Chapitre 21. L’heure des choix 1647-1651
p. 559-580
Texte intégral
1L’autorité de la Compagnie restaurée, les associés peuvent escompter reprendre leurs affaires. Mais n’est ce pas finalement une victoire à la Pyrrhus ? Les ressentiments à l’égard de la Compagnie ne s’éteignent pas, les rancunes sont tenaces. Elle demeure mal acceptée par une frange de la population. Le pari ne peut être gagné que si les gouverneurs acceptent et appliquent les dispositions voulues par le roi et la Compagnie. Mais eux qui ont goûté à une certaine liberté durant deux ans avant de devoir se soumettre, ont-ils abdiqué de leur volonté d’émancipation ? Par ailleurs, La situation économique des îles nécessite des actions urgentes alors que les comptes de la Compagnie sont dans une situation particulièrement critique qui réduit ses moyens d’action. Les associés sont à la croisée des chemins. Ils doivent réagir. Mais comment envisagent-ils de reprendre la main ? La Compagnie a-t-elle pour eux un avenir ? Jusqu’où comptent-ils aller ?
La restauration de l’autorité de la Compagnie et ses limites
Les derniers soubresauts
2Les tensions ne retombent pas aussitôt dans les îles. Les gouverneurs profitent du départ de Thoisy pour persécuter ses partisans et faire taire toutes les oppositions afin de renforcer leur emprise sur les établissements qu’ils tiennent. À la Guadeloupe, Charles Houël s’en prend en premier aux officiers qui ont osé se prononcer en faveur du lieutenant général du roi. Les dominicains Mathias Dupuis et Jean-Baptiste Dutertre déplorent dans leurs relations l’ampleur de la répression pour mieux souligner l’état déplorable de l’île. Le sieur de La Ramée est roué de coups, dépossédé de tous ses biens puis chassé de l’île. Il rentre en France. L’aide-major, le sieur de La Roche, est condamné par le conseil réuni par Houël à servir « d’esclave » à la Compagnie pendant vingt mois. Ses biens, estimés à 40000 livres de pétun, sont confisqués1. Houël s’en prend aussi à ses anciens soutiens. La Bazilière, qui avait été de la rébellion et qui partageait ses secrets, mais avec qui il ne s’entend plus, est pendu en compagnie de son cousin et de son beau-frère. Le bourreau Jean l’Écossais est condamné. Il ne sauve sa tête qu’à cause de son emploi2. Le gouverneur de la Guadeloupe se défait aussi d’un lieutenant de Cabesterre, La Fontaine dit Pied-d’Orion, qui après l’avoir soutenu s’est détourné de lui, et de Trezel, qui apparaît toujours à ses côtés durant la guerre civile, à l’occasion d’un différend opposant les deux hommes. Tout est parti semble-t-il d’un manque évident de politesse de La Fontaine à l’encontre de madame Trezel. L’époux courroucé se précipite chez Houël qui lui permet de donner la bastonnade à La Fontaine pour le punir de son forfait. La Fontaine obtient de son côté de Houël de pouvoir tuer Trezel au cas où celui-ci voudrait s’en prendre à lui. Le gouverneur ne fait rien pour faire retomber la tension entre les deux hommes. L’inévitable se produit quand Trezel menace La Fontaine avec sa canne. Ce dernier réplique en déchargeant sur lui son fusil. Il est arrêté, jugé et exécuté. Dutertre assure que Houël a tout fait pour se débarrasser de l’un et de l’autre3. Plusieurs habitants sont chassés des îles, jetés en prison et expropriés. Le sieur Garderas écrit à La Ramée, qui est alors à Paris, combien la situation de l’île est désastreuse. Selon lui, les habitants n’ont que le désir de quitter l’île : « tous les jours ils enlèvent tous les canots qu’ils peuvent attraper4 ».
3Poincy se débarrasse des derniers opposants qui demeurent à Saint-Christophe en leur proposant en 1647 d’aller coloniser en son nom des îles des Antilles. Soixante hommes dont plusieurs agents de la Compagnie (Vincent Veillet dit La Haye, ancien greffier de la Compagnie à Saint-Christophe, et le peseur général de l’île) et les officiers de milice sous le commandement d’un ancien séditieux, Le Verrier, quittent Saint-Christophe au mois de septembre 1647 sur la barque du capitaine Pinart. À peine partis, leurs biens sont saisis par Poincy et distribués à ses partisans5.
4La Martinique connaît elle aussi des règlements de comptes, mais les chroniqueurs, toujours favorables au gouverneur du Parquet et particulièrement complaisants, se contentent d’allusions sans donner d’éléments précis6. Il est vraisemblable que du Parquet a fait poursuivre tous ceux qui ont contesté l’autorité de Thoisy et de la Compagnie. Peut-être s’en est-il pris aux séditieux qui menés par Beaufort avaient tenté de prendre le pouvoir dans l’île durant sa captivité.
