VI. Document : les actes d’assemblées de la Compagnie des îles de l’Amérique
p. 639-763
Texte intégral
1Les délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique de 1635 à 1648, figurent dans un registre de 516 pages in folio intitulé : Ordres du Roy et autres expéditions de la Compagnie des Isles de l’Amérique de 1635 à 1647 avec les Actes d’Assemblée tenues par cette Compagnie pour ce qui concerne ses Affaires particulières depuis 1635 jusqu’en 1648 qui repose aux Archives nationales d’outre mer à Aix-en-Provence (ANOM) sous la cote F2A13. Elles en forment la troisième et dernière partie (p. 241-516), les deux autres étant consacrées aux ordres du roi (p. 1-75) et aux instructions de la Compagnie à ses agents (p. 77-239)1. Le manuscrit est paginé en continu. Il existe cependant une double pagination pour les pages. L’ensemble a été copié par plusieurs mains vraisemblablement d’après les originaux tirés des archives de la Compagnie en 16482, pour être remis, selon Jacques de Dampierre, à Nicolas Fouquet, l’un des associés, ou, selon Isidore Güet, à Richelieu3. Il est signé de trois associés la Compagnie : Antoine de Ricouart, Jacques Berruyer et Julius de Loynes. Nous ne disposons peut-être pas avec ce document de toutes les délibérations de la Compagnie. Elles sont en effet peu nombreuses entre 1646 et 1648. Cela signifie-t-il que les réunions étaient moins fréquentes ou qu’elles n’ont pas été reportées dans le manuscrit de l’ANOM ? Jean-Baptiste Dutertre mentionne en effet des réunions qui n’apparaissent pas ici4. Les conditions de composition du manuscrit en sont vraisemblablement la cause. D’ailleurs, les délibérations ne sont pas toutes mises dans l’ordre chronologique. Ainsi celles des 5 et 22 décembre 1641 figurent-elles entre celles du 26 juin 1642 et du 28 septembre 1642. La délibération du 6 août 1642 est placée après celle du 3 juin 16435. Plusieurs réunions ont eu lieu après 1648 mais elles nous demeurent inconnues6.
2Mais nous ne savons pas où est passé le manuscrit après sa rédaction. Il réapparaît au milieu du xviiie siècle. Il est alors donné par l’abbé de Pomponne à Pierre de Clairambault en 1743 pour être remis au comte de Maurepas, alors ministre de la Marine, qui fait relier l’ensemble à ses armes. Comment l’abbé a-t-il été en possession de ce manuscrit ? Il est le fils du célèbre ministre de Louis XIV, Simon Arnauld de Pomponne, et de Catherine, fille du maître des comptes, Nicolas Ladvocat7. Nous connaissons bien un Ladvocat. C’est l’un des premiers associés de la Compagnie de 1626. Le manuscrit aurait pu être remis dans cette hypothèse non pas à Fouquet mais à Ladvocat et serait ensuite resté dans sa famille jusqu’à ce que l’abbé de Pomponne se décide à le remettre au ministre de la Marine. Il sera ensuite versé aux archives nationales. Mais le manuscrit a pu suivre un autre parcours. Nicolas Fouquet s’appuie pour répondre aux accusations de malversations financières portées contre lui, sur les minutes des délibérations de la Compagnie qui sont conservées avec d’autres papiers, dit-il, chez la veuve du secrétaire de la Compagnie8. La chose est plausible. Il était fréquent que les secrétaires du Conseil du roi encore au xviie siècle gardent entre leurs mains les minutes des arrêts et les transmettent à leurs héritiers9. Cela ne permet pas de dire en revanche comment l’abbé de Pomponne en est entré en possession.
3Nous avons gardé pour l’édition des actes d’assemblées de la Compagnie des îles de l’Amérique les tournures et les termes employés au xviie siècle. Les accords de l’époque ont été maintenus. Nous avons cependant modernisé l’orthographe. Les noms de lieu ont été actualisés. Les noms de personne ont été harmonisés en privilégiant l’écriture la plus courante dans le texte. Les mots entre crochets sont de notre fait. La ponctuation a été ajoutée.
4[p. 241] Actes d’assemblées de la Compagnie des îles de l’Amérique pour ce qui concerne ses affaires particulières de 1635 jusqu’en 1648
5[p. 242] Ce volume remis par monsieur l’abbé de Pomponne pour être présenté à monseigneur le comte de Maurepas pour son dépôt de la Marine le 13 juillet 173410.
6Voir la lettre de monsieur de Pomponne du 13 juillet 1734 avec celle de monsieur Clairambault du 15 suivant au recueil des ordres pour le dépôt.
7Cette partie ne contient que des délibérations de la Compagnie des îles de l’Amérique de 1635 à 1648.
8[p. 243] Du mercredi XXXIe janvier MVICXXXV, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
9Messieurs de la Compagnie de Saint-Christophe et îles adjacentes, assemblés par l’ordre de monseigneur le cardinal, duc de Richelieu, grand maître de la navigation et commerce de France, savoir : le dit sieur Foucquet, ayant charge de monseigneur le cardinal et en son nom, monsieur de Guénégaud, conseiller d’État et trésorier de l’Épargne, tant pour sa part en ladite Compagnie que pour celle de feu monsieur Marion, vivant conseiller d’État et contrôleur général des finances, monsieur Bardin, conseiller du roi en son conseil d’État et président en la chambre des comptes de Bourgogne, monseigneur Martin, conseiller audit conseil, tant en son nom qu’ayant charge de monsieur le commandeur de La Porte et du sieur de Launay Razilly, monsieur de Pradines et monsieur Cavelet, écuyer, sieur du Herteley, tant en son nom qu’ayant charge des sieurs Berruyer et de Cauville. Après que, le dit sieur du Herteley a dit avoir averti tous messieurs les associés qui sont en cette ville de se trouver en ce lieu suivant l’ordre de mondit seigneur le cardinal.
10Monsieur Foucquet a dit que monseigneur le cardinal avait désiré qu’on assemblât la Compagnie pour voir ce qui était à faire pour le rétablissement d’icelle et pour reprendre le premier dessein qu’elle avait eu lorsque la société fut contractée, donner les ordres nécessaires tant pour la conservation et augmentation de la colonie de l’île Saint-Christophe que pour en établir ès autres îles circonvoisines.
11Monsieur Martin a fait entendre sommairement ce qui s’est passé depuis que la société a été contractée et les causes pour lesquelles elle n’a réussi ainsi qu’on l’avait espéré, que pour rétablir la colonie de Saint-Christophe et pour en faire tirer quelque émolument à la Compagnie, il avait obtenu du roi des défenses à toutes personnes d’aller trafiquer à l’île Saint-Christophe sans permission de la Compagnie, qui, depuis, par l’avis d’aucuns des associés [p. 244] en l’absence des autres, il avait été jugé à propos de donner permission à tous maîtres de navires qui voudraient aller à l’île Saint-Christophe d’y passer aux conditions suivantes, savoir d’y faire passer gratuitement trois personnes pour la Compagnie, de rapporter les marchandises qui appartiennent à la Compagnie sans fret jusqu’à la concurrence de l’onzième partie de leur charge, et pour les particuliers qui y voudraient passer, qu’ils le pourraient en payant par chacun an à la Compagnie cent vingt-cinq livres de pétun par tête, les femmes et enfants déchargés dudit payement pour convier plus de personnes d’y mener leur famille, ce qui a été approuvé par ceux qui étaient présents en ladite assemblée et arrêté que semblables concessions seront accordées à tous ceux qui les demanderaient pendant le cours de la présente année pour l’île de Saint-Christophe.
12Et sur diverses propositions faites pour le rétablissement de la Compagnie, il a été arrêté qu’il serait dressé quelques articles pour obtenir de monseigneur le cardinal, au nom de sa majesté, de plus grandes concessions et privilèges que ce qui avait été ci-devant accordé à la Compagnie, et que, pour voir les articles, la Compagnie s’assemblerait le dimanche suivant, quatrième du mois de février, dix heures de relevé, au même lieu, et d’autant qu’il a été reconnu qu’il était nécessaire que quelques-uns de la Compagnie se chargeassent de prendre le soin particulier des affaires qui pourraient survenir, il a été résolu qu’il serait nommé quatre directeurs pour la présente année, et ont été nommés unanimement les dits sieurs de Guénégaud, Martin, Bardin et Berruyer, et pour écrire les délibérations et résolutions de la Compagnie et faire toutes les dépêches nécessaires, garder les lettres, comptes et papiers de la Compagnie, a été nommé pour secrétaire le sieur de Beauvais, commissaire ordinaire de la marine du Ponant.
13Ce fait, le sieur du Herteley a remontré que depuis l’établissement [p. 245] de la Compagnie, il a été chargé de faire la recette des sommes qui ont été contribuées par les associés, la dépense des embarquements qu’il a reçu et vendu, partie de pétun qui a été apporté de Saint-Christophe, et généralement négocié tout ce qui était du fonds de la Compagnie sans que ses comptes aient été arrêtés, quoique diverses fois partie d’iceux aient été examinés, a supplié la Compagnie de la vouloir arrêter. Les sieurs Bardin et Berruyer ont été commis pour examiner les dits comptes et priés de faire rapport à la Compagnie qui s’assemblera le quatrième février des articles qui peuvent recevoir quelque difficulté pour être décidés par la Compagnie.
14Du dimanche quatrième février MVICXXXV après midi, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
15Ont été assemblés messieurs Foucquet, de Guénégaud, Martin, Bardin, Berruyer et du Herteley, èsdits noms.
16Messieurs Bardin et Berruyer ont rapporté sommairement l’état de la recette et dépense des comptes dudit sieur du Herteley et les articles par eux remis au jugement de la Compagnie. Ont été décidés : lesdits sieurs Bardin et Berruyer ont été commis pour arrêter au nom de la Compagnie lesdits comptes ; le dit sieur du Herteley a été prié de continuer pendant le reste de cette année la recette et dépense des effets de la Compagnie qui sont au Havre-de-Grâce et de prendre un soin particulier de tout ce qui sera du bien d’icelle.
17A été arrêté que les directeurs de la Compagnie choisiront une personne de la ville de Dieppe pour avoir le soin des effets de la Compagnie qui arriveront en ladite ville.
18Ce fait, ont été résolus les articles que la Compagnie a jugé à propos d’obtenir de sa majesté, et monsieur Berruyer a été prié d’en passer le contrat avec monseigneur le cardinal [p. 246] duc de Richelieu au nom de la Compagnie, lesquels articles ont été signés de ceux qui se sont trouvés présents en l’assemblée, et a été arrêté qu’ils seraient portés aux absents en leur logis pour les signer.
19Ont été pareillement vus les articles proposés par les sieurs de Lolive et du Plessis pour conduire une colonie de Français et s’établir en l’une des îles de la Guadeloupe, Dominique ou Martinique. A été arrêté que sur quelques difficultés trouvées èsdits articles en confèreront avec lesdits de Lolive et du Plessis pour résoudre lesdits articles à la première assemblée remise à cet effet au mercredi suivant septième dudit mois de février.
20Du mercredi septième février MVICXXXV après midi, au logis dudit sieur Foucquet.
21Ont été assemblés messieurs Foucquet, Martin, Bardin, Berruyer et du Herteley, èsdits noms.
22Le sieur Berruyer a fait rapport de la conférence particulière que le sieur du Herteley et lui ont eue avec les sieurs de Lolive et du Plessis sur les articles par eux proposés pour l’établissement de la colonie en l’une des trois îles de la Guadeloupe, Dominique ou Martinique, et après que les dits sieurs de Lolive et du Plessis ont été ouïs en l’assemblée pour résoudre avec eux quelques difficultés qui restaient, a été arrêté que la résolution de l’assemblée (d’accorder auxdits sieurs de Lolive et du Plessis ledit établissement) serait communiquer à messieurs les associés demeurant en cette ville qui ne se sont pas trouvés ce jourd’hui à l’assemblée, et que les articles seraient dressés pour les signer à la première assemblée de la Compagnie remise à cet effet au mardi XIIIe de ce mois au même lieu.
23[p. 247] A été proposé qu’il était nécessaire pour faire subsister la Compagnie de dresser des articles de société à l’observation desquels chacun des associés s’obligerait, ce qui a été approuvé par les présents, et arrêté qu’il en serait dressé des articles pour être examinés au premier jour que la Compagnie s’assemblerait et qu’il en serait conféré aux absents.
24Du mardi XIIIe février MVICXXXV, au logis dudit sieur Foucquet, conseiller d’État.
25Ont été assemblés messieurs Foucquet, Martin, Bardin, Berruyer et du Herteley, èsdits noms.
26A été fait lecture des articles accordés aux sieurs de Lolive et du Plessis, et ont été signés par messieurs de la Compagnie présents à l’assemblée et arrêté qu’ils seraient portés aux absents en leur maison pour les signer.
27Le sieur Berruyer a été prié de passer le contrat avec lesdits sieurs de Lolive et du Plessis au nom de la Compagnie.
28Les articles de société examinés ont été approuvés et signés par les présents, et arrêté qu’ils seraient portés aux absents en leur maison pour les signer et reconnus par devant notaires.
29Du mercredi septième jour de mars MVICXXXV, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
30Ont été assemblés messieurs Foucquet, de Guénégaud, Martin, Bardin, Berruyer et du Herteley.
31[p. 248] Le sieur Berruyer a représenté à la Compagnie qui lui a été mis en main par monsieur du Herteley un projet de compte dressé par le sieur du Rossey de la dépense par lui faite pour la Compagnie, auquel compte ledit du Rossey ne justifie point par quel ordre il a fait la dépense, ni même que la dépense ait été faite, et qu’il serait bon d’entendre ledit du Rossey sur les difficultés du compte.
32Ledit sieur du Rossey a été ouï sur ledit compte.
33A été arrêté que messieurs Martin et Berruyer termineraient par un accord s’il y a moyen avec ledit sieur du Rossey les prétentions qu’il a pour ledit compte contre la Compagnie.
34Qu’il sera traité avec le sieur du Halde à la meilleure condition qu’on pourra pour le faire aller à Saint-Christophe en qualité de lieutenant, et que, pour cet effet, il lui sera baillé jusqu’à la somme de neuf cents à mille livres, partie par gratification et partie par prêt, qu’il payera en pétun sur les lieux lorsqu’il en aura reçu pour ses droits.
35Qu’il sera acheté des armes et munitions pour envoyer à Saint-Christophe jusqu’à la concurrence de XV à XVI cents livres et que pour cet effet, ladite somme sera fournie au sieur Berruyer, à Rouen ou à Dieppe, par le sieur du Herteley.
36Qu’on écrira à Gentil, commis de la Compagnie, qui est à Saint-Christophe, qu’il revienne en France pour instruire la Compagnie de l’état des lieux et de ce qui s’y peut faire, et qu’il fasse rapporter avec lui les marchandises qui sont dans l’île qui appartiennent à la Compagnie.
37Qu’on écrira au sieur de Nambuc11, capitaine de Saint-Christophe, pour lui faire recevoir le sieur du Halde pour lieutenant dans l’île, et pour le faire reconnaître en cette qualité et lui faire [p. 249]12 payer un cinquième de ce qui se lève sur les habitants pour n’obligent capitaines13 (sic).
38Le sieur conseiller Caron à Dieppe a été nommé pour receveur commis de la Compagnie à Dieppe pour le reste de cette année, qu’il sera prié d’accepter ladite charge, et s’il l’accepte, a été arrêté que le pétun de la Compagnie qui est à Dieppe lui sera mis entre les mains.
39Ont été levés les instructions que seront baillées par la Compagnie au sieur du Halde pour Saint-Christophe, et aux sieurs Lolive et du Plessis pour l’île qu’ils habiteront, à Thireul nommé commis dans ladite île, à [un blanc] nommé écrivain, aux sieurs du Herteley et Caron, receveurs de la Compagnie au Havre et à Dieppe.
40Ont été aussi lues les commissions de la Compagnie audit sieur du Halde et aux dits sieurs Lolive et du Plessis.
41A été arrêté qu’il serait donné par charité aux quatre religieux jacobins réformés qui iront avec les dits sieurs Lolive et du Plessis la somme de quatre cents livres pour leur voyage à Dieppe et ce qui leur fera besoin avant leur embarquement, et pour acheter quelques ornements et livres, outre ce que les dits sieurs Lolive et du Plessis sont obligés de leur donner, et que ladite comme de 400 cents livres sera baillée par ledit sieur du Herteley pour cet effet en cette ville entre les mains du sieur Berruyer, l’un des directeurs.
42Qu’il sera baillé par ledit sieur du Herteley audit sieur Berruyer la somme de trois cents livres pour les petites dépenses que la Compagnie pourrait être obligée de faire à Paris pendant cette année.
43A été arrêté qu’il sera envoyé en qualité d’écrivain avec les dits sieurs Lolive et du Plessis le nommé Mesnier pour considérer ce qui se passera audit voyage, en faire des mémoires bien exactes, et [p. 250] pour passer s’il se peut en l’île Saint-Christophe au même effet et revenir en France rendre compte du tout à la Compagnie par ce même navire dans lequel ledit sieur Lolive et du Plessis auront passé, et que, pour cet effet, il lui sera donné pour son voyage deux cents livres par ledit sieur du Herteley savoir présentement cent livres et cent livres à son retour à Dieppe ou au Havre.
44Que pour le procès pendant à la table de marbre de Rouen pour le pétun arrêté à Dieppe, le sieur du Herteley en tirera par accord ce qu’il pourra pour la Compagnie, s’il n’en peut rien tirer, il ne poursuivra point le procès, et cependant on essaiera de le faire évoquer au conseil du roi.
45Du mercredi quatrième jour d’avril MVICXXXV, au logis de monsieur Foucquet, conseiller du roi en son conseil d’État.
46Ont été assemblés messieurs Foucquet, Martin, Bardin, et du Herteley.
47Sur ce qui a été proposé par le dit sieur du Herteley, qui a eu avis de la plainte que font ceux qui passent à Saint-Christophe, de ce qu’on les oblige de payer par chacun an CXXV livres de pétun sans distinction des années auxquelles on travaille à faire du pétun et des années auxquelles on n’en fait point, ce qui arrive de deux ou trois années l’une, et que cette rigueur est capable d’empêcher qu’il passe nombre de personnes dans ladite île qui auront dessein de s’y habituer.
48A été arrêté que ceux qui sont à présent dans l’île Saint-Christophe et ceux qui y passeront à l’avenir ne payeront les CXXV livres de pétun qu’ès années qu’il s’en fera dans l’île, et qu’ès autres années, ils payeront quarante livres de coton net et sans graine, et le dixième des autres fruits et marchandises qui se feront dans l’île, et qu’il sera donné avis du présent arrêt tant aux commis de la Compagnie qui sont dans l’île de Saint-Christophe qu’aux receveurs de la Compagnie qui [p. 251] sont établis au Havre et à Dieppe afin qu’à l’avenir ils n’obligent ceux qui voudront passer dans ladite île qu’aux dites conditions.
49A été arrêté que ceux qui sont commis pour faire la recette et les affaires de la Compagnie au Havre et à Dieppe, lorsqu’il n’y aura aucune personne à passer dans les îles de l’Amérique pour la Compagnie, pourront changer ladite condition et charger les maîtres de navire de fournir quelques armes ès dites îles, de rapporter plus grande quantité de marchandise sans payer le fret ou telle autre condition la plus avantageuse à la Compagnie qui leur sera possible.
50Du samedi XXVe août MVICXXXV, au logis de monsieur Foucquet, ont été assemblés messieurs Foucquet, Martin, Berruyer et du Herteley.
51Le dit Berruyer a dit avoir fait avertir messieurs les associés qui sont à présent en cette ville pour leur faire savoir qu’il a eu avis de Dieppe par le sieur Manicher, commis de la dite Compagnie, que le navire commandé par Richer, revenant de Saint-Christophe chargé de pétun, avait été pris par les Dunkerquois, et que par lettres écrites de l’île Saint-Christophe au dit sieur du Herteley par le sieur Gentil, commis de la Compagnie, on lui donnait avis que le vaisseau dudit Richer apportait à la Compagnie le mémoire au vrai des Français qui étaient à Saint-Christophe, de leur qualité, des armes qu’il y avait, et de l’état des forts et de ce qu’il était nécessaire de leur envoyer pour la défense et conservation de ladite île, que ces mémoires étant vus à Dunkerque, il était à croire qu’on ne manquerait pas d’y donner avis en Espagne, ce qui pourrait faire penser à surprendre ladite île en sachant les défauts, que cette affaire méritait d’y donner ordre au plus tôt leur donnant avis de se prendre garde et leur envoyant des armes et munitions. L’affaire mise en délibération, a été résolu d’envoyer [p. 252] au plus tôt en l’île Saint-Christophe une barque d’avis pour les avertir de se tenir sur leurs gardes et de leur envoyer par même moyen cent mousquets avec les bandoulières et fourchettes14, deux cents piques, vingt-quatre hallebardes, six cents de mèche, un millier de poudre, savoir cinq cents de poudre à canon et cinq cents de poudre à mousquet, mille livres de plomb, savoir cinq cents livres en balle et cinq cents livres en saumon15, et quelques moules pour faire les balles.
52Le dit sieur du Herteley, ayant fait entendre que la Compagnie n’a à présent autre fonds que du pétun, duquel le prix est tellement diminué qu’il n’y a lieu de le vendre présentement, le prix courant n’étant que de cinquante ou cinquante-cinq livres au plus, ce que le sieur Berruyer a confirmé lui avoir été mandé de Dieppe par ledit Manicher, commis de la dite Compagnie.
53L’affaire mise en délibération, a été avisé qu’il était plus expédient de prendre jusqu’à quatre mille livres à intérêts pour l’achat desdites armes, fret d’icelle qu’autres frais nécessaires pour ladite Compagnie, au payement de laquelle somme tenu en principal qu’intérêts, on obligerait le pétun qu’a à présent ladite Compagnie et celui qui lui viendra ci-après, et que pour cet effet, messieurs les directeurs donneraient un pourvoir sous leur seing au dit sieur du Herteley pour prendre à intérêt la dite somme de IIII mille livres au denier douze ou à meilleure condition, si faire se peut pour le temps d’un an.
54Ledit sieur du Herteley a été prié, retournant au Havre, de s’y informer de la commodité qu’il y aura d’envoyer promptement à la dite île Saint-Christophe ledit avis et d’y faire porter les dites armes et munitions soit par la voie du capitaine Le Letier qui est sur les termes d’aller au Pérou, ou par le vaisseau que prépare des Sablons de [p. 253] Fécamp, ou par la barque de Harfleur commandée par Péron ou par la barque de Lyot ou autres, et en donnera avis au plus tôt aux directeurs pour prendre résolution par quelle voie on enverra lesdites armes.
55Les sieurs Martin et Berruyer ont donné un pouvoir au dit sieur du Herteley pour emprunter la somme de IIII mille livres pour un an ou tel autre temps qu’il avisera pour employer en l’achat desdites armes et fret d’icelles en ladite île Saint-Christophe.
56Du mercredi cinquième septembre MVICXXXV. Au logis de monsieur Foucquet, ont été assemblés messieurs Foucquet, Martin, Berruyer et de Launay Razilly.
57A été proposé l’affaire du sieur de Caen16 intéressé au navire revenu depuis peu de Saint-Christophe où il était allé au préjudice des défenses qui lui avaient été faites d’y aller.
58A été arrêté, qu’attendu que le congé de monsieur le cardinal était expédié lorsque la signification des défenses ont été faites, que monsieur Berruyer, l’un des directeurs de la Compagnie, s’en allant à Dieppe, tirera ce qu’il pourra par composition dudit sieur de Caen, et s’il n’en peut rien avoir, se contentera d’être déchargé du fret qu’on pourrait prétendre du pétun de la Compagnie qui a été apporté de Saint-Christophe dans ledit vaisseau et donnera mainlevée de la saisie faite si aucune y a.
59Ledit sieur Berruyer étant en Normandie tiendra la main à ce que les armes que la Compagnie a résolu de faire acheter pour envoyer à [p. 254] Saint-Christophe y soient envoyées au plus tôt, et prendra résolution avec le sieur du Herteley par quel vaisseau on les pourra envoyer avec plus grande sûreté et à meilleure condition.
60Il sera mandé aux commis qui sont à Saint-Christophe qu’après qu’ils auront écrit aux directeurs de la Compagnie par le premier vaisseau qui partira, ils envoient un duplicata des lettres qu’ils ont écrites par le vaisseau précédent, outre lequel duplicata ils écriront séparément ce qu’ils auront à écrire et que lesdits commis avertissent celui auquel ils donneront le paquet des directeurs de le jeter en mer au cas que le vaisseau fut pris par les ennemis pour les empêcher d’avoir la connaissance de ce qu’on pourrait mander des nécessités de l’île.
61[Du mercredi cinquième mars mil six cent trente-six, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
62Ont été assemblés messieurs Foucquet, Martin, Bardin et Berruyer17]
63Du mercredi cinquième jour de décembre MVICXXXV. Au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
64Ont été assemblés messieurs Foucquet, Martin, tant comme ayant charge de monsieur le commandeur de La Porte que pour lui, Bardin, Berruyer et du Herteley, tant pour lui que fondé de procuration du sieur de Cauville.
65A été fait lecture du contrat fait par les sieurs Martin et Berruyer comme directeurs de la Compagnie avec Salomon Faulcon, marchand de Dieppe, tant pour lui que pour ses associés, pour la colonie et traite de l’île en laquelle les sieurs de Lolive et du Plessis se devaient habiter du Xe mai de la présente année 1635, passé par-devant [p. 255] Bergeon et Cousinet, notaires, et d’un autre contrat passé par les dits sieurs Martin et Berruyer audit nom avec les sieurs de La Mare, Faulcon et associés, pour raison de la dite colonie, et traité le vingt-quatrième juin de la présente année par-devant Blosse et ledit Cousinet, notaires, lesquels contrats ont été approuvés par ladite Compagnie.
66A été pareillement fait lecture de la délibération et résolution prise en l’assemblée du XXVe août dernier pour l’emprunt de IIII mille livres en principal pour envoyer des armes et munitions en l’île de Saint-Christophe, qui a été approuvée par ladite Compagnie.
67A été fait lecture des lettres écrites à monsieur Foucquet par le sieur Desnambuc, capitaine en l’île Saint-Christophe, et arrêté suivant sa réquisition qui lui sera envoyé quatre religieux capucins pour demeurer en la dite île.
68A été fait lecture des lettres du sieur du Halde et arrêté qu’il pourra avoir jusqu’au nombre de quatre serviteurs qui seront déchargés de payer aucuns droits à la Compagnie, et qu’il sera envoyé en l’île Saint-Christophe pour la Compagnie, deux briquetiers, deux maçons, deux charpentiers, deux chaudronniers, deux serruriers, et deux scieurs d’aix de long18, à telles conditions qu’il sera avisé par les directeurs de la Compagnie.
69Que ceux qui sont et qui iront en l’île Saint-Christophe pour y demeurer ne payeront plus à l’avenir que cent livres de pétun chacun pour chacune année que on en fera, et quarante livres de coton net et sans graine ès années qu’on ne fera point de pétun, et outre cela le dixième des autres marchandises et fruits de traite, si aucuns il s’en fait.
70Que ceux qui mèneront leurs femmes à Saint-Christophe pour y demeurer avec eux, ou qui se marieront en ladite île, seront déchargés de vingt livres de pétun ès années qu’on en fera, et ne payeront que IIIIXX livres de pétun.
71[p. 256] Que monsieur [un blanc], avocat, étant envoyé pour juge à Saint-Christophe, monsieur [un blanc] pour greffier et notaire, et [un blanc] pour sergent, et que pour cet effet, les directeurs conviendront avec eux aux conditions les plus avantageuses pour la Compagnie que faire se pourra, et qu’il leur sera donné des lettres de provision desdits offices.
72A été fait lecture des lettres du père Pélican19 et des sieurs de Lolive et du Plessis, capitaines de la Guadeloupe, et arrêté qu’il serait envoyé l’année prochaine en ladite île de la Guadeloupe, six religieux jacobins réformés auxquels il sera donné tant pour les conduire de Paris à Dieppe que pour leur acheter des calices, chasubles et autres choses propres pour leur église, la somme de six cents livres
73Qu’il sera écrit aux sieurs Desnambuc et du Halde qu’ils renvoient en France par le premier vaisseau les nommés La Forest et Desmarest, les fers aux pieds, pour venir rendre compte de ce qu’ils ont fait en l’île Saint-Christophe.
74Que monsieur [un blanc], avocat au parlement de Paris, sera envoyé pour juge de l’île de la Guadeloupe, monsieur [un blanc] pour greffier et notaire, et [un blanc] pour sergent, et que pour cet effet, les directeurs conviendront avec eux aux conditions les plus avantageuses pour la Compagnie que faire se pourra, et qu’il leur sera donné des lettres de provision desdits offices.
75A été fait lecture de l’arrêté du compte rendu ce jourd’hui aux directeurs de la Compagnie par le sieur du Herteley, l’un des associés et commis à la recette des droits de ladite Compagnie au Havre-de-Grâce, par lequel il appert qu’il est demeuré redevable de la somme de seize cent quarante-quatre livres deux sols et seize mille trois cent cinquante neuf livres de pétun, de laquelle somme il en mettra ès mains des pères jacobins la dite somme de VI cents livres, entre les mains du sieur Berruyer, [p. 257] l’un des associés et directeur de la Compagnie, la somme de VI cents livres pour subvenir aux affaires pressantes et inopinées de la Compagnie, et pour le surplus de ladite somme de XVI cent XLIIII livres II sols montant à IIII cent XLIIII livres II sols, elle lui demeurera entre les mains pour l’employer ainsi que par les directeurs lui sera ordonné, et pour lesdits CXVI mille III cent LIX livres de pétun demeureront pareillement en ses mains pour en disposer ainsi que par lesdits sieurs directeurs sera ordonné.
76Monsieur Foucquet a dit qu’ayant plusieurs parts en la Compagnie, il est en termes d’en vendre une part à monsieur Jean Rozée, marchand de Rouen, et a supplié la Compagnie de l’avoir agréable, ce qui lui a été accordé.
77Le sieur du Herteley a été prié de continuer la recette des droits de la Compagnie jusqu’à l’assemblée générale du mois de décembre de l’année prochaine MVIC trente-six.
78Et le sieur Manicher de Dieppe continué en la commission de la recette des droits de la Compagnie jusqu’à la dite assemblée générale de l’année prochaine MVICXXXVI.
79Et les sieurs de Guénégaud, Martin, [un mot rayé : Berruyer], Bardin et Berruyer ont été nommés pour directeurs de la Compagnie jusqu’à l’assemblée générale de l’année MVICXXXVI.
80Du mercredi cinquième mars MVIC trente-six, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
81Ont été assemblés messieurs Foucquet, Martin, Bardin et Berruyer.
82Monsieur Berruyer a représenté que le sieur Faulcon, tant en son nom qu’ayant charge des autres marchands de Dieppe qui ont traité avec la Compagnie pour l’île de la Guadeloupe, désiraient que la Compagnie prit part au profit et dépense qu’ils pourraient faire aux embarquements [p. 258] qu’ils sont obligés de faire par chacun an pour l’établissement de la colonie en ladite île, tant pour les autoriser davantage contre les capitaines de Lolive et du Plessis qu’habitants de ladite île, qu’aussi par le moyen de la contribution à la dépense, leur donner moyen de la faire plus grande et retirer des profits plus grands et plus prompts de la dite île qu’ils ne pourraient faire autrement, étant déjà beaucoup engagés et voyant peu d’établissement.
83Ladite affaire a été remise à proposer à la prochaine assemblée générale.
84Ledit Faulcon a fait représenter qu’en son particulier, il est intéressé d’un huitième comme les autres ses associés, et qu’outre cela, il a lui seul plus d’intérêts auxdits voyages que tous les autres, les navires lui appartenant, et que ne désirant hasarder des sommes si notables, il requérait la Compagnie de vouloir s’associer de la moitié à sa part pour lui donner plus de moyens de continuer la dite entreprise.
85L’affaire mise en délibération a été pareillement remise à la première assemblée générale.
86A été résolu qu’il serait écrit aux sieurs de Lolive et du Plessis de donner tout contentement aux marchands de Dieppe et de favoriser leur commis autant qu’il se pourrait sans préjudice au service et intérêts de messieurs de la Compagnie.
87Le sieur Faulcon a fait représenter que le vaisseau qu’il fait état de faire partir dans peu de temps pour porter des vivres et maneuvres à la Guadeloupe est tellement rempli qu’il ne peut faire passer aucune personne, ni porter aucune chose pour la Compagnie, et a prié d’en être déchargé pour cette fois.
88A été arrêté qu’il lui sera accordé permission d’aller à la Guadeloupe sans y porter les trois hommes et quatre tonneaux réservés par la Compagnie en promettant par écrit de porter six hommes et huit tonneaux pesant par le premier vaisseau que ceux de [p. 259] sa compagnie enverront à la dite île et sans tirer à conséquence. Sur ce, ledit Faulcon a représenté que la Compagnie a un notable intérêt à la conservation de la Guadeloupe, y ayant déjà fait de la dépense et espérant en retirer de l’émolument à l’avenir, et que les ennemis de sa majesté ou les Sauvages de l’île et des autres îles circonvoisines peuvent facilement en chasser les Français s’ils ne sont secourus d’armes et munitions, n’étant pas obligés en leur particulier d’en fournir à ceux qu’ils font passer en ladite île.
89A été résolu qu’il serait envoyé dans le premier vaisseau qui ira à la Guadeloupe deux canons de fer de fonte d’Angleterre de sept à huit livres de balle, trente mousquets, trente cuirasses et un millier de poudre qui seront mis dans le fort du sieur de Lolive, l’un des capitaines de ladite île, et qu’il en sera envoyé l’année prochaine pour mettre dans le fort du sieur du Plessis.
90Le sieur Berruyer a représenté qu’il n’y avait aucun fonds à la Compagnie que le pétun qui est à Dieppe et au Havre, et qu’il serait plus à propos de vendre du pétun que d’emprunter argent à intérêt pour l’achat des armes.
91A été résolu que pour fournir à l’achat des dites armes et munitions, il sera vendu par le commis de la Compagnie qui est à Dieppe du pétun de la Compagnie s’il en trouve soixante livres du cent, sans le pouvoir vendre à moindre prix, fera néanmoins tout ce qui lui sera possible pour le vendre à plus haut prix.
92Monsieur Martin a proposé de vendre tout le pétun de la Compagnie si on trouve à le vendre à LX livres le cent, tant pour payer ce que doit la Compagnie pour les armes et munitions qui furent envoyées l’année dernière à Saint-Christophe, que pour la dépense nécessaire qui peut survenir de jour à autre, n’y ayant espérance qu’il augmente de prix, y en ayant [p. 260] si grande quantité en France à des particuliers et y en arrivant de jour à autre.
93A été résolu qu’il serait mandé aux commis de la Compagnie qui sont au Havre et à Dieppe qu’ils vendent le pétun de la Compagnie s’ils en trouvent soixante livres du cent, qu’ils fassent néanmoins leur possible pour le vendre davantage si faire se peut.
94Du mercredi deuxième jour d’avril MVICXXXVI, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
95Ont été assemblés messieurs Foucquet, Martin et Bardin.
96A été fait lecture des lettres du sieur Berruyer, l’un des directeurs de la Compagnie, écrite[s] de Dieppe au dit sieur Foucquet le XXVIe mars dernier, par lesquelles, entre autres choses, il mande que le sieur du Plessis est décédé en l’île de la Guadeloupe, qu’on lui a rapporté que le sieur de Lolive, capitaine en la dite île, a dessein de surprendre les Sauvages et s’en défaire, et que le dit sieur Dyel du Vaudroc, neveu du sieur Desnambuc, est revenu de Saint-Christophe.
97A été arrêté qu’il serait écrit à la veuve du sieur du Plessis lettre de consolation, qu’on manderait au commis qu’il lui fît donner deux mille livres de pétun de celui qui appartient à la Compagnie, soit en l’île de la Guadeloupe ou de Saint-Christophe, et lui offre que si elle voulait demeurer dans l’une des îles, on lui promettrait d’avoir cinq hommes à elle qui seraient déchargés de payer les droits de la Compagnie, et qu’outre cela, il serait mandé audit sieur de Lolive de la traiter humainement et l’assister en toutes rencontres.
98Qu’il sera écrit au sieur de Lolive qu’il redouble ses soins pour la conservation de l’île, qu’il fasse son possible pour être en intelligence avec les Sauvages et qu’il ne leur fasse guerre, ni aucun déplaisir, pour quelque cause qu’il puisse survenir et qu’il demeure toujours sur la défensive.
99[p. 261] Qu’il sera écrit au sieur Vaudroc qu’il vienne faire un petit voyage à Paris pour instruire ceux qui ont soin des affaires de la Compagnie de l’état de l’île de Saint-Christophe et de la Martinique.
100Qu’il sera écrit au sieur Desnambuc pour réponse à sa lettre, et on le priera d’assister le sieur de Lolive de vivres et de ce qu’il aura besoin pour son établissement et conservation.
101Du mercredi septième mai MVIC trente-six, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
102Ont été assemblés messieurs Foucquet, Martin et Bardin.
103A été dit que Lespérance, domestique du sieur Desnambuc, pressant son retour, il était à propos de faire réponse aux lettres dudit sieur Desnambuc et pour cet effet, les revoir et aviser les établissements qui sont à faire présentement aux îles, et a été arrêté :
104Qu’il sera mandé au sieur Desnambuc qu’il envoie un consentement des habitants de Saint-Christophe de payer une garnison dans les forts pour être déchargés de la garde et fortification, et qu’aussitôt nous lui enverrons des soldats pour ladite garnison.
105Que les soldats qui seront en garnison pourront le jour qu’ils seront hors de garde, travailler aux fortifications et aux vivres, et que pour cet effet, il faut réserver quelques terres proches des forts pour les occuper et pour faire des vivres pour mettre dans les forts et aider à la nourriture de la garnison.
106Qu’il sera envoyé des artisans tant pour servir la Compagnie aux forts que pour les habitants, et des matériaux pour faire des bâtiments.
107Que les comptes de Gentil ont été vus, et la dépense trouvée excessive, que néanmoins on ne désire pas les examiner davantage, ayant été résolu de mettre en oubli tout le passé pourvu qu’à l’avenir les choses soient réglées et les droits de la Compagnie acquittés, et comme la [p. 262] Compagnie ne lui demande pas le payement du passé, aussi ne prétend-elle pas demeurer redevable, une grande partie de la dépense ayant été faite pour son particulier.
108Qu’il sera envoyé quatre commis pour percevoir les droits de la Compagnie puisqu’il juge à propos qu’on y envoie ce nombre.
109Qu’on le prie de tenir la main à ce que les commis puissent facilement percevoir les droits de la Compagnie, qu’il les autorise et qu’il ne souffre point qu’aucun s’ingère des affaires de la Compagnie, ni du public des habitants, s’il n’a commission de la Compagnie par écrit.
110Qu’il nous donne avis s’il ne serait pas à propos d’envoyer un juge pour retenir les habitants en leur devoir et empêcher les désordres qui pourront survenir dorénavant qu’il y aura grand nombre d’habitants, et cependant que la Compagnie le prie par son bon exemple et par le châtiment qu’il peut faire des méchants, d’empêcher les blasphèmes, jurements, meurtres et larcins.
111Qu’il ne reçoive aucun étranger pour demeurer sur les terres des Français tant à Saint-Christophe qu’à la Martinique, d’autant que la Compagnie y est obligée envers le roi, et que l’exemple de l’île de Saint-Martin, entre autres, apprend à ne donner aucune entrée aux étrangers, ce que toutefois la Compagnie n’entend des naturels du pays, Indiens ou Nègres, qu’on y peut convier comme utiles et nécessaires.
112Qu’il ne permette que ceux de la religion prétendue réformée qui sont dans l’île de Saint-Christophe s’assemblent pour faire leur prières, ni qu’ils aillent au prêche des Anglais, ce sera un moyen de satisfaire à la volonté du roi qui a obligé la Compagnie à n’en point avoir que de catholiques.
113Que la Compagnie ne fera point de difficulté de faire la dépense [p. 263] qu’il mande être nécessaire pour les salines de Saint-Christophe si elle voit en pouvoir tirer profit proportionné à la dépense, ce qu’il est nécessaire de savoir avant que de s’y engager, et que, pour cet effet, il est à propos qu’il mande à la Compagnie comment il a fait avec le capitaine anglais pour les émoluments des salines, s’ils les ont perçus en commun, quel nombre de navires vont par an chargés du sel, quelle quantité de muids on en tire et on en peut tirer, quel droit on a pris par le passé sur chacun muid de sel, et quel droit il estime qu’on peut prendre à l’avenir, s’il est plus à propos que les salines demeurent en commun avec les Anglais ou qu’on les partage.
114Qu’on n’improuve20 pas l’exemption qu’il a donné à ceux qui sont à présent à la Martinique de ne payer aucun droit pendant trois années mais que cela est suffisant pour les récompenser de la peine qu’ils auront à la fortification et garde du fort, et pour y défricher quelques terres pour la Compagnie pour la nourriture de ceux qu’on y pourra mettre avec le temps en garnison.
115Que nous voyons par les comptes qu’il y a porté grande quantité de munitions et de vivres, et qu’on ne juge pas qu’il y en faille envoyer de longtemps y ayant apparence que ceux qui sont dans l’île feront quantité de vivres, et pour les munitions en ayant envoyé beaucoup depuis l’année passée, il ne sera pas nécessaire d’en acheter, que néanmoins s’il juge nécessaire d’en avoir davantage, qu’il nous le mande et que nous lui en enverrons, le priant de ne plus acheter aucune chose pour la Compagnie, des Hollandais, Anglais, ni même des Français, d’autant qu’ils survendent tout au double du juste prix et que nous sommes résolus de lui envoyer suffisamment ce qui lui fera besoin, voulant faire subsister glorieusement la colonie des îles.
116Qu’il sera prié de ménager la dépense le plus qu’il lui sera possible et de faire payer exactement nos droits et nous les envoyer pour nous exciter [p. 264] de plus en plus à lui donner du secours et lui envoyer tout ce qu’il pourra raisonnablement demander.
117La Compagnie, désirant lui donner tout contentement et espérant de le faire davantage à l’avenir s’il plait à Dieu de lui en donner les moyens, trouve bon que celui qu’il a établi dans la Martinique y demeure pour l’établissement, et que pour cet effet, elle lui enverra commission, et en sa considération, a gratifié le sieur Lespérance, son domestique, d’un millier de pétun qu’elle ordonne à son commis de lui fournir en l’île Saint-Christophe des premiers droits qu’il recevra, et outre cela, a gratifié le dit sieur Lespérance d’un des offices de visiteur, marqueur des marchandises de Saint-Christophe, avec les droits d’un pour cent, et usera de gratification à tous ceux qui lui seront recommandés de sa part.
118Que la Compagnie le juge trop utile pour le service de sa majesté et le bien de la Compagnie pour consentir qu’il quitte les îles pour faire un voyage en France, et que son absence pourrait apporter un notable préjudice à l’établissement de la Martinique et à la conservation de Saint-Christophe et secours qu’il peut donner à ceux qui sont à la Guadeloupe et Dominique.
119Qu’on lui procurera un bon nombre de capucins ou autres religieux, si les capucins n’y veulent point retourner, comme il semble qu’ils en fassent quelque difficulté pour ce qu’on leur a mandé de Rome.
120On juge bien à propos ce qu’il mande que les terres soient données en propre à ceux qui les cultiveront, et pour cet effet, on en donnera un pouvoir au commis général de la Compagnie pour en faire passer les contrats.
121Qu’on désire que les ordonnances et publications se fassent à l’avenir dans les îles « de par le roi et nos seigneurs de la Compagnie des îles de l’Amérique », et que toutes celles qu’il sera jugé raisonnable de faire soient registrées dans le registre du commis général jusqu’à ce qu’il y ait un juge en greffier établi, ce qu’on juge absolument nécessaire.
122[p. 265] Ledit sieur Desnambuc sera prié de faire en sorte que les habitants plantent des cotonniers dont le débit est plus assuré que du pétun, et pour cet effet, les contraindra d’en planter un nombre tous les ans.
123A été aussi arrêté qu’il sera envoyé aux dépens de la Compagnie le plus tôt que faire se pourra, deux briquetiers et deux chaufourniers pour reconnaître s’il y a dans les îles de la pierre propre à faire de la chaux et des terres propres pour faire de la brique et tuile, et qu’il sera envoyé de la brique et de la chaux pour faire des fourneaux pour faire cuire la brique et chaux qu’on pourra trouver.
124Qu’il sera aussi envoyé aux dépens de la Compagnie deux serruriers armuriers, quatre maçons, quatre charpentiers et six scieurs de long, et que pour cet effet, il sera écrit à monsieur du Herteley, l’un des associés demeurant au Havre, pour le prier de chercher desdits ouvriers, faire marché avec eux à la meilleure condition que faire se pourra et les faire passer par la première commodité, trois dans chacun navire qui ira à Saint-Christophe pour sauver le fret et dépense de voyage.
125Qu’il sera bâti trois magasins pour la Compagnie, savoir, l’un à la Cabesterre, un à la Basse-Terre, et un autre à la Pointe-de-Sable.
126Qu’il sera établi un poids proche chacun des trois magasins pour peser les marchandises des habitants, et qu’il sera donné commission pour cet effet à des personnes qui auront aussi le soin de visiter, contrôler et marquer les marchandises, et qui ne pourront prendre pour la visite, contrôle, marque et poids, qu’un pour cent qui leur sera payé par les habitants lors du poids desdites marchandises.
127Et pour ôter le doute qu’on pourrait avoir que le poids ne fut juste, il en sera envoyé trois semblables, ajustés au poids du roi du Havre-de-Grâce.
128Que toutes les marchandises qui sortiront de l’île Saint-Christophe sans être marquées, contrôlées et pesées seront confisquées, soit qu’elles soient [p. 266] trouvées en mer ou lorsqu’elles arriveront en France, et le tiers sera adjugé au dénonciateur et les deux tiers à la Compagnie.
129Et afin que ceux qui sont à présent en l’île de Saint-Christophe aient plus de courage de faire valoir la terre qu’ils cultivent, la Compagnie accorde à chacun de ceux auxquels les terres ont été distribuées et à ceux auxquels on en distribuera à l’avenir, que les dites terres leur demeurent en propre et qu’ils en puissent disposer ainsi que bon leur semblera aux conditions suivantes, savoir, de prendre des concessions de la Compagnie qui contiendront la quantité et limites des terres d’un chacun, et de payer par chacun an, par chacun propriétaire des terres, une livre de coton au receveur des droits de la Compagnie, et de payer par ceux qui achèteront des terres, le dixième du prix des terres qu’ils achèteront, et que si les terres demeurent deux ans consécutifs abandonnées, qu’elles retourneront au profit de la Compagnie qui les pourra retenir ou en disposer ainsi qu’elle en jugera être à propos, sans qu’il soit besoin de déclaration ou jugement.
130Que les maîtres de cases qui ont du moins six personnes dans leur case ne payeront à l’avenir que LX livres de pétun par chacun an pour leur personne, et seront responsables des droits dus à la Compagnie par les personnes qu’ils auront en leur case, et néanmoins ne payent rien pour les femmes et filles [qu’elles] soient françaises, indiennes ou nègres, ni pour les garçons qui seront au-dessous de douze ans.
131Que les hommes mariés qui ont à présent leurs femmes dans l’île Saint-Christophe ou qui les feront venir ci-après ou qui se marieront à l’avenir dans l’île et y auront leurs femmes, s’ils sont chefs de case ne payeront que XL livres de pétun à la Compagnie par chacun an, et s’ils ne sont chefs de case, il ne sera payé pour eux que LX livres de pétun par chacun an.
132Que les hommes qui se marieront dans l’île Saint-Christophe ne payeront aucuns droits à la Compagnie la première année de leur mariage [p. 267] pourvu que leur femme demeure dans l’île pendant ladite année.
133Pour décharger davantage les habitants de Saint-Christophe, la Compagnie a résolu de payer à l’avenir ce qui sera nécessaire pour l’entretien des religieux et chapelains, pour ses commis et pour un chirurgien, sans que pour ce il soit levé aucun droit sur les habitants.
134Lespérance sera gratifié d’un millier de pétun qui lui sera délivré en l’île Saint-Christophe par le sieur Gentil lorsqu’il sera retourné en l’île, du premier qui sera par lui reçu pour la Compagnie, et qu’à cette fin, en sera délivré ordonnance audit sieur Lespérance.
135Qu’il sera donné audit Lespérance une commission de la Compagnie pour visiter, contrôler et peser les marchandises, avec un droit d’un pour cent de ce qu’ils feront peser.
136Qu’il sera délivré au sieur Gentil une commission de la Compagnie pour être commis général de la Compagnie en l’île Saint-Christophe, aux gages de II mille livres de pétun par chacun an, à commencer du premier janvier MVICXXXVII, si ledit Gentil est lors dans ladite île.
137Qu’il lui sera accordé d’avoir en sa case jusqu’à six hommes, si tant il y en a, exempts des droits de la Compagnie et de la garde.
138Qu’il lui sera donné mainlevée de la saisie et arrêt fait par le sieur du Herteley au nom de la Compagnie entre les mains du capitaine de La Mare sur les deniers provenant du pétun qu’il a envoyé en France pour son compte particulier à faute de payement des droits de la Compagnie.
139Et lui sera rendue une promesse de LXVIII livres V sols qu’il donna à la Compagnie lorsqu’il alla à Saint-Christophe du payement de laquelle la Compagnie le décharge.
140Et outre ce, pour le voyage qu’il a fait en France lorsqu’il a été mandé par la Compagnie, long séjour de Paris, et pour récompense des [p. 268] services qu’il a rendus à la Compagnie depuis qu’il a été à Saint-Christophe, lui sera donné en argent quatre cents francs, et s’il retourne à Saint-Christophe, et non autrement, III mille livres de pétun qui lui seront fournis audit lieu de Saint-Christophe du premier qui sera reçu pour les droits de la Compagnie de l’année MVIC trente-huit.
141Qu’il sera écrit au sieur Boitière, qui a ci-devant demandé récompense à la Compagnie des services qu’il prétend avoir rendus, que la Compagnie ne prétend pas lui rien devoir pour le passé, tant pour ce qu’il a touché quelque chose de la Compagnie, que pour le peu que la Compagnie a touché du revenu de la dite île, que s’il veut accepter la commission de la Compagnie à condition de quitter ses prétentions du passé, il lui sera donné quinze cents livres de pétun par chacun an, à commencer du premier janvier 1637, et lui sera accordé de pouvoir avoir jusqu’à huit hommes à son service qui seront déchargés de payer aucuns droits à la Compagnie et de la garde.
142Qu’il sera encore établi deux autres commis en ladite île de Saint-Christophe dont le sieur Volery, ci-devant secrétaire de la Compagnie à la Guadeloupe, sera l’un, et le sieur [un blanc] sera l’autre, aux gages de XV cents livres de pétun chacun par chacun an, à commencer du premier janvier MVICXXXVII, avec permission à chacun d’avoir six hommes en leur case, si tant ils en ont, à eux appartenant, qui seront exempts de payer les droits de la Compagnie et de la garde.
143Qu’il sera donné commission au sieur Lespérance de visiteur, contrôleur et marqueur des marchandises de la Basse-Terre, avec charge de les peser et de recevoir un pour cent à son profit.
144Que pareille commission sera donnée au sieur Marchand de la Cabesterre, et pareille au sieur [un blanc] à la Pointe-de-Sable.
145Qu’il sera écrit à monsieur du Herteley, l’un des associés demeurant au [p. 269] Havre, qu’il fasse publier par les paroisses le privilège que le roi a donné à la Compagnie pour les artisans qui iront demeurer aux îles de l’Amérique que pour y exercer leur métier, et qu’il fasse savoir la décharge que fait la Compagnie aux hommes mariés qui y mèneront leurs femmes.
146Du mercredi quatrième juin MVICXXXVI. Au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
147Ont été assemblés messieurs Foucquet, Martin, Bardin et Berruyer.
148Le sieur Berruyer a dit que monsieur de Lauson, conseiller d’État, avait traité de la part que le sieur Ferrier avait en la Compagnie, laquelle il priait de l’avoir agréable et l’admettre pour un des associés.
149Sur quoi, après avoir vu le contrat fait avec monsieur Martin, fondé de procuration dudit sieur Ferrier, passé par-devant Haguenyer et Huart, notaires au châtelet de Paris, le XXXe mai dernier, a été arrêté que le dit sieur de Lauson sera reçu en la Compagnie et que son contrat sera registré, à la charge de souscrire par lui les articles accordés entre les associés le XIIIe février 1635, non signés par le dit sieur Ferrier, et d’observer et exécuter les résolutions prises par la Compagnie et contrats faits depuis l’association, et sera ledit sieur de Lauson prié de se trouver aux assemblées tant particulières que générales pour y proposer ce qu’il estimera avantageux et donner son avis sur les affaires qui se présenteront, comme les autres associés, et à l’instant ledit sieur de Lauson a été prié d’entrer en l’assemblée et d’y prendre place, ce qu’il a fait. Monsieur Foucquet a dit que ci-devant, il avait été résolu qu’il serait envoyé en l’île Saint-Christophe des pères capucins du moins jusqu’au nombre de six, sans qu’il ait été lors pourvu à leur entretien et nourriture, et d’autant qu’il est à propos de les faire passer au plus tôt qu’il serait bon de leur aumôner quelque somme pour aider à leur nourriture.
150[p. 270] A été résolu qu’il sera donné par aumône aux dits pères capucins IIII cents livres pour être employés en vivres pour porter en ladite île pour leur nourriture, attendant qu’ils puissent recueillir des fruits et avoir fait des vivres dans les terres qui leur seront baillées.
151Qu’il leur sera encore donné un mandement sur le commis de la Compagnie pour leur fournir jusqu’à mille livres de pétun pour avoir ce qu’il leur sera nécessaire sur les lieux.
152Qu’il leur sera procuré par la Compagnie jusqu’à III cents livres pour employer en ornements d’Église et choses nécessaires pour la célébration du service divin.
153Et qu’il sera écrit à monsieur Desnambuc qu’il leur donne un lieu propre pour les loger et ceux qui seront envoyés ci-après dans ladite île, avec une quantité de terres capable pour y faire des vivres pour leur nourriture, et que proche dudit lieu, il soit désigné une place pour y faire bâtir une église.
154A été aussi résolu d’écrire audit sieur Desnambuc qu’il fasse donner aux dits pères capucins un autre lieu proche de l’habitation du sieur du Halde, ou à la Pointe-de-Sable, pour y faire bâtir aussi une église et logement pour lesdits pères, et des terres pour y faire des vivres, étant nécessaire qu’ils se séparent en deux ou trois différents endroits de l’île pour plus facilement subvenir aux malades, les consoler et leur administrer les sacrements.
155A été résolu de faire passer au plus tôt des artisans pour la commodité des Français qui sont à Saint-Christophe, et d’autant qu’il en est déjà passé plusieurs, lesquels, étant sur les lieux, ne travaillent de leur art et s’occupent seulement à planter du pétun, estimant qu’il y a plus de profit. La Compagnie les fera passer à ses frais, ou du moins contribuera aux frais de leur passage, leur donnera pour les premières années quelques gages en pétun et leur fera [p. 271] donner des terres pour y bâtir des logis et y faire des vivres, sans qu’il leur soit permis de travailler au pétun, et que pour plus grande commodité, il sera désigné un bourg en lieu commode, auquel lieu on donnera de la terre aux dits artisans et on les obligera de se loger audit bourg et travailler de leur art en icelui, afin que les habitants de l’île soient secourus facilement des choses qui leur seront nécessaires en payant raisonnablement les ouvrages qui seront faits par lesdits artisans.
156Et si le dit sieur Desnambuc juge à propos de bâtir ledit bourg à la Pointe-de-Sable, il le pourra dès à présent désigner et y loger les pères capucins ou deux d’entre eux.
157Que ce qui a été remontré de la part des pères jacobins de l’île de la Guadeloupe que pour leur établissement en ladite île il serait nécessaire de leur désigner quelque lieu proche du fort, ou dans icelui, auquel ils puissent vivre particulièrement entre eux pour l’observance de la régularité sans être obligés d’aller vivre à la table du gouverneur ou autres particuliers de l’île.
158A été résolu qu’il serait mandé au sieur Lolive qu’au lieu de nourrir à sa table les dits religieux, il leur donne par chacun mois ou semaine une quantité de vivres suffisants pour leur nourriture, eu égard au nombre de religieux qui sera dans l’île, afin qu’ils les ménagent et puisse[nt] vivre en leur particulier, et qu’il donne avis à la Compagnie de la quantité de vivres qu’il leur accordera afin qu’elle sache s’il aura satisfait ce à quoi il est obligé par son contrat, et que outre ce, il leur fasse accommoder quelque logement séparé dans le fort, ou proche d’icelui, afin qu’ils aient le moyen d’observer quelque régularité, qu’il leur fasse bâtir une église et qu’il leur désigne une quantité de terres en lieu commode pour les faire cultiver lorsqu’ils auront fait passer des personnes pour cet effet.
159Sera aussi mandé au sieur de Lolive qu’il ne mène avec lui aucun [p. 272] religieux de l’île de la Guadeloupe lorsqu’il ira à Saint-Christophe ou ailleurs, d’autant que leur absence pourrait apporter quelque préjudice aux habitants de l’île et aux dits religieux, et pourra le dit sieur Lolive, étant à Saint-Christophe, être assisté des religieux qui seront dans la dite île.
160Sur la demande faite par le père Carré, supérieur du noviciat des pères jacobins, qu’il soit permis à six religieux envoyés en mission en l’île de la Guadeloupe de revenir en France lorsqu’ils le désireront sans qu’ils soient obligés de prendre permission du sieur Lolive ou autre qui commanderont dans l’île, et qu’ils puissent aussi ramener ou renvoyer ceux qui les auront servis dans la dite île lorsqu’ils voudront revenir en France sans en demander la permission et sans payer aucune chose aux maîtres de navires pour les repasser en France.
161A été accordé audit père Carré que les pères jacobins, qui sont à présent et seront ci-après envoyés dans l’île de la Guadeloupe, pourront revenir en France par l’ordre et congé du supérieur de la mission qui sera dans l’île sans prendre autre permission que la présente, à condition toutefois qu’il restera au moins quatre prêtres et qu’ils ne sortiront de l’île sans en avertir celui qui y commandera et le principal commis de la Compagnie, et que lesdits religieux qui repasseront en France, pourront ramener un de leurs serviteurs domestiques sans que pour ce ils soient tenus de payer aucune chose pour leur passage, pour lequel la Compagnie satisfera ceux qui les auront passés en France, et si les dits religieux veulent renvoyer en France quelqu’un de leurs serviteurs qui seront passés de France dans l’île de la Guadeloupe exprès pour les servir et n’auront servi autres personnes en leur voyage, ils les pourront renvoyer en vertu de la présente permission, en payant par eux les frais de leur voyage, sans demander autre permission que la présente, en avertissant néanmoins celui qui commandera dans l’île et le principal commis de la Compagnie.
162Sur ce qui a été représenté par le sieur Berruyer, qu’en l’assemblée du [p. 273] cinquième du mois de mars dernier, il a été résolu de vendre le pétun de la Compagnie qui est au Havre-de-Grâce et à Dieppe à raison de LX livres le cent, ce qui n’a pu être fait jusqu’à présent, et que pour celui qui est au Havre, le sieur de Herteley lui a mandé qu’il y en a partie de mariné21 et qu’il dépérit de jour à autre, lequel il serait à propos de vendre au plus tôt.
163A été arrêté qu’il sera mandé audit sieur du Herteley que s’il trouve marchand du pétun qui est au Havre à LV livres le cent, ou plus, qu’il le vende le plus tôt qu’il pourra.
164Du mercredi deuxième jour de juillet MVCCXXXVI. Au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
165Ont été assemblés le dit sieur Foucquet, messieurs Martin, Bardin, Berruyer, directeurs, et monsieur de Lauson, conseiller d’État, l’un des associés.
166Monsieur Foucquet a proposé que les pères capucins étant prêts de partir pour aller à Saint-Christophe, il serait bon de leur donner pour quelque temps le moyen de vivre dans la dite île sans être à charge aux habitants.
167A été résolu qu’il leur serait donné une quantité de terre en chacune résidence proportionnée au nombre des religieux qu’ils y prétendront faire résider, pour y faire des vivres pour leur nourriture, et qu’à cet effet, ils pourront avoir deux ou trois serviteurs séculiers dans chacune résidence qui ne travailleront que pour eux.
168Et outre ce, leur a été accordé pendant six années seulement, cent cinquante livres de pétun par chacune des six années pour chacun religieux de leur ordre qui passera en la dite île du consentement des directeurs de ladite Compagnie, et sans tirer à conséquence pour les années suivantes.
169Mademoiselle du Plessis est entrée en l’assemblée et remontrée que son mari était décédé en l’île de la Guadeloupe, qui lui a laissé six enfants sans aucuns biens, a requis que la Compagnie lui donnât le moyen de repasser en [p. 274] l’île, et d’y vivre et élever ses enfants en la crainte de Dieu et service de la Compagnie.
170Ladite damoiselle s’étant retirée, a été résolu qu’il lui serait donné outre les II mille livres de pétun à elle accordés le deuxième avril de la présente année et les cinq homme déchargés des droits de la Compagnie, jusqu’au nombre de douze hommes déchargés desdits droits de la Compagnie, en ce nombre de douze compris les cinq accordés le deuxième avril de la présente année, et deux cents livres en argent pour aider à son retour.
171La Compagnie désirant gratifier le sieur de Vaudroc, capitaine d’une compagnie dans l’île Saint-Christophe et neveu du sieur Desnambuc, lui a accordé qu’il pourra avoir à Saint-Christophe trois hommes déchargés des droits qui se payent à la Compagnie.
172Et sur ce que ledit sieur de Vaudroc, étant venu en cette ville, représenta que le sieur du Herteley lui a fait payer des droits pour du pétun apporté en France qui avait payé les droits à Saint-Christophe, a été arrêté qu’il en sera écrit audit sieur du Herteley et l’affaire examinée sur les comptes du sieur Gentil pour lui en faire raison si la chose se trouve ainsi qu’il l’expose
173A été accordé à [un blanc], maître arquebusier serrurier à Paris, qu’au cas qu’il passe à Saint-Christophe avec deux compagnons de son métier, qu’on les fasse passer tous trois aux dépens de la Compagnie, et qu’on les fera nourrir les six premiers mois qu’ils seront dans l’île, et qu’on leur donnera pour eux trois, par chacun an, III cents livres de pétun, et au cas qu’ils demeurent trois ans dans l’île, la somme de cent livres qui sera donnée audit maître avant que de partir en baillant caution de la rendre au cas qu’il demeure avec ses compagnons moins de trois ans dans la dite île. Et a été convenu qu’il se fera payer du travail qu’il fera dans l’île par les particuliers qui l’emploieront, même par la Compagnie lorsqu’elle l’emploiera, et qu’il lui sera donné des terres pour faire des vivres, le tout à condition que lui, ni ses compagnons, ne travailleront point pour faire du pétun.
