Introduction
p. 7-18
Texte intégral
1À la suite d’une première journée d’étude organisée à l’université de La Rochelle en novembre 2015 (« Marchands, exilés, missionnaires et diplomates : les Français et les États-Unis, 1789-18151 »), une deuxième avait lieu en novembre 2017 au Centre des archives diplomatiques de Nantes qui devait élargir la focale spatiale et chronologique et permettre une réflexion sur les sources de l’histoire des relations entre la France et les Amériques2. Qu’il me soit donc permis d’introduire les actes de cette seconde journée en pointant des archives trop peu fréquentées et qui permettraient pourtant d’apporter des éclairages neufs sur une question qui prend des formes extrêmement variées, comme le prouveront les contributions de cet ouvrage.
2Les missions des consuls de France aux États-Unis dans la première moitié des années 1790 semblent a priori bien connues. Genêt, notamment, a été l’objet de nombreux articles et ouvrages, mais certains de ses collègues ne sont pas en reste3. Pourtant, à deux égards au moins, le dossier reste inachevé : d’abord parce que les historiens ont toujours mis l’accent sur les mêmes aspects de la diplomatie française, à savoir la tentative conjointe de susciter une fraternité républicaine transatlantique et de subvertir les équilibres géopolitiques continentaux en voulant fomenter une agitation chez les colons de l’Ouest ; ensuite parce que ce sont toujours les mêmes sources qui sont mises à contribution. Les historiens étatsuniens utilisent la correspondance consulaire éditée il y a près d’un siècle et viennent parfois consulter les archives des Affaires étrangères de La Courneuve pour compléter leur recherche. Les quelques historiens français à se pencher sur la question savent qu’il existe à Nantes les fonds des postes consulaires eux-mêmes, mais tellement vastes qu’ils demeurent sous-exploités. Or il suffit d’y jeter un œil même rapidement pour constater que les questions politiques sont loin d’être les seules traitées puisque les consuls ont une mission très largement commerciale4. Ainsi Genêt lui-même, tout pris qu’il fut par son activisme politique, n’en développa pas moins des réseaux au service de l’approvisionnement de la France révolutionnaire et notamment de ses armées, expliquant, avec son indépendance coutumière, qu’il était « déterminé à ne point observer » les instructions qui lui avaient été confiées : plutôt que des adjudications publiques, il passerait des « marchés particuliers » avec des négociants choisis par lui, de manière à être discret aux yeux des Britanniques5. Son successeur, Fauchet, a passé à Philadelphie – mais des dossiers identiques reposent dans les fonds du poste new-yorkais – 34 contrats entre le 14 mai et 26 octobre 17946. La plupart concernent des chargements de farine, mais six d’entre eux traitent de cargaisons de cuirs de semelle et de dessus. Trois contrats sont par exemple passés avec John R. Livingston, de New York, qui comme ses confrères ne devait pas hésiter à vendre à une République en difficulté puisqu’il était prévu que ces achats français soient en fait pris sur la dette contractée par les Américains lors de leur propre guerre d’indépendance. Ainsi lorsque le Somerset a débarqué ses cuirs à Bordeaux début 1795, le gouvernement français a effectivement refusé de payer et renvoyé Livingston au Trésor américain7. Au-delà des circulations financières et des questions diplomatiques, ce qu’il faut ici retenir c’est que des entrepreneurs aux États-Unis produisent des cuirs de chaussures qui franchissent l’océan pour équiper les armées révolutionnaires. Les soldats de l’an III sont-ils seulement conscients d’avoir aux pieds des cuirs américains payés par le soutien français à l’indépendance des Treize Colonies ? Dans tous les cas, l’histoire de ces circulations révolutionnaires très matérielles reste largement à inventer.
3Comme l’est celle des circulations des personnes en France en utilisant ces sources d’une extraordinaires richesse que sont les registres de passeports et de visas intérieurs. Ils n’informent pas sur les individus qui entrent en France ou quittent le territoire mais sur ceux qui s’y déplacent, révélant une autre réalité, moins étudiée8. À titre d’exemple projetons-nous à La Rochelle lors de deux années test, 1813 et 1829. En 1813 les représentants des Amériques sont statistiquement insignifiants mais leurs origines disent quelque chose du monde atlantique. On trouve d’abord des Antillais. Martial Le Brun est natif de la Grenade mais n’a que 38 ans et est donc né sur l’île alors que la France avait déjà dû la céder aux Britanniques. Sa présence à La Rochelle reste à expliquer mais il y est domicilié, se présente comme artiste dramatique et se rend à Bergerac. Plus attendus sont les quelques réfugiés de Saint-Domingue qui se déplacent cette année-là. Quatre d’entre eux sont installés en France. Louise Couppé est devenue l’épouse du chef d’escadron Darnaud, aide de camp du maréchal Bertrand. Elle voyage accompagnée de son enfant en bas âge. Pierre Rouyer est né à Port-au-Prince et Guillaume Dupont au Cap-Français. Les deux hommes habitent La Rochelle, le premier est un ferblantier se dirigeant vers Nantes tandis que le deuxième file vers Bordeaux. Charles Larrodé est plus étonnant car il se signale comme « propriétaire dans les colonies » et demeurant à Saint-Domingue où il est né. Comment l’imaginer en 1813 propriétaire domicilié sur une île que les révolutionnaires ont proclamée indépendante le 1er janvier 1804 ? D’autant plus que les trois autres se présentent bien implicitement comme ex-colons, installés en métropole sans ambigüités9. Tout se passe comme si Larrodé, qui dans les faits vit sans doute en Bretagne (il présente un passeport fourni par la mairie de Morlaix en 1811 et l’année suivante, en 1814, loge à Brest), restait intellectuellement ce planteur de Saint-Domingue dont il se refuse à accepter la disparation.