5Une fois défaits des opposants, les gouverneurs font leur soumission à la Compagnie, quoique du bout des lèvres de la part de Poincy qui ne cache pas son aversion en privé. Les associés peuvent à nouveau nourrir quelques espoirs. Du Parquet est l’un des rares hommes sur lesquels la Compagnie puisse compter. Sa fidélité l’a honoré durant la crise. Il en a payé le tribut avec sa longue captivité. Aussi continue-t-elle de lui faire confiance et renouvelle-t-elle sa commission de capitaine général et de sénéchal de la Martinique le 6 septembre 16477. Dutertre laisse cependant percer dans ses écrits certains doutes sur le jeu mené par du Parquet envers la Compagnie en soulignant qu’il fait tout son possible « ou du moins quelque semblant » pour recouvrer les droits dus par les habitants8. Du Parquet ménage ses intérêts. Il est aimé des habitants de la Martinique et compte bien s’appuyer sur eux et le faire savoir. Les relations des associés demeurent plus tendues avec Houël et Poincy.
La Compagnie et Houël
6Les associés ont peu goûté le double jeu de Houël. S’il a été dans un premier temps un soutien de Thoisy et a suivi leurs instructions, il s’en est ensuite distingué en s’entendant avec Poincy. Il a d’autant plus déçu qu’il est un associé et qu’il avait la confiance de tous9. Ils peuvent s’en vouloir d’avoir renouvelé si facilement sa commission en 164610. Houël sait qu’il n’est plus apprécié à Paris et craint que la Compagnie ne mette fin à sa commission et le remplace par un de ses fidèles à la Guadeloupe. Sabouilly jouit à cette époque d’un grand crédit auprès des associés. Aussi, Houël le presse-t-il de rentrer en France afin de l’écarter, et comme celui-ci ne semble guère pressé de s’exécuter, il le menace. Sabouilly ne se laisse pas impressionner et tient bon quelques temps, mais il finit par céder devant tant d’acharnement et se résout à regagner la métropôle11.
7Ce n’est pas le seul motif de mécontentement des associés à l’encontre du gouverneur de la Guadeloupe. Sa gestion des affaires courantes de l’île et la conduite de la famille ne les satisfait pas davantage. Ils lui reprochent ses dépenses inconsidérées et les nombreuses lettres de change qu’il tire au nom de la Compagnie, alors qu’il n’envoie aucun produit de la Guadeloupe12. Houël est conduit à se justifier. Il explique dans le détail aux associés les raisons de ses dépenses. Il avoue même avoir employé tout le pétun qui lui appartenait, pour faire réussir leurs affaires, et s’être gravement endetté pour leur compte. Il dit avoir réglé avec son argent les gages des ouvriers qu’il a amenés de France. Il évoque encore un engagement de 15000 francs de pétun pour l’achat de soixante esclaves noirs pour la Compagnie. Il parle, sans donner davantage de précisions, de dettes contractées envers des particuliers pour des vivres13. Enfin, il explique qu’il n’a rien expédié à la Compagnie car il n’y a plus rien, et de préciser qu’il n’a rien envoyé non plus en France pour son propre compte afin qu’on ne le suspecte pas de ne s’occuper que de ses affaires personnelles.