174A été accordé à Girault, chirurgien, de lui donner à Saint [p. 275] Christophe six cents livres de pétun à charge de nourrir le dit maître-arquebusier et ses deux compagnons pendant six mois du jour qu’ils seront arrivés dans l’île de Saint-Christophe.
175Il sera écrit au sieur de Lolive qu’il rende audit Girault les armes et hardes qui lui appartiennent dans la Guadeloupe, et trois hommes qu’il y avait fait passer à ses dépens nommés Nicolas Isabelle, Philippe Lebrun et Jean Simon.
176Sur l’avis qui a été donné par ledit sieur Desnambuc qu’un nommé d’Alençon avait enlevé un Sauvage de l’île de la Dominique, et que cela a donné sujet aux Sauvages de la dite île de tuer cinq des Français qui y étaient de la part de la Compagnie.
177A été arrêté que le dit d’Alençon serait poursuivi criminellement pour réparation dudit crime, auxquelles poursuites on pourra joindre les procédures faites contre lui à Saint-Christophe et contre L’Émery22 en MVICXXXIII.
178Sur l’avis donné par ledit sieur Desnambuc qu’un nommé Languiller a enlevé en l’île de Saint-Christophe quelques Anglais sans le consentement du gouverneur des Anglais qui sont dans ladite île, qui en demande réparation et les dommages et intérêts que souffrent les maîtres desdits Anglais enlevés qu’ils prétendent faire payer aux Français qui sont dans Saint-Christophe, ce qui pourrait causer de la mésintelligence entre les Français et Anglais de la dite île s’il n’y était pourvu.
179A été arrêté que ledit Languiller sera poursuivi par la Compagnie pour lui faire payer, et à ses bourgeois, les dommages et intérêts que pourront prétendre les Anglais contre la Compagnie et les Français qui sont à Saint-Christophe.
180Sur l’avis donné par le sieur du Herteley, l’un des associés de la Compagnie demeurant au Havre-de-Grâce, que Antoine Richard de Vateuille, contre les défenses de sa majesté, est allé mener des hommes à Saint-Christophe sans avoir voulu prendre congé de la Compagnie, ni de charger des hommes qui lui étaient offerts de la part de ladite Compagnie.
181[p. 276] A été arrêté que le dit Richard sera poursuivi pour les dommages et intérêts, tant en France qu’à Saint-Christophe, et qu’à cette fin, les informations commencées par ledit sieur du Herteley seront continuées, et qu’il en sera écrit audit sieur Desnambuc.
182Le sieur Berruyer a été prié de s’informer du sieur Gentil à son retour du Berry, s’il y a des Français habitués en l’île de Saba, quel nombre il y en a, et le nom de celui qui commande en ladite île, et si la commission qui fut donnée en 1635 à un nommé Potel par le sieur Desnambuc a été exécutée.
183Du mercredi sixième août MVICXXXVI. Au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État
184Ont été assemblés le dit sieur Foucquet, messieurs Martin et Berruyer, directeurs, et monsieur de Lauson, conseiller d’État de sa majesté, l’un des associés.
185A été arrêté qu’il sera acheté des outils nécessaires pour les trois armuriers-serruriers qu’on fait passer en l’île Saint-Christophe, et qu’il y sera employé suivant le mémoire qu’ils en donneront jusqu’à la somme de [un blanc] et que les outils seront adressés au sieur Boitière, lequel les baillera par inventaire aux dits armuriers lorsqu’ils seront arrivés en l’île Saint-Christophe.
186Qu’il sera écrit au sieur Chauvet qu’il vende le pétun qu’il a appartenu à la dite Compagnie qui a été apporté dans la barque de Desforges.
187Qu’il sera aussi écrit au sieur du Herteley qu’il envoie à Dieppe au sieur Manicher, les chaufourniers qui ne pourront passer dans le vaisseau de Fromont afin qu’il les fasse passer dans le vaisseau de Gage qui doit partir à la mi-août, et écrire audit Manicher qu’il lui sera envoyé des ouvriers pour les faire passer à Saint-Christophe, et si lesdits ouvriers ne se présentent pour passer pour la Compagnie, qu’il donne les places à d’autres à la décharge de ladite Compagnie.
188[p. 277] A été arrêté qu’il sera écrit à monsieur Desnambuc qu’il fasse nourrir les trois armuriers-serruriers jusqu’à ce que Girault, avec lequel on a traité pour leur nourriture, retourne dans l’île.
189Qu’il sera écrit au sieur Lolive que si Volery veut aller demeurer à Saint-Christophe, qu’[il] le laisse y aller, d’autant que ne s’accommodant bien avec lui et le commis Thireul, la Compagnie en pourrait recevoir quelque détriment.
190Du mercredi troisième septembre MVIC trente-six, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État
191Ont été assemblés ledit sieur Foucquet, messieurs Martin et Berruyer, directeurs.
192Sur ce que mademoiselle du Plessis a remontré qu’elle n’avait pas le moyen de repasser dans l’île Saint-Christophe, et que ce qui lui avait été donné par la Compagnie n’est suffisant pour son passage, attendu qu’on fait payer à présent deux cents livres de pétun pour chacun passager.
193A été arrêté qu’il lui sera prêté à Saint-Christophe douze cents livres de pétun qu’elle s’obligera de rendre à la Compagnie dans le dernier jour de décembre MVIC trente-huit, à condition qu’elle passera dans l’île Saint-Christophe la présente année.
194Sur la requête présentée par Antoine Girault, l’un des habitants de l’île Saint-Christophe, contenant plusieurs articles, le premier à ce qu’il lui fut permis de faire naviguer son navire aux îles de l’Amérique pour y pêcher et chasser dans les îles pour la nourriture et entretien des Français habitants des îles.
195Le dit article lui a été accordé pour trois ans à la réserve de l’île de la Guadeloupe et des îles desquelles on pourrait traiter.
196Le deuxième article, descendre quelques hommes en l’île de la Désirade [p. 278] pour reconnaître si elle se peut habiter, ou quelque autre des îles circonvoisines non encore occupées par les Français, et en cas qu’il s’y habitue, que le gouvernement et direction des hommes lui en demeurera aux conditions des autres îles habitées par les Français pendant vingt années, ou selon les conditions qui seront accordées après qu’il aura donné avis de ce qu’il aura reconnu.
197Sur le deuxième article, a été accordé audit Girault qu’il pourra découvrir l’île de la Désirade et les îles circonvoisines non encore habitées par les Français, prendre possession d’icelles au nom de sa majesté et de la Compagnie, et y laisser tel nombre d’hommes qu’il avisera, à la charge d’envoyer un procès-verbal authentique de la dite prise de possession dans six mois avec la description sommaire de la consistance de l’île qu’il aura occupée, et lors, sera traité avec lui par la Compagnie pour le tout ou partie de l’île qu’il aura occupée à des conditions très raisonnables et avantageuses pour lui et par préférence à tous autres, à la réserve toutefois des îles de la Dominique, Saint-Vincent et la Grenade.
198Le troisième article, contenant la prière qu’il a fait à la Compagnie d’écrire au sieur de Lolive, capitaine de la Guadeloupe, qu’il ait à lui rendre les hommes armes, hardes et instruments qui lui appartiennent, et qu’il a retenus dans l’île de la Guadeloupe lorsqu’il en est sorti pour aller à Saint-Christophe.
199Le troisième article lui a été accordé.
200Le quatrième article à ce qu’il fut écrit au sieur Desnambuc, gouverneur de Saint-Christophe, qu’en cas de refus dudit sieur de Lolive, il lui en fasse justice et qu’il lui soit permis de se pourvoir sur les biens que le dit sieur de Lolive a dans Saint-Christophe
201Sur ce quatrième article, a été arrêté qu’en cas de refus du sieur de Lolive, qu’il y sera pourvu par la Compagnie.
202A été fait lecture de la commission donnée au sieur Gentil en conséquence [p. 279] de la délibération du septième mai dernier.
203A été aussi fait lecture de son instruction contenant l’ordre de tout ce qui a été ci-devant résolu devoir être fait en l’île Saint-Christophe, et des commissions des sieurs Volery, Coladon, et Fougeron, commis en ladite île Saint-Christophe.
204Qu’il sera baillé aux dits commis des registres par ledit sieur Gentil, desquels il cotera les feuillets de sa main et paraphera la première et dernière page d’un chacun.
205La Compagnie, désirant décharger les habitants de l’île Saint-Christophe le plus qu’il lui sera possible, a arrêté qu’il ne sera plus fait aucune levée dans ladite île Saint-Christophe sur les habitants pour l’entretien des ecclésiastiques, ladite Compagnie se chargeant de donner aux pères capucins ce qui leur sera nécessaire pour leur entretien, et les autres ecclésiastiques, si aucuns y a, étant passés sans mission pour le spirituel et sans pouvoir de la Compagnie, y pourront demeurer à leurs dépens si bon leur semble, pourvu qu’ils y vivent avec édification du prochain.
206Qu’il ne sera pareillement rien payé par les habitants aux commis de la Compagnie, ni à aucun des chirurgiens qui sont dans l’île, si ce n’est de gré à gré et selon les conventions qui seront faites avec les particuliers, qui pourront choisir celui qu’ils estimeront le plus capable et le plus à leur gré.
207Que les terres de l’île, qui toutes n’avaient été ci-devant accordées que par usage, seront données en propre à ceux qui sont dans l’île Saint-Christophe, à la charge seulement d’une livre de coton net de censive par chacun an pour vingt pas de large, et du douzième du prix à chacune vente, payable par l’acheteur, ou du revenu d’une année à chacune mutation lorsqu’il n’y aura point de vente comme en cas de donation ou échange, desquelles concessions de terres en propriété sera [p. 280] passé contrat par le commis général au nom de la Compagnie à chacun particulier par-devant notaire.
208Qu’il sera construit un bourg en l’île Saint-Christophe à la Pointe-de-Sable, auquel les artisans et autres qui le désireront feront construire des cases ou maisons, et les artisans qui auront maisons audit bourg et y travailleront de leur art, seront déchargés de leurs droits personnels qui se payent à la Compagnie, à la charge qu’ils ne travailleront point au pétun.
209Le nombre des Français étant de beaucoup accru à l’île Saint-Christophe, et sur les termes d’augmenter encore cette année, il a été jugé nécessaire d’y établir des juges suivant la permission que sa majesté en a donné à la Compagnie, lui ayant accordé toute justice, et d’autant que celui sur lequel on avait jeté les yeux n’est en terme d’y passer à présent, et qu’il n’est pas aisé d’en trouver un qui ait les qualités requises, a été arrêté qu’il serait donné pouvoir au sieur Boitière, ci-devant commis de la Compagnie, pour exercer la charge de juge civil et criminel pour trois ans, qui finiront le dernier décembre MVICXXXIX, aux gages de II mille livres de pétun par chacun an, et de pouvoir avoir douze hommes en son habitation déchargés des droits personnels dus à la Compagnie, à la charge qu’il ne prendra aucun salaire, ni présent, de ceux qui auront des différends.
210Que [un blanc] sera établi pour greffier de la juridiction pour trois années à la charge de se contenter d’un salaire modéré, qui lui sera payé par ceux qui auront des procès, et ne pourra ledit salaire excéder III livres de pétun pour la plus grande expédition, et pour les actes de justice ordinaire, se contentera d’une livre de pétun ou deux, au plus.
211Qu’il sera pareillement établi dans l’île Saint-Christophe quatre notaires pour recevoir tous actes et passer contrats entre les parties, [p. 281] deux desquels résideront en la partie de la Basse-Terre, et les deux autres à la Cabesterre ou Pointe-de-Sable.
212Qu’il sera envoyé par la première commodité trois poids ajustés au poids de la vicomté de Dieppe pour être mis proches des trois magasins que la Compagnie a résolu de faire construire, et qu’à chacun des trois poids, il y aura des poids depuis une livre jusqu’à cent et que le tout sera envoyé double, et monsieur Berruyer a été supplié de prendre la peine d’en faire acheter en cette ville ou à Dieppe.
213Après avoir ouï le sieur Gentil sur la plainte faite par le sieur Vaudroc, mentionnée en l’assemblée du deuxième juillet de la présente année, que le sieur du Herteley lui avait fait arrêter du pétun à faute d’avoir acquitté les droits de la Compagnie, quoiqu’il eut payé les droits à Saint-Christophe.
214A été résolu que le pétun que le sieur du Herteley a fait arrêter sera pris par la Compagnie en payement de II cents livres de pétun que le dit sieur de Vaudroc doit de reste des droits de la Compagnie de l’année MVICXXXIIII, et le surplus en déduction des droits qu’il doit pour l’année MVICXXXV.
215Sera mandé au sieur Desnambuc qu’il fasse faire continuellement des vivres dans l’habitation qu’il a acheté pour la Compagnie, et qu’il y fasse travailler partie de ceux qui iront à la garde du fort, à la nourriture desquels lesdits vivres seront employés et pour nourrir quelques artisans que la Compagnie pourra envoyer pour la commodité des habitants de l’île, et le surplus des vivres sera conservé dans le fort, la Compagnie ne désirant qu’il soit fait du pétun dans ladite habitation.
216Que ledit sieur Desnambuc fera pareillement défricher quelques terres proche les autres forts de l’île par ceux qui feront la garde pour y faire des vivres pour leur nourriture.
217Que ledit sieur Desnambuc fera pareillement faire des vivres à la [p. 282] Martinique pour la Compagnie par partie de ceux qui seront de garde au fort, tant pour employer à nourrir la garnison du fort que pour nourrir des artisans que la Compagnie y pourra envoyer pour son compte.
218Que ledit sieur Desnambuc ne souffrira qu’il s’habitue aucun étranger ou de la religion prétendue réformée à la Martinique afin qu’il ne nous soit imputé de n’avoir pas exécuté précisément les articles accordés par sa majesté à la Compagnie.
219Sera pareillement mandé audit sieur Desnambuc que lorsqu’il y a un vaisseau français et un étranger à la rade ou au Havre de la Martinique ou à Saint-Christophe, qu’il ne souffre qu’on traite avec l’étranger tant que le Français aura des marchandises pour traiter.
220Sur ce que le sieur Gentil a remontré avoir fait plus grande dépense depuis qu’il est en France qu’il n’avait espéré, et que si la Compagnie ne lui prête ou fait prêter cinq ou six cents livres, il lui est impossible de pouvoir repasser cette année à Saint-Christophe et y mener les hommes qu’il avait résolu, offrant de faire rendre ladite somme dans l’année prochaine entre les mains de l’un des sieurs directeurs de la Compagnie.
221A été arrêté qu’il serait prêté par ladite Compagnie au dit sieur Gentil la somme de quatre cents livres en passant obligation de la rendre en cette ville de Paris entre les mains de l’un des sieurs directeurs de ladite Compagnie dans le mois de décembre de l’année prochaine.
222Du mercredi troisième jour de décembre 1636
223A été tenue l’assemblée générale au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État, en laquelle étaient le dit sieur Foucquet, les sieurs Martin et Berruyer, directeurs, et les sieurs de Flécelles, conseiller d’État et président en la chambre des comptes, de Launay Razilly et du Herteley, et encore ledit sieur Martin, ayant charge de monsieur le commandeur de La Porte, et ledit sieur Berruyer [p. 283] fondé de procuration de monsieur de Lauson, conseiller d’État, et du sieur Rozée, et ledit sieur du Herteley ayant pouvoir du sieur Cavelet, son fils, tous associés de la Compagnie.
224Ledit sieur Berruyer a représenté que le sieur de Cauville, l’un des associés, avait transporté sa part au sieur Cavelet, écuyer, fils dudit sieur du Herteley, et requis la Compagnie d’agréer ledit transport.
225A été ordonné que ledit sieur Cavelet sera reçu en la Compagnie et que son contrat serait enregistré, à la charge d’observer les articles d’association et les contrats et arrêtés de la Compagnie.
226Ledit sieur Berruyer a requis l’enregistrement du contrat de vente fait par monsieur Foucquet au sieur Rozée d’une part en ladite Compagnie du XXVe janvier dernier.
227A été ordonné que ledit sieur Rozée sera reçu en la Compagnie et que son contrat serait arrêté, à la charge d’observer les articles d’association et les contrats et arrêtés de la Compagnie.
228Ledit sieur Berruyer a représenté que le sieur Ferrier, l’un des associés, avait transporté sa part à monsieur de Lauson, conseiller d’État, et que ledit contrat avait été enregistré en l’assemblée du quatre juin MVICXXXVI.
229La Compagnie a très agréable que le dit sieur soit associé en ladite Compagnie.
230Ledit sieur Berruyer a dit que par la clôture du compte du sieur du Herteley, l’un des associés et commis à la recette des droits de la Compagnie au Havre-de-Grâce, il était dû à ladite Compagnie la somme de quatre mille huit cents livres onze sols
231A été arrêté que la dite somme demeurera entre les mains dudit sieur du Herteley pour être employée ainsi que par les directeurs sera ordonné.
232Ledit sieur du Herteley a été prié de continuer pendant l’année prochaine [p. 284] la recette des droits de la Compagnie au Havre, et ledit sieur Manicher à Dieppe.
233Sur ce qui a été représenté à la Compagnie par le sieur du Herteley qu’au préjudice des défenses de sa majesté d’aller aux îles de l’Amérique sans permission de la Compagnie, Antoine Richard du Vateuille n’a pas laissé de partie pour aller à Saint-Christophe au préjudice des défenses qui lui en furent faites de la part de la Compagnie et offres de lui donner permission à la charge de passer trois hommes pour la Compagnie, de quoi, ayant fait infortunes et les bourgeois du navire dudit Richard ayant su l’ordre qu’on avait donné de l’arrêter à Saint-Christophe et le confisquer, offraient quelque accommodement.
234Le dit sieur du Herteley a été commis pour traiter avec lesdits bourgeois et tirer d’eux au profit de la Compagnie ce qu’il pourra.
235Le capitaine Languillier et ses bourgeois seront poursuivis au nom de la Compagnie pour les faire condamner de payer les dommages et intérêts que les Anglais prétendent contre les Français de l’île Saint-Christophe pour avoir par ledit Languillier enlevé quelques Anglais de ladite île sans la permission de leur gouverneur, et en une amende envers la Compagnie pour le trouble que cela a apporté et peut apporter à l’établissement de la colonie.
236Monsieur du Herteley, commis pour traiter avec ceux qui ont les droits de Thomas Roze, qui prétend contre la Compagnie II mille CL livres de pétun pour leur avoir passé à Saint-Christophe en l’année MVICXXIX la quantité de LV personnes et des munitions et victuailles.
237Sur ce qui a été représenté que le nommé Lyot prétendait que la Compagnie lui était redevable de la quantité de VI mille V cent LXXIIII livres de pétun pour avoir repasser en l’île Saint-Christophe les Français qui s’étaient refugiés en l’île Saint-Martin en l’année 1629, dont il avait été passé promesse audit Lyot dès le VIe octobre 1629 et 28 janvier 1631.
238[p. 285] A été arrêté qu’il serait écrit audit sieur Desnambuc qu’il fit payer par les habitants ladite quantité de pétun si ceux qui y était obligés ne lui ont fourni le pétun pour payer ledit Lyot.
239A été fait lecture des lettres écrites de La Rochelle à monsieur Foucquet par le sieur Gentil, commis général de la Compagnie, par lesquelles il représente la misère en laquelle sont ceux du vaisseau qui les menait à Saint-Christophe qui a relâché après trois semaines de mauvais temps.
240A été accordé qu’il serait envoyé au sieur Gentil sept cents livres, desquelles il en donnera cent livres à l’hôpital de La Rochelle, et VI cents livres qui lui seront prêtés par la Compagnie, desquels il donnera sa promesse payable des deniers qu’il touchera du pétun qu’il enverra en France, et sera écrit par monsieur Martin à monsieur le commandeur de La Porte, à monsieur de Villemontée et aux officiers de la Marine, et par monsieur Berruyer au sieur Tuffet pour faire traiter favorablement ceux de l’équipage et faire révoquer l’ordonnance de police de VI sols par jour à quoi on dit avoir été condamnés les maîtres pour chacun de leurs passagers qui ont été mis à l’hôpital de La Rochelle
241Monsieur Foucquet a représenté que Louis Mulot, neveu du sieur Mulot, avait ci-devant passé en l’île de la Guadeloupe avec le sieur de Lolive comme particulier, d’où il était revenu et faisait état de repasser dans ladite île y mener quelques hommes et y faire établissement, qu’il serait bien à propos de la gratifier de quelque petit emploi en considération dudit sieur Mulot.
242A été arrêté que lui sera expédié des lettres de provision d’un des offices de visiteur, marqueur et peseur de pétun en l’île de la Guadeloupe aux droits d’un pour cent.
243Qu’on saura la résolution des pères jacobins réformés s’ils veulent envoyer de leurs religieux à la Guadeloupe aux conditions accordées aux pères capucins pour Saint-Christophe, et s’ils refusent les dites conditions, y faire passer au plus tôt des pères capucins.
244[p. 286] Qu’on fera passer des pères capucins à l’île de la Martinique, et que, pour cet effet, il en sera écrit au père Raphaël de Dieppe, supérieur de la mission de l’île Saint-Christophe.
245Sur ce qui a été remontré par monsieur Foucquet que le nommé Girault avait ci-devant fait quelques propositions pour faire habiter l’île de la Désirade, ou quelque autre île, mais d’autant que tels traités sont réservés à la compagnie générale, il fut seulement arrêté en une compagnie particulière23 du premier mercredi du mois de septembre dernier qu’il pourrait prendre possession au nom de la Compagnie de l’île de la Désirade, ou de quelque autre île circonvoisine non encore habitée des Français, et y laisser tel nombre de Français qu’il désirerait, et en ce cas, qu’on traiterait avec lui à des conditions raisonnables par préférence à tous autres, qu’il serait à propos que la Compagnie donnât pouvoir aux directeurs de traiter avec ledit Girault à des conditions avantageuses à la Compagnie, si ledit Girault prend possession de quelque île.
246A été donné pouvoir aux directeurs de traiter avec ledit Girault, ou autre ayant pouvoir de lui, en une assemblée des premiers mercredis des mois, de ladite île de la Désirade ou autre île circonvoisine, à la condition la plus avantageuse pour la Compagnie qu’il leur sera possible.
247A été aussi donné pouvoir aux directeurs de donner partie des terres des îles en fief ou autrement, à telles redevances et personnes qu’ils aviseront en une des assemblées des premiers mercredis des mois.
248A été arrêté que dorénavant il ne sera plus fait que trois directeurs de la Compagnie, attendu le peu de nombre des associés qui se veulent donner la peine de penser aux affaires de la Compagnie, et que deux directeurs pourront ordonner en l’absence [p. 287] ou empêchement du troisième ce qu’ils aviseront utile à la Compagnie, même ceux qui seront absents de Paris pourront donner leurs avis par écrit selon les occurrences ou envoyer leur procuration à l’un des associés de la Compagnie.
249Ont été nommés pour directeurs jusqu’à l’assemblée générale de l’année prochaine les sieurs Martin, Berruyer et du Herteley.
250A été arrêté qu’il serait envoyé des canons, armes et munitions aux îles pour la somme de deux mille livres, et qu’il sera envoyé quatre ou cinq salpêtriers, des charpentiers scieurs d’aix, serruriers et maçons le plus tôt que faire se pourra.
251Du mercredi septième janvier MVICXXXVII. Au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
252Ont été assemblés messieurs Foucquet, Martin et Berruyer.
253Sur ce qui a été représenté qu’il serait à propos de donner quelques exemptions aux chefs des compagnies qui sont en l’île Saint-Christophe pour les obliger davantage à affectionner les intérêts de la Compagnie.
254A été arrêté, qu’attendu qu’il a été ci-devant pourvu pour les capitaines que les lieutenants des compagnies de Saint-Christophe, les enseignes et sergents seront déchargés de tous droits personnels qu’ils doivent à la Compagnie, et que les lieutenants auront outre cela chacun deux hommes déchargés desdits droits, et les enseignes chacun un homme, et qu’il en sera donné avis au commis général de la Compagnie.
255Le sieur Berruyer a fait entendre qu’il avait vu le père Carré, supérieur du noviciat des jacobins, pour savoir s’il désirait continuer d’envoyer des religieux de son ordre à l’île de la Guadeloupe, lequel lui a dit [p. 288] avoir mandé ceux qui sont en ladite île pour revenir, ne désire pas établir de ses religieux en ladite île.
256Sur quoi a été résolu qu’il sera envoyé au plus tôt deux autres pères capucins en ladite île, et qu’il leur sera donné deux cents livres pour aider à leur établissement, outre ce que le sieur Lolive est obligé de donner pour la subsistance des religieux qui seront envoyés en ladite île.
257Sera mandé au sieur Lolive qu’il ne donne plus permission aux étrangers de couper dans l’île de la Guadeloupe du bois vert, ni du jaune, étant à propos d’en laisser le commerce aux Français, et qu’il ne permette plus aussi aux étrangers la chasse dans l’île, ni la pêche.
258A été arrêté qu’il serait établi dans l’île de la Guadeloupe, pour la commodité des habitants deux notaires dont les provisions seront envoyées, les noms en blanc, au commis de la Compagnie pour être remplies par l’avis du sieur de Lolive du nom de ceux qui en seront estimés capables dans ladite île.
259Qu’il sera envoyé des poids ajustés au poids du roi à Dieppe au commis de la Compagnie pour être par lui délivrés au sieur Mulot, établi visiteur, contrôleur et peseur de pétun en ladite île.
260Sur l’avis qui a été donné qu’en une patache arrivée à Saint-Malo des îles de l’Amérique, il y avait trois pièces de canon et quelques autres armes et ustensiles qui appartiennent au gouverneur de Saint-Christophe.
261A été arrêté que tout ce qu’on dit appartenir audit gouverneur sera saisi à la requête des directeurs de la Compagnie jusqu’à ce qu’ils soient pleinement informés par quel moyen le capitaine de la patache a eu lesdites armes, et si elles n’appartiennent point à la Compagnie.
262[p. 289] Du mercredi quatrième février MVICXXXVII. Au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
263Ont été assemblés messieurs Foucquet, Martin et Berruyer.
264A été résolu qu’il serait acheté à Dieppe trois cents balles de canon pour servir aux deux pièces de canon que la Compagnie a résolu d’envoyer à l’île de la Guadeloupe.
265Lecture faite des lettres écrites aux sieurs Foucquet et Berruyer par le sieur du Herteley, l’un des directeurs de la Compagnie, a été résolu que ledit sieur du Herteley, au nom de la Compagnie, achètera la pièce de canon qui est au Havre, de laquelle il a ci-devant parlé à la Compagnie, et en promettra jusqu’à la quantité de XV cents livres de pétun, s’il ne la peut avoir à moins, payable dans l’île Saint Cristophe, en y rendant ladite pièce de canon par les vendeurs à leurs périls et fortunes.
266Ledit sieur du Herteley fera faire aux dépens de la Compagnie un affût pour la dite pièce, qu’il enverra par la même commodité.
267Pourra ledit sieur du Herteley avancer de l’argent de la Compagnie aux ouvriers qu’il enverra à Saint-Christophe jusqu’à XL ou L livres chacun à la grosse aventure.
268Pourra aussi ledit sieur du Herteley traiter avec les capitaines de navires qui veulent conduire des hommes aux îles de l’Amérique et cautionner jusqu’à deux cents des passagers, qu’ils payeront chacun II cents livres de pétun en l’île de Saint-Christophe ou la Martinique, et à faute de les payer, que le commis de la Compagnie les payera pour eux du premier qu’il aura s’il n’en avait lorsque les vaisseaux arriveront, en prenant par ledit sieur du Herteley indemnité desdits passagers pour lesquels il s’obligera, et sera ledit sieur du Herteley averti de n’entrer èsdites obligations que le moins qu’il pourra et pour différents vaisseaux afin que les [p. 290] capitaines s’assurent autrement, s’ils le peuvent, de la plus grande part de ceux qu’ils passeront. Et sera ledit sieur pareillement averti de ne s’obliger pendant la présente année MVICXXXVII que pour deux cents personnes en tout, de crainte que le commis ne fut obligé de payer par delà une trop grande quantité de pétun. Et fera ledit sieur du Herteley en sorte, s’il y a moyen, que s’obligeant, il soit passé toujours quelques hommes mariés qui mènent leurs femmes.
269Qu’il sera écrit au sieur Faulcon de Dieppe que les pères capucins qui passeront soient traités au passage avec respect et charité, et les autres passagers le plus charitablement qu’il se pourra, sans qu’aucun soit contraint d’entendre les prières de ceux de l’équipage qui sont de la religion, autrement qu’il en sera fait plainte à sa majesté et à monsieur le cardinal, grand maître de la navigation.
270Sera pareillement écrit audit sieur Faulcon qu’il prenne garde que le nombre des passagers ne soit trop grand pour les incommodités qu’en ont eu ceux qui sont partis l’année dernière, et sera ledit sieur Faulcon averti de faire passer, s’il peut, des hommes mariés et des femmes pour l’établissement de la colonie.
271Du mercredi quatrième mars 1637, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
272Ont été assemblés messieurs Foucquet, Martin et Berruyer.
273A été fait lecture de la lettre écrite par monsieur du Herteley, l’un des directeurs de la Compagnie, à monsieur Berruyer.
274Et arrêté qu’il serait envoyé VIII cents livres de poudre à canon et cinquante mousquets à l’île Saint-Christophe que ledit sieur du Herteley prendra la peine d’acheter et les envoyer dans le navire du capitaine Grenier.
275Que ledit sieur du Herteley prêtera à la femme du charpentier qui doit [p. 291] passer dans le navire du capitaine Richard, LX ou IIIIXX livres pour lui aider à vivre jusqu’à ce que le vent soit propre pour partir, laquelle somme sera déduite à son mari sur ses gages de l’année prochaine, dont sera donné avis audit sieur Gentil, commis de la Compagnie.
276Que ledit sieur du Herteley donnera III cents livres aux deux pères capucins qui doivent partir du Havre avec un serviteur pour aller à la Guadeloupe, outre les deux autres pères qui sont partis dans le vaisseau du capitaine Felles de Dieppe, payera même le passage dudit serviteur, s’il ne le peut faire passer autrement, dont il composera avec ledit capitaine Grenier qui est obligé de passer trois personnes pour la Compagnie.
277Qu’il sera écrit au sieur de Lolive qu’il permette aux deux religieux jacobins qui sont à la Guadeloupe de revenir en France dans le premier vaisseau qui reviendra, et qu’il fasse charger leurs coffres et hardes et tout ce qu’ils voudront emporter, à la réserve de ce qui est contenu dans le mémoire signé du père Carré, leur supérieur, qu’ils laisseront aux pères capucins pour la célébration du service divin, et que ledit sieur de Lolive leur donne des rafraîchissements honnêtes pour leur retour jusqu’à Dieppe.
278Que la même chose sera écrite au sieur Thireul, commis de la Compagnie, à ce qu’il tienne la main à faire donner auxdits religieux jacobins tout le contentement qu’il lui sera possible.
279Qu’il sera mandé au sieur Manicher à Dieppe qu’il fournisse aux dits pères jacobins lorsqu’ils seront de retour de la Guadeloupe XXV ou XXX livres pour leur retour de Dieppe à Paris.
280Qu’il sera écrit audit Manicher qu’il paye au capitaine Labbé XL livres pour avoir repassé en France un serviteur desdits pères jacobins.
281Qu’il sera écrit au sieur Lolive qu’il n’aille point à la côte des îles de Porto Rico, Espagnole, ou Cuba, ou ailleurs, pour faire des prises [p. 292] sur les Espagnols, [par] crainte de les irriter et les obliger d’attaquer les Français qui habitent les îles.
282Qu’il sera écrit au sieur Thireul et Volery qu’ils envoient le procès-verbal par lequel il paraît que le sieur Lolive, après le décès de feu sieur du Plessis, s’est chargé des armes de la Compagnie qu’avait ledit du Plessis.
283Sur la demande faite par Marie Lenoir, veuve de Sébastien Leclerc, à ce que la Compagnie lui donnât passage gratuit en l’île Saint-Christophe pour elle et douze personnes et leurs familles, et lui concédât une quantité de terres aux îles de la Compagnie avec décharge des droits.
284La Compagnie a accordé à ladite Lenoir deux cents arpents de terres en l’île Saint-Christophe en tel lieu qu’elle les voudra choisir, en un tenant, pourvu que ce soit en lieu qui n’ait encore été concédé, et quelle pourra avoir avec elle six personnes déchargées de tous droits dus à la Compagnie, et encore lui est accordé trois cents arpents de terres en un tenant en l’île de la Martinique, à la charge de commencer à les cultiver dans l’année prochaine, desquelles terres lui sera passé contrat par le commis général de la Compagnie de Saint-Christophe.
285Sur la demande faite par Cosson de la charge de contrôleur, visiteur, peseur de pétun en l’île de la Guadeloupe.
286A été arrêté qu’après que la Compagnie saura l’établissement dudit Cosson en ladite île, il sera gratifié de quelque emploi.
287A été arrêté que si [un blanc], beau-frère du capitaine Raimbaut, passé en l’une des îles de la Compagnie l’année précédente, et qu’il s’y comporte en homme d’esprit et de conduite, qu’il sera gratifié l’année prochaine d’une charge de commis de la Compagnie dans l’île de la Martinique.
288[p. 293] Monsieur Berruyer prendra la peine de traiter avec Burot, l’un des deux marchands des capitaines Belleteste et Desforges, pour avoir passé aux îles de la Compagnie sans en prendre permission.
289Du mercredi troisième juin MVICXXXVII, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
290Ont été assemblés messieurs Foucquet, Martin et Berruyer.
291Monsieur Berruyer a dit que suivant l’avis de quelques associés, le capitaine Le Telier voulant aller traiter aux îles de l’Amérique sans prendre la permission de la Compagnie, il l’a résolu de prendre une permission en payant seulement six mousquets et six bandoulières qu’il sera obligé de laisser au magasin de Saint-Christophe. Ladite Compagnie agrée ladite permission aux dites conditions.
292La Compagnie a aussi approuvé la permission donnée par ledit sieur Berruyer au capitaine Jehan Gandouin de La Rochelle d’aller traiter aux îles de l’Amérique moyennant six mousquets pour la Compagnie, qu’il sera obligé de laisser au magasin de Saint-Christophe, et de rapporter quelque pétun pour la Compagnie, s’il y en a de prêt à rapporter.
293Pour donner quelque satisfaction au sieur Lolive, gouverneur de la Guadeloupe, sur la prière qu’il nous avait faite de poursuivre en justice le capitaine Le Letier pour quelques hommes qu’il disait lui avoir enmenés et débarqué à Saint-Christophe, lui sera envoyé la copie du rapport de Moisan, lieutenant de Letier, continuant la plainte par lui faite des hommes qui l’ont quitté pour demeurer à Saint-Christophe.
294A été fait lecture du contrat fait par le dit sieur du Herteley, l’un des directeurs de la Compagnie, le XVIe avril 1637 avec le capitaine [p. 294] Grenier pour assurance de ce que quelques passagers promettent audit Grenier, et a été ledit contrat approuvé, ayant été fait en conséquence d’une délibération de la Compagnie.
295Sur ce qui a été représenté qu’il se présentait quelques familles d’artisans et autres qui avaient volonté de passer ès îles de l’Amérique et de s’y habituer, lesquelles n’avaient le moyen de payer leur passage aux capitaines des vaisseaux, priaient la Compagnie de payer leur passage, offrant de rendre ce qui leur aura été prêté pour cet effet du premier profit qu’ils feront ès dites îles si mieux n’aime la Compagnie se servir de leur travail et diminuer le prêt qu’elle leur aura fait de pareille somme qu’elles pourront gagner par leur travail, ce qui a été approuvé et permis aux sieurs Berruyer et du Herteley, directeurs, de traiter pendant la présente année, séparément ou conjointement, aux dites conditions lorsqu’il s’en présentera occasion, pourvu que ce soit avec des hommes mariés qui mènent leurs femmes auxdites îles.
296A été fait lecture des demandes faites par quelques marchands qui proposent de faire passer quarante hommes à la Martinique.
297Le premier desdits articles, à ce qu’il leur fut accordé des terres en un tenant pour lesdits quarante hommes et autres qu’ils y pourraient envoyer par après en lieu commode non habité à leur choix. Ledit article accordé.
298Le deuxième article, qu’il leur fut permis de faire du pétun trois années consécutives. Accordé pour deux années.
299Le troisième, à ce qu’après les trois années expirées, ils eussent pouvoir d’en faire de deux années l’une. Accordé pour en faire alternativement.
300Le quatrième, que les années qu’ils ne feront point de pétun [p. 295], ils ne payeront que XL livres de coton ou XL livre de rocou à leur choix, et le dixième des autres marchandises. Accordé.
301Le cinquième, de ne payer aucun droit pour lesdits XL hommes pendant l’année présente et la suivante attendu la dépense qu’ils feront à leur établissement, et que les années suivantes, ils payeront ainsi que les autres habitants. Accordé.
302Le sixième, à ce qu’il leur fut permis d’envoyer un navire tous les ans pendant les six années y porter des hommes de renfort et autres choses nécessaires pour leurs habitations, et en rapporter leurs marchandises et de leurs hommes sans aucune charge envers la Compagnie, et après les six ans expirés, en user en la manière accoutumée. Accordé pour trois années.
303Ledit sieur Berruyer a fait voir le compte dudit sieur Manicher, commis de la Compagnie à Dieppe, par lui arrêté.
304Ayant trouvé audit compte des frais de contrats faits avec ceux qui ont été loués, a été résolu qu’il sera mandé aux hommes qu’ils fassent payer les contrats à ceux avec lesquels ils contracteront.
305Il a été trouvé à propos de faire arrêter à Nantes le vaisseau et pétun du capitaine Desforges pour avoir été traité aux îles de l’Amérique sans permission de la Compagnie.
306A été fait lecture des lettres écrites par le sieur du Halde à monsieur Foucquet par lesquelles il lui mande qu’on pourvoie quelqu’un de sa charge l’air du pays n’étant propre pour sa santé, ce qui lui donnera sujet de revenir à la fin de l’année
307A été arrêté qu’il sera écrit audit sieur du Halde qu’il ne revienne point qu’il n’ait été envoyé quelqu’un pour exercer sa charge, et que s’il est résolu à son retour, il sera pourvu l’année prochaine à ladite charge.
308[p. 296] Du mercredi premier jour de juillet 1637, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
309Ont été assemblés messieurs Foucquet, Martin et Berruyer.
310Sur ce qui a été représenté à la Compagnie que le sieur Desnambuc, gouverneur de l’île Saint-Christophe, avait envoyé une barque chargée de pétun, laquelle est à présent à Nantes, et que celui qui l’a amenée fait état de la renvoyer incontinent.
311A été arrêté que le sieur Berruyer donnera permission au conducteur de ladite barque de retourner à Saint-Christophe sans payer aucune chose à la Compagnie pour ladite permission.
312Sur ce qui a été représenté que le dit sieur Aufret, de Quimperlé en Bretagne, faisait état d’envoyer une barque aux îles de l’Amérique s’il plaisait à la Compagnie de lui permettre.
313A été arrêté qu’il sera donné permission audit Aufret d’envoyer une barque aux îles de Saint-Christophe et la Martinique pour y traiter, à la charge de laisser à Saint-Christophe entre les mains du commis général de la Compagnie six mousquets, six fourchettes et six bandoulières, et à la charge de rapporter de la marchandise de la Compagnie en France, s’il y en a à rapporter, jusqu’à un dixième, d’autant qu’il en rapportera pour lui sans que la Compagnie paye aucun fret pour rapporter lesdites marchandises.
314A été arrêté qu’il sera encore envoyé quatre pères capucins à Saint-Christophe, desquels le supérieur en enverra en l’île de la Martinique le nombre qu’il jugera à propos, et qu’il leur sera donné IIII cents livres tant pour achat de quelques ornements d’Église que pour rafraîchissement pendant le voyage.
315Sur ce que ledit Berruyer a représenté que quelques marchands [p. 297] lui ont proposé d’acheter tout le pétun de la Compagnie qui arrivera cette année à Dieppe et au Havre-de-Grâce en le donnant à un prix raisonnable.
316A été donné pouvoir au sieur Berruyer de traiter avec lesdits marchands, ou autres qui se présenteront, de tout le pétun qui arrivera cette année pour la Compagnie à Dieppe et au Havre, en se chargeant par lesdits marchands de payer les droits d’entrée et autres dus à sa majesté ou officiers des lieux, et outre ce, en payant cinquante livres pour cent à la Compagnie, laquelle payera le fret si elle en doit quelque chose. Et au cas que lesdits marchands ne voulussent prendre le total du pétun mais seulement trente ou quarante milliers, ledit sieur Berruyer pourra traiter auxdites conditions.
317Il sera envoyé aux îles deux ou trois salpètriers auxquels on pourra accorder leur nourriture sur les lieux et à chacun cent ou six vingt francs de gages par chacun an, et outre qu’on payera leur passage et qu’on leur donnera chacun XX livres pour aller au Havre ou à Dieppe, et acheter quelques rafraîchissement pour le passage.
318A été arrêté que pour donner contentement au sieur Desnambuc, gouverneur de Saint-Christophe, il sera acheté IIII milliers de poudre pour les îles de Saint-Christophe et la Martinique qui lui seront envoyés à la première commodité, et qu’il sera mandé aux sieurs Rozée et Manicher d’en acheter près de Rouen ou de Dieppe où on en fait à présent.
319Sur ce que le sieur Martin a representé que le sieur baron de Vanves insistait encore à demander des terres ès îles de l’Amérique pour y faire passer nombre de familles en lui accordant ce qui était contenu en son dernier mémoire
320[p. 298] La Compagnie a accordé au sieur baron de Vanves le gouvernement de l’une des îles accordée par sa majesté à la Compagnie telle qu’il voudra choisir, à la réserve des îles Saint-Christophe, la Martinique et la Guadeloupe, auxquelles la Compagnie a pourvu des gouverneurs qu’elle ne veut déposséder.
321Lui accorde en domaine et toute justice le quart de ladite île qu’il choisira dans lequel il pourra faire bâtir à ses dépens tel fort que bon lui semblera, et les trois autres quarts de ladite île seront distribués par la Compagnie à des particuliers ou les retiendra entre ses mains ainsi que bon lui semblera sans que ledit baron de Vanves y puisse rien prétendre sinon en qualité de gouverneur pourvu par la Compagnie.
322Ledit sieur baron de Vanves pourra prendre le vingtième des fruits marchands de toute ladite île qu’il choisira pour son entretenement de gouverneur, à la charge de payer les officiers militaires et autres qui seront mis en ladite île tant par la Compagnie que par ledit sieur baron de Vanves.
323Ledit sieur fera ériger le quart de ladite île à lui concédée par la Compagnie en tel titre d’honneur qu’il plaira à sa majesté lui accorder pourvu qu’il ne préjudicie aux droits de la Compagnie, et pourra avoir le nombre de soixante personnes à son service exemptes de tous les droits dus à la Compagnie et accoutumés d’être payés aux autres îles.
324Toutes les concessions, à la charge que le dit sieur baron de Vanves passera en personne à ses frais et dépens dans lesdites îles dans l’année prochaine, et qu’il fera passer à ses frais et dépens, sans qu’il en coûte rien à la Compagnie, deux ou trois cents familles dans deux ou trois ans, sans que pour raison de ce il puisse [p. 299] rien prétendre pour son remboursement ou autrement pour quelque cause ou prétexte que ce soit contre la Compagnie.
325Et à faute de satisfaire à toutes lesdites clauses et conditions dans ledit temps, ladite concession dès à présent est déclarée nulle et de nul effet.
326Du jeudi seizième juillet MVICXXXVII, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
327Ont été assemblés ledit sieur Foucquet, messieurs Martin, Berruyer, directeurs, et sieur Rozée, l’un des associés.
328A été fait lecture des lettres écrites de Saint-Christophe par les sieurs Desnambuc, du Halde, père Joseph et Gentil, commis de la Compagnie, et a été résolu qu’il leur serait fait réponse.
329Qu’il sera expédié des lettres de provision de lieutenant général de la Compagnie en l’île de la Martinique pour le sieur de Vaudroc et ce pour trois ans, et à condition de demeurer dans l’île.
330Qu’il sera envoyé par la Compagnie deux pièces de canon d’Angleterre et trois cents balles et deux muids de charbon de terre.
331Et s’il se peut jusqu’à cinquante armuriers, charpentiers, maçons, scieurs de long, briquetiers, et leurs femmes, auxquels il sera défendu de faire du pétun.
332Faire loger tous les artisans au bourg, l’établissement duquel sera recommandé au gouverneur.
333Qu’il sera envoyé un arpenteur24.
334Qu’il sera mandé au sieur Desnambuc qu’il n’achète rien pour le compte de la Compagnie.
335Qu’il ne permette que les étrangers vendent dans l’île qu’après que les marchands français auront vendu leurs marchandises.
336[p. 300] Qu’il ne sera permis aux étrangers de charger leurs navires qu’après que les navires français seront chargés.
337Que la Compagnie enverra le plus tôt qu’il se pourra pour vendre aux habitants de Saint-Christophe et de la Martinique, quatre cents mousquets, quatre mille livres de poudre, deux mille livres de mêche, deux mille livres de plomb, en balle et pour un millier en saumon, quarante-huit moules à balle et dragée, et quarante-huit culiers et vingt douzaines d’épées montées, et le tout sera adressé au sieur Gentil pour en faire la vente et renvoyer un état du produit des marchandises séparé de la recette des droits dus à la Compagnie par les habitants.
338La Compagnie accorde au sieur Desnambuc cinquante hommes, si tant qu‘il en a à lui, déchargés des droits dus à la Compagnie.
339Sera écrit au sieur Desnambuc qu’il autorise nos commis et qu’il empêche qu’ils ne soient troublés en la perception des droits de la Compagnie, et qu’aucun n’entreprenne contre eux, les mettant en sa garde et protection particulière.
340Qu’il autorise aussi le juge et lui fasse tenir dans l’île le rang que la Compagnie lui a donné après le gouverneur et le sieur du Halde, qu’il dépendra de lui de l’appeler dans le conseil de guerre, et lorsqu’il l’y appelera qu’il lui donne un rang honorable.
341Que les sergents de bande tiendront la main à l’exécution des jugements jusqu’à ce qu’il y ait des sergents établis.
342Que la Compagnie retiendra l’habitation qui a été achetée pour elle VII mille livres de pétun en ayant affaire pour des vivres nécessaires pour la nourriture de quelques artisans qu’elle pourra envoyer.
343Que les pères capucins seront recommandés à monsieur Desnambuc.
344Que les habitants seront déchargés de la garde du fort s’ils veulent payer l’entretien d’une garnison.
345[p. 301] Qu’il sera encore écrit au sieur Desnambuc et au commis général pour laisser emporter à Richard les marchandises par lui traitées.
346Sera écrit à Gentil qu’il ne sorte point de l’île Saint-Christophe pour aller à la Martinique ou à la Guadeloupe, et qu’il commette quelqu’un pour recevoir les droits de la Compagnie à la Martinique jusqu’à ce que la Compagnie ait envoyé des commis.
347Qu’il fasse établir au plus tôt des notaires, et que si Vigeon est encore à Saint-Christophe et qu’il veuille un office, qu’il lui en donne un avec assurance de la part de la Compagnie de le commettre en quelque autre charge dans quelque temps s’il se veut charger de celle-là.
348Qu’il rende tout l’honneur qu’il lui sera possible au gouverneur et au sieur du Halde et au juge pour convier les autres d’en faire autant.
349Qu’il diffère de faire payer à mademoiselle du Plessis les XII cents livres de pétun qu’elle doit à la Compagnie jusqu’en MVICXL, afin qu’elle ait le loisir de se mieux établir.
350Qu’il prenne garde à n’avoir point de différend avec le gouverneur pour la levée des droits de la Compagnie, et que s’il ne peut lever tous ceux de la Compagnie, par préférence qu’il les lève du moins en concurrence avec le gouverneur et qu’il empêche que le pétun ou coton soient donnés à des particuliers pour quelque cause que ce soit de vente, échange, payement de dettes ou autre chose que la Compagnie ne soit entièrement satisfaite de ses droits.
351Qu’on traitera avec Boyer pour le fret du pétun qu’il a apporté pour la Compagnie à la meilleure condition qu’il sera possible et que monsieur [un blanc] traitera avec ledit Boyer.
352Morin de Dieppe sera envoyé pour juge pour trois ans à la [p. 302] Martinique ou à la Guadeloupe s’il le désire, avec semblables droits que ceux qui sont donnés au juge de Saint-Christophe, et s’il se tient capable d’être juge et qu’il désire un autre emploi, il lui sera donné pour le retenir au service de la Compagnie.
353Il sera mandé au juge de Saint-Christophe qu’il établisse un ou deux jours certains par semaine pour l’exercice de la justice, et qu’il commette un lieutenant pour juge en son absence, ou avec lui si bon lui semble, et qu’il commette un autre lieutenant en l’autre extrémité de l’île pour juger les affaires de peu de conséquence, se réservant le jugement des principales, le tout jusqu’à ce que la Compagnie en ait autrement ordonné.
354Du mercredi cinquième août 1637, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
355Ont été assemblés messieurs Foucquet, Martin et Berruyer.
356Sur la difficulté qu’il y a de contenter le capitaine Boyer pour le fret du pétun qu’il a apporté de Saint-Christophe pour la Compagnie.
357A été arrêté qu’il sera donné pouvoir à monsieur Rozée de Rouen, l’un des associés de la Compagnie, de traiter dudit fret avec les bourgeois du capitaine Boyer et de leur en donner jusqu’à II mille livres de pétun au plus, et s’ils ne s’en contentent, faire demander en justice la confiscation du vaisseau marchand pour avoir été aux îles de l’Amérique sans la permission de la Compagnie.
358Sur ce qui a été répondu que les deux pièces de canon d’Angleterre qu’on avait résolu d’acheter pour envoyer aux îles de l’Amérique sont vendues.
359A été résolu que monsieur Martin parlerait à monsieur Fly pour savoir si on pourrait avoir quelques pièces de canon qui sont à Calais de douze à quatorze livres de balles, et IIII cents balles propres pour lesdits canons.
360[p. 303] A été donné pouvoir à monsieur Berruyer, l’un des directeurs, de traiter avec le capitaine Desforges pour avoir été auxdites îles y traiter sans permission de la Compagnie, et de le quitter s’il en donne cent livres.
361Monsieur Berruyer a remontré que la Compagnie n’avait point encore de commis dans la Martinique et que le sieur Morin de Dieppe, qui a beaucoup voyagé et est en terme d’y aller avec quelques familles, pourrait s’en acquitter dignement, ne désirant pas se charger de l’office de juge qui lui avait été offert.
362La Compagnie a nommé ledit Morin pour commis général de la Martinique, aux gages de XV cents livres de pétun par an à commencer en janvier 1638, et avoir en sa case jusqu’à six hommes exempts de payer aucun droit à la Compagnie.
363Du mercredi deuxième septembre 1637, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
364Ont été assemblés messieurs Foucquet, Martin et Berruyer.
365A été fait lecture des lettres écrites de Saint-Christophe, par lesquelles on donne avis du décès du sieur Desnambuc, capitaine général de l’île Saint-Christophe, et que la plupart des chefs sont à présent hors de ladite île, savoir le sieur de Vaudroc, neveu du défunt, capitaine d’une compagnie, est à présent en France, le sieur du Parquet, autre neveu du défunt, capitaine d’une autre compagnie, s’est retiré à la Martinique depuis le décès de son oncle, et le sieur de Marseille, capitaine d’une autre compagnie, est de retour en France depuis peu, et que le sieur du Halde, lieutenant général de la Compagnie, voulait revenir en France en janvier prochain, qu’il était nécessaire d’envoyer au plus tôt quelques personnes de commandement pour empêcher le désordre qui pourrait arriver faute de chef, et s’opposer aux ennemis de l’État qui pourraient se prévaloir de cette occasion pour surprendre l’île.
366A été arrêté qu’attendu l’absence des associés et la nécessité [p. 304] pressante de pourvoir l’île de chefs sans attendre autre plus grande assemblée, qu’il serait envoyé sous le bon plaisir de monsieur le cardinal de Richelieu des provisions de capitaine général de l’île pour trois années au sieur du Halde, lieutenant général de ladite Compagnie, auquel, en partant de France, on avait donné assurance verbale de lui donner ladite charge au cas qu’elle vint à vaquer, et d’autant qu’il pourrait n’accepter ladite charge, revenir en France et laisser par ce moyen l’île de Saint-Christophe à l’abandon, que mondit seigneur le cardinal serait prié, au cas qu’il agréât la nomination dudit du Halde, d’obtenir de sa majesté des lettres de cachet audit du Halde pour lui commander d’accepter ladite charge et de demeurer dans l’île du moins pendant l’année prochaine et jusqu’à ce qu’il eût été pourvu.
367Qu’il sera donné des lettres de provision de lieutenant général de la Compagnie dans l’île de Saint-Christophe pour trois ans au sieur [un blanc], aux mêmes droits que le sieur du Halde possédait ladite charge.
368A été arrêté que les armes et munitions ci-devant ordonnées pour l’île Saint-Christophe y seront envoyées au plus tôt.
369Sera écrit au juge de Saint-Christophe que l’intention de la Compagnie est qu’il exerce sa charge tant au civil que criminel, et qu’il en sera écrit au sieur du Halde, gouverneur, afin qu’il tienne la main à l’exécution des volontés de la Compagnie. Lui sera pareillement mandé qu’il ne revienne point en France de l’année prochaine pour affermir davantage son établissement.
370Et pour exécuter les jugements, a été arrêté qu’il serait envoyé huit provisions d’offices de sergent, les noms en blanc, pour être remplis du nom de telles personnes qu’il plairait au juge, auquel sera mandé de distribuer partie desdits offices à ceux qui demeurent à la Basse-Terre, et l’autre partie à ceux qui sont à la Cabesterre, et de taxer [p. 305] le salaire desdits sergents modérément.
371Que ceux qui seront pourvus d’offices dans l’île ne les pourront résignés, mais seulement s’en démettre purement et simplement lorsqu’ils ne les voudront plus exercer afin que la Compagnie en pourvoit d’autres.
372Qu’il sera mandé au juge que le jugement criminel par lui rendu contre un caporal a été judicieusement rendu, et qu’il ne souffre aucune violence ni blasphèmes sans les châtier sévèrement.
373Lui sera pareillement mandé qu’il y a des plaintes des pesées de pétun, qu’il prenne garde que le poids soit exercé avec fidélité, et que, pour cet effet, on envoie des poids ajustés à ceux de Dieppe.
374Sera mandé au sieur Gentil qu’il envoie copie de l’acte du renouvellement d’alliance avec les Anglais signé du sieur du Halde, du juge, du capitaine Saint-Martin et de lui.
375Qu’il reprenne l’habitation que le sieur Desnambuc aurait acheté pour la Compagnie, et qu’il y fasse faire des vivres pour la nourriture de ceux qui seront en garde et pour les artisans que la Compagnie y enverra, et si on lui refuse l’habitation, qu’il la demande au juge qui l’ordonnera, et que le sieur du Halde donne main forte à l’exécution du jugement s’il y a besoin.
376Qu’il redemande aussi en justice les Nègres et les Sauvages de la Compagnie, desquels le sieur Desnambuc s’est servi, et les ayant, qu’il les fasse travailler à l’habitation pour leur nourriture pour les ouvriers que la Compagnie enverra, et qu’il traite avec lesdits Nègres et Sauvages humainement, de la même façon qu’on traite les autres serviteurs français ou manœuvres de l’île.
377Qu’il se fasse payer sur les droits de monsieur Desnambuc qui ont été saisis de tout ce que ledit sieur Desnambuc avait reçu des droits de la [p. 306] Compagnie cette année et de ce qu’il devait pour les droits des hommes qu’il avait, et pour le surplus, les héritiers en demanderont mainlevée au juge qui leur ordonnera. Et si monsieur du Halde n’avait été payé de son cinquième de cette année entièrement, il le pourra demander au juge qui lui ordonnera, mais pour ès années esquelles il n’a été fait du pétun, il ne peut pas en rien demander.
378A été fait lecture de la lettre écrite par le sieur de Launay Razilly à monsieur Foucquet sur l’ordre par lui donné au capitaine Desforges de délivrer le pétun qu’il a apporté pour la Compagnie au sieur Suhart de Nantes, quoique le sieur Gentil l’eût adressé au sieur Fernandes, attendu qu’il n’était à propos de donner connaissance de nos affaires à un Portugais et qu’il ne le tenait pas assez fidèle.
379A été arrêté qu’il sera mandé à Desforges que s’il a encore le pétun de la Compagnie, qu’il le donne au sieur Fernandes suivant l’ordre de la Compagnie, et s’il l’a déjà donné à Suhart, qu’il sera mandé à Suhart qu’il le vende au profit de la Compagnie au plus tôt, et qu’il sera avisé pour l’avenir quelle personne on commettra à Nantes pour les affaires de la Compagnie, et qu’il sera écrit au sieur de Razilly qu’il est prié de ne point changer les ordres des directeurs de la Compagnie, et qu’il mande seulement ce qu’il jugera être utile pour être considéré.
380A été arrêté qu’il sera donné permission au capitaine Desforges d’aller trafiquer aux îles de la Martinique et de Saint-Christophe en payant douze mousquets et douze bandoulières et les délivrant au commis de la Compagnie à Saint-Christophe, et à la charge de rapporter des marchandises de la Compagnie à l’ordinaire sans payer aucun fret.
381Sur ce que le sieur Berruyer a remontré, avoir eu avis par le [p. 307] commis de la Compagnie qui est à Dieppe, que la plus grande part du pétun qui a été apporté de Saint-Christophe pour la Compagnie dans le vaisseau du capitaine Lesage a été mouillé, et qu’il est en danger de se pourrir, et qu’il en est arrivé quantité et qu’on en attend encore en bref très grande quantité.
382A été arrêté qu’il serait mandé au sieur Manicher, commis de la Compagnie, qu’il vende ledit pétun au plus tôt qu’il lui sera possible, même au prix de XL livres le cent s’il n’en peut trouver davantage, s’assurant néanmoins la Compagnie qu’il le vendra au plus haut prix qu’il pourra.
383Ledit sieur Berruyer a représenté que le sieur Morin, nommé par la Compagnie pour commis général de la Martinique, désirait faire passer avec lui sa femme et le plus grand nombre de personnes qu’il lui sera possible, et que pour aider à la dépense de son voyage, il plait à la Compagnie d’ordonner qu’il lui serait avancé quelque somme d’argent.
384A été arrêté qu’il sera mandé au sieur Gentil, commis de la Compagnie à Saint-Christophe qu’il fournisse à Saint-Christophe audit Morin, ou à tel autre personne qui aura charge de lui, la quantité de XV cents livres de pétun de celui de la Compagnie, ou du premier qu’il recevra, pour elle et pour les gages dudit Morin de l’année MVICXXXVIII, dont il retirera quittance, sans tirer à conséquence pour les autres années.
385A été ordonné qu’il sera envoyé un poids entier depuis une livre jusqu’à cent à la Martinique ajusté au poids de la vicomté de Dieppe.
386Sera aussi envoyé un poids pour la Guadeloupe.
387Qu’il sera envoyé des provisions de deux offices de notaires pour l’île de la Martinique, les noms en blanc, pour être remplis de telles personnes que le commis de la Compagnie jugera plus [p. 308] capables de les exercer et plus affectionnés au service de la Compagnie.
388Qu’il sera envoyé des provisions d’un office de notaire au nom de Vigeon à Saint-Christophe.
389Qu’il sera délibéré en la première assemblée générale si on retranchera des droits que le gouverneur a de coutume de prendre à Saint-Christophe.
390Qu’il sera écrit au sieur Gentil qu’il fasse travailler au couvent des pères capucins et aux chapelles.
391Qu’il fasse travailler à des magasins pour la Compagnie, laquelle se résoudra l’année prochaine d’envoyer des marchandises.
392Qu’il ne sera donné permission aux maîtres de navires d’aller aux îles qu’en réglant le nombre de passagers proportionné à la grandeur du vaisseau pour empêcher le désordre arrivé aux derniers vaisseaux partis de France, et à la charge de passer les femmes qui se présenteront pour y passer pour le même prix que les hommes.
393Qu’il sera écrit aux sieurs du Herteley et Rozée qu’ils cherchent deux ou trois femmes qui sachent le coton pour les envoyer à Saint-Christophe, et qu’ils leur promettent des gages honnêtes pour leur nourriture.
394Du mercredi septième octobre MVICXXXVII, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
395Ont été assemblés messieurs Foucquet, Martin et Berruyer.
396A été fait lecture de la lettre écrite par le sieur de Lolive par laquelle il prie la Compagnie de lui envoyer une commission du [p. 309] roi pour le gouvernement de l’île de la Guadeloupe.
397A été arrêté qu’il lui sera envoyé une commission de la Compagnie de capitaine général de ladite île pour le temps qui reste à expirer de son contrat suivant les termes du contrat.
398Lecture faite des lettres du sieur Volery, par lesquelles il témoigne désirer servir la Compagnie dans l’île de la Guadeloupe, ayant refusé la commission qui lui avait été envoyée pour être commis de la Compagnie dans l’île Saint-Christophe s’il le désirait.
399A été arrêté qu’il sera envoyé une commission audit Volery pour exercer la charge de commis de la Compagnie dans l’île de la Guadeloupe pendant trois années, aux gages de XV cents livres de pétun par chacun an, à commencer au premier janvier 1638, avec exemption pour six hommes des droits de la Compagnie, si tant il en a en sa case.
400Qu’il sera aumôné III cents livres d’extraordinaires aux pères capucins qui sont en l’île Saint-Christophe, et que cette somme sera baillée aux pères capucins de Rouen ou Dieppe pour leur en acheter des rafraîchissements et leur envoyer à Saint-Christophe.
401Qu’il leur sera aussi aumôné III cents livres pour employer en ornements d’Église qui seront envoyés au plus tôt à Saint-Christophe.
402Sera écrit aux commis de la Compagnie qui sont en France, qu’ils ne laissent passer aux îles aucun prêtre, ni religieux, sans ordre exprès par écrit de la Compagnie, si ce ne sont des pères capucins.
403Qu’il sera envoyé au plus tôt deux charpentiers de chaloupe, et des charpentiers de maisons, et des armuriers.
404Qu’il sera envoyé quatre muids de charbon de terre à Saint-Christophe, un muid à la Guadeloupe et un muid à la Martinique.
405Qu’il sera envoyé IIII milliers de fer, savoir III milliers à Saint-Christophe et un millier à la Martinique.