4D’autres réfugiés se sont installés aux États-Unis. Parmi eux le très riche Arnaud André Roberjot Lartigue, issu d’une famille bordelaise, débarque à La Rochelle sur le corsaire américain le Decatur à la fin du mois de décembre 1813. Il était accompagné de sa domestique Fanny, « mulatresse libre agée de 55 ans », mais aussi de deux autres négociants : Jean-Baptiste Chastant, Nîmois installé comme son collègue à Philadelphie (et allant à Nîmes) Robert Stewart, qui se dirige vers Bordeaux ainsi que celui qui est désigné comme le capitaine du navire, Michael Brown. On a donc affaire, classiquement, à des circulations négociantes (bien maigres ici, malgré tout), dans un contexte guerrier d’une particulière densité puisqu’aux guerres napoléoniennes se mêle cette année-là le conflit américano-britannique. Mais on voit aussi, et c’est une des rares occurrences archivistiques permettant de l’atteindre, une femme noire de la domesticité, qui permet d’approfondir la conscience des mondes sociaux en jeu dans cette histoire atlantique10.
5C’est la focale géographique qui s’élargit quelque peu si l’on se décale en 1829. Au milieu de nombreux militaires espagnols et de pléthore de musiciens italiens ou d’artisans suisses, deux Guadeloupéens rappellent un flux ténu mais ininterrompu mais surtout c’est un certain Eugène Ablon qui frappe : né à Saint-Pierre, à la Martinique, il n’a que 23 ans mais est déjà un négociant, domicilié à Lima, Pérou, ou le consul général de France lui a délivré son passeport le 4 mars. Il se rend à Paris avec sa nièce dont le nom n’est pas indiqué : la jeune femme est vouée à un anonymat administratif qui n’en rend que plus impératif une analyse des circulations féminines11. Il se dévoile dans ce simple cas pioché au hasard des archives une histoire complexe, liant métropole, Antilles françaises et Pérou nouvellement indépendant et traversant les frontières de genre. Évidemment la question de la représentativité peut être posée mais la fenêtre mérite d’être ouverte plus largement.
6Quinze ans plus tard, remontons le Mississippi et arrêtons-nous à Cape Girardeau, ville fondée en 1793 et située dans l’État du Missouri depuis que celui-ci a été fondé en 1821. Dans les années 1840 elle est un petit pôle commercial sudiste qui dépasse juste le millier d’habitants et est marqué par la présence d’un collège lazariste. La congrégation était présente dans la région depuis que Mgr Dubourg, évêque de la Louisiane, avait recruté plusieurs de ses membres à Naples et avait traversé l’océan et les États-Unis avec eux à la fin des années 1810. Marqués toujours par leurs origines italiennes, ces lazaristes ont diversifié leur recrutement et surtout ouvert des institutions d’enseignement, dont le collège de Cape Girardeau est alors un fleuron. Il accueille les rejetons de nombreuses familles catholiques de la vallée et parmi elles beaucoup sont des francophones d’origine variée : Créoles, Canadiens, Français et autres croisent dans les couloirs de l’établissement des anglophones et des germanophones12. L’usage des langues d’enseignement y semble complexe et l’enquête est à approfondir. Léon Gouthreux, par exemple, bénéficie de Cicéron en traduction anglaise, d’une grammaire grecque dans la même langue, mais aussi d’un traité de littérature en français et des Fables de La Fontaine comme des œuvres de Jean-Baptiste Rousseau dans leur langue originale. D’autres élèves acquièrent un volume d’Histoire ancienne mais aussi une Modern History13. Le fait est que, quelle que soit la cohérence du projet éducatif, le collège Saint-Vincent diffusait des ouvrages en français et selon toute vraisemblance venus de France. Mais qui les lui fournissait ? Les livres de comptes bien conservés mais tenus sans grande précision ne permettent pas de répondre : des livres sont bien achetés en ce milieu des années 1840 mais souvent sans mention de libraire et, quand il y en a un, le Geraghty en question n’est sans doute pas le fournisseur d’ouvrages français14. Il doit y avoir une filière qui assure la circulation atlantique du livre français vers Cape Girardeau mais il faudrait pour la connaître des sources plus précises. Il existe bien quelques factures de libraires pour un autre établissement lazariste du Missouri, ouvert quelques années plus tôt, le séminaire Saint-Mary des Barrens, à Perryville. Les libraires sont locaux et fournissent des livres en anglais, à une notation près : en 1830 Thomas Houghan, de Saint-Louis, vend « 9 vols. French books », de même que « Perrin’s Fables » et « Paul and Virginia » dont on peut supposer en revanche qu’il s’agit de traductions et non des versions originales15. Hors du collège et du séminaire, il n’existe qu’une seule occurrence d’une facture dont on ne peut donc faire un modèle : en janvier 1833 l’évêque de Saint-Louis, le lazariste Rosati, commande 69 titres à la librairie lyonnaise Rusand. Beaucoup sont des exemplaires uniques mais 96 Cantiques de Missions et 600 Catéchismes quittent aussi les rives du Rhône pour rejoindre le Missouri16. Le livre français parvient bien dans ces contrées lointaines étatsuniennes, mais sous une forme catholique rarement remarquée par les historiens de la région17.
