Organiser la défense de la République
Tensions atlantiques et critiques anti-impériales (Pérou, milieu xixe siècle)
p. 167-182
Texte intégral
Introduction
1Au milieu du xixe siècle, d’importantes transformations modifient les rapports entre les Amériques et l’Europe. Les premières décennies sont marquées par les promesses du libre-échange, proclamant le progrès des sociétés sans pour autant nier l’asymétrie des acteurs. Les puissances européennes consacrent leur mainmise sur l’Amérique hispanique en en tirant les bienfaits d’un Empire informel1. Cette conception des rapports avec l’outre-mer laisse progressivement place à une vision de l’impérialisme où l’annexion et la souveraineté effective prennent une place de plus en plus importante2.
2La guerre de Sécession se présente comme un moment favorisant cette transition. Aux yeux des monarchies européennes, c’est l’occasion de mener une action commune afin de contester la suspension de la dette mexicaine, décrétée par le président Benito Juárez en juillet 18613. Si la Convention de Londres déclare le respect du principe des nationalités, elle dissimule, s’agissant du Second Empire, l’intention d’œuvrer activement pour un nouveau régime politique4.
3En France, la propagande impériale annonce l’avènement d’un événement triomphal5. Outre sa position de premier créancier du nouvel État, la réalisation de la plus grande pensée du règne lui donnerait la mainmise sur l’or et l’argent mexicains, dans un moment où la politique de grands travaux publics est en plein développement6.
4Si l’historiographie a principalement travaillé les aspects diplomatiques et militaires de l’expédition du Mexique, elle laisse dans l’ombre les répercutions ayant lieu au-delà de leur périmètre immédiat. Si les visées françaises impliquent de redessiner la carte politique de l’Atlantique, leurs répercutions comportent une forte dimension transnationale. Hors de l’espace européen, l’aventure mexicaine s’intègre à un vaste mouvement de critique anti-impériale7. De plus, elle est à l’origine d’un militantisme politique actif qui marquera l’ensemble de l’Amérique hispanique8.
5Par ailleurs, l’avènement du Second Empire mexicain s’intègre, en Amérique hispanique, dans une chronologie précise. Depuis les années 1840, les voix hispano-américaines qui saluent l’expérience républicaine sur le continent se font progressivement entendre. Sans être complètement abandonné, le rôle central que les penseurs, à l’instar de Sarmiento ou Alberdi, donnent à l’Europe dans la civilisation cède devant une vision qui accorde une place centrale à la République comme régime idoine au monde hispano-américain9.
6Cet élan républicain explique en partie la réactivité que suscite l’aventure impériale dans le monde sud-pacifique. En l’espace de quelques mois, plusieurs voix s’élèvent dans les principales villes de la région : prolifération de sociétés républicaines, fondation de journaux, meetings, souscriptions, appel au sabotage, menaces, violences, etc., illustrent les réactions hispano-américaines à la plus grande pensée du règne.
7La présente étude traite de la place du Pérou dans la construction du militantisme républicain des années 1860. Elle se penche sur les articulations qui rendent possible l’intégration de la question mexicaine dans une critique républicaine à forte connotation hémisphérique.
8Pour ce faire, elle interroge trois aspects qui marquent la physionomie du mouvement au Pérou. Tout d’abord, nous montrerons comment l’expédition du Mexique nourrit la critique républicaine, notamment à partir d’un cadre transnational d’échanges. Deuxièmement, nous observerons la construction du mouvement républicain au niveau local et ses formes d’intervention sur la scène politique. À cet égard, la résistance de Puebla et les fêtes patriotiques nous permettront d’analyser la réactualisation du rapport entre le républicanisme et l’anti-impérialisme. Seront enfin examinées les réactions des défenseurs de la politique impériale au Pérou, notamment l’action du représentant français et ses stratégies pour maintenir, dans un contexte local particulièrement difficile, la parole impériale.
L’irruption du Mexique : circulation transnationale et débats locaux
9La première singularité de l’expédition du Mexique est sa dimension internationale. À Bruxelles, Budapest, Londres, Montevideo et ailleurs, l’affaire fait l’objet d’éditoriaux, de lettres ouvertes, d’interpellations, etc.10. À l’issue de la Convention de Londres, Karl Marx manifeste son indignation et décrit cette ingérence comme « l’une des plus aberrantes entreprises qui soient consignées dans les annales de l’Histoire internationale11 ».
10Dans l’espace Pacifique Sud, la question mexicaine déclenche une circulation effrénée de l’information, ce qui donne lieu, dans un premier moment, aux interprétations les plus diverses. Tandis que la presse en livre des informations contradictoires, les opinions qu’en dressent les éditoriaux sont fluctuantes12. Les gouvernements, quant à eux, n’y voient pas plus clair. Voulant se procurer des sources fiables, ils ont recours à des divers informateurs : Mexico, New York et Washington deviennent trois points névralgiques de renseignement sur les événements mexicains. La correspondance diplomatique montre que les choses avancent à pas comptés sur un terrain mouvant. En mars 1862, le gouvernement de Lima ordonne à son envoyé spécial à Mexico de lui « transmettre toute donnée étant à [sa] portée13 ». L’année suivante, le représentant chilien à New York fait remarquer que « les dernières nouvelles reçues du Mexique sont contradictoires », tandis que, de son côté, le gouvernement de Lima charge son représentant à Washington de « recueillir toute nouvelle, fait et opinion servant à la bonne appréciation du véritable état des choses14 ».
11L’entreprise napoléonienne ne soulève pas uniquement des préoccupations d’ordre diplomatique mais conduit également les observateurs locaux à s’interroger sur les conséquences de la construction impériale au Mexique. Le rédacteur d’El Mercurio de Lima, prend la mesure de cet enjeu qu’il exprime en ces termes : « La conduite de l’Espagne, de la France et de l’Angleterre, ne cesse de froisser les susceptibilités et de provoquer les méfiances de toutes les Républiques hispano-américaines15. » D’après lui, c’est l’ensemble du continent qui, avec le Mexique, se dévoile aux ambitions européennes. La même année, une brochure anonyme observe que, malgré les années de turbulences politiques, « aucun parti n’ose attaquer l’organisation républicaine16 ». Un autre témoin dénonce l’intervention comme « une atroce insulte aux peuples Sud-américains, et de fait, [comme] une menace directe à leurs intérêts légitimes17 ». Ces brochures donnent à voir une lecture située du concert atlantique et invitent, indirectement, au passage à l’action.