406[p. 310] Sera aussi envoyé deux milliers de plomb à Saint-Christophe, savoir XII cents en balles et dragées et VIII cents en saumon, et des moules.
407Qu’il sera acheté à Calais du sieur Tosse quatre pièces de canon de XVIII livres de balle, ou plus s’il y en a, et ce à raison de IX livres le cent rendu à Dieppe, auquel lieu de Dieppe, ledit Tosse sera payé desdits quatre pièces en les livrant, desquelles quatre pièces, il en sera envoyé deux à Saint-Christophe et deux à la Martinique.
408Qu’il sera écrit en Normandie qu’on fasse saisir la barque et marchandises de Baillardet, et qu’on en demande la confiscation au profit de la Compagnie pour avoir été aux îles sans la permission de la Compagnie.
409Savoir du sieur Rozée à quoi le nommé Auger peut être employé dans l’île de la Martinique.
410Du mercredi deuxième jour de décembre 1637.
411A été tenue l’assemblée générale au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État, en laquelle étaient ledit sieur Foucquet, les sieurs Martin, Berruyer et du Herteley, directeurs, et les sieurs de Flécelles, conseiller d’État et président de la chambre des comptes, de Guénégaud, conseiller d’État et trésorier de l’Épargne, du Plessis, conseiller d’État et trésorier de l’Épargne, de Launay Razilly, chef d’escadre et capitaine ordinaire de la Marine, Ladvocat, maître des comptes, Rozée, marchand de Rouen, et ledit sieur du Herteley tant pour lui que pour le sieur Cavelet, son fils, tous associés de la Compagnie.
412Ledit sieur Foucquet a représenté qu’après le décès du sieur Desnambuc, gouverneur de l’île Saint-Christophe, le sieur du Halde, lieutenant général de la Compagnie dans ladite île, s’étant fait reconnaître pour gouverneur jusqu’à ce qu’il pût être pourvu, et ayant confirmé avec le général des Anglais le traité fait par son prédécesseur, donna avis à la Compagnie du décès dudit sieur Desnambuc et avertit de pourvoir au [p. 311] plus tôt à la place de capitaine général et à celle de lieutenant général de la Compagnie, étant obligé de repasser en France, tant pour son indisposition que pour quelques affaires de conséquences qui ne pouvaient souffrir un long délai, ce qui donna sujet d’assembler les associés qui étaient lors à Paris, en l’assemblée desquels il fut résolu qu’il serait envoyé sous le bon plaisir de monseigneur le cardinal, des provisions de capitaine général de l’île Saint-Christophe pour trois années, audit sieur du Halde, et de crainte qu’il n’acceptât ladite charge et laissât l’île à l’abandon, que monseigneur le cardinal serait supplié d’obtenir des lettres de sa majesté audit du Halde pour lui commander de demeurer dans l’île jusqu’à ce qu’il eût été pourvu d’un autre capitaine général en sa place, ce qu’ayant été agréé par son éminence, les lettres de provision et les lettres de cachet de sa majesté ont été envoyées doubles audit du Halde par deux vaisseaux différents.
413Ledit sieur Foucquet a aussi représenté que depuis lesdites provisions envoyées sur l’avis qui a été donné que ledit sieur du Halde pressait son retour en France, son éminence a été suppliée de faire donner ladite charge de capitaine général de l’île Saint-Christophe au sieur de La Touche Lescale, capitaine d’une Compagnie entretenue au Havre-de-Grâce, que son éminence avait renvoyé l’affaire à la Compagnie pour y pourvoir ainsi quelle aviserait, et que depuis, monsieur le grand prieur de Champagne, l’un des associés, avait parlé à son éminence pour faire donner ladite charge au sieur de La Grange Petitière25, gentilhomme qualifié.
414La Compagnie a remis le choix du capitaine général de l’île à son éminence s’il lui plait d’en prendre la peine, pour nommer celui des deux ou tel autre gentilhomme qu’il plaira à son éminence, auquel il sera expédié des lettres de provision.
415A été donné pouvoir à messieurs les directeurs, en l’une des assemblées des mois, de nommer pour lieutenant général de l’île Saint-Christophe telle personne capable qu’ils aviseront.
416[p. 312] La Compagnie agrée la provision de juge de Saint-Christophe envoyée au sieur Boitière, et lui donne pouvoir de nommer tel lieutenant qu’il avisera pour juger les différends en son absence jusqu’à ce qu’il y ait été pourvu par messieurs les directeurs.
417La Compagnie a agréé la délibération d’envoyer au sieur de Lolive des provisions de capitaine général de l’île de la Guadeloupe en exécution du contrat fait par la Compagnie avec lui et ce pour le temps qu’il est porté par ledit contrat.
418La Compagnie donne pouvoir aux directeurs de nommer des juges en l’île de la Martinique et de la Guadeloupe.
419La Compagnie donne aussi pouvoir aux directeurs de nommer un lieutenant général de la Compagnie en l’île de la Guadeloupe lorsqu’ils auront trouvé personne capable et qu’ils jugeront à propos d’y en envoyer un.
420Sur ce qui a été représenté par le sieur Berruyer, l’un des directeurs de la Compagnie, qu’il fut envoyé quatre pères jacobins réformés en l’île de la Guadeloupe lorsque le sieur de Lolive y passa par ordre de la Compagnie, deux desquels étant repassés en France quelques temps après, et le père Carré, supérieur de leur maison, ayant fait quelques propositions à la Compagnie pour l’entretien des religieux de son ordre dans ladite île, lesdites propositions n’ayant été agréées, il avertit qu’il révoquerait ses religieux, et de fait leur écrivit qu’ils eussent à repasser en France et à rendre les ornements d’Église aux pères capucins avec lesquels la Compagnie avait traité. En exécution des lettres dudit père Carré lesdits, deux pères jacobins qui restaient dans l’île rendirent aux pères capucins les ornements d’Église, et au lieu de revenir, l’un d’eux demeura dans l’île et l’autre repassa en France en espérance de faire trouver bon au père Carré de le renvoyer avec autres [p. 313] religieux dudit ordre dans ladite île, ce que le père Carré, qui n’était à Paris lors de l’arrivée dudit père jacobin, n’avait voulu consentir, au contraire envoya des lettres pour faire revenir le religieux qui était resté dans la Guadeloupe, depuis lequel temps, ledit père Carré étant revenu à Paris, après avoir conférer avec le religieux revenu de la Guadeloupe, aurait proposé des articles pour y renvoyer de ses religieux si la Compagnie l’agréait, à la charge, entre autres choses, qu’il n’y aurait autre religieux dans ladite île que de leur ordre.
421A été résolu que les pères capucins demeureront dans l’île de la Guadeloupe, et que si le père Carré désire envoyer des religieux de son ordre dans la Martinique, qu’il y pourra faire passer celui qui reste à la Guadeloupe et y en envoyer d’autres auxquels il sera donné de la terre à cultiver, et sera passé des hommes pour les servir et cultiver leurs terres, même leur sera permis de retirer pendant trois ans les vivres qui proviendront des terres qu’ils ont défrichées à la Guadeloupe, si lesdits pères capucins n’aiment mieux passer à la Martinique et abandonner l’île de la Guadeloupe auxdits pères jacobins.
422Pour terminer le différend de la Compagnie prétendant la confiscation du navire et marchandises de Baillardet pour avoir été aux îles de l’Amérique sans la permission de la Compagnie, et sur la nouvelle demande qu’il fait d’y repasser avec sa barque.
423La Compagnie l’a déchargé de ladite confiscation et lui donnera pouvoir d’y passer à la charge de passer deux femmes qui désirent y aller trouver leurs maris sans prendre aucune chose pour leur passage et nourriture, pour raison de quoi, la Compagnie donne pouvoir aux sieurs directeurs de traiter avec lesdites femmes pour avoir ce qui a de coutume d’être payé pour lesdits passagers, [p. 314] et à la charge que ledit Baillardet rapportera les marchandises de la Compagnie qui lui seront baillées par les commis d’icelle sans en prendre aucun fret pourvu qu’il ne lui en soit donné que jusqu’à la concurrence du dixième des marchandises qu’il rapportera pour son compte ou pour autres marchands.
424La Compagnie a approuvé l’arrêt fait par le sieur du Herteley, l’un des directeurs de la Compagnie, des marchandises appartenant à Lespérance, serviteur domestique du feu sieur Desnambuc, à faute d’avoir par ledit Lespérance rendu compte au commis général de la Compagnie qui est en l’île Saint-Christophe des droits de la Compagnie qu’il a reçus, et prie ledit sieur du Herteley de poursuivre l’affaire jusqu’à l’adjudication desdites marchandises si ledit Lespérance ne donne caution suffisante de satisfaire et payer la Compagnie.
425A été donné pouvoir à messieurs les directeurs de nommer une personne capable pour capitaine général de la Martinique, et le faire agréer à son éminence lorsque les directeurs jugeront à propos de l’envoyer, et cependant la Compagnie trouve bon d’envoyer une provision de lieutenant général de ladite île pour trois ans au sieur du Parquet avec les mêmes droits qu’au gouverneur de L livres de pétun pour chacun habitant, et lui mande que se comportant comme la Compagnie l’espère, non seulement elle ne pourvoira pas sitôt d’un capitaine général en l’île, mais même lui donner espérance de plus grand emploi dans quelques années.
426A été arrêté que le capitaine général de l’île de Saint-Christophe aura pour son appointement et entretenement26 jusqu’à L livres de pétun de chacun homme qui sera dans l’île pour chacune année qu’il se fera du pétun.
427[p. 315] Que le lieutenant général de ladite île aura XXX livres de pétun de chacun ès années qu’il s’en fera.
428Et qu’il sera levé encore X livres de pétun sur chacun des habitants ès années qu’il s’en fera pour être distribués aux autres officiers ainsi que par la Compagnie sera avisé.
429A été arrêté que les hommes mariés qui sont dans Saint-Christophe avec leurs femmes ne payeront à la Compagnie que XXX livres de pétun pour leur personne ès années qu’il s’en fera, et ès autres années, X livres de coton net et sans graine.
430A été accordé aux associés de pouvoir envoyer traiter en particulier aux îles de Saint-Christophe et la Martinique aux mêmes conditions que les autres marchands auxquels on donne permission d’y passer pour traiter.
431Sur ce qui a été remontré que le nombre des associés de la Compagnie était trop petit, étant composé pour la plupart de personnes qualifiées qui n’ont la commodité de se trouver aux assemblées, ni de se charger de faire beaucoup de choses qui seraient utiles à la Compagnie, que pour augmenter le nombre de personnes qui puissent par leurs soins contribuer à l’avancement de cette colonie, il serait à propos de diviser les parts principales en deux, la Compagnie étant composée de vingt [et] une parts entières et de trois demies, qui pourraient toutes être réduites à la finance des demies seulement, et ainsi la Compagnie serait à l’avenir composée de quarante-cinq parts, et ceux qui n’ont à présent qu’une part entière en auront deux par ce moyen, et pourraient en céder une des deux à quelque personne qui serait agréable à la Compagnie et qui pourrait y être utilement employé.
432A été arrêté que ladite Compagnie sera maintenant composée [p. 316] de quarante-cinq parts et qu’il sera permis à ceux qui en auront deux ou plusieurs de les vendre séparément à personnes qui soient agréables à la Compagnie, laquelle se remet aux directeurs en leur assemblée des premiers mercredis des mois d’admettre à la Compagnie ou refuser ceux qui auront traité de quelqu’une desdites quarante-cinq parts.
433A été arrêté qu’il sera réparti aux associés de la Compagnie la somme de XXII mille V cents livres des deniers de la vente du pétun aussitôt que ladite somme aura été reçue, qui sera pour chacun desdites XLV parts V cents livres, et que le surplus des deniers de pétun de la Compagnie demeurera ès mains des receveurs de la Compagnie pour en disposer ainsi que par les directeurs leur sera ordonné.
434Le sieur du Herteley a été prié de continuer la recette des droits de la Compagnie au Havre-de-Grâce jusqu’à la prochaine assemblée générale.
435Le sieur Manicher a été continué en la commission de la recette des droits de la Compagnie à Dieppe jusqu’à la prochaine assemblée générale.
436Sur ce qui a été représenté par le sieur Girault (qui est à présent à Saint-Christophe) n’avait pu jusqu’à présent exécuté le dessein qu’il avait de faire une nouvelle habitation de Français dans l’île de la Désirade ayant perdu beaucoup de ses hommes audit passage, et que toutefois il désirait s’habituer en la dite île si la Compagnie avait agréable qu’il y menât XX ou XXX hommes de l’île Saint-Christophe.
437La Compagnie a permis audit sieur Girault de prendre possession de l’île de la Désirade au nom de sa majesté et de la Compagnie et de s’y habituer, et pour cet état de mener avec lui jusqu’à XXX hommes de ceux qui sont à présent dans Saint-Christophe et [p. 317] qui y voudront aller, le tout à ses frais et dépenses, pour le fait et ladite prise de possession vue, traiter avec ledit Girault ainsi que par les directeurs de la Compagnie sera jugé à propos.
438La Compagnie a nommé pour directeur jusqu’à l’assemblée générale de l’année prochaine les sieurs Martin, Berruyer et du Herteley.
439Du mercredi sixième jour de janvier 1638, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
440Ont été assemblés ledit sieur Foucquet, messieurs Martin, Berruyer et du Herteley, directeurs, monsieur de Flécelles, conseiller d’État et président en la chambre des comptes, et messieurs de Guénégaud et du Plessis, conseillers au conseil d’État de sa majesté et trésoriers de l’Épargne, associés.
441Ledit sieur Berruyer a dit que le nomme Lespérance, ci-devant domestique du feu sieur Desnambuc, gouverneur de Saint-Christophe, lui a apporté ses comptes du pétun qu’il a reçu pour la Compagnie pendant qu’il a été en la dite île, esquels il emploie confusément la recette qu’il a fait pour la Compagnie et pour le dit feu sieur Desnambuc, et la dépense avec beaucoup de confusion.
442Ledit Berruyer a été prié de mander ledit Lespérance pour procéder à l’examen de son compte et icelui arrêter pour ce fait et rapporté à la Compagnie être ordonné ce que de raison sur la saisie et arrêt fait à la requête de la Compagnie sur le pétun que le dit Lespérance a fait apporter en France.
443Ledit sieur Berruyer a rapporté la requête présentée à la Compagnie par le sieur Levasseur par laquelle il expose avoir conquis l’île de Saint-Christophe sur les Sauvages avant que la Compagnie fut formée, [p. 318] et que le sieur Desnambuc lui avait promis de le rembourser des dépenses par lui faites pour le récompenser de quelque partie desdits frais, requérait la Compagnie qu’elle lui permit de faire passer sans ladite île cinquante personnes déchargées de tous les droits dus à la Compagnie.
444A été arrêté que sa requête lui serait rendue, sauf à lui à se pourvoir contre les héritiers dudit sieur Desnambuc ainsi qu’il avisera.
445Ledit sieur Berruyer a rapporté la requête du sieur Auger tendante à ce qu’il plaise à la Compagnie, en considération des services qu’il lui a rendue ès îles de Saint-Christophe et la Martinique de laquelle il a apporté le plan, lui accorder la charge de sergent-major en ladite île de Saint-Christophe et d’ingénieur de la Compagnie aux exemptions pour cinquante hommes des droits de la Compagnie.
446A été arrêté pour ce qui était de la charge de sergent-major, qu’il se retirerait par-devers le capitaine général de la dite île pour être gratifié de tel emploi qu’il le jugerait capable, et lui a, ladite Compagnie, accordé la qualité d’ingénieur pour la Compagnie èsdites îles avec exemption pour douze hommes des droits dus à la Compagnie, si tant il en a à son service, à la charge de passer la présente année en ladite île Saint-Christophe et de travailler aux plans des îles concédées par sa majesté à la Compagnie, les envoyer en France, et de travailler aux desseins des fortifications qui seront à faire èsdites îles.
447A été pareillement accordé audit sieur Auger une charge d’arpenteur en l’île de Saint-Christophe, aux droits d’une livre de pétun pour chacun arpent qu’il mesurera, à la charge de réduire toutes les mesures à celles de la prévôté et vicomté de Paris.
448A été fait lecture des articles proposés par monsieur le commandeur de Poincy et le sieur de La Grange pour passer aux [p. 319] îles de la Compagnie. Et après avoir concerté avec lesdits sieurs, la Compagnie a accordé audit sieur commandeur de Poincy la charge de capitaine général de l’île Saint-Christophe, aux droits de L livres de pétun à prendre sur chacun homme de ladite île non exempté par ladite Compagnie ès années qu’il se fera du pétun et le XXe des marchandises de traite ès années qu’il ne se fera point de pétun, et que la Compagnie le nommera à monseigneur le cardinal pour, à sa nomination, être pourvu de la charge de lieutenant général de sa majesté sur toutes lesdites îles avec le plus d’autorité que faire se pourra et aux droits de XX livres de pétun à prendre sur chacun homme non exempté par la Compagnie ès années qu’il se fera du pétun, et le cinquantième des marchandises de traite ès années qu’il ne se fera point de pétun, à la réserve de l’île de la Guadeloupe27, sur les habitants et marchandises de laquelle, il ne prendra aucun droit pour ladite qualité de lieutenant général de sa majesté aux îles de l’Amérique, et ne commencera à recevoir lesdits droits attribués à la dite charge de lieutenant général que du jour qui a été accordé, à savoir pour la Martinique dans six ans, et pour la Guadeloupe dans sept ans, si lors il est encore pourvu de ladite charge de lieutenant général de sa majesté èsdites îles.
449La Compagnie lui accorde IIII mille livres de pétun, pour une fois seulement, à prendre dans l’île Saint-Christophe de celui de la Compagnie qui proviendra de la première récolte qui en sera faite pour l’employer en l’achat de quelques barques.
450Qu’il sera donné permission par la Compagnie tous les ans à deux ou trois maîtres de navires tels que ledit sieur commandeur voudra nommer pour aller traiter aux îles de Saint-Christophe et la Martinique, sans pour ce payer aucune chose à la Compagnie, ès années seulement que la Compagnie n’y voudra point envoyer de vaisseaux pour [p. 320] son compte particulier et pendant que ledit sieur sera capitaine général de l’île Saint-Christophe.
451Que s’il désire quelques concessions de terre en fief ès île que la Compagnie possède à présent et qu’elle possédera ci-après pendant qu’il sera capitaine général de Saint-Christophe, qu’il lui en sera concédé à des conditions fort raisonnables.
452Et que si ledit sieur de Poincy fait habiter quelques nouvelles îles de la concession faite par sa majesté à la Compagnie, il en sera capitaine général avec les mêmes droits de L livres de pétun sur chacun homme, et vingtième des marchandises de traite ès années qu’il ne se fera point de pétun, comme à Saint-Christophe et sans diminution des droits qui lui sont attribués pour Saint-Christophe, et lui sera permis pour faciliter lesdites nouvelles habitations d’îles de prendre deux cents hommes à Saint-Christophe de leur consentement pour les faire passer èsdites îles qu’il voudra habiter de nouvelles.
453Ledit sieur commandeur de Poincy jouira des droits de capitaine général de l’île de Saint-Christophe du jour qu’il arrivera en ladite île, s’il y arrive avant que le sieur du Halde en sorte pour revenir en France, et si ledit sieur du Halde sortait de ladite île Saint-Christophe pour revenir en France avant que ledit sieur de Poincy arrivât à Saint-Christophe, en ce cas, ledit sieur commandeur de Poincy jouira des droits de capitaine général de l’île de Saint-Christophe du jour que ledit sieur du Halde sera parti de ladite île de Saint-Christophe pour revenir en France.
454A été arrêté qu’il sera donné audit sieur de Poincy des lettres de provision de ladite charge de capitaine général de l’île de Saint Christophe pour trois années, et qu’en fin desdites trois années, s’il désire continuer en ladite charge qu’il lui en sera renouvelé [p. 321] d’autres pour trois années, et que la présentation à la charge de lieutenant général de sa majesté èsdites îles de l’Amérique sera faite aussi pour trois ans ou tel autre temps qu’il plaira à sa majesté.
455Tout ce que dessus a été accordé audit sieur commandeur de Poincy à condition expresse qu’il passera la présente année en l’île de Saint-Christophe et qu’il demeurera auxdites îles de l’Amérique la plus grande partie du temps.
456La Compagnie a accordé pour trois ans au sieur de La Grange Fourmentau la charge de lieutenant général de la Compagnie en l’île de Saint-Christophe aux droits de XXX livres de pétun à prendre sur chacun homme de l’île non exempté par la Compagnie ès années qu’il se fera du pétun dans l’île, et ès années qu’il ne s’en fera point, le trente-septième des marchandises de traite à commencer du premier jour de la présente année, et après les trois années expirées, qu’il lui sera donné de nouvelles provisions pour trois autres années s’il désire demeurer sur les lieux. Et si pendant ledit temps le sieur commandeur de Poincy décède pourvu de la charge de capitaine général de l’île de Saint-Christophe, ledit sieur de La Grange sera pourvu de ladite charge vacante par le décès dudit sieur de Poincy, le tout à condition expresse que ledit sieur de La Grange partira de France dans le mois de juin prochain pour aller en ladite île de Saint-Christophe et qu’il y demeurera actuellement.
457Du mercredi IIIIe février MVICXXXVIII, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
458Ont été assemblés ledit sieur Foucquet, messieurs Martin, Berruyer, directeurs, et monsieur Morant, conseiller d’État, l’un des associés.
459Ledit sieur Berruyer a fait rapport du compte présenté par Lespérance, ci-devant domestique du sieur Desnambuc, et d’autant qu’il ne justifie [p. 322] aucun des articles de dépense et qu’il a fait grande recette, a été arrêté que la saisie faite sur son pétun demeurera jusqu’à la clôture dudit compte, si mieux n’aime ledit Lespérance donner bonne et suffisante caution de payer la valeur dudit pétun, si dans l’année il ne fait apparaître les pièces justificatives de sa dépense.
460Sur ce qui a été représenté par ledit sieur Berruyer qu’il était nécessaire d’avoir quelque personne qui prit soin particulier dans l’île de Saint-Christophe des armes et munitions que la Compagnie y envoie pour en empêcher le dégât et pour les mieux conserver qu’elles n’ont été par le passé.
461A été arrêté qu’il serait donné des lettres de provision de garde-magasin au sieur Renard, aux gages de mille livres de pétun par an, et exemption de trois hommes.
462Du mercredi troisième mars MVICXXXVIII, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
463Ont été assemblés messieurs Foucquet, Martin et Berruyer.
464Sur ce qui a été représenté par le sieur Berruyer que les habitants de l’île de Saint-Christophe se plaignent du prix excessif des marchandises que l’on leur porte de France.
465A été arrêté qu’il sera pris avis des sieurs du Herteley et Rozée pour régler le prix des marchandises soit au prix quelles coûtent en France avec XXX ou XXXV pour cent pour les risques de la mer ou autrement ainsi qu’il sera jugé plus à propos.
466Ledit sieur Berruyer a pareillement représenté que pour la commodité des habitants de Saint-Christophe qui sont à Basse-Terre, il serait à propos d’y établir un lieutenant du juge qui en est beaucoup éloigné, lequel le sieur Regnould était capable d’exercer cette charge.
467[p. 323] A été arrêté qu’il sera donné deux lettres de provision audit sieur Regnould de la charge de lieutenant du juge de Saint-Christophe pour trois années, aux gages de mille livres de pétun et exemption des droits dus à la Compagnie pour six hommes, si tant il en a à son service, à la charge de se loger à la Basse-Terre et de partir cette année pour aller à Saint-Christophe.
468Sur ce qui a été représenté par ledit sieur Berruyer, qu’examinant le compte de Lespérance, il a trouvé que la recette monte à LXXI mille IX cent LXXVI livres de pétun, et qu’il ne représente aucune pièce justificative de la dépense.
469A été arrêté que ledit Lespérance fournira dans six mois audit sieur Berruyer ou au sieur Gentil, commis général de la Compagnie en l’île de Saint-Christophe, les pièces justificatives de sa dépense, et jusqu’à ce, que les VIII mille livres de pétun qu’il dit être de son habitation, saisi par la Compagnie, demeurera en dépôt, ou les deniers qui proviendront de la vente d’icelui ; et ledit temps passé, que la Compagnie poursuivra en justice que ledit pétun ou prix d’icelui lui soit délivré en déduction de ce que ledit Lespérance a reçu pour la Compagnie et sera envoyé au sieur Gentil, l’apostille mis sur le compte dudit Lespérance afin qu’il le fasse compter du pétun qu’il a reçu pour la Compagnie, et lui sera mandé qu’il le fasse aussi compter de ce qu’il a reçu des salines, la Compagnie ayant été avertie qu’il a reçu XXX ou XXXV sols de chacun la livre de sel qui a été chargé par les Anglais et Hollandais.
470A été fait lecture des lettres écrites de Dieppe par le capitaine Cocquet par lesquelles il demande le payement du passage et nourriture de quatre pères capucins et leur serviteur et celui du sieur Gentil, commis de la Compagnie, et du fret de plus de dix tonneaux, de nombrement de hardes et de XIX mille livres de pétun ou environ qu’il a apporté à Dieppe.
471Le sieur Berruyer a été prié, étant à Dieppe, d’accommoder cette affaire [p. 324] à l’amiable avec ledit capitaine Cocquet et ses bourgeois, et les faire payer en pétun audit lieu de Dieppe de ce qu’il leur accordera.
472Sur la demande faite à la Compagnie par le sieur de La Nore, sergent-major de la citadelle du Havre, des biens acquis à la Compagnie par droit de déshérence par le décès de Robert Alesandre dit Descocquetz qui s’est noyé en revenant de l’île de Saint-Christophe qui était bâtard et n’a laissé aucun enfant.
473A été arrêté en considération des pièces qui en ont été faites par le sieur Fort, écuyer, qui commande dans la citadelle du Havre et du sieur du Herteley, l’un des directeurs de la Compagnie, de donner audit sieur de La Nore les trois-quarts de ce qui sera adjugé par droit de déshérence à la Compagnie par le juge de Saint-Christophe des biens dudit Descoquetz, et que l’autre quart sera employé pour l’église de laquelle dépend l’habitation dudit défunt Descoquetz.
474Et qu’il sera mandé au sieur Gentil de faire adjuger à la Compagnie par le juge de Saint-Christophe les biens dudit Descoquetz par ledit droit de déshérence, et que pour y parvenir ledit sieur de La More fera faire une sommaire information de la mort dudit Descoquetz pour l’envoyer à Saint-Christophe et qu’il était bâtard et est mort sans enfant.
475A été accordé à Antoine Gallois dit la Verdure, arboriste de monsieur le duc d’Orléans, exemption des droits dus à la Compagnie pour lui et cinq hommes, si tant il y en a dans son habitation de Saint-Christophe à son service, à la charge d’envoyer à la Compagnie deux principaux simples28 qu’il trouvera dans ladite île.
476Qu’il sera écrit au sieur Gentil, commis général de la Compagnie à Saint-Christophe, qu’il ne permette pas qu’aucun capitaine ou maître de navire français traite en l’île de Saint-Christophe s’il ne lui fait apparaître de la permission de la Compagnie et s’il ne satisfait aux charges portées par icelle, et si aucun va en ladite île pour traiter sans permission, qu’il demande en justice la confiscation du vaisseau et marchandises [p. 325] conformément aux défenses de sa majesté d’aller traiter audit lieu sans permission de la Compagnie, desquelles défenses sera envoyé copie audit sieur Gentil.
477Manicher, commis de la Compagnie à Dieppe, sera averti d’écrire aux îles par tous les vaisseaux qui partiront et d’envoyer à nos commis la copie des permissions et des marchés qu’on fait avec les artisans.
478Sur ce qui a été représenté par monsieur Foucquet que le soin que prend le sieur Gentil, commis général de Saint-Christophe, pour maintenir l’autorité de la Compagnie dans l’île de Saint-Christophe, à faire payer les droits et envoyer le pétun en France, mérite quelque nouvelle reconnaissance pour le commis de continuer son affection et ses soins.
479A été arrêté d’augmenter les gages dudit sieur Gentil de mille livres de pétun par chacun an, à commencer du premier jour de l’année prochaine MVICXXXIX.
480Monsieur Berruyer a été prié d’expédier une permission au capitaine Jean Goudoin de La Rochelle pour aller traiter aux îles de l’Amérique en baillant six mousquets à la Compagnie en l’île de Saint-Christophe.
481Il sera écrit au juge de Saint-Christophe qu’il tienne sa juridiction à jours ordinaires et en un lieu certain, et que par ses bons déportements29, il donne l’exemple de piété et de vertu à tous les habitants de l’île.
482Sur l’avis qui a été donné que les habitations de la Martinique sont fort éloignées les unes des autres et que le nombre des habitants y augmente de jour à autre.
483A été arrêté qu’il serait établi un commis particulier en ladite île outre le commis général qui y est, et que Nicolas Marchand sera pourvu de ladite charge aux gages de mille livres de pétun par an et exemption des droits de la Compagnie pour quatre hommes, si tant il y a à son service.
484[p. 326] A été fait lecture des lettres écrites par le sieur de Lolive, capitaine général de la Guadeloupe, à monsieur Foucquet, par lesquelles, entre autre chose, il demande permission d’envoyer au Cap-de-Vert et ès environs quérir des Nègres et des bestiaux pour porter dans les îles.
485Monsieur Berruyer a été prié d’en communiquer avec les associés de la Compagnie du Cap-de-Vert pour en obtenir la permission si faire se peut.
486Du mercredi deuxième juin MVIC trente-huit, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
487Ont été assemblés messieurs Foucquet, Martin et Berruyer, directeurs, et monsieur Chanut, conseiller du roi et trésorier de France en Auvergne.
488Monsieur Berruyer a représenté que monsieur Foucquet avait cédé à monsieur Foucquet, conseiller d’État et maître des requêtes, son fils, la part qu’il avait ci-devant acquise du sieur Le Royer, laquelle fait deux parts des quarante-cinq dont la Compagnie est à présent composée suivant la délibération de l’assemblée générale du deuxième décembre dernier, et requis l’enregistrement du contrat de cession.
489Ladite cession a été agréée et ordonne que ledit contrat sera enregistré.
490Ledit sieur Berruyer a pareillement représenté le contrat de cession fait par monsieur Foucquet à monsieur Chanut, trésorier de France en Auvergne, d’une quarante-cinquième part en la Compagnie, faisant moitié de la part qui lui a été cédée par monsieur le président Cornuel.
491Ladite Compagnie a eu agréable ladite cession, et ordonne [p. 327] que ledit contrat sera registré, et à l’instant, ledit sieur Chanut est entré en l’assemblée.
492Sur les plaintes qui ont été faites par quelques habitants de l’île Saint-Christophe des corvées et dépenses que le sieur de Saint-Martin, capitaine de l’île Saint-Christophe, fait faire auxdits habitants, les faisant travailler des festins et dépense de bouche.
493A été arrêté qu’il sera mandé audit sieur de Saint-Martin qu’il s’en abstienne, autrement que la Compagnie y pourvoiera.
494Sur l’avis qui a été donné que les Nègres et Sauvages et les bourriques qui appartenaient à la Compagnie et desquelles le feu sieur Desnambuc s’est servi en son particulier, ont été détournés et ne sont en la possession des commis de la Compagnie.
495A été arrêté qu’il sera mandé au sieur Gentil qu’il en fasse recherche, et que par autorité du juge, qu’il les reprenne en quelque main qu’elles puissent être et à quelque titre que ce soit, n’ayant été loisible à aucun de disposer du bien de la Compagnie, et que le dit sieur Gentil retirera du sieur du Halde, ou de ceux qui les ont eus de lui, ceux que ledit sieur Desnambuc lui avait baillés.
496Qu’il sera envoyé une commission de la Compagnie pour un greffier du juge principal de Saint-Christophe, laquelle révoquera celui qui y est établi par le sieur Boitière.
497La Compagnie a accordé au sieur Toully, pour les services par lui rendus à la Compagnie et qu’il lui peut rendre sur les lieux, de lui faire passer jusqu’à six hommes dans les trois ou quatre premiers vaisseaux qui passeront [p. 328] à Saint-Christophe. Lui accorde d’avoir huit hommes francs des droits dus à la Compagnie, si tant il en a en sa case, l’office de peseur et contrôleur de pétun qu’avait ci-devant Marchant, lequel il pourra faire exercer par telle personne capable qu’il avisera. Outre, lui accorde deux offices de notaires et deux offices de sergents dont les provisions lui seront baillées en blanc pour en disposer au profit de telles personnes capables qu’il avisera.
498Qu’il sera écrit en sa faveur à ce qu’il puisse être gratifié d’une place d’enseigne, la première qui vaquera ou de la première Compagnie qui sera augmentée. Tout ce que dessus a été accordé audit sieur Toully, et à condition de passer en la présente année en l’île Saint-Christophe.
499Qu’il sera mandé au sieur Gentil, commis de la Compagnie, qu’il fasse informer par devant le juge de Saint-Christophe de l’attentat commis par Vaudroc contre le sieur du Halde, et qu’il envoie en France copie des informations.
500Que ledit Gentil fasse informer de la quantité du sel qui a été emporté par les étrangers des salines de Saint-Christophe et les droits que Lespérance a reçus.
501Qu’il sera envoyé à Saint-Christophe un poudrier pour raccommoder les poudres du magasin des particuliers et y en faire s’il se trouve de la matière propre dans les îles.
502Qu’il sera envoyé des pelles et sceaux pour les briquetiers.
503Sur les demandes faites par le sieur Belleteste, lui a été accordé que lui et ses enfants seraient personnellement exempts des droits dus à la Compagnie.
504[p. 329] Lui a été pareillement accordé en la Grande Savanne non habitée, ni cultivée, la quantité de quatre cents pas de face de terre qui s’étendra jusqu’au sommet de la montagne s’il n’y a des terres concédées à quelques particuliers entre deux, auquel cas la présente concession ne s’étendra que jusqu’aux terres qui sont concédées auxdits particuliers que le dit Belleteste dit lui avoir été assignées par le défunt sieur Desnambuc et qu’il a commencé à défricher et planter en vivres, à la charge que dans deux ans, suivant ses offres, il la fera entièrement cultiver et la fera planter pour la plupart en cotonniers, et à la charge de payer les droits ordinaires imposés sur les terres, et à faute de la faire défricher entièrement dans ledit temps et de la faire planter de cotonniers comme dit est, que le total de ladite terre retournera à la dite Compagnie en l’état qu’elle sera lors.
505Que pour l’année MVIC trente-neuf, les hommes qui travailleront seulement audit coton audit lieu ne payeront aucuns droits personnels, et pour l’année XL et les suivantes, ne payeront pour chacun que XXX livres de coton net et sans graine par chacun an, à la charge que lesdits hommes ne travailleront que audit coton.
506Qu’il sera écrit au sieur Boitière qu’il y a plainte de ses déportements et de ceux qui travaillent sous lui et qu’il ait à faire cesser ces plaintes, autrement que la Compagnie sera obligée d’y pourvoir.
507Que pour obliger le nommé Deshayes, maître-canonnier, de retourner en l’île de la Guadeloupe et d’y servir avec affection, lui a été accordé de lui faire passer deux hommes sans [p. 330] qu’il lui en coûte rien.
508A été pareillement accordé au sieur Phillebert, juge de la Guadeloupe, de lui faire passer deux hommes en ladite île.
509Monsieur Berruyer se donnera la peine s’il lui plait d’écrire à Saint-Malo de faire recevoir et vendre à Saint-Malo sept mille tant de livres de pétun apportés par le capitaine Mirebeau du Havre-de-Grâce pour la Compagnie.
510Du mercredi VIIe juillet MVIC trente-huit, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
511Ont été assemblés ledit sieur Foucquet, messieurs Martin et Berruyer, directeurs, monsieur Foucquet, conseiller d’État, maître des requêtes, et monsieur Chanut, conseiller du roi et trésorier de France en Auvergne.
512A été fait lecture de la lettre de monsieur du Herteley, l’un des directeurs de la Compagnie, par laquelle il donne avis qu’il est arrivé à Saint-Malo un navire revenant des îles de l’Amérique dans lequel il y a du pétun pour la Compagnie, partie duquel a été mouillé.
513A été arrêté que ledit sieur du Herteley sera prié d’écrire à Saint-Malo que l’on vende ledit pétun à tel prix qu’il avisera.
514Sur ce que mande le sieur du Herteley qu’il y a trois pères capucins qui font état de s’embarquer au Havre dans un vaisseau qui se prépare pour aller aux îles
515[p. 331] A été arrêté qu’il leur sera baillé III cents livres pour leur aider à avoir quelques rafraîchissements et autres choses nécessaires pour porter aux îles.
516Sur ce qui a été représenté à la Compagnie que les chefs et capitaines de Saint-Christophe se servent souvent des habitants qui sont envoyés à la garde des forts pour leurs affaires particulières et qu’ainsi les forts ne sont pas gardés et les habitants se trouvent vexés.
517A été arrêté que nul de quelque qualité qui soit dans l’île ne pourra faire faire des corvées aux habitants, ni employer ceux qui seront envoyés à la garde des forts à leurs affaires particulières, pourra néanmoins, le capitaine général de l’île Saint-Christophe et lieutenant général de la Compagnie en ladite île, lorsqu’il jugeront qu’il n’y aura point de hasard, employer aucun des habitants destinés à la garde à travailler au logement des pères capucins, bâtiment de leur église et entretien des habitations de la Compagnie, magasins et autres ouvrages publics.
518Que nul des habitants de Saint-Christophe ne sera obligé de se servir du chirurgien Bunoche, ni de lui donner aucune chose, chacun ayant liberté de se servir de tel chirurgien que bon lui semblera auquel il donnera tel salaire qu’il avisera raisonnable.
519Sur la plainte faite par aucuns des habitants de Saint-Christophe des salaires excessifs que prennent les notaires et sergents de ladite île.
520[p. 332] A été arrêté que lesdits salaires seront modérément taxés une fois pour toutes par le juge ordinaire de Saint-Christophe par l’avis de six des principaux habitants de l’île.
521Sur la plainte desdits habitants que lorsqu’il arrive des capitaines de navires qui apportent des marchandises, aucuns des principaux de l’île achètent la plupart des marchandises pour les revendre par après à beaucoup plus grand prix à ceux auxquels on ôte la liberté d’acheter ce qui leur est nécessaire.
522A été arrêté que sera mandé au lieutenant général de la Compagnie en ladite île qu’il pourvoie audit désordre par l’avis du juge et commis général de la Compagnie et de cinq ou six des principaux habitants non suspects d’en avoir usé par le passé de la sorte, afin que chacun ait ce qui lui est nécessaire.
523Qu’il sera écrit auxdits Lolive, capitaine général de la Guadeloupe, qu’il fasse travailler à un magasin pour la Compagnie ainsi qu’il est obligé par son traité.
524Et que la Compagnie ne peut croire ce qui lui a été dit qu’il eut fait reconnaître son beau-frère dans l’île pour lieutenant général de la Compagnie, d’autant que ce n’est l’intention de la Compagnie de lui donner aucun emploi qu’il n’ait fait preuve de sa vertu, courage et expérience par sa bonne conduite, pourra ledit sieur de Lolive, si bon lui semble, le faire lieutenant de la Compagnie, la Compagnie se réservant de pourvoir [p. 333] de l’office de lieutenant général telle personne quelle avisera et lorsqu’elle le jugera à propos.
525Qu’il sera envoyé audit sieur de Lolive de la graine de café et de toutes sortes de graines pour savoir s’ils profiteront dans ladite île.
526Qu’il sera mandé au sieur Volery, commis général de la Guadeloupe, qu’on n’a point reçu les mémoires des armes envoyées par la Compagnie dans le navire du capitaine Felles, quoique ledit Volery mande qu’il envoie ledit mémoire.
527Sera écrit audit Volery qu’il envoie au plus tôt le nombre des Français qui sont dans l’île et leur qualité et sexe.
528Sera écrit aux bourgeois du sieur de Lolive des plaintes qu’il fait à la Compagnie de ce qu’ils ne satisfont à leur contrat et seront pressés d’y satisfaire autrement que la Compagnie sera obligée d’agir contre eux.
529Du mercredi quatrième août MVICXXXVIII, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
530Ont été assemblés ledit sieur Foucquet, messieurs Martin et Berruyer, directeurs, monsieur Foucquet, conseiller d’État et maître des requêtes, et Chanut, trésorier de France en Auvergne, associés.
531A été résolu que les terres des îles seraient baillées à censives et autres droits à ceux qui les désireraient aux conditions suivantes, outre les charges personnelles ordinaires dans les îles, de payer une livre de coton net et sans graine de censive par chacun an pour trois cents toises [p. 334] de superficie de terre, et de payer par ceux qui acquèreraient des particuliers, le vingtième du prix de leur achat, et en cas de donation, une année du revenu, et de reversion de la propriété en cas que les terres demeurent trois ans consécutifs sans être cultivées le tout ou partie. Qu’il sera envoyé un pouvoir aux commis des îles de donner les terres auxdites conditions, et qu’il sera dressé un formulaire de contrat, lequel on fera imprimer pour envoyer auxdits commis afin que toutes les concessions soient semblables.
532Qu’il sera écrit au sieur du Parquet, lieutenant général de la Compagnie en l’île de la Martinique, en faveur du sieur de La Valée, qui commandait ci-devant à la Martinique par l’absence du sieur du Pont, qu’il donne audit La Vallée la charge de premier capitaine dans ladite île.
533Sur la demande qui a été faite à la Compagnie par la femme de La Verdure, habitant de l’île Saint-Christophe, à ce qu’il lui fut accordé des terres pour faire une habitation en l’île de la Martinique.
534A été arrêté qu’il sera écrit au commis de la Compagnie en ladite île qu’il donne audit La Verdure des terres pour faire une habitation et qu’il lui en passe contrat.
535A été accordé en faveur des habitants de la Martinique qui y ont été menés ou envoyés de Saint-Christophe par ledit feu sieur Desnambuc qu’ils ne payeront aucuns droits jusqu’[p. 335] en l’année MVIC quarante, et que ceux qui sont allés demeurer dans ladite île de la Martinique depuis le premier établissement ne payeront aucuns droits jusqu’en l’année 1639, et ceux qui iront à l’avenir payeront les droits ordinaires dès la première année qu’ils seront dans ladite île dont sera donné avis au sieur Morin, commis général de la Compagnie dans ladite île de la Martinique.
536Sera écrit au sieur Lolive qu’il donne contentement à Sovilart dit La Mare pour des hommes qu’il dit lui avoir été envoyés et que ledit sieur de Lolive a retenus.
537Qu’il sera aussi écrit aux marchands de Dieppe qui ont traité avec le sieur de Lolive que ledit de La Mare se plaint de ce qu’ils ont fait retenir par ledit sieur de Lolive les hommes qui lui étaient envoyés pour son particulier.
538A été résolu qu’il serait mandé à ceux qui commandent dans les îles qu’ils fassent faire défense de faire du pétun pour l’année prochaine d’autant qu’il y en a très grande quantité en France, lequel ne peut vendre et qu’ils fassent travailler au coton, rocou ou aux vivres.
539Du mercredi premier jour de septembre 1638, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
540Ont été assemblés ledit sieur Foucquet, messieurs Martin et Berruyer, directeurs.
541Monsieur Berruyer a fait lecture d’un mémoire qui lui a été mis entre les mains par monsieur le commandeur de Poincy par [p. 336] le premier article duquel il demande que la Compagnie lui promette de l’indemniser des peines qu’il pourrait encourir à faute de se trouver à Malte y étant cité par monsieur le grand maître pour le service de l’île où, par les statuts de l’Ordre, tous les chevaliers étant obligés en cas de citation de s’y rendre en personne, à peine de privation de l’habit et des commanderies et autres biens de l’Ordre qu’ils possèdent.
542La Compagnie promet de s’employer envers sa majesté et monseigneur le cardinal pour le faire dispenser par monsieur le grand maître de s’y rendre, attendu le service actuel qu’il rendra à sa majesté et à la religion catholique ès îles de l’Amérique, sa majesté l’ayant pourvu de la charge de lieutenant général en icelles.
543Que les trois congés par lui demandés par le deuxième article lui seront délivrés ainsi que lui a été ci-devant accordé.
544Sur le troisième article dudit mémoire à ce qu’on ne soit qu’une année sans faire du pétun dans les îles.
545Qu’il sera mandé aux îles que les habitants cesseront une année seulement de faire du pétun pendant laquelle on fera des vivres et du coton, et que l’année suivante on fera du pétun et ainsi alternativement du pétun et du coton sans qu’il leur soit permis de travailler deux années de suite au pétun et ce sans s’arrêter à ce que le sieur du Halde pourrait avoir fait au contraire.
546Que les provisions mentionnées au quatrième article dudit mémoire lui seront délivrées.
547Pour ce qui est des voyages et armements mentionnés au cinquième article, la Compagnie permet audit sieur commandeur après qu’il aura été de droite route aux îles de la Martinique, la Guadeloupe et Saint-Christophe et qu’il y aura donné les ordres [p. 337] nécessaires, d’aller avec son vaisseau ou l’envoyer où bon lui semblera pour cette fois seulement, et pour les années suivantes, qu’il séjournera la plupart du temps dans les îles ainsi qu’il a promis sans pouvoir faire la guerre s’il n’a nouvel ordre de la Compagnie.
548Monsieur Berruyer prendra la peine s’il lui plait d’envoyer au Havre-de-Grâce un congé au capitaine Basque pour aller aux îles de l’Amérique pour lui être donné au cas qu’il n’en ait point eu un de feu monsieur du Herteley, et de prier le provincial de Normandie des pères capucins d’envoyer le plus tôt qu’il lui sera possible trois pères capucins pour l’île de la Martinique et deux pour l’île de la Guadeloupe.
549Les blasphémateurs du saint nom de Dieu, de la Vierge et des saints seront châtiés sévèrement suivant les ordonnances de sa majesté.
550Qu’il sera défendu à toute personne de manger de la chair dans les dites îles ès jours prohibés par l’Église à peine de III mille livres de pétun d’amende pour la première fois, et d’arbitraire pour les autres fois, sinon en cas de maladie avec permission des pères capucins.
551Sa majesté ayant défendu de passer ès îles aucun qui fut reconnu d’être de la religion prétendue réformée, sera fait défenses aux habitants de vendre à ceux de ladite religion prétendue réformée qui par mégarde y pourraient être passés, aucune habitation, sauf à leur donner quelques terres à défricher pour y demeurer quelques temps s’ils donnent espérance d’une prompte conversion, sans toutefois qu’ils puissent faire aucun exercice de leur religion prétendue réformée.
552Qu’il ne sera souffert que ceux de la religion prétendue réformée qui peuvent être dans les îles aient à leur service aucuns Nègres ou Sauvages, et s’ils en ont acheté quelques uns, les catholiques qui les voudront [p. 338] avoir les pourront retirer d’avec eux en leur rendant ce qu’ils auront donné pour avoir lesdits Nègres ou Sauvages, à la charge que les catholiques qui les retireront les feront instruire soigneusement en la religion catholique, l’intention principale de sa majesté en l’établissement des colonies ayant été pour l’instruction des Sauvages.
553Que l’avis qui a été donné qu’il était passé dans l’île de Saint-Christophe un chirurgien de la religion prétendue réformée, a été arrêté qu’il sera mandé au sieur de La Grange, lieutenant général de la Compagnie, qu’il le fasse repasser en France s’il n’y a espérance de conversion et jusqu’à ce, qu’il lui défende d’exercer la chirurgie.
554Qu’il sera fait défense à tous les habitants de Saint-Christophe et des autres îles et à toutes autres personnes de faire sortir des Nègres ou Sauvages hommes ou femmes des îles où ils sont pour quelque cause que ce soit sans permission expresse par écrit de la Compagnie, à peine de confiscation des biens que les contrevenants posséderont dans les îles et autres arbitraires.
555Qu’il ne sera distribué aucune terre auxdites îles, ni aucune habitation vendue, sinon aux sujets naturels de sa majesté, à peine de nullité desdites concessions de terre et ventes d’habitations et de perdre par ceux qui leur auraient vendu leurs habitations tout ce qu’ils possèdent dans les îles.
556Que les capitaines et maîtres de navires français qui iront aux îles seront préférés en la vente de leurs marchandises à tous capitaines et maîtres de navires étrangers qui ne pourront vendre la leur que celle des Français ne soit vendue, et que les habitants des îles ne pourront envoyer leurs marchandises en France dans des vaisseaux des étrangers [p. 339] que tous les vaisseaux français qui seront en rade et qui voudront partir dans peu de temps ne soient chargés, le tout à la charge que les marchands français se contenteront d’un prix modéré pour la vente de leurs marchandises et fret de celles des habitants qu’ils rapporteront en France tel qu’il y sera mis par celui qui commandera dans l’île par l’avis du juge, du commis général de la Compagnie et de six des principaux habitants de l’île.
557Les gouverneurs et lieutenants généraux des îles et les commis de la Compagnie ne permettront qu’aucun capitaine français ou maître de navire français traite dans les îles ou en rapporte aucune marchandise s’il ne fait paraître le congé de la Compagnie d’y aller traiter.
558Qu’il sera envoyé six hommes pour cultiver l’habitation de la Compagnie, le passage desquels sera payé en pétun à Saint-Christophe à l’arrivée du vaisseau qui les passera.
559Monsieur Berruyer écrira s’il lui plait au sieur Tuffet, commis de la Compagnie à La Rochelle, de vendre le pétun qu’il a ou de le troquer en des marchandises de pareille valeur qu’il puisse vendre promptement suivant l’ouverture qu’il en a faite.
560Du mercredi sixième jour d’octobre MVIC trente-huit, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
561Ont été assemblés ledit sieur Foucquet, messieurs Martin et Berruyer, directeurs, et monsieur Foucquet, conseiller d’État et maître des requêtes ordinaire de son hôtel30, l’un des associés.
562A été arrêté qu’à l’avenir, dans les îles, après avoir fait du pétun une année, on fera l’année suivante du coton ou [p. 340] autres marchandises sans pouvoir faire du pétun deux années de suite pour quelque cause que ce soit.
563Que nul des capitaines ou lieutenants des compagnies des îles ou autres officiers établis par la Compagnie ne sortiront des îles pour venir en France qu’ils n’en aient obtenu permission par écrit de la Compagnie ou de monsieur le commandeur de Poincy, à peine de perdre les charges dont ils sont pourvus.
564Qu’il sera fait information ou attestation par-devant le juge de Saint-Christophe de ce que les habitants ont contribué des vivres et munitions pour porter à la Martinique depuis qu’elle a été habitée par les Français.
565Mander au sieur Gentil qu’il fasse exactement rendre compte à Lespérance de tout ce qui était dans les magasins lorsque ledit Gentil vint en France, et de ce qui a été envoyé de France depuis son partement31, et s’il dit qu’il ait été transporté quelque chose à la Martinique ou donné aux habitants par l’ordre du feu sieur Desnambuc, faire ordonner par le juge qu’à sa diligence les héritiers du sieur Desnambuc seront appelés pour voir dire qu’ils avoueront ou désavoueront ladite déclaration pour être icelle communiquée à messieurs de la Compagnie.
566Sur la demande faite par monsieur de La Grange, lieutenant général de la Compagnie à Saint-Christophe, de lui envoyer les munitions spécifiées par ses lettres. A été arrêté qu’il lui serait envoyé un millier de poudre à canon, V cents livres32 de poudre à mousquet, deux cents piques et cent hallebardes le plus tôt que faire se pourra.
567[p. 341] Qu’il sera donné à la demoiselle de Savigny un mandement pour recevoir dans l’île Saint-Christophe, si elle y passe dans la fin de cette année, VII cents livres de pétun, et encore III cents livres de pétun33 si elle fait passer avec elle un artisan et sa femme pour y travailler de son art et métier sans y pouvoir faire du pétun.
568Qu’il sera établi en l’île Saint-Christophe un procureur fiscal pour avoir soin des affaires de la Compagnie et des publiques, la provision duquel sera donnée le nom en blanc à monsieur le commandeur de Poincy pour la donner à telle personne capable qu’il avisera, et que ladite provision sera seulement pour les trois années prochaines.
569Qu’il sera fait une sommation aux marchands de Dieppe à ce qu’ils aient à satisfaire aux clauses de leur contrat à peine de tous dépens, dommages et intérêts de la Compagnie.
570Qu’il sera mandé au sieur Volery, commis de la Compagnie à la Guadeloupe, qu’il fasse une sommation au sieur de Lolive à la requête des directeurs de la Compagnie de satisfaire aux clauses de son contrat à peine de tous dépens, dommages et intérêts de la Compagnie et qu’à faute d’y satisfaire, lesdits sieurs directeurs feront ce qu’ils verront être à faire.
571Qu’il sera établi un procureur fiscal en l’île de la Guadeloupe, deux offices de notaires et deux de sergents, desquels offices les provisions seront envoyées les noms en blanc au sieur Volery pour les faire remplir du nom de ceux qu’il jugera les plus capables et affectionnés à la Compagnie.
572Sur la demande faite par le sieur Turquet du passage franc pour lui et pour une douzaine d’hommes pour aller en l’île de la Guadeloupe faire travailler au sucre et autres marchandises avec exemption des droits personnels des hommes qu’il y fera [p. 342] passer, lui a été accordé exemption des droits personnels ordinaires dans l’île pour sa personne et pour six hommes, à charge que lui ni ses hommes ne feront point de pétun mais travailleront à faire du sucre et autres marchandises de traite. Et outre ce, la Compagnie payera son passage et celui de sa femme, s’il y en veut mener une, et d’un serrurier et sa femme, et d’un potier de terre et sa femme, et de tels autres artisans et leurs femmes qu’il voudra faire passer avec lui, le tout à condition que lesdits artisans ne travailleront que leur art et pour faire des vivres et que ledit Turquet partira de France dans cette année pour passer en ladite île de la Guadeloupe.
573Sur ce qui a été représenté par monsieur Foucquet que la case du père jacobin qui restait dans l’île de la Guadeloupe ayant été brûlée, les ornements l’ont aussi été, et une partie du calice et ciboire d’argent fondus34, qu’il serait bien à propos d’y en renvoyer d’autres. A été résolu qu’il y serait envoyé au plus tôt un calice d’argent et un d’étain, un ciboire d’argent et deux chasubles de camelot, chacune desquelles sera doublée pour servir de deux couleurs, et ce qui est nécessaire pour les ornements de la chapelle.
574Sera pareillement envoyé pour l’île de la Martinique un calice d’argent et deux d’étain, un ciboire d’argent et deux chasubles de camelot doublés, et autres ornements nécessaires pour la chapelle.
575Pour régler les droits personnels qui se payeront à l’avenir en l’île de la Martinique, a été arrêté que les femmes et enfants de douze ans et au dessous n’en payeront aucuns, et que jusqu’en l’année MVICXLI, icelle comprise, les habitants [p. 343] ne payeront que LX livres de pétun chacun ès années qu’on fera du pétun, et ès autres années XX livres de coton net et sans graine, et outre ce, chacun payera tous les ans à la Compagnie le dixième des autres marchandises ou fruits de commerce qu’ils feront comme sucre, rocou, indigo, olives, câpres, figues, citrons, oranges, bois de teintures et autres.
576Qu’il ne sera distribué par le commis général de la Compagnie dans l’île plus de dix arpents de terre à chacun maître de case, sauf auxdits maîtres de case qui auront grand nombre d’hommes à se pourvoir par devers messieurs les directeurs de la Compagnie pour leur en être donné plus grande quantité en connaissance de cause.
577Qu’il sera envoyé au sieur Morin, commis général de la Compagnie à la Martinique, des lettres de provision pour un juge, un greffier, deux notaires et quatre sergents, les noms en blanc, pour exercer lesdites charges pendant l’année prochaine jusqu’à ce qu’autrement en ait été ordonné, lesquelles provisions ledit Morin remplira des noms de ceux qu’il jugera en sa conscience en être les plus capables et plus affectionnés au service de la Compagnie.
578Du mercredi premier jour de décembre 1638.
579A été tenue l’assemblée générale au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État en laquelle étaient ledit sieur Foucquet, monsieur Martin, l’un des directeurs de la Compagnie, les sieurs de Flécelles, conseiller d’État et président en la chambre des comptes, Foucquet, conseiller d’État, maître des requêtes ordinaires de l’hôtel du roi, Ladvocat, maître des comptes et du Herteley, associés de la Compagnie.
580Ledit sieur Foucquet a représenté sommairement ce qui s’est passé de plus considérable depuis la dernière assemblée générale et [p. 344] que les deux pères capucins qui étaient en l’île de la Guadeloupe étaient repassés en France, ayant laissé dans l’île le père jacobin qui seul y était avec lesdits pères capucins, lesquels auraient témoigné audit sieur, passant par cette ville, qu’ils ne retourneraient en ladite île, ni autres de leurs pères, pour n’avoir trouvé l’esprit du gouverneur disposé à les recevoir seuls dans ladite île, et leur ayant témoigné qu’il avait plus d’affection aux pères jacobins, ce qui aurait donné sujet audit sieur de conférer avec le père Carré, supérieur des dits pères jacobins du noviciat, pour y renvoyer des religieux de son ordre, ce qu’il aurait agréé, leur donnant le moyen d’y subsister pour cet effet, aurait fait quelques propositions, lesquelles entendues, la Compagnie a accordé audit père Carré pour lesdits jacobins ce qui ensuit.
581Savoir est qu’envoyant l’année présente trois religieux de leur ordre et trois hommes pour les servir et travailler, ladite Compagnie les fera passer à ses dépens dans l’île de la Guadeloupe et leur donnera III cents livres en argent pour leur aider à avoir des rafraîchissements et autres choses nécessaires pour leur voyage.
582Que l’année MVICXXXIX, on leur fera passer encore trois hommes pour travailler à leur habitation, et s’ils veulent faire passer en ladite année 1639 encore trois religieux, la Compagnie payera leur passage et leur donnera pareille somme de III cents livres.
583La Compagnie leur fera encore passer trois hommes à ses dépens en l’année MVICXL, le tout sans tirer à conséquence pour les années suivantes.
584Tous les religieux de leur ordre qu’ils voudront faire passer dans ladite île outre le nombre ci-dessus, la Compagnie lui fera passer à ses dépens.
585[p. 345] Les hommes que lesdits religieux auront domestiquement à leur service actuel, ne payeront aucuns droits personnels à la Compagnie.
586La Compagnie ne prendra aucun droit sur les marchandises que feront les serviteurs domestiques desdits religieux, pourvu qu’ils n’excédent le nombre de douze, et s’ils ont plus grand nombre, la Compagnie prendra les mêmes droits sur les marchandises que feront leurs serviteurs au-dessus dudit nombre qu’elle fera sur les autres habitants de l’île.
587La Compagnie accorde auxdits religieux la liberté de la pêche pour leur nourriture et de leurs serviteurs domestiques, leur accorde aussi les terres qui leur ont été baillées par le sieur de Lolive, si ce n’était que lesdites terres fussent jugées utiles pour les fortifications de l’île ou pour y faire un bourg, auquel cas ce que les religieux ont commencé à cultiver leur demeurera avec une quantité de terre raisonnable pour leur faire un grand enclos, et leur sera donné d’autres terres dans l’île pour les cultiver et leur donner moyen de nourrir et entretenir le nombre de religieux ce qu’ils voudront envoyer dans l’île.
588La Compagnie enverra la présente année, pour la chapelle de la Guadeloupe, un calice et un ciboire d’argent et un calice d’étain et deux chasubles de double couleur.
589La Compagnie a arrêté qu’il sera fait en chacune des îles un hôpital pour y recevoir les pauvres malades de l’île, pour aider à l’entretien duquel la Compagnie a accordé II mille livres de pétun par chacun an à chacun desdits hôpitaux, qui seront payés au receveur desdits hôpitaux par le commis général de la Compagnie proche desquels hôpitaux. Sera laissé une grande quantité de terre raisonnable pour y faire des vivres pour la nourriture des malades desdits hôpitaux et des officiers et serviteurs qui les assisteront.
590[p. 346] La Compagnie fera passer à ses dépens les artisans qui voudront passer pour travailler de leur art et métier pourvu qu’ils portent les outils et instruments propres à leur métier, et leur fera donner des terres à condition qu’ils ne pourront faire du pétun, et si lesdits artisans sont mariés et qu’ils veulent faire passer èsdites îles leurs femmes et enfants, la Compagnie les fera pareillement passer à ses dépens.
591La Compagnie accorde aux habitants desdites îles qui envoient les premiers en France du sucre, du salpêtre, des tuiles, de la cire ou autres marchandises de commerce faite èsdites îles par leur industrie, exemption pour six années des droits personnels dus à la Compagnie pour leur personnes et pour quinze de leurs serviteurs domestiques, si tant ils y ont à leur service.
592La Compagnie accorde aux capitaines des compagnies étant dans lesdites îles exemption des droits personnels qui lui sont dus par lesdits capitaines pour six de leurs serviteurs, pour les lieutenants desdites compagnies pour quatre de leurs serviteurs, pour les enseignes [pour] deux de leurs serviteurs.
593La Compagnie nomme pour directeurs jusqu’à l’assemblée générale de l’année prochaine les sieurs Martin, Chanut et Rozée.
594Lesdits sieurs directeurs et ceux qui seront nommés les années suivantes pourront en cas d’absence ou maladie donner procuration à tel des associés de la Compagnie qu’ils aviseront pour agir en leur lieu.
595Si l’un des directeurs décède, les deux autres pourront en leur assemblée du premier mercredi de chacun mois nommer un troisième directeur en la place de celui qui sera décédé.
596La Compagnie donne pouvoir aux directeurs présentement [p. 347] nommés, de pourvoir en leurs assemblées des premiers mercredis des mois à toutes les charges et offices qui vaqueront et à ceux qu’il faudra établir de nouveau, ou qu’il faudra changer jusqu’à la prochaine assemblée générale, et d’acheter ou fretter un navire pour l’envoyer aux îles s’ils le jugent à propos, et nommér un capitaine pour la conduite dudit navire.
597Et sur l’avis qui a été donné que le sieur de Lolive, capitaine général de l’île de la Guadeloupe, était fort malade, la Compagnie a donné pouvoir auxdits directeurs si ledit sieur de Lolive décède, de nommer en leur assemblée du premier mercredi des mois un autre capitaine général de ladite île.
598Le sieur Manicher de Dieppe a été continué en la commission de la recette des droits de la Compagnie pour les vaisseaux qui arrivent à Dieppe jusqu’à l’assemblée générale de l’année prochaine, et le sieur Couette, commis à la recette des droits des marchandises qui arriveront au Havre-de-Grâce, en baillant sa mère pour caution.
599Et sur ce que le sieur du Herteley, fils du feu sieur du Herteley, l’un des directeurs de la Compagnie et commis à la recette des droits au Havre-de-Grâce, a représenté le compte de la recette et dépense faite par feu son père pour être examiné, le sieur Chanut a été nommé pour examiner ledit compte et en faire rapport en l’assemblée du premier mercredi du mois prochain.