7Les chaussures des soldats de la République de l’an III faites de cuir américain ; Fanny la mulâtresse originaire de Saint-Domingue ou Eugène Ablon le Martiniquais du Pérou circulant en France depuis La Rochelle ; les catéchismes lyonnais diffusés dans les paroisses des monts Ozarks et les Fables de La Fontaine au collège Saint-Vincent de Cape Girardeau. Des cas qui gisent encore parmi tant d’autres au creux d’archives à découvrir et qui éclairent les enjeux qui traversent les contributions de cet ouvrage. Le premier, indiqué clairement en choisissant d’organiser la journée d’étude dans un centre d’archives, relevait bien d’une interrogation sur la nature et la variété des sources d’une histoire franco-américaine (au sens le plus large, non étatsunien). De ce point de vue, le contrat est rempli : non seulement Agnès Chablat-Beylot présente dans les pages qui suivent les fonds se rapportant au sujet au Centre des archives diplomatique de Nantes dont elle a la charge, mais chacun des contributeurs apporte son expertise d’un type de fond particulier, au service de ses problématiques propres. Clara M. Avendaño analyse les circulations ibéro-américaines postrévolutionnaires en France grâce aux abondantes (du sériel à la correspondance) archives du contrôle de la circulation des personnes ; Emmanuel Berger, lui, cherche à comprendre la circulation de modèles juridiques entre la France et le Brésil en se servant de textes de lois et de traités juridiques comme de débats parlementaires. Andy Cabot, pour comprendre tous les enjeux caribéens à l’époque révolutionnaire, utilise les fonds disponibles aux Archives nationales permettant de comprendre la construction multiscalaire d’une politique mais aussi leur équivalent britannique car l’histoire atlantique se fait par le croisement des ressources archivistiques. Ana Beatriz Demarchi Bartel décale le regard en usant de sources littéraires, les écrits de Ferdinand Denis, pour saisir les circulations culturelles et la construction du champ littéraire brésilien dans le dialogue avec la France.
8Pour sa part, Alexandre Dupont, afin de rendre signifiante l’expérience internationale des contre-révolutionnaires, doit faire feu de tout bois, des archives de la préfecture de police de Paris à celles, départementales, de la Vendée, en n’oubliant pas de révéler quelques trésors gisant dans les Archives secrètes du Vatican et à quel point de ces hommes nombreux ont publié eux-mêmes leur propre mémoire. Christophe Le Fahler montre, lui aussi, qu’il faut naviguer largement puisque les archives de la Compagnie de New York, qui a fondé l’établissement de Castorland dans les années 1790, sont aussi atlantiques que l’étaient les membres de l’aventure : il faut les chercher, au moins, entre les Archives nationales et celles de la New York Historical Society, deux dépôts où personne ne les avait encore consultées. Friedemann Pestel, ensuite, confirme que l’histoire complexe de Saint-Domingue dans les années 1790 ne peut s’écrire qu’en croisant de multiples fonds d’archives : ici ce sont surtout les fonds britanniques – mais aussi ceux des frères de l’Instruction chrétienne – qui sont mis à contribution pour comprendre l’inscription de la pensée de Pierre-Victor Malouet dans les enjeux politiques atlantiques. Pour finir, Matias Sanchez Barberan veut comprendre l’évolution de la pensée républicaine dans le Pérou du milieu du xixe siècle. Or, montre-t-il, elle ne se comprend qu’en relation étroite avec les pays voisins et avec l’empire né au Mexique de l’intervention française, d’où l’impératif croisement de sources puisées à Lima, Santiago ou Nantes (les fonds du Centre des archives diplomatiques sont ici particulièrement utiles).
9Dans l’ensemble, le programme initial, qui consistait à brasser large le monde atlantique et à montrer la richesse des fonds d’archives comme la diversité des approches qu’ils permettent, a été respecté. Sources littéraires, traités juridiques, correspondance consulaire, archives policières et autres sur les deux rives de l’océan, de la France à l’Angleterre, du Brésil au Chili, du Pérou aux États-Unis ont été exploités. Bien sûr il est aisé de pointer les angles morts. Spatialement, l’absence par exemple du Canada est, il est vrai, singulière. Mais font défaut aussi les approches par le religieux en un temps où pourtant les missionnaires abondent, ou par le commerce atlantique, qu’on l’aborde par les flux globaux ou par des histoires d’entrepreneurs. De même, l’océan des sources francophones au cœur des États-Unis attend encore de nombreux historiens. Mais c’est presque tant mieux : il reste ainsi beaucoup à faire pour relire à nouveaux frais sur les deux rives de l’océan. On ne peut qu’espérer qu’un élan puisse être donné ici.