12La Convention de Londres suscite de multiples réactions qui se diffusent grâce à la vitalité de la presse. Par le biais de citations croisées et de polémiques, les événements du Nord pénètrent la scène politique sud-pacifique. À cet égard, l’exilé Pedro Félix Vicuña affiche les bienfaits de la presse au Pérou, mettant en avant sa popularité, y compris parmi les femmes et les artisans. Un autre camarade d’exil en fait un bilan élogieux : « Il n’est pas nécessaire de dire qu’[au Pérou] tout le monde lit et que les journaux bénéficient d’une large audience. El Comercio a plus de deux mille souscripteurs, c’est-à-dire, quatre fois plus que ce qui peut avoir le journal le plus lu au Chili18. » L’action de Ricardo Palma illustre bien la construction de cet espace d’échanges. Exilé péruvien à Valparaiso, Palma regarde d’un mauvais œil la Convention de Londres. Il propose à un éditeur la publication d’un article où il met en cause la responsabilité d’Isabel II. Face à la réponse négative du propriétaire d’El Mercurio, Palma le transforme en une feuille volante où il pointe fermement du doigt le parti-pris de l’éditeur : « Arguera-t-il du fait qu’il est espagnol et qu’il ne peut pas contribuer à dévoiler les projets dissimulés de sa mère patrie ? » Palma va encore plus loin et l’accuse de participer à une nouvelle reconquête espagnole19. Quelques jours plus tard, l’éditeur réplique. Dans les pages de son journal, il accuse le Président péruvien de semer le trouble pour en tirer des profits20. Deux articles prolongent la polémique. Cette fois, ce sont les initiales F. G. qui figurent sous le titre La reconquista y los defensores de la independencia americana21. Leur auteur, Florentino González, dénonce les dérives démagogiques présumées des républiques hispano-américaines : « À l’ombre de l’indépendance, les démagogues ont armé la majorité barbare composée de noirs, zambos, mulâtres et stupides indiens contre la minorité civilisée de race européenne, élément civilisateur du pays, qui possède la propriété et les Lumières22. » Le 12 décembre 1861, El Chalaco du Callao dénonce à son tour les ambitions de Madrid et la connivence de l’éditeur espagnol : « Monsieur Tornero, depuis qu’il a refusé les colonnes de son journal à un article opposé à la reconquête, a tacitement manifesté son adhésion à celle-ci ; et le peuple chilien doit en conséquence le considérer comme son ennemi23. » La polémique, qui arrive jusqu’au Cabinet de Madrid, montre l’existence d’un espace élargi d’échange politique qui articule circulation de l’information et appropriation de la question mexicaine par les militants locaux.
13La polémique engagée à Valparaiso par un exilé péruvien, un éditeur espagnol, un avocat néogrenadin et un journal du Callao renvoie à la construction d’un clivage opposant républicains et monarchistes. La figure de Florentino González est représentative de cette division dans le champ politique local. Reconnu libéral néogrenadin, sa participation dans la tentative d’assassinat contre le Libertador lui vaut la condamnation à mort. Quelques mois plus tard l’amnistie lui ouvre les portes de l’exil au Venezuela. Suite à sa proposition d’annexer la Nouvelle Grenade aux États-Unis, ses anciens camarades s’éloignent, sa réputation se ternit et son parcours politique s’en trouve affecté. En effet, pour le contraindre à l’exil, il est nommé représentant au Pérou et ensuite au Chili24.
14Au Pérou comme ailleurs, la quête de forces monarchistes ne se limite certainement pas à la figure de González. À Quito, le gouvernement de Gabriel García Moreno (1861-1865), est la cible directe de la critique anti-impériale. Voulant faire face à toute une série de tensions avec le Pérou, il entreprend une campagne visant à engager la France dans la création d’un protectorat capable de regrouper l’Équateur et le Pérou25. Pour ce faire, il envoie Antonio Flores, fils du général Juan José Flores, en qualité de représentant de Quito auprès de Londres et de Paris. Dans la lettre que Flores adresse à Napoléon III, il place le gouvernement équatorien du côté des armes françaises : « Rien ne saurait contribuer plus efficacement à la régénération de ces jeunes républiques que l’établissement d’un pouvoir stable et solide à Mexico26. » Le projet a largement de quoi alarmer les sympathisants de l’ordre républicain. Pour Lima, il s’agit d’une provocation explicite, ce qui permet de mieux comprendre le soutien du président Castilla aux tentatives de renverser le gouvernement équatorien27. Quelques années plus tard, ce dernier est à nouveau visé. Dénonçant la persistance de sa politique monarchiste, la Société de défenseurs de l’indépendance américaine (SDIA) de Lima, en session ouverte, accepte à l’unanimité de déclarer le gouvernement équatorien « traître de l’Amérique », tout en lançant un appel ouvert à le renverser28. Les velléités monarchistes ne s’arrêtent pas à ce côté de la frontière. En 1858, les mémoires posthumes du maréchal Riva-Agüero sont publiées. Elles annoncent clairement la non-viabilité de la République en Amérique hispanique. En outre, il trouve la solution pour y mettre un terme : « L’intervention européenne serait reçue avec enthousiasme par les péruviens qui regarderaient en elle sa liberté et sa prospérité future29. » Le cas de Riva Agüero n’est pas le seul au Pérou. On doit également à Bartolomé Herrera la persistance d’une pensée questionnant les fondements de la République ; ses étudiants allant jusqu’à défendre la Monarchie dans les examens du collège de San Carlos, l’un des plus importants du pays30.
15Si le milieu du xixe siècle représente un moment clé pour le républicanisme, son développement au Pérou s’opère à travers la dénonciation des courants monarchiques à l’échelle continentale. En ce sens, le moment mexicain s’y vit avec une intensité toute particulière. Par la concaténation qu’articule événements du Nord, persistance des monarchistes locaux et réaction anti-impériale, l’expédition du Mexique est entendue comme le premier moment d’un vaste plan de remonarchisation de l’Amérique. C’est pourquoi le Pérou, et en moindre mesure le Chili, élaborant une lecture située du moment atlantique, s’érige en référent important du républicanisme hispano-américain31.
16Nous l’avons évoqué plus haut, la presse sud-pacifique suit de très près le cours des événements au Mexique. Brochures, feuilles volantes, publication de lettres et de discours, fondation de journaux… ; la multiplicité des réactions sud-pacifiques intensifient la circulation des écrits, ce qui lui donne une place facilement identifiable. Depuis l’autre côté des Andes, le représentant impérial dénonce « les faux rapports, les commentaires empoisonnés, les déclarations furibondes des journaux péruviens et chiliens, reproduits par la presse de Buenos Aires et de Montevideo32 ».
Les acteurs locaux d’un républicanisme à vocation transnationale
17Si les affrontements atlantiques se répercutent aussi virulemment sur la scène politique Pacifique-Sud c’est qu’ils alimentent les intérêts des acteurs locaux. Considérant « la question du Mexique avec Napoléon […] comme l’une des affaires les plus sérieuses qui a eu lieu en Amérique », Castilla, dans une lettre adressée au vice-président, prend la mesure de ses répercussions régionales33. Afin de négocier une réaction commune, il envoie un représentant auprès des gouvernements du Rio de la Plata34. Il en fait de même avec le Mexique et engage l’envoi de 6 000 fusils.
18Les échos de l’aventure mexicaine se font aussi ressentir dans l’émergence d’autres acteurs. Sur le plan culturel, le pays connaît vers la moitié du siècle un essor associationniste sans précédent. Les espaces de sociabilité se découpent entre salons, clubs politiques, sociétés littéraires ou de bienfaisance, associations d’artisans, ordres religieux, etc.35. Dans des proportions variables, ces espaces encouragent des appartenances multiples, mettant en évidence l’incontournable dimension collective de la citoyenneté. Dans ce cadre, des nombreuses sociétés politiques voient le jour afin d’organiser la défense républicaine sur le continent. Elles s’inscrivent dans la perception qui lie le mouvement associationniste au progrès social et politique, comme l’affirme Francisco de Paula González Vigil, tenu pour l’une des paroles les plus autorisées au Pérou36.