600A été arrêté que les effets de la Compagnie qui sont en France demeureront entre les mains des commis à la recette pour fournir aux dépens nécessaires et par les directeurs en être disposé ainsi qu’ils la jugeront pour le profit de la Compagnie.
601[p. 348] Du mercredi cinquième jour de janvier 1639, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
602Ont été assemblés ledit sieur Foucquet, messieurs Martin et Berruyer, ayant charge de monsieur Rozée, directeur, et monsieur Foucquet, conseiller d’État et maître des requêtes, l’un des associés.
603Lecture faite de la procuration de monsieur Rozée du XXXe décembre 1638 par laquelle il donne pouvoir à monsieur Berruyer de se trouver aux assemblées de la Compagnie et agir comme directeur en son absence. A été ordonné que ladite procuration sera mise au greffe et ledit sieur Berruyer supplié de se trouver aux assemblées et d’agir comme l’un des directeurs de la Compagnie.
604Monsieur Berruyer a représenté que monsieur Foucquet, conseiller d’État, avait vendu une des XLV parts dont la Compagnie est à présent composée au sieur Bontemps, capitaine de marine, par contrat du X décembre MVICXXXVIII. A été ordonné que ledit contrat sera enregistré et ledit sieur Bontemps reconnu pour l’un des associés de la Compagnie.
605La clôture du compte de feu monsieur du Herteley a été remise à l’assemblée du mois prochain, attendu l’incommodité de monsieur Chanut, l’un des directeurs qui avait été commis pour l’examiner.
606Vu l’acte de caution baillée par le sieur Couette en conséquence de la délibération de la dernière assemblée générale, a été ordonné que ledit sieur Couette fera la recette de la Compagnie au Havre et à Honfleur en la même manière qu’avait accoutumé le sieur du Herteley, et à cet effet, le pétun qui est entre les mains des héritiers dudit sieur du Herteley lui sera délivré pour en disposer par l’ordre des directeurs de la Compagnie.
607Sur l’avis donné par ledit sieur Couette qu’il a besoin d’argent pour payer les droits des pétuns qui arrivent pour la Compagnie et pour autres dépenses qui se peuvent présenter, a été résolu qu’il lui sera envoyé la somme de mille livres pour les frais qui seront à faire pour la Compagnie.
608Sur ce qui a été représenté des avantages qu’aurait la Compagnie [p. 349] si elle avait quelques vaisseaux qui lui appartinssent en propre, il a été résolu suivant le pouvoir donné par l’assemblée générale que la Compagnie achètera les sept huitièmes par indivis du vaisseau du capitaine Bontemps, armes et agrès, conformément au mémoire qu’il en a donné à raison de III mille II cents LXVI livres lesdits sept huitièmes, si on ne la peut avoir à meilleure condition.
609Il a été ordonné que tous les ordres et règlements de la Compagnie qui seront envoyés aux îles seront adressés aux capitaines généraux, juges et commis généraux de chacune desdites îles, auxquels il en sera envoyé à chacun une copie à ce que tous ensemble contribuent à les faire garder et entretenir.
610Sur l’avis qui a été donné à la Compagnie que plusieurs habitants des îles désiraient changer de demeure et passer d’une île à l’autre, ce qu’ils n’osent faire faire sans sa permission, la Compagnie a ordonné qu’il ne sera point refusé de congés d’aller demeurer d’une île en l’autre, si ce n’était à ceux qui la voudraient faire sans le consentement de leurs maîtres ou autres auxquels ils fussent obligés pour un temps limité, et ce que dessus sera mandé à tous les gouverneurs, lieutenants généraux et juges desdites îles.
611Et d’autant que plusieurs, en quittant lesdites îles, pourraient dégrader leurs habitations, colombiers ou autres commodités pour s’en servir ailleurs, il a été résolu que l’on ne souffrira aucune desdites dégradations pour quelque cause que ce puisse être, sauf aux propriétaires desdites choses de les vendre ou en tirer profit en les affermant en l’état qu’elles se trouveront.
612Vu le procès fait au sieur de Brétigny en l’île de Saint-Christophe et le renvoi qui en a été fait à messieurs de la Compagnie, il a été arrêté que dorénavant tous procès civils et criminels desdites îles seront jugés et terminés en icelles sans que le jugement en soit renvoyé à la Compagnie, et d’autant que l’on a eu avis que ledit de Brétigny s’était sauvé des prisons esquelles il était détenu à Dieppe et qu’il était passé en Angleterre. Il sera mandé [p. 350] au sieur de La Grange que s’il ne se fût évadé de la prison, que la Compagnie eut poursuivi le procès criminel.
613Sur la requête présentée à messieurs de la Compagnie par Charles Tabarie, prêtre, demeurant en l’île Saint-Christophe, à ce que pour les causes y continuer, il leur plût ordonner qu’il rentrerait en la possession et jouissance de son habitation de Saint-Christophe, la Compagnie a renvoyé ladite requête au juge de Saint-Christophe pour y faire droit ainsi que de raison.
614Vu l’acte de signification du [un blanc] par lequel les bourgeois qui ont fait le contrat pour la Guadeloupe déclarent n’empêcher que dorénavant on aille y traiter en ladite île avec la même liberté qu’aux autres, il a été arrêté qu’il en serait passé un acte avec eux par-devant notaires.
615A été accordé à maître Pierre Chirat, avocat au parlement, l’office de juge civil et criminel de la Compagnie en l’île de la Martinique pour trois ans, qui commenceront le premier janvier 1640, aux gages et droits ordinaires des autres îles, à la charge de passer dans l’année en ladite île.
616A été accordé à Pierre Gaffe de Dieppe un office de contrôleur, visiteur et peseur de pétun et autres marchandises pour trois ans dans l’île de la Martinique, à la charge d’y passer cette année et d’y mener à ses dépens avec lui un charpentier ou serrurier marié, lequel mènera sa femme, et à cet effet, sera envoyé un poids en ladite île de la Martinique.
617La Compagnie en considération des services que ledit sieur de La Vallée lui a rendus en l’établissement qui s’est fait en l’île de la Martinique et de la dépense qu’il en a faite, lui a donné la charge de premier capitaine en ladite île sous l’autorité du capitaine général et lieutenant général de la Compagnie en ladite île, et droits d’avoir jusqu’à douze hommes, si tant il en a en son habitation, déchargés des droits personnels qui se payent à la Compagnie.
618[p. 351] Sur l’avis donné par le sieur du Parquet, lieutenant général en l’île de la Martinique, qu’il a été averti que les Espagnols et les Sauvages avaient fait dessein contre les Français demeurant en ladite île, a été ordonné que ledit du Parquet ne chassera point les Sauvages hors de l’île, mais seulement les fera assembler et leur déclarera comme il a su qu’aucuns d’entr’eux, poussés d’animosité contre les Français, avaient communiqué avec leurs ennemis pour leur faire déplaisir, même qu’ils avaient préparé des flèches à cet effet, et quoiqu’il pût les punir de cette mauvaise volonté et les chasser hors de l’île, néanmoins il s’est voulu contenté de leur en faire reproches et les convier d’avoir de meilleures intentions à l’avenir et vivre en intelligence avec des personnes qui ne leur veulent faire aucun tort, leur permettra toute assistance et bon traitement en les conjurant de ne rien entreprendre contre les Français même de donner avis de ce qu’ils pourraient découvrir, d’ailleurs, soit des Sauvages des autres îles ou des ennemis des Français.
619A été ordonné qu’il sera envoyé audit du Parquet XV cents livres de poudre, savoir moitié pour mousquets et l’autre moitié pour le canon, V cents livres de plomb, et VI cents livres de mèche.
620Sera mandé au sieur du Parquet qu’il désigne des lieux commodes pour les magasins de la Compagnie et qu’il y fasse travailler le quart de ceux qui seront employés pour la garde des forts lorsqu’il jugera qu’ils le pourront faire sans crainte de surprise des forts.
621Du mercredi deuxième jour de mars 1639, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
622Ont été assemblés ledit sieur Foucquet, messieurs Martin, Chanut et Berruyer, ayant charge de monsieur Rozée, directeurs, et monsieur Foucquet, conseiller d’État [p. 352] et maître des requêtes ordinaire du roi, l’un des associés.
623Lecture a été faite du contrat passé le VIIe février 1639 par messieurs Chanut et Rozée, directeurs de la Compagnie, avec le capitaine Bontemps pour les sept huitièmes d’un vaisseau, armes et agrès, suivant le mémoire donné par ledit Bontemps pour la somme de III mille II cents livres payée comptant, lequel contrat a été agréé par la Compagnie.
624A été ordonné que ledit vaisseau sera envoyé au plus tôt aux îles de l’Amérique avec des marchandises pour la somme de [un blanc] et que l’on fera assurer jusqu’à III mille livres ainsi qu’il sera avisé par les directeurs de la Compagnie.
625Pour empêcher les surprises qui peuvent être faites par ceux qui obtiennent des permissions de la Compagnie pour aller aux îles, a été ordonné que dorénavant il ne sera plus donné aucune permission d’aller auxdites îles que le capitaine du vaisseau ne donne une ampliation au commis de la Compagnie d’où il partira, et se soumettre de rapporter un certificat du commis général de la Compagnie en l’île en laquelle il voudra descendre, d’avoir satisfait aux charges qui lui auront été prescrites par ladite permission, à peine de V cents livres d’amende, et de rapporter certificat dudit [commis qu’il aura reçu, le paquet de la Compagnie qui lui sera baillé en partant, et de rapporter les paquets que les commis généraux des îles où il ira lui voudront donner pour les directeurs de la Compagnie ou une lettre des commis des îles au commis qui est en France par laquelle ils manderont n’avoir point envoyé de paquet n’ayant eu aucun sujet d’écrire35].
626A été résolu que Fernandes, commis de la Compagnie à Nantes, fera sommer le capitaine Desforges de représenter le congé qu’il a eu d’aller aux îles et de faire apparaître comme il a satisfait aux clauses dudit congé, à faute de quoi, il fera saisir le vaisseau et pétun dudit Desforges.
627Pareille sommation sera faite aux capitaines Digart et Poictou lorsqu’ils seront arrivés, et à faute d’avoir satisfait, leur vaisseaux et pétuns pareillement saisis.
628A été arrêté qu’il sera accordé congé au capitaine Labbé d’aller aux îles, à la charge de porter huit mousquets avec autant de bandoulières qu’il donnera au commis de la Compagnie de l’île de la Martinique, s’il y doit descendre, pour les mettre au magasin de la Compagnie, [p. 353] et s’il ne va à la Martinique, de les donner au commis général de la Compagnie qui est à Saint-Christophe pour les mettre au magasin de ladite île.
629Sur l’avis donné à la Compagnie qu’il s’est trouvé dans les coffres du sieur Gentil, commis général de la Compagnie en l’île Saint-Christophe, décédé sur la mer revenant en France plusieurs papiers concernant les affaires de la Compagnie, a été résolu qu’il sera écrit au sieur Fernandes, commis de la Compagnie à Nantes, qu’il envoie au plus tôt par le messager tous lesdits papiers en cette ville à messieurs les directeurs.
630A été accordé au sieur Fougeron qu’il continuera de faire la charge de commis général en l’île Saint-Christophe qu’il lui avait été commise par le sieur Gentil, jusqu’à ce qu’il y ait été pourvu par l’assemblée générale de ladite Compagnie.
631Et lui sera mandé qu’il ait soin d’envoyer du pétun dans les vaisseaux qui reviendront, la Compagnie ayant trouvé étrange que les vaisseaux des capitaines Digart, Desforges et Poictou qui sont retournés depuis le départ dudit sieur Gentil, n’ont rapporté ni lettres, ni pétun.
632Lui sera mandé et aux commis généraux des autres îles qu’ils ne laissent partir un seul vaisseau des îles sans écrire à messieurs les directeurs.
633La Compagnie, désirant pourvoir à ce que la justice soit rendue à tous les habitants des îles avec plus de soulagement, a arrêté que lettres seront expédiés au sieur Girault d’un office de lieutenant particulier en l’île Saint-Christophe [pour le reste de cette année et lesdites36] au lieu de la Basse-Terre pour trois années, la présente comprise.
634La Compagnie a arrêté qu’il sera expédié lettres de provision au sieur Regnoul de juge civil et criminel en l’île Saint-Christophe pour le reste de cette année et les deux suivantes et jusqu’à ce qu’autrement y ait été pourvu.
635La Compagnie ayant été suppliée par le sieur Morin, commis général en l’île de la Martinique, de faciliter le voyage de [p. 354] sa femme de France en ladite île, a été arrêté que la Compagnie payera son passage avec une servante et prêtera à la grosse aventure à raison de trente pour cent audit Morin la somme qu’elle aura payée pour le passage de sa femme et servante.
636A été accordé exemption des droits de la Compagnie à Marin Damanne qui a servi le père Marian, capucin, pour lui et deux hommes pendant trois années à la prière dudit père Marian et en considération du service qu’il a rendu dans la Guadeloupe aux pères capucins.
637Du mercredi sixième jour d’avril 1639, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
638Ont été assemblés ledit sieur Foucquet, messieurs Martin et Chanut, directeurs, et monsieur Foucquet, maître des requêtes, l’un des associés.
639Après avoir vu les articles du sieur Trezel, bourgeois de la ville de Rouen, pour la culture des cannes de sucre et établissement des moulins à faire du sucre en l’île de la Martinique, et que ledit Trezel a été ouï diverses fois, il a été arrêté que messieurs Martin et Chanut passeront contrat avec ledit Trezel aux conditions suivantes : que la Compagnie lui accorde II mille IIII cents arpents de terre en l’île de la Martinique pour y faire logement et culture du sucre ; qu’il pourra seul faire des sucres en ladite île pendant le reste de cette année et pendant les six années suivantes, et qu’il sera fait défense à tous autres d’en faire pendant ledit temps en ladite île, ni d’y planter des cannes de sucre, à peine de confiscation et d’amende arbitraire, et que ledit Trezel sera subrogé aux droits de la Compagnie pour se faire adjuger les amendes et confiscations. Si pendant ledit temps l’île était envahie par les ennemis de sa majesté et que par après sa majesté la reprit et remit à la Compagnie, le temps de sa jouissance lui sera prolongé autant que les ennemis auront demeuré en l’île et deux ans de plus par forme d’indemnité de ses pertes. Que les II mille IIII cents arpents de terre lui demeureront en propriété et aux [p. 355] siens et ayant cause, en payant par an pour censive à raison d’une livre de coton pour six cent toises, dont il ne payera toutefois aucune chose pour le reste de cette année, ni pour l’année suivante, et outre à la charge qu’en cas de vendition desdites terres ou partie, il sera payé à la Compagnie le XXe du prix de la vente, et de reversion à la Compagnie à faute d’être cultivée pendant trois ans après la première culture, et que ce qui n’aura été cultivé desdites terres pendant le temps de la concession retournera pareillement à la Compagnie, et sera permis d’amasser des cannes de sucre en ladite île ès lieux non encore concédés et d’en traiter avec ceux qui en auront, même d’en prendre ès îles circonvoisines, lesquelles cannes lui demeureront et aux siens et ayant cause, en propriété. Que ledit Trezel pourra avoir une ou deux habitations à la Guadeloupe aux droits communs des habitants avec pouvoir d’y cultiver des cannes de sucre et de d’en transporter à la Martinique, le tout à condition que ledit Trezel fera passer au plus tôt l’un de ses enfants dans ladite île et des hommes pour travailler aux sucres et qu’il payera pendant le temps de ladite concession à la Compagnie le Xe du sucre et autres marchandises de traite qu’il fera en ladite île de la Martinique et outre ce, le quarantième desdits sucres et marchandises de traite à telles personnes que par la Compagnie sera ordonné, et qu’il ne fera transporter son sucre et marchandises ailleurs qu’en France, qu’il n’en vendra à des étrangers, que lui, ni les siens, ne feront point de pétun à peine d’amende arbitraire, mais seulement des vivres, du sucre et telles autres marchandises qu’ils aviseront.
640Après le temps de la concession expiré, Trezel ne payera à la Compagnie que le Xe des sucres qu’il fera et ne pourra empêcher les habitants de la Martinique de travailler aux sucres.
641En conséquence desdits articles, a été arrêté qu’il sera fait défense aux habitants de la Martinique de faire du sucre, ne cultiver des cannes de sucre pendant le temps de ladite concession à peine d’amende arbitraire et de confiscation des marchandises.
642Qu’il sera expédié un office de notaire pour la Martinique au nom d’Antoine Montillet.
643[p. 356] Qu’il sera établi en chacune des îles de l’Amérique un contrôleur des droits de la Compagnie aux droits de [un blanc].
644Qu’il sera expédié un office de contrôleur des droits de la Compagnie en l’île de la Martinique au nom de Rouvrais dit la Noé de la ville de Saint-Malo.
645Qu’il sera donné ordre au capitaine Gringore, qui conduit aux îles le vaisseau appartenant à la Compagnie, de séjourner trois semaines ou un mois à la Martinique, et de là aller à la Guadeloupe et y séjourner quinze jours, et de là à Saint-Christophe.
646Que les marchands qui ont traité de l’établissement de la colonie à la Guadeloupe seront poursuivis pour les dommages et intérêts soufferts par la Compagnie à faute d’avoir par eux satisfait au contrat.
647Qu’il sera établi un juge à la Guadeloupe en la place du sieur Philbert, décédé.
648Qu’il sera expédié une commission à [un blanc] pour être commis particulier de la Compagnie à la Guadeloupe aux droits ordinaires.
649Qu’il sera donné IIII cents livres pour la nourriture et entretien de deux pères capucins qu’on fera passer dans le vaisseau du capitaine Gringore en l’île de Saint-Christophe.
650Qu’il sera expédié des commissions pour deux commis particuliers de la Compagnie à Saint-Christophe aux droits ordinaires.
651A été arrêté qu’il sera écrit au sieur Fougeron, commis à Saint-Christophe, que s’il se trouve dans la rade quelque vaisseau anglais ou hollandais du port de cent-vingt tonneaux et au dessus jusqu’à deux cents cinquante tonneaux, qui ne fut trop vieil et qui fut à prix raisonnable payable en pétun en l’île de Saint-Christophe, qu’il en traite par l’avis de monsieur le général de Poincy ou en son absence par l’avis de monsieur de La Grange.
652[p. 357] A été arrêté qu’il sera envoyé en l’île de Saint-Christophe un exécuteur de la haute justice et qu’il en sera donné des provisions à [un blanc] dit Le Voleur aux gages de II cents livres par chacun an, et de le faire passer aux dépens de la Compagnie et de lui donner des vivres pour les quatre premiers mois qu’il sera dans l’île de Saint-Christophe.
653Du mercredi premier jour de juin MVIC trente-neuf, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
654Ont été assemblés ledit sieur Foucquet, messieurs Martin et Chanut, directeurs, monsieur Foucquet, conseiller d’État et maître des requêtes, l’un des associés.
655A été fait lecture de la relation envoyée par monsieur le général de Poincy à monsieur Foucquet du succès de son voyage aux îles de l’Amérique.
656Il a été arrêté qu’il sera envoyé en l’île de la Martinique ce qui reste à y envoyer des armes et munitions suivant la délibération du Ve janvier dernier et qu’outre cela, la Compagnie y enverra des armes, poudre, plomb et mèche, pour vendre aux habitants et en enverra pareillement pour en vendre aux habitants de Saint-Christophe.
657Qu’il sera mandé à monsieur de Poincy que la Compagnie approuve la façon qu’il tient pour rendre la justice, qu’il sera bon néanmoins qu’il en laisse l’exercice parfois au juge auquel la Compagnie mandera de l’exercer fort sommairement et de juger après avoir ouï les parties par leur bouche.
658Lui sera aussi écrit que la Compagnie approuve son dessein de faire travailler au sucre et désire que cette affaire puisse réussir à son contentement et au profit de ceux qui sont entrés en cette société sauf en l’île de la Martinique pour laquelle on a traité avec le sieur Trezel de Rouen.
659Que la Compagnie approuve le renouvellement d’alliance fait avec [p. 358] le chef des Anglais, et qu’elle le prie d’en envoyer un acte en bonne forme pour être gardé dans les papiers de la Compagnie.
660Qu’elle approuve pareillement le traité fait avec les Anglais pour la cessation du pétun ès île de Saint-Christophe et de la Martinique, mais que pour la Guadeloupe, il sera nécessaire qu’il soit distrait dudit traité à cause du contrat fait avec les marchands de Normandie qui pourraient prétendre des dommages et intérêts et avec lesquels nous allons entrer en procès pour n’avoir pas exécuté ce qu’ils nous ont promis.
661Qu’elle approuve pareillement ce qu’il a fait et ordonné pour les salines jusqu’à ce que la Compagnie y fasse travailler des hommes.
662Qu’elle approuve l’augmentation des compagnies.
663Et afin que monsieur le général de Poincy puisse avoir des gardes et domestiques qui lui soient à moins de charge, la Compagnie exempte des droits personnels qui lui sont dus par les habitants des îles jusqu’au nombre de cinquante desdits gardes et domestiques, si monsieur de Poincy en a si grand nombre à son service actuel.
664Qu’il sera mandé au procureur fiscal de Saint-Christophe qu’il fasse faire le procès à Vignory pour avoir mené aux Anglais deux des femmes qui avaient été envoyées aux îles, et qu’il le fasse condamner en grosses amendes applicables à la construction des églises ou hôpitaux ou autres œuvres pies, et sera mandé audit procureur fiscal qu’il fasse juger les procès criminels qui seront commencés dans l’île sans permettre que les juges en renvoient à juger en France à la Compagnie, ni même les exécutions des jugements donnés aux îles.
665Lui sera aussi mandé qu’il fasse arpenter les terres distribuées aux particuliers et qu’il leur fasse prendre des contrats pour la propriété et redevance desdites terres suivant qu’il a été résolu par la Compagnie et dont les contrats imprimés ont été envoyés, esquels il ne reste qu’à remplir le nom des détenteurs, la quantité [p. 359] des terres qu’il possède et leur faire signer les contrats pour reconnaissance des redevances. Et sera écrit à monsieur de Poincy, au juge et commis de tenir la main à l’exécution.
666Sera encore écrit audit procureur fiscal que l’intention de la Compagnie est que les arpentages, mesures, poids et aulnages soient selon l’usage de la prévôté de Paris.
667Qu’il sera mandé au commis de la Compagnie à Saint-Christophe qu’il continue de lever les XX livres de pétun restant des C livres qui se levaient sur chacun habitant pour les gouverneurs et lieutenants, lesquels XX livres il mettra en lieu séparé du pétun de la Compagnie pour être employés suivant les ordres de la Compagnie qui lui seront envoyés.
668Qu’il sera mandé au sieur Fougeron, commis à Saint-Christophe, qu’il fasse savoir à quoi il emploie les vivres de l’habitation de la Compagnie et les Nègres et Sauvages qui appartiennent à messieurs de la Compagnie.
669Sur la proposition faite par monsieur Chanut, a été accordé au sieur Bon de Saint-Germain une charge de commis particulier en l’île de Saint-Christophe aux gages et droits ordinaires.
670A été accordé au sieur Toully la charge de contrôleur, visiteur et peseur du pétun de la Basse-Terre en l’île de Saint-Christophe, outre pareille charge qu’il avait à la Cabesterre de ladite île, pour les exercer toutes deux à l’avenir par lui ou par ses commis aux droits y attribués, à la charge de renvoyer en France les provisions des deux offices de notaires et de deux offices de sergents, qui lui avaient été baillés les noms en blanc pour en disposer au profit de telles personnes qu’il avisait, lesquels quatre offices, la Compagnie a jugé à propos de n’établir en ladite île quand à présent.
671Savoir si on a envoyé des poids aux îles de l’Amérique, et si on n’y en a point envoyé y envoyer au plus tôt.
672Que Boulanger sera poursuivi par-devant les juges de la Marine de Dieppe pour satisfaire à ce qu’il avait promis à la Compagnie [p. 360] lorsqu’on lui a accordé la permission d’aller traiter en l’île de Saint-Christophe, et qu’il sera mandé au commis de ladite île et aux autres qu’ils ne permettent aux maîtres de navires de traiter auxdites îles qu’ils n’aient montré la permission qu’ils en ont de la Compagnie et qu’ils n’aient satisfait aux clauses portées par icelle, ou que du moins ils ne les laissent partir de l’île sans y satisfaire pleinement.
673Qu’il sera écrit à monsieur de Poincy et au père Joseph, capucin résidant à Saint-Christophe, pour les prier de nous mander les déportements de notre commis Fougeron, et la vérité de ce qui lui est imputé par la lettre écrite par le sieur Toully.
674Sur la requête présentée par les habitants de la Guadeloupe pour la modération de leurs droits attendu la misère qui a été toujours dans l’île depuis qu’ils y sont habitués, la Compagnie leur a accordé la décharge de la moitié des droits personnels dus à la Compagnie pour les années MVICXXXIX, MVICXL et MVICXLI.
675A été arrêté qu’il sera traité avec les marchands qui ont entrepris l’établissement de la colonie de la Guadeloupe pour leur faire exécuter leur contrat autrement qu’ils seront poursuivis par justice.
676A été arrêté que par la première commodité, il sera envoyé en l’une des îles de l’Amérique deux salpêtriers.
677A été arrêté que la Compagnie priera les pères jésuites de nous donner trois religieux de leur ordre pour aller à la Martinique, lesquels la Compagnie fera passer avec deux ou trois hommes pour les servir, exemptés des droits personnels, et qu’il leur sera donné VI cents livres pour leur établissement en ladite île.
678A été fait lecture du contrat passé par messieurs Martin et Chanut avec ledit sieur Trezel, bourgeois de Rouen, pour faire du sucre en l’île de la Martinique du VIe avril MVIC trente-neuf, lequel [p. 361] a été approuvé par la Compagnie.
679Du mercredi troisième jour d’août 1639. Au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
680Ont été assemblés ledit sieur Foucquet, messieurs Martin et Berruyer, directeurs, monsieur de Loynes, secrétaire du roi et de la Marine, l’un des associés.
681A été représenté à la Compagnie que monsieur de Loynes, secrétaire du roi et secrétaire général de la Marine, avait acquis la part que monsieur Morant avait en la Compagnie et qu’il désirait y être admis, lecture faite du contrat passé entre lesdits sieurs Morant et de Loynes du XIe juillet 1639.
682A été ordonné que ledit sieur de Loynes sera reçu en ladite Compagnie et son contrat registré, à la charge d’exécuter les articles accordés entre les associés le XIIIe février 1635 et d’observer les résolutions de la Compagnie et contrats faits depuis l’association. Ce fait, ledit sieur de Loynes est entré à l’assemblée.
683Sur ce qui a été représenté par monsieur Berruyer que le capitaine Boulanger n’ayant pas satisfait à ce qui lui avait été ordonné par la permission qui lui fut accordée d’aller traiter aux îles de la Martinique et de Saint-Christophe, n’ayant rapporté aucun pétun de celui de la Compagnie, et qu’à faute de ce, le sieur Manicher, commis de la Compagnie, avait fait saisir son navire et marchandise, et qu’il était présent et désirait être entendu, après que ledit capitaine Boulanger a soutenu qu’il avait offert au sieur Fougeron, commis de la Compagnie, de charger du pétun pour la Compagnie et que ledit Fougeron lui dit n’en avoir point à envoyer, et que lorsque son vaisseau fut tout chargé pour les particuliers et deux jours avant que de partir, que ledit Fougeron lui voulut [p. 362] donner du pétun pour la Compagnie, lequel il refusa d’accepter, n’ayant plus de lieu à le mettre dans son navire, et que monsieur de Poincy, sur ces raisons, lui permit de partir, ce qu’il offre de prouver, se soumettant, au cas que cela ne soit évitable, de payer la valeur du fret de ce que la Compagnie lui pouvait faire apporter pour son compte.
684A été ordonné que ledit Boulanger donnera certificat de son dire et qu’il en fera preuve, et que la Compagnie s’informera du contenu audit certificat et cependant mainlevée de son vaisseau.
685Sur la demande faite par Jean Faguet à ce qu’il plût à la Compagnie lui permettre à l’exclusion de tous autres pendant six ans de faire faire dans l’île de la Martinique et de Saint-Christophe de l’eau-de-vie soit de vin ou de tous autres fruits ou légumes qu’il pourra faire ou recouvrer par son soin et industrie dans lesdites îles, offrant de payer XX livres de pétun pour chacune barrique d’eau-de-vie qu’il fera, à la charge que nul autre ne pourra faire pendant lesdites six années sous les peines qui seront ordonnées.
686A été accordé audit Faguet de pouvoir faire pendant six années à l’exclusion de tout autre dans lesdites îles de l’eau-de-vie de ce qui croîtra en icelle, à la charge de payer à la Compagnie le XXe de l’eau-de-vie qu’il fera, avec défense à tous autres d’en faire dans lesdites deux îles pendant ledit temps à peine de confiscation de celle qu’ils feront et de mille livres de pétun d’amende.
687A été arrêté qu’il serait envoyé un poudrier à Saint-Christophe pour raccommoder les poudres qui y sont et travailler à y en faire ou en quelqu’une des îles s’il y a moyen.
688Qu’il y sera envoyé un ou deux potiers de terre et autant de tuiliers.
689[p. 363] Qu’il sera mandé à monsieur de Poincy et au juge de Saint-Christophe qu’il [s] fasse [ent] rendre aux pères capucins l’habitation que le feu Desnambuc leur avait donnée avec les terres en dépendant, et qu’ils fassent défense à Lespérance de les y troubler à peine de confiscation de tout ce qu’il possède dans l’île.
690Que ceux qui ont des concubines en leur cases les épouseront un mois après que l’on les en aura avertis, ou les chasseront, à peine de II mille livres de pétun pour la première fois applicable à l’hôpital, et pour la seconde fois, de punition corporelle avec défenses à toutes personnes de les recevoir pour en abuser, sur les mêmes peines, enjoint aux juges des îles de juger conformément à ladite ordonnance et au procureur fiscal de tenir la main à la publication et exécution d’icelle.
691Qu’il sera mandé au procureur fiscal qu’il fasse faire le procès à Vignory pour avoir mené aux Anglais deux femmes qu’il s’était chargé d’amener en France et qu’il fasse ordonner que dans six mois, il les représentera en France ainsi qu’il s’y est obligé, à peine de punition corporelle, et pour la faute par lui commise, qu’il le fasse condamner en trois ou quatre mille livres d’amende à l’hôpital de Saint-Christophe.
692Du mercredi VIIe septembre 1639. Au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
693Ont été assemblés ledit sieur Foucquet, messieurs Martin et Berruyer, directeur, et monsieur de Loynes, secrétaire du roi et de la Marine, l’un des associés de la Compagnie.
694Monsieur Berruyer a représenté que les marchands de Dieppe, qui ont ci-devant traité avec la Compagnie pour la colonie de la Guadeloupe, ont été interpellés plusieurs fois, et verbalement et par écrit, de satisfaire à leur contrat pour ladite colonie, auraient promis de temps en temps d’y satisfaire et de faire quelques propositions nouvelles sur ce sujet, et promis de mois en mois se trouver à Paris à l’assemblée de messieurs les [p. 364] directeurs pour cet effet, ce qu’ils n’auraient exécuté quoiqu’ils y eussent été plusieurs fois conviés par lettres, s’étant contentés d’envoyer quelque mémoire au sieur de Rozée, lequel, après avoir été vu, a été résolu que lesdits marchands seront poursuivis par-devant le juge de la Marine de la table de marbre du palais à Paris pour se voir condamner aux dommages et intérêts de ladite Compagnie pour n’avoir satisfait en temps et lieu à leur contrat.
695Sur ce qui a été représenté par monsieur Foucquet que le sieur Girault, lieutenant du juge de Saint-Christophe et d’une compagnie dans ladite île, lui aurait écrit pour prier la Compagnie de lui accordé la succession de Pierre Clérier, bâtard, décédé en l’île Saint-Christophe.
696La Compagnie a accordé audit sieur Girault la moitié de la successions qui lui est échu par droit de bâtardise, à la charge que ledit Girault fera à ses dépens les poursuites nécessaires pour faire adjuger ladite succession à ladite Compagnie, et pour l’autre moitié de ladite succession, la Compagnie la donne à l’hôpital qui sera fait à Saint-Christophe.
697Qu’il sera écrit par la Compagnie à monsieur de Poincy que l’affaire des Anglais a été conduite avec grand courage et prudence, que la Compagnie lui en a obligation, et que la bonne intelligence qui est entre le roi et le roi d’Angleterre se doit faire éviter à l’avenir semblables rencontre [s], être toujours en état de se défendre mais qu’il ne faut pas qu’il commence aucun acte d’hostilité par les considérations d’État.
698Qu’il fasse châtier sévèrement La Barre s’il se trouve dans les îles, qu’il fasse aussi châtier le nommé Desmares, lieutenant de Saint-Martin, s’il ne change de vie y ayant grandes plaintes de sa vie dissolue, impiété, libertinage et concubinage public. Qu’il importe extrêmement pour le service du roi, le bien de la Compagnie et le repos des habitants des îles, qu’il vive en bonne intelligence avec le sieur de La Grange, lequel ne parle point de son retour, que quand bien ils auraient eu [p. 365] quelques sujets de mécontentements entre eux, qu’il faut oublier pour le bien public, que monsieur de Poincy se peut souvenir que le sieur de La Grange ayant été nommé pour gouverneur de l’île Saint-Christophe, il lui aurait volontairement quité cet emploi et l’aurait prié de l’accepter, que la Compagnie a su qu’il ne lui avait point communiqué le nouvel établissement de la milice, ni les personnes auxquelles il a conféré la charge, qu’il ne l’appelle point aux conseils des affaires importantes quoique le rang qu’il tient dans l’île ne puisse souffrir que ces choses-là se fassent sans lui.
699Sera pareillement écrit à monsieur de La Grange qu’il vive en intelligence avec monsieur de Poincy et qu’il se rende un peu plus soumis pour pouvoir vivre en union pour le service du roi et le bien de la Compagnie et des habitants.
700Sera aussi écrit à monsieur de Poincy que la Compagnie estime le choix qu’il a fait du sieur Saboulies, s’il a toutes les bonnes qualités qu’il mande, qu’il ne manquera pas d’emploi convenable à son mérite lorsque l’occasion s’en présentera dans la Guadeloupe, Martinique ou autres îles s’il continue quelque temps à bien servir la Compagnie, que cependant il lui peut donner sur les XXe de pétun qui avaient été retranchés pour le soulagement des habitants et qu’il est d’avis de rétablir comme à un des capitaines de l’île, et qu’en sa considération la Compagnie lui accorde outre cela dix hommes exempts des droits personnels dus à la Compagnie, si tant il en a à son service dans son habitation.
701Sera pareillement mandé au sieur de Poincy que la Compagnie accorde au sieur de Longvilliers, son neveu, l’érection en fief des terres qu’il a acquises du sieur du Parquet avec justice moyenne et basse dans ledit fief qui sera nommé dorénavant le fief de [un blanc] aux clauses et conditions suivantes, savoir qu’il tiendra ledit fief à foi et hommage de la Compagnie dont lui et ses successeurs feront la foi et hommage, savoir, s’ils sont dans l’île, au principal juge de la Compagnie en personne deux mois après qu’ils seront seigneurs, et s’ils sont hors de l’île, [p. 366] à l’un des directeurs de la Compagnie en personne trois mois après qu’ils seront seigneurs, et six mois après, rendront leur aveu et nombrement au principal juge de la Compagnie en ladite île, et à faute de faire la foi et hommage et rendre l’aveu dans ledit temps, la Compagnie pourra faire saisir ledit fief et faire les fruits siens jusqu’à ce qu’il y ait été pleinement satisfait à ce que dessus et à la charge qu’ils feront construire un bourg dans ledit fief et une église, à quoi ledit sieur de Longvilliers commencera à faire travailler dans l’année prochaine, et à la charge de payer par ses successeurs et ayant cause à chacune mutation un canon de XII livres de balle et un cent de balles qu’ils feront porter dans l’île pour être mis au principal fort de la Compagnie, et de payer en outre une année de revenu, et en cas de mutation de seigneur dudit fief par vente, au lieu de l’année de revenu, le quint du prix de la vente, et que les appellations du juge dudit fief ressortiront par appel par-devant le principal juge de la Compagnie dans l’île, et outre à condition expresse que les habitants dudit fief payeront les droits personnels à la Compagnie et satisferont aux autres charges personnelles de l’île ainsi que les autres habitants de Saint-Christophe.
702Sera pareillement écrit audit sieur de Poincy et au sieur Bonnefoy, procureur fiscal, que la Compagnie trouve bon la proposition faite par ledit de Bonnefoy de lever un droit en commun avec les Anglais sur les salines et que ce qui en proviendra sera entièrement employé pour les trois premières années en achat de munitions de guerre par l’ordre de monsieur de Poincy et que pour cet effet, le juge commettra un homme pour faire la recette dudit droit jusqu’à ce que la Compagnie y ait commis, lequel rendra compte par-devant le juge de trois mois en trois mois de sa recette et dépense en présence de monsieur le général de Poincy, s’il désire s’y trouver, et du procureur fiscal de la Compagnie.
703[p. 367] Sera mandé audit sieur de Poincy qu’il fasse travailler au plus tôt à un hôpital en lieu commode pour recevoir les pauvres qui seront abandonnés de secours.
704Que la Compagnie a trouvé bon de modérer la censive à une livre de coton pour chacun arpent qui doit être de cent perches et chacune perche de dix-huit pieds du roi, et que le surplus des contrats soit exécuté.
705Et sur l’avis que donne le sieur de Poincy de la mauvaise conduite du sieur Fougeron, confirmé par plusieurs autres avis de la Compagnie, a été résolu qu’il sera changé et que monsieur Rozée sera prié d’en chercher quelqu’un pour servir de commis général de la Compagnie dans l’île Saint-Christophe, et si Javary, envoyé aux îles par ledit sieur Rozée sur un vaisseau pour la vente de quelques marchandises, veut demeurer commis particulier dans l’île de Saint-Christophe, qu’il lui en sera donné des provisions aux droits ordinaires.
706Si les pères capucins veulent faire passer présentement à Saint-Christophe deux de leur [s] pères outre les trois qui y sont à présent, la Compagnie leur donnera III cents livres, leur fera passer deux serviteurs, et écrira à monsieur de Poincy qu’il convie les habitants de les aider au bâtiment des chapelles et à leur logement. Lesdits pères pourront avoir en chacune de leur résidence de l’île Saint-Christophe trois serviteurs exempts de tous droits.
707Qu’il sera envoyé à Saint-Christophe un millier de poudre, cinq cents de mèche, cent mousquets et bandoulières, cent piques, cinq cents de plomb, et six moules pour faire des balles de mousquet, trente hallebardes, un millier de fer, deux cents d’acier, deux tonneaux de charbon de terre, et que pour cet effet, messieurs Chanut et Rozée seront priés d’emprunter jusqu’à la somme de III mille livres pour employer en l’achat des choses susdites et donner aux pères jésuites, pères jacobins et pères capucins, ce qui leur a été ordonné pour passer aux îles et pour l’achat des ornements et calices [p. 368] pour les îles de la Martinique et Guadeloupe.
708Que les munitions de guerre susdites seront envoyées à Saint-Christophe pour y être vendues aux habitants au profit de la Compagnie ainsi qu’il a été proposé par le sieur de Poincy, dont il sera donné avis audit sieur de Poincy afin qu’il tienne la main que le tout soit promptement vendu avantageusement pour la Compagnie.
709Que les maîtres de navires qui iront aux îles seront avertis d’y porter du fer et charbon de terre et de la poudre.
710Qu’il sera mandé à monsieur de Poincy qu’il ne souffre point que les sieurs du Parquet et Lolive quittent les îles esquelles ils commandent pour aller à Saint-Christophe de crainte que pendant leur absence il n’y arrive du désordre ou que par les chemins ils aient la même rencontre que du Pont, et que s’ils ont besoin de ses ordres, ils peuvent lui envoyer quelqu’un ou attendre qu’il aille en leur île où la Compagnie croit qu’il fait état d’aller une ou deux fois chacune année pour y donner les ordres nécessaires.
711Qu’il ne souffre point aussi que les commis généraux des îles sortent des îles où ils sont pour aller en une autre île, si ce n’est par ordre de la Compagnie.
712Que la Compagnie a remarqué que dans le nombre des nouveaux capitaines, il y en a un nommé du Parquet, qu’elle ne peut croire que ce soit celui qui commande à la Martinique, et si cela était, la Compagnie ne le trouverait pas bon, d’autant que celui serait un sujet de quitter souvent la Martinique pour aller à Saint-Christophe, ce que la Compagnie ne veut permettre.
713Qu’il sera écrit au sieur de Lolive les défenses que le sieur de Poincy a fait de faire du pétun suivant le traité fait avec le général anglais, et que cela sera l’avantage des îles et que la Compagnie s’assure qu’il s’y accommodera [p. 369] puisque par son traité, il doit cesser quelques années de faire du pétun.
714Qu’il sera pareillement mandé au sieur de Lolive qu’il souffre plusieurs personnes de la religion prétendue réformée dans la Guadeloupe contre le contrat qu’il a fait avec la Compagnie, lesquels sont scandaleux en paroles, n’observant pas les fêtes, et ne donnent la liberté à leurs serviteurs d’aller servir Dieu, et ne permettent, lorsqu’ils sont malades, qu’ils soient assistés spirituellement, qu’il y prenne garde autrement qu’on sera obligé d’y pourvoir.
715Qu’il sera écrit à du Pont que la Compagnie a vu ses lettres, mémoire et requête, qu’elle ne lui doit aucune chose de toutes ses prétentions, qu’elle ne lui a jamais donné de charge, que monsieur Desnambuc a tiré les vivres qu’il a portées à la Martinique des chefs de case de Saint-Christophe et les munitions de guerre et tout ce qui a été nécessaire pour l’établissement, et que la Compagnie a déchargé les anciens habitants de tous droits pendant plusieurs années pour les indemniser du surplus.
716Qu’il sera mandé au sieur du Parquet, lieutenant général de la Compagnie à la Martinique, qu’on trouve étrange qu’il fasse défense de recevoir un juge puisque c’est l’unique moyen de retenir les habitants à leur devoir et qu’il est plus nécessaire pour la punition du crime que pour le jugement des affaires civiles et police, quoiqu’on en ait besoin pour tout, que cela n’empêche qu’il ne juge militairement avec le juge les crimes qui regarderont l’état de l’île et les fautes commises dans la discipline militaire.
717Que la Compagnie est absolument résolue d’avoir des juges et en tel nombre que bon lui semblera dans toutes les îles et qu’il ait à se conformer en cela à la volonté de la Compagnie.
718Qu’il sera écrit au sieur de Poincy la difficulté que fait ledit sieur du Parquet d’admettre un juge civil et criminel dans l’île, [p. 370] que la volonté de la Compagnie est qu’il y ait en toutes les îles, cela étant absolument nécessaire pour le service du roi et établissement de la colonie, et que si ledit du Parquet en fait défaut, qu’il lui fasse faire même par suspension de sa charge, auquel cas, il pourra commettre telles personnes qu’il avisera pour le gouvernement de l’île jusqu’à ce que, par la Compagnie, il y ait été pourvu.
719Qu’il sera écrit au sieur Morin, commis général de la Compagnie à la Martinique, l’exemption accordée au sieur la Vallée afin qu’il l’en fasse jouir librement
720Du mercredi Ve octobre 1639. Au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État.
721Ont été assemblés ledit sieur Foucquet, messieurs Berruyer et Chanut, directeurs, et monsieur de Loynes, secrétaire du roi et de la Marine, l’un des associés.
722Sur ce qui a été proposé par monsieur Berruyer, que le père Carré, supérieur du noviciat des pères jacobins, lui avait offert d’envoyer deux religieux à la Guadeloupe en lui accordant ce qui avait été autrefois proposé et qu’on jugerait raisonnable pour leur entretien dans ladite île.
723A été accordé auxdits pères jacobins de faire passer aux frais de la Compagnie dans l’île de la Guadeloupe par la première commodité trois de leurs religieux prêtres et trois autres de leurs religieux si bon leur semble, et leur donne III cents livres pour employer en rafraîchissements ou autres leur nécessités et habits, et II cents livres pour employer en achat d’un calice et boîte d’argent pour mettre le Saint-Sacrement, et un calice d’étain et deux chasubles de camelot de deux différentes couleurs chacune suivant qu’il a été ci-devant arrêté, [p. 371] de leur faire passer les années suivantes aux dépens de la Compagnie tel nombre de leurs religieux que bon leur semblera, pourvu qu’il n’en passe point plus de quatre par chacun an, dont il y aura toujours du moins la moitié qui seront prêtres.
724A payer en l’acquit desdits pères jacobins, le passage de trois serviteurs pour travailler pour eux en l’année 1640 et de trois autres en l’année 1641 s’ils les veulent faire passer sans tirer à conséquence pour les années suivantes.
725Les hommes que lesdits pères jacobins auront domestiquement à leur service actuel ne payeront aucuns droits personnels à la Compagnie, pourvu qu’ils n’excédent le nombre de douze, et la Compagnie ne prendra aucun droit sur les marchandises que feront venir lesdits hommes. Que s’ils en ont plus grand nombre que douze, le surplus desdits hommes payera les droits personnels dus à la Compagnie et les droits des marchandises qu’ils feront ainsi que les autres habitants de la Guadeloupe.
726La Compagnie ayant vu par lettres de monsieur le général de Poincy que les terres ci-devant accordées par le sieur de Lolive sous le bon plaisir de la Compagnie aux pères jacobins dans l’île de la Guadeloupe ne peuvent apporter de préjudice à l’île, ni aux habitants, leur a confirmé la donation de terre pour eux et leurs successeurs religieux dudit ordre tant qu’il y en aura dans ladite île, à condition expresse que si après l’année 1641 il se passait une année entière sans qu’il y eût au moins quatre religieux dudit ordre prêtres dans ladite île y ayant des Français, que la Compagnie pourra disposer desdites terres ainsi que bon lui semblera.
727La Compagnie accorde aux pères jacobins de la Guadeloupe la liberté de la pêche pour leur nourriture et pour leurs serviteurs domestiques.
728Si le père [un blanc] jacobin qui était dans l’île de la Guadeloupe était sorti et qu’il eut laissé les ornements et meubles [p. 372] qu’il avait à quelque ecclésiastique ou séculier, lesdits ornements et meubles seront rendus auxdits religieux à leur première réquisition.
729A été arrêté qu’il serait écrit aux gouverneurs et juges des îles qu’ils ne souffrent que les prêtres séculiers qui sont dans les îles auxquelles il y aura des religieux fassent aucune fonction ecclésiastique sans la permission desdits religieux, si ce n’est de dire la messe après qu’ils auront fait voir aux religieux leur lettres de prêtrise en original, et au cas qu’ils ne voulussent obéir, qu’ils les fassent sortir des îles.
730Qu’il sera écrit au sieur du Parquet qu’il assiste et autorise les pères jésuites en tout ce qui sera pour la gloire de Dieu, instruction des Français et Sauvages, et qu’il prenne le soin de leur faire donner le couvert par le juge ou notre commis, et que pour travailler à une chapelle et logement pour eux, qu’il leur donne pendant quelques temps une douzaine des habitants qui sont à la garde du fort s’il juge le pouvoir faire commodément et sans hasard de surprise, et qu’il la fasse placer en lieu commode proche des habitations afin qu’ils puissent plus facilement instruire et secourir ceux qui auront besoin de leur assistance.
731Qu’il sera pareillement écrit au juge et au commis de la Compagnie pour les faire loger à leur arrivée, et les assister de vivres s’ils ont besoin, et autoriser, et à notre commis pour leur distribuer de la terre pour faire une assez grande chapelle, un logement commode pour eux et pour les religieux de leur ordre qui y seront ci-après envoyés, un grand enclos pour faire des vivres et autres choses nécessaires pour leur entretien. Et s’ils désirent des terres à une lieue environ de leur habitation pour y faire une métairie, qu’il leur en baille une quantité raisonnable
732[p. 373] Qu’il sera mandé au dit sieur du Parquet qu’il fasse distribuer des terres par le commis de la Compagnie aux Français qui iront à la Martinique en lieu commode de proche en proche et en quantité raisonnable, et qu’il obligent ceux auxquels on distribuera des terres de passer les contrats que la Compagnie a envoyés ainsi qu’il se pratique à présent à Saint-Christophe.
733Lui sera aussi mandé qu’il fasse travailler aux magasins de la Compagnie après que la chapelle et logement des pères jésuites seront faits.
734Vu le jugement donné à Saint-Christophe contre Antoine Gallois dit La Verdure le XIIe avril 1639, la Compagnie, en conséquence de la recommandation que monseigneur le duc d’Orléans a fait faire dudit La Verdure, lui a permis de retourner en l’île de Saint-Christophe la charge de s’y comporter en homme de bien, et que les biens sur lui saisis lui seront rendus, avec défenses d’y ramener Marie Maugendre jusqu’à ce qu’il ait justifié que son premier mari est décédé et qu’il l’a épousée.
735Qu’il sera mandé au sieur de Poincy et autres gouverneurs et juges des îles que pour quelque cause et considération que ce puisse être, ils ne renvoi [ent] rien à juger en France à messieurs de la Compagnie, et qu’ils jugent les affaires en leur conscience ainsi qu’ils jugeront pour le mieux.
736Si néanmoins quelques particuliers intentaient quelque action ou faisaient quelque demande à la Compagnie, le juge pourra ordonner qu’à la diligence du procureur fiscal, copie de la demande sera envoyée aux directeurs de la Compagnie pour savoir les moyens que la Compagnie pourra proposer pour se défendre de la demande.
737Qu’il sera écrit au juge et procureur fiscal de Saint-Christophe que la Compagnie s’étonne de ce que par le jugement [p. 374] rendu contre La Verdure, on a ordonné qu’il payera VI cents livres de pétun pour les frais de justice, d’autant que la Compagnie n’entend point que lesjuges, ni autres officiers, prennent rien pour leur salaire si ce n’est le greffier et les sergents, ce qui doit être taxé très modérément par le juge.
738Qu’il sera mandé à monsieur de Poincy que si les Anglais ne cessent point de faire du pétun, qu’il y fasse travailler aussi les Français ou les fasse cesser et travailler à autre chose ainsi qu’il jugera pour le mieux.
739Sera mandé au commis de la Compagnie à Saint-Christophe qu’il fasse travailler les Nègres de la Compagnie à faire des vivres dans l’habitation de la Compagnie pour les bailler à ceux qui lui seront ordonnés, qu’il ne les fasse travailler en tout que pour des vivres.
740A été accordé à monsieur Desmartins, qu’envoyant un vaisseau aux îles dans ce mois, il pourra vendre les marchandises et munitions aux habitants de l’île à tel prix qu’il conviendra avec eux, et s’il ne peut demeurer d’accord du prix, qu’il pourra remporter lesdites marchandises et munitions ou parties d’icelles pour la vendre et en disposer en tel lieu et à telles personnes que bon lui semblera, dont sera donné avis au juge et commis de la Compagnie.
741A été arrêté que s’il se trouve des marchands qui veuillent acheter le pétun de la Compagnie qui est au Havre-de-Grâce et à Dieppe à XX livres ou XVIII livres le cent, que les commis leur pourront vendre, et celui qui est à Nantes à XVI livres, dont sera donné avis aux commis.
742Sur l’avis donné à la Compagnie par le sieur Fernandes, son commis à Nantes, qu’il s’associait avec autres pour envoyer du pétun à Salé ou autre lieu de la côte de Barbarie, ladite Compagnie trouve bon qu’il y mette de celui de la Compagnie [p. 375] jusqu’à XX milliers pourvu qu’il soit reçu à raison de XV livres le cent du moins pour capital de la Compagnie.
743Sur la proposition ci-devant faite d’acheter six pièces de canon à Calais de XVI à XVIII livres de balle à raison de IX livres le cent poisant37 rendu à Dieppe aux périls et fortune du marchand
744vendeur, la Compagnie trouve bon de parachever ledit marché auxdites conditions pourvu que le marchand veuille prendre en payement du pétun de la Compagnie à raison de XX livres le cent, à la charge que la Compagnie lui fournira ledit pétun à Calais.
745Du lundi XIXe février MVIC quarante, au logis de monsieur Martin, conseiller du roi en son conseil d’État.
746Ont été assemblés messieurs Martin, Berruyer et Chanut, directeurs des affaires de la Compagnie de l’île de l’Amérique, monsieur Foucquet, maître des requêtes, messieurs de Loynes, secrétaire du roi et secrétaire général de la Marine, et le capitaine Bontemps.
747La Compagnie a agréé les III cents livres que monsieur Rozée a fournies aux pères Pacifique et Dominique, capucins, qui passent ès dites îles.
748Sur ce qui a été remontré par les directeurs de la Compagnie qu’il n’y avait point de fonds pour payer les sommes que doit la Compagnie pour acheter les marchandises qu’il faut envoyer par le vaisseau prêt à partir de Saint-Malo pour les îles, ni même pour le radoub du vaisseau, et qu’il était nécessaire d’y pourvoir.
749A été arrêté que monsieur Rozée sera prié par la Compagnie d’emprunter jusqu’à IIII mille V cents livres pour six mois, dont il sera remboursé tant du principal qu’intérêts sur les effets de la Compagnie, lesquels IIII mille V cents livres seront employés tant à le rembourser des sommes par lui fournies pour les affaires de la Compagnie que pour envoyer les choses ci-après résolues par ledit vaisseau prêt à partir.
750A été arrêté qu’il sera envoyé à l’île Saint-Christophe huit cents [p. 376] livres de poudre à mousquet, cent mousquets, quatre cents piques, cinquante hallebardes, un millier de fer, deux cents livres d’acier et deux muids de charbon de terre pour subvenir aux plus pressantes nécessités de ladite île, en attendant que la Compagnie envoie d’autres munitions par les autres vaisseaux.
751Sur ce qui a été mandé par monsieur le général de Poincy qu’il sera nécessaire d’envoyer grand nombre d’ouvriers pour travailler aux ouvrages publics comme aux forts, à l’église, l’hôpital, chemins et autres.
752Il sera écrit que si dorénavant il se fait quelques prises de Nègres et qu’ils soient vendus à Saint-Christophe, il en sera acheté jusqu’à cent pour le compte de la Compagnie, qui serviront auxdits ouvrages sous la conduite des ouvriers qui seront envoyés par la Compagnie lorsqu’elle en pourra recouvrer, et pour cet effet, il sera écrit à Merlin que s’il se trouve des charpentiers, maçons, et autres manouvriers qui veuillent passer aux îles, que la Compagnie les fera passer gratuitement eux et leurs femmes.
753Il sera envoyé à Rouvrais dit La Noé, contrôleur général en l’île de la Martinique, des haches, pelles, houes, bèches et autres ustensiles pour remuer la terre et travailler au fort.
754A été arrêté que la Compagnie enverra par le vaisseau qui va partir pour les îles, des marchandises comme poudre, tuile, serpes, haches, bèches, houes et autres ustensiles de labourage pour être le tout vendu aux habitants desdites îles.
755A été arrêté qu’il sera envoyé aux pères capucins de temps en temps quelques rafraîchissements en la quantité qui sera avisé être convenable.
756Sur ce qui a été mandé à la Compagnie par le sieur Regnoul, juge de Saint-Christophe, touchant les saisies réelles des immeubles [p. 377] faites sur les habitants desdites îles, la Compagnie a ordonné que dorénavant l’ordre qui ensuit sera publié et conservé dans les îles de Saint-Christophe, la Guadeloupe, et la Martinique, et autres, pour être les saisies réelles des immeubles criées et adjudications faites suivant icelui, et que pour cet effet, copies en seront envoyées aux juges desdites îles, lesquels feront savoir par les premiers vaisseaux qui partiront s’ils ont reçu copies signées du secrétaire de la Compagnie.
757Sur ce qui a été représenté à la Compagnie touchant les grands différends survenus entre monsieur le général de Poincy et monsieur de La Grange et que même ledit sieur de La Grange et sa femme étaient arrêtés et qu’un nommé Kérolan, auquel on avait fait le procès à Saint-Christophe, s’en était fui sans congé.
758A été résolu qu’il serait écrit à monsieur de Poincy qu’il ait à permettre audit sieur de La Grange et sa femme de repasser en France dans le premier vaisseau, et de faire en sorte qu’ils ne reçoivent aucun déplaisir. Pour ce qui concerne Kérolan, lorsque la Compagnie aura vu le procès qu’elle n’a encore reçu, elle tâchera d’y pourvoir en sorte que monsieur de Poincy en ait satisfaction, et qu’il sera pareillement mandé au sieur de La Grange que la Compagnie lui permet de revenir en France suivant le désir qu’il lui en a témoigné par ses lettres.
759Il sera aussi mandé à monsieur de Poincy que la Compagnie pourvoira d’un lieutenant général à Saint-Christophe en la place de monsieur de La Grange dont elle espère qu’il recevra contentement.
760Sur la plainte faite à la Compagnie contre quelque personne de la religion prétendue réformée.
761A été arrêté qu’il sera écrit à monsieur de Poincy que la Compagnie est obligée au roi de ne souffrir aucun de ladite religion dans les îles s’il ne donne espérance d’une prompte conversion, [p. 378] et partant s’il y en avait quelqu’un de cette qualité, qu’il voit à le faire sortir de ladite île.
762Monsieur de Poincy sera aussi prié par la Compagnie de vivre, s’il se peut, en bonne intelligence avec les pères capucins, et de dissimuler ce qu’il pourrait y reconnaître de défaut, étant de si grande conséquence que ceux qui ont la direction de tant d’âmes aient quelque activité et quelque créance parmi les habitants, ce qui ne pourrait être s’il ne témoignait être bien avec eux et les autoriser.
763A été arrêté qu’il sera mandé audit sieur de Poincy que la Compagnie le prie de traiter pour elle avec ledit sieur de Lolive, qu’il lui fasse entendre les grands dommages et intérêts que la Compagnie prétend contre lui pour n’avoir fait passer le nombre d’hommes qu’il était obligé pour plus de II cents mille livres de pétun outre plus de XV mille livres qu’il doit par les comptes du commis général de Saint-Christophe, que néanmoins la Compagnie se résout d’abandonner tous ses intérêts audit de Lolive et de lui donner de plus un nombre de pétun tel que le dit sieur de Poincy jugera raisonnable avec lui, qui lui sera payé par année à Saint-Christophe, tant pour le reste du temps du traité fait avec lui pour l’île de la Guadeloupe que pour les habitations qu’il a audit lieu, lesquelles il cèdera à la Compagnie.
764Sur ce qui a été mandé par monsieur le général de Poincy qu’il serait à propos de lever les XX livres de pétun que les anciens gouverneurs avaient coutume de lever sur les habitants de Saint-Christophe en levant leurs droits, lesquels XX livres seraient employées pour les capitaines des compagnies de ladite île.
765A été arrêté qu’il en sera délivré plus amplement par la première assemblée.
766Sur la requête faite à la Compagnie par le sieur Girault, lieutenant en l’île Saint-Christophe à la Cabesterre, par laquelle il exposait que lorsqu’il a reçu la commission de la Compagnie pour exercer [p. 379] la justice à la Cabesterre, il avait été mis en possession par monsieur le général de Poincy d’une charge de lieutenant en l’une des compagnies de ladite île, suppliant la Compagnie qu’il plût lui permettre d’exercer toutes les deux comme n’étant incompatibles et espérant pouvoir rendre service en l’une et en l’autre.
767La Compagnie a promis audit sieur Girault d’exercer l’une et l’autre desdites charges.
768Sur les lettres écrites par ledit sieur Girault pour le règlement de sa charge de lieutenant en la Cabesterre.
769A été ordonné que ledit Girault rendra la justice auxdits habitants de Saint-Christophe à la Cabesterre sans qu’il puisse y avoir appellation de ses jugements par-devant le juge de ladite île, permis néanmoins au juge d’aller tenir le siège et rendre la justice audit lieu quand bon lui semblera, et pour le rang dudit Girault, la Compagnie entend qu’il ait rang et séance en toutes assemblées immédiatement après le juge de l’île.
770Il sera mandé à Volery et Tesson qu’ils informent la Compagnie des mœurs et suffisance de Mauger qui a été commis pour rendre la justice en la Guadeloupe, et pareillement quel personnage est un nommé Diharce, habitant de ladite île.
771Sur la demande faite à la Compagnie par le sieur du Parquet, lieutenant en l’île de la Martinique, de LXXII mille livres de pétun qu’il prétend lui être dus par la Compagnie.
772A été résolu qu’il sera écrit audit sieur du Parquet que la Compagnie est prête de lui payer ce qu’il justifiera par acquits bons et valables lui être dus.
773Et sur la proposition faite par ledit du Parquet d’aller attaquer les Sauvages de peur que les habitants de la Martinique ne soient prévenus par eux, [p. 380] lui sera mandé qu’il prenne les ordres de monsieur le général de Poincy comme en toutes les autres affaires concernant la guerre.
774Sur la demande faite par Rouvrais dit La Noé, contrôleur général de la Martinique de la charge de visiteur et peseur de pétun en ladite île.
775Sera mandé audit La Noé que la Compagnie est jusqu’à présent fort satisfaite de son service, qu’elle espère qu’il continuera à l’avenir, qu’elle l’exhorte de prendre un soin très particulier de tout ce qui la concerne et de lui en donner avis par tous les vaisseaux, et que si elle apprend qu’il continue en la même fidélité et affection, elle trouvera assez de quoi le satisfaire en choses qui lui seront plus avantageuses et honorables que celle qu’il demande et qu’il éprouvera qu’il est plus utile de s’attacher à elle seule qu’à tout autre sorte d’intérêt. Pour ladite charge de visiteur et peseur, qu’elle a été ci-devant accordée à un nommé [un blanc], lequel, encore qu’il n’ait pas satisfait à ce que l’on avait désiré de lui, n’est pas néanmoins hors le temps d’y satisfaire et qu’il ne serait pas juste de le déposséder.
776Il sera délibéré pour mettre un commis général à la Martinique lorsque la Compagnie aura su de quelle façon le nomme Marchant s’y sera comporté.
777Sur la requête présentée à la Compagnie par Morin de Honfleur, la Compagnie, ayant appris après que ledit Morin était en France, a remis à lui faire raison après l’avoir entendu.
778Du mercredi VIIe jour de mars MVIC quarante, au logis de monsieur Martin, conseiller du roi en son conseil d’État.
779Ont été assemblés messieurs Martin, Berruyer et Chanut, directeurs des affaires de la Compagnie des îles de l’Amérique, monsieur Foucquet, maître des requêtes, et monsieur de Launay Razilly, associés.
780[p. 381] Sur le rapport fait à la Compagnie par monsieur Chanut que par l’examen du compte de feu monsieur du Herteley, il trouvait que le reliquat du compte se montait en argent à II cent IIIIxx XII livres XIX sols et en pétun XX milliers IIIIxx I livres ordinaires, poids de Saint-Christophe.
