un culturalisme qui réduirait mécaniquement les expériences sociales de ces jeunes à des cultures totalement distinctes. Tout en récusant l’utilisation de la « race » comme outil conceptuel, il ne s’agit pas de nier qu’il existe une croyance en son existence, ni son histoire particulière et ses effets sociaux sur la société américaine. Sur le « terrain » français, le problème inverse se pose : sans racialiser la « question sociale », il s’agit de prendre en compte la dimension ethno-raciale des processus sociaux et d’en saisir les effets. Cette double rupture et ce décentrement m’amènent à formuler des questionnements préliminaires simples. Quelles sont les similarités et les différences dans l’origine historique, la composition sociale et la configuration spatiale entre les ghettos noirs américains et les banlieues populaires françaises ? Quelles sont les stratégies sociales adoptées par leurs habitants notamment face aux formes de domination ethnoraciale et de classe ?
12Aux États-Unis, le Mouvement pour les droits civiques, le retrait de l’État social et le déploiement de l’État pénal, l’avènement d’une économie de service, l’affaiblissement politique des Afro-Américains et le passage à une « action communautaire » sont les causes principales de la transformation des ghettos urbains en « hyperghettos14 ». En France, la transformation de la gauche depuis les années 1980 est un élément primordial dans la compréhension du déclin des « banlieues rouges », avec l’abandon progressif du schème marxiste de « lutte des classes » en faveur d’une version plus pacifiée fondée sur la « modernisation », la « citoyenneté » (influencée par Mai 68), la « mixité sociale », ou l’élaboration de « projets » à court terme dont le but est de re-socialiser des individus qui seraient « exclus » en recréant du « lien social ». À cela vient s’ajouter une relation ambiguë avec la classe ouvrière et les immigrants ainsi que leurs enfants15. Les banlieues populaires françaises ont perdu leur cadre politique de solidarité autour de l’usine, du syndicat et du Parti communiste qui organisait leur vision du monde. Il y demeure des institutions publiques qui développent des rapports amivalents aux habitants de ces quartiers. De même, les ghettos noirs américains ont vu l’implosion de leurs propres institutions après les années 1960. Dans les deux sociétés, la dépolitisation et la psychologisation de la pauvreté sont les conséquences de sa spatialisation. Tenus en grande partie responsables de leur entretien et de l’ordre, ou du désordre, qui y règne, on incite désormais les habitants des ghettos, et de plus en plus ceux des quartiers populaires français, à prendre soin de leur propre quartier et à faire preuve de bonne volonté civique et à participer individuellement à la vie du quartier. Ces transformations traversent-elles les quartiers étudiés et s’appliquent-elles aux sportifs sur lesquels porte cette enquête ?
L’ethnographie comme moyen de saisir les enjeux de la socialisation dans les quartiers populaires urbains
13Prendre pour objet des pratiques sportives « viriles » de jeunes hommes des quartiers populaires suppose d’articuler différents rapports sociaux et d’inscrire cet objet dans la sociologie du corps, de la domination ethno-raciale, des classes populaires et du genre. Grâce à la méthode ethnographique, qui permet une compréhension assez fine des comportements individuels et collectifs des acteurs sociaux saisis dans leur contexte, j’ai tenté de fournir une perspective détaillée, datée et localisée de la socialisation et des rapports de domination par le « bas » et l’intérieur. Si l’État français ou américain peut impulser une dynamique, comme le « lien social » ou l’« empowerment », influer sur les pratiques, il n’en demeure pas moins que les jeunesses enquêtées dans les deux sociétés possèdent une certaine autonomie, si circonscrite soit-elle, et qu’elles développent des pratiques qui leur sont propres, même si l’on peut considérer que, plus que des formes de résistance, ces pratiques sont peut-être d’abord un effet de « l’oubli de la domination16 ». La méthode ethnographique permet de rendre compte de cette relative autonomie en enquêtant au plus près des acteurs. En utilisant l’observation