10Or cette exploration archivistique ne vaut que parce qu’elle est guidée par les questions que posent les historiens. Ceux qui sont réunis dans cet ouvrage se sont fixés comme objectif de comprendre une phase de l’histoire qui court du dernier tiers du xviiie siècle au dernier tiers du xixe siècle. Il faut donc d’abord éclaircir la périodisation choisie, objet de débats depuis que l’histoire globale est revenue sur le devant de la scène. Dans les années 2000, deux historiens ont produit des synthèses très remarquées d’histoire mondiale du xixe siècle. Le Britannique Christopher Bayly, en 2004, proposait un récit d’une vaste uniformisation dans un contexte de conquête européenne du monde, mais attaché dans le même temps aux périphéries, à leurs décalages et à leurs effets sur le centre18. L’Allemand Jurgen Osterhammel, en 2009, ne construisait pas son ouvrage sur un récit linéaire mais en fonction d’un découpage thématique de ce qu’il appelait la « grande transformation19 ». Dans les deux cas, très peu de travaux francophones venaient à l’appui des thèses des auteurs mais ces derniers trouvaient une forme d’accord tacite sur la manière de périodiser le xixe siècle de manière large, en fait entre la fin du xviiie et le début du xxe, et, de manière très militante chez Osterhammel, de façon élastique, les rythmes variant en fonction des thématiques et des espaces. Dans les faits, leur xixe siècle débute donc dans les dernières décennies du xviiie siècle, au temps des révolutions européennes et américaines, de l’apogée du système économique atlantique, d’une nouvelle irruption européenne en Asie, du début de la conquête de l’Australie, etc.
11La Cambridge History of World History publiée en 2015 abonde dans le même sens : élasticité du temps mais fin du xviiie siècle comme tournant majeur. Le volume 6 se clôt en 1800 mais le volume 7 reprend en 1750, comme si ces cinq décennies marquaient une transition incertaine. John R. McNeill et Kenneth Pommeranz, éditeurs du volume 7, mettent l’accent, d’abord, pour signaler une rupture à l’échelle mondiale, sur la guerre de Sept Ans, sur les révolutions atlantiques et, en Asie, sur des assauts majeurs contre les mondes nomades. Les évolutions économiques, sociales, culturelles ou environnementales, si elles ne sont pas moins importantes, ne jouent pas sur le même registre de temporalité. Les césures sont en ces domaines moins marquées. Mais alors qu’ils poursuivent leur volume jusqu’à nos jours, McNeill et Pommeranz reconnaissent aussi comme une sorte d’accélération des phénomènes globaux dans le dernier tiers du xixe siècle et offrent de fait un xixe « décalé » vers l’amont20. C’est celui-ci que Sebastian Conrad et Jürgen Osterhammel définissent pour leur part dans une autre histoire mondiale multivolume. Entre 1750 et 1870 il se joue quelque chose de particulier : les deux historiens indiquent en préalable que « modernité » et « modernisation » sont des concepts à manier avec précaution mais intitulent bien leur ouvrage An emerging modern world21.
12Le décalage temporel semble donc accepté. Sylvain Venayre et Pierre Singaravélou, pourtant, auraient tendance à laisser croire l’inverse. En s’opposant frontalement à Bayly et Osterhammel au nom d’une synthèse impossible, d’un récit unifiant qui ferait obstacle au réel, ils proposent une « mosaïque » qui, sans nier les mouvements de fond habituels (État, nation, idéologie, religion, classes…) permet de ne pas oublier ceux qui échappent à la mondialisation, et donc de penser l’hétérogénéité du monde, de ne pas opposer microhistoire et histoire globale – ce qu’au demeurant aucun des historiens cités précédemment ne faisait. Mais comment alors définir selon eux le xixe siècle ? Il faudrait reconnaître la prégnance ambigüe du concept de « modernisation », affirmer ne pas vouloir rigidifier le temps mais, de manière implicite, accepter un xixe siècle qui débuterait réellement dans sa première décennie, sans remonter vers ce qui est paradoxalement nommé « époque moderne ». Faut-il y voir une raideur académique, les restes d’un partage du temps ancien ? Jean Le Bihan et Florian Mazel affirment que le temps des historiens français demeure prisonnier de certains archaïsmes. Pour eux, « la périodisation canonique apparaît comme une institution au sens que Mauss et Fauconnet donnent à cette notion », qui s’impose tellement que « la réflexion même sur la périodisation tend à se concentrer sur les césures “secondaires” (emblématiquement, les débats sur la mutation de l’an mil en histoire médiévale) et ainsi à se déployer au sein du découpage canonique plutôt qu’à l’interroger22 ».