781A été ordonné que monsieur du Herteley, son fils, mettra ès mains du sieur Couette, receveur pour la Compagnie au Havre-de-Grâce, le reliquat dudit compte tant en deniers que pétun, lequel en tiendra compte à la Compagnie.
782Rapport fait à la Compagnie par monsieur Foucquet du procès fait à Saint-Christophe contre les sieur et dame de La Grange et le sieur de Kérolan.
783A été arrêté que la Compagnie écrira à monsieur de Poincy pour mettre lesdits sieur et dame de La Grange en liberté, leur permettre leur retour en France avec mainlevée d’une partie de leur biens et effets saisis à Saint-Christophe, pour ce fait être ordonné par la Compagnie ce quelle jugera de raison.
784Sera mandé au sieur Regnoul, juge à Saint-Christophe, que la Compagnie n’entend pas qu’il instruise, ni juge aucun procès en autre qualité que celle de juge de ladite place, et qu’il n’a pas besoin d’autres commissions.
785Sera écrit à Fougeron qu’il revienne en France pour rendre son compte de commis général de la Compagnie à Saint-Christophe.
786Sera aussi mandé au dit Fougeron qu’il peut prendre des promesses de ceux qui sont reliquataires de quelques droits envers la Compagnie payables lors des premières levées de pétun qui seront faites en ladite île.
787Pour remédier aux plaintes faites sur les habitants des îles que les droits de lots et ventes étaient payés trop souvent attendu les changements fréquents des habitations.
788A été ordonné que lesdits droits de lots et vente ne pouront être levés qu’une fois en six mois pour une même habitation.
789Lecture faite à la Compagnie des mémoires envoyés par monsieur [p. 382] de Poincy pour faire un établissement plus solide de la colonie des Français habitants aux îles de l’Amérique.
790A été arrêté que lesdits mémoires seront communiqués à monseigneur le cardinal.
791Sur ce qui a été remontré par monsieur Berruyer que les diverses maladies qui ont affligé les habitants de la Guadeloupe leur ont ci-devant empêché de faire des pétuns comme aux autres îles, et que maintenant la défense générale survenue d’en faire par toutes lesdites îles de l’Amérique leur ôte encore le moyen de se récompenser du temps qu’ils ont perdu.
792A été résolu que les commis de la Compagnie en ladite île ne leur feront payer aucune chose pour les droits échus à ladite Compagnie attendu leur misère et pauvreté.
793Vu la requête du sieur Morin dit des Ormeaux de Honfleur, a été accordé audit Morin pareille exemption pour lui et ses hommes qu’aux autres habitants anciens de l’île de la Martinique.
794Attendu le nombre d’affaires sur lesquelles il est nécessaire de délibérer avant le partement du vaisseau de la Compagnie pour les îles, l’assemblée a été remise à mardi prochain XIIIe du présent mois.
795Du mardi XIIIe mars audit an, au logis du sieur Martin, conseiller d’État38.
796Ont été assemblés lesdits sieurs Martin, Berruyer et Chanut, directeurs, et lesdits sieurs Foucquet, maître des requêtes, et de Launay Razilly.
797Sur la requête présentée à la Compagnie par Daniel Trezel, Hollandais, qui a traité pour la confection des sucres en [p. 383] l’île de la Martinique dont lecture a été faite en l’assemblée.
798A été résolu qu’il serait fait réponse sur chacun des articles de ses demandes ainsi qu’il ensuit.
799À savoir
800Premier39. Un privilège du roi ample et en forme due sous le grand sel avec la commission de son éminence sur icelui pour en vertu d’iceux pouvoir par ledit exposant, ses hoirs successeurs et ayants cause, seuls et privativement à tous autres, pendant le temps et espace de quinze années consécutives, planter et cultiver les cannes à faire des sucres auxdites îles de la Martinique et Guadeloupe avec défense à toutes personnes de quelque qualité et condition qu’elles soient de s’y entremettre sans le consentement de l’exposant, ses hoirs successeurs ou ayants cause, à peine de confiscation pour la première fois, et pour la seconde, de X mille livres d’amende en outre et de punition corporelle, et permission de faire publier et afficher ledit privilège par tout où besoin sera à ce qu’aucuns n’en ignorent.
801Sur le premier article, néant.
8022. Exemption de tous droits èsdites îles et de la sortie des sucres d’icelles et intercessions pour lui vers sa majesté que son bon plaisir soit à l’exemple d’autres rois, princes et républiques, et nommément des Provinces-Unies des Pays-Bas pour les Indes orientales et occidentales, et d’autres, d’octroyer l’entrée libre en France desdits sucres pour les dix premières arrivées, lesquelles ne peuvent être de grand rapport à commencer du jour dudit privilège.
803Sur le deux, se poursuivra vers sa majesté auprès de laquelle la Compagnie fera son possible en sa faveur.
8043. Et pour d’autant plus avancer l’affaire, qu’il plaise à vos seigneuries intercéder aussi vers sa majesté et son éminence que soit concédé audit exposant par forme de prêt un des [p. 384] petits vaisseaux de sa majesté quand il ne sera employé au service du roi pour cependant faire un voyage ou deux auxdites îles, pour y transporter des hommes, ustensiles et autres choses nécessaires pour le soulager en ses commencements entretemps qu’il se prépare d’en avoir un exprès à lui appartenant pour être employé continuellement à faire lesdits voyages.
805Sur le 3e, idem.
8064. Et si le service de sa majesté ne pouvait permettre qu’il fut assisté dès à présent d’un tel vaisseau, qu’il plaise à vos seigneuries le favoriser du passage libre de XXX hommes, moitié ou les deux tiers dans les premiers navires que vos seigneuries enverront vers lesdites îles, et le reste six mois après.
807Sur le 4e, lorsque quelque vaisseau appartenant à la Compagnie partira de France pour les îles, si ledit Trezel a quelques machines ou engins à sucre à faire passer et jusqu’au nombre de trois hommes, la Compagnie le fera gratuitement.
8085. Permission et commission expédiée [s] en bonne et due forme pour pouvoir envoyer durant le temps de ce présent privilège auxdites îles et ailleurs où il avisera bon être, deux navires sans que l’exposant soit obligé à en demander autre permission ou congé ou d’en payer aucune chose.
809Sur le 5, lorsque ledit Trezel enverra quelque vaisseau à lui appartenant ou qu’il l’aura fretté, la Compagnie lui en donnera permission toutes fois et quantes qu’il la demandera sans le charger d’aucune chose.
8106. L’exposant supplie aussi très humblement vos seigneuries d’entendre comme son jeune fils revenant de la Martinique en France [p. 385] et passant par la Guadeloupe en une conférence qu’il eût avec le sieur de Lolive, gouverneur de ladite île, ledit sieur gouverneur se trouvant incommodé et ayant perdu l’usage de la vue et partant incapable d’agir, lui aurait présenté en carte une de ses meilleures habitations qu’il avait curieusement fait cultiver, semer et planter par nombre d’hommes l’espace de cinq ans et plus, située le long d’une belle rivière et en laquelle se peut à présent recueillir des vivres pour la nourriture de cent hommes et plus, étant fort commode et d’étendue convenable pour y planter un bon nombre de cannes, ce qui avait porté sondit fils, par l’avis de son commis résident audit lieu, et au décès dudit exposant, de demeurer d’accord de l’achat de ladite habitation moyennant XXXV mille livres de pétun à livrer moitié dans un an, et l’autre moitié un an après, dont le marché fut fait et signé en ladite île de la Guadeloupe le XXe août dernier, plus, ledit sieur gouverneur, témoignant de l’affection à l’avancement de l’affaire, lui avait concédé en pur don deux jardins de Sauvages aux environs où se trouve aussi quelque quantité de cannes sauvages bonnes à replanter, plus, ayant avis par les dernières lettres reçues depuis peu de jours de la Martinique que son fils aîné, considérant qu’il était fort difficile et de trop longue déduction d’être obligé à défricher une terre couverte de grands bois périlleux et malsains, avait quitte les terres qu’il avait commencées, lesquelles vos seigneuries avaient concédées à l’exposant par ledit provisionnel traité, et avait fait achat d’un habitation, bien et dûment cultivée le long d’une belle rivière plantée de vivres et d’autres choses nécessaires pour nourrir plus d’hommes qu’il n’est requis pour son dessein, de grandeur convenable, pour planter autant de cannes que besoin lui pourrait être, lesquels marchés tenans pourraient grandement favoriser et avancer sondit40, mais n’ayant la commodité de fournir le nombre de pétun promis au temps limité, quoiqu’il y en ait assez bonne quantité encommencée dans lesdites habitations qui se pourraient achever, vos seigneuries le permettant, et puisque par faute de livrer, on le pourrait assujétir et suppléer le défaut en argent et que [p. 386] cela la surchargerait trop en cette conjoncture, vos seigneuries ayant à présent fort grand nombre de pétun èsdites îles, lequel ne leur produit aucun bénéfice pour être maintenant à si vil prix qu’on n’en fait aucun état, supplie partant vos seigneuries d’obliger l’exposant de l’assister de la quantité de pétun que requis sera pour satisfaire auxdits achats à rembourser des premiers sucres qui se fabriqueront èsdites îles en tel nombre que l’on conviendra dès à présent à livrer èsdites îles afin qu’il puisse fournir à l’accomplissement dudit marché, et qu’a faute de ce faire, ses places si nécessaires à son entreprise ne lui échappent des mains ou ne lui soient disputées au désavantage et retardement de l’affaire.
811Sur le 6. Il sera prêté audit Trezel XX milliers de pétun appartenant à la Compagnie savoir, X milliers par le commis de la Compagnie en l’île de la Martinique, si tant il en a, sinon en prenant certificat de lui comme il n’en avait point par le commis de Saint-Christophe jusqu’à la concurrence desdits XX milliers, en déclarant par ledit Trezel que c’est pour l’achat desdites habitations.
8127. Que commande sera fait à tous gouverneurs, commandeurs et commis étant sous l’obéissance de sa majesté ne donner aucun empêchement ou destourbier audit suppliant et les siens d’exporter d’une île à l’autre toutes et telles choses qu’ils aviseront bon être pour le bien et avancement de leur dessein ains41 au contraire toute assistance et faveur requis en étant.
813Sur le 7, sera écrit auxdits officiers en sa faveur conformément à la requête.
8148. Et pour conclure, l’exposant ose se donner la liberté de supplier vos seigneuries de vouloir considérer, vu qu’il expose la vie de ses enfants et ses biens pour l’avancement, le bien et l’assurance d’une si bonne chose si sesdits enfants ne sont considérables à quelque charge honorable èsdites îles sous tels gouverneurs qu’il plaira à vos seigneuries d’y commettre pour les tant plus animer à bien faire et mettre le suppliant en repos [p. 387] d’une si grande entreprise, ce qu’il vous supplie très humblement et de brève expédition à ce que temps et occasion ne se perde [nt].
815Sur le 8e et dernier, y sera pourvu par la Compagnie lorsque sesdits enfants auront séjourné quelque temps dans les îles selon qu’ils s’y seront comportés et lorsqu’il y aura des emplois à donner èsdites îles.
816Lecture faite à la Compagnie d’une lettre écrite par le sieur Chirat, juge en l’île de la Martinique.
817A été résolu qu’il sera pourvu audit Chirat d’une personne qui puisse écrire sous lui.
818Sera écrit en sa faveur à celui qui commande en ladite île à ce qu’il lui pourvoie d’une habitation commode avec liberté de s’étendre et défricher la terre ès environs le plus à sa bienséance qu’il se pourra.
819Sera mandé par la Compagnie au sieur de La Vallée, premier capitaine en ladite île de la Martinique, qu’elle trouve fort mauvais qu’il ait fait défense de recevoir ledit sieur Chirat pour juge après avoir pris la lecture de sa commission, et que si elle apprend dorénavant que ledit de La Vallée en use de la sorte ou quelque autre que ce soit dans les îles, elle saura bien se faire obéir.
820Sera écrit à monsieur de Poincy par le premier vaisseau qu’il laisse l’exercice de la justice aux juges commis par la Compagnie dans les îles, et qu’il ne doit prendre connaissance des affaires qui sont entre particuliers.
821Du mercredi IIIIe avril MVIC quarante, au logis de monsieur Martin, conseiller d’État.
822Ont été assemblés ledit sieur Martin, messieurs Berruyer et Chanut, directeurs de la Compagnie des îles de l’Amérique, monsieur Foucquet, conseiller d’État et maître des requêtes, et Launay Razilly, associés.
823Sur ce que le sieur Daniel Trezel aurait représenté à la Compagnie [p. 388] qu’ayant eu communication des réponses par elles faites sur sa requête du XIIIe du mois passé, il se serait exprès transporté en cette ville pour faire entendre à ladite Compagnie les raisons de ses demandes, le refus desquelles le réduisait à l’impossibilité d’exécuter le contrat passé entre les associés de la dite Compagnie et lui, déclarant à la dite Compagnie qu’il aimait mieux abandonner toutes les dépenses qu’il avait faites jusqu’à présent et retirer ses enfants, ouvriers et serviteurs de l’île de la Martinique, que de s’engager plus avant à l’exécution du dessein par lui proposé pour l’établissement des sucres en ladite île si la dite Compagnie ne lui accordait nouvelles grâces et concessions. Sur quoi, la Compagnie, après mûres délibérations sur l’importance de l’affaire et jugeant de quelle importance est pour toutes les îles l’établissement de la confection des sucres, et que si ledit Trezel venait à abandonner son entreprise déjà commencée et sue dans les îles, cela tournerait au grand préjudice de la Compagnie, a résolu que les conditions suivantes lui seront accordées savoir :
824Que lesdits seigneurs de la Compagnie exempte [nt] et décharge [nt] ledit Trezel du payement du dixième et quarantième du sucre qu’il fera dans ladite île de la Martinique stipulé par le susdit contrat du VIe avril MVICXXXIX pendant chacune des six années qui échueront le dernier décembre MVICXLV. Et de plus, lui accorde que durant lesdites six années suivantes qui échueront le dernier décembre de l’année MVIC cinquante [et] un, il ne payera par chacune d’icelles pour les droits de la Compagnie que sept pour cent du sucre qu’il fera dans ladite île, après lesquelles six années dernières, il payera les droits conformément audit contrat du VIe avril 1639.
825Et advenant qu’après lesdites six années échues à la fin de 1645, aucuns habitants de ladite île de la Martinique y fassent construire des moulins à sucres dans le temps et espace de six années suivantes finissantes en décembre 1651, la Compagnie accorde et promet audit Trézel de lui donner le tiers du dixième que la Compagnie lèvera pour son droit sur les [p. 389] sucres faits par lesdits particuliers habitants pendant lesdites six années au cas que ledit Trézel, continuant son travail, aye des moulins en état de service actuel durant ledit temps.
826Et pour favoriser davantage l’entreprise dudit Trézel, la Compagnie le gratifie du passage de trois hommes et du fret de deux tonneaux en ladite île dans les vaisseaux appartenant en propre à ladite Compagnie pour six voyages dans lesdites six années premières, et de plus lui promettent que toutes fois et quantes qu’il voudra fretter à ses dépens navires pour le voyage desdites îles, ladite Compagnie lui donnera les congés nécessaires en la forme ordinaire sans charger et gratuitement.
827Comme aussi a été convenu entre lesdits parties qu’encore que par le susdit contrat du VIe avril 1639, il soit expressément porté que lesdits seigneurs de la Compagnie feront défenses à tous les habitants de la Martinique de planter des cannes de sucre pendant lesdites six années sous peine de confiscation et amende arbitraire, il sera néanmoins dorénavant et dès à présent permis indifféremment à tous les habitants de planter, cultiver et élever autant desdites cannes de sucre qu’ils voudront, lesquelles ledit Trézel pourra, si bon lui semble, acheter ou troquer à prix raisonnable.
828Et quand au surplus des concessions, traité, clauses et conditions contenues au susdit contrat du VIe avril 1639, elles demeureront en leur force et valeur, et seront respectivement entretenues par les parties, lesquelles n’entendent y déroger ou apporter innovation par le présent contrat.
829Et outre les choses ci-dessus, sur les instances faites par ledit Trézel touchant quelques particuliers qui regardaient son établissement et commodités pour ses habitations èsdites îles, la Compagnie, pour encourager d’autant plus à poursuivre [p. 390] son entreprise, lui a accordé que les XX milliers de pétun qu’elle a ci-devant résolu qu’ils lui seraient prêtés par la Compagnie seront payés par ledit sieur Trézel dans deux années après la délivrance qu’il lui en aura été faite auxdites îles, et au prix qu’il vendra lorsqu’il leur sera délivré.
830Qu’il sera écrit au sieur du Parquet, commandant en ladite île de la Martinique pour la Compagnie, que distribution de terres soit faite audit Trézel conformément au contrat du VIe avril 1639.
831Que nonobstant que par ledit contrat du VIe avril, il ne soit permis audit Trézel de faire du pétun dans la Martinique, néanmoins ladite Compagnie lui permet d’employer jusqu’à quinze hommes à la manufacture des pétuns.
832Comme aussi qu’il lui sera loisible de traiter avec les étrangers venant auxdites îles quelques quantité de sucre, pétun et autres marchandises du pays pour avoir des commodités nécessaires à la subsistance de ses hommes en ladite île.
833Que la Compagnie lui accorde pareille exemption du droit de coton qu’il devait payer pour les habitations qu’il a eu ou aura èsdites îles, nonobstant la clause du contrat du VIe avril 1639.
834Que l’exemption des droits et accords audit sieur Trézel par la Compagnie ci-dessus aura lieu à l’égard des gouverneurs, leurs lieutenants, et tous autres officiers.
835La Compagnie voulant fortifier la colonie de l’île de la Guadeloupe affaiblie par les incommodités et maladies du sieur de Lolive et en conséquence du désistement des sieurs Faulcon, Lamare, et autres marchands de la ville de Dieppe, associés pour la peuplade et traite de ladite île par traité avec la Compagnie desquels ils se sont départis par acte du [un blanc].
836Et sur les avis de monsieur de Poincy, lequel a envoyé gens de guerre et munitions en ladite île pour y protéger les habitants contre les incursions des Sauvages en attendant les ordres de [p. 391] la Compagnie, a résolu d’envoyer un lieutenant général en ladite île pour la Compagnie et la pourvoir d’armes et munitions nécessaires pour sa défense et à cet effet, a fait choix de la personne du sieur Aubert, capitaine d’une des compagnies de Saint-Christophe, auquel sera délivré commission pour trois années.
837Du mercredi deuxième mai MVIC quarante, au logis de monsieur Berruyer, conseiller d’État42.
838A été tenue l’assemblée générale de la Compagnie des îles de l’Amérique où étaient messieurs, Berruyer, Chanut, Foucquet, maître des requêtes, et de Loynes, directeurs, messieurs de Flécelles, conseiller d’État et président en la chambre des comptes, Ladvocat, maître des comptes, de Launay Razilly, Mulot et Ricouart, aussi maître des requêtes, les associés de ladite Compagnie.
839Sur le rapport fait à la Compagnie par monsieur Berruyer, du transport fait par ledit sieur Foucquet d’une part qu’il a en ladite Compagnie à monsieur Ricouart, la Compagnie, après avoir vu ledit transport, a ordonné qu’il sera enregistré ès registres de la Compagnie par le secrétaire d’icelle, et a prié ledit sieur de Ricouart de prendre place pour délibérer des affaires qui seront ci-après proposées.
840Monsieur Berruyer a remontré que la maladie de monsieur Foucquet qui avait pris la conduite des affaires de la Compagnie, avait été cause qu’il n’y avait eu d’assemblée générale depuis le mercredi premier de décembre MVIC trente-huit, et que depuis monsieur Foucquet et le sieur Martin, l’un des directeurs, étant décédés, monsieur Chanut, directeur, et lui comme procureur du sieur Rozée, aussi directeur, s’étaient trouvés obligés d’assembler tous les associés qui sont à présent en cette ville pour nommer d’autres directeurs et délibérer sur les affaires qui se trouveront les plus pressées. Après que le sieur de Beauvais, secrétaire de la Compagnie, a dit qu’il avait averti tous lesdits associés pour l’assemblée générale, la Compagnie a nommé pour directeurs messieurs Foucquet et de Loynes et a continué messieurs Chanut et Rozée.
841[p. 392] Messieurs Berruyer et Chanut ont fait entendre sommairement ce qui s’était passé depuis la dernière assemblée générale, et particulièrement ont fait lecture des contrats faits avec le sieur Trezel pour la confection des sucres et ce qui avait été résolu ès dernière assemblée qui a été agréé par la Compagnie.
842Lecture faite des demandes du sieur Aubert tant d’armes et munitions pour la conservation de la Guadeloupe que des droits et exemptions qu’il prétend pour faire la fonction de lieutenant général en ladite île, la Compagnie a prié lesdits sieurs directeurs de les régler ainsi qu’ils aviseront pour le mieux.
843Et sur ce qui a été remontré par ledit sieur Berruyer qu’il n’y avait point de fonds en la Compagnie, sinon les pétuns que les commis de la Compagnie ont ordre de vendre, la Compagnie a autorisé lesdits directeurs pour emprunter des deniers qu’ils aviseront être nécessaires pour les affaires de la Compagnie.
844A été arrêté qu’il sera envoyé à monsieur le commandeur de Poincy quelques munitions de guerre qui seront réglées par lesdits sieurs directeurs.
845Lecture a été faite à la Compagnie de la relation envoyée par ledit sieur de Poincy de ce qu’il s’est passé èsdites îles depuis ses dernières lettres, après laquelle a été résolu que l’ambassadeur des États sera prié d’écrire en Hollande aux associés de la Compagnie de l’île de Saint-Eustache qu’ils observent les ordres de la cessation des pétuns, dont les Français et les Anglais sont convenus pour rétablir la valeur desdits pétuns puisque c’est pour le bien de toutes lesdites nations, et que ce règlement ne peut réussir s’il n’est également observé par tous les habitants desdites îles.
846Sur la proposition qui a été faite en l’assemblée savoir, qu’il est avantageux suivant les avis qui ont été donnés de l’île de Saint-Christophe d’envoyer prendre possession des îles qui sont ès environs de celles qui sont tenues par la Compagnie lesquelles ne sont habitées par aucun prince chrétien.
847La Compagnie a prié monsieur de Loynes d’en informer monseigneur [p. 393] le cardinal, duc de Richelieu, et savoir sa volonté sur une affaire de telle importance.
848A été résolu que lesdits sieurs directeurs s’assembleront samedi prochain pour résoudre les affaires ci-dessus.
849Sur ce qui a été dit par ledit sieur Berruyer que monseigneur le cardinal n’a point encore donné ses ordres et répondu à la Compagnie sur la proposition de monsieur de Poincy concernant le transport de la colonie de Saint-Christophe dans les îles voisines, et traité avec les Anglais pour la partie de l’île possédée par les Français, la Compagnie a prié monsieur de Loynes de solliciter auprès de monseigneur le cardinal sa réponse aux avis de monsieur de Poincy.
850Et sur ce que par les dernières lettres reçues desdites îles, il est mandé qu’on a eu avis que quelques étrangers ont dessein d’occuper quelques-unes des îles prochaines à celles de la Guadeloupe et la Martinique, la Compagnie a résolu qu’il sera écrit à monsieur de Poincy que s’il ne présente quelques-uns qui veuillent passer en l’île de la Dominique pour en prendre possession au nom de la Compagnie et y commencer une colonie, il leur en donne le pouvoir et commission de la part de la Compagnie, leur accorde les grâces et privilèges qu’il jugera convenables pour les encourager en telle entreprise et les aider des armes et munitions nécessaires, et à cet effet, seront envoyés audit sieur de Poincy par les premiers vaisseaux les armes et munitions que lesdits sieurs directeurs jugeront à propos.
851Du samedi cinquième mai 1640, au logis de monsieur Berruyer, conseiller d’État.
852Ont été assemblés ledit sieur Berruyer, messieurs Chanut, Foucquet, conseiller d’État et maître des requêtes, directeurs de la Compagnie des îles de l’Amérique, et monsieur de Ricouart, aussi maître des requêtes, associé.
853A été vu et examiné le mémoire des demandes du sieur [p. 394] Aubert par lequel la Compagnie lui accorde ce qui s’ensuit.
854La Compagnie donne audit sieur Aubert pour le dédommager des frais de son voyage en France et subvenir à ceux du passage des premiers qui iront avec lui de Saint-Christophe à la Guadeloupe, la quantité de XV milliers de pétuns savoir, VIII milliers de celui qui est à Saint-Christophe et VII milliers de celui qui proviendra de la première levée.
855Qu’il sera écrit à monsieur de Poincy qu’il donne permission à ceux qui passeront en l’île de la Guadeloupe avec le sieur Aubert d’emporter leurs armes.
856Que les habitants qui sont présentement dans l’île de la Guadeloupe et ceux qui y viendront des autres îles ou de France dans l’année MVIC quarante seront exemptés des droits de la Compagnie pendant les années 1640, 1641 et en la suivante 1642, ne payeront que la moitié desdits droits, après laquelle payeront les droits ordinaires.
857Sera écrit à monsieur de Poincy pour faire que monsieur de Lolive mette ès mains du sieur Aubert la petite Sauvagesse qu’il a retenu pour la rendre à ses parents.
858Qu’il sera baillé audit sieur Aubert IIII cents livres pour faire faire à Dieppe une double chaloupe tillacquée qu’il emportera en fagot.
859Ledit sieur Aubert aura vingt hommes dans la Guadeloupe exempts des droits personnels dus à la Compagnie.
860A été accordé que le premier drapeau vaquant en l’île de la Guadeloupe sera donné au fils aîné du feu sieur du Plessis.
861La Compagnie accorde audit sieur Aubert six cents pas de terre en lieu non concédé chassant jusqu’à la montagne, exempte de retranchement et en fief.
862[p. 395] Qu’il sera donné ordre au sieur Manicher d’employer jusqu’à II cents livres en haches, couteaux, christaux, rasades, hains43, et autres choses selon ce qui sera dit par le sieur Aubert, et les choses envoyées au magasin pour être distribuées par l’ordre du sieur Aubert aux Sauvages qui traiteront avec les habitants français.
863Que pour favoriser le rétablissement de ladite île de la Guadeloupe, la Compagnie enverra les armes et munitions suivantes à savoir :
864En mousquets et bandoulières pour VIII cents livres
865En piques : CL livres
866En hallebardes : C livres
867En harquebuzin à fusil : C livres
868En poudre, savoir la moitié en mousquet, un quart à canon, et un quart de fine :
869XIIII cents livres
870En balles à mousquet : LXXV livres
871En menuise44 : XL livres
872En plomb en saumon : C livres
873En mèche : IIIIXX livres
874En charbon de terre : LX livres
875En barre de fer : L livres
876En acier : XX livres
877En clou : C livres
878Et en moules de balles à mousquet : X livres
879Le tout revenant à III mille IIIIXXV livres en argent.
880Et en outre, afin que les habitants de ladite île soient secourus des choses les plus nécessaires, a été résolu qu’il sera envoyé aux commis en ladite île pour être distribuées et vendues auxdits habitants au profit de la Compagnie la [p. 396] quantité des marchandises qui ensuivent à savoir :
881En grosse toile, chemises et caleçons : VII cents livres
882En souliers : III cents livres
883En houes, haches, serpes et couteaux : II cents livres
884En eau-de-vie : II cents livres
885En huile d’olive et à brûler : II mille livres
886En coffre de médicaments, rasoirs et lancettes45 : IIII mille livres
887Il sera mandé au sieur Manicher, commis de la Compagnie à Dieppe, qu’il fasse diligence pour chercher des ouvriers avec lesquels il fera condition raisonnable pour leur gages, à la charge qu’ils ne pourront travailler à faire du pétun et autres marchandises que leur temps ne soit fait, savoir deux charpentiers, deux sieux46 de long, un menuisier, un armurier, un salpêtrier, un potier de terre, à tous lesquels, le dit Manicher accordera leur passage franc et de leurs femmes s’ils en ont.
888Sera donné ordre audit Manicher d’envoyer à Jacques Le Voleur, exécuteur des sentences criminelles des îles de l’Amérique, les commodités qu’il a demandées et ce jusqu’à la concurrence de CL livres à déduire sur ses gages.
889Sera écrit à monsieur de Poincy que la Compagnie souhaite que suivant les ordres donnés ci devant, il ait trouvé occasion d’acheter une barque du pétun de la Compagnie.
890Que la Compagnie le prie de favoriser autant qu’il pourra la colonie de la Guadeloupe, que les bons témoignages qu’il a rendues du sieur Aubert ont obligé la Compagnie à lui donner la lieutenance de cette île, qu’elle le prie de ne point permettre que le sieur de Lolive, ni sa femme, y retournent, mais qu’il tâche à le porter à quelque accommodement afin qu’ayant remis la charge de capitaine de ladite île à la Compagnie, elle se trouve en liberté entière de le gratifier.
891[p. 397] Comme aussi lui sera écrit qu’il envoie Morin et son procès.
892Sur ce que le sieur Chanut a représenté à la Compagnie que le révérend père Pacifique, capucin, lui avait écrit que les pères capucins résidant à Saint-Christophe avaient grand besoin d’être secourus de vêtements, a été résolu qu’il sera mis la somme de II cents livres entre les mains de celui des pères capucins à Rouen chargé des affaires de leurs missions ès îles de l’Amérique pour être employés en achat d’étoffes pour leur vêtement.
893Le dit sieur Chanut a fait rapport à la Compagnie que le sieur du Chalard, gouverneur de la Tour de Cordouan, a fait saisir en ses mains, en vertu d’une permission de monsieur le lieutenant civil du XIIIIe avril dernier, tous les deniers, parts et portions appartenant à feu monsieur Martin, associé en ladite Compagnie des îles de l’Amérique, par exploit du Ve du présent mois de mai, a été résolu que ladite saisie sera mise au greffe de la Compagnie pour servir ce que de raison.
894Du lundi XIIIIe mai 1640, au logis de monsieur Foucquet, conseiller d’État et maître des requêtes.
895Ont été assemblés ledit sieur Foucquet, messieurs Berruyer et Chanut, directeurs de la Compagnie des îles de l’Amérique, et monsieur de Ricouart, maître des requêtes, associé.
896Sera écrit à monsieur le commandeur de Poincy la perte du navire de la Compagnie pris par quatre frégates de Dunkerque, un jour après être sortie de Saint-Malo le mois passé où la tempête et orage précédant l’avaient contraint de relâcher plusieurs fois durant deux mois qu’il attendait le vent favorable, [p. 398] par lequel la Compagnie lui faisait réponse amplement sur le contenu de ses lettres et relations des XV août, VIII décembre 1639 et XXVe janvier dernier dont la Compagnie ne lui peut envoyer le duplicata pour le peu de temps que lui donne l’ordinaire de Saint-Malo, d’où elle a eu avis qu’une barque est prête à faire voile pour l’île de la Martinique. Outre la perte du vaisseau, la Compagnie y est intéressée d’un nombre de poudre, mousquets, piques et autres munitions et ustensiles qu’il avait demandées à la Compagnie avec plusieurs rafraîchissement et marchandises pour l’assistance des habitants, laquelle perte n’empêchera pas la Compagnie d’en renvoyer de nouveaux par toutes les occasions qui s’offriront, et particulièrement par les vaisseaux des capitaines Bras-de-Fer et Le Jolle qui s’équipent à Dieppe pour partir dans le mois prochain et ce pendant s’il y a lieu dans la présente barque, la Compagnie donne ordre aux commis de Saint-Malo d’y faire charger de la poudre comme la chose qui lui est la plus nécessaire.
897Lui sera mandé que la Compagnie le prie de donner liberté à monsieur et à madame de La Grange de revenir en France et leur faire mainlevée de leurs biens, à la réserve de ce qui sera raisonnable pour l’assurance de ce qu’ils peuvent devoir au pays.
898Comme aussi de renvoyer à la Compagnie le nommé Morin et de laisser venir Fougeron lui rendre compte.
899Lui sera aussi écrit que la Compagnie le prie de traiter avec le sieur de Lolive pour ne le laisser retourner à la Guadeloupe tant pour ses prétentions qu’habitations, lui promettant le faire décharger par la Compagnie des grandes demandes qu’elle à lui faire pour n’avoir satisfait à son traité.
900[p. 399] Sera aussi écrit au sieur de La Grange la prise dudit navire par les Dunkerquois par lequel on lui écrivait amplement sur sa demande de revenir en France et que la Compagnie écrivait à monsieur le commandeur de Poincy de lui donner liberté et à madame sa femme avec mainlevée de ses biens arrêtés, ses dettes préalablement acquittées.
901Sera pareillement écrit au sieur Regnoul la perte du vaisseau de la Compagnie par lequel elle lui écrivait amplement.
902Comme aussi pareille chose sera mandé au sieur Fougeron, et de plus, la Compagnie lui ordonne de ne laisser passer aucune occasion sans lui envoyer des pétuns, le plus qu’il pourra, par tous les vaisseaux qui s’offriront.
903Sera aussi mandé au sieur du Parquet la perte du vaisseau de la Compagnie dans lequel elle lui envoyait quantité de munitions et sur la demande qu’il faisait à la Compagnie des pétuns qu’elle lui devait, qu’elle est prête de le satisfaire et qu’en justifiant par lui de bons acquits valables, elle lui fera raison.
904Sera aussi écrit à Rouvrais dit La Noé la perte dudit vaisseau pris par les Dunkerquois dans lequel la Compagnie lui envoyait tout ce qui lui était nécessaire.
905Comme aussi pareillement à Volery, et qu’il écrive amplement à la Compagnie par tous les vaisseaux qui s’offriront du nouveau établissement qui est présent en l’île de la Guadeloupe.
906A été résolu qu’il sera expédié un congé au capitaine Sollier du Havre-de-Grâce étant de présent à Saint-Malo pour son navire du port de quatre-vingt tonneaux aux charges ordinaires.
907Qu’il en sera expédié un autre pour la barque du sieur Daniel Trezel du port de quarante-cinq tonneaux sans charges.
908[p. 400] Écrire à monsieur Rozée d’envoyer, s’il se peut, par le vaisseau de Saint-Malo prêt à partir jusqu’a un millier de poudre à la Martinique, et un cent de mèche, et autant de la facture adressante à Rouvrais pour la Martinique.
909Qu’il est prié de payer aux pères capucins II cents livres pour envoyer des rafraîchissements aux capucins qui sont aux îles, fournira argent et donnera ordre au sieur Manicher pour exécuter les délibérations concernant ce qui a été résolu pour la Guadeloupe, jusqu’à ce qui sera plus à propos pour la répartition des marchandises dans Le Jolle et Bras-de-Fer.
910Elles seront adressées à Saint-Christophe au sieur Fougeron ou en son absence au premier commis de la Compagnie, à la Martinique au sieur Rouvrais dit La Noé ou au sieur Marchant, à la Guadeloupe au sieur Volery ou Tesson.
911Continuant la délibération du Ve du présent mois pour l’envoi des munitions à Saint-Christophe, partie desquelles a été perdue dans le navire de Merlin, la Compagnie a résolu qu’il sera envoyé dans les vaisseaux qui s’apprêtent à Dieppe pour l’île de Saint-Christophe ce qui s’ensuit savoir, deux milliers de poudre, outre un autre millier de celle que fourniront les associés de Dieppe à l’île de la Guadeloupe, le tout faisant III milliers, savoir, deux milliers de mousquets et un millier de chasse, et le surplus de ce qui sera fournis par lesdits marchands sera envoyé à la Guadeloupe, outre et par-dessus ce qui a été ordonné, deux cents de mousquets avec les bandoulières, savoir cent qui seront achetées et cent qui seront fournis par lesdits marchands de Dieppe associés à la Guadeloupe, quatre cents piques, soixante hallebardes, deux milliers de fer, deux cents d’acier et deux muids de charbon de terre.
912Sur l’avis de monsieur Rozée, lui sera écrit que s’il rencontre une bonne barque de cinquante ou soixante tonneaux, [p. 401] qu’il en traite pour la Compagnie pour envoyer à Saint-Christophe, et dans quelque temps en sera achetée une autre.
913Du mercredi VIe juin 1640, au logis de monsieur Berruyer, conseiller d’État.
914On été assemblés ledit sieur Berruyer, messieurs Foucquet, maître des requêtes, Chanut et de Loynes, directeurs de la Compagnie des îles de l’Amérique, et monsieur de Ricouart, aussi maître des requêtes, associé.
915Ledit sieur de Loynes a rapporté à la Compagnie que sur la prière qu’elle lui avait faite de savoir de monseigneur le cardinal la volonté du roi sur le mémoire baillé à monseigneur par feu monsieur Martin touchant l’île Saint-Christophe et les autres îles peuplées et à peupler, monseigneur le cardinal lui a dit que le roi ne trouvait bon de quitter et dépeupler entièrement l’île de Saint-Christophe qu’il voulait être conservée pour son service et le bien de la Compagnie y laissant bon nombre d’hommes pour la conserver en toute sûreté, que néanmoins la Compagnie en pourrait tirer les forces et commodités nécessaires pour la peuplade tant des îles ja47 habitées par l’ordre de la Compagnie que celles que l’on pourra habiter à l’avenir, sur quoi, la Compagnie écrira à monsieur le commandeur de Poincy pour suivant ses résolutions dernières travailler aux peuplades des îles.
916La Compagnie, ayant su que la perte de son navire parti de Saint-Malo pris par les Dunkerquois, a fait nouvelles dépêches à monsieur le commandeur de Poincy pour réponses à ses dernières relations, laquelle a été signée comme aussi la dépêche à monsieur du Parquet, commandant à la Martinique.
917Le père Pacifique, capucin ci-devant embarqué dans le vaisseau de Saint-Malo mené à Dunkerque, s’étant offert de se rembarquer avec son compagnon dans le vaisseau du capitaine [p. 402] Bras-de-Fer, la Compagnie a résolu qu’il sera écrit à monsieur Rozée qu’il leur fournisse deux cents livres pour les rafraîchissements de leur passage, et cent livres de plus en considération des pertes et travaux soufferts par ledit révérend père Pacifique en la prise dudit vaisseau.
918Sur la requête présentée à la Compagnie par le sieur de Lolive, à ce qu’il lui plût le remettre en sa charge de gouverneur en l’île de la Guadeloupe qu’il lui avait été accordée pour en jouir en tous honneurs, dignités, profits et émoluments.
919Vu ladite requête, lettres de monsieur le commandeur de Poincy et des officiers de la Compagnie en l’île de la Guadeloupe par lesquelles ladite Compagnie a été particulièrement informée que le dit sieur de Lolive n’ayant jusqu’à présent satisfait aux conditions de son traité avec ladite Compagnie et n’étant en état d’y satisfaire à cause des infirmités qui lui sont survenues, ledit sieur de Poincy a été obligé de tirer des hommes et munitions de l’île et les envoyer en l’île de la Guadeloupe pour la sûreté d’icelle de Saint-Christophe et défense des habitants.
920La Compagnie a résolu que par les premiers vaisseaux sera envoyé pouvoir audit sieur de Poincy pour traiter avec ledit sieur de Lolive à conditions raisonnables des prétentions respectueuses entre ladite Compagnie et ledit sieur de Lolive.
921Du mercredi quatrième juillet 1640, au logis de monsieur Berruyer, conseiller d’État.
922Ont été assemblés messieurs Berruyer, et de Loynes, directeurs de la Compagnie des îles de l’Amérique.
923Sur ce qui a été remontré par ledit sieur Berruyer que la Compagnie ayant mandé le sieur Fougeron, son commis général à Saint-Christophe, pour lui rendre compte qu’il était besoin pendant son absence d’y envoyer une personne dont la probité et affection au service de la Compagnie fusse connu, et que s’étant présenté le sieur Merlin de la suffisance duquel la Compagnie est informée, il lui plaît lui donner ladite commission.
924[p. 403] A été arrêté qu’il sera expédié commission audit sieur Merlin de commis général en l’île de Saint-Christophe pour icelle exercer pendant l’absence dudit Fougeron, aux gages de XV cents livres de pétun et d’avoir jusqu’à six hommes exemptés des droits personnels dus à la Compagnie et de faire la garde aux forts, et à cet effet, lui sera donné instruction par la Compagnie de ce qu’il aura à faire pour le service d’icelle.
925Sur la remontrance faite par le sieur Merlin contenant la perte qu’il aurait faite en la prise du navire de la Compagnie par les Dunkerquois, et qu’étant réduit dans la nécessité, chargé de femme et de sept enfants, il plaît à la Compagnie lui donner quelque somme de deniers pour le rédimer de sa perte et lui donner le moyen de passer à Saint-Christophe pour dignement servir la Compagnie dans la commission qu’elle lui a plu donner.
926A été arrêté qu’il sera écrit à monsieur Rozée que la Compagnie le prie de bailler audit sieur Merlin la somme de quatre cents livres, savoir II cents livres qu’elle lui donne par gratification en conséquence de la perte qu’il a souffert en la prise dudit vaisseau, et les autres II cents livres qu’elle lui prête à la grosse aventure au prix des autres et dont ledit sieur Rozée lui en fera passer obligation au profit de la Compagnie.
927Du mercredi XXIIe décembre 1640, au logis de monsieur Foucquet, conseiller du roi en son conseil, maître des requêtes ordinaire de son hôtel, l’un des directeurs et associé de la Compagnie des îles de l’Amérique.
928Ont été assemblés ledit sieur Foucquet, messieurs Berruyer, Chanut et de Loynes, aussi directeurs, et monsieur de Launay Razilly, associé.
929Sur la requête présentée par le sieur Chrirat, juge en l’île de la Martinique, pour lesdits sieurs de la Compagnie, à ce qu’attendu qu’il n’a pu être reçu en ladite charge par le sieur du Parquet, commandant en ladite île, quelques sommations et protestations qu’il ait pu faire, il aurait été contraint de repasser en France avec sa femme et famille à grands frais et dépenses, requérant pour [p. 404] les causes qu’il plaît à la Compagnie le dédommager et indemniser des dépenses qu’il lui aurait convenu faire pour sondit passage.
930A été arrêté qu’il sera envoyé audit sieur du Parquet copie de la requête dudit Chirat pour lui être communiquée et enverra à la Compagnie les motifs du refus par lui fait en la réception dudit Chirat pour su et vu être ordonné ce que de raison, et cependant la Compagnie écrira audit sieur du Parquet et le fera pour suivre pour les dommages et intérêts dudit Chirat, que si ledit Chirat veut retourner aux îles, elle fera son possible à lui donner emploi, laquelle l’exemptera et [un blanc] de ses hommes de tous droits personnels dus à la Compagnie, et au cas que ledit Chirat veuille se retirer en son pays, la Compagnie lui prêtera jusqu’à trois cents livres qui lui seront payés par le sieur Berruyer.
931Monsieur de Loynes a représenté que monsieur du Herteley, fils et héritier de monsieur du Herteley Cavelet, l’un des associés de la Compagnie, avait cédé à monsieur Daligre, conseiller du roi en son conseil d’État et privé, le tiers de deux quarante-cinquièmes qu’il avait acquis de monsieur le président de Flécelles par contrat passé par-devant Richer et Parque, notaires, le Ve du présent mois, requérant ledit contrat être représenté, et en ce faisant ledit sieur Daligre être reçu en ladite Compagnie.
932A été ordonné que ledit sieur Daligre sera reçu en la Compagnie et que son contrat sera registré par le secrétaire d’icelle, à la charge d’observer les articles d’association et les contrats et résultats de la Compagnie, et que celui qui achètera les deux autres tiers ne pourra avoir voix délibérative que d’un quarante-cinquième et sans tirer à conséquence pour cette fois, ce qui a été consenti par la Compagnie attendu que ladite acquisition dudit tiers faite par ledit feu sieur du Herteley dudit sieur de Flécelles a été faite longtemps auparavant la délibération d’augmenter les vingt-deux parts et demi dont la Compagnie était composée en quarante-cinq parts, et ne pourra aucun être reçu en ladite Compagnie si du moins il n’acquiert un quarante-cinquième entier.
933[p. 405] Du mercredi deuxième janvier 1641, au logis de monsieur Daligre, conseiller du roi en son conseil d’État, associé de la Compagnie des îles de l’Amérique.
934A été tenue l’assemblée générale ou étaient ledit sieur Daligre, messieurs Foucquet, maître des requêtes, Berruyer, Chanut, directeurs, monsieur le président de Flécelles, conseiller d’État, monsieur de Ricouart, maître des requêtes, Mulot et de Launay Razilly, tous associés à ladite Compagnie.
935Sur la remontrance faite par le père Bouton, jésuite, qu’il a besoin d’avoir d’autres pères de sadite compagnie pour assister les habitants de l’île de la Martinique éloignés les uns des autres de sept à huit lieues et séparés par des chemins et mornes fort rudes, priant la Compagnie de délibérer combien ils en veulent faire passer par la première commodité et hommes nécessaires pour leur service et ce qu’ils donneront aux dits pères pour les ornements d’Église, rafraîchissement pour leur passage, et pour se pouvoir nourrir en ladite île de la Martinique.
936A été résolu qu’en la première assemblée, il sera pourvu sur le mémoire qu’en donnera le père Bouton.
937Sur ce que le sieur Lespérance a remontré qu’il lui était dus par la Compagnie plus de cinquante mille livres de pétun, il ferait approuvé par les acquits et comptes d’entre le feu sieur Gentil, commis général de la Compagnie, et lui. La Compagnie a renvoyé ledit Lespérance vers le sieur Berruyer pour examiner et arrêter avec lui ce qui lui pourrait être dû.
938Sur ce qui a été remontré par le sieur du Halde qu’il a laissé ès mains du sieur Regnoul, juge à Saint-Christophe, pouvoir de recevoir plus de cinquante mille livres de pétun dus audit sieur du Halde lors de son retour en France, que depuis deux ans, il n’en peut avoir payement ni raison dudit Regnoul auquel il suppliait la Compagnie en écrire favorablement pour ledit sieur du Halde, lequel priait la Compagnie, en considération de ses services, des pertes qu’il aurait faite de grande quantité de pétun lors [p. 406] de l’ouragan arrivé à Saint-Christophe et de sa longue maladie commencée audit lieu et continuée en France jusqu’à présent, lui vouloir remettre et quitter les six cents livres qui lui avaient été prêtés par la Compagnie lorsqu’elle l’envoya en ladite île, ensemble le pétun dont il est demeuré redevable par le compte et lettres dudit feu sieur Gentil, et en ce faisant lui accorder maintenant de la saisie qu’à fait le sieur Berruyer ès mains du sieur Manicher, tabellion à Dieppe, de ce qu’il a appartenu audit sieur du Halde.
939A été résolu que si ledit sieur du Halde payera comptant lesdits VI cents livres et les XXXVI livres qui lui ont été prêtés par ledit Manicher lors de son embarquement et pour le regard du pétun attendu qu’il dit en avoir à Saint-Christophe, il baillera lettre pour en faire le payement audit lieu ès mains du commis de la Compagnie, et en ce faisant, ledit sieur Berruyer écrira audit Manicher de lui payer le restant de ce qu’il lui sera dû.
940La Compagnie écrira au sieur Renoul en faveur dudit sieur du Halde ainsi qu’il le désire.
941Sur la requête présentée par la damoiselle de Savigny priant la Compagnie de lui prêter cinq à six mille livres de pétun pour lui aider à repasser aux îles où elle le rendra, et lui donner l’affranchissement pour quinze hommes.
942La Compagnie a prié monsieur Daligre de la délivrer de ladite dame, lui persuadant de ne passer aux îles, et plutôt lui accorder quelque somme pour pourvoir à sa nécessité et ce jusqu’à III cents livres pour une fois payer.
943Sur ce qui a été remontré par le sieur Toully, qu’étant sorti des îles de Saint-Christophe sans avoir pris congé et permission de monsieur le commandeur de Poincy, gouverneur des dites îles, pour raison de quoi plusieurs poursuites sont faites contre lui audit lieu où il supplie la Compagnie lui permettre de retourner, sa femme et son fils y étant, et lui accorder lettres de faveur et recommandation vers ledit sieur de Poincy et aux juges de ladite île, la Compagnie le prenant en sa protection.
944A été arrêté qu’il sera écrit audit sieur de Poincy et auxdits juges au désir dudit sieur Toully, et ce, par les premiers vaisseaux qui iront à Saint-Christophe.
945[p. 407] Ledit sieur Chanut a représenté à la Compagnie qu’après la mort du sieur Phillibert, qu’elle avait envoyé pour juge en l’île de la Guadeloupe, les habitants du lieu auraient élu le sieur Mauger, l’un d’entre eux pour exercer la justice en attendant que la Compagnie y eut pourvu ou agréé ledit Mauger, duquel les habitants se sont contentés jusqu’à présent sans qu’ils en aient fait aucunes plaintes, lequel Mauger suppliait la Compagnie à la recommandation de monsieur Rozée, l’un des directeurs de la Compagnie, qui assurait de la capacité et probité dudit Mauger, lui vouloir accorder lettres de provision de juge en ladite île.
946A été résolu que les lettres de provision seront expédiées audit Mauger de juge en ladite île de la Guadeloupe durant trois années consécutives aux privilèges, charges et conditions contenues en ladite provision dudit feu Phillebert.
947Ledit sieur Berruyer ayant remontré que depuis quatre ans, par l’avis de la Compagnie, il aurait donné charge des affaires d’icelle au sieur Jean Tuffet, qui aurait reçu quelque pétun audit lieu et en Brouage sans en avoir vendu, ni se mettre beaucoup en peine de trouver marchand.
948La Compagnie a résolu à la prière du sieur de Launay Razilly de commettre pour les affaires de la Compagnie auxdits lieux le sieur Denis, marchand de La Rochelle, de la fidélité duquel elle prie ledit sieur Berruyer vouloir faire mettre les pétuns étant en La Rochelle et Brouage à elle appartenant pour être vendus par ledit sieur Denis suivant les ordres qui lui en seront donnés, lequel payera audit sieur Tuffet les frais par lui faits pour lesdits pétuns pour les sercler où ils auront été.
949Du mercredi premier jour de mai 1641. Au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
950Ont été assemblés ledit sieur Daligre, messieurs Foucquet et de Ricouart, conseillers du roi en ses conseils, maîtres des requêtes ordinaires de son hôtel, de Loynes, secrétaire général de la Marine, et Berruyer, sieur de [p. 408] Manselmont, directeur de la Compagnie des îles de l’Amérique.
951Sur la requête présentée à la Compagnie par Jean Dumesnil, Antoine de la Croix et Jacques Brioulde disant que Robert Dumesnil, Antoine de la Croix et Étienne de Vic, tous trois jeunes hommes, étant en la ville de Dieppe, auraient fait rencontre du nommé le sieur Trézel qui les aurait menés aux îles de l’Amérique où ils sont encore à présent, et lesquels ils désiraient les faire repasser en France.
952A été arrêté que lesdites requêtes seront envoyées au juge de la Guadeloupe pour informer du contenu en icelles, et en cas d’enlèvement, ordonné audit sieur Trézel de renvoyer en France lesdits Dumesnil, de la Croix et Brioulde, et s’ils se trouvent obligés audit sieur Trézel, leur faire donner liberté après le temps de leur obligation expiré, si mieux n’aiment lesdits Jean Dumesnil, Antoine de la Croix et Jacques Brioulde, suppliants, envoyer trois hommes audit sieur Trézel au lieu et place desdits trois jeunes hommes pour parachever le temps auquel ils pourraient être obligés envers ledit sieur Trézel, lequel ce faisant sera tenu leur donner liberté.
953Sur ce qui a été représenté par le sieur Berruyer que les commissions de lieutenant général des îles de l’Amérique et capitaine général de Saint-Christophe accordées à monsieur le commandeur de Poincy finissent dans le mois de septembre prochain, et que la commission de lieutenant général en la dite île de Saint-Christophe dont était pourvu le sieur de La Grange est à présent vacante.
954La Compagnie a jugé à propos pour prévenir la demande dudit sieur de Poincy pour la continuation desdites commissions et lui témoigner le souvenir que ladite Compagnie a de lui, de lui faire expédier et renouveler lesdites commissions pour trois années qui commenceront le premier janvier 1642, avec ladite commission [p. 409] de lieutenant général de Saint-Christophe pour autres trois années en faveur du sieur de Longvilliers à la recommandation dudit sieur commandeur de Poincy, son oncle.
955Vu la requête présentée à la Compagnie par Jacques Volery, commis général de la Compagnie en l’île de la Guadeloupe, contenant qu’il aurait servi six ans sans avoir reçu aucuns droits, ni joui du bénéfice d’aucuns hommes pour ne lui en avoir été envoyé de France, et ladite île toujours en si mauvais état qu’il ne s’y est fait aucuns pétuns, suppliant la Compagnie de lui donner quinze cents livres pour une fois payer, le décharger de la dite commission et de la rédition de compte, n’ayant reçu que VI cents livres de pétun, qu’il a envoyé au commis général de Saint-Christophe, ayant mis ès mains du sieur Tesson, commis de la Guadeloupe, tous les registres, papiers et mémoires concernant ladite île.
956La Compagnie a déchargé ledit Volery desdites commissions et rédition de compte, et ordonne qu’en attendant qu’elle se soit plus particulièrement informée de son travail et mérite, lui sera baillé la somme de CL livres pour lui aider à s’habiller et aller voir sa femme malade à Beaufort.
957Le sieur de La Grange, ci-devant lieutenant général de Saint-Christophe, ayant été ouï en l’assemblée de la Compagnie sur les plaintes par lui faites contre le sieur commandeur de Poincy, contre lequel il prétend de faire déclarer tortionnaire et injurieux les emprisonnements de lui et de sa femme en ladite île de Saint-Christophe avec plusieurs intérêts et dépens.
958La Compagnie a commis monsieur de Ricouart pour entendre particulièrement lesdits sieur et dame de La Grange, voir et examiner les papiers qu’ils disent avoir pour [p. 410] leur justification, lesquels ils mettront pour cet effet en ses mains pour de tout en faire rapport à la Compagnie.
959La Compagnie a prié monsieur de Loynes d’écrire à Nantes pour tirer des mains du sieur Jacques Fernandes les obligations qui lui ont été faites par Anthoine Castelain des IIIIXXVI mille livres de pétun appartenant à la Compagnie et qui lui ont été vendus par ledit sieur Fernandes, et en cas qu’icelui Fernandes fit difficulté de bailler ladite obligation, fera saisir ès mains dudit sieur Castelain ce qu’il devra pour l’achat dudit pétun, le tout avec adresse, de crainte qu’il n’arrive dommage de ce qui est dû.
960Sur ce qui a été représenté par le capitaine Monlabeur qu’il avait acheté depuis peu deux habitations non encore défrichées en l’île de la Martinique en intention d’y porter trente hommes au voyage qu’il va présentement faire en ladite île pour y faire travailler, suppliant la Compagnie, en cette considération et pour lui donner plus de commodité et courage, d’aller croiser avec un navire de guerre pour au passage d’Angola à la Neuve-Espagne prendre des navires chargés de Nègres et les porter en ladite île de la Martinique pour lui et les habitants d’icelle, de lui accorder durant trois années suivantes et consécutives exemption des droits dus à ladite Compagnie pour XXX hommes et la décharge de la garde ordinaire durant ledit temps.
961La Compagnie désirant aucunement gratifier ledit capitaine Monlabeur et l’encourager à courre sus les ennemis de France particulièrement pour chercher et prendre des navires chargés de Nègres et iceux mener et traiter en ladite île de la Martinique, a accordé et accorde audit capitaine Monlabeur l’exemption des hommes qu’il mènera audit voyage qu’il va faire en la dite île de la Martinique jusqu’au nombre [p. 411] de trente, si tant il en mène, pour une année seulement, à la charge qu’ils ne travailleront qu’auxdites habitations nouvelles et où l’on n’a encore travaillé, et quant à la garde, elle est nécessaire pour la conservation de tous et ne sera importune puisque la Compagnie, pour le soulagement des habitants, a ordonné de raser le Fort-Royal.
962Du sixième juin MVICXLI, au logis de monsieur Aligre, conseiller d’État.
963Ont été assemblés ledit sieur Aligre, messieurs Berruyer et Chanut et de Loynes, directeurs.
964Le sieur de La Grange ayant supplié la Compagnie d’autoriser le sieur Merlin, leur commis général à Saint-Christophe, en l’exécution de la procuration que ledit sieur de La Grange lui envoie par permission de la Compagnie pour avoir soin de recevoir ce qui reste de biens appartenant audit sieur de La Grange en l’île Saint-Christophe, et vouloir écrire à monsieur le commandeur de Poincy pour le laisser jouir paisiblement de quelques Nègres qui sont à lui.
965Sera écrit auxdits sieurs commandeur de Poincy et Merlin à l’effet que dessus.
966Monsieur Chanut ayant fait entendre à la Compagnie que le sieur Manicher, leur commis à Dieppe, avait fait arrêté quelque nombre de pétun arrivé à Dieppe sous nom du sieur Chirat, et que ledit pétun appartenait à son beau-frère dont il demandait mainlevée.
967La Compagnie, après avoir ouï le beau-frère dudit Chirat et pris son serment, a résolu qu’il sera écrit audit Manicher de donner mainlevée de la saisie qu’il avait faite sur ledit pétun.
968Pour satisfaire à ce qu’a désiré ledit sieur de Poincy par ses dernières lettres, lui sera envoyé mémoire de temps en [p. 412] temps de la valeur du pétun, facture et prix des marchandises.
969Monsieur Berruyer ayant représenté qu’il ne restait aucune barque, ni chaloupe, à la Guadeloupe, celle qui avait été ci-devant baillée au sieur Aubert ayant tourné sous voile le mois de février dernier, a été résolu qu’il en sera fait faire une autre semblable à Dieppe pour envoyer à la Guadeloupe par le premier navire qui ira et y servir tant que la Compagnie le trouvera bon.
970Vu les continuelles demandes faites par lesdits sieurs commandeur de Poincy et Merlin d’armes, poudres et munitions de guerre nécessaires pour la sûreté de Saint-Christophe, a été résolu qu’il en sera envoyé par les premiers navires.
971La Compagnie, considérant ce qui a été mandé par lesdits sieurs de Poincy et Merlin, de ce que le nombre des habitants de Saint-Christophe est grandement diminué tant à cause des maladies qui y continuent depuis huit à dix mois que de plusieurs qui se sont retirés aux îles de la Martinique, Guadeloupe et la Tortue, a été résolu que suivant les avis desdits sieurs de Poincy et Merlin pour la manutention et augmentation de la colonie desdites îles, que la Compagnie payera aux capitaines de navire le passage des particuliers tant hommes que femmes et filles qui passeront auxdites îles en s’obligeant par lesdits particuliers de payer pour chacun auxdites îles, trois ou quatre cents livres du pétun ès mains des commis étant desdites îles de la première levée qu’il se fera après leur arrivée, même de fretter ou acheter des vaisseaux pour servir au passage desdits particuliers et s’en rembourser en pétun comme dit est, et pour satisfaire aux achats des poudres, armes, munitions et payements du passage desdits [p. 413] particuliers, sera demandé à tous les commis où il y a du pétun de le vendre promptement aux meilleurs conditions qu’ils pourront pour la Compagnie.
972Sera envoyé ce qui est nécessaire pour le radoub des barques et chaloupes même les cordages et haussiers48.
973Sera envoyé du lard, de l’huile d’olive, vinaigre et autres rafraîchissements pour les habitations de la Compagnie avec de la toile, des casaques, caleçons et souliers pour ses Nègres et hommes étant à son service.
974Sera donné ordre audit sieur Merlin de ne permettre que ceux qui servent la Compagnie travaillent ailleurs, et lui sera mandé que la Compagnie est satisfaite de son service, qu’elle lui a augmenté ses gages, comme il verra par ses précédentes lettres, esquelles ira encore plus avant selon les services qu’il rendra, désirant son avancement, qu’il peut travailler hardiment aux choses qu’il croira utiles pour le bien de la Compagnie et n’en sera désavoué, et pour sa commission, que les termes n’en peuvent être changés pour la conséquence et vaut mieux en laisser le pouvoir en termes généraux que de le spécifier crainte d’en omettre quelqu’un.
975Sera envoyé un commis général des droits du domaine de la Compagnie pour recevoir les cens, rentes, vingtièmes, amendes, confiscations, déshérences, épaves et autres droits domaniaux appartenant à la Compagnie aux gages de II mille livres de pétun et six hommes exempts de tous droits personnels.
976Sera écrit au sieur de Poincy que l’on a reçu plusieurs plaintes contre le capitaine du Pont comme d’un homme de mauvaise vie et mal affectionné à la Compagnie, et serait à propos de lui donne emploi à autres îles, [p. 414] ne devant, ledit sieur Poincy, le protéger pour quelque cause que ce fût.
977Sera aussi donné avis audit sieur de Poincy des révoltes d’Espagne et que la trêve est faite pour dix ans entre les Portugais et Hollandais tant aux îles orientales que occidentales et qu’il pourrait arriver que les Espagnols, maîtres des îles voisines, pour ensuite de tomber entre les mains des Hollandais et Portugais, rechercheraient la protection de France, tant par la haine de l’une des nations qu’aversion de la religion de l’autre, auquel cas, ledit sieur commandeur de Poincy essayera de réduire les capitaines espagnols de lui remettre les îles entre les mains tant au nom du roi que de la Compagnie et leur fera connaître qu’il ne leur peut donner une simple protection sans contrevenir aux traités faits entre nous les Portugais et Hollandais, qui défendent de donner aucune assistance aux ennemis communs.
978Sera noté pour écrire audit sieur de Poincy qu’il a interdit de faire pétun en la plupart des terres qui ont été vendues par le sieur de La Grange, pour raison de quoi, l’on a accordé diminution du tiers du prix de l’achat aux acquéreurs à quoi il faut délibérer sur le remède et au plus tôt.
979Du dimanche septième juillet MVIC quarante [et] un. Au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
980Ont été assemblés ledit sieur Daligre, messieurs Foucquet, maître des requêtes, Berruyer, Chanut et de Loynes, directeurs, et du Herteley.
981Ledit sieur Berruyer ayant représenté que les pères jacobins réformés destinés pour aller à la Guadeloupe n’avaient pu passer dans les vaisseaux partis après Pâques pour être demeurés malades en la ville de Dieppe plus de six semaines, où ils seraient demeurés redevables de quelques sommes de deniers envers le chirurgien et apothicaire, ayant employé ce que la Compagnie leur avait [p. 415] ci-devant accordé en ornements, habits pour les pères étant en ladite Guadeloupe, et qu’ils n’avaient de quoi retourner audit Dieppe.
982La Compagnie a ordonné qu’il leur sera encore baillé la somme de deux cents livres pour satisfaire à ce que dessus.
983Comme aussi monsieur Chanut ayant fait lecture d’une lettre du père Joseph de Changoubert, capucin, pour le passage de ses pères à Saint-Christophe, a été résolu qu’il leur sera payé en Normandie deux cents livres pour leurs nécessités afin de s’embarquer dans les vaisseaux qui s’apprêtent pour les îles.