19À Lima, la création de la Société de défenseurs de l’indépendance américaine donne le ton au républicanisme sud-pacifique. Fondée au début du 1862, elle provient de la Société libérale et s’inspire également de la Société de fondateurs de l’indépendance (SFI), créée un an avant. Composée des vétérans des guerres du début du siècle, la SFI se veut tout autant une association de secours mutuel qu’une force de légitimation républicaine37. À la différence des associations littéraires, religieuses, ou de corps de métier, le programme de la SDIA, se base sur la volonté d’intervention dans l’espace public, s’inscrivant ainsi dans la dynamique des clubs politiques existants38. Majoritairement composée de la première génération républicaine, on y trouve des commerçants, hommes de lettres, parlementaires, exilés, fonctionnaires, militaires, vétérans de guerre, etc.39. Son travail porte rapidement ses fruits. Originellement tenues dans la maison d’un de ses membres, les réunions de la société, à la régularité croissante, sont progressivement convoquées au couvent de Saint-Agustin40. Une note signée par deux demoiselles offre « leurs fortunes et tout ce qui peut faire le progrès de la Société41 ». Le 22 avril 1862, la Société de patriotes de l’Amazonie demande l’adhésion de tous ses membres à la SDIA. Une semaine plus tard, celle-ci se félicite de la création de Sociétés analogues au Callao, La Serena, Valparaiso et Santiago, avec lesquelles elle cultive une correspondance militante42. À Ayacucho, plus de 270 personnes se rassemblent le 16 juin 1862 afin de « protester […] contre toute intervention et spécialement contre les desseins déjà manifestes des cabinets alliés43 ». Peu après, la Société d’artisans de secours mutuels de Lima déclare son adhésion à la SDIA et lance un appel à l’organisation des gardes civiles sur l’ensemble du pays afin de « défendre l’Indépendance de l’Amérique44 ». Dans cette même voie, la SDIA accepte en session ouverte de lancer une souscription pour « acheter 100 000 fusils et les donner au premier État qui en a besoin45 ».
20Ces exemples témoignent de l’effervescence de l’opinion publique. À Valparaiso, Palma interrompt ses projets éditoriaux afin de suivre plus activement les événements du Nord. Dans une correspondance, il exprime l’impératif de la situation : « L’agitation qui règne en ma patrie et au Chili à cause de la menace européenne sur l’Amérique font de cette époque une époque anti-littéraire46. » Un autre contemporain, plus critique, évoque le climat combatif qui règne au Pérou : « Ils s’imaginent déjà qu’ils vont battre au Mexique tous les français que l’Empereur peut envoyer. Vidal [Juan Francisco Vidal La Hoz, président pour les périodes 1835-1836 et 1842-1843] dit qu’avec 5 000 cholitos il battrait les 10 000 français47. »
21La précipitation des événements échauffe les esprits et convainc l’opinion publique que la défense de la République au Mexique relève de son affaire propre. À la façon dont les faits d’armes qui actent les échecs de la Monarchie sur le continent sont célébrés, il apparaît clairement que l’agenda politique n’est plus aux sympathisants du régime. Au Pérou particulièrement, deux événements caractéristiques de la chronologie politique des années 1860 nous permettent d’évaluer la portée des forces anti-monarchiques.
Puebla : un événement du Sud ?
22Les événements mexicains sont suivis avec une attention toute particulière. Au Pérou, l’arrivée du vapeur aux ports rythme l’intensité du débat politique. Elle prépare aussi les esprits à la première confrontation armée. L’espoir d’une victoire sur les armes de la Monarchie est un sentiment généralisé au sein de la population. Le correspondant liméen d’El Ferrocarril d’Arequipa rend compte de cette détermination : « L’enthousiasme de cette capitale pour les triomphes du Mexique est unanime. Tous les cœurs désirent que Puebla dissémine ses assiégeants et que victoire après victoire se dessine une conclusion heureuse48. »
23La résistance du siège de Puebla et le retrait des troupes françaises, le 5 mai 1862, sont célébrés au Pérou comme une véritable victoire militaire locale. La nouvelle parvient au port du Callao début juillet. Un contemporain évoque l’« enthousiasme [qu’]a produit chez les Patriotes le rejet éprouvé par le général Lorencez au Mexique, auquel ils veulent donner le nom de défaite49 ». Pendant plus de quinze jours, rapports militaires, documents diplomatiques et actes sud-pacifiques alimentent au Pérou une effervescence inédite50. Outre la prolifération d’éditoriaux, la résistance de Puebla ne tarde pas à se traduire en manifestations concrètes. Meetings, célébrations, banquets, allocutions contribuent à « entretenir une certaine fermentation dans les masses », selon les paroles d’un observateur51. Le plus récent vainqueur des Zouaves, le général Zaragoza est érigé en icône de la résistance républicaine. Il est nommé « défenseur de la liberté de tout notre Continent », tandis que pleuvent les félicitations adressées à la Légation mexicaine à Lima52. La résistance de Puebla rend visible la supériorité morale de la République. De plus, elle contraint au silence les défenseurs de la politique impériale qui décrivent le moment comme une « regrettable complication53 ».
24Pour honorer la victoire républicaine, la SDIA organise une grande soirée au théâtre de la ville. Largement annoncé par la presse militante, le meeting offre un aperçu de la mise en scène du républicanisme. Les drapeaux américains accompagnent les discours des militants, lesquels sont suivis de L’indépendance de Naples de l’espagnol Antonio Gil y Zarate, d’une cavatine de Verdi et d’un yaraví péruvien. Les fonds récoltés sont destinés à offrir au général mexicain une médaille d’honneur54.
25Bien que le triomphe républicain suscite une vaste approbation, il inspire en revanche la méfiance des représentants du pouvoir qui ordonnent la censure politique. La veille du meeting, le préfet informe les autorités du caractère subversif de la manifestation, alors suspectée de « contenir des chansons et des allocutions offensives qui peuvent compromettre les relations internationales55 ». Dans la même lettre, il rapporte que la Société a accepté d’éliminer les passages considérés attentatoires. Réaffirmant sa volonté de faire respecter la loi, la SDIA mentionne qu’elle « ne participera, ni pourra permettre le désordre le plus léger56 ». Voulant éviter la confrontation, le gouvernement autorise finalement le rassemblement, non sans rappeler à la Société ses engagements. Avec la modification des discours et des allocutions, la soirée offre une première mesure de la force républicaine. Les artistes minimisent la distance qui sépare les deux pays, tout en sublimant jusqu’au paroxysme l’intégration du Mexique dans l’imaginaire républicain sud-pacifique. Les couplets chantés par España de Ferreti, artiste espagnole alors à Lima, en témoignent : « Si les tyrans montent au trône/en trahissant la fois populaire/il n’y a pas de traître qui ne tremble ni se cache57. » Une fois la célébration terminée, la foule se rend au pied du monument dressé en l’honneur de Bolivar, où les orateurs improvisent des discours visant à conjurer la Monarchie et à saluer « le pouvoir démocratique des américains », puis se rend chez le général Medina, président de la SDIA, pour continuer les festivités58. À deux semaines des fêtes patriotiques, le meeting prépare ainsi le terrain à ce qui s’annonce comme le grand événement républicain.