13Dès lors, même si des historiens heureusement n’hésitent pas, au prix de risques pour leur visibilité académique, à s’affranchir de la « périodisation canonique23 », il est difficile de penser une phase qui enjamberait vraiment 1800. Si le récit de la modernisation est critiqué, s’il s’agit bien de « réintroduire du conflit et une pluralité des possibles dans un siècle débarrassé de sa linéarité et de sa religion du progrès24 », pourquoi ne pas briser aussi le « siècle » en question25 ? D’autant plus que la question n’est pas neuve. Dans l’ensemble, et même si c’est de manière implicite – car ils ne sont jamais cités ou presque – ce sont les travaux de Reinhart Koselleck qui irriguent cette double réflexion sur le temps et la périodisation. D’une part en affirmant la multiplicité des temporalités historiques ce dernier a conduit les historiens à repenser leur propre rapport au temps, à refuser les rigidités et les linéarités et à promouvoir au contraire élasticité et hétérogénéité. D’autre part, et peut-être paradoxalement, en définissant un « sattelzeit », un temps-charnière entre 1750 et 1850 qui voyait naître la modernité occidentale, il en appelait dans le même temps à subvertir les périodisations habituelles. Or même si Koselleck lui-même est revenu sur son « sattelzeit », qui avait une fonction pratique et des limites théoriques, c’est bien cette phase et son questionnement qui aliment encore aujourd’hui une partie d’une histoire mondiale qui peine à sa défaire de son européocentrisme ou de son américanocentrisme et du prisme de la littérature scientifique anglophone26.
14Sans s’enfermer dans un vain débat sur ce que peut être la « modernisation » et en se simplifiant la tâche par la considérable réduction spatiale que représente le champ atlantique plutôt que le monde en son entier, cet ouvrage veut interroger ce qui se passe entre les années 1770 et les années 1860 en postulant que l’observatoire franco-américain est pertinent pour ce faire. La réduction spatiale laisserait croire à un abandon de toute perspective d’histoire globale : il ne sera pas question ici de débattre de la « grande divergence » ou de la construction des sciences coloniales mais bien de circulations atlantiques que l’on peut donc lire soit comme une extension d’une histoire atlantique qui a elle-même une longue histoire27 soit comme le choix d’une parcelle de globalité, en tout cas d’une histoire des connexions dans un espace-temps dont on postule l’unité autour de trois thématiques auxquelles renvoient directement les exemples tirés des archives et développés plus haut.
15La première n’apparaît qu’en lointain filigrane dans les contributions qui suivent mais mériterait sans aucun doute un traitement différent. La période voit en effet des évolutions majeures dans le domaine économique. Ce sont les débuts de l’industrialisation – spatialement très différenciée – de l’espace atlantique, en même temps que le capitalisme commercial mue lentement et que la consommation croît fortement, là encore de manière extrêmement variable en fonction des espaces et des catégories sociales ou genrées. Il y aurait matière à un autre volume sur les relations entre la France et les Amériques dans ces domaines car marchands et industriels circulent, les biens et les innovations aussi et les traiter dans ce cadre pourrait faire avancer la réflexion sur des aspects bien spécifiques, tel le sens actuel de ce qui se développe aux États-Unis sous le vocable « histoire du capitalisme » ou les échelles d’une histoire de la consommation qui de même est en pleine redéfinition de soi28.
16Mais ici, ce sont les révolutions et les nations qui sont au cœur du propos. Chacun connaît l’histoire du concept de révolutions atlantiques, sa naissance sous les plumes de Robert Palmer et Jacques Godechot au temps de la guerre froide, son abandon puis sa réapparition à la fin du xxe siècle alors que dans le contexte de chute du bloc communiste son remploi pouvait devenir triomphaliste. Mais au-delà de la caractérisation d’une unité de destin occidentale, dont la pensée frise toujours le complexe de supériorité, le concept a aussi permis un renouvellement de la réflexion. Car s’il faut bien penser des niveaux d’intégration (commerciale, culturelle, étatique…) du monde atlantique, celui-ci doit être pensé dans sa totalité en intégrant les Antilles et les Amériques hispaniques aussi bien que les rives africaines et européennes. Les révolutions étatsunienne et française, pour capitales qu’elles soient, sont donc revisitées par celles, multiples, qui courent jusqu’au début des années 1820 du Mexique au Rio de la Plata et passent par les Pays-Bas, le Brabant, Genève et, évidemment, l’expérience centrale qu’est la Révolution haïtienne. Surtout, les perspectives mécaniquement diffusionnistes sont abandonnées au profit d’analyses circulatoires et multiscalaires qui font ressortir l’extrême variété des acteurs de révolutions génératrices d’un protagonisme généralisé29 et d’une vraie inventivité politique et culturelle, qui peine souvent à remettre en cause, sur le terrain, la rigidité des rapports de force sociaux30.
17Il devient clair, de surcroît, que la compréhension des mouvements révolutionnaires ne peut être complète si leur étude est abruptement stoppée avec les indépendances hispano-américaines. Car non seulement le cas uruguayen, par exemple, est là pour rappeler que l’histoire est plus longue que prévue, mais les poussées révolutionnaires se multiplient jusqu’à la Commune. Si les historiens français peinent encore à sortir du cadre hexagonal et lorsqu’ils le font, demeurent européens31, Canadiens ou Étatsuniens ont appelés récemment à lire les rébellions de 1837-183832 ou le mouvement sécessioniste du Sud dans une perspective continentale et atlantique33. Un colloque récent tenu à Paris en appelait pour sa part fort heureusement à une lecture globale du moment révolutionnaire 184834.