984Monsieur de Lezeau49, ayant prié la Compagnie d’accorder à Jacques Herman, mari de Marguerite Guiguault, une habitation de cent pas de large et six cents de chasse en la Basse-Terre non occupée.
985A été résolu qu’il en sera écrit audit sieur de Poincy et de favoriser ladite Guiguault en ce qu’il se pourra.
986Sera mandé au sieur Aubert, lieutenant à la Guadeloupe, qu’il est trop ménager et qu’il ne paye pas l’un des mariniers.
987Ledit sieur de Loynes a dit avoir écrit au sieur Fernandes à Nantes pour le payement de la vente du pétun duquel il avait fait ledit compte, et que les deniers étaient du compris des deux cent soixante et tant de mille livres qui lui étaient dues par le sieur Sabathier, sur lequel il pouvait faire saisir si bon lui semblait, et que ledit Fernandes mandait qu’il serait bientôt à Paris pour donner contentement de tout à la Compagnie.
988Sur quoi a été résolu qu’il serait obtenu arrêt du conseil du roi pour faire constituer prisonnier ledit Fernandes dont se chargerait ledit sieur de Loynes.
989Sur ce qui a été remontré par ledit sieur Chanut que le dit Chirat avait été envoyé pour juge à la Martinique où il aurait été traversé par ledit du Parquet et autres officiers de milice et obligé de retourner en France pour la sûreté de sa personne, ayant fait de grandes dépenses en son voyage prétendant [p. 416] vers la Compagnie V mille livres de dommages et intérêts, d’être payé de ses gages tant présent qu’absent, et lui payer en outre ses salaires des procès qu’il a jugés en ladite Martinique.
990A été arrêté qu’il sera payé sur les lieux en pétun pour ses gages, et qu’il lui sera prêté jusqu’à mille livres en argent en cas qu’il retourne en ladite île de la Martinique en qualité de juge en laquelle ladite Compagnie le fera recevoir.
991Monsieur Berruyer sera prié de dresser un compte général de tous les effets de la Compagnie afin de voir l’état auquel il est, et de pourvoir à ce qui sera nécessaire pour être vu en la prochaine assemblée.
992Ledit sieur Berruyer nous ayant représenté que depuis l’année MVIC trente-cinq que la Compagnie a traité avec le roi par contrat du XIIe février audit an, ratifié par sa majesté le VIIIe mars ensuivant, il ne s’était fait aucune poursuite pour obtenir lettres patentes de sa majesté et en faire faire les ratifications soit aux parlements ou au Grand conseil.
993La Compagnie a résolu qu’il sera obtenu lettres patentes de sa majesté conformément au contrat fait pour le rétablissement de la colonie des Français aux îles de l’Amérique, et qu’elles seront adressées au Grand conseil du roi auquel sa majesté attribuera toute cour, juridiction et connaissance des choses dépendant desdites îles.
994Du jeudi XXVIIIe juillet 1641, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
995Ont été assemblés ledit sieur Daligre, messieurs Foucquet, de Loynes, Berruyer et Rozée.
996La Compagnie, en considération des grandes dépenses que le sieur Trézel est obligé de faire et de l’espérance qu’il donne de faire mettre un moulin à sucre en état de travailler dans peu de temps en l’île de la Martinique, a accordé gratuitement [p. 417] audit Trézel le passage libre de quatre tonneaux et trois hommes dans le vaisseau qui s’équipe à Saint-Malo ou Dieppe.
997A été arrêté qu’il sera envoyé aux commis qui sont dans les îles un extrait des dernières délibérations qui ont été faites pour la réception des droits personnels et pour les exemptions, lesquelles délibérations seront suivies par eux jusqu’à nouvel ordre, et la moitié des droits que payeront les habitants de la Guadeloupe sont liquidés à cinquante livres de pétun pour homme.
998La commission pour Nantes sera envoyée au sieur Lescot au lieu de Fernandes.
999A été résolu qu’il sera envoyé à Saint-Christophe par le vaisseau qui s’apprête à Saint Malo pour le compte de la Compagnie trois cents paires de souliers, pour mille livres de toiles et pour dix milliers de poudre fine, lesquelles marchandises seront adressées à Merlin qui en tiendra un compte particulier.
1000Sera écrit aux commis de Dieppe et Saint-Malo de vendre les pétuns de la Compagnie.
1001A été résolu qu’il sera écrit à Merlin et au procureur fiscal de Saint-Christophe que la Compagnie entend être payée par préférence des droits qui lui sont dus et seront dus lors de la première levée, tant personnels que vingtièmes, et que les étrangers, à qui les habitants sont redevables de grandes sommes, toucheront moitié à la premier levée et l’autre moitié à la levée suivante.
1002Qu’il sera donné aux pères jésuites deux cents livres pour s’apprêter à faire le voyage à la Martinique.
1003Du vendredi treizième septembre MVICXLI, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1004Ont été assemblés ledit sieur Daligre, messieurs Foucquet, maître des requêtes, Berruyer, Chanut et de Loynes, directeurs.
1005[p. 418] Sur ce qui a été représenté par les sieurs directeurs de la Compagnie qu’ils étaient avertis par les relations de monsieur de Poincy et les lettres des commis que les habitants desdites îles étaient fort dépourvus de commodités qui leur sont portées à l’ordinaire par les marchands anglais et hollandais à cause que durant quelque temps ils ont cessé de faire des pétuns et que le défaut de ces nécessités et rafraîchissements avait causé des maladies parmi le peuple desdites îles, que d’ailleurs ils ne voyaient pas qu’il se préparât des vaisseaux marchands ès havres de ce royaume pour les voyages de l’Amérique en nombre suffisant et porter les secours nécessaires audit pays, et que depuis quelques jours, ils avaient appris que monsieur Rozée, marchand de Rouen, avait fait dessein d’y envoyer pour son compte un navire d’environ cent tonneaux chargé de vins, eaux-de-vie, lard, toiles, souliers et autres marchandises, pour lequel il demandait congé et passeport.
1006Il a été résolu que pour donner un plus notable secours aux habitants desdites îles et les assister jusqu’à ce qu’après la levée des pétuns le commerce y soit bien établi, ledit sieur Rozée sera excité par lesdits sieurs directeurs à envoyer audit pays un navire de plus grand port et plus grande quantité de marchandises, lui offrant toute faveur et recommandation sur les lieux pour le débit de ses marchandises, et au cas qu’il ne veuille faire une plus forte cargaison à ses risques, a été résolu que monsieur Berruyer, l’un des anciens directeurs de ladite Compagnie, fournira dans un mois audit sieur Rozée la somme de quatorze mille livres tournois, qu’il peut avoir en ses mains du fonds de la Compagnie, pour entrer par elle en part pour la moitié de l’embarquement qui sera fait par ledit sieur Rozée pour le voyage desdites îles et y porter des vins, eaux-de-vie, lards, souliers, armes, munitions, fer, acier, plomb et autres marchandises plus requises audit pays, jusqu’à la concurrence d’environ trois cents tonneaux en un ou deux navires qui seront pris à fret et équipés à La Rochelle [p. 419] pour partir au plus tard dans le XVe du mois de décembre prochain, desquelles marchandises l’achat, l’envoi et la vente seront faits par les ordres dudit Rozée et de l’avis des sieurs Berruyer, de Loynes et Chanut, directeurs de la Compagnie, ou de deux d’entre eux, duquel ledit sieur Berruyer, en lui délivrant ladite somme de XIIII mille livres, prendra les assurances nécessaires portant les clauses ordinaires en pareilles sociétés pour la participation égale aux pertes et profits qui arriveront audit voyage dont il sera obligé de donner compte à la dite Compagnie en la manière accoutumée entre les marchands et suivant les comptes qui lui en seront rendus par les commis tant audit lieu de La Rochelle, Nantes et autres endroits, que sur les navires qui seront envoyés et autres qui pourraient être employés èsdites îles pour le maniement des effets de ladite société, lesquels commis seront choisis et nommés par ledit sieur Berruyer, de Loynes et Chanut, et ledit sieur Rozée, sans toutefois en être responsable, et leursdits comptes arrêtés par ledit sieur Rozée de l’avis desdits sieurs ou de deux directeurs.
1007Et pour tenir lesdites îles en défense contre tous ennemis, sera envoyé des armes, poudres, plomb et autres munitions de guerre auxdites îles jusqu’à la concurrence de quatre mille livres aux dépens de la Compagnie pour être mise dans les magasins publics et être distribuées par les commis généraux suivant les ordres des gouverneurs, ainsi signé Daligre, Foucquet, Berruyer, de Loynes, Chanut et de Ricouart.
1008Et d’autant que depuis la présente délibération, monsieur de Loynes a fait entendre que monsieur Mullot, l’un des associés d’icelle, désirait contribuer pareille somme de deux mille livres pour participer audit embarquement ainsi que les autres dénommés ci-dessus, nous avons consenti et consentons qu’en payant par ledit sieur Mulot lesdits II mille livres pour un quinzième ainsi que chacun de nous, il participe au gain et à la perte qu’il plaira à Dieu y envoyer aux charges, clauses et conditions du résultat ci-dessus.
1009[p. 420] Dudit jour vendredi XIIIe septembre de 1641. Au logis dudit sieur Daligre.
1010La Compagnie ayant eu communication de l’ordonnance du conseil tenu à Saint-Christophe le XXXe mars 1640 portant taxe pour chacune obligation qu’il a passée des redevables à la Compagnie pour les droits de vingtième qui lui sont dus, a résolu qu’il sera écrit au sieur Merlin, son commis, que ladite Compagnie ne peut accorder telle taxe à monsieur Poincy, Le Brument, notaire, qu’il la prétend, d’autant que c’est aux particuliers qui achètent à payer comptant ledit vingtième pour lequel, si la Compagnie (pour lui aider à payer) lui donne temps, il doit payer l’obligation qui se fait ensuite du contrat de vente de l’héritage dont le notaire est payé par l’acquéreur, ainsi la Compagnie n’y est aucunement obligée, joinct que cette taxe est excessive vu que les offices sont données gratuitement et que la plupart des parties dont sont conçues les obligations ne montent que 50, 60, 100 et 150 livres de pétun chacune, et où il n’est question de grand discours. Pour ces raisons, ladite Compagnie avait rayé dans les comptes que lui a rendu son commis Fougeron la quantité de IIII mille III cents LXXVI livres de pétun qu’il justifiait par la quittance dudit Le Brument lui avoir été payés, et pour lesdites obligations, la plupart desquelles obligations demeurent nulles tant à cause de la mort et insolvabilité que décharge de plusieurs des redevables, ce néanmoins ladite Compagnie ayant considéré qu’il serait difficile audit Le Brument de rechercher satisfaction de diverses personnes, et pour ne laisser son travail sans fruit et lui ôter toute sorte de plainte, elle a depuis passé et alloué audit Fougeron lesdits IIII mille III cent LXXVI livres de pétun, et vous ordonne en outre de lui payer du pétun de la Compagnie II mille VI cent XXIIII livres de pétun pour lui fournir, compris ce qu’il a reçu, jusqu’à VII mille de pétun que la Compagnie lui accorde volontairement pour toutes ses prétentions, lui déclarant, et à tous autres notaires, de se faire payer à l’avenir par les parties des contrats et obligations qui passeront sans en pouvoir [p. 421] rien prétendre contre la Compagnie. Le payement desquels contrats, obligations et autres actes publiés qui passeront sera modérément réglé afin que nous n’en recevions aucune plainte à l’avenir comme l’on nous a fait du salaire des sergents de justice.
1011Sera écrit audit Merlin que l’on ne lui peut envoyer d’autre commission que celle qu’il a de la Compagnie qui lui donne pouvoir général et en outre lui donne pouvoir d’établir des commis où il en jugera nécessaire, et généralement faire rendre compte à tous ceux qui auront reçu et mains les biens de la Compagnie.
1012Du lundi XXIIIIe février MVIC quarante-deux, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1013En l’assemblée générale des îles de l’Amérique ou étaient ledit sieur Daligre, messieurs Foucquet, maître des requêtes, Chanut, trésorier de France, de Loynes, secrétaire du roi et de la Marine, et Rozée, marchand, directeurs de la Compagnie, messieurs Ricouart, maître des requêtes, Berruyer, sieur de Manselmont, et du Herteley, associés.
1014Après qu’il a été fait rapport par lesdits sieurs directeurs de l’état présent des affaires des îles et de ce qui s’est passé de plus notable depuis la dernière assemblée générale tenue le deuxième janvier de l’année dernière, la Compagnie a approuvé tout ce qui a été fait et géré par lesdits directeurs et en particulier la délibération du XIIIe septembre 1641 portant que la Compagnie prendrait part en l’embarquement qui serait fait par le sieur Rozée, marchand à Rouen, pour donner une plus considérable assistance aux habitants desdites îles.
1015Monsieur Foucquet a présenté un contrat passé par-devant Moufle et Chaussière, notaires au châtelet de Paris, le XXVe janvier dernier, par lequel monsieur de Razilly, sieur de Launay, cède et transporte à monsieur Dalesse, seigneur d’Eragny, conseiller au parlement et commissaire aux requêtes du palais, deux parts, faisant chacune un quarante-cinquième en ladite Compagnie des îles. La Compagnie a agréé ledit [p. 422] contrat, ordonne qu’il sera enregistré, et à l’heure même, a admis et reçu ledit sieur d’Eragny en ladite Compagnie aux charges ordinaires d’entretenir les articles de la société et délibérations d’icelle.
1016Monsieur Berruyer a aussi présenté les contrats passés par-devant Chesneau, notaire royal à La Rochelle, le cinquième jour de février 1639, par lequel monsieur le commandeur de La Porte, grand prieur de Champagne et gouverneur du pays d’Aunis, Brouage et îles adjacentes, cède et transporte au sieur Jacques Loyau, marchand à La Rochelle, deux quarante-cinquièmes en ladite Compagnie des îles, et le dit sieur Loyau reconnaît n’avoir accepté ledit transport qu’à la prière et au profit du sieur Amador de Modica, écuyer, sieur de La Garde-aux-Vallets, auquel il déclare que lesdites deux parts appartiennent. Vu lesdits contrats et procuration dudit sieur de La Garde-aux-Vallets passée par-devant ledit Chesneau le deuxième décembre 1641 portant pouvoir spécial de requérir l’enregistrement desdits contrats et réception en la Compagnie, lesdits contrats ont été agréés, et ordonne qu’ils seront envoyés et ledit sieur de Modica admis et reçu en la Compagnie à la charge d’entretenir les articles de société et délibération de ladite Compagnie.
1017A été résolu qu’encore que par aucunes délibérations de la Compagnie il eut été réglé qu’il ne serait nommé que trois directeurs pour la conduite des affaires, néanmoins, à cause de l’affluence d’icelle, il y aura dorénavant quatre directeurs, ainsi qu’il a été pratiqué en la dernière nomination, et que tous les ans, en l’assemblée générale, il en sera nommé deux en la place des deux anciens qui seront déchargés, et les deux autres seront continués pour une année.
1018Et en conséquence, sur ce, les sieurs Chanut et Rozée, anciens directeurs, ont été déchargés, et messieurs Berruyer, sieur de Manselmont, et Ladvocat, maître des comptes, nommés directeurs, et messieurs Foucquet et de Loynes, continués pour une année.
1019[p. 423] Pour le soulagement desdits directeurs, et afin que les affaires soient conduites avec plus d’ordre et de facilité, a été résolu que la direction demeurant commune entre lesdits quatre directeurs, chacun d’eux néanmoins aura soin particulier d’une partie des affaires, et pour cet effet, monsieur Foucquet est prié de se charger de toutes les affaires qui concerneront l’île de la Guadeloupe, et même prendre la peine de tenir registre de toutes les choses notables qui se passeront en ladite île particulièrement des officiers, commis et gens entièrement au service de la Compagnie.
1020Monsieur de Loynes prendra même soin pour l’île de Saint-Christophe, monsieur Ladvocat, pour l’île de la Martinique.
1021Et monsieur Berruyer fera la recette et dépense générale de tout ce qui sera envoyé ou reçu des îles, et pour cet effet, il est prié de tenir un journal exact dans lequel il mettra non seulement toutes les choses qui regarderont ladite recette et dépense, mais généralement tout ce qu’il fera et ordonnera, lui sera écrit ou rapporté concernant lesdites îles, et d’autant que ladite recette et dépense l’obligera à correspondre avec tous les commis de la Compagnie tant aux îles qu’en France. A été ordonné que la Compagnie payera la somme de trois cents livres par chacun an pour l’entretenement50 d’un commis auprès dudit sieur Berruyer et de ceux qui seront chargés après lui de faire ladite recette et dépense.
1022Ledit sieur Berruyer a présenté l’état général de la recette et dépense par lui faite jusqu’à présent pour la Compagnie, et le sieur Chanut nommé pour l’examiner avec lui, faire extrait de tous les effets de ladite Compagnie afin que sur leur rapport, lesdites comptes et état des effets étant arrêtés, ledit sieur Berruyer commence son registre par la recette de tous les effets qui se trouveront appartenir à la Compagnie.
1023A été arrêté que la Compagnie se servira pour commis aux havres de France, savoir, à Dieppe, du sieur Manicher, tabellion royal audit lieu ; au Havre-de-Grâce, du sieur de Touvant, lieutenant de l’amirauté ; [p. 424] à Saint-Malo, du sieur Heurtault les Tertres, marchand ; à Nantes, du sieur Lescot et Gorges, marchand ; et à La Rochelle, du sieur Denis, marchand.
1024A été résolu que tous les titres, papiers, lettres, mémoires et autres pièces de la Compagnie seront reçues et inventoriées et mises en liasses distinctes et séparées, et pour ce faire, messieurs Foucquet, Berruyer et Chanut sont priés de prendre jour pour y vaquer ensemble.
1025Monsieur Foucquet a été prié de dresser les lettres patentes sur l’arrêt et les articles nouvellement accordés à la Compagnie afin qu’ensuite la ratification au Grand conseil en soit poursuivie.
1026A été résolu qu’en toutes lettres et expéditions importantes, la Compagnie se servira du sceau des armes qu’il a plu à sa majesté et à monseigneur le cardinal duc de Richelieu lui accorder, et en sera fait mention dans le registre des titres de la Compagnie ou lesdites armes seront mises avec leurs blasons.
1027A été résolu qu’il sera expédié des lettres en forme de commission au sieur de Beauvais, secrétaire de la Compagnie, pour exercer ladite charge aux gages et appointements de IIII cents livres à commencer du premier janvier de la présente année 1642. Et pour les services par lui rendus ès année 640 et 641 desquels il n’a été reconnu, la Compagnie a résolu qu’il lui sera payé la somme de six cents livres à raison de trois cents livres par chacun an.
1028A été résolu que messieurs les directeurs feront assurer à Rouen à quinze pour cent la moitié de la somme pour laquelle la Compagnie est entrée en part avec monsieur Rozée en l’embarquement fait à La Rochelle dans le navire du capitaine Gandouin suivant la délibération du XIIIe septembre 1641.
1029[p. 425] Du troisième avril MVIC quarante-deux, au logis de monsieur Berruyer, sieur de Manselmont.
1030Ont été assemblés messieurs Berruyer et de Loynes, directeurs de la Compagnie des îles de l’Amérique.
1031Sera écrit au commis de Saint-Malo de continuer la vente du pétun avec le plus d’avantage qu’il pourra, et qu’on ne trouve pas à propos de l’échanger d’autant que la Compagnie n’a point d’occasion d’envoyer le vin, qu’on se plaint à Saint-Christophe des marchandises qu’il y a envoyées.
1032Que le dessein de la Compagnie ayant toujours été que les capucins demeurassent dans l’île Saint-Christophe, ils sont bien aise de la résolution qu’ils ont prise de demeurer et de ne se mêler que du spirituel.
1033Que par toutes les dépêches qu’on a envoyées à monsieur de Poincy de la part de la Compagnie, on lui a toujours fait connaître qu’on ajoutait point de foi aux discours de monsieur de La Grange puisque sur toutes les requêtes qu’il a présentées contre lui, on a ordonné quelles lui seraient communiquées avant que de rien résoudre.
1034Que par les lettres de la Compagnie, elle lui a laissé la liberté d’établir colonie française dans l’île de la Dominique pour prévenir les étrangers qu’il nous mandait avoir dessein sur ladite île, ce qui eût grandement incommodé celles de la Martinique et Guadeloupe, et que maintenant qu’on est en bonne intelligence avec les Sauvages, la Compagnie trouve son avis bon d’y loger quelques Français pour la défense et sûreté des Sauvages, et par leur moyen pouvoir y établir la traite pour les Français.
1035La Compagnie a regret de l’indisposition du sieur Merlin qu’elle attend pour être particulièrement informée de ce qui se passe de par delà.
1036[p. 426] Sera fait réponse audit sieur de Poincy sur le fait du juge et fiscal par la première dépêche.
1037Que les actes d’assemblées ont été vus et tenus pour la nomination des administrateurs, que les dépenses à faire pour les nécessites publiques et prières desdits administrateurs vers la Compagnie afin de permettre la continuation de la levée du quint des droits du roi pour être employé aux œuvres et nécessités publiques, lequel quint ladite Compagnie permet être levé ainsi qu’il a été fait ès années précédentes qu’il s’est fait du pétun, en attendant que par l’assemblée générale de ladite Compagnie, elle fasse entendre plus amplement son intention
1038de nous accorder ledit quint pour trois ans, et que sur ledit quint reçu en l’année 1639, il en sera payé X mille livres de pétun au sieur du Pont pour le désintéresser de toutes prétentions qu’il dit avoir contre la Compagnie pour raison de l’île de la Martinique, compris dans les X mille livres de pétun ce qui aura été payé de IIII milles VIII cents livres prétendues par le capitaine Allert, Hollandais, auquel, si la somme eût été due, il est à croire qu’il n’eût pas été si longtemps sans en demander le payement, y ayant plus de sept ans que monsieur Desnambuc commença l’habitation de la Martinique sans que depuis ce temps-là on ait entendu aucune demande dudit Hollandais, aussi croyons nous que c’est une intention dudit sieur du Pont et de Lespérance que vous nous mandez servir de témoins audit Hollandais.
1039Ledit sieur de Poincy sera remercié des nouvelles qu’il a mandées à la Compagnie, laquelle à peine de croire pour le grand nombre d’hommes qu’on lui a dit être descendus dans l’île de la Catherine et de la quantité d’or dont était chargé ce galion qui s’est perdu à ouvre l’œil, et en revanche de cette nouvelle, ledit sieur de Poincy pourra ajouter autant de foi aux gazettes qui lui [p. 427] sont envoyées par monsieur Desnambuc, et la meilleure est la continuation de la santé du roi et de la reine et de messieurs les infants de France.
1040Que comme il n’est pas à croire que le nombre d’hommes espagnols ait été descendu à la Catherine pour y être plus grand que dans toute l’Espagne, aussi estimons-nous que le général des Anglais a eu un mauvais avis, cela n’empêche pas que ledit sieur de Poincy ne se tienne sur ses gardes, la Compagnie se remettant sur sa bonne conduite et prévoyance.
1041Lui sera mandé qu’on lui envoie par Gandouin la continuation de lieutenant général des îles de l’Amérique, et recommande la décharge et recharge du navire dudit capitaine fretté par la Compagnie.
1042Du XXXIe mai 1642.
1043La Compagnie, après avoir vu le brevet du XVIIIe janvier MVICXLII accordé au sieur de La Poignière portant permission de vendre ou faire vendre le pétun en détail au dessous de XX livres dans les côtes de Picardie, Normandie, Bretagne, Poitou, Aunis et Guyenne à l’exclusion de toutes provinces, a résolu de s’opposer à l’expédition des lettres et à l’introduction d’une nouveauté préjudiciable à la liberté du commerce et à l’établissement des colonies françaises dans les Indes occidentales.
1044La Compagnie a agréé la police d’assurance à raison de quinze pour cent faite à Rouen le Xe mai dernier par le sieur Rozée sur le navire et marchandises envoyées par le navire du capitaine Gandouin suivant son connaissement du XXVIe mars aussi dernier, pour la somme de six mille livres faisant partie de la somme de XIII mille VIII cents livres contenues en ladite assurance, à raison de XIIII mille livres pour lesquelles ladite Compagnie est intéressée audit embarquement du capitaine Gandouin.
1045Sera expédié commission au sieur [un blanc] pour faire [p. 428] la charge de juge en l’île Saint-Christophe qu’exerçait le défunt sieur Regnoul, et ce pour trois ans seulement, à raison de XII cents livres de gages et les exemptions ordinaires par chacun an avec son passage franc et celui de trois hommes dont la Compagnie le gratifie.
1046La Compagnie a vu et agréé les comptes dudit embarquement du capitaine Gandouin et rendus tant par Denis de La Rochelle que par le sieur Rozée.
1047Comme aussi a été agréé le compte rendu par monsieur Berruyer des deniers appartenant à la Compagnie depuis le premier mars MVICXXXV jusqu’a dernier mars MVIC quarante-deux, et résolu qu’il sera signé par les directeurs d’icelle.
1048A été résolu que les comptes de Couette et Manicher seront arrêtés par messieurs de Loynes et Berruyer.
1049La Compagnie a prié monsieur Berruyer de porter la foi et hommage au roi qu’elle est tenue faire à sa majesté pour raison de la concession qui lui a été faite desdites îles.
1050Du vingt-sixième juin 1642, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1051Ont été assemblés ledit sieur Daligre, messieurs Foucquet et Ricouart, maître des requêtes, monsieur Ladvocat, maître des comptes, et messieurs Berruyer, Chanut et de Loynes, tous associés des îles de l’Amérique.
1052Monsieur Berruyer a présenté un contrat passé par-devant Cousinet et Galloys, notaires au châtelet de Paris, le XVIe juin MVICXLII, par lequel Pierre Cavelet, écuyer, sieur de Herteley, [p. 429] cède et transporte à Sébastien Cazet, conseiller du roi, contrôleur général des sorties de Champagne et Picardie, deux quarante-cinquièmes en ladite Compagnie des îles. Ladite Compagnie a agréé ledit contrat, ordonné qu’il sera enregistré, et ledit sieur Cazet admis et reçu en ladite Compagnie aux charges ordinaires d’entretenir les articles de société et délibérations d’icelle.
1053La Compagnie, en procédant à la révision des comptes rendus par le feu sieur du Herteley pour les années 1638 et suivantes, a trouvé y avoir deux doubles emplois et erreurs de calcul fait par ledit feu sieur du Herteley de plus de IIII milles livres. Sur quoi a été résolu que le sieur du Herteley fils en sera averti pour visiter avec lui lesdits doubles emplois et erreurs de calcul, et payer ce qu’il devra à ladite Compagnie.
1054Sur ce qui a été remontré que les sieurs de La Tour, Filland, La Garenne et plusieurs autres Français ont été pris des Turcs et menés à Alger, a été arrêté qu’il sera donné six cents livres sur ce que doit monsieur du Herteley pour les officiers de la Compagnie pour être distribué et envoyé audit Alger pour le rachat desdits ci-dessus nommés et autres, ainsi qu’il sera avisé par les sieurs de Loynes et Berruyer, à raison de CL livres pour chacun.
1055A été résolu qu’il sera parlé à monsieur le chancelier pour la rémission de La Fontaine, et qu’en cas qu’il fasse refus de l’accorder, lui sera baillé lettres de permission de la Compagnie pour retourner à Saint-Christophe et y demeurer librement jusqu’à ce que la Compagnie ait les informations sur la mort de Lefebvre, notaire audit Saint-Christophe, et qu’elle envoie ses ordres sur ladite mort.
1056A été fait lecture de la relation envoyée par monsieur de [p. 430] Poincy, et arrêté qu’il sera écrit audit sieur de Poincy pour rétablir les pères capucins dans la fonction des choses de la religion pour les raisons qui seront étendues dans la lettre.
1057Sera écrit à Dieppe au sieur Ribault pour lui proposer s’il veut aller à Saint-Christophe exercer la charge de procureur fiscal pour un an aux gages de VIII cents livres en argent pour après ledit temps être établi juge audit lieu.
1058Sera écrit au sieur de Poissonville s’il veut accepter la commission générale de l’île de Saint-Christophe.
1059A été résolu de mander au sieur de Poincy que l’on trouve sa proposition bonne de faire travailler à la confection des sucres à Saint-Christophe, et que la Compagnie entrera en part avec lui, et sera prié d’envoyer un état de la dépense à faire.
1060Vu la requête présentée à la Compagnie des îles de l’Amérique par Guillaume Tabouelle dit La Fontaine, enseigne d’une compagnie à Saint-Christophe pour pouvoir obtenir rémission de la mort arrivée à Pierre Lefebvre, notaire audit lieu, dans la dispute qu’ils auraient eu ensemblement au mois de juin 1641, ladite Compagnie désirant être plus particulièrement informée de ladite mort par les informations qui y ont été faites par-devant les juges dudit Saint-Christophe, et ayant égard à la supplication dudit La Fontaine, lui a cependant permis retourner en ladite île Saint-Christophe avec sa famille et biens pour y faire travailler, ainsi qu’il faisait avant le décès dudit Lefebvre, pour raison duquel toutes poursuites seront tenues en surcéans jusqu’à autre ordre de ladite Compagnie.
1061A été arrêté qu’au lieu du vingtième que payent les habitants de Saint-Christophe à chacune vente qui se fait de leurs habitations, ils ne payeront dorénavant que le trentième, et en cas qu’une habitation soit vendue plusieurs fois en un an, l’on ne payera qu’une fois ledit XXXe pour toutes les ventes de ladite année, et pour de plus en plus gratifier lesdits habitants, la Compagnie se contente qu’ils payent la moitié du prix des promesses et obligations par eux faites pour le passé jusqu’à ce jour pour raison desdits vingtièmes, et qu’il sera dressé une ordonnance qui sera envoyée et publiée.
1062Sera écrit à monsieur de Poincy que l’on n’a point su la gratification qu’il a faite à feu Merlin allant à la Guadeloupe, dont il sera remercié.
1063[p. 431] Que l’on sera éclairci du procédé que l’on a tenu des juges et de ceux que l’on envoie.
1064Sera parlé aux révérends pères jacobins afin de ne passer à la Dominique, ni ailleurs, sans l’aveu du gouverneur.
1065Sera écrit au sieur Aubert sur le sujet de la barque qu’il a vendue.
1066Qu’il sera envoyé un commis général à la Guadeloupe.
1067Que les commissions de Phillebert et de Mauger seront vues qui se plaignent de retranchement.
1068Qu’il sera baillé commission à du Saussay de commis particulier à Saint-Christophe.
1069Sera écrit à monsieur de Poincy que la Compagnie a vu l’inventaire envoyé par du Saussay fait après le décès de feu Merlin, et qu’elle trouve étrange qu’il y ait si peu vu la quantité des choses envoyées pour les habitations et pour vêtir les Nègres.
1070Du jeudi cinquième décembre 1641, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1071Ont été assemblés ledit sieur Daligre, messieurs Foucquet, maître des requêtes, Berruyer, Chanut et de Loynes, directeurs et associés des îles de l’Amérique.
1072Sur la requête présentée par Marie Maugendre, femme de Antoine Gallois dit La Verdure, chirurgien en l’île Saint-Christophe, contenant qu’elle se serait employée du consentement de la Compagnie à envoyer plusieurs hommes, femmes et filles auxdites îles pour demeurer en icelles et y être mariées ainsi qu’il a été fait avec honneurs, avantages et augmentation desdites îles, dont elle n’a eu aucune récompense de la Compagnie, la suppliant de lui donner ce qu’il lui plaira pour subvenir au voyage qu’elle [p. 432] a dessein de faire auxdites îles, et y conduire encore plusieurs hommes et filles d’honneur qui y veulent passer.
1073La Compagnie a arrêté qu’il sera donné par gratification à ladite Maugendre deux cents livres pour passer auxdites îles.
1074Sur la requête présentée par le sieur Chirat tendant à ce qu’il plût à la Compagnie le gratifier du don des biens confisqués sur le nommé Guillaume Fessart, habitant de la Martinique, par jugement de mort rendu le [un blanc] jour du mois de [un blanc] MVIC [un blanc], moyennant laquelle confiscation il quitterait à la Compagnie tous les dommages et intérêts qu’il prétend contre elle à faute de n’avoir pu être reçu en la charge de juge de l’île de la Martinique.
1075La Compagnie, pour bonne considération, a donné et donne par ces présentes audit Chirat l’habitation ci-devant possédée par ledit Guillaume Fessart, située sur le morne appelé [un blanc] en ladite île de la Martinique et à elle appartenante par droit de confiscation au cas que par les officiers et commis de ladite Compagnie, il n’ait été disposé de ladite habitation, et où elle aurait été vendue au profit de la Compagnie, en ce cas, icelle Compagnie donnera audit Chirat trois mille livres de pétun à prendre en l’île de la Martinique dont sera donné avis au sieur du Parquet.
1076Sur ce qui a été remontré à la Compagnie par Vincent Fougeron, naguère commis général d’icelle en l’île Saint-Christophe, qu’il aurait dessein de repasser aux îles mais il appréhende que le juge dudit Saint-Christophe ne s’inquiète pour raison de la mort d’un sien serviteur dont il aurait information faite contre lui par ledit juge qui nous aurait été envoyée, requérait qu’il nous plût faire défense audit juge de Saint-Christophe et autres qu’il appartiendra de la poursuivre, ni l’inquiéter, pour raison de la susdite information. La Compagnie, [p. 433] ayant voulu certification attachée à la requête dudit Fougeron, a arrêté qu’il sera écrit en faveur dudit Fougeron à monsieur de Poincy et au juge de Saint-Christophe, qu’il ne permettre qu’il soit inquiété et poursuivi pour raison de la susdite information.
1077A été arrêté qu’il sera envoyé un juge à la Martinique auquel on donnera III mille livres de pétun de gages par an avec six hommes exempts des droits dus à la Compagnie.
1078Monsieur Foucquet a remontré que par les articles de société de la Compagnie l’on doit tous les ans faire élection de deux directeurs, mais d’autant qu’en cette assemblée il n’y a nombre suffisant d’associés pour en élire, il serait à propos de remettre ladite élection au jour qui sera avisé que l’on tiendra l’assemblée générale. La Compagnie a arrêté que les directeurs continueront jusqu’au XXIIIe février prochain que l’on tiendra l’assemblée générale auquel jour sera fait élection d’autres directeurs.
1079Monsieur Berruyer a dit que par le compte que Couette a rendu à la Compagnie, il lui demeure redevable de la somme de XV cents livres sur laquelle ledit Couette demandait ses gages et plusieurs voyages qu’il a fait pour la Compagnie, a été arrêté qu’il sera passé audit Couette la somme de six cents livres tant pour ses gages que voyages, et sera sondit compte arrêté par monsieur Berruyer et Chanut, directeurs, lesquels l’ont à l’instant vu et examiné et par l’arrêté duquel s’est trouvé dû la somme de huit cents tant de livres.
1080Monsieur Foucquet a remontré qu’il était nécessaire d’envoyer un homme fidèle dans le vaisseau que la Compagnie désirait envoyer aux îles pour mettre par inventaire toutes les marchandises et munitions que l’on y envoyait et avoir soin d’icelle, et qu’il se présente le sieur [un blanc], homme duquel la fidélité lui était connue qui désirait faire [p. 434] le voyage des îles pourvu que la Compagnie lui donnât honnête appointement. A été arrêté que ledit sieur [un blanc] sera envoyé dans le vaisseau de la Compagnie pour tenir inventaire de toutes les marchandises et munitions qui seront mises dans icelui et avoir soin d’icelles, auquel la Compagnie a accordé la somme de trois cents livres de gages et sa nourriture, et outre, lui sera donné cent livres pour aller à La Rochelle s’embarquer comme aussi lui sera donné par la Compagnie une ample instruction de ce qu’il aura à faire.
1081Sur la demande faite par la veuve de Ousson, maître du navire de la Compagnie durant le voyage qu’il avait fait à Saint-Christophe avant que d’être pris des Dunquerquois, des gages dus à son mari pour sondit voyage, la Compagnie a prié messieurs Berruyer et Chanut de voir et arrêter ce qui en peut être dû pour le payer à ladite veuve.
1082Du vingt-deuxième décembre 1641, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1083Ont été assemblés ledit sieur Daligre, messieurs Foucquet, maître des requêtes, Berruyer, Chanut et de Loynes, directeurs de la Compagnie des îles de l’Amérique, monsieur de Ricouart, aussi maître des requêtes, et de Launay Razilly, associés d’icelle.
1084Sera expédié au sieur Aubert ce qui lui a été accordé avec ordre au sieur Manicher à Dieppe de lui envoyer pour environ cent livres de traite pour les Sauvages qui le viennent visiter.
1085Sera écrit audit sieur Aubert de parler au charpentier échappé de Cuba pour essayer de le persuader de demeurer pour charpentier en l’île de la Guadeloupe et lui donner bons gages.
1086[p. 435] Ledit sieur Aubert fera faire un magasin pour les pétuns de la Compagnie et contenus les travaux publics tant des corps de garde qu’autres.
1087Sera écrit au sieur du Parquet et officiers qu’ils ne détournent point ceux qui veulent passer à la Guadeloupe et n’en décrier l’île.
1088Sera envoyé des ouvriers à la Guadeloupe hommes, femmes et filles, le plus qu’il se pourra.
1089Sera fait recherche d’hommes entendus et qui veuillent entreprendre à faire des sucres dans ladite île de la Guadeloupe, lesquels seront gratifiés par la Compagnie, et pour cet effet, en cas qu’il se trouve quelqu’un qui y veuille aller travailler, l’on récompensera le sieur Trézel de sa marchandise en ladite Guadeloupe.
1090A été arrêté par la Compagnie qu’elle ne peut accorder que le sieur de La Vallée fasse du pétun contre les défenses.
1091Le père provincial des jésuites sera sollicité pour donner les deux pères jésuites qu’il a promis, auxquels sera distribué IIII cents livres pour se pourvoir des choses plus nécessaires, outre les deux cents livres qui leur ont été payées il y a environ deux mois.
1092La Compagnie a approuvé le traité fait par monsieur de Poincy avec le sieur de Lolive pour lui donner VIXX mille livres de pétun en quatre années qu’il en fera tant pour gratification que pour le payement de toutes ses habitations, et ce faisant toutes les habitations, armes, canons et autres ustensiles demeureront au profit de la Compagnie avec la disposition du gouvernement, ladite Compagnie déchargeant ledit sieur de Lolive des conditions auxquelles il était obligé vers elle.
1093[p. 436] A été arrêté qu’il sera envoyé commission de peseur de pétun au nommé Bernard Forton en l’île de la Guadeloupe.
1094La Compagnie ayant mis en considération la prière qui lui a été faite par monsieur le commandeur de Poincy eu égard au nombre d’enfants demeurés à la veuve de Lefebvre, tué en duel dans l’île Saint-Christophe, elle lui a remis et donné volontairement la confiscation des biens meubles et immeubles dudit Lefebvre par sentence du [un blanc] jour de [un blanc] 16 [un blanc] et d’autant que l’enseigne qui a tué ledit Lefebvre était agresseur, ladite Compagnie a remis à être plus particulièrement informé du duel auparavant que de déclarer sa volonté sur la confiscation des biens dudit enseigne.
1095Sera donné aux nommés Thibault 150 livres, et à Degays 36 livres, que monsieur Berruyer leur payera pour leur voyage de l’île de Ré à Paris où ils ont été mandés pour affaires importants à la Compagnie.
1096Étant nécessaire d’envoyer deux femmes sur le navire du capitaine Gandouin à La Rochelle, a été résolu que le sieur Marivet sera arrêté pour l’un desdits commis auquel sera donné IIII cents livres pour aller et venir, et III cents seulement en cas qu’il ne retourne et demeure audit pays suivant l’ordre qui lui a été donné, et pour l’autre commis, sera baillé III cents pour son voyage.
1097Sur ce qui a été représenté par monsieur Rozée que le sieur Aubert, auparavant son département pour la Guadeloupe, aurait acheté du sieur Deslandre deux pierriers avec trois boîtes moyennant LXVI livres pour se servir à la Guadeloupe à mettre sur la barque, de laquelle somme [p. 437] ledit sieur Deslandre demandait payement suivant la lettre dudit sieur Aubert datée de Dieppe du deuxième juillet 1640, la Compagnie, vu la modicité de la somme, a prié monsieur Berruyer de payer lesdits LXVI livres audit Deslandre.
1098A été arrêté qu’il sera fait défenses dans les vaisseaux qui iront aux îles à tous passagers et équipage dudit vaisseau, de ne méfaire, ni médire aux femmes et filles qui y passeront à peine au capitaine dudit vaisseau d’en répondre en son propre et privé nom.
1099Du vingt-huitième septembre MVICXLII51.
1100Sur les demandes des révérends pères jésuites de la Martinique, leur est accordé cinq cents livres pour établir et meubler leurs habitations en ladite Martinique qui leur seront payés présentement comptant par monsieur Berruyer.
1101Sera payé par la Compagnie le passage de deux ou trois pères et deux serviteurs dans les navires étant à Dieppe prêt à partir pour les îles.
1102Est accordé que pour les nécessites desdits pères, ils prendront par chacun an du pétun appartenant à ladite Compagnie en ladite île jusqu’à IIII cents francs selon la valeur du pays, pourvu qu’ils soient six prêtres, et en outre, sera payé en France par ladite Compagnie, ès mains du procureur de la mission desdits pères, deux cents francs en argent pour leur envoyer en ladite île les choses nécessaires.
1103Sera pourvu au passage des pères, selon le temps, et de leurs serviteurs jusqu’à ce que l’on leur ait baillé des Nègres, qui sera lorsqu’il en viendra en l’île.
1104[p. 438] Sera mandé aux commis d’exempter des droits huit serviteurs, si tant il y en a en la principale habitation, et quatre en l’autre.
1105Et écrit aux prêtres ou au commis pour leur faire savoir que la Compagnie entend qu’ils soient dépendants des dits pères jésuites et n’être reçu en ladite île qu’à cette condition.
1106La Compagnie a ordonné et ordonne que dorénavant les juges par elle commis èsdites îles, lorsqu’il s’agira du jugement des procès criminels, appelleront avec eux jusqu’à six des principaux officiers ou habitants de l’île s’y faire ce peut.
1107Du seizième décembre MVICXLII, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1108Ont été assemblés messieurs Foucquet et de Ricouart, maîtres des requêtes, Berruyer, Chanut et Cazet, associés de la Compagnie des îles de l’Amérique.
1109Lecture faite des lettres de monsieur de Poincy, de Marivet, du Saussay et Girault, par lesquelles la Compagnie ayant appris la perte arrivée à la rade de Saint-Christophe de vingt-huit vaisseaux, de plusieurs cases, vivres et pétuns de ladite île.
1110A été résolu pour empêcher que les habitants ne demeurent dans la nécessité de toutes choses, n’y ayant pas apparence qu’aucun vaisseau y aille de longtemps, de renvoyer au plus tôt un vaisseau que la Compagnie frettera jusqu’à cent tonneaux ou environ52.
1111A été résolu que l’on poursuivra un arrêt du conseil de renvoi au Grand conseil du procès de Manicher de Dieppe en conséquence de l’édit de la Compagnie.
1112Pour écrire les difficultés qui pourraient survenir entre la Compagnie et le sieur Rozée, marchand à Rouen, sur le compte du provenu du retour du navire du capitaine Gaudouin, d’autant que tous les pétuns de son rapport ne proviennent pas des effets de la traite envoyée aux îles dans ledit navire et qu’il y en a une partie qui revient à la Compagnie à cause [p. 439] de ses droits, et qu’il est encore dû audit pays par plusieurs particuliers pour les marchandises qu’ils ont eus, la Compagnie a résolu que les sieurs directeurs traiteront avec le sieur Rozée pour les XVIII mille livres par lui fournis pour ledit embarquement dans le navire dudit Gaudouin, et attendu le rehaussement du prix desdits pétuns à cause de la perte des vaisseaux arrivés aux côtes des îles, lui accorderont pour tout profit la somme de XVIII mille livres outre son capital, moyennant laquelle il se départira de tout ce qu’il pourrait prétendre du provenu dudit embarquement et en fera cession à ladite Compagnie.
1113Le sieur Chaumont, envoyé par le sieur de Poincy à la Guadeloupe pour y faire fonction de commis après le décès du sieur Tesson, ne donnant pas entière satisfaction à la Compagnie, le sieur de Marivet sera envoyé en ladite île pour commis général, et lui sera baillé commission pour faire la charge de procureur fiscal pendant trois années.
1114Monsieur Berruyer est prié d’emprunter vingt-quatre mille livres pour payer le fret et les droits des pétuns du vaisseau de Gaudouin, lesquels seront acquittés des premiers deniers provenant de la vente desdits pétuns.
1115A été résolu que messieurs de la Compagnie seront assemblés à lundi prochain.
1116A été résolu que la Compagnie entreprendra la manufacture des sucres en l’île de la Guadeloupe, et pour cet effet, entrera dans la dépense nécessaire à cet établissement, que les sieurs directeurs donneront ordre à envoyer dès l’année présente, et le plus tôt que faire se pourra, jusqu’à soixante Nègres et quarante ou cinquante artisans de tous métiers nécessaires à la construction des bâtiments, halles et magasins, culture des cannes et autres ouvrages concernant ladite entreprise, chercheront quelque personne de considération à laquelle ils puissent confier la direction de ce dessein dans ladite île, et pour l’y [p. 440] inviter, pourront donner à celui qu’ils choisiront pour la conduite de l’entreprise et à quelques officiers de ladite île pour l’assister et favoriser, jusqu’à la cinquième partie du profit qui en reviendra ou par d’autres conditions.
1117Et sur ce que lesdits sieurs directeurs ont proposé que le sieur Houël, sieur du Petit-Pré, pourrait accepter la charge de conduire la dite entreprise dans la Guadeloupe s’il y était envoyé par la Compagnie avec la qualité de gouverneur de ladite île, la Compagnie jugeant qu’elle peut prendre une entière confiance audit sieur Houël et que, pour l’avancement du dessein, il est nécessaire que le commandeur de l’île et celui de la famille qu’elle entretiendra pour la confection des sucres ne peut être décidé sans jalousie et sans inconvénient, a prié lesdits sieurs directeurs de ménager la bonne volonté dudit sieur Houël par les offres de conditions autant avantageuses qu’il saurait désirer.
1118Du mardi XXIIIe décembre MVIC quarante-deux, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1119A été tenue l’assemblée générale de la Compagnie des îles de l’Amérique où étaient ledit sieur Daligre, messieurs Foucquet, maître des requêtes, Berruyer, Chanut et de Loynes, directeurs, Mulot, d’Eragny, conseiller du roi en sa cour de parlement, de Launay Razilly et Cazet, tous associés èsdites îles.
1120Monsieur Berruyer a dit qu’une grande partie des pétuns de la Compagnie avaient été vendus à La Rochelle par le sieur Denis à 34 et 35 le cent. A été arrêté qu’il sera mandé audit sieur Denis qu’il ne le donne que de XLVII à L livres au meilleur ménage qu’il pourra, et en détail n’en donnera qu’à 49 ou 50 livres.
1121Ledit sieur Berruyer a dit que Manicher lui a écrit que l’on voulait donner 45 livres du cent de pétun. A été arrêté qu’après [p. 441] l’obtention de l’arrêt du conseil portant renvoi au Grand conseil de l’instance dudit Manicher, sera envoyé copie dudit arrêt au sieur Rozée pour le faire signifier, et au même temps lui sera donné avis que la Compagnie juge à propos de terminer cette affaire, pourvu que ce soient conditions raisonnables jusqu’à 42 ou 45 livres le cent de pétun.
1122Les sieurs directeurs ayant représenté que par la revue des comptes rendus par le feu sieur du Herteley, l’un des associés, ils ont trouvé que, par inadvertance et erreur de calcul, il y a eu mécompte au préjudice de la Compagnie d’environ IIII mille livres, dont ils ont fait voir les extraits, et après plusieurs conférences avec ledit sieur du Herteley fils, l’ont fait demeurer d’accord desdites erreurs, en sorte qu’il est convenu de payer la somme à quoi elles montent, pourvu que les comptes soient bien et valablement déchargés. La Compagnie, satisfaite de la diligence desdits sieurs directeurs en la révision des comptes, a agréé qu’ils donnent quittance audit sieur du Herteley de la somme qu’il payera suivant ledit mémoire portant en outre une décharge générale et apurement de tous les comptes rendus par le feu sieur du Herteley son père.
1123Ensuite de la délibération du XVIe décembre dernier, le sieur Berruyer a présenté à la Compagnie le contrat fait entre les directeurs et le sieur Rozée, marchand à Rouen, par lequel la Compagnie lui donne XVIII milles livres de profit pour tout ce qu’il pouvait prétendre à cause de la société qu’il avait eu avec la Compagnie dans l’embarquement fait à La Rochelle dans le navire de Gaudouin. Ladite Compagnie a agréé et approuvé ledit contrat.
1124Sera présenté requête au Grand conseil pour avoir commission pour informer contre le sieur Amador de Modica à cause de VI milliers de pétun qu’il a enlevés du magasin de la Compagnie à La Rochelle, et le faire assigner pour voir dire que le prix dudit pétun sera imputé sur le remboursement des [p. 442] parts qu’il a en la Compagnie, et outre, répondra aux conclusions qui seront contre lui, prises par lesdits directeurs.
1125Le sieur de Razilly ayant demandé le passage gratuit pour une jeune fille qui désire passer aux îles, la Compagnie l’a accordé en considération dudit sieur de Razilly.
1126Quelques-uns de la Compagnie ayant reçu plainte que les religieux dominicains en la Guadeloupe avaient quelques fois souffert de grandes nécessités, a été résolu qu’il sera écrit au commis de ladite île d’assister et soulager lesdits pères.
1127Messieurs Foucquet et de Loynes ayant fait la charge de directeurs pendant les deux années dernières ont été remerciés par la Compagnie des soins et de l’assistance qu’ils y ont rendus, et suivant l’ordre et règlement de la Compagnie ayant été procédé à l’élection de nouveaux directeurs, messieurs de Ricouart et Chanut ont été nommés et priés de prendre la charge de directeurs pour les deux années suivantes, ce qu’ils ont accepté, et sont demeurés encore en ladite charge pour une année messieurs Berruyer et Ladvocat.
1128Et sur ce qui a été remontré que depuis quelques mois, les jours d’assemblées ayant été remisés par l’occasion de quelques affaires survenues à plusieurs de la Compagnie les assemblées s’étaient trouvées à moindre nombre qu’à l’ordinaire.
1129A été résolu que dorénavant la Compagnie s’assemblera tous les premiers mercredis de chacun mois sans remise en la maison de monsieur Daligre à huit heures du matin, et qu’en chacun jour d’assemblée, sera distribué entre les présents une douzaine de livres de cire blanche, et d’autant que le sieur Rozée, l’un des associés résidant à Rouen, correspond continuellement avec les directeurs pour les affaires de la Compagnie, il aura sa distribution d’une livre de cire par chaque assemblée comme s’il était présent.
1130[p. 443] Du mercredi septième janvier 1643, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1131Ont été assemblés ledit sieur Daligre, messieurs de Ricouart, Berruyer et Chanut.
1132Sur les requêtes présentées par le capitaine Flament, sera écrit en sa faveur au sieur Aubert en l’île de la Guadeloupe et au sieur de Leumont, intendant général des affaires de la Compagnie pour Saint-Christophe.
1133Lui sera expédié permission de faire de l’eau-de-vie durant trois ans, sans préjudicier à la liberté publique d’en faire à l’ordinaire, et d’en porter de France aux îles.
1134Sera cherché personne capable pour l’envoyer juge souverain dans les îles, et pour cet effet, prendre provision du roi sur la présentation de la Compagnie, à la charge de résider à la Guadeloupe avec pourvoir d’aller dans les autres îles quand bon lui semblera.
1135Les rafraîchissements seront envoyés à Saint-Christophe par les navires prêts à partir de Dieppe.
1136Sera écrit à tous les commis de la Compagnie de vendre les pétuns au prix qu’ils pourront.
1137Sera écrit à monsieur de Rozée de vendre les pétuns qui sont à La Rochelle s’il s’offre marchands à condition qu’ils ne se rencontrent, vendus par le sieur Denis à La Rochelle.
1138Sera fait marché pour soixante Nègres à 200 francs chacun avec monsieur Rozée aux conditions du mémoire et donné ordre de leur délivrance au pays à monsieur Aubert, en cas que monsieur Houël ne fut arrivé.
1139Du quatrième février 1643.
1140Sur le rapport fait à la Compagnie par le sieur de Loynes, [p. 444] l’un des associés de la Compagnie, qu’ayant vu le sieur Amador de Modica, il lui aurait dit que messieurs de la Compagnie auraient trouvé bien étrange le procédé dont il a usé à l’endroit du sieur Denis, leur commis à La Rochelle, pour la recette de leurs droits, en ce qu’il l’aurait contraint par voie de fait et rupture des magasins où étai [en] t leurs pétuns de lui donner six milliers de pétun sur la part du profit qu’il prétend avoir en ladite société, à quoi ledit sieur de Modica aurait réparti qu’il n’avait fait aucune violence mais bien avoir prié ledit sieur Denis de lui délivrer lesdits VI milliers de pétun dont il tiendrait compte à ladite Compagnie, et qu’il la priait de l’excuser.
1141Il est arrêté que dans quinze jours ledit sieur de Modica sera tenu de rendre et remettre entre les mains de monsieur Berruyer, l’un des directeurs de la dite Compagnie, lesdits six milliers de pétun ou la valeur d’icelui, à raison de 45 livres le cent, autrement et à faute de ce faire dans ledit temps et icelui passé, que l’instance criminelle contre lui encommencée au Grand conseil sera poursuivie.
1142Que la Compagnie agrée le marché fait pour les Nègres avec le capitaine Durant53 moyennant deux cents livres pour chacun Nègre, et trouve bon que les sieurs Berruyer et Chanut prennent chacun un seizième avec ledit capitaine Durant pour et au profit de la Compagnie, laquelle a remercié les dits sieurs et a consenti qu’il leur demeure pour informer la Compagnie de la sorte dont ils auront usé dans la charge et conduite desdits Nègres.
1143Comme aussi, la Compagnie a confirmé et ratifié le traité fait avec maître Mathurin Pellé, pour l’affrètement du navire nommé la Petite-Notre-Dame de Honfleur pour les îles de Saint-Christophe.
1144[p. 445] Du IIIIe jour de mars 1643. Au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1145Ont été assemblés ledit sieur Daligre, Berruyer, Chanut, Rozée et Cazet, associés.
1146Que la Compagnie trouve bon que monsieur de Poincy, pour au nom de ladite Compagnie, accepte la déclaration que font les Irrois54 de se donner à eux en se soumettant sous la protection du roi, et sous cette condition, monsieur de Poincy leur enverra telle personne qu’il jugera capable pour les gouverner et commander sans néanmoins qu’on fasse aucune défense qui tourne à la charge de ladite Compagnie, les Irrois étant obligés de no[u]rrir, entretenir et défrayer celui qui les commandera.
1147Prendra garde aussi de ne leur donner aucunes armes et munitions de guerre de crainte de dégarnir les îles et de les affaiblir.
1148Monsieur de Poincy se souviendra qu’il lui plaît que l’intention de la Compagnie est de se rendre maître de la Dominique avec le temps et cependant prendre soin qu’aucuns desdits étrangers et autres ne l’occupent.
1149A été arrêté que les notaires ne pourront prendre plus de vingt sols pour les expéditions d’un contrat quand le lieu sera plus éloigné à proportion du temps.
1150Sera néanmoins écrit au juge qu’il nous mande son avis sur ce sujet et cependant qu’il sursoie toutes poursuites contre les habitants pour raison desdits salaires.
1151Monsieur Houël sera envoyé gouverneur de l’île de la Guadeloupe et sa commission expédiée.
1152Monsieur Houël donnera son avis sur la création de l’aide-major en la Guadeloupe.
1153[p. 446] Sera envoyé de la poudre en la Guadeloupe.
1154Sur l’affaire des pères capucins, a été différé d’en délibérer jusqu’après avoir ouï le capucin qui est retourné
1155Et de même sur l’établissement d’un collège à Saint-Christophe.
1156La Compagnie a agréé que le sieur Chanut, traitant avec monsieur Amador de Modica de ses parts en la Compagnie, payera pour ledit sieur de Modica les VI milliers de pétun qu’il avait pris à La Rochelle au prix de XXXVIII livres le cent ainsi que ledit sieur de Modica l’a vendu.
1157Du mercredi premier avril 1643, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1158Ont été assemblés ledit sieur Daligre, messieurs Foucquet et de Ricouart, maîtres des requêtes, Berruyer et Chanut, et d’Eragny, associés des îles de l’Amérique.
1159Monsieur de Ricouart a présenté un contrat de l’acquisition faite par monsieur Foucquet de deux part faisant partie de quarante-cinquième qui sont à présent en la Compagnie de madame de Guénégaud et de ses enfants, ledit contrat passé par devant Bergeon et Cousinet, notaires, le deuxième janvier 1643, requérant le recevoir et admettre en ladite Compagnie et ordonner que ledit contrat sera enregistré.
1160A été arrêté que ledit sieur Foucquet sera reçu en ladite Compagnie et son contrat enregistré au greffe de la Compagnie à la charge d’entretenir par lui les articles de société et les délibérations de la Compagnie.
1161Ledit Ricouart a aussi présenté un autre contrat de l’acquisition faite par ledit sieur Foucquet de la dame de Guénégaud et de messieurs ses enfants, de la somme de 1500 livres qui avait été payé à feu monsieur de Guénégaud pour monsieur de Druy ès mains du sieur Cavelet à cause des part qu’icelui sieur avait en la Compagnie des îles de l’Amérique, lequel contrat il requérait être enregistré.
1162A été arrêté que ledit contrat sera registré, et ledit sieur Foucquet admis et reçu en ladite Compagnie, et ordonne qu’il entretiendra [p. 447] comme dessus les articles de société et délibérations de la Compagnie.
1163Ledit sieur de Ricouart a aussi présenté un autre contrat passé par-devant Bergeon et Cousinet, notaires, le XIIIe mars 1643, de l’acquisition faite par Pierre Daniau, écuyer, seigneur et châtelain de Saint-Gilles-La Cove et autres lieux, de monsieur Foucquet, maître des requêtes, d’un quarante-cinquième desquelles la Compagnie est composée, laquelle part feu monsieur Foucquet, conseiller d’État, père, avait acquise de monsieur de Le Royer, requérait ledit sieur de Saint-Gilles être admis et reçu en ladite Compagnie et son contrat registré.
1164A été arrêté que le dit sieur de Saint-Gilles sera admis et reçu en ladite Compagnie et son contrat enregistré au greffe des îles de l’Amérique à la charge d’entretenir par lui les articles de société et délibérations de la Compagnie.
1165Monsieur Berruyer a pareillement présenté un contrat passé par-devant Bergeon et Cousinet, notaires, le XXIe mars 1643 portant cession et transport fait par monsieur Chanut à Charles Houël, écuyer, sieur du Petit-Pré, d’une quarante-cinquième part en la société des îles de l’Amérique appartenant audit sieur Chanut, comme ayantdroit par déclaration de Antoine Cheffault, sieur de la Regnardière, passée par-devant les mêmes notaires le XVIIe des présents mois et an, auquel le sieur Cheffault ladite 45e part, avec une autre, avait été vendue par Amador de Modica, chevalier, seigneur de la Garde-aux-Vallets, par contrat du même jour par-devant lesdits notaires, auquel elles avaient été cédées et transportées par le sieur Loyau, bourgeois de La Rochelle, lequel contrat ledit sieur Houël requérait être enregistré et reçu en la Compagnie.
1166A été arrêté que ledit sieur Houël sera admis et reçu en ladite Compagnie et sondit contrat enregistré au greffe d’icelle, à la charge d’entretenir les articles de société et délibérations de la Compagnie, et d’autant qu’il a été délibéré de donner audit sieur Houël, commission de la Compagnie pour commander à la Guadeloupe. A été ordonné que ledit sieur Houël en qualité [p. 448] d’associé ne pourra en ladite île prétendre de disposer d’aucuns des effets de ladite Compagnie, ni prendre aucune part en iceux que suivant les délibérations et partages qui en seront faits par les directeurs à Paris.
1167Ont été levés les commissions que la Compagnie donne audit sieur Houël pour la Guadeloupe, et du Parquet pour la Martinique, en qualité de sénéchaux desdites îles, et a été résolu qu’elles seront expédiées et scellées.
1168Ne se présentant marchands à La Rochelle pour le pétun provenant du retour du capitaine Gaudouin, seront envoyés à Saint-Malo jusqu’à 50 ou 60 milliers de pétun pour éprouver s’il y aura meilleure vente, et ce en cas de commodité du fret par vaisseaux qui aillent audit Saint-Malo et escorte d’autres vaisseaux.
1169Les comptes des commis de Dieppe et Saint-Malo seront arrêtés par messieurs les directeurs.
1170Le sieur Berruyer écrira au nommé Saint-André de payer par chacun an II mille livres de pétun au sieur Milet, commis à faire la charge de juge en l’île de la Martinique.
1171Seront expédiées les commissions de juges à Saint-Christophe en la charge que possèdent le feu sieur Regnoul au sieur Caruel, étant présentement procureur fiscal audit Saint-Christophe, et de procureur fiscal en la place dudit sieur Caruel au sieur Chevrollier, procureur au parlement de Paris.
1172Le sieur Mauger, juge en l’île de la Guadeloupe, ayant écrit que pour le jugement des procès criminels, il aurait désiré d’être assisté de quelque nombre des principaux et plus notables habitants de l’île, l’affaire mise en délibération, a été résolu qu’il lui sera expédié pouvoir en forme de commission pour prendre six assesseurs avec lui qui auront voix délibératives en matière criminelle.
1173[p. 449] Le sieur Berruyer ayant proposé qu’il avait dressé le compte de la recette et dépense de la Compagnie depuis le dernier compte général rendu jusqu’à présent, la Compagnie a prié les sieurs de Ricouart et Chanut de voir ledit compte et en faire leur rapport en la prochaine assemblée.
1174Les traités faits par la Compagnie avec le sieur Trézel pour introduire aux îles la manufacture des sucres n’ayant pas eu le succès quelle en devait attendre par la faiblesse et mauvaise conduite des entrepreneurs, pour ne différer davantage un dessein si avantageux pour sa colonie, la Compagnie, ayant résolu d’entrer elle même en cette dépense en ayant considéré la Guadeloupe comme celle de toutes les îles qui est la plus propre à la nourriture des cannes, elle veut y établir ladite manufacture, et pour cet effet, dès à présent y envoie le nombre des ouvriers et artisans qu’elle a jugé nécessaire et même donné ordre pour la charge des Nègres, et afin que tout soit conduit a un bon effet, a été résolu :
1175Que monsieur Houël, outre la charge de gouverneur de la Guadeloupe, prendra le soin et la direction entière de la famille que la Compagnie entretiendra en ladite île pour la confection des sucres, donnera les ordres aux commis, ouvriers, conducteurs de Nègres et autres de ladite famille, selon qu’il jugera le plus à propos pour l’exécution dudit établissement de la manufacture des sucres sans que pour la conduite de cette entreprise il soit obligé de suivre les avis d’aucuns autres officiers sur les lieux, la Compagnie s’en remettant totalement à sa prudence et le priant néanmoins d’écouter tout ce qui lui sera remontré par lesdits officiers ou autres personnes intelligentes pour y avoir tel égard que de raison, et de conférer par lettres avec le sieur de Leumont, intendant général des affaires de la Compagnie étant à Saint-Christophe, pour avoir ses avis aux choses importantes.