Célébrer l’œuvre républicaine : les fêtes nationales de 1862
26À Lima comme dans les provinces, les manifestations qui célèbrent Puebla augurent l’euphorie des fêtes de fin juillet. La presse publie les programmes des commémorations et reconnaît que l’enthousiasme « est proche du délire59 ». Pour sa part, le gouvernement cherche à donner aux commémorations une allure toute solennelle60. Le 24 juillet 1862, il ordonne à la municipalité : « Les 27, 28 et 29 juillet, incitez le voisinage à orner les façades des maisons et à les illuminer de la plus flamboyante manière possible61. » Cette frénétique ambiance est décrite quelques jours plus tard par l’agent français : « Les fêtes d’indépendance se célèbrent en ce moment-ci, avec une emphase inouïe. Le gouvernement, la municipalité, les collèges, sociétés et corps de métiers rivalisent de zèle et d’inventions pour donner à ces fêtes un état nouveau62. » Les festivités de juillet confondent les éloges à l’indépendance avec les affrontements atlantiques du moment. Le bilan dressé par l’agent français insiste sur l’attention qu’elles consacrent à l’œuvre républicaine au Nouveau Monde : « La politique et la personne de l’Empereur ont été l’objet des plus odieuses appréciations, cavalcades précédées de la musique militaire portant en évidence le drapeau mexicain et les pavillons de tous les États de l’Amérique y compris les États-Unis. Vivas proférées au Général Zaragoza, […], distributions des médailles commémoratives, banquets, rien n’a été négligé par les organisateurs63. » Encore plus surprenant, les célébrations s’étendent au-delà des frontières nationales et géographiques. Au Rio de la Plata, salves d’artillerie, bandes de musique dans les rues, discours et meetings célèbrent les prouesses péruviennes64.
27Derrière des commémorations toutes consacrées à exalter la République, se cachent des intentions variables selon les organisateurs. Les entraves à la réalisation du meeting organisé au théâtre illustrent bien les tensions latentes au champ républicain. Placé entre l’enthousiasme de ceux qui appellent ouvertement à la guerre contre l’Europe et le regard critique des agents impériaux, le gouvernement pèse de tout son poids pour que se maintienne le calme. C’est avec cette pondération que le préfet, avant même de brandir l’arme de la censure, rappelle aux autorités locales le besoin du bon sens. Il fait savoir au conseil municipal que « toute allocution ou allégorie qui pourrait provoquer cet effet [censurer la politique du pays ou d’un autre État, offenser l’amour patriotique de leurs naturels], ne doit se permettre sous aucun prétexte65 ».
28L’enthousiasme des fêtes d’indépendance, tout comme sa dimension anti-monarchique, se poursuivent au-delà de 1862. Ainsi, l’année suivante, le représentant de Madrid à Lima avise les autorités des tensions entre la colonie française et la population : « La défiance à l’égard des français est telle que les gens de la plage, il y a quelques jours de cela, ont lancé des pierres sur un officiel et plusieurs hommes d’un navire de guerre de la marine impériale66. »
La réaction impériale
29Ces actions, tout comme l’attitude décidée du gouvernement, fragilisent les courants monarchistes. Les mentions des menaces adressées aux Européens et aux souverains Isabel II et Napoléon III ainsi que des violences commises à leur encontre, se multiplient dans la correspondance diplomatique. Afin de parer ces attaques, le Second Empire cherche à convaincre des bienfaits de la plus grande pensée du règne auprès de l’opinion publique outre-Atlantique. Dans cette stratégie, les agents diplomatiques se retrouvent en première ligne. Censés orienter la politique des gouvernements hispano-américains vers des positionnements profitables aux intérêts de Paris, les diplomates sont alors appelés à l’œuvre. La tâche comporte cependant une difficulté évidente, à laquelle se trouve confronté, Edmond De Lesseps, figure emblématique du corps diplomatique à Lima. Arrivé à destination en mai 1860, il tente un premier coup de force en menaçant de rompre les relations si ses réclamations ne sont pas entendues par le gouvernement. José Antonio Barrenechea, ami personnel de De Lesseps, brosse le tableau d’un personnage au caractère insaisissable. Il a, dit-il, « quelque chose d’habile, beaucoup de fou et encore plus d’inquiet et d’anti-diplomate67 ».
30L’action du gouvernement à l’égard de la question mexicaine est loin de satisfaire les ambitions du représentant de Paris. En effet, dans son discours d’ouverture de l’année parlementaire, le président Castilla, prenant acte du retrait des Espagnols et des Britanniques, affiche l’espoir du maintien de l’ordre politique américain : « Les Républiques du Nouveau Monde, de la baie d’Hudson à la Terre du Feu sont et seront libres, indépendantes et souveraines ; car ainsi est leur volonté, conforme à leurs instincts démocratiques et à leurs profondes convictions68. » La déclaration suscite la contrariété immédiate de De Lesseps qui l’exprime dans un courrier adressé à Paris : « Le président du Pérou s’est suffisamment mal exprimé au sujet de notre politique dans ce dernier pays [le Mexique] pour que j’estime devoir m’abstenir de prendre part à la visite de félicitations69. » La demande d’explications formelles de la part du gouvernement ne contribue pas à calmer les esprits. La tension atteint son paroxysme lorsque de Lesseps invoque son état de santé pour décliner l’invitation. Comprenant les raisons voilées de l’absence du français, le président ironise devant le corps diplomatique : « Quand qu’il s’agira de demander au Pérou de s’associer à une célébration française […], la République se déclarera, elle aussi, malade70. »
31Un nouveau conflit engage l’agent et le gouvernement quelques années plus tard. N’étant pas reconnu en tant que représentant de Madrid à Lima, José Merino Ballesteros sollicite auprès de son homologue français la protection des Espagnols et celle de la documentation consulaire. Isabel II nomme alors Juan de Ugarte, dont le fils est le représentant de Juárez à Lima. Ce scénario permet de comprendre les réticences du français à rendre les archives à son nouvel homologue. L’affaire éclate lorsque le vice-président Pezet rend visite à l’Empereur le 14 août 1863. En guise de rappel à l’ordre, Paris affirme que la protection des Espagnols par l’agent français doit être soumise à l’accord de Lima. De plus, il est fortement recommandé à De Lesseps de rendre l’archive consulaire sans plus tarder et de s’abstenir de toute intervention dans les affaires espagnoles au Pérou71.