participante et les entretiens approfondis avec les pratiquants et les entraîneurs, j’ai pu mettre en relation les discours des sportifs avec leurs pratiques sur le temps relativement long de l’enquête (entre 2006 et 2011). Néanmoins, le risque était grand de réintroduire trop de « scolaire » dans un univers qui se construit, en partie, contre l’univers scolaire. Parce que les enquêtés avaient toutes les chances de préférer pratiquer les sports concernés plutôt que d’en parler et parce que les entretiens enregistrés avec ces derniers constituaient une forme d’imposition de la relation d’enquête et de ses problématiques, j’ai toutefois privilégié d’abord les observations, puis les entretiens informels en situation pratique. J’ai enquêté aux États-Unis dans une salle de musculation dans un quartier de New York gérée par la ville de New York et une salle de boxe anglaise, et en France dans une salle municipale de boxe thaï dans une banlieue populaire de la région parisienne. Plutôt que de comparer des pratiques sportives strictement équivalentes du point de vue technique, ce qui reviendrait à adopter le point de vue de l’institution sportive elle-même plutôt qu’un point de vue sociologique, j’ai comparé des pratiques qui occupent une position similaire dans l’espace des sports respectif en France et aux États-Unis en relation avec l’espace social. Le choix s’est initialement porté sur ces pratiques, peu appareillées et à faible légitimité culturelle, parce qu’elles engageaient de la part de jeunes hommes des classes populaires urbaines, un rapport spécifique au corps, à la virilité, à la force et à la violence. Ces salles de sport sont des lieux d’observation privilégiés de ces quartiers en ce qu’ils permettent la production de données ethnographiques de première main concernant la vie ordinaire des jeunes hommes du quartier et le microcosme sportif qui possède sa vie sociale, émotionnelle, culturelle et esthétique propre. Les enquêtés appartiennent ainsi à ce que Gérard Mauger appelle le « pôle viril de l’espace des styles de vie “conformes” des classes populaires » qui peut recouvrir partiellement le « monde des bandes dans le cas des “déviants”17 ».
14L’objet de cette enquête nous invite à prendre en compte les changements structurels qui transforment les classes populaires contemporaines. Si la force physique et les valeurs de virilité ont été disqualifiées dans le monde du travail, celles-ci trouvent dans les salles de sport enquêtées un espace de re-légitimation. Cette re-légitimation permet ainsi aux groupes populaires de reproduire leur ethos. Selon Olivier Schwartz, les classes populaires contemporaines, quoique dominées, sont de plus en plus traversées par la culture légitime18. L’un des principaux indicateurs de cette acculturation est peut-être la maîtrise grandissante par les membres des classes populaires de leur « temps libre » qu’ils occupent par des « loisirs », ici sportifs. Il y a de bonnes raisons de penser que les classes populaires aux États-Unis sont aussi traversées par cette transformation structurelle, mais à un degré moindre, notamment pour les fractions afro-américaines, du fait de la ségrégation raciale, de la présence moindre de l’État dans les ghettos et de la plus grande autonomie des pratiques et formes culturelles des couches populaires afro-américaines. Étant donné que les sports étudiés s’inscrivent dans l’espace des pratiques et le style de vie des jeunes garçons des classes populaires urbaines et que les salles de sport étudiées sont des lieux où se réactualisent des dispositions de classe, je fais l’hypothèse de cette intrusion de la culture légitime au sein des fractions masculines de la jeunesse populaire – et ce d’autant plus que les salles de sport étudiées sont en quête de légitimité et de reconnaissance institutionnelle – et de sa tension avec une culture populaire persistante. Sans parler d’une « moyennisation » de la société, qui demeure assez fortement hiérarchisée19, il s’agit d’interroger la proposition d’Olivier Schwartz. En quoi l’univers sportif peut-il témoigner de cette intrusion de la culture dominante au sein des classes populaires urbaines contemporaines et d’une tension entre cette dernière et la culture populaire ?