1176[p. 450] Ledit sieur Houël avancera l’exécution de ce dessein suivant les intentions de la Compagnie qui lui ont été communiquées et l’acheminera par les voies portées en l’instruction particulière qui lui est baillée à cet effet, en sorte néanmoins qu’il ne demeurera point responsable des événements encores qu’il eut changé lesdits ordres, la Compagnie se confiant en lui qu’il y procédera avec prudence et affection.
1177Et afin que le dit sieur Houël ne soit distrait et détourné de l’administration et conduite de cet ouvrage par le soin subsistant et de ses intérêts particuliers, la Compagnie entend que, tant sa personne six soldats auprès de lui, soient nourris aux dépens de ladite Compagnie dans le corps de ladite famille, et de plus, promet fournir à chacun desdits six soldats, la somme de cent livres de gages par chacune année, mais aussi ledit sieur Houël ne pourra acquérir et posséder en ladite île aucun héritage, ni tenir habitation qui ne soit à la Compagnie séparée de celle de la Compagnie en quelque sorte que ce soit, s’il n’en obtient une permission spéciale de la Compagnie.
1178Et d’autant que le sujet de telles entreprises dépend absolument de la vigilance, industrie et valeur des chefs qui les conduisent, la Compagnie accorde audit sieur Houël, en considération des avantages qu’elle attend de sa direction, un dixième franc de tous les sucres qui seront faits et fabriqués par ladite famille en la Guadeloupe tant qu’il y fera séjour en ladite charge, et pour ce que les trois premiers années ne produiront que fort peu de revenu, ladite Compagnie promet audit sieur Houël de lui continuer le même droit de dixième sur tous les sucres manufacturés par ladite famille durant trois années après son départ de ladite île, pourvu qu’il y soit demeuré six années.
1179Pour faciliter l’entreprise par l’assistance du sieur Aubert, [p. 451] lieutenant de la Compagnie en ladite île, et s’aider de l’industrie du sieur Trezel, habitant ladite île, la Compagnie donne pouvoir audit sieur Houël de donner seize cents francs pour les deux, et de plus, promettra faire accorder par la Compagnie exemptions de garde et autres privilèges.
1180Quoique toute l’autorité et commandement en ladite famille soient remis audit sieur Houël et que la Compagnie entende que son commis en ladite famille lui rende toute défense, son intention néanmoins n’est pas que ledit sieur Houël soit chargé et s’entremette de tenir les comptes et livres de raison qui seront ès mains de son commis, lequel, de six mois en six mois, enverra aux dits sieurs directeurs de la dite Compagnie les extraits de sesdits livres et les états des habitations, moulins, terres cultivées, plants de cannes, ouvriers, Nègres, et autres particularité afin que la Compagnie connaisse les progrès qui se feront de temps en temps, et lorsqu’il aura plu à Dieu de bénir l’ouvrage et que le labeur de la famille produira des sucres, les comptes en seront tenus par ledit commis et rendus aux sieurs directeurs de ladite Compagnie.
1181La Compagnie voulant favorablement traiter ledit sieur Houël, lui accorde, sans faire conséquence pour l’avenir en cas semblables, que s’il arrive quelque vaisseau ennemi échoué aux côtes de son gouvernement ou que la garnison ou habitants de ladite Guadeloupe arrêtent quelques navires des ennemis le long desdites côtes, après que les canons, armes et munitions desdits vaisseaux auront été mis dans les forts et habitations de la Compagnie au profit d’icelle, le surplus sera partagé en trois portions égales, l’une desquelles demeurera à ladite Compagnie, une autre appartiendra audit sieur Houël, et la troisième sera par lui distribuée entre les officiers et habitants, ainsi qu’il verra être raisonnable à proportion de ce qu’ils auront contribués au sauvement ou prise desdits vaisseaux, sans préjudice du droit de monsieur le grand maître sur le tout où il sera dû.
1182[p. 452] Et afin que tous les habitants de la Guadeloupe se portent avec plus d’affection à la culture des cannes, et ayant aucunement égard qu’il y a peu de temps qu’ils sont en pleine liberté du travail, la Compagnie leur accorde qu’ils ne payeront que LX livres de pétun pour homme des droits de la Compagnie durant la première levée qu’ils feront en ladite île après l’arrivée du sieur Houël.
1183Du mercredi dixième mai 1643. Au logis de monsieur D’aligre, conseiller d’État.
1184Ont été assemblés messieurs Foucquet, maître des requêtes, Berruyer, Chanut, de Loynes, Cazet et de Saint-Gilles.
1185Monsieur Berruyer a représenté que le sieur Chanut avait transporté une quarante-cinquième part au sieur Boisseret, conseiller du roi, et correcteur en sa chambre des comptes à Paris, par contrat du XXIIIe avril audit an, et requis la Compagnie d’agréer ledit transport.
1186A été ordonné que ledit sieur Boisseret sera reçu en la Compagnie et que son contrat serait registré, à la charge d’observer les articles d’association et les contrats et arrêts de la Compagnie.
1187Ledit sieur Berruyer a requis l’enregistrement du contrat de donation fait entre vifs par le sieur Mulot, l’un des associés, au sieur de La Cour, conseiller du roi et commissaire des guerres, son neveu, d’une cinquième partie audit sieur Mulot appartenant en deux parts et demie, dont les vingt-deux et demies font le tout, qui est un quarante-cinquième part en la Compagnie.
1188A été ordonné que ledit sieur de La Cour sera reçu en ladite Compagnie et que son contrat serait enregistré à la charge d’observer les articles d’association et les contrats et arrêts de ladite Compagnie.
1189[p. 453] Monsieur de Loynes a fait lecture d’un lettre que le sieur Le Vasseur, commandant à la Tortue, lui a écrite en date du [un blanc] octobre dernier, par laquelle il fait entendre être grandement fortifié et muni de canons, armes et munitions, et qu’il ne tient que de Dieu ladite île et semble n’avoir besoin de personne pour sa conservation.
1190Sur quoi, la Compagnie a résolu d’en donner avis à monsieur de Poincy lequel par ci-devant a fait demander ladite île par son neveu et de la lui offrir pour la tenir en fief de la Compagnie avec quelques petites redevances afin de l’obliger à faire son possible pour se rendre maître de ladite île et en chasser ledit Le Vasseur, qui est de la religion prétendue reformée, et les autres habitants de la même religion, et néanmoins à toutes fins, ledit sieur de Loynes est prié d’écrire audit Le Vasseur pour savoir de lui ce qu’il désirera de ladite Compagnie. Et en outre, sera écrit à monsieur de Leumont de traiter de ladite île de la Tortue avec ledit sieur commandeur de Poincy aux charges et conditions qu’il jugera les meilleures.
1191Le sieur Milet, juge à la Martinique par commission du gouvernement, a prié la Compagnie par ses lettres du mois de janvier dernier de lui accorder une commission de la Compagnie, laquelle lui sera expédiée pour un an seulement aux gages de II mille livres de pétun pour ladite année.
1192Monsieur de Loynes est prié de moyenner composition avec les fermiers des cinq grosses fermes pour les droits d’entrée en France des pétuns de la Compagnie et d’exemption des droits de sorties desdites pétuns qui auront payé les droits d’entrée.
1193Outre ce qui a été payé au menuisier pour les journées qu’il a employées au modèle du moulin à sucre, sera payé pour le fer, bois et façon soixante livres.
1194[p. 454] Sur ce que le sieur de Leumont a mandé de lui envoyer provisions nouvelles pour les notaires et sergents de Saint-Christophe, qu’on lui dit n’être pourvus que pour trois ans qui sont finis.
1195La Compagnie a fait voir les minutes desdites provisions et trouvé qu’elles sont pour tant qu’il lui plaira, et qu’ainsi, il n’y a apparence d’en déposséder les pourvus, si ce n’est après avoir informé de leurs forfaitures ou malversations dont sera donné avis audit sieur Leumont, et de ce que la Compagnie a résolu de les déposséder s’ils ne modèrent leurs salaires, que ledit sieur de Leumont pourra régler avec eux après avoir pris l’avis de monsieur le commandeur de Poincy et des juges.
1196Lecture faite à la Compagnie des lettres écrite par le père Alexis, capucin étant de présent en l’île Saint-Christophe, en date des 29 janvier et 4 février 1643, à messieurs Berruyer et Rozée, a été résolu qu’il sera écrit audit père Alexis de vivre paisiblement et de ne pas suivre les passions des autres de son ordre qui ont été jusqu’à présent en ladite île et de se détromper des prétentions qu’ils s’imaginent avoir pour le spirituel desdites îles, autrement la Compagnie serait obligée de les faire repasser.
1197Écrivant à monsieur de Leumont l’intention de la Compagnie sur les VIXX milles livres de pétun accordés au sieur de Lolive, sera expliqué en faveur dudit sieur de Lolive et de sa femme pour ménager lesdits VIXX milles livres de pétun à leur profit et celui de leurs enfants ainsi comme ils jugeront bon être, et pour éviter toute ambigüité, ledit sieur de Leumont retirera la lettre de la Compagnie écrite audit sieur de Lolive le dernier juillet MVICXLII.
1198[p. 455] Monsieur de Leumont pourra traiter avec monsieur de Poincy au nom de la Compagnie pour l’île de la Tortue sous les conditions suivantes :
1199Ladite île sera baillée audit sieur de Poincy ou celui des siens qu’il lui plaira nommer pour la tenir et relever en plein fief de la Compagnie aux droits, usages et coutumes de la prévôté et vicomté de Paris, et y fera observer les articles et conditions portés en l’édit de la concession desdites îles à la Compagnie.
1200Et moyennant cette concession de ladite île en fief, ledit sieur de Poincy ne pourra prétendre que la Compagnie le rembourse d’aucuns frais et dépenses par lui faites pour l’occupation de ladite île et pour s’en rendre le maître, et même indemniser ladite Compagnie envers ledit sieur Le Vasseur et tous autres qui pourraient prétendre quelque dédommagements pour raison des frais par eux faits en ladite île.
1201Du troisième jour de juin 1643.
1202En l’assemblée de la Compagnie des îles de l’Amérique tenue au logis de monsieur Dalligre, messieurs Daligre, Berruyer, de Loynes, Chanut, Boisseret, Cazet et de La Cour, présents.
1203Monsieur Berruyer nous a représenté le compte arrêté au mois de mai MVICXLII de la recette et dépense faite par Robert Couette, ci-devant commis de la Compagnie au Havre-de-Grâce, par lequel ledit Couette est demeuré redevable envers ladite Compagnie de la somme de IX cent II livres dus pour le payement de laquelle ledit sieur Berruyer aurait envoyé procuration à monsieur de Thouvans, lieutenant en l’amirauté dudit Havre, en vertu de laquelle il aurait poursuivi ledit Couette et sa mère, sa caution, laquelle assistée de ses parents et amis, aurait donné assurance de la somme de cinq cents [p. 456] livres et prié ledit sieur de Thouvans de représenter à la Compagnie sa misère pour obtenir quelque remise sur la dite somme.
1204La Compagnie a remis à ladite veuve la somme de cent livres en payant comptant ès mains dudit sieur de Thouvans la somme de cinq cents livres moyennant quoi, ledit Couette et sadite mère demeureront quites de toutes choses généralement quelconques.
1205Ledit sieur Berruyer a fait savoir à la Compagnie comme toutes les filles prises en la maison de la Providence et quelques autres sont arrivées à Dieppe en faveur desquelles il a plu à la reine de servir aux gouvernements des îles par les vaisseaux qui partiront demain ou vendredi.
1206Le sieur Chanut a apporté lettres de La Rochelle du XXe du mois passé de monsieur Houël donnant avis à la Compagnie qu’il partirait dans huit jours.
1207Du mercredi sixième août MVICXLII, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1208Ont été assemblés messieurs Foucquet et de Ricouart, maîtres des requêtes, de Loynes, du Herteley, de Saint-Gilles et Boisseret, tous associés des îles de l’Amérique.
1209Sur ce qui a été représenté à la Compagnie par Mathurin Pelet, qui lui a fretté son vaisseau nommé la Petite-Notre-Dame de Honfleur, que l’on ne lui aurait baillé audit Honfleur dans sondit navire quelque trente passagers du nombre de quarante qu’il était obligé de porter, lesquels il aurait nourris depuis le XXIIIe jour de mars qu’il serait parti pour La Rochelle jusqu’au XXIIe mai qu’il fit voile dudit lieu, pendant lequel temps il aurait mangé ses victuailles et été obligé les renouveler audit lieu de La Rochelle où il aurait été contraint de relâcher, [p. 457] tant pour être poursuivi par les ennemis que pour avoir eu le vent contraire jusqu’au septième juillet qu’il serait reparti de ladite Rochelle, où pour la troisième fois, il se serait pourvu de victuailles et de beaucoup d’agrès qu’il aurait perdu pendant ce temps, requérant la Compagnie avoir égard à telle dépense suivant les mémoires qu’il offrait donner de ce que lui coûtait toutes choses ou bien au mieux de XXX livres pour chaque passager porté par le marché fait avec lui, il plût à la Compagnie lui payer XLV livres pour chacun des quatre-vingt passagers chargés dans sondit navire.
1210La Compagnie ayant aucunement égard au long séjour fait à La Rochelle, attendant le temps propre pour faire voile, a accordé qu’il sera payé audit Pelet pour la nourriture desdits trente hommes qu’il a apportés de Honfleur à La Rochelle et nourris durant deux mois à la raison de six sols par jour pour homme, la somme de cinq cent quarante livres, et d’autant que la dépense qui a été faite depuis le jour que le navire a fait voile de La Rochelle monte à la somme de mille cinquante-cinq livres quatorze sols six deniers, laquelle se peut estimer avoir été faite pour sauver le navire et marchandises, ladite Compagnie consent à payer les deux tiers et que ledit Mathurin Pelet en soit quitte pour y contribuer un tiers qui serait seulement III cents LI livres XVIII sols VI deniers au lieu de VIII cents X sols VI deniers à quoi revenait le compte fait par ledit Pelet avec les directeurs de la Compagnie pour ce qu’il devait payer de tous lesdits frais d’avoir relâché.
1211Monsieur de Leumont saura de la part de la Compagnie qu’elle ne trouve à propos que les gouverneurs particuliers des îles, les lieutenants généraux d’icelles, ni autres officiers de milice se mêlent en façon quelconque de la justice ordinaire, et que pour pourvoir au public sur les plaintes que plusieurs particuliers ont faites souventes fois contre les juges et leurs ordonnances, elle a de nouveau pourvu de lieutenant et assesseurs, et dans peu de temps s’établiera une justice souveraine desdites îles.
1212[p. 458] Le sieur Leumont sera éclairci de la vérité sur les indices demandés au sieur du Pont par le sieur Berruyer qui lui en fera une lettre en particulier.
1213La commission de receveur des droits domaniaux et féodaux en l’île Saint-Christophe sera envoyée audit sieur de Leumont.
1214Seront expédiés deux offices de notaires et deux de sergents et deux greffiers, et envoyés audit sieur de Leumont.
1215Du mercredi deuxième septembre 1643, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1216Ont été assemblés messieurs Foucquet, et de Ricouart, Berruyer, Chanut, Cazet, de Saint-Gilles, Boisseret, d’Eragny, de Loynes et de La Cour.
1217Ledit sieur Berruyer ayant rapporté à la Compagnie que le sieur de La Vernade, l’un des capitaines à Saint-Christophe, supplie la Compagnie de lui accorder la lieutenance générale de l’île de Saint-Christophe, en laquelle n’a été pourvu depuis que le sieur de La Grange en est parti, de la prétention de laquelle lieutenance, monsieur de Poincy, qui en avait fait pareille demande pour monsieur de Longvilliers, son frère, s’était volontairement départi en faveur dudit sieur de La Vernade, la Compagnie ayant eu en considération la recommandation faite par monsieur le commandeur de Poincy dudit sieur de Longvilliers, son neveu, pour ladite lieutenance générale, et laquelle même avait été expédiée et non envoyée à cause de l’avis que reçut ladite Compagnie que le sieur de Longvilliers était parti dudit Saint-Christophe pour s’aller habituer et prendre charge en l’île de la Tortue, icelle Compagnie n’a pas jugé à propos de donner ladite lieutenance générale audit sieur de La Vernade du service et mérite duquel elle se souviendra aux occasions ; et cependant sera écrit audit sieur commandeur de Poincy [p. 459] de la prétention dudit sieur de La Vernade, pour sa réponse vue, résoudre si elle y mettra lieutenant général ou non.
1218Sera écrit à monsieur de Leumont que la Compagnie agrée les souffrances qu’il a mises sur les comptes de la Martinique pour apprendre aux pères jésuites et officiers qu’il faut que le bien de la Compagnie soit distribué suivant ses intentions, et que les ordres y soient gardés aussi bien qu’aux autres îles y ayant grande apparence, que le canonnier sinon doit être payé des vingt livres qui se sont levés outre les XXX livres du gouverneur.
1219La Compagnie s’étant informée de l’obligation faite à Dieppe de XVIII cents livres de pétun par Barbe Raimon, elle a su que ce n’est pas seulement pour son passage mais pour sa nourriture pendant plus de trois mois qu’il était à Dieppe et achat de quelques hardes, néanmoins, sur la recommandation faite par ledit sieur de Leumont pour la Fontaine d’Aubin, son mari, elle lui remet ladite obligation de XVIII cents livres de pétun pour mille livres, ce qui sera écrit par ledit sieur Berruyer audit sieur de Leumont.
1220Sera expédié commission d’arpenteur à la Guadeloupe au sieur d’Iares avec taxe de XX livres de pétun pour chacune lisière ou habitation, et une commission de notaire.
1221Quand aux fosses de manioc et patates prétendues par ledit d’Iares, Jean Thierry et autres employés pour la no [u] rriture du secours envoyé de Saint-Christophe à la Guadeloupe, il y a eu ordonnance d’en replanter autant aux particuliers que l’on leur en aura pris, ce qui a été exécuté, et partant, n’ont raison d’en prétendre le payement par la Compagnie.
1222[p. 460] Pierre Le Breton, chirurgien, demande neuf cents livres de pétun pour avoir médicamenté Tesson, commis à la Guadeloupe. Ledit sieur de Leumont en fera composition avec lui.
1223Sera envoyé commission de lieutenant civil et assesseur criminel du juge de la Guadeloupe, le nom en blanc, laquelle sera envoyée au sieur de Leumont pour sur icelle donner son avis à monsieur Houël, tant de celui qui y sera pourvu que pour le greffe.
1224Monsieur Rozée envoya l’an passé le navire du capitaine Jacques Ansot, lequel il a renvoyé cette année pour avoir payement et de l’un et de l’autre voyage, et comme ledit Ansot ne revient et que cinq ou six navires flamands sont arrivés en France, il doute de la charge dudit navire Ansot, et a prié la Compagnie le recommander audit sieur Leumont auquel la Compagnie en fera écrire, l’assurant qu’elle agrée tout ce qu’il a fait pour son service et sera prié de continuer.
1225Du mercredi septième octobre 1643, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1226Ont été assemblés messieurs Berruyer, de Loynes, Cazet, de Saint-Gilles et de La Cour.
1227Sur la plainte faite de l’imposition de la taxe des traites portées à la Martinique, la Compagnie ordonne autre que le juge et un des capitaines de l’île que monsieur du Parquet y enverra tour à tour, mettront le prix aux traites sans qu’aucun autre s’en puisse mêler.
1228La Compagnie a vu les ordonnances et règlements arrêtés [p. 461] en l’île de la Guadeloupe et approuve iceux attendant qu’elle ait reçu nouvelle de l’arrivée de monsieur Houël en ladite île et qu’il mande ses sentiments sur le tout.
1229Sur ce qui a été représenté par monsieur Berruyer que ci-devant le feu sieur Regnoul aurait été commis par la communauté de l’île Saint-Christophe pour faire la recette des droits et effets de la dite communauté dans lesquelles il aurait enveloppé les amendes, confiscations et déshérences adjugées en ladite île, bien que ce soient droits appartenant à la Compagnie comme domaniaux, et que depuis le décès dudit Regnoul, maître Louis Le Brument, comme receveur public prétend être commis à la recette desdits amendes, confiscations et déshérences et en faire la recette au profit de ladite communauté, ce qui serait préjudiciable aux droits de souveraineté et domaniaux appartenant à ladite Compagnie, laquelle a résolu que pour témoigner de plus en plus sa bonne affection envers les habitants de ladite île et leur aider aux grandes dépenses qu’ils ont été obligés faire tant pour la construction des églises, logements des religieux, hôpitaux et autres lieux publics, elle leur donne et quite tous lesdits droits d’amendes, d’aubaines et déshérences reçus par ledit feu sieur Regnoul, et dont il a compté à ladite communauté, et quant à ceux qui en restent dus et échus depuis, ordonne que lettres de provision seront expédiées au sieur [un blanc] pour en faire dorénavant la recette au nom et profit de la Compagnie suivant les ordres et instructions qui lui seront données par ladite Compagnie et le sieur de Leumont, intendant général de ses affaires, par-devant lequel ou tel autre qui sera ordonné ledit [un blanc] rendra compte.
1230Monsieur de La Cour, l’un desdits associés au lieu de monsieur Mulot, [p. 462] a représenté comme ci-devant que par la donation que ledit sieur Mulot lui a faite d’un quarante-cinquième part en la Compagnie, ledit sieur Mulot s’était réservé la jouissance des fruits et profits qui en pourront provenir durant son vivant, et que par acte du XXVIe septembre dernier passé par-devant de Saint-Vaast et Gerault, notaires, étant ensuite dudit don, ledit sieur Mulot a remis et donné audit sieur de La Cour tous et uns chacuns lesdits profits échus avant ladite donation et qui échuront ci-après.
1231La Compagnie a ordonné que ladite donation sera enregistrée au greffe d’icelle pour en jouir par ledit sieur de La Cour aux charges et conditions portées par l’enregistrement du don de ladite XLVe part.
1232Sera envoyé commission à [un blanc] pour se transporter à la Martinique et informer des violences et excès commis à la personne du nommé Saint-André, commis général de la Compagnie, par le sieur de Rosselan, capitaine à la Martinique, et des paroles injurieuses proférées au mépris de la Compagnie et de ses officiers, et mande au sieur de Leumont de choisir un procureur fiscal ou telle autre personne qu’il jugera propre pour bien faire faire ladite information et poursuivre l’instruction du procès jusqu’au jugement, lequel jugement se donnera à Saint-Christophe en vertu d’une autre commission.
1233La Compagnie fera ses plaintes à monsieur du Parquet des violences dudit sieur de Rosselan commises envers ledit de Saint-André, et lui témoignera le ressentiment qu’elle en doit avoir.
1234Ledit sieur Berruyer nous a représenté une lettre du sieur Rozée du VIe de ce mois par laquelle il donne avis de l’arrivée et retour du capitaine de Drouault avec lequel la Compagnie avait traité pour livrer par lui en l’île de la Guadeloupe [p. 463] soixante Nègres et Nègresses moyennant douze mille livres, à raison de 200 livres chacun Nègre, surquoi lui aurait été avancé 4000 livres dont ledit sieur Rozée avertit la Compagnie pour donner ordre que les 8000 livres restantes soient payées audit sieur Drouault ensemble deux Nègres qu’il a délivrés de plus que lesdits soixante à monsieur de Leumont à Saint-Christophe et neuf barils de farine d’orge pour nourrir lesdits Nègres à terre, et que ledit sieur Rozée remontre à la Compagnie qu’il a entrepris la dépense de la cargaison pour l’achat et livraison desdits Nègres principalement pour rendre service à la Compagnie afin qu’elle sache à l’avenir les moyens d’envoyer plus grand nombre de Nègres ès îles de l’Amérique, en quoi ledit sieur Rozée aurait été circonvenu, les Nègres ayant coûté beaucoup plus cher que ledit sieur Rozée ne croyait en partie parce que les Flamands en avaient enlevé grande quantité, partant, demandait à la Compagnie de ne pas rabattre sur ce qui était dû audit Drouault l’intérêt stipulé pour lesdits 4000 livres avancées, et que ce que ledit sieur Rozée a déclaré qu’il n’y avait aucun fonds pour satisfaire au payement de dudit capitaine Drouault.
1235La Compagnie a prié ledit sieur Berruyer d’emprunter encore huit mille livres pour six mois seulement dont il payera intérêt attendant que les pétuns de la Compagnie se puissent vendre, et pour ce, sera derechef écrit aux commis de vendre incessamment aux prix courant, et quant à ce que ledit capitaine Drouault demande de ne payer l’intérêt stipulé pour lesdits IIII mille livres qui lui ont été avancés, ladite Compagnie ne peut aller au contraire de son marché pour la conséquence réservant à favoriser ledit sieur Rozée en quelque autre occasion qu’il s’offrira.
1236Du mercredi quatrième novembre 1643, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État
1237Ont été assembles ledit sieur Daligre, messieurs de Ricouart, [p. 464] Berruyer, directeurs, Cazet, de Saint-Gilles et de La Cour.
1238A été arrêté qu’il sera donné commission à Nicolas Bunel, sieur d’Aigremont, de conseiller assesseur et examinateur en l’île de Saint-Christophe aux gages de V cents livres de pétun et de quatre hommes exempts des droits de la Compagnie.
1239Sur l’avis donné que l’on propose de cultiver à l’avenir de l’indigo dans l’île de Saint-Christophe au lieu du pétun et qu’il importe de régler les droits qui doivent appartenir à la Compagnie sur ledit indigo tout ainsi quelle en a ci-devant joui pour les pétuns.
1240Il a été arrêté d’écrire a monsieur de Leumont que l’intention de la Compagnie est de prendre les mêmes droits sur l’indigo qui se levaient sur le pétun, et comme l’alternative était de prendre 200 livres de pétun pour homme ès années qui se faisait du pétun savoir 100 livres pour la Compagnie et 100 livres pour le gouverneur ou autres officiers, appelés droit de gouverneur, et deux dixièmes des marchandises qui s’y traitent savoir, l’un pour ladite Compagnie, et l’autre pour ledit droit du roi, comme l’on le peut lever à l’avenir une certaine quantité d’indigo pour homme au lieu desdits droits différends, le tout se règlera à l’avenir aux deux dixièmes de tout ce qui se traitera dont la Compagnie en aura un, et l’autre sera donné audit sieur gouverneur comme droit du roi ainsi qu’était distribué lesdits 100 livres de pétun, lequel dixième se prendra sur toutes sortes de marchandises traitées soit qu’elles appartiennent au gouverneur ou autre. Si néanmoins monsieur de Leumont trouve quelques inconvénients en cette proposition, il nous mandera son avis et considération que la raison nous oblige à prendre sur ce qu’y traitera le gouverneur, est pour ce que faisant faire les moulins et prenant la moitié du tout pour son droit et faisant encore [p. 465] de l’indigo pour son compte particulier et par ses hommes, il emporterait tout le profit et resterait trop peu de chose à la Compagnie ou autrement, il faut que la Compagnie fasse seule les moulins, étant un droit domanial qui n’appartient qu’aux seigneurs de l’île et non au gouverneur.
1241A été arrêté que l’on aidera aux habitants et aux passagers d’argent pour leur passage qu’ils rendront en pétun.
1242Du mercredi deuxième mars MVIC quarante-quatre, au logis de monsieur Berruyer, sieur de Manselmont.
1243A été tenue l’assemblée générale où étaient messieurs Daligre, conseiller d’État, Foucquet et de Ricouart, maîtres des requêtes, d’Eragny, Berruyer, Chanut, de Loynes, Rozée, Cazet, de Saint-Gilles, Boisseret et de La Cour, tous associés ès îles de l’Amérique.
1244Messieurs Berruyer, de Loynes, de Ricouart et Chanut, directeurs, ont informé la Compagnie de l’état des affaires et de ce qui s’est passé de plus notable en l’année MVIC quarante-trois.
1245Lesdits sieurs Berruyer et de Loynes ont été remerciés du soin qu’ils ont pris des affaires et direction pendant les deux années dernières, et en plus ont été élus en la forme accoutumée messieurs Dallesse et Cazet, directeurs, pour prendre le soin des affaires pendant les années présente et suivante, lesdits sieurs Ricouart et Chanut demeurant encore en charge pour la présente année.
1246Monsieur Berruyer a dit qu’il était prêt de rendre son compte de l’administration de la recette qu’il a eu de ladite Compagnie qui a ordonné qu’il sera mis entre les mains du sieur Chanut pour en faire son rapport et se charger, après que ledit compte aura été rendu, de tenir l’ordre de la recette et dépense de ladite Compagnie, ainsi qu’à fait ledit sieur Berruyer.
1247[p. 466] Sur la requête présentée par le sieur Trézel de la Guadeloupe, a été résolu qu’il sera écrit à monsieur Houël, gouverneur de ladite île, qu’il favorise ledit Trézel en ce qu’il pourra et en lui donnant assistance dans ses desseins qu’il retire aussi réciproquement avantage par l’avancement des siens, sans néanmoins l’admettre en aucune part dans l’entreprise de la confection des sucres.
1248Seront poursuivies les diligences pour retirer des îles les rôles de tous les habitants en bonne forme pour être mis au greffe du Grand conseil.
1249Sera écrit au sieur de Leumont pour le surplus des vingt hommes exempts pour monsieur du Parquet que la Compagnie approuve ce qu’a fait ledit sieur de Leumont et trouve bon qu’il en use ainsi aux occasions, mais néanmoins en faisant valoir la chose et la remettant toujours à la décision de la Compagnie pour les tenir en leur devoir en quelque façon et leur faire sentir la grâce de la Compagnie.
1250Sera envoyés avec le sieur de Leumont une ampliation de sa commission avec pouvoir de subdéléguer des juges sous le bon plaisir de la Compagnie et outre cela, lui sera écrit qu’il ne sollicite plus monsieur de Poincy de donner des juges.
1251Sera aussi écrit audit sieur de Leumont que l’on accorde les XXX livres de pétun au sieur Aubert.
1252A été arrêté de bailler au sieur Caruel huit cents francs de gages.
1253Sera baillé à Girault II mille livres de pétun de gages.
1254Sera écrit à monsieur de Poincy qu’il tâche de surprendre Le Vasseur dedans l’île de la Tortue.
1255Réservé à délibérer sur le gouvernement de la Martinique sur les avis de la maladie du sieur du Parquet.
1256[p. 467] Sera mandé à monsieur de Poincy que la Compagnie ne trouve par bon qu’il interdise de juger et que l’interdiction de la personne de Mauger, juge, n’est pas approuvée, ce qui sera aussi écrit à monsieur de Leumont.
1257Sera écrit à monsieur Houël que l’on verra le procès de La Bazilière, et que s’il trouve moyen de les accorder sur les lieux, l’on approuvera.
1258A été arrêté qu’il sera envoyé commission à Michel, de juge à la Guadeloupe.
1259A été arrêté que ceux qui auront congé de la Compagnie allant aux îles payeront trois pour cent pour les marchandises qui sortiront des îles, et pour ceux qui n’auront congé, huit pour cent, dont sera fait ordonnance qui sera publiée.
1260Sera mandé à monsieur de Leumont que le roi accorde lesdites îles à la Compagnie sans aucuns services et que monsieur le général, n’ayant aucun pourvoir du roi, qu’il ne peut étendre ses droits au-delà de ce que la Compagnie lui a accordé, que la prétention qu’il a pour les vaisseaux qui arrivent à la rade, soit qu’ils soient forbans ou qu’ils s’y brisent, sont droits de souveraineté auxquels il ne peut ni doit avoir aucune part, et quant à ce qu’il allègue la commission du sieur amiral, il n’en a aucun autre qu’un simple congé de guerre à la réserve d’un dixième sur les prises qu’il fera à la mer avec les vaisseaux qu’il armera en guerre d’où il est parti sans qu’en l’une ou en l’autre condition de général ou armateur il puisse faire aucun acte de juridiction, non plus que tous les autres gouverneurs ou lieutenant du roi dans toutes les provinces de France aucun desquelles il n’y a prétention.
1261Sera mandé à monsieur de Leumont que l’on a envoyé commission de juge à Milet et que la Compagnie ne trouve pas mauvais ce qu’il en a trouvé et tâchera d’étouffer cette affaire.
1262[p. 468] Sera écrit audit sieur qu’en qualité d’intendant, il évoque avec lui tous les procès intentés où il y aura manifeste cause de suspicion contre les juges.
1263Ledit sieur de Leumont accommodera l’affaire de [un blanc], d’autant que la Compagnie ne trouve pas y avoir grand droit, si ce n’est qu’étant mort sur la terre des Anglais, le testament fût nul et qu’il n’y eût point d’héritiers.
1264A été arrêté que dorénavant à toutes les commissions, actes et suscriptions des lettres, l’on mettra les seigneurs des îles de l’Amérique au lieu de la Compagnie.
1265En procédant à l’examen du compte de la communauté, ledit sieur de Leumont fera rejetter la confiscation de Mariage.
1266Pour l’affaire de Méline, qu’il fasse ce qu’il jugera à propos.
1267Il n’est rien dû au sieur du Halde outre le dû des III mille livres de pétun.
1268Remettre la dette de madame Révérend à la moitié.
1269La Compagnie a remis à Anne de Vry les quatre cents livres de pétun pour son passage.
1270Que sitôt que la femme dudit Toully repassera en France, sa concession étant expirée, le droit de contrôleur et peseur de pétun dont elle jouissait sera donné audit sieur de Leumont pour trois ans en reconnaissance des services rendus à la Compagnie pour y pourvoir qui bon lui semblera.
1271Sera écrit en faveur de Jean de Mesle à la Martinique.
1272A été donné exemption à Forthomme, peseur de la Guadeloupe, des droits pour sa personne.
1273Pour les trois mille trois cents de fosses de manioc prétendues par le capitaine Flament, sont renvoyés à monsieur Houël pour y faire droit.
1274[p. 469] A été accordé à monsieur de Poincy un quart des droits de ceux qui payeront huit pour cent qui iront sans congé aux îles.
1275Dire qu’ayant apporté par le capitaine Flament ce qu’il était tenu, la Compagnie ne doit rien.
1276Sera demandé à la nomination de la Compagnie la lieutenance générale des îles de l’Amérique.
1277Sera envoyé commission au sieur du Pont de lieutenant général de la Martinique pour trois ans.
1278Du mercredi sixième avril MVICXLIIII, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1279Ont été assemblés messieurs Daligre, Foucquet, de Ricouart, Chanut, de Saint-Gilles, Boisseret, et de La Cour.
1280A été arrêté que l’habitation de Rifflet, en cas qu’il soit condamné, sera laissé moitié à la Compagnie et l’autre moitié pour le public, et quand au surplus de ce que mande monsieur du Parquet, il y sera pourvu quand il sera en France et ce qu’en dira monsieur Berruyer.
1281Sur la promesse de gratification prétendue par Lespérance, néant.
1282Par lettre de monsieur de Leumont appert du XVIe janvier MVICXLIIII, appert que Chirat jouit de ce qui lui a été donné à la Martinique par les mains du sieur de Sainte-Colombe, son beau-frère, auquel il s’adressera pour la lui faire payer.
1283Sera passé en la dépense du compte de Saint-André deux cents livres pour le tiers du canon acheté pour la Compagnie.
1284On rétablira le magasin de la Martinique, et pour y travailler, seront employés les charpentiers et autres ouvriers qui doivent du pétun à la Compagnie.
1285[p. 470] Lorsque l’on résoudra l’affaire des lods et ventes, on se souviendra que pour en lever le droit pour le passé sans soulèvement, il en faut faire part au sieur Auger et aux juges. Sur quoi, monsieur de Leumont sera prié de terminer cette affaire avec eux le plus avantageusement pour la Compagnie.
1286A été arrêté de réduire les droits de lods et ventes au cinquantième pour l’avenir et ce faisant, ledit droit apparentant entier à la Compagnie sans que l’on accorde aucune chose au gouverneur et au major.
1287Monsieur de Leumont réduira en pétun les appointements de six cents livres sur un pied certain qui sera payé sur le lieu au sieur Chevrollier, et lui en pourra donner quelque chose d’avantage.
1288Du mercredi premier juin MVIC quarante-quatre, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1289Ont été assemblés ledit sieur Daligre, messieurs Berruyer, d’Eragny, Chanut, Cazet, Boisseret et de La Cour.
1290Pour la réduction des lods et ventes, sera écrit à monsieur de Leumont que l’intention de la Compagnie est qu’ils soient établis, mais que pour le denier sur lequel ils seront payés, la Compagnie se relâchera à le modérer jusqu’à un point qui puisse être aisément établi et payé par les habitants sans murmures, sur quoi il donnera son avis à la Compagnie.
1291S’il se présente occasion d’emploi pour le sieur de Saint-Germain que la Compagnie agréera se servir de lui.
1292Que si le sieur Marchand donne de bons témoignages de sa volonté au service de la Compagnie et de sa bonne conduite, ladite Compagnie n’a point de répugnance que ledit sieur de Leumont lui donne emploi.
1293Pour l’affaire du sieur de Rosselan, sur la prière de monsieur [p. 471] du Parquet, la Compagnie a résolu qu’il sera écrit audit sieur de Leumont qu’il lève l’interdiction dudit Rosselan, ce que ladite Compagnie entend être fait par lui sur une requête qu’il lui sera présentée par ledit Rosselan.
1294Les deux cents livres de pétun dus par chacun habitant à la Martinique seront dorénavant distribués, savoir C livres à la Compagnie, L au gouverneur, XXX livres au lieutenant, V livres pour l’achat des munitions, et XV livres distribuées par forme de gratification aux chefs de la milice.
1295Monsieur Berruyer est prié de donner la somme de trois cents livres pour assister les révérends pères jacobins de la Guadeloupe.
1296A été résolu pour la commodité de plusieurs de la Compagnie que dorénavant les assemblées ordinaires des mois seront tenues les premiers vendredis du mois à huit heures du matin au logis dudit sieur Daligre, et la présente assemblée a été continuée à vendredi prochain troisième du présent mois.
1297Dudit jour vendredi troisième de juin audit an, se sont assemblés au logis dudit sieur Daligre, lesdits sieurs associés ci-dessus, et outre ledit sieur de Loynes.
1298Qu’il sera écrit à monsieur de Poincy que la Compagnie le prie de ne prendre point d’aversion pour ses commis et ne les point obliger à quitter leur service étant personnes qui sont en la protection spéciale de la Compagnie, et qu’elle ne trouve pas si aisément des hommes fidèles et intelligents qu’elle s’en puisse défaire pour causes légères.
1299Sur la requête présentée par monsieur de Poincy au nom de monsieur le commandeur de Poincy, son oncle, la Compagnie a résolu qu’il sera envoyé audit sieur commandeur, lieutenant général des îles, une commission de sénéchal pour être ladite commission remplie du nom de tel de ses neveux qu’il lui plaira choisir, la [p. 472] Compagnie lui remettant de faire cette élection en considérations des grands offices qu’il a rendus en la conduite des îles.
1300Sera aussi envoyé commission de lieutenant général à Saint-Christophe au sieur de Saboulies que la Compagnie lui donne.
1301Les deux commissions pour trois ans à commencer du premier janvier MVIC quarante-cinq.
1302Sur les inconvénients qui naissent souvent dans les jugements rendus par les officiers de justice des îles, il a été jugé à propos qu’il soit dressé et envoyé aux îles une déclaration portant pouvoir aux juges d’icelles de juger en dernier ressort et sans appel jusqu’à la somme de deux cent cinquante francs, et par provision jusqu’à cinq cents francs, et que la même déclaration portera que la coutume de Paris par ordonnances royaux seront suivis et gardés dans toutes les îles et tous procès et différends terminés suivant la dite coutume et ordonnance.
1303Sur l’exemption demandée par le nommé Poullain, néant.
1304La Compagnie a accordé exemption de garde et corvées à Robert Rivière, maître armurier en considération de son métier.
1305Sur l’avis donné que le père Jean-Baptiste, jacobin à la Guadeloupe, favorise secrètement le sieur Aubert, ses supérieurs seront priés de le rappeler en France, et monsieur Houël averti qu’il prenne garde à sa conduite.
1306Sur la requête présentée par le sieur Trézel portant que pour faire valoir l’île de la Guadeloupe son frère, [un blanc] Trézel, et lui ont fait compagnie pour établir des moulins à sucre, en quoi ils peuvent et ont grande volonté d’aider et servir le sieur Houël, gouverneur de ladite île, qui a entrepris un pareil dessein sous l’autorité et au profit de la Compagnie en l’assistant comme ils ont déjà commencé de faire [p. 473] tant de cannes de sucre qu’ils avaient élevées dont ils lui ont vendu une grande quantité pour commencer ses plants qu’en donnant à son arrivée les avis et connaissances nécessaires pour l’avancement de l’ouvrage, et que, de leur part, ils avaient besoin d’être fort assistés par la Compagnie pour ne pas succomber aux grandes dépenses d’une telle entreprise dont le succès est très avantageux à la Compagnie.
1307Il a été résolu que pour favoriser le dessein desdits Trézel et les obliger à rendre toutes sortes d’assistances audit sieur Houël en l’établissement de la sucrerie, la Compagnie leur accorde :
Que pendant six années, elle leur délivrera ses congés sans aucunes charges pour les navires qu’ils voudront envoyer auxdites îles, soit qu’il[s] leur appartienne[nt] en propre ou qu’ils aient effectivement frettés.
Que dans le vaisseau commandé par le capitaine Vallery qui s’équipe à Dieppe pour ledit voyage, ladite Compagnie leur donne le passage franc de six tonneaux pour porter leurs moulins et autres machines.
Que sur tous les sucres par eux ci-devant faits et qu’ils feront jusqu’au dernier jour de décembre MVIC quarante-sept, la Compagnie ne prendra et ne fera leur aucuns droits, leur en accordant une exemption générale pendant ledit temps.
Que le sieur Samuel Trézel, résidant en l’île de la Guadeloupe, jouira des privilèges, exemptions, rang et séances comme s’il avait et exerçait la charge du dernier capitaine d’une compagnie en ladite île, et qu’il sera envoyé une expédition de la présente concession audit sieur Houël, gouverneur, qui est prié de tenir la main à l’exécution de tout ce que la Compagnie accorde auxdits Trézel et le favoriser au surplus dans les occasions qui se pourront présenter.
1308[p. 474] Sur ce qui a été représenté par monsieur Berruyer que monsieur Rozée, marchand de Rouen, lui avait écrit plusieurs fois même dans les mois de juin et juillet de l’année dernière pour avoir payement de la somme de XVIII mille livres que ladite Compagnie lui doit suivant le traité du XVe décembre MVICXLII pour tout ce qui lui revenait à cause de son intérêt en l’embarquement fait pour lesdites îles en ladite année dans le navire du capitaine Gandouin de La Rochelle, laquelle somme de XVIII mille livres devait être payée au XVe du mois de juin dernier conformément audit traité, ce qui n’a pas été fait, d’autant qui ne s’est trouvé de deniers comptant entre les mains des directeurs, et même à présent, il n’y a aucun fonds suffisant pour acquitter ladite partie, d’autant que les pétuns qui sont arrivés desdites îles n’ont point encore été vendus.
1309A été résolu que ledit sieur Berruyer écrira audit sieur Rozée qui est prié par la Compagnie d’attendre qu’elle soit en commodité de lui faire le payement desdites XVIII mille livres, d’autant qu’il a témoigné avoir besoin de cette partie, sera prié d’emprunter lesdites XVIII mille livres dont la Compagnie lui remboursera les intérêts à commencer du jour qu’elle est en demeure jusqu’à ce qu’elle lui ait payé lesdites XVIII mille livres, ce qu’elle fera au plus tôt qu’elle pourra.
1310Du vendredi neuvième jour de décembre MVIC quarante-quatre, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1311A été tenue l’assemblée générale des îles de l’Amérique, où étaient messieurs Daligre, Foucquet, de Ricouart, d’Eragny, Ladvocat, Berruyer, Chanut, de Loynes, de Saint-Gilles, Houël et de La Cour.
1312Messieurs Ricouart et Chanut ont été remerciés par la Compagnie de leurs soins en la direction pendant deux années, et messieurs Berruyer et Boisseret nommés directeurs pour les années 45 et 46, messieurs d’Eragny et Cazet, demeurant encore en charge pour l’année présente.
1313[p. 475] Monsieur Berruyer a demandé que la Compagnie procédât à l’examen du compte de la recette et dépense qu’il a faite des deniers et effets de ladite Compagnie, ou qu’elle nommât quelques particuliers pour l’examiner et en faire leur rapport. Messieurs de Ricouart et Chanut, sortant de charge, et monsieur Ladvocat ont été prié de voir ledit compte et le rapporter à la Compagnie aux prochaines assemblées pour y être arrêté.
1314Le jour du mercredi ne se trouvant commode pour la plupart de messieurs les associés, a été résolu que dorénavant les assemblées seront tenus les premiers vendredis des mois à deux heures de relevé.
1315Par le rapport qu’ont fait les directeurs de l’état général des affaires de la Compagnie ayant été reconnu que les grandes dépenses faites à la Guadeloupe avaient consommé au delà du fonds présent, lesdits sieurs commis pour l’examen du compte de monsieur Berruyer ont été priés d’y travailler promptement afin qu’en l’assemblée prochaine la Compagnie connaisse l’état de ses affaires et avise au payement de ce qu’elle se trouvera devoir.
1316Sur la requête présentée par Guillaume Méline et Charles Mariage dont les biens ont été confisqués et par sentence du juge à Saint-Christophe, la Compagnie a de grâce remis auxdits Méline et Mariage lesdites confiscations et ordonne qu’ils rentreront en la possession de leurs biens, et à cet effet sera écrit au sieur de Leumont, intendant général des affaires de la Compagnie èsdites îles, pour l’exécution des présentes.
1317Le poids de l’île de la Guadeloupe a été accordé à Taverny de Honfleur pour trois ans, moyennant trois mille livres de pétun de ferme annuelle.
1318Le sieur Jacques Mel de Dieppe, l’un des marchands qui avaient traités avec le sieur de Lolive pour l’habitation de la Guadeloupe, ayant représenté qu’il y a dans ladite île quelques pièces de canon de fer qui lui appartiennent en propre, a demandé qu’il lui fut permis de les faire enlever. A été résolu que messieurs les directeurs lui donneront ladite permission après qu’il leur aura fait apparaître [p. 476] que lesdits canons lui appartiennent et qu’il a satisfait de sa part au traité fait avec lesdits marchands de Dieppe par lequel ils ont été déchargés des obligations envers ladite Compagnie pour la peuplade de ladite île.
1319D’autant que les résolutions à prendre en l’assemblée prochaine sur le rapport qui sera fait de l’état des fonds de la Compagnie seront très importantes, s’agissant d’engager par emprunt le fond de la Compagnie ou de faire contribution pour subvenir au payement des dettes contractées et aux dépenses qui seront jugées nécessaires, il a été résolu que tous les associés en ladite Compagnie seront appelés par exploits55 en l’assemblée générale qui sera tenue le vendredi sixième du mois de janvier prochain, afin que nul n’y prétende cause d’ignorance, et que ce qui sera résolu en ladite Compagnie oblige tous les associés d’icelle tant présents qu’absents.
1320Du vendredi sixième janvier MVICXLV, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1321A été tenue l’assemblée générale des îles de l’Amérique, où étaient messieurs Daligre, Foucquet, de Ricouart, de Flécelles, Ladvocat, Berruyer, Chanut, de Loynes, le sieur Drouart pour madame la duchesse d’Aiguillon, Martin de Maunoy, Cazet, de Saint Gilles, Houël et de La Cour, tous lesdits sieurs associés assignés par exploits signés Ruelle, sergent, en date des deux et quatre du présent mois.
1322Les directeurs ayant représenté que le compte général des affaires de la Compagnie administrées par monsieur Berruyer n’avait pu être examiné entièrement faute de quelques états et comptes qui lui doivent être envoyés par les commis particuliers de la Compagnie à La Rochelle, Nantes et Dieppe, et que néanmoins, par un calcul sommaire qu’ils avaient fait de la recette et dépense, [p. 477] ils jugeront qu’après que les pétuns de la Compagnie qui sont en France seraient vendus, il se trouverait manque de fonds d’environ XXXV mille livres qui sont dus à plusieurs particuliers notamment pour lettres de change tirées de la Guadeloupe sur les directeurs. Après que monsieur Daligre a exposé l’état général des affaires des îles et fait entendre que la Compagnie se trouvant en MVIC quarante-trois avoir un fonds d’environ quarante mille livres partie en deniers, partie en pétuns dans les ports de France, et considérant qu’ils sont le provenu des îles, ne consistait qu’en ladite marchandise de pétun dont le prix est très incertain tant pour ce que l’usage n’en est pas nécessaire que parce qu’il s’en fait en tant de lieux qu’il est à craindre qu’il ne tombe à une très grande utilité, il fut jugé à propos d’établir un commerce plus certain dans ès îles par la culture d’autres marchandises d’un débit plus assuré, et ne s’étant pas découvert jusqu’à présent que le terroir desdites îles se trouvât propre à autre culture dont on peut tirer profit que de l’indigo et des cannes à sucre, le premier ayant été expérimenté par monsieur de Poincy dans Saint-Christophe, et l’autre éprouvé dans la Martinique et Guadeloupe, il fut jugé à propos pour le bien desdites îles et l’avantage de la Compagnie d’entreprendre dans l’île de la Guadeloupe la manufacture des sucres, à quoi on trouve d’autant plus de facilité que monsieur Houël, l’un des associés de la Compagnie, ayant pris d’elle la charge de gouverneur de ladite île, offrait de contribuer de tous ses soins en la direction de cet ouvrage qui fut lors entrepris en l’espérance que le fonds présent desdits XL mille livres et ce qui proviendrait du revenu des îles suffirait aux dépenses de cette entreprise, mais ledit sieur Houël, étant passé en ladite île avec environ cent hommes ouvriers et manouvriers, a acheté cent esclaves nègres, quantité de bestiaux, fait bâtir une partie des logements nécessaires, défriché quantité de terres tant pour la nourriture des hommes que pour le culture des cannes, dont il y en a un grand nombre de plantés, la dépense de ses achats et ouvrages [p. 478] a non seulement consommé le fonds qui était en ladite Compagnie mais a excédé ce qui est provenu des îles pendant l’année XLIIII, et ce d’autant que la vermine survenue à Saint-Christophe ayant gâté tous les pétuns, les droits de la Compagnie n’ont point été perçus, et le peu qu’on a pu tirer des dettes du temps précédent a été en partie perdu dans la prise des Dunkerquois du navire de la Notre-Dame de Honfleur et le naufrage du navire de [un blanc], hollandais, arrivé aux côtes de la Tirsere56 au mois de juin dernier dans lesquels soixante-quinze mille livres de pétuns de la Compagnie étaient chargés, en sorte que la Compagnie se trouve à présent engagée à environ XXXV mille livres de dettes envers plusieurs particuliers qui pressent pour leur payement, et d’ailleurs il est présentement nécessaire pour la suite et continuation du dessein de la manufacture des sucres en ladite île de la Guadeloupe d’entrer en ladite dépenses de dix mille livres pour y envoyer de nouveau des ouvriers, outils et vivres, ce qui ne peut être exécuté ni pourvu au payement des susdites dettes si la Compagnie ne fait un fonds au moins de XLV mille livres pour subvenir auxdites dépenses et dettes. Sur quoi, ayant été considéré que le dessein de ladite manufacture est très avantageux à la Compagnie et déjà si fort avancé par les dépenses déjà faites et par la conduite dudit sieur Houël, qu’il y a lieu d’en espérer un bon succès et que dans l’année prochaine VICXLVI on pourra recueillir grande quantité de sucres sans qu’il soit besoin d’entrer en avances considérables pour la perfection de ladite entreprise.
1323A été arrêté qu’il sera contribué par les associés en ladite Compagnie dans trois mois à compter du jourd’hui, la somme de quarante-cinq mille livres à raison de mille livres pour chacune des quarante-cinq parts dont elle est composée, et à faute de payer par chacun desdits associés la somme qu’ils devront pour ladite contribution à raison des parts qu’ils ont en ladite Compagnie dans le temps desdits trois mois ou renoncer à leurs dites parts et portions, les sommes qu’ils auraient dus fournir seront empruntées sur la place sous l’obligation des effets de ladite Compagnie et le principal et les intérêts desdits emprunts représentés contre eux et sur leurs biens, [p. 479] et cependant pour subvenir aux susdites dépenses qui ne peuvent être différées pendant lesdits trois mois, messieurs les directeurs emprunteront sur la place, et sous l’obligation des effets de ladite société, la somme de quarante-cinq mille livres pour être employées au payement desdites dettes et dépenses de la Guadeloupe, et ceux des associés qui payeront dans quinzaine leursdites contributions, les intérêts des sommes qu’ils auront fournies à raison du denier dix leurs seront payées jusqu’au temps que tous les associés en général auront satisfait à ladite contribution qui sera faite entre les mains de monsieur Berruyer, l’un des directeurs, lesquels feront signifier dans un mois ladite délibération à tous les associés de ladite Compagnie.
1324Du vendredi troisième février MVIC quarante-cinq, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1325Ont été assemblés ledit sieur Daligre, messieurs Foucquet, de Ricouart, Berruyer, Chanut, de Saint-Gilles, Boisseret et de La Cour.
1326Sur la demande faite par la veuve Blancheterre de plusieurs prétentions des travaux faits par feu son mari, de son métier de serrurier et armurier, tant du temps du feu sieur Desnambuc que depuis au Fort-Royal de la Martinique, qui ont été rejetées par faute des ordres dudit sieur Desnambuc et depuis de la Compagnie et de son commis.
1327Ladite Compagnie néanmoins, en commisération de ladite veuve et de ses enfants, lui a accordé son passage et de trois personnes avec elle lorsqu’elle retournera en ladite île de la Martinique, lequel passage ladite Compagnie fera payer au capitaine de navire au port où elle et lesdites trois autres personnes s’embarqueront.
1328Sur la requête présentée par François Bohier, sieur de la Vieville, tendant qu’il lui fut permis de passer en l’île Saint-Christophe pour y poursuivre les droits successifs de feu damoiselle Françoise Bohier, sa sœur, vivant la femme du sieur de La Grange Fromenteau, lesdits seigneurs ont envoyé ladite requête au sieur de Leumont, leur [p. 480] intendant, pour lui être pourvu sur icelle ainsi que de raison.
1329A été arrêté qu’il sera signifié à madame la duchesse d’Aiguillon qu’elle ait à renoncer ou accepter les parts de feu monseigneur le cardinal duc de Richelieu conformément aux articles de la société dont lui sera baillé copie ensemble de la délibération du VIe janvier dernier, et que pareille signification sera faite aux héritiers de feu monsieur Martin de Maunoy.
1330A été arrêté qu’en procédant au règlement qui se fera pour les officiers des îles, qu’aucun juge ne pourra exercer la justice s’il n’a commission de la Compagnie, ni pourra se défaire de sa charge sans le consentement de ladite Compagnie.
1331Sur la demande des pères jésuites, a été arrêté qu’il leur sera donné six cents francs en France et six mille livres de pétun aux îles pour l’entretenement de six prêtres dont sera fait concordat.
1332Sera payé les gages des officiers qui sont sur les ports.
1333Du vendredi troisième jour de mars MVICXLV, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1334Ont été assemblés messieurs Daligre, Foucquet, Berruyer, Chanut, de Loynes, de Launay Razilly, Cazet, Boisseret, de Saint-Gilles, du Herteley et de La Cour.
1335Le sieur Houël étant à la Guadeloupe, après conférence avec les officiers de la Compagnie, mettra prix aux cannes qui seront apportées par les habitants aux moulins de la Compagnie, lequel prix sera réglé et payable en sucre, et la convention sera faite seulement pour trois années ou peu plus pour faire l’épreuve si chacun de part et d’autre y trouvera son compte.
1336Le sieur Trézel pourra avoir un moulin pendant cinq années par permission dudit sieur Houël au nom de la Compagnie, et les particuliers hors la famille dudit Trézel qui feront moudre [p. 481] leurs cannes audit moulin payeront un droit modique aux seigneurs de la Compagnie pour la permission de moudre hors les moulins banaux desdits seigneurs, et pour la cotité dudit droit, le temps et la forme de l’établir, ils sont remis à la prudence dudit sieur Houël et avis de sieur de Leumont qui prendront garde à ne rebuter ledit Trézel de son entreprise et les habitants de la culture des cannes, nul autre ne pourra avoir moulin non pas même pour son usage particulier.
1337Les artisans qui travailleront de leur métier sans s’occuper à la culture de la terre et qui établiront leur demeure dans l’enceinte destinée à former une ville seront exempts de tous droits personnels tant et si longuement qu’ils pratiqueront leur métier et demeureront en ladite enceinte.
1338Pour le choix dudit lieu propre à faire une ville, ledit sieur Houël auparavant que d’en arrêter la situation, en conférera plusieurs fois avec tous les principaux officiers et habitants de l’île, sans néanmoins qu’il soit obligé de suivre en cela la pluralité des voix mais seulement ce qu’il jugera à propos pour le bien de la colonie et sûreté de l’île.
1339Les prétentions du sieur du Pont à cause des dépenses faites à l’habitation de la Martinique seront discutées par ledit sieur de Leumont sur les lettres et mémoires à lui envoyées par monsieur Berruyer et après conférence avec monsieur Houël, sur les avis qu’ils donneront à la Compagnie de ce qu’ils auront trouvé raisonnable, il y sera pourvu.
1340Vu la condition du négoce dans les îles et le risque continuel de toutes les affaires qui s’y traitent, la Compagnie trouve bon qu’on y souffre le cours de l’intérêt au denier dix pour la facilité de tout commerce, et pour les maîtres de navires qui apportent du dehors et vendent de première main les marchandises et commodités aux habitants, on souffrira qu’ils en tirent lesdits intérêts au denier sept pour toutes choses au lieu du fret que le retardement leur apporte.
1341La coutume de Paris sera observée dans l’île de la Guadeloupe ainsi que dans les autres et on se servira des [p. 482] poids, mesures et aulnages de Paris qui seront appelées poids, mesures et aulnages des seigneurs, et à cet effet seront envoyés des poids, mesures, toises et aulnes étalonnées au châtelet de Paris.
1342La délibération sur l’habitation de l’île Marie-Galante est remise jusqu’à ce que ledit sieur Houël ait mandé à la Compagnie l’utilité et la facilité qu’il y aurait d’en pendre possession et les dépenses qu’il y conviendrait faire.
1343Les habitants de la Guadeloupe payeront entièrement les deux cents livres de pétun par tête, monsieur Houël pourra les décharger de la garde et faire une garnison de trente hommes, la dépense de laquelle n’excédera point vingt-cinq mille livres de pétun au plus par chacun an et ne sera point commencé qu’après le payement desdits II cents livres sera bien établi, en sorte que pour l’entretien de ladite garnison, la Compagnie n’entre en aucune avance.
1344Si les commis de la Guadeloupe ne font leur devoir au recouvrement des doits, ledit sieur Houël, comme l’un des seigneurs des îles, leur enjoindra de faire toutes diligences, et au cas qu’il les reconnut trop en négligence, il pourra en ladite qualité en commettre d’autres qui jouiront des appointements desdits commis pendant qu’ils seront en exercice, duquel changement ledit sieur Houël donnera avis audit sieur intendant et à la Compagnie, et quand aux non valeurs qui arriveront en la recette desdits droits, elles seront portées par ledit sieur Houël à proportion en ce qu’il a à prendre desdits droits.
1345Il sera mandé aux gouverneurs de ne désemparer leurs îles sans cause très importante et nécessaire et sans en donner avis à la Compagnie, s’il se peut.
1346A été vu l’ordre et instruction dressés pour le commis de la famille en la Guadeloupe et avenant et accord de ladite charge de commis, ledit sieur Houël, comme l’un desdits seigneurs, y commettra jusqu’à ce qu’il y ait été pourvu par la Compagnie.
1347[p. 483] Sur ce qui a été représenté par monsieur Foucquet qu’il avait plu à sa majesté donner les provisions de lieutenant général dans les îles à monsieur Patrocle et que ses lettres étaient expédiées, a été résolu qu’elles seront registrées ès registres de la Compagnie, ensemble la présentation de monsieur le duc de Brézé et le traité fait par monsieur Berruyer au nom de la Compagnie avec ledit sieur Patrocle le XVIe décembre MVICXLIIII, lequel la Compagnie a ratifié et approuvé et ordonné qu’il sera pareillement enregistré pour y avoir recours quand besoin sera.
1348Sur la recommandation de monsieur Patrocle en faveur de monsieur de Dinan, la Compagnie a résolu que lorsque la charge de gouverneur de Saint-Christophe sera réunie à celle de sénéchal de ladite île [biffé : et qu’il sera besoin de mettre son lieutenant audit gouvernement], elle donnera ladite charge de lieutenant général du gouvernement audit sieur de Dinan, et cependant le considérera pour lui donner emploi aux occasions qui se représenteront ci-après.
1349La déclaration dressée par monsieur Foucquet à la prière de la Compagnie pour l’exercice par commission de la justice souveraine dans îles a été bien et jugée nécessaire de faire diligence envers la reine et monsieur le chancelier pour en obtenir l’expédition.
1350Desceriziers sera gratifié de son passage avec trois hommes pour les services qu’il a rendu ayant demeuré avec les Sauvages et pourra rendre ci-après57.
1351Ont été résolu les commissions, savoir :
1352Au sieur Marivet, de lieutenant du sénéchal pour la justice en ladite île de la Guadeloupe aux gages de VIII cents livres par chacun an, savoir III cents en deniers en France et cinq cents francs payable en ladite île en pétun ou autre marchandise du pays estimé au prix courant.
1353Au sieur Mathurin Hédouin, de procureur fiscal en ladite île à deux cents francs de gages, desquelles il jouira outre et par-dessus les II mille livres à lui accordées en qualité de maître des ouvrages en la famille de ladite île de la Guadeloupe.
1354[p. 484] Au sieur Germain Le Barbier, de commis général au quartier de la Basse-Terre et pour faire en outre la recette particulière depuis le fort jusqu’en la maison des pères dominicains inclusivement, aux gages de III mille livres de pétun.
1355Au sieur Chaumont, de commis particulier en la Basse-Terre depuis la maison desdits pères jusqu’à l’île aux Gouyannes58 aux gages de II mille livres de pétun.