18Or, dans ces révolutions, l’idée nationale joue un rôle majeur. Elle s’y construit en même temps qu’elle en est un des moteurs. Beaucoup d’encre a coulé pour tenter de définir les nations, qui tendent à n’être que des collectivités qui se disent telles et veulent faire exister ce qui est d’abord de l’ordre du discours. Les conditions de leur émergence à partir de la fin du xviiie siècle – si le terme existe bien avant, il ne recouvre pas la même réalité et il faut éviter l’anachronisme en la matière35 – demeurent encore objets de débats car si on décrit bien, et souvent, les mécanismes d’un phénomène de construction nationale et si on peut faire l’inventaire des éléments constitutifs des nations que ses promoteurs et partisans publicisent abondamment, creuser les origines d’un processus aussi atlantique, puis global, que celui-ci ne relève pas de l’évidence. Les nations apparaissent au carrefour de multiples évolutions, entre émergence de moyens de communication efficaces, démocratisations d’ampleur variable, dislocation de cadres économiques et sociaux d’ancien régime, renforcement des structures étatiques, etc.36. Le tout, là encore, ne doit pas être lu en fonction de schémas trop simple, d’une diffusion d’un modèle unique par des élites et par un centre géographique. L’essentiel réside donc dans des circulations croisées qui ne doivent pas pour autant générer un modèle horizontal ou réticulaire ignorant des rapports de force sociaux ou politiques qui participent aussi à construire les nations.
19Les contributions réunies ici ont toutes comme ambition de participer à une meilleure compréhension des logiques atlantiques d’une histoire des révolutions et des nations. Le lecteur y fréquentera divers moments et espaces révolutionnaires et lira comment les nations émergentes s’identifient elles-mêmes, s’identifient entre elles et construisent leurs normes. Les mondes caribéens des années 1790 se révéleront centraux dans ces processus (Andy Cabot, Friedemann Pestel) puisque s’y jouent, notamment à Saint-Domingue, un grand jeu diplomatique qui n’est que le reflet des tensions entre espérances et inquiétudes suscitées par la rencontre entre l’élan révolutionnaire et le système esclavagiste. Ces espoirs, ces angoisses, génèrent des circulations de migrants ou d’exilés d’une rive à l’autre de l’océan. Ce sont des identités neuves qu’il faut alors imaginer dans un emboîtement d’intérêts politiques et financiers (Clara M. Avendaño, Christophe Le Fahler). Le jeune État brésilien, lui, se construit en partie en dialogue avec la France, que ce soit dans sa culture juridique ou dans l’émergence d’un champ littéraire national (Ana Beatriz Demarchi Barel, Emmanuel Berger) tandis que loin dans le siècle, jusqu’au début des années 1870, ce sont bien des logiques circulatoires complexes qui construisent les références républicaines ou contre-révolutionnaires en Amérique comme en Europe (Alexandre Dupont, Matias Sanchez Barberan).
Notes de bas de page
1 Villerbu Tangi (dir.), Les Français et les États-Unis, 1789-1815. Marchands, exilés, missionnaires et diplomates, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Enquêtes & Documents », 59, 2017.
2 La journée portait sur une séquence 1776-1865 mais il m’a semblé plus pertinent dans le cadre de la publication de clore sur la Commune, en 1871.
3 Par exemple Ammon Harry, The Genet Mission, New York, W. W. Norton, 1973 ; Sheridan Eugene R., « The Recall of Edmond Charles Genet: A Study in Transatlantic Politics and Diplomacy », Diplomatic History, 18, 1994, p. 463-488 ; Campbell Wesley J., « The Origin of Citizen Genet’s Projected Attack on Spanish Louisiana: A Case Study in Girondin Politics », French Historical Studies, vol. 33, no 4, automne 2010, p. 515-544.
4 Belissa Marc, Bégaud Stéphane et Visser Joseph, Aux origines d’une alliance improbable : le réseau consulaire français aux États-Unis, 1776-1815, Bern/Paris, Peter Lang, ministère des Affaires étrangères, 2005 et pour la suite, Sim Gérald, Le corps diplomatique consulaire français aux États-Unis (1815-1904), Paris, Les Indes Savantes, 2020. Plus généralement Ulbert Jörg et Le Bouëdec Gérard (dir.), La fonction consulaire à l’époque moderne. L’affirmation d’une institution économique et politique (1500-1800), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006.
5 Centre des archives diplomatiques de Nantes, légation de Philadelphie, 518PO/1/106, circulaire signée par Genêt adressée en blanc aux consuls et datée de juin 1793 sans précision de jour.
6 Ibid., lot de contrats passés par Fauchet, 25 floréal An II-5 Brumaire An III.
7 « Christopher Miller against John R. Livingston », New York Term Reports of Cases Argued and Determined in the Supreme Court of that State, New York, Isaac Riley, 1804, p. 349-358.
8 Becchia Alain, « Voyages et déplacements au début du xixe siècle (étude des passeports intérieurs conservés à Elbeuf) », Annales de Normandie, 41e année, no 3, 1991, p. 179-215 ; Capot Stéphane, « Circuler au départ de Limoges au xixe siècle : l’apport des passeports pour l’intérieur, 1807-1877 », Archives en Limousin, no 37.
9 Archives municipales de La Rochelle (AMLR), 2 I 5/41, registre des passeports 30 janvier-24 mai 1813 (Larrodé) ; 2 I 5/42, 24 mai-9 septembre 1813 (Dupont et Rouyer) ; 2 I 5/43, 9 septembre 1813-6 janvier 1814 (Le Brun et Couppé).