15Sans totalement les éloigner de leur culture de classe et de celle de leur classe d’âge, les apprentissages sportifs et sociaux par lesquels passent les enquêtés me semblent relever en partie de cette acculturation des classes populaires aux normes dominantes. Dans des lieux où les jeunes garçons ont toutes les chances à la fois d’être désignés comme déviants et d’être « attirés » par la déviance, la distinction entre pratiques et savoirs légitimes et illégitimes nous aide à mieux comprendre la spécificité des pratiques de ces acteurs en même temps que les représentations qui en sont faites. Paul Willis a montré que les jeunes garçons des milieux populaires anglais ont toutes les chances de développer une « culture anti-école20 ». Néanmoins, l’allongement de la scolarité et l’élévation des aspirations21 nous poussent à être prudent sur la place qu’occupe une éventuelle « culture anti-école » parmi les jeunes des classes populaires urbaines. Toutefois, soulignons d’emblée que les sportifs de cette enquête semblent être plus disposés à acquérir des savoirs sportifs que des savoirs scolaires sans forcément vouloir devenir des sportifs professionnels. Ces sportifs apprennent ces savoirs spécifiques avec un intérêt prononcé parce que ceux-ci reposent sur des « valeurs » telles que la virilité, la force, le courage, le travail physique, l’agilité, l’esthétique ou le « respect ». Ils acquièrent des compétences pratiques qui, même si elles sont relativement illégitimes et peu reconnues (par l’institution scolaire notamment), leur permettent de se construire une identité sociale valorisée dans l’espace local. Ces compétences sont reconnues par leurs pairs et les conduisent, lorsqu’ils les transmettent à leur tour, à en tirer un statut social que l’école ne leur confère pas nécessairement. Inscrits dans des stratégies de légitimation des clubs et des pratiques sportives peu reconnus, les processus d’extraversion de ces groupes sociaux appartenant aux classes populaires sont principalement portés par les entraîneurs et relayés par des sportifs situés en haut de la hiérarchie des clubs.
16Tout au long du livre, je montrerai que cette acculturation passe aussi par la socialisation au sein d’institutions sportives locales et le double processus de transformation des pratiquants et d’acquisition d’une autonomie. Le travail d’encadrement et de conversion mené par les entraîneurs est ainsi double : maintenir les jeunes sportifs dans une culture populaire propre et les « ouvrir » au monde des « autres » et à ses normes. On peut, en guise d’introduction et de fil rouge de ce livre, identifier cinq grands processus qui traversent à des degrés divers les terrains de l’enquête et que je me propose d’analyser dans les chapitres qui suivent :
une forte adhésion à la culture populaire et une acculturation à la culture légitime à travers des formes d’inculcation et d’encadrement visant à rendre les jeunes plus conformes ;
la reproduction des stéréotypes sociaux et « raciaux » attribués aux jeunes garçons des quartiers populaires urbains dans un contexte de racisme institutionnel et de mépris de classe ;
un processus de transformation de soi ;
l’aménagement de marges d’autonomie au sein d’un espace propre à travers des processus de normalisation et la réappropriation de savoirs sportifs ;
des logiques de distinction internes aux groupes sociaux étudiés et en rapport à d’autres groupes à qui les enquêtés opposent tour à tour des normes de virilité ou des normes de conformité.