1356Au sieur Gilles de Sestre dit Sainte Croix, de commis général au quartier de la Cabesterre aux gages de III milles livres de pétun.
1357Lesquels Le Barbier, Chaumont et de Sestre jouiront desdits appointements pour la première année à commencer du jour de leur arrivée, et pour les années suivantes, leurs appointements leurs seront arbitrés par monsieur Houël, l’un des seigneurs de ladite Compagnie, et le sieur de Leumont, intendant général, à tant pour cent de la recette actuelle qu’ils feront.
1358Le sieur Legay a été arrêté pour servir en ladite île de la Guadeloupe de commis de la famille pour la confection des sucres que la Compagnie y entretient aux appointements de III mille livres de pétun par an outre sa nourriture en ladite famille, et pour cet effet, lui sera baillé l’ordre et instruction susdits au bas de laquelle il certifiera l’avoir reçue avec autant du présent article, et sur ce qu’il a offert de faire passer en ladite île Julienne Bourgoing, sa femme, pour servir à laconduite du ménage de ladite famille, la Compagnie a arrêté de donner à ladite Bourgoing mille livres de pétun de gages.
1359A été résolu de gratifier le sieur Martial Piraubé de son passage dans lesdites îles.
1360Sera écrit au sieur de Leumont, intendant, de considérer dans les emplois qui s’offriront le sieur Poullin recommandé par monsieur de Launay Razilly.
1361Sur les propositions faites par les pères jésuites de la Martinique, il leur a été accordé la somme de deux cents livres de pension [p. 485] annuelles pour chacun père pourvu qu’ils demeurent effectivement dans ladite île. Ils seront néanmoins censés y demeurer lorsque quelqu’un d’eux sera obligé de retourner en France pour les affaires de la mission ou en cas de maladie pourvu qu’à leur retour on en présente d’autres pour être substitués à la place de ceux qui seront malades et envoyés par les premiers vaisseaux à la volonté de la Compagnie.
1362Ladite somme sera payée pour six prêtres ou cinq prêtres et un frère qui seront en ladite île, compris les quatre qui passent présentement par La Rochelle dans le vaisseau du capitaine Gandouin, savoir en France cent cinquante livres en argent par tête en le jour de Pâques de chacune année ès mains du père procureur de la mission et cinq cents livres de pétun, aussi par tête, par chacune année en ladite île, qui sera III mille livres de pétun pour lesdits six pères ou cinq pères et un frère par chacun an.
1363Seront aussi fournis et délivrés auxdits religieux en ladite île trois Nègres ou esclaves, si déjà ils ne leur ont été délivrés en tout ou partie, et cédés premiers qui seront apportés dans ladite île. Seront aussi payés le passage desdits quatre pères et de ceux qui y seront envoyés ci-après ou qui retourneront, ensemble dudit frère, s’il y en a un, et de deux serviteurs pour le présent passage.
1364Ladite Compagnie fera payer le fret de trois tonneaux par chacune année que lesdits pères enverront quelque chose en l’île.
1365Ils écriront aussi aux officiers de ladite île que leur intention est que les prêtres séculiers qui y seront ou pourront aller soient dépendant des pères jésuites en toutes leurs fonctions ecclésiastiques qui regardent l’instruction de la doctrine et l’administration des sacrements.
1366Monsieur Berruyer (au lieu que l’on délivre tous les ans auxdits pères) leur en fournira neuf cents livres pour toutes choses qui leur doivent être payés en France pour la présente année.
1367Sera mandé aux commis que la Compagnie a exempté des droits huit serviteurs desdits révérends pères, si tant il y en a en la présente habitation, et quatre en l’autre.
1368[p. 486] Sera continué à Jaques Chesneau dit Saint-André la commission de commis général à la Guadeloupe pour trois années à commencer au premier janvier de la présente année MVICXLV, aux gages de III mille livres de pétun et exemptions porté par sa dernière commission.
1369Du vendredi dernier mars MVIC quarante-cinq, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1370Ont été assemblés messieurs Daligre, Foucquet, Berruyer, Chanut, de Launay Razilly, Cazet, de Saint-Gilles, Boisseret et de La Cour.
1371Après que le secrétaire de la Compagnie a apporté que tous messieurs ont été avertis de l’ordre de messieurs les directeurs par billets envoyés exprès en leurs maisons.
1372Monsieur Foucquet a rapporté les requêtes et mémoires dudit sieur d’Aubigné, tendante à ce qu’il plût à la Compagnie lui donner commission pour habiter l’île de Marie-Galante aux conditions portées par lesdites requêtes.
1373Surquoi, a été ordonné que présentement commission lui sera expédiée de gouverneur de ladite île pour trois années et assurance pour trois autres, et ont été priés lesdits sieurs directeurs de traiter avec ledit d’Aubigné aux conditions les plus avantageuses qu’il se pourra dont la Compagnie leur a donné pouvoir.
1374Monsieur Berruyer ayant lu en l’assemblée les articles qui avaient été déjà projetés entre eux, la Compagnie les a agréés et approuvés et ordonné qu’ils seraient présentement signés doubles tant par eux que par ledit sieur d’Aubigné auquel en serait délivré une des copies et l’autre mise dans les registres.
1375Et incontinant après, ledit sieur d’Aubigné est entré en l’assemblé en laquelle il a prêté le serment de gouverneur de ladite île de Marie-Galante entre les mains de monsieur Daligre, dont lui a été délivré acte.
1376Sur ce qui a été rapporté que par arrêt du Grand conseil les nommés Aubert et du Rivage, accusés à la requête du procureur fiscal en l’île de la Guadeloupe, auraient été condamnés, savoir le [p. 487] le premier par contumace à avoir la tête tranchée et le dernier aux galères pour trois ans, monsieur Berruyer a été prié de lever ledit arrêt et payer les épices et frais de l’expédition dont il en sera envoyé une à monsieur Houël auquel il sera mandé de tenir la main à ce que ledit procureur fiscal le fasse mettre à exécution, et que la Compagnie soit mise en possession des biens confisqués.
1377Monsieur Berruyer fera mettre par le sieur Manicher, commis à Dieppe, tous les outils, rasades achetés audit lieu dans le vaisseau qui est prêt à partir pour être porté de droite route à la Guadeloupe, et délivrés au sieur Chaumont avec ordre de les garder sans ouvrir les futailles où elles seront continués pour être délivrées au commis de la famille à son arrivée.
1378Messieurs les directeurs sont priés d’écrire à monsieur Rozée et faire leur possible tant en Hollande qu’à Madère ou autres lieux pour traiter avec un ou deux hommes qui sachent travailler à faire le sucre et cuite d’icelui et n’y rien épargner étant nécessaire d’en envoyer à la Guadeloupe le plus tôt faire se pourra.
1379La requête dudit sieur de Lolive afin de régler les habitations de Saint-Christophe, renvoyée au sieur de Leumont.
1380Autre requête dudit sieur de Lolive afin de le faire payer par préférence des dettes qui lui restent dues à la Guadeloupe, renvoyée aux juges de la Guadeloupe pour le faire payer.
1381Du vendredi cinquième mai MVIC quarante-cinq, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1382Ont été assemblés messieurs Daligre, Foucquet, de Ricouart, Berruyer, de Saint-Gilles, de La Cour, et le sieur Drouart pour madame la duchesse d’Aiguillon, administratrice des biens de feu monseigneur le cardinal de Richelieu.
1383Sur la requête présentée par damoiselle Marguerite Gournel tendant à ce qu’il plût à la Compagnie lui faire don d’une contenance de terre de six cents pas de longueur et de deux cents de largeur sur le Grand carbet [p. 488] de l’île de la Guadeloupe pour s’y habituer, la Compagnie a renvoyé ladite requête à monsieur Houël, gouverneur de ladite île, pour être pourvu à ladite damoiselle Gournel sur sadite demande ainsi qu’il jugera pouvoir être faite soit audit lieu si faire se peut ou vers la Case-au-borgne ou tel autre endroit que désirera la suppliante dont n’aura encore été disposé soit pour la famille de la Compagnie ou pour quelques autres particuliers.
1384Sur autre requête présentée par le sieur de Brouilly, tenant aux fins que dessus, idem.
1385Sur ce que monsieur Berruyer a représenté à la Compagnie par délibération du sixième janvier dernier et pour les causes y continues, il aurait emprunté le dixième dudit mois de diverses personnes la somme de quarante-cinq mille livres pour trois mois à intérêts qu’il aurait payés auxdits particuliers, aucuns desquels désirant le remboursement de partie du principal desdits XLV mille livres à quoi il est nécessaire de pourvoir.
1386La Compagnie a prié ledit sieur Berruyer de continuer l’emprunt desdits XLV mille livres, soit par la continuation auxdits particuliers qui les ont prétés ou à d’autres qui les fourniront pour six mois commencé le Xe avril dernier, que lesdits premiers trois mois sont finis et leur en payer l’intérêt à raison de dix pour cent suivant ladite délibération qui lui seront passés dans la dépense desdits XLV mille livres.
1387D’autant que quelques significations et commandements que ledit sieur Berruyer ait fait faire à aucuns des associés de la Compagnie ensuite de la délibération dudit jour VIe janvier pour payer les mille livres pour part de leur contribution, ils n’y ont jusqu’à présent satisfait, a été résolu que lesdits défaillants au payement desdits mille livres de contribution pour chacune part seront incessamment poursuivis au Grand conseil du roi pour ensuite des articles de société et de ladite délibération du VIe janvier, obtenir arrêt contre lesdits défaillants.
1388Vu par la Compagnie les propositions à elle présentée par les religieux de saint Dominique résidant en l’île de la Guadeloupe demandant en premier lieu qu’il plaise à ladite Compagnie leur accorder la disposition de leurs places et terres pour en faire et disposer ainsi qu’ils trouveront [p. 489] bon être afin que s’il arrivait quelque changement extraordinaire au détriment de leur privilèges et qu’ils fussent contraints de sortir de ladite île, il leur fut permis de vendre à leur profit lesdites terres et habitations, la Compagnie accorde aux religieux qu’en cas qu’on admette d’autres religieux ou séculiers dans ladite île ou que l’on les fasse sortir d’icelle, qu’ils vendent et disposent de leurs dites places et terres ainsi qu’ils aviseront bon être et que font les particuliers de ladite île.
1389En second lieu, sur ce que lesdits religieux demandent que les deniers à Dieu qui proviennent de la vente des habitations de ladite île qui sont donnés auxdits religieux leurs soient délivrés entre leurs mains en considération des billets qu’ils proclament en toutes leurs chapelles pour la sortie des habitants de ladite île, et ce comme pour salaire de leurs peines, la Compagnie déclare qu’elle entend que tous les deniers à Dieu destinés auxdites chapelles leurs seront délivrés ayant égard à leur dites peines.
1390En troisième lieu, demandent une vache à chacune de leurs maisons pour aider à leur santé et leur service de rafraîchissement, la Compagnie écrira à monsieur Houël, gouverneur dudit lieu, que l’on leur donne une vache pour mettre en telle de leur habitation qu’ils voudront.
1391En quatrième lieu, lesdits religieux demandent douze Nègres pour le service de leurs deux maisons, la Compagnie mande audit sieur Houël que des premiers Nègres qui viendront en ladite île, il en donne quatre auxdits religieux, lesquels sont priés d’avoir soin d’instruire en la foi les Nègres et Sauvages étant en ladite île.
1392Et sur la cinquième et dernière proposition desdits religieux de pouvoir avoir un lot de Nègres qui sont exposés en vente quand il en arrive en ladite île en les payant au prix des autres, en sera écrit audit sieur Houël pour donner la liberté auxdits religieux d’acheter desdits Nègres ainsi que les autres particuliers.
1393Ledit sieur Berruyer ayant représenté qu’il s’était fait à Saint-Christophe une société de quelques personnes portés de charité pour visiter les malades et enterrer les morts, lesquels souvent demeuraient sans sépulture, et que pour obliger les confrères de ladite charité à continuer [p. 490] ses bonnes œuvres, il priait la Compagnie leur accorder quelques privilèges, ladite Compagnie a accordé aux douze anciens de la charité exemption de toute garde pour leur personne durant le temps qu’ils seront des confrères de ladite charité.
1394Ledit sieur Drouart, au nom de la dame duchesse d’Aiguillon, a proposé à la Compagnie que ladite dame, comme administratrice de la personne et biens de monsieur le duc de Richelieu, son neveu, de quitter à ladite Compagnie la moitié des sommes que feu monsieur le cardinal de Richelieu a payées pour entrer en la société de ladite Compagnie en lui payant et remboursant l’autre moitié, auquel cas elle remettra à ladite Compagnie toutes les parts que ledit sieur duc de Richelieu y a comme légataire universel et héritier dudit défunt sieur cardinal, sur laquelle proposition, la Compagnie a prié monsieur Berruyer de traiter avec ladite dame duchesse d’Aiguillon dans huitaine desdites parts que ledit sieur duc a en ladite Compagnie pour la somme de six mille livres.
1395Du vendredi deuxième jour de juin MVIC quarante-cinq, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1396Ont été assemblés messieurs Berruyer, de Loynes, de Saint-Gilles, Boisseret et de La Cour, associés de la Compagnie des îles de l’Amérique.
1397Monsieur Berruyer a dit que monsieur Bardin, l’un des associés èsdites îles, a cédé et transporté à monsieur de Creil, conseiller du roi et maître des requêtes ordinaire de son hôtel, la part et portion qu’il a en icelle par transport passé par-devant Duchesne et Fiessé, notaires au châtelet, le XXVIIIe mars dernier, et que ledit sieur de Creil priait la Compagnie de le recevoir en icelle au lieu et place dudit sieur Bardin pour les deux quarante-cinquième qu’il a en ladite société, et à cet effet faire enregistrer au greffe par le secrétaire de ladite Compagnie ledit contrat de cession et transport. Ladite Compagnie a reçu et agréé en icelle ledit sieur de Creil au lieu et place dudit sieur Bardin, et ordonne que ledit contrat de cession et transport sera enregistré au greffe par le secrétaire de ladite Compagnie aux charges et conditions portées par les articles de société et d’entretenir par ledit sieur de Creil les délibérations faites et à faire par ladite Compagnie.
1398[p. 491] Sur la requête présentée par Michel Manicher, commis de la Compagnie à Dieppe, pour avoir permission de faire saisir et arrêter les effets de Pierre Gaffé, contrôleur et peseur de pétun en l’île de la Martinique, et lui vouloir continuer pour trois ans ladite charge et dépense, la Compagnie a renvoyé et renvoie ladite requête aux juges de la Martinique pour être pourvue audit Manicher sur sa demande pour l’assurance de ses prétentions, déclarant que ladite Compagnie avait accordé audit Gaffé ladite commission de peseur pour trois ans passés à la recommandation qui lui en fut faite par ledit Manicher, leur commis, laquelle commission a été continuée audit Gaffé pour trois années en considération de ladite recommandation.
1399A été arrêté qu’il sera donné au nommé Michel des provisions de juge à la Pointe-de-Sable et Cabesseterre, lesquelles seront envoyées au sieur de Leumont pour les délivrer suivant ce qui lui sera mandé par la Compagnie.
1400Sur ce qui a été demandé par le révérend père Pacifique59, capucin, pour lui aider et à son compagnon, d’avoir quelques nécessités et habits pour passer en l’île Saint-Christophe, la Compagnie a résolu qu’il leur sera baillé deux cents francs, et pour ce qu’ils ont requis pour la chapelle, y sera pourvu en autre temps.
1401Du septième juillet MVIC quarante-cinq, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1402Présents : messieurs Berruyer, de Creil, de Saint-Gilles, de La Cour, de Ricouart, Chanut, et Cazet.
1403A été résolu la requête au Grand conseil contre les héritiers de monsieur Martin de Maunoy.
1404A été accordé au sieur de Nouailly le gouvernement de l’île de la Grenade et Grenadines qu’il occupera au nom de la Compagnie dont lui seront expédiées provisions pour quatre années pendant lesquelles les habitants seront exempts de tous droits, et lui sera donné assurance par [p. 492] écrit de la continuation dudit gouvernement pour quatre années suivantes pendant lesquelles lesdits habitants payeront pour tous droits personnels pour ladite Compagnie cinquante livres par chacun desdits habitants, et le surplus des conditions sera traité avec ledit sieur de Nouailly par deux des sieurs directeurs.
1405Sur l’instance faite par le capitaine Barbier de Dieppe et ses bourgeois de son vaisseau pour le payement des bestiaux, sel, pétun et autres choses par ledit Barbier délivrés aux commis de la Compagnie en l’île de la Guadeloupe suivant les marchés faits avec monsieur Houël dont il a représenté les originaux et les certificats desdits commis, attendu qu’il n’est pas raisonnable de remettre ledit Barbier à l’assemblée du mois prochain ayant séjourné pendant six semaines en cette ville à la poursuite de son payement, a été résolu que messieurs les directeurs arrêteront le compte de ce qui se trouvera légitimement dû, et sur la somme à laquelle reviendra ladite dette, ils leur payeront comptant la somme de quatre mille livres et promettront audit Barbier et bourgeois de leur payer le surplus à la fin de l’année présente en cas que le contenu ès certificats se trouve véritable.
1406Et d’autant que monsieur Berruyer a dit qu’il n’avait aucun fonds de la Compagnie pour subvenir au payement desdits IIII mille livres, il a été prié avec messieurs les directeurs d’emprunter au nom de la Compagnie, ou s’il ne se peut en leur propre et privé nom, la somme de IIII mille livres à la meilleure condition qu’il se pourra.
1407A été accordé qu’il sera baillé IIII cents livres aux cinq capucins qui passent à Saint Christophe.
1408Qu’il sera expédié un acte de la Compagnie portant le don de la confiscation du sieur Aubert en France, de sa femme et des enfants nés de lui et d’elle.
1409[p. 493] Du vendredi quatrième août 1645, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1410Ont été assemblés messieurs Foucquet, de Ricouart, Chanut et Cazet.
1411Sera expédié commission portant continuation et prorogation pour trois années de la charge d’intendant général des affaires de la Compagnie des îles de l’Amérique.
1412Ont été lues les dépêches du VIIe juin dernier reçues des îles.
1413Du vendredi premier septembre 1645, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1414Ont été assemblés ledit sieur Daligre, messieurs Foucquet, de Ricouart et de Creil, maîtres des requêtes, Berruyer, Chanut, de Saint-Gilles, de Loynes, de La Cour et Cazet.
1415Monsieur Berruyer a représenté à la Compagnie les lettres qui lui ont été écrite [s] par monsieur du Parquet du mois de juillet denier par lesquelles il proteste toute l’affection au service de la Compagnie.
1416La Compagnie a résolu qu’il sera convié de continuer son obéissance et averti du départ de monsieur de Thoisy pour suivre ses ordres et tenir avec lui une particulière correspondance pour le service du roi, bien de la Compagnie et sûreté de l’un et de l’autre, comme aussi de faire rendre la justice ainsi qu’il y est particulièrement obligé par sa charge de sénéchal.
1417Ledit sieur Berruyer ayant remontré les nécessités de Saint-Christophe causée par la continuation des vers qui non seulement ronge les pétuns mais aussi les vivres.
1418[p. 494] A été résolu qu’il sera fait une ordonnance pour remettre aux habitants ce qu’ils doivent de reste à la Compagnie pour les droits personnels de l’année dernière et de la présente, et néanmoins sera écrit à monsieur de Leumont de remplir ladite ordonnance de remise, laquelle lui sera envoyée en blanc comme il jugera le plus à propos sans y comprendre les droits des officiers.
1419La Compagnie donne pouvoir à monsieur de Leumont de traiter avec monsieur de Poincy pour sortir de Saint-Christophe et se retirer en France en sorte que l’autorité demeure entière et absolue auxdits seigneurs de la Compagnie et à leurs officiers, et que ledit sieur de Thoisy y soit reçu et reconnu en la qualité qu’il plaît au roi de lui donner et à celle que lesdits seigneurs de la Compagnie lui ont accordée, et ce faisant, obliger les effets appartenant à la Compagnie dans ladite île Saint-Christophe pour la sûreté du payement de la somme auxquelles ledit sieur de Poincy est intervenu envers les Hollandais, pour la garantie et payement des deux tiers conjointement avec ledit sieur de Thoisy pour l’autre tiers du prix des marchandises par eux fournies dans les magasins communs de ladite île et dont les habitants d’icelle ont eu la délivrance, ou qui sont effectivement dans lesdits magasins, et sans qu’en conséquence de ladite obligation, lesdits Hollandais ou autre puissent prétendre aucunes choses contre lesdits seigneurs de la Compagnie, outre que par-dessus les effets à eux appartenant en ladite île Saint-Christophe, ni se pourvoient sur les effets des autres îles, ni à l’encontre d’eux, soit personnellement ou autrement, en quelque manière que ce soit.
1420Du vendredi troisième novembre 1645, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1421Ont été assemblés messieurs Berruyer, Cazet et de La Cour.
1422[p. 495] Lesdits sieurs Berruyer et Caset ont représenté à la Compagnie qu’ayant été nommés par icelle en leur assemblée du septième juillet dernier pour compter et arrêter prix avec le capitaine Barbier de Dieppe pour plusieurs demandes et prétentions contre ladite Compagnie en vertu des assignations qui lui avaient été données par monsieur Houël et commis de la Guadeloupe auxquels ils avaient fournis trente bêtes à cornes, vingt-trois bourriques, vingt-trois tonneaux de sel, deux cents cinquante cabristes et plusieurs autres choses dont il prétendait le payement jusqu’à la somme de dix-huit mille cinq cent trente trois livres, toutes lesquelles prétentions auraient été réduites et accordées par ensemble à la somme de X mille IIII cent XI [livres] VI sols VIII deniers, sur laquelle aurait été payé comptant audit Barbier la somme de IIII mille livres suivant la délibération de ladite Compagnie par quittance du XIIIIe juillet dernier.
1423Ladite Compagnie a approuvé et approuve ladite liquidation et accord et entend qu’il sorte son plein et entier effet.
1424Ledit sieur Berruyer a fait rapport des articles proposés à ladite Compagnie par messieurs de Vueuil et de Saint-Rémy pour obtenir de la Compagnie en toute propriété et seigneurie l’île de Tobago près celle de La Trinité non habitée par aucun prince chrétien ami ou allié de la France.
1425La Compagnie ne se trouvant en nombre pour pouvoir résoudre valablement sur les demandes desdits sieur, considérant même que pour la disposition et aliénation de toute une île il est nécessaire convoquer une assemblée générale.
1426A été résolu que ladite assemblée sera convoquée au premier vendredi du mois prochain et qu’à cette fin, tous les associés en seront avertis par billet particulier.
1427Du vendredi premier décembre 1645, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1428A été tenue l’assemblée générale ainsi qu’il s’en fait [p. 496] tous les ans suivant les délibérations de la Compagnie et les billets pour cet effet envoyés aux domiciles de chacun des associés de la dite Compagnie, en laquelle assemblée se sont trouvés messieurs Berruyer, de Loynes et de La Cour.
1429Ledit sieur Berruyer après avoir représenté ce qui s’était passé durant le cours de cette année, le retour de monsieur Houël par le navire de Gandouin et les grandes dépenses qu’il avait été obligé faire à La Rochelle, déclaré par le menu au compte rendu par le sieur Denis audit sieur Houël, par lequel compte la Compagnie est demeurée redevable audit sieur Denis de cinq mille tant de livres, et donné avis de l’arrivée dudit sieur Houël pour les îles de son passage à Madère au commencement du mois d’octobre dernier, et représenté à la Compagnie, qu’outre que ledit sieur Berruyer est pressé par ledit sieur Denis pour avoir payement de son dû, que le capitaine Barbier et ses bourgeois de Dieppe demandent les six mille tant de livres qui leur reste dus par ladite Compagnie des Nègres, bestiaux et autres choses fournies par ledit capitaine Barbier audit sieur Houël en ladite île de la Guadeloupe, suivant la compte qui en a été arrêté cette année par ladite Compagnie.
1430Que l’on a accoutumé tous les ans en la présente assemblée générale de remercier les deux anciens directeurs de ce qu’ils ont agi pour le bien et avantage de la Compagnie et ainsi qu’il faisait présentement monsieur Cazet, monsieur d’Eragny étant décédé, au lieu et place desquels la Compagnie a nommé messieurs Foucquet et de Loynes pour directeurs cette année courante avec messieurs Boisseret et Berruyer qui sont priés de continuer leur seconde année.
1431Ledit sieur Berruyer a représenté un acte par lequel madame d’Eragny, veuve de feu monsieur d’Eragny, l’un des associés de ladite Compagnie, a accepté la continuation de la société tant en son nom que comme tutrice et ayant la garde noble de leurs enfants et nomme [p. 497] ledit sieur Berruyer pour assister pour eux aux assemblées qui se feront de la dite Compagnie, laquelle a agréable ladite nomination et en accorde acte à ladite dame.
1432Du mardi douzième décembre 1645, au logis de monsieur Foucquet, maître des requêtes, ont été assemblés ledit sieur Foucquet, messieurs de Ricouart, de Creil, Berruyer, de Loynes et Cazet.
1433Ledit sieur Berruyer ayant représenté à la Compagnie que par arrêt du Grand conseil donné sur les saisies faites entre les mains de ladite Compagnie par les sieurs de Cany et Faulcon de tout ce qu’ils prétendaient être dus audit sieur de Lolive, les parties auraient été mises hors de cour et de procès, c’est pourquoi ledit sieur de Lolive priait ladite Compagnie d’écrire à monsieur de Leumont de lever les souffrances par lui mises en quelques articles de payement faits audit sieur de Lolive par les commis Bonhomme et autres en leurs comptes, et lui mande en outre de faire payer ledit sieur de Lolive ce qui reste de ce qui lui a été donné.
1434A été résolu qu’il sera écrit audit sieur de Leumont de lever lesdites souffrances mises sur les comptes desdits Bonhomme et autres et de faire payer audit sieur de Lolive d’année en année le reste de ce qu’il lui est dû de ce qui lui a été donné.
1435Vu les articles présentés à la Compagnie par les sieurs de Vueuil et de Saint-Rémy pour habiter l’île de Tobago, ladite Compagnie a prié messieurs Foucquet et Berruyer de traiter au nom de ladite Compagnie avec lesdits sieurs de Vueuil et de Saint-Rémy aux charges et conditions qu’ils trouveront être les plus avantageuses pour ladite Compagnie, lequel traité lesdits sieurs leur feront voir à la prochaine assemblée.
1436La Compagnie approuve ce que monsieur Berruyer a écrit au sieur d’Aubigné pour s’habituer en une autre île au lieu de celle de Marie-Galante en cas qu’elle se trouve habitée par les Irrois.
1437[p. 498] Sur la requête présentée par Henri Guivard, sieur de La Paillère, contenant que le procureur fiscal de Saint-Christophe aurait fait quelques procédures à l’encontre de lui et même décerné décret de prise de corps sur quelques différends qu’ils auraient eu ensemble avant son départ de l’île, requérant qu’il nous plût évoquer à nous ledit procès et différends et faire défense à notredit procureur fiscal d’en connaître, et aux parties d’en faire aucunes poursuites à peine de tous dépens, dommages et intérêts.
1438La Compagnie a renvoyé la présente requête par-devant la justice souveraine de l’île Saint-Christophe pour sur les charges et informations être fait droit aux parties, et cependant sursoieront pour six mois de ce jour tous décrets et prise de corps contre ledit sieur de La Paillère tant en France que dans les îles de l’Amérique.
1439Du vendredi cinquième jour de janvier 1646, au logis de monsieur Foucquet, maîtres des requêtes.
1440Ont été assemblés ledit sieur Foucquet, messieurs de Creil, Berruyer, de Loynes, Cazet et de Saint-Gilles.
1441Les articles accordés par lesdits sieurs Foucquet et Berruyer au nom de la Compagnie avec les sieur de Vueuil et de Saint-Rémy pour habituer l’île de Tobago suivant la délibération de la Compagnie du XIIe décembre dernier, ont été lus et agréés par icelle pour avoir lieu suivant leur contenu.
1442Ledit sieur Berruyer a fait voir à ladite Compagnie la lettre du capitaine Barbier de Dieppe et ses associés demandant payement de six mille quatre cents tant de livres qui leur reste dus suivant l’arrêté qui en a été fait par ladite Compagnie à cause des bestiaux, sel et autres choses fournies par ledit Barbier au sieur Houël à la Guadeloupe dont le payement leur avait été promis par ladite Compagnie à [p. 499] la fin de l’année dernière, ledit sieur Berruyer est prié de faire réponse audit sieur Barbier et associés à ce qu’ils aient avoir encore un peu de patience sur l’espérance que l’on a d’avoir bientôt des nouvelles dudit sieur Houël.
1443Et quand à la lettre de change que ledit sieur Berruyer dit lui avoir été adressée par le sieur Marivet, commis à Saint-Christophe, du cinquième juillet dernier pour payer au sieur Le Tenneur II cent XXX livres dont ledit Marivet tiendra compte sur ses gages.
1444Ladite Compagnie, n’ayant aucune lettre d’avis, a prié ledit sieur Berruyer de surseoir le payement de ladite lettre de change jusqu’à la prochaine assemblée.
1445Ledit sieur Berruyer a prié la Compagnie commettre ceux de messieurs les associés qu’il lui plaira pour voir et arrêter son compte jusqu’en fin de l’année dernière.
1446Ladite Compagnie a nommé messieurs Foucquet et de Ricouart pour voir et arrêter le compte dudit sieur Berruyer.
1447Du vendredi deuxième février MVIC quarante-six, au logis de monsieur Foucquet, maître des requêtes.
1448Ont été assemblés ledit sieur Foucquet, messieurs de Ricouart et de Creil, maître des requêtes, Berruyer et de Loynes.
1449Sur ce qui a été proposé par ledit sieur Berruyer qu’il était besoin de pourvoir au payement des dettes de la Compagnie et que n’étant arrivé aucun vaisseau en France qui apportât aucune marchandise de quoi satisfaire les créanciers dont les promesses étaient payables au mois de janvier dernier.
1450A été ordonné que les promesses seront renouvelées pour six mois à raison des mêmes intérêts.
1451Lecture faire de la lettre dudit sieur Denis, commis à La [p. 500] Rochelle, a été ordonné que congés seront donnés pour les capitaine Gandouin et Bourdet à la charge qu’ils porteront des mousquets à la Guadeloupe et en rapporteront certificat.
1452Et résolu qu’à l’avenir on n’enverra plus d’armes ni autres choses à Saint-Christophe jusqu’à ce qu’on ait nouvelles de la réception de monsieur de Thoisy.
1453Sera écrit à tous les commis de faire saisir et arrêter les vaisseaux et marchandises des capitaines qui n’auront congés de la Compagnie.
1454Sera payée la somme de cent quinze livres au nommé [un blanc], matelot de la Guadeloupe de présent à La Rochelle, en retirant la lettre de monsieur Houël et Le Gay.
1455La procédure criminelle encommencée au Grand conseil à la requête des directeurs à l’encontre du chevalier de Poincy sera continuée.
1456Comme aussi messieurs les directeurs sont priés de veiller au procès pendant audit conseil entre la Compagnie et madame la duchesse d’Aiguillon.
1457Sera écrit à monsieur Houël en faveur des pères jacobins et prié d’exhorter les habitants de contribuer à leur entretien et réparation des églises, et en cas de nécessité trop grande, sur son avis, leur sera pourvu.
1458On fera instance pour avoir faiseurs de sucre.
1459Sur ce que le sieur Rodrigues de Nantes propose d’obtenir du roi permission de faire construire deux moulins propres à pulvériser le tabac en tous les lieux et endroits où il jugera le mieux et offre d’en faire la dépense à ses dépens.
1460[p. 501] La Compagnie consent que ledit sieur Rodrigues obtienne de sa majesté tel don et lettres nécessaires pour construire lesdits moulins de laquelle construction et permission il fera les dépenses et telles gratifications annuelles qu’il avisera vers la Compagnie.
1461Du vendredi deuxième mars MVIC quarante-six, au logis de monsieur Foucquet, maître des requêtes.
1462Ont été assemblés ledit sieur Foucquet, messieurs Berruyer, de Loynes et de La Cour.
1463Sur la demande faite par le nommé Petit de la continuation de la commission de notaire à Saint-Christophe.
1464A été arrêté auparavant que d’accorder audit Petit la continuation de ladite commission de notaire, l’on attendra des nouvelles de Saint-Christophe après lesquelles l’on y pourvoira.
1465Monsieur Berruyer a fait entendre à la Compagnie qu’un gentilhomme angevin nommé Pierre Rousseau avait dessein d’aller habiter l’île de Lucaye et qu’il priait ladite Compagnie lui en bailler une commission.
1466A été arrêté qu’il en sera traité avec lui.
1467Sera donné à Jacques Barbier et Jean Pelle, matelots, habitants à la Guadeloupe, cinquante livres pour leur aider à y retourner.
1468Ledit sieur Berruyer est prié de payer tous les frais qui sont dus au sieur Proffit, procureur au Grand conseil.
1469La Compagnie considérant en l’occasion qui se présente que l’on aura affaire de poudre et de balles, a été arrêté qu’il sera envoyé deux cents livres de poudre à mousquet et un saumon de plomb de trois cents livres pour faire des balles, pour l’achat desquelles monsieur Berruyer est prié de faire l’avance comme des autres sommes ci-dessus.
1470[p. 502] Du jeudi vingt-troisième août MVIC quarante-six.
1471Sur ce qui a été représenté par les directeurs de la Compagnie des îles de l’Amérique, que pour la subsistance de la famille étant en l’île de la Guadeloupe pour la confection des sucres et peuplade de ladite île, il a été tiré plusieurs lettres de change sur ladite Compagnie tant par monsieur Houël que messieurs Marivet et Le Gay, commis, pour ustensiles nécessaires à ladite famille et gages d’anciens services à icelle, même qu’il s’est fait plusieurs poursuites tant à La Rochelle qu’à Honfleur par les femmes des divers particuliers artisans et ouvriers étant en ladite île aux gages de la dite Compagnie pour avoir par les femmes desdits ouvriers payement desdits gages, que par lettres dudit sieur Houël et mémoires par lui envoyés à la Compagnie, il représente qu’il est grandement nécessaire de lui envoyer par les premiers navires qui iront en la dite île de la Guadeloupe le contenu en iceux mémoires, à toutes lesquelles choses, lesdits sieurs directeurs ne pouvant satisfaire pour n’y avoir aucun fonds, en donnent avis à ladite Compagnie pour y pourvoir dans l’occasion présente de deux navires prêts à partir pour lesdites îles, l’un à Honfleur et l’autre à Dieppe.
1472La Compagnie, considérant l’importance de l’affaire et pour ne perdre l’occasion présente desdits vaisseaux et l’espérance qu’elle a par les lettres dudit sieur Houël et par le rapport du sieur capitaine Bontemps que bientôt l’on recevra les premiers fruits du travail de ladite famille, a été résolu que lesdits sieurs directeurs écriront à monsieur Rozée, l’un desdits associés, et le prieront, au nom d’icelle, de vouloir emprunter la somme de douze mille livres pour six mois pour laquelle lesdits sieurs directeurs s’obligeront en leurs noms envers lui dont ladite Compagnie les indemnisera et des intérêts jusqu’à l’entier payement d’icelle, consentant dès à présent lesdits sieurs associés que lesdits directeurs rembourse [nt] ladite somme de XII mille livres et intérêts audit sieur Rozée du provenu des premiers effets de ladite Compagnie sans qu’il soit besoin d’autre pouvoir ni délibération que la présente, laquelle somme de XII milles livres sera employée en l’acquit desdites lettres de change, payement des gages desdits artisans et ouvriers, et aux choses qu’ils jugeront les plus nécessaires contenues auxdits mémoires.
1473[p. 503] Du mardi XXVIe mars 1647.
1474Les seigneurs des îles de l’Amérique voulant remédier aux diverses plaintes qui leur sont faites des différends qui naissent journellement entre les sieurs de Thoisy et Houël sur la fonction de leurs charges et entre les officiers et juges de l’île de la Guadeloupe et le sieur de Boisfaye et autres dénommés en la commission obtenue de monsieur le grand prévôt pour exercer les charges de lieutenant, exempt, et archers èsdites îles.
1475Ont résolu que le premier vaisseau qui partira de France pour aller èsdites îles, il sera écrit à messieurs de Thoisy et Houël que la commission dudit sieur grand prévôt ne se peut dorénavant exécuter èsdites îles par le sieur de Boisfaye et les dénommés en icelle contre les habitants de ladite île contre lesquels ladite commission a été expédiée pour les obliger à obéir aux ordres du roi sans toutefois y comprendre aucuns habitants de la Guadeloupe, contre lesquels en ce cas il sera informé et le procès fait par les juges ordinaires de ladite île de la Guadeloupe.
1476Que ledit sieur de Thoisy, en qualité de lieutenant général pour le roi èsdites îles, pendant son séjour en ladite île de la Guadeloupe où il s’était retiré du consentement desdits seigneurs porté par les lettres audit sieur Houël du XVIe août MVICXLV pour un temps à présent expiré et ne pouvant encore à présent en sortir, lesdits seigneurs de la Compagnie trouvent bon qu’il réside encore pendant le temps porté en l’arrêt du conseil du [un blanc] mars MVIC quarante-sept et aux conditions portées par ledit temps aux conseils de guerre qui se tiendront en ladite île, tant pour empêcher les entreprises des ennemis sur lesdites îles et pourvoir à la sûreté que pour tenir les Caraïbes en devoir et se conserver contre ès mauvais desseins qu’ils pourraient avoir, et feront leur possible lesdits sieurs de Thoisy et Houël d’entretenir une ferme paix et bonne correspondance avec lesdits Caraïbes.
1477[p. 504] Que le gouverneur et sénéchal de ladite île de la Guadeloupe fera les fonctions qui lui sont attribuées par lesdites charges en la justice et police, présidera au conseil souverain par lui établi conformément à la déclaration de sa majesté portant création dudit conseil souverain en ladite île, et donnera seul les congés aux habitants de ladite île selon qu’il jugera expédié pour le service de la Compagnie, pourra néanmoins ledit sieur de Thoisy entrer une fois seulement dans ledit conseil souverain et en ce cas par honneur, ainsi qu’il se pratique en France.
1478Que les juges subalternes ne pourront continuer l’instruction des procès dans lesquels ils auront été pris à partie jusqu’a ce que ladite prise à partie soit jugée audit conseil souverain conformément à l’usage en France.
1479Que l’édit de mars 1642 accordé par sa majesté auxdits seigneurs des îles et le traité particulier fait entre eux et ledit sieur de Thoisy le XVIe décembre 1644 seront observés par lesdits sieurs de Thoisy et Houël qui sont priés de vivre dorénavant en bonne amitié et parfaite intelligence ainsi qu’ils le promirent auxdits seigneurs, et qu’il leur est très nécessaire pour leur sûreté et la doivent pour le service du roi, le bien desdits seigneurs et conservation des habitants.
1480[Du vendredi XVIIe avril]60
1481Du premier août MVIC quarante-sept.
1482En l’assemblée générale des îles de l’Amérique convoquée par billets particuliers au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État, pour délibérer sur diverses propositions faites par monsieur de Poincy pour acquérir desdits seigneurs, au nom de monsieur de Longvilliers, son père, la propriété tant de l’île Saint-Christophe que de tout ce qui appartient auxdits seigneurs.
1483A été résolu que messieurs Daligre, de Ricouart et Berruyer, traiteront avec ledit sieur de Poincy, fondé de procuration dudit sieur de Longvilliers, [p. 505] son père, pour la propriété de ladite île Saint-Christophe en la meilleure forme et aux conditions plus avantageuses qu’ils pourront, promettant ladite Compagnie d’approuver et ratifier toutefois et quantes ce qui aura été par eux fait avec ledit sieur de Poincy pour raison de la vente et aliénation de la propriété et seigneurie et vente des parts qui lui appartient dans ladite île Saint-Christophe.
1484Du vingt-sixième jour d’août MVICXLVII.
1485En l’assemblée des associés de la Compagnie des îles de l’Amérique tenue au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1486Sur ce qui a été représenté à la Compagnie par monsieur Daligre, de Ricouart et Berruyer, députés pour traiter avec monsieur de Poincy pour la vente et aliénation de la propriété et seigneurie de l’île Saint-Christophe, qu’ayant commencé jourd’hui avec ledit sieur de Poincy de ladite vente pour le prix de quatre-vingt-dix mille livres payables savoir XVIII mille livres comptant et le surplus en quatre payements égaux d’année en année après le premier terme de deux années échues, le sieur de Poincy leur aurait déclaré ne pouvoir fournir comptant ladite somme de XVIII mille livres, ce que lesdits sieurs, ayant considéré et voulant que la convention s’exécute et que le contrat en soit passé, ont arrêté de recevoir l’offre dudit sieur de Poincy qui est de passer obligation de XIX mille livres tant pour le principal desdits XVIII mille livres qu’intérêts pour deux ans sous tel nom qu’ils aviseront bon être.
1487La Compagnie voulant que ladite convention soit exécutée, a acceptée les offres dudit sieur de Poincy, et prié monsieur Berruyer de prendre audit sieur de Poincy pour argent comptant
1488ladite obligation de XIX mille livres, tant pour les XVIII mille livres dont il baillera quittance par le contrat que de mille livres pour les intérêts desdites deux années, [p. 506] de laquelle obligation néanmoins ledit sieur Berruyer ne sera point chargé envers la Compagnie ni tenu de comptes de ladite somme de XIX mille livres qu’elle n’ait été reçue par lui, et ce faisant ont ordonné ordre auxdits sieurs d’en passer le contrat.
1489Du vendredi sixième jour de décembre 1647.
1490En l’assemblée générale tenue au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État, des associés de la Compagnie des îles de l’Amérique.
1491Lecture ayant été faite du contrat passé par-devant [un blanc] et Parque, notaires, le XXVIe jour d’août 1647 par messieurs Daligre, de Ricouart et Berruyer avec ledit sieur de Poincy, tant en son nom que comme procureur de monsieur de Poincy, son père, pour la vente de la propriété et seigneurie de Saint-Christophe, en conséquence des délibérations de ladite Compagnie des premier et sixième dudit mois d’août 164761, ladite Compagnie a approuvé et ratifié ledit contrat, consent qu’il soit exécuté selon sa forme et tenant et suivant les clauses et conditions portées en icelui.
1492Du vendredi XVIIe avril MVICXLVIII 1648.
1493En l’assemblée des seigneurs des îles de l’Amérique, tenue au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État, des affaires de la Compagnie.
1494Sur la remontrance faite à ladite Compagnie par damoiselle Marie Philibert, veuve de monsieur Charles Liénard, sieur de Lolive, vivant gouverneur de l’île de la Guadeloupe, qu’au compte rendu par le nommé Bonhomme, commis à Saint-Christophe, à monsieur [p. 507] de Leumont, intendant des affaires de ladite Compagnie, il lui aurait rayé et tenu souffrance XV mille livres de pétun sous le nom dudit feu sieur de Lolive à faute d’avoir rapporté quittance et décharge desdits seigneurs requérant qu’il nous plût faire leur ladite souffrance et ledit Bonhomme déchargé.
1495Ladite Compagnie a levé la souffrance desdits XV mille livres de pétun mentionnés au compte dudit Bonhomme sous le nom dudit feu sieur de Lolive rendu à monsieur de Leumont le IIIe juin MVICXLIIII sans approbation de l’arrêt du Grand conseil du XXXe septembre 1647 et de la transaction faite par monsieur de Poincy, et pour plusieurs considérations, ladite Compagnie a donné et donne mainlevée à ladite veuve de Lolive des XV mille livres de pétun et consentent qu’ils soient passés purement audit compte.
1496Du vendredi huitième mai 1648, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1497Ont été assemblés messieurs Foucquet, maîtres des requêtes, Berruyer, Boisseret et Cazet, associés ès îles de l’Amérique.
1498Sur la requête présentée à la Compagnie par Philibert de Nouailly, gouverneur de la Grenade, contenant que n’ayant pu satisfaire au contrat fait entre eux et par-devant Vaultier et Charles, notaires au châtelet de Paris, le XVIIe avril 1647, ni au premier payement qu’il est tenu faire à ladite Compagnie au jour de Noël prochain à cause des troubles qu’il a reçus et des frais qu’il lui a convenu supporter, requérait qu’il plaise à ladite Compagnie lui octroyer prorogation du partement de son vaisseau jusqu’au jour de la Toussaint prochain et retardement de premier payement qu’il doit faire au jour de Noël prochain en un an.
1499Ladite Compagnie a prorogé et proroge audit sieur de Nouailly [p. 508] le délai du partement de son vaisseau jusqu’au jour de Toussaint prochain, et le premier payement qu’il doit faire à Noël prochain sera prolongé jusqu’au jour de la Toussaint ensuivant 1649 sans espérance d’autre délais.
1500Sur ce qui a été remontré à ladite Compagnie par le sieur Jacques Mel de Dieppe qu’il aurait traité les feus sieurs du Plessis et de Lolive pour quatre pièces de canon, leur attirail et quelques balles et ustensiles suivant leur promesse du XIXe mai 1635, dont il n’aurait reçu aucun payement, et que lesdits canons, attirail et ustensiles avaient été portés en l’île de la Guadeloupe dont il requérait le payement.
1501La Compagnie a ordonné que ce qui se trouvera en ladite Guadeloupe desdits quatre pièces de canon, attirail et ustensiles appartenant audit sieur Jacques Mel lui serait rendus ou à celui qui aura charge et pouvoir de lui, priant monsieur Houël, sénéchal et gouverneur de ladite île, de faire exécuter la présente délibération.
1502Sur ce qui a été représenté par les sieurs Berruyer, Boisseret et Cazet que suivant et en vertu des délibération de la Compagnie, ils ont emprunté plusieurs sommes de deniers de diverses personnes pour être employés aux dépenses qu’il a convenu de faire pour la peuplade et entretien des îles, desquelles, depuis quatre ans, il n’est provenu aucun bénéfice pour pouvoir satisfaire au payement des promesses dont les termes sont échus, et les créanciers pressant leur payement, pour auxquels satisfaire serait nécessaire que la Compagnie ordonnât d’une contribution par chacun particulier d’icelle pour l’acquit desdites dettes.
1503Sur quoi, ladite Compagnie, considérant que pour ordonner [p. 509] une nouvelle contribution, il est à propos de convoquer une assemblée générale des associés en attendant icelle, lesdits sieurs Berruyer, Boisseret et Cazet sont priés de vouloir renouveler et continuer leursdites promesses soit audit créanciers qui ont prêté lesdits deniers, ou autres qui en voudront bailler, aux conditions et ainsi qu’il est porté par ladite délibération de la dite société.
1504Du vendredi XVe mai 1648, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1505Ont été assemblés ledit sieur Daligre, messieurs Foucquet et de Ricouart, maîtres des requêtes, Ladvocat, maître des comptes, Berruyer, de Loynes et Cazet, tous associés ès îles de l’Amérique.
1506Sur ce qui a été représenté que le procès criminel commencé au Grand conseil à l’encontre du sieur commandeur de Poincy est demeuré depuis longtemps sans aucune poursuite, ce qui cause un grand dommage à la Compagnie en ce qu’elle est par ce moyen dépouillée de tout le revenu qu’elle devait tirer de l’île de Saint-Christophe, outre qu’il est important que la reine soit informée de la vérité de ce qui s’y est passé et des violences qui ont été commises à l’encontre des officiers de la Compagnie pour y apporter ensuite les remèdes nécessaires.
1507A été résolu que ledit procès sera poursuivi incessamment sans y perdre temps, et pour cet effet, les procédures remises entre les mains de monsieur Berruyer, qui est prié d’en prendre le soin sans aucune discontinuation jusqu’au jugement et donner avis à la Compagnie de temps à autre de l’état dudit procès.
1508Sur ce qui a été remontré par les directeurs de la Compagnie que dès le huitième de ce mois, à l’assemblée ordinaire qui fut tenue, ils auraient demandé que tous les associés [p. 510] fussent convoqués par billets exprès pour leur faire entendre le mauvais état auquel étaient les affaires, ce qui aurait été ordonné, mais nonobstant la diligence qui en fut faite fort peu d’entre eux s’y étant trouvé, ils se voient obligés encore aujourd’hui de représenter que les désordres arrivés dans les îles les dernières années ont empêché que l’on ait tiré aucun revenu d’icelle pour acquitter ce qui avait été emprunté pour l’établissement fait en l’île de la Guadeloupe, au contraire, les lettres de change tirées par monsieur Houël et autres dépenses par lui faites ayant obligé de prendre de l’argent de diverses personnes à gros intérêts, outre les gages des officiers et serviteurs, les dettes se sont accumulées jusqu’à des sommes excessives, en sorte qu’il n’y a plus aucune espérance d’en sortir qu’en contribuant au moins IIII mille et tant de livres pour chacune des parts que les associés ont en icelle, à quoi il est nécessaire de pourvoir, ne pouvant lesdits directeurs qui se trouvent poursuivis en leurs noms pour aucunes desdites dettes, laisser plus longtemps les affaires en ce désordre sans y apporter les remèdes, convenant ce qui se peut que par une assemblée générale de la Compagnie, la plupart des associés d’icelle négligeant de se trouver audites assemblées ordinaires.
1509A été arrêté que tous les associés de ladite Compagnie seront invités de se trouver à l’assemblée générale qui sera tenue le premier vendredi du mois de juin, deux heures de relevé, en la maison de monsieur Daligre, conseiller d’État, pour être délibéré sur lesdites affaires, ce qu’à cet effet copie de la présente délibération sera donnée ou envoyée à chacun desdits associés afin qu’ils s’y puissent trouver ou envoyer leurs procuration à tels autres desdits associés qu’ils aviseront, autrement et à faute de ce faire, que ce qui sera arrêté en ladite assemblée sera exécuté tant en présence qu’absence, comme si tous lesdits associés y avaient assistés. Signé Daligre, Foucquet, Berruyer, Cazet, Ladvocat et de Loynes.
1510[p. 511] Du vendredi cinquième juin MVICXLVIII, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1511Ont été assemblés monsieur Daligre, Berruyer, Cazet et de la Cour, associés ès îles de l’Amérique.
1512Sur ce qui a été remontré à ladite Compagnie par damoiselle Marie Philibert, veuve dudit défunt Charles Liénard, vivant écuyer, sieur de Lolive, que ledit défunt son mari a reçu par notre ordre du nommé Lagarde, notre commis à Saint-Christophe, XV mille livres de pétun faisant la quatrième partie des LX mille livres, lesquels lui ont été rayé et tenu en souffrance à faute d’avoir rapporté notre ordonnance et déchargé sur le compte que ledit Lagarde a rendu à monsieur de Leumont, intendant des affaires de notre Compagnie, ce qui aurait mû ledit Lagarde de faire saisir et arrêter les effets de ladite veuve de Lolive, requérant à cette cause qu’il nous plût faire leur ladite souffrance desdits XV mille livres de pétun et en décharger ledit Lagarde et lui donner mainlevée de ladite saisie.
1513Ladite Compagnie a levé ladite souffrance desdits XV milles livres de pétun mentionnés au compte dudit Lagarde sous le nom dudit sieur de Lolive, rendu audit sieur de Leumont sans approbation de l’arrêt du Grand conseil du roi du XXXe septembre 1647 et de la transaction faite par monsieur de Poincy, et pour plusieurs considérations, ladite Compagnie a donné et donne mainlevée à ladite veuve Lolive de la saisie faite par ledit Lagarde de ses effets et consent que lesdits XV mille livres de pétun soient passés purement audit compte.
1514[p. 512] [page blanche]
1515[p. 513] Du vendredi quatrième septembre 1648, au logis de monsieur Daligre, conseiller d’État.
1516Ont été assemblés ledit sieur Daligre, messieurs le président de Flécelles, Berruyer, Caset, Ladvocat, de Loynes.
1517Sur ce qui a été remontré à la Compagnie par monsieur le sieur commandeur de Poincy et damoiselle Marie Philibert, lors femme de feu sieur de Lolive, le XXe juillet MVIC quarante [et] un, il aurait obligé ladite Compagnie, tant pour quelques prétentions que ledit sieur de Lolive avait à l’encontre d’icelle qu’en considération de la perte de la terre dudit sieur de Lolive et quantité de ses enfants, à leur payer six vingt mille livres de pétun en divers temps et en plusieurs années à plain62 déclarées dans ledit contrat, desquels six vingt mille livres ladite damoiselle de Lolive aurait déclaré n’avoir reçu que soixante mille livres de dudit pétun et présenté sa requête au Grand conseil du roi tant en son nom que comme veuve et tutrice de ses enfants dudit défunt et d’elle pour être payer desdits soixante milles livres de pétuns restant desdits VIXX mille livres, sur laquelle requête serait intervenu arrêt dudit Grand conseil du XXXe [p. 514] septembre mille six cent quarante-sept par lequel ladite Compagnie aurait été condamnée de payer en la ville de Paris à ladite veuve audit nom dans un an la valeur et prix déduits LX mille livres de pétun, contre lequel arrêt ladite Compagnie se voulant pourvoir par requête civile ou au conseil du roi par divers moyens et pièces nouvelles non vues ni produites, ladite damoiselle aurait fait offres de s’accommoder à l’amiable plutôt que de rentrer à nouvelles procédures, et pour cet effet, monsieur le président de Flécelles, Berruyer et Cazet auraient été priés par la Compagnie d’entendre les propositions de ladite damoiselle sur lesquelles, après plusieurs raisons et contestations de part et d’autre, les parties seraient demeurées d’accord qu’en payant à ladite damoiselle audit nom la somme de neuf mille cent cinquante-sept livres douze sols sans intérêts savoir, deux mille cent cinquante-sept livres douze sols [d’une part, et cent cinquante-sept livres douze sols pour les frais et obtention de l’arrêt dudit Grand conseil contenue en… d’icelui du VIe novembre 1647]63 dans la fin de la présente année, et les sept mille livres restant en trois années consécutives et payements égaux qui est pour chacune d’icelle deux mille trois cent trente-trois livres six sols huit deniers dont le premier payement échura au dernier décembre MVIC quarante-neuf, laquelle damoiselle audit nom aurait accepté lesdites offres auxdites conditions à la charge que ladite somme lui sera payée sur et en déduction de ses deniers du taux [p. 515] portés par son contrat de mariage, offrant moyennant ledit payement de quitter et décharger ladite Compagnie de toutes et chacunes les prétentions qu’elle audit nom pourrait avoir à l’encontre d’icelle tant en vertu dudit contrat du XXe juillet 1641 que dudit arrêt du Grand conseil du XXXe septembre 1647, lesquels en ce faisant demeureront nuls avec l’exécution de ladite somme de cent cinquante-sept livres douze sols du VIe novembre 1647 par ladite demoiselle obtenue dudit Grand conseil pour les frais qu’elle a avancés pour la poursuite et expédition dudit arrêt.
1518Ladite Compagnie a ratifié, agréé et approuvé et ratifie, agrée et approuve l’accommodement ci-dessus proposé et arrêté avec ladite damoiselle de Lolive audit nom, et ordonne qu’elle sera payée de la somme de neuf milles 157,12 livres sols sans intérêts aux termes et ainsi qu’il est amplement déclaré ci-dessus, pour assurance de quoi, ladite damoiselle audit nom signera la présente délibération avec les intéressés de ladite Compagnie dont lui sera délivré extrait par le secrétaire de ladite Compagnie, signé de lui, pour lui servir et valoir de sûreté de ladite somme et en recevoir le payement aux termes y déclarés, et à cette fin, sera fait un département de ladite somme de neuf mille [p. 516] livres de ce que chacun des associés de ladite Compagnie en payera à ladite damoiselle pour sa part ou ès mains du sieur Berruyer pour en faire par lui le payement à ladite damoiselle à la décharge de ladite Compagnie, lequel, au moyen de ce, recevra toutes les actions que ladite damoiselle ou son ayant cause auraient à intenter pour raison d’icelui payement de ladite somme de neuf mille cent cinquante-sept livres douze sols.
1519[Suivent les signatures] de Ricouart, de Loynes, Berruyer.
Notes de bas de page
1 Ce manuscrit portait autrefois la cote F2A19 qui figure encore sur la page de garde. Dutertre, pourtant bien renseigné et ayant compulsé de nombreux documents de la Compagnie, n’a probablement pas vu ce manuscrit (I. Guët, « Origines des Petites Antilles », op. cit., 1897, p. 354). Il ne connaît pas un certain nombre de documents qui y figurent comme les contrats signés par les associés avec L’Olive et du Plessis et avec les marchands de Dieppe pour lesquels il ne donne que des résumés : « Je n’ai pu trouver ni le contrat, ni la commission, mais seulement un original de l’extrait de ce contrat, signé de Beauvais, qui en contient les conditions réciproques que je mets ici », écrit-il pour se justifier. Il ne connaît pas non plus le contrat du 29 janvier 1642 entre les associés et Richelieu qui figure dans le manuscrit de l’ANOM. Il en existe une copie à la Bibliothèque nationale de France, au département des manuscrits dans les nouvelles acquisitions françaises, coll. Margry, n° 9318, intitulé Compagnie des îles (1620-1648) – Actes d’assemblées de Compagnie des îles d’Amérique. 1635-1648.
2 Il apparaît plusieurs types d’écriture notamment page 400.
3 J. de Dampierre, Essai sur les sources de l’histoire des Antilles françaises, op. cit., p. 219 ; I. Guët, « Origines des Petites Antilles », op. cit., 1898, p. 277.
4 Il évoque une assemblée qui s’est tenue le 8 février 1647 pour négocier le contrat de Louis Haussier et Antoine Camot pour la colonisation de Marie-Galante (DT/1667, t. 1, p. 398).
5 ANOM, F2A13, p. 431-437 et 456-460.
6 Le premier septembre 1649, les associés se réunissent pour donner pouvoir à de Ricouart et Berruyer de négocier la vente de la Guadeloupe (ANOM, C7A1, Contrat de vente de l’île de la Guadeloupe, Paris, le 4/09/1649, p. 409). Le 22 septembre 1650, ils se retrouvent pour décider de vendre la Martinique (Délibération, le 22/09/1650, dans ANOM, C8B1, n° 2, Lettres patentes du roi portant confirmation du contrat vente fait par la Cie des îles de l’Amérique, Paris, août 1651, fol. 107). D’Aligre, Boisseret, Fouquet, Ladvocat, Berruyer, de Loynes et Rozée sont chez Lauson le 10 mai 1651 pour discuter de la vente de l’île de Saint-Christophe (ANOM, F352, Acte de délibération de la Cie des îles de l’Amérique, Paris, le 10/05/1651, fol. 338v et 339).
7 Moreri, t. 1, p. 349.
8 Fouq/D, t. 3, 1666, p. 55.
9 R. Mousnier, Les institutions de la France, op. cit., t. 2, p. 135.
10 Jean-Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas (1701-1781), est secrétaire d’État à la Marine de 1723 à 1749.
11 Il s’agit de Pierre Belain d’Esnambuc.
12 La page est notée de façon impropre p. 251 au lieu de p. 249.
13 La fin de la phrase n’est pas intelligible, il doit manquer un mot. Margry livre une transcription simplifiée dans sa copie des délibérations : « et lui faire de ce qui se lève sur les habitants pour les capitaines » (BnF, Naf, 9318, Actes d’assemblées de Compagnie des îles d’Amérique).
14 Terme d’argot militaire pour désigner les baïonettes.
15 Lingot en métal souvent utilisé comme lest.
16 Il s’agit vraisemblablement de Guillaume de Caen.
17 Il est mis par-dessus « octobre mille six cent trente-cinq ». Le paragraphe est entièrement biffé.
18 L’ais (pluriel aisses ou aix) est une planche de bois de chêne.
19 Pierre Pélican est le supérieur de la mission des dominicains de la Guadeloupe. Il est venu avec les deux capitaines en 1635.
20 Désapprouve.
21 Qui a pris l’air marin.
22 Il s’agit vraisemblablement d’Émery de Caen, le cousin de Guillaume de Caen.
23 Il faut comprendre assemblée générale et assemblée particulière.
24 Le mot charpentier est biffé et remplacé par arpenteur.
25 Il s’agit de La Grange Fromenteau. La deuxième partie de son nom qui figure ici n’apparaît dans aucun autre document.
26 Entretien.
27 Saint-Christophe est biffé et la Guadeloupe est ajouté en marge.
28 Terme de botanique. Les simples sont des plantes médicinales.
29 Comportements.
30 La partie « ordinaire de son hôtel » est biffée.
31 Son départ.
32 L’abrévaiation utilisée pour noter les quantités est difficile à lire. Margry note aussi V cents livres (BnF, Naf, 9318, Actes d’assemblées de Compagnie des îles d’Amérique, p. 73).
33 Margry pense qu’il faut livre : « VII cents livres de pétun, et encore III cent livres de pétun » (BnF, Naf, 9318, Actes d’assemblées de Compagnie des îles d’Amérique. 1635-1648, p. 73).
34 Il doit s’agir du père Raymond Breton. Le dominicain raconte d’ailleurs cet incendie dans sa relation (Bret/RF, vr, p. 100).
35 Ces lignes sont dans la marge.
36 Ces mots sont biffés.
37 pesant ?
38 Il est noté dans la marge : « cette assemblée est en suite de l’assemblée précédente ».
39 La numérotation des articles figure dans la marge.
40 Il manque ici vraisemblablement un mot.
41 mais.
42 Il est noté dans la marge : « cette assemblée est en suite de la précédente ».
43 Crochet de l’hameçon pour la pêche.
44 Menu bois ou petit plomb de chasse.
45 Petit instrument de chirurgie pour faire les saignées.
46 Lire scieurs.
47 déjà.
48 Gros cordage pour le gréement et l’amarrage des navires.
49 Il peut s’agir de Nicolas Lefèvre d’Ormesson, sieur de Lezeau, et cousin de François Dalesse, futur associé de la Compagnie et gendre de Jacques Berruyer, ou de son fils Pierre, conseiller à la cour des aides. Sur la famille d’Ormesson, voir Françoise mosser, Les intendants des finances au xviiie siècle. Les Lefèvre d’Ormesson et le « département des impositions » (1715-1777), Genève, Droz, 1978, p. 2-6.
50 L’entretien.
51 Il est noté en marge : « les pères jésuites de la Martinique ».
52 Ce paragraphe est écrit dans la marge.
53 Il est appelé Druault plus loin.
54 Les Irlandais.
55 Signifie par acte authentique.
56 Terceira, l’une des îles des Açores.
57 Ce paragraphe n’est pas reproduit dans la copie de Margry.
58 Il peut s’agir de l’îlet à Kaouanne qui est au nord-ouest de Basse-Terre.
59 Il s’agit vraisemblablement de Pacifique de Provins.
60 Le propos est biffé.
61 Il s’agit vraisemblablement plutôt « des premier et vingt-sixième dudit mois d’août 1647 », dates des délibérations qui nous sont connues.
62 Qui est sans inégalités, uni.
63 Le passage entre crochets est ajouté en marge.
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