32Contraint par la critique anti-impériale et par les rapports complexes avec les autorités, De Lesseps se livre à une stratégie de dénonciation ouverte et qualifie, auprès des services diplomatiques parisiens, les fêtes de fin juillet comme une véritable « protestation anti-française ». Lors du meeting de la SDIA, il informe que « le pavillon français devait être l’objet d’incroyables outrages, un Mexicain devait le fouler aux pieds72 ». En août 1862, il notifie l’envoi de « 25 caisses de fusils avec leurs cartouches », tout comme de 6 à 7 mille fusils « avec leurs approvisionnements en cartouches, des boulets pleins et des obus », qu’il soupçonne être destiné au Mexique73. Quelques mois plus tard, il fait remonter jusqu’au cabinet impérial les rumeurs circulant au pays. Une lettre adressée depuis le port d’Arica à un Français relate que, lors d’un meeting antinapoléonien, « la populace » aurait « promené dans les rues et ensuite brûlé un mannequin représentant l’Empereur avec cette inscription “Je meurs à cause de l’injuste guerre que je fais au Mexique”74 ». Ces rapports amènent à s’interroger sur les intérêts concrets de De Lesseps sur place. Les actions déroutantes de la SDIA, la prolifération de débordements, mais surtout les « aberrations de l’administration » tendent à confirmer la place du Pérou dans la construction de la critique anti-impériale à l’échelle continentale. Les dangers que courent les Européens, les menaces et attentats à l’intégrité physique et aux propriétés des nationaux que l’agent dénonce, obligent à une position déterminée. Néanmoins, affirmer la parole impériale implique, outre les réclamations et les déclarations diplomatiques, d’asseoir par la force la position de Paris au Pérou. Sur ce point, De Lesseps regarde ce qui se passe de l’autre côté des Andes, où les agents comptent sur des équipements militaires permanents75. Rappelant les incidents d’Arica, il allègue la disproportion des moyens comparativement aux dangers sur place : « Je n’aurais pas moins, Mr le Ministre, pris la résolution de me rendre sur les lieux pour procéder à une enquête, si j’avais eu un vapeur de guerre à ma disposition76. » Deux ans plus tard, l’agent évoque le sujet plus ouvertement : « Depuis l’expédition du Mexique, notre pavillon flotte dans ces mers à de rares intervalles, et si les agents de S. M. l’Empereur ont pu jusqu’alors […] se priver sans trop d’inconvénient, pour l’accomplissement de leurs devoirs, de ce puissant appui moral, il n’est malheureusement pas à prévoir qu’il en soit de même aujourd’hui77. »
33L’action de De Lesseps ne se limite pas à attester le manque des moyens. Voulant contrer ses adversaires locaux, il se fait le porte-parole des forces monarchistes, et ce au sein d’une opinion publique ouvertement hostile aux monarchies européennes.
34La conjoncture offre à De Lesseps la possibilité de réaffirmer la politique impériale sur le continent tout en attirant l’attention de la communauté française au Pérou. Une annonce de souscription rédigée en français atteste de l’importation sur la scène locale des débats parlementaires de Paris. Signée par Alexis Becherel, elle vise à « offrir une médaille d’or à Mr. Billault78 ». Devant obtenir la validation du budget annuel de guerre par la Chambre des députés, le ministre Billault dévoile le plan en cours : « Il faut […] que ce gouvernement mexicain disparaisse devant le souffle de la France79. » Au lancement de l’appel, l’intervention de Billault est déjà connue à Lima. Certains l’avaient lu dans les pages du Moniteur, d’autres dans Le Journal des Débats, ou encore dans El Ferrocarril de Santiago80. Même si la souscription est orchestrée par un comité et un président, il est difficile de penser que l’appel n’a pas reçu l’approbation de De Lesseps, voire qu’elle ne relève pas directement de son initiative81. Cet appel ne passe pas inaperçu dans les rangs républicains. Pour le contrer, la presse militante discrédite le comité. Une note anonyme déclare ne pas connaître « un Monsieur Becherel », tout en mettant en cause la réputation de l’organisation : « Le comité n’est pas composé de ces français que l’on aime tant par leurs bons comportements envers nous, mais de ceux qui ont tiré des réclamations et contentieux des sommes importantes en Amérique, à l’instar de ceux qui soutiennent Mr Billault82. »
35À ce discrédit public du comité s’ajoute la publication dans la presse d’articles rédigés par l’opposition française à la politique impériale. Afin d’honorer l’adversaire qui s’oppose à Billault lors de la session parlementaire, un appel à souscription est conjointement lancé pour offrir une médaille à Jules Favre. Les termes de l’appel ne tarissent pas d’éloges : « Nous lançons un appel formel à l’enthousiaste jeunesse péruvienne afin d’ériger une statue à l’effigie de ce citoyen si éclairé. » Dans le même numéro, le journal publie une note apologétique qui inscrit le représentant français dans la chronologie des grands personnages de la saga américaine, aux côtés de Colomb et Bolivar83.
36Alors que l’appel de Becherel se perd dans le déroulement des événements, celui des républicains reçoit une large audience. La souscription, ouverte du 12 au 17 août, affiche régulièrement ses contributeurs. On retrouve parmi eux de membres réputés de la SDIA, tels González Vigil, Juan Vicente Camacho ou Francisco Seguin. D’autres noms illustrent l’ancrage social élargi de la critique anti-impériale au Pérou. En effet, la plupart des participants ne figurent pas sur la liste des militants de la SDIA. Les noms d’Anna Ghilardi, de Camila Bellon et de « trois messieurs italiens rouge », ainsi que la mention d’entités telles que la Corporation des porteurs d’eau de San Marcelo ou les Caissiers de l’imprimerie d’El Comercio, attestent de la diversité sociale du mouvement84. Face à l’ampleur du ralliement, des voix républicaines dissidentes contestent la souscription, notamment parce qu’elles l’accusent de donner une importance démesurée à la démarche de Becherel et de cautionner implicitement sa pertinence. El Comercio invite le docteur Ballen, président de la commission, à l’abandonner85.
37Cette controverse fonctionne comme un révélateur des désaccords entre républicains des deux rives de l’Atlantique86. Opposant reconnu à l’Empire, Favre légitime l’expédition sur la base de rapports diplomatiques que les observateurs sud-pacifiques dénoncent comme tendancieux. De plus, il reste convaincu de la supériorité des armes françaises, même après les événements de Puebla87. Depuis Paris, un témoin privilégié des débats en cours revient sur cette division qui ne cesse d’être évoquée dans la littérature hispano-américaine de l’époque : « L’opposition nous attaque cruellement […]. Il n’y a qu’unanimité pour nous attaquer et nous condamner. La vérité est qu’ils ne connaissent pas l’Amérique88. » El Ferrocarril ironise sur l’une des personnalités les plus connues de l’opposition au Second Empire : « Où est-ce que Mr Thiers nous a étudiés ? Il semble que ce soit dans les discours de Mr Billault89. » Exprimée par la presse militante comme par la production bibliographique plus réflexive, cette déconsidération des républicains français fait couler l’encre d’importantes plumes de la région90. Ainsi pour Lastarria, la méconnaissance dont l’Amérique hispanique fait l’objet se retrouve y compris dans les cercles savants du Vieux Continent : « Il suffit d’ouvrir un livre de voyages en Amérique, surtout s’il est rédigé en français, pour y trouver de quoi rire par le merveilleux et grotesque91. »
Conclusion : la République conjuguée au futur
38En retenant prioritairement les aspects militaires et diplomatiques de l’expédition mexicaine, l’historiographie s’est peu interrogée sur les tensions atlantiques qu’elle suscite au milieu du xixe siècle. Au Pacifique Sud, celles-ci sont pourtant rapidement intégrées au cœur du débat politique local. Jusqu’alors relativement mal connus dans les eaux sud-pacifiques, les débats opposant républicains et monarchistes deviennent, au début des années 1860, l’objet des préoccupations politiques de l’ensemble de l’Amérique hispanique. À l’occasion du Mexique, ils réorientent les circulations politiques à l’échelle continentale. Afin de se faire une idée stable des véritables enjeux de l’expédition, la diplomatie et la presse se livrent à une consommation soudaine d’informations sur l’affaire, s’érigeant, ce faisant, en interlocuteurs privilégiés d’un espace d’échanges transnational. Cette accélération de la publicité accordée à l’événement est encouragée par l’action décidée d’une presse qui s’interroge sur les conséquences d’un éventuel Second Empire mexicain. Profondément réticents au projet, les observateurs sud-pacifiques proposent une lecture des tensions atlantiques ajustée à la définition des clivages politiques locaux, eux-mêmes configurés à géométrie variable. Le souci d’identifier, au Pérou comme ailleurs, les forces sympathisantes de la Monarchie témoigne d’une lecture située du concert atlantique, tout comme d’un programme local d’action.