10 AMLR, 2 I 5/43.
11 AMLR, 2 I 5/51, registre des visas, septembre 1829-décembre 1830.
12 La bibliographie sur le sujet est nulle, l’histoire du collège reste à faire car elle est ultérieure aux quelques années pionnières des lazaristes du Missouri, travaillées fréquemment mais sur un mode souvent hagiographique par les lazaristes eux-mêmes via leurs publications, par exemple la revue Vincentian Heritage, [https://via.library.depaul.edu/vhj/].
13 De Paul University Archives, DeAndreis Rosati Memorial Archives, St Vincent’s College, Cape Girardeau, Missouri ; Box 7, account book 1843-1849.
14 Ibid., Box 44, general accounts, 1844-1851.
15 De Paul University Archives, DRMA, St Vincent’s College, Cape Girardeau, Missouri, Box 88, folder 13, facture de Thomas Houghan, 18 septembre 1830.
16 Archives de l’archevêché de Saint-Louis, R-RG1B4.3, factures de Rusand 25 janvier 1833.
17 Ils préfèrent noter la « modernité », par exemple, des bibliothèques des Créoles de Saint-Louis quand elles sont pleines d’ouvrages des Lumières : McDermott John Francis, Private libraries in Creole Saint Louis, Baltimore, The Johns Hopkins Press, 1938.
18 Bayly Christopher, La naissance du monde moderne (1780-1914), Paris, Éditions de l’Atelier/Le Monde diplomatique, 2006 (2004).
19 Osterhammel Jürgen, La transformation du monde au xixe siècle, Paris, Nouveau Monde, 2017 (2009).
20 Bentley Jerry H., Subrahmanyam Sanjay et Wiesner-Hanks Merry E. (éd.), The Cambridge History of World History, vol. 6 : The Construction of a Global World, 1400-1800, Part 1: Foundations, Part 2: Patterns of Change, New York, Cambridge University Press, 2015 ; McNeill John R. et Pommeranz Kenneth, The Cambridge History of World History, vol. 7 : Production, destruction and Connection, 1750-Present, Part 1: Structures, Spaces, and Boundary Making, Part 2: Shared Transformations?, New York, Cambridge University Press, 2015. Voir l’introduction de la partie 1.
21 Conrad Sebastian et Osterhammel Jürgen, An Emerging Modern World, 1750-1870, Cambridge, The Belknap Press of Harvard University Press, 2018.
22 Le Bihan Jean et Mazel Florian, « La périodisation canonique de l’histoire : une exception française ? », Revue historique, no 680, 2016|4, p. 812.
23 Par exemple pour penser les effets de la Révolution française en comparant l’avant (à l’époque « moderne ») et l’après (à l’époque « contemporaine »). Des cas locaux : Jessenne Jean-Pierre, Pouvoir au village et Révolution : Artois 1760-1848, Lille, Presses universitaires de Lille, 1987 ; Rolland-Boulestreau Anne, Les Notables des Mauges : communautés rurales et Révolution (1750-1830), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2004 ; Kermoal Christian, Les notables du Trégor : éveil de la culture politique et évolution dans les paroisses rurales (1770-1850), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2002 ; Sauzeau Thierry, Les marins de la Seudre. Du sel charentais au sucre antillais. xviiie-xixe, La Crèche, Geste, 2005 ; Turc Sylvain, Les élites grenobloises des Lumières à la monarchie de Juillet. Noblesse, notabilités, bourgeoisies (1760-1848), Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2009 ; Gardey Philippe, Négociants et marchands de Bordeaux. De la guerre d’Amérique à la Restauration (1780-1830), Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2009 ; Deschanel Boris, Commerce et Révolution. Les négociants dauphinois entre l’Europe et les Antilles (années 1770-années 1820), Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2018.
24 Fureix Emmanuel et Jarrige François, La modernité désenchantée. Relire l’histoire du xixe siècle français, Paris, La Découverte, 2015, p. 8.
25 Jusqu’à la trahison qu’expérimentait Milo Daniel S., Trahir temps (Histoire), Paris, Les Belles Lettres, 1991 ?
26 De l’œuvre de Koselleck traduite en français retenons surtout ici Le futur passé. Contribution à la sémantique des temps historiques, Paris, Éditions de l’EHESS, 2016 (1979). Pour une critique de certains travers de l’histoire globale mais aussi sur sa profonde pertinence, voir Stanziani Alessandro, Les entrelacements du monde. Histoire globale, pensée globale, Paris, CNRS Éditions, 2018.
27 Est-il encore besoin d’y revenir ? Voir par exemple le débat en France, au milieu d’une bibliographie immense : Werner Michael et Zimmerman Bénédicte, « Penser l’histoire croisée : entre empirie et réflexivité », Le genre humain, 42, avril 2004, p. 15-52 ; Douki Caroline et Minard Philippe, « Histoire globale, histoires connectées : un changement d’échelle historiographique ? Introduction », Revue d’histoire moderne & contemporaine, no 54-4bis, 2007|5, p. 7-21 ; Minard Philippe, « Globale, connectée ou transnationale : les échelles de l’histoire », Esprit, 2013-12, p. 20-32 ; Vidal Cécile, « The Reluctance of French Historians to Address Atlantic History », The Southern Quarterly, vol. 43, no 4, 2006, p. 153-189 et « Pour une histoire globale du monde atlantique ou des histoires connectées dans et au-delà du monde atlantique ? », Annales HSS, vol. 67, no 2, 2012, p. 391-413 ; Cabantous Alain, « Résistance de principe ou lucidité intellectuelle ? Les historiens français et l’histoire atlantique », Revue historique, vol. 663, no 3, 2012, p. 705-726. Voir aussi le carnet de recherche du projet ANR TRACS, Cultural Histories of the Atlantic World 18th– 21st Centuries, [https://tracs.hypotheses.org/].