17Le culturisme et les sports de combat sont des « techniques du corps » en tant qu’elles sont « traditionnelles et efficaces » et transmises collectivement en acte « par et pour l’autorité sociale » dans des cadres sociaux spécifiques22. Le culturisme, en tant que socialisation du biologique, est au croisement du biologique et du social, comme la « race », qui est la biologisation du social. Les sports de combat sont aussi sous le feu d’un essentialisme qui attribue aux pratiquants des quartiers populaires une qualité naturelle qui fait d’eux des « bagarreurs » invétérés, si ce n’est des « racailles ». La boxe thaï est notamment perçue comme une pratique relativement illégitime parce qu’elle renvoie à la plèbe et aux usages populaires du corps. C’est moins le cas de la musculation qui est pratiquée par les classes moyennes et supérieures depuis plus longtemps que la boxe thaï et un peu moins pour la boxe anglaise souvent qualifiée de sport « noble ». Associés à des groupes populaires et ethno-raciaux dominés et à une « hypervirilité » déviante23, les jeunes enquêtés portent sur leur corps les stigmates de leur domination et son histoire. Plus particulièrement, « le » corps noir américain a historiquement été l’enjeu de la domination raciale et le véhicule de nombreux préjugés (contagion, muscularité naturelle, performance sportive et sexuelle, naturellement doué pour la danse, le chant, etc.) qui sont à la fois le résultat des croyances raciales et le moteur qui les (re)produit. La musculation et la boxe sont des pratiques corporelles populaires parmi la jeunesse de ces quartiers qui s’inscrivent dans une histoire particulière, des configurations socio-économiques, dans des dispositions et des trajectoires individuelles. Pourquoi, alors que la pratique sportive tend à diminuer à mesure que l’on descend dans la hiérarchie sociale24, les jeunes enquêtés investissent tant dans ces pratiques ? Selon quels principes choisissent-ils ces pratiques et pas d’autres ? Dans quelle mesure ces pratiques sont-elles liées à l’incorporation des structures sociales, à la stigmatisation et à une logique de respectabilité ? Quel rôle jouent les salles d’entraînement, le « quartier » et les formes de domination dans le destin social de ces jeunesses populaires ?
18Pour répondre à ces questions, j’ai enquêté dans trois salles de sport dans des quartiers urbains marginalisés en France et aux États-Unis situés en périphérie de deux hauts lieux de la culture légitime que sont les métropoles de Paris et New York et avec lesquels ils entretiennent des relations ambivalentes, à la fois d’attirance et de rejet. Dans une première partie, on cherchera à inscrire ces pratiques sportives dans l’univers social et culturel des enquêtés et dans l’espace du quartier. Dans le premier chapitre, on commencera par examiner les ressorts de l’engagement de jeunes garçons d’un quartier populaire dans des pratiques comme la musculation ou la boxe. Dans le chapitre ii, je montrerai que les salles de sport étudiées participent de la construction d’une masculinité « populaire » et d’une masculinité plus « respectable ». La deuxième partie abordera une question sociologique centrale en utilisant le prisme des pratiques sportives en milieu populaire : la relation entre autonomie des groupes dominés et rapports de domination. Dans le chapitre iii, nous verrons en quoi ces jeunes sportifs établissent un nouveau rapport au corps et passent par une relative transformation de soi. Il s’agira, dans le chapitre iv, de montrer, d’une part, que les pratiques sportives étudiées sont à la fois des facteurs de cohésion populaire et des pratiques ethno-racialisantes, et d’autre part, en quoi elles constituent des réponses aux contradictions engendrées par les rapports de domination. Enfin, la troisième partie sera consacrée aux stratégies des entraîneurs qui visent à rendre les enquêtés plus conformes aux normes « populaires » mais aussi plus ouverts aux normes dominantes. Dans le chapitre v, j’analyserai comment ces salles de sport forment des citoyens dotés de compétences sportives et morales spécifiques. Enfin, dans le dernier chapitre, pour mettre en évidence la tension entre culture populaire et culture légitime, j’exposerai en quoi ces clubs sportifs constituent une forme d’encadrement ambivalente des fractions masculines de la jeunesse populaire urbaine américaine et française jugées « difficiles » et déviantes.
Notes de bas de page
1 William Whyte explique qu’il a d’abord suivi les jeunes hommes de Cornerville au bowling dans l’espoir de découvrir des informations plus importantes avant de comprendre que la pratique même du bowling était importante. Whyte William Foote, Street Corner Society : The Social Structure of an Italian Slum, Chicago/Londres, University of Chicago Press, 1981 [1943], p. 320.