39Se basant sur une mobilité transnationale inédite, le républicanisme cherche au Pérou à déjouer ce qu’il nomme la monarchisation du Nouveau Monde. Ce courant politique, porteur d’une critique anti-impériale profonde, s’inscrit dans la continuité des formes locales de sociabilité politiques. L’action de la Société de défenseurs de l’indépendance américaine est l’illustration archétypale de la singularité de ce républicanisme hispano-américain. À la fois parce qu’il réagit à la conjoncture, qu’il articule la diversité des positions anti-impériales dans une dynamique convergente et qu’il intervient activement dans l’espace public – par voie de presse, via les rapports avec les autorités ou par le biais de meetings et de sessions ouvertes –, le républicanisme péruvien se distingue.
40La vitalité des expressions républicaines au Pérou ne peut pas se comprendre sans poser le regard sur la vision que les acteurs élaborent du politique. Si les monarchies européennes entendent réagir à la politique mexicaine, pour les observateurs situés de l’autre côté de l’océan, les tentatives européennes sur le continent fournissent les preuves incontestables de l’incompatibilité de la Monarchie à l’air du temps. Puisant dans les répertoires des luttes républicaines du xixe siècle, le monde hispano-américain place la Monarchie sur le même plan que l’impérialisme. À cette corrélation s’ajoutent les mémoires encore vives des luttes d’indépendance, ce qui explique la critique radicale du mouvement au Pérou.
41En opposition à la Monarchie, le républicanisme hispano-américain élabore une lecture du politique mettant en avant le potentiel démocratique de la République, tout en attribuant au peuple la source de la souveraineté. Prolifération de journaux, multiplication d’associations, défense de la liberté de presse, débats sur l’élargissement du corps électoral, occupation de l’espace public, etc., renseignent la place centrale accordée au peuple dans la construction démocratique. Et ainsi que l’invoque la feuille de route édictée par le mouvement républicain sud-pacifique, « [de la même manière que] les tyrans fraternisent et s’unissent pour leurs plans liberticides, les peuples fraternisent car leur cause en est une – la cause du progrès, de la civilisation et de la démocratie92 ».
Notes de bas de page
1 Brown Matthew (éd.), Informal Empire in Latin America, Culture, Commerce and Capital, Society of Latin American Studies, 2008. Voir aussi Shawcross Edward, « When Montevideo Was French: European Civilization and French Imperial Ambitions in the River Plate, 1838-1852 », European History Quaterly, vol. 45 (4), 2015, p. 638-661.
2 Todd David, « Transnational Projects of Empire in France, C. 1815-1870 », Modern Intellectual History, no 2, 2015|12, p. 265-293.
3 Baily Christopher A., La naissance du monde moderne (1780-1914), Paris, Éditions de l’Atelier, 2007.
4 Bratianu Gheorghe I., Napoléon III et les nationalités, Paris, Librairie E. Droz, 1934. Voir aussi Henry Paul, Napoléon III et les peuples, Clermont-Ferrand, Publications de la faculté de lettres de l’université de Clermont, 1943.
5 Chevalier Michel, Le Mexique. Extrait de l’Encyclopédie du xixe siècle, Paris, Imprimerie de Maulde et Renou, 1851 ; Le Mexique ancien et moderne, Paris, Hachette, 1864 ; « L’expédition du Mexique. I : La Guerre de l’indépendance et les révolutions mexicaines », Revue des deux Mondes, XXXVIII, 1er avril 1862, p. 513-562.
6 Avenel Jean, La campagne du Mexique (1862-1867) la fin de l’hégémonie européenne en Amérique du Nord, Paris, Economica, 1996 ; Lecaillon Jean-François, « Mythes et phantasmes au cœur de l’intervention française du Mexique (1862-1867) », Cahiers d’Amérique latine, no 9, 1990, [http://mapage.noos.fr/jflecaillon/Pages/mythes_et_phantasmes.htm] ; Lecaillon Jean-François, Napoléon III et le Mexique : les illusions d’un grand dessein, Paris, L’Harmattan, 1994.
7 Bayly Christopher A., op. cit., p. 373-383. Pour le cas hispano-américain, voir Thibaud Clément, Libérer le Nouveau Monde. La formation des premières républiques hispaniques. Colombie et Venezuela, Bécherel, Les Perséides, 2017 ; Soler Ricaurte, Idea y cuestión nacional latinoamericanas de la independencia a la emergencia del imperialismo, Mexico, Siglo XXI, 1984 ; plus récemment, Gobat Michel, « The Invention of Latin America: A Transnational History of Anti-Imperialism, Democracy, and Race », American Historical Review, 118, 5, décembre 2013, p. 1345-1375 ; aussi Rivera Salvador, Latin Americain Unification. A History of Political and Economic Efforts, Jefferson, NC, McFarland, 2014.
8 Frazer Robert, « Latin-American Projects to Aid Mexico During the French Intervention », The Hispanic American Historical Review, vol. 28, no 3, août 1948, p. 377-388 ; Caillet-Bois Ricardo R., « Argentina y la intervención europea en México en 1862 », Historia Mexicana, no 4, 1963|12, p. 552-559 ; Soler Ricaurte, op. cit.
9 Sanders James, « Atlantic Republicanism in Nineteenth-Century Colombia: Spanish America’s Challenge to the Contours of Atlantic History », Journal of World History, 20, 1, mars 2009, p. 131-150 ; Sanders James, The Vanguard of the Atlantic World. Creating Modernity, Nation, and Democracy in Nineteenth-Century Latin America, Durham, Duke University Press, 2014. Sur l’attention que l’Amérique hispanique porte sur le monde extérieur, voir Martinez Frédéric, El Nacionalismo Cosmopolita. La referencia europea en la construcción nacional en Colombia, 1845-1900, Bogota, Banco de la República/Instituto Francés de Estudios Andinos, 2001.
10 Duchesne Albert, « Comentarios de la prensa internacional sobre la expedición belga a México », Estudios de Historia Moderna y Contemporánea de México, 1976|5, p. 93-108 ; Medzibrodsky Endre, « Repercusión del “imperio” de Maximiliano y de la lucha independentista del pueblo mexicano en la prensa húngara contemporánea », Estudios Latinoamericanos, no 6, 1980|2, p. 155-168. Pour l’espace hispano-américain, López Selva Chirico, « La intervención francesa y el imperio en la prensa uruguaya », Historia Mexicana, no 2, 1969|6, p. 248-281.