28 Plutôt que de multiplier les références – innombrables –, je ne renvoie ici qu’à quelques texte récents qui font le point de manière critique sur ces objets Rockman Seth, « What makes the History of Capitalism Newsworthy ? », Journal of the Early Republic, vol. 34, no 3, automne 2014, p. 442 ; Barreyre Nicolas et Blin Alexia, « À la redécouverte du capitalisme américain », Revue d’histoire du xixe siècle, vol. 54, no 1, 2017, p. 135-148 ; Ryckbosch Wouter, « Early Modern Consumption History: Current Challenges and Future Perspectives », BMGN – Low Countries Historical Review, 130, no 1, 2015, p. 57-84, [DOI : 10.18352/bmgn-lchr.9962] ; Béaur Gérard, « Introduction : La révolution industrieuse introuvable », Revue d’histoire moderne et contemporaine, no 64-4, 2017|4, p. 7-24 ; Huston James L., « Slavery, Capitalism, and the Interpretations of the Antebellum United States: The Problem of Definition », Civil War History, 65, 2, 2019, p. 119-156.
29 Burstin Haim, Révolutionnaires. Pour une anthropologie politique de la Révolution française, Paris, Vendémiaire, 2013 ; Deluermoz Quentin et Gobille Boris, « Protagonisme et crises politiques. Individus “ordinaires” et politisations “extraordinaires” », Politix, vol. 112, no 4, 2015, p. 9-29.
30 Un bilan dans Belissa Marc et al., « Les indépendances dans l’espace atlantique, v. 1763-v. 1829 », Annales historiques de la Révolution française, no 384, 2016|2, p. 167-198.
31 Aprile Sylvie, Caron Jean-Claude et Fureix Emmanuel (dir.), La liberté guidant les peuples. Les révolutions de 1830 en Europe, Seyssel, Champ Vallon, 2013.
32 Bellavance Marcel, Le Québec au siècle des nationalités (1791-1918). Essai d’histoire comparée, Montréal, VLB, 2004 ; Harvey Louis-Georges, Le Printemps de l’Amérique française. Américanité, anticolonialisme et républicanisme dans le discours politique québécois, 1805-1837, Montréal, Éditions du Boréal, 2005 ; Courtois Charles-Philippe et Guyot Julie (dir.), La culture des Patriotes, Québec, Septentrion, 2012 ; Mauduit Julien, « Vrais républicains » d’Amérique : les patriotes canadiens en exil aux États-Unis (1837-1842), thèse d’histoire, université du Québec à Montréal, 2016.
33 Bender Thomas, Nation among nations : America’s place in world history, New York, Hill and Wang, 2006 ; Egerton Douglas R., « Rethinking Atlantic Historiography in a Postcolonial Era: The Civil War in Global Perspective », Journal of the Civil War Era, vol. 1, no 1, mars 2011, p. 79-95 ; Quigley Paul, Shifting Grounds: Nationalism and the American South, 1848-1865, New York, Oxford University Press, 2012 ; Fleche Andre M., The Revolution of 1861: The American Civil War in the Age of Nationalist Conflict, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2012.
34 Deluermoz Quentin, Fureix Emmanuel et Thibaud Clément (dir.), Les Mondes de 1848, Ceyzerieu, Champ Vallon, 2021.
35 Schaub Jean-Frédéric, « Le sentiment national est-il une catégorie pertinente pour comprendre les adhésions et les conflits sous l’Ancien Régime ? », in Alain Tallon (dir.), Le sentiment national dans l’Europe méridionale aux xvie et xviie siècles (France, Espagne, Italie), Madrid, Casa de Velázquez, 2007, p. 155-167.
36 Des analyses classiques : Hroch Miroslav, Social preconditions of national revival in Europe: A comparative analysis of the social composition of patriotic groups among the smaller European nations, New York, Columbia University Press, 2000 (1969) ; Anderson Benedict, L’imaginaire national. Essai sur l’origine et l’essor du nationalisme, Paris, La Découverte, 1996 (1983) ; Hobsbawm Éric, Nations et nationalisme depuis 1780, Paris, Gallimard, 1995 (1990) ; Thiesse Anne-Marie, La création des identités nationales. Europe xviiie-xxe siècle, Paris, Le Seuil, 1999 ; Bouchard Gérard, Genèse des nations et cultures du Nouveau Monde, Montréal, Boréal, 2001. Une vision synthétique dans Hewitson Mark, « Nationalism and the Nineteenth Century », in Timothy Baycroft et Mark Hewitson (dir.), What is a Nation ? Europe, 1789-1914, Oxford, Oxford University Press, 2006, p. 312-351.
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