2 Defrance Jacques, La sociologie du sport, Paris, La Découverte, 2011, 6e édition, p. 51.
3 Grignon Claude et Passeron Jean-Claude, Le savant et le populaire. Misérabilisme et populisme en sociologie et en littérature, Paris, Gallimard/Éditions du Seuil, 1989.
4 Bourdieu Pierre, « Les trois états du capital culturel », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 30, no 1, 1979, p. 3-6.
5 Du Bois W. E. B., The Souls of Black Folk, New York/Avenel (NJ), Gramercy Books, 1994.
6 Weber Max, Economy and Society : An Outline of Interpretive Sociology, Berkeley, University of California Press, 1978.
7 Bloch Marc, « Pour une histoire comparée des sociétés européennes », Revue de synthèse historique, t. XLVI, 1928, p. 15-50, p. 27 et 44.
8 Tissot Sylvie et Poupeau Franck, « La spatialisation des problèmes sociaux », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 4, nº 159, 2005, p. 4-9. Backouche Isabelle, Ripoll Fabrice, Tissot Sylvie et Veschambre Vincent (dir.), La dimension spatiale des inégalités. Regards croisés des sciences sociales, Rennes, PUR, 2011.
9 Castells Manuel, La question urbaine, Paris, Maspero, 1972.
10 Marx Anthony W., Making Race and Nation. A Comparison of South Africa, the United States, and Brazil, Cambridge/New York, Cambridge University Press, 1988, p. 6.
11 Wacquant Loïc, Parias urbains : ghetto, banlieues, État, Paris, La Découverte, 2006 et « Les deux visages du ghetto. Construire un concept sociologique », Actes de la recherche en sciences sociales, nº 160, 2005, p. 4-21.
12 Ibid., p. 239-241.
13 Préteceille Edmond, « La ségrégation ethno-raciale a-t-elle augmenté dans la métropole parisienne ? », Revue française de sociologie, vol. 50, no 3, 2009, p. 489-519.
14 Wacquant Loïc, Parias urbains…, op. cit.
15 Masclet Olivier, La gauche et les cités : enquête sur un rendez-vous manqué, Paris, La Dispute, 2003.
16 Grignon Claude et Passeron Jean-Claude, Le savant et le populaire…, op. cit., p. 81.
17 Mauger Gérard, Le monde des bandes et ses transformations : une enquête ethnographique dans une cité HLM, rapport final de l’enquête financée par la DIV et la mission « Droit et justice », février 2004, p. 229.
18 Schwartz Olivier, « Peut-on parler des classes populaires ? », La vie des idées, septembre 2011.
19 Coulangeon Philippe, Les métamorphoses de la distinction. Inégalités culturelles dans la France d’aujourd’hui, Paris, Grasset, 2011.
20 Willis Paul, L’école des ouvriers. Comment les enfants d’ouvriers obtiennent des boulots d’ouvriers, Marseille, Agone, 2011.
21 Beaud Stéphane, 80 % au bac… et après ? Les enfants de la démocratisation scolaire, Paris, La Découverte, 2002. Macleod Jay, Ain’t No Makin’ It : Aspirations and Attainment in a Low-Income Neighborhood, Boulder, Westview Press, 1995. Deluca Stefanie, Clampet-Lundquist Susan et Edin Kathryn, Coming of Age in the Other America, New York, Russell Sage Foundation, 2016.
22 Mauss Marcel, « Les techniques du corps », in Sociologie et anthropologie, Paris, PUF, coll. « Quadrige », 2006, p. 365-386, p. 371 et 384.
23 Neveu Erik, « Gérer les “coûts” de la masculinité ? Inflations mythiques, enjeux pratiques », in Dulong Delphine, Guionnet Christine et Neveu Erik (dir.), Boys don’t cry, Rennes, PUR, 2012, p. 111-142.
24 Muller Laura, « La pratique sportive en France, reflet du milieu social », Données sociales, 2006, p. 657-663.
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