11 Marx Karl, The New Yok Times, 23 novembre 1861, cité dans Rubel Maximilien, « Marx devant le bonapartisme », in Karl Marx, Les luttes de classes en France, Paris, Gallimard, coll. « Folio/Histoire », 1994, p. 426.
12 El Comercio, 29 janvier 1862 ; Camacho Juan Vicente, Lijeras reflexiones sobre la cuestion de Méjico, Lima, Tipografia del Comercio, 1862. Voir aussi Antinóo, Reconquista de las colonias Sur-Americanas, Lima, Imprenta de José S. Macias, 1862.
13 José Gregorio Paz Soldan à Manuel Nicolas Corpancho, Lima 27 mars 1862, Archivos Ministerio de Relaciones Exteriores (Lima, AMRE), CC 96 – Correspondencia con los ajentes diplomáticos de la República en América, 1861-1862.
14 Francisco Solano Astaburuaga au Ministre des affaires Etrangères du Chili, New York, 10 mai 1863, Archivo Nacional Histórico (Santiago, AHN), Ministerio de Relaciones Exteriores, vol. 116, dépêche no 76. La deuxième citation correspond à Juan Antonio Ribeyro à Federico Barreda, Lima, 19 juin 1863, AMRE, CC51 – Copiador de la Correspondencia dirigida a las Legaciones del Peru en América.
15 Fuentes Manuel Anastacio, Méjico y la alianza Hispano-Anglo-Francesa, Lima, Tipografia de la época por L.E. del Campo, 1862, p. 16.
16 El Peru y la influencia Europa, Paris, Libreria Universal, 1862, p. 19.
17 Jimenez Sebastian, « Las republicas americanas y el imperio francés », Lima, Imprenta del Comercio, 1863, p. 7.
18 Lastarria José Victorino, « Lima en 1850 », in Alberto Tauro, Viajeros en el Perú Republicano, Lima, Universidad Nacional Mayor de San Marcos, 1967, p. 89. Pour la place de l’exil à Lima vers le milieu du siècle, voir Sobrevilla Perea Natalia, « Apertura y diversidad: los emigrados políticos latinoamericanos en la Lima de mediados del siglo XIX », in Carmen McEvoy et Ana María Stuven (dir.), La Republica Peregrina. Hombres de armas y letras en América del Sur, 1800-1884, Lima, IFEA/IEP, 2007, p. 289-312 ; Bonfiglio Giovanni, « La actitud de los intelectuales europeos que radicaron en el Perú durante la segunda mitad del siglo XIX », in Carmen McEvoy et Ana María Stuven (dir.), op. cit., p. 341-366.
19 Dos Republicanos: Pablo et Job, Valparaiso, Imprenta del Universo de G. Heleann, 26 novembre 1861. Voir aussi Cruz Guillermo Feliú, En torno de Ricardo Palma, Santiago du Chili, Prensas de la Universidad de Chile, 1933.
20 « La España y las Republicas Americanas », El Mercurio, 29 novembre 1861.
21 L’article est réapparu quelques jours plus tard dans les pages d’El Tiempo. Une biographie de Florentino González dans Figueroa Pedro Pablo, Diccionario Biográfico de estranjeros en Chile, Santiago du Chili, Imprenta Moderna, 1900, p. 96.
22 F. G., La reconquista y los defensores de la independencia americana, cité dans Cruz Guillermo Feliú, op. cit., p. 136. Les critiques de Palma à cet article peuvent se lire dans la Revista Sud-América, 10 janvier 1862, no 4. Elle est l’organe de la Société d’Amis de l’Illustration. Voir Cruz Guillermo Feliú, op. cit.
23 El Chalaco, 12 décembre 1861.
24 Voir Figueroa Pedro Pablo, Diccionario Biográfico de estranjeros en Chile, op. cit., p. 96. Aussi Cardona Zuluaga Patricia, « Florentino González y la defensa de la Repíblica », Araucaria. Revista Iberoamericana a de Filosofía, Política y Humanidades, no 32, 2014|16, p. 435-458 ; Tamayo Arboleda Fernando, « Autoritarismo y liberalismo. Una mirada a partir de la obra de Florentino González a la ideología liberal en Colombia en el siglo XIX », Estudios Políticos, no 51, 2017, p. 106-127.
25 Voir Van Aken Mark J., King of the Night. Juan José Flores & Ecuador. 1824-1864, Berkeley, University of California Press, 1989 ; Henderson Peter V. N., Gabriel García Moreno and Conservative State Formation in the Andes, Austin, University of Texas Press, 2008.
26 Flores à Napoléon III, Paris, 20 janvier 1863. Centre d’archives diplomatiques de La Courneuve, affaires diverses politiques. 26ADP1, fo 89.
27 Van Aken Mark J., op. cit., p. 261.
28 « Defensores de la Independencia, Sesión del 5 de junio de 1864 », La América, 8 juin 1864.
29 Pruvonena, Memorias y documentos para la historia de la independencia del Perú y causas del mal éxito que ha tenido esta, vol. 1, Paris, Libreria de Garnier Hermanos, 1858, p. viii.
30 Lastarria José Victorino, « Lima en 1850 », art. cité, p. 87. Sur les courants monarchiques au Pérou Voir García Belaúnde Domingo, « Los inicios del constitucionalismo peruano (1821-1842) », Pensamiento Consitucional, no 4, 1992|4, p. 233-244 ; Palza Becerra Hector, Aprendiendo a ser libres. Los avatares del Perú republicano tras la independencia, Lima, Grupo Gráfico del Piero, 2013. Voir aussi Basadre Jorge, Historia de la Republica del Perú, vol. 1, 1822-1866, Lima, Cultura Americana, 1946.
31 Soler Ricaurte, op. cit. ; Lopez Muñoz Ricardo, El americanismo en Chile ante la expansion politica y militar europea sobre hispanoamérica (1861-1867), thèse d’histoire, Universidad de Chile, 2011.
32 Maillefer à ministre des Affaires étrangères, Montevideo, 30 juillet 1863, dépêche no 159. CADN, 444PO/1/5.
33 Castilla à Pezet, Lima, 13 mai 1863, in Archivo Castilla, El Callao, Imprenta Colegio Militar Leoncio Prado, vol. III, s. d., p. 288-289.
34 Vernouillet à ministre des Affaires étrangères, Parana, 24 mai 1861, dépêche no 154, CADN 132/PO/1/25.
35 Voir Forment Carlos, « La Sociedad Civil en el Perú del siglo XIX: Democrática o disciplinaria? », in Hilda Sabato (dir.), Ciudadanía política y formación de las naciones. Perspectivas Históricas de América latina, Mexico, FCE-ColMex, 1999, p. 202-230. Forment Carlos, Democracy in Latin America, Chicago, University of Chicago Press, 2003. Voir aussi García-Bryce Iñigo, Crafting the Republic. Lima’s Artisans and Nation Building in Peru, 1821-1879, Albuquerque, University of New Mexico Press, 2004.
36 De Paula González Vigil Francisco, Importancia de las asociaciones, Lima, Ediciones Hora del hombre, 1948.
37 Constitución de la Sociedad de Fundadores de la Independencia del Perú, Lima, Impreso por Francisco Solís, 1861, p. 4.
38 Forment Carlos, Democracy in Latin America, op. cit. ; Forment Carlos, « La Sociedad Civil… », art. cité ; McEvoy Carmen, « La experiencia republicana: politica peruana, 1871-1878 », in Hilda Sabato (dir.), Ciudadanía política…, op. cit., p. 253-269.
39 Basadre Jorge, Historia de la República del Perú y formación de las naciones. Perspectivas Históricas de América latina, op. cit.
40 El Comercio, 4 avril 1862.
41 « Sociedad de Defensores de la Independencia Americana », El Comercio, 4 avril 1862.
42 El Comercio, 29 avril 1862.
43 El Comercio, 12 juillet 1862.
44 « Manifestacion Patriotica de la Sociedad de Artesanos de Auxilios Mutuos », El Comercio, 24-25 juillet 1862.
45 El Comercio, 13 mai 1862 et La Voz de Chile, 29 juin 1862.
46 Ricardo Palma à Juan María Gutiérrez, Valparaiso, 24 février 1862, in Epistolario, Lima, Editorial Cultura Antártica, 1949, p. 10.
47 José Antonio Barrenechea à Manuel Ortiz de Zeballos, Lima, 12 juillet 1862, in Porras Barrenechea Raúl, José Antonio Barrenechea, 1829-1998, su vida y su obra, Lima, Imprenta Torres Aguirre, 1929, p. 90.
48 « Correspondencia de Lima, 26 mai 1862 », El Ferrocarril, 1er juin 1862.
49 José Antonio Barrenechea à Manuel Ortiz de Zeballos, Lima, 12 juillet 1862, in Porras Barrenechea Raúl, op. cit., p. 90.
50 De Lesseps à ministre des Affaires étrangères, Lima, 13 juin 1862, dépêche no 51. CADN, 2MI1784.
51 Ibid. Voir aussi El Comercio, 8 juillet 1862.
52 « Au Général Mexicain D. Ignacio Zaragoza. Vainqueur de Puebla, José Arnaldo Marquez », La América, 4 juillet 1862. Voir aussi El Comercio, 12 juillet 1862 ; La Voz de Chile, 9 août 1862, cité dans El Comercio.
53 De Lesseps au ministre de l’Intérieur, Lima, 13 juin 1862. CADN, 2MI1784.
54 El Comercio, 7 juillet 1862.
55 Zuloaga au maire de la municipalité, Lima, 14 juillet 1862. Archives municipales de Lima (AML), fonds Junta Honorable Departamental de Lima, section Cultura-Espectáculos/Libros de acta de sesión. Livre 1 (1857-1862).
56 Lama au propriétaire du théâtre, Lima, 14 juillet 1862. AML, fonds Junta Honorable Departamental de Lima, section Cultura-Espectáculos, Librosde acta de sesión. Livre 1 (1857-1862).
57 « Los Defensores de la Independencia Americana en el Teatro », La América, 16 juillet 1862.
58 Ibid.
59 El Comercio, 12 juillet 1862.
60 « Programa de las fiestas civicas para celebrar el aniversario de nuestra independencia politica », El Comercio, 21 juillet 1862.
61 Freyre à Pardo, Lima, 19 juillet 1862. AML, fonds Junta Honorable Departamental de Lima, section correspondencia – Instituciones, Sobre Prefectura (1863-1869).
62 De Lesseps au ministre des Affaires étrangères, Lima, 29 juillet 1862. CADN, 2MI1784.
63 Ibid., 13 août 1862.
64 Maillefer au ministre des Affaires étrangères, Montevideo, 29 juillet 1862, dépêche no 139. CADN 444PO/1/4.
65 Freyre à Pardo, Lima, 19 juillet 1862. AML, fonds Junta Honorable Departamental de Lima, section Cultura Espectáculos/Libros de acta de sesión. Livre 1 (1857-1862).
66 Ballesteros, au ministre de Madrid, 28 juin 1863, AHN, fonds Ministerio de Asuntos Exteriores, H1931 – Lima (1856-1930).
67 José Manuel Barenechea à Manuel Ortiz de Zeballos, Lima, 13 septembre 1863, in Porras Barrenechea Raúl, op. cit., p. 118.
68 Mensage que El Libertador Presidente de la República dirige a la legislatura de 1862, Lima, imprimerie del gobierno, 1862, p. 5.
69 De Lesseps au ministre des Affaires étrangères, Lima, 29 juillet 1862. CADN, 2MI1784.
70 Cité in Basadre Jorge, Historia de la República del Perú, op. cit., p. 351. Voir aussi la lettre que de Lesseps adresse au ministre Thovenel, le 29 juillet 1862. CADN, 2MI1784 ; José Manuel Barrenechea à Mauel Ortiz de Zeballos, Lima, 13 septembre 1863, in Porras Barrenechea Raúl, op. cit., p. 118.
71 Novak Talavera Fabien, Las relaciones entre el Peru y España (1821-2000), Lima, Pontificia Universidad Católica del Peru, 2001, p. 78.
72 De Lesseps au ministre des Affaires étrangères, Lima, 29 juillet 1862. CADN, 2MI1784.
73 Ibid., 13 août 1862.
74 Ibid., 29 avril 1863.
75 Voir Shawcross Edward, « When Montevideo Was French: European Civilization and French Imperial Ambitions in the River Plate, 1838-1852 », art. cité.
76 De Lesseps au ministre des Affaires étrangères, Lima, 29 avril1863. CADN, 2MI1784.
77 Ibid., 13 décembre 1865.
78 Becherel Alexis, « Souscription Française », El Comercio, 12 août 1862.
79 Journal des Débats, 27 juin 1862.
80 El Ferrocarril, 18 août 1862 et 21 août 1862.
81 El Comercio, 12 août 1862. Le nom de Becherel ne figure pas sur la liste des membres de la Compagnie de pompiers « France no 2 », où sont en revanche mentionnés d’importants personnages de la colonie française tels que De Lesseps lui-même, Emile Vion. Sur la colonie française su Pérou, voir Riviale Pascal, Una historia de la presencia francesa en el Peru, del Siglo de las Luces a los Años Locos, Lima, IFEA/IEP/Fondo Editorial del Congreso de la Republica/Ambassade de France, 2008.
82 El Comercio, 13 août 1862. Voir aussi La América, 20 août 1862.
83 La América, 16 août 1862.
84 El Comercio, 13 août 1862.
85 El Comercio, 14 août 1862.
86 Une analyse des oppositions à la politique mexicaine du Second Empire dans Meyer Jean, « Las oposiciones francesas a la “Expédition du Mexique” », in Guillermo Palacios et Erika Pani (dir.), El poder y la sangre. Guerra, Estado y Nación en la década de 1860, Mexico, El Colegio de México, 2014, p. 451-479.
87 Journal des Débats, 27 juin 1862.
88 Luís Benjamín Cisneros à Casimiro Ulloa, Paris, 31 janvier 1864, in Obras completas de Luís Benjamín Cisneros, 1939, Librería e imprenta Gil S.A., vol. 2, p. 413.
89 El Ferrocarril, 17 mars 1864.
90 Sanders James, The Vanguard…, op. cit.
91 Lastarria José Victorino, La América, Buenos Aires, Imprenta del Siglo, 1865, p. 5-6.
92 « Los pueblos y los gobiernos en las cuestiones americanas », La América, 3 mars 1862.
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