8Son comportement envers les dominicains de la Guadeloupe entame encore un peu plus le crédit qui lui reste auprès des associés, car il fragilise les équilibres voulus. Les relations entre Houël et les dominicains n’ont jamais été très bonnes. Il n’apprécie pas leurs réflexions sur la façon dont il mène ses actions et leur enlève par mesure de rétorsion la concession de terre que leur avait accordée L’Olive. Les associés, alertés par les pères, rappellent le gouverneur à l’ordre au mois de février 1646 et l’invitent à « favoriser » les pères et à faire en sorte que les habitants pourvoient à leurs nécessités14. Les dominicains se montrent pourtant accommodants durant les événements dramatiques qui secouent les îles, et font tout ce qu’ils peuvent pour réconcilier Houël et Thoisy et calmer les séditieux15. Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls à intervenir en ce sens. Les capucins, eux aussi fidèles soutiens de Thoisy, tentent de favoriser une rencontre entre les deux hommes, mais Houël refuse systématiquement16. Pour Houël assurément, les dominicains sont contre lui et il fait tout pour s’en débarrasser. Il insulte copieusement Dutertre, qu’il a pourtant sollicité pour négocier avec les séditieux de Cabesterre, et le fait partir avec Thoisy en 164717. Quant aux autres pères, leurs heures sont comptées. Houël refuse de reconnaître leur pouvoir et leur demande de justifier leur mission en produisant une bulle papale, tout en n’exigeant rien des représentants des autres ordres présents dans l’île. Il réunit son conseil pour statuer sur le sort des dominicains qui sont finalement expulsés. Ils ne doivent leur maintien dans l’île qu’à l’attaque inopinée du vaisseau qui devait les prendre par un corsaire flamand18. En 1648, la tension est à son comble. Le père Armand de la Paix, convaincu de « l’esprit fourbe de Houël », demande à être démis de sa commission de supérieur de la mission de la Guadeloupe. Raymond Breton, qui visite Houël malade à son chevet, est rabroué en présence des capucins. Houël fait bien quelques temps plus tard une offre de paix aux dominicains, qui s’empressent d’accepter car « une paix quoique mauvaise vaut mille fois mieux que la guerre la plus avantageuse » ajoute Mathias Dupuis19, mais c’est un geste intéressé. Il espère qu’ils certifient une lettre en sa faveur d’Armand de la Paix, qui vient de décéder, afin de l’exploiter dans son bras de fer judicaire contre Thoisy20. Un nouveau supérieur est alors envoyé aux îles afin de restaurer des relations apaisées avec Houël. C’est Pierre Coliard. Son ralliement aux arguments du gouverneur exaspère au plus haut point les dominicains de la Guadeloupe qui se sentent désavoués. Coliard croit pour sa part avoir bien manœuvré et pense avoir réglé le conflit dans l’île quand il regagne, satisfait, la France21. Les récriminations reprennent bientôt avec virulence. Plusieurs dominicains (Jean Dujean, Mathias Dupuis, Charles Pouzet) sont poussés par Houël à rentrer en France22. Houël se comporte en maître de l’île. Mathias Dupuis relève que les agents de la Compagnie sont en fait à ses ordres et satisfont à ses funestes desseins. Le lieutenant général de l’île, Michel Bernard feint de défendre Dorange en conflit avec Houël pour mieux le perdre. Un juge est envoyé chez les dominicains pour établir à quel point ils portent à la rébellion. Le pauvre homme aurait alors avoué aux pères « qu’il était perdu s’il n’avait obéi » et qu’« on ne lui permettait pas de suivre les lois dans ses jugements mais seulement le caprice de monsieur Houël23 ». Le propos de Dupuis est exagéré car la Compagnie n’a pas tout à fait perdu la main à la Guadeloupe. Elle envoie à Houël ses ordres et ses consignes24. Elle s’appuie sur ses commis Bonhomme et Lagarde, et l’intendant général Leumont supervise ses intérêts à la Guadeloupe25. Houël donne un certain nombre de gages à la Compagnie.
9Le conflit entre les dominicains et Houël se poursuit après la vente de la Guadeloupe par la Compagnie en 1649. Désormais seigneur-propriétaire, Houël se sent tout puissant. Il intrigue auprès du maître de l’ordre pour faire rappeler certains pères. Hyacinthe Guibert rentre ainsi en France en 1651 avec deux autres dominicains affaiblis par les maladies et les calomnies. En 1651, Il saisit à nouveau la concession des dominicains et propose à un carme de prendre en charge des paroisses jusque-là dévolues aux frères prêcheurs26. La monarchie intervient en leur faveur en soulignant l’importance de l’œuvre accomplie par les frères prêcheurs dans les îles27. Raymond Breton se résout à passer en France pour défendre les intérêts de la mission. Il débarque à Dieppe en 1654 puis gagne Paris. Il est accueilli au couvent de Sainte-Marie de l’Annonciation. Au mois d’août, il rencontre le prieur du noviciat et commissaire de la mission dominicaine aux Indes occidentales, André Versoris et Charles Houël, venu pour affaires en France, mais ils échouent à trouver un terrain d’entente. Le gouverneur refuse de rendre la concession aux dominicains. L’intervention d’un médiateur de la reine n’y change rien28. Breton et André Versoris, adressent au conseil du roi l’histoire de la fondation de la mission des dominicains et de la donation faite par L’Olive et du Plessis pour justifier de leurs droits et recouvrer leurs terres à la Guadeloupe29. Il faudra attendre 1662 pour voir le règlement du litige par la monarchie en faveur des pères30.
Poincy poursuit sa politique
10Poincy fait peu de cas de la Compagnie et continue de conduire ses affaires comme il l’entend. Ainsi quand il envoie son neveu Robert de Longvilliers prendre l’île de Saint-Martin, il affirme n’agir que « pour garantir l’intérêt du roi ». La Compagnie n’est pas évoquée31. Il refuse obstinément de lui être subordonné32. Il « la dépouille de tout le revenu qu’elle devait obtenir de l’île de Saint-Christophe ». La passation de pouvoir prévue par l’arrêt de 1647 n’a pas lieu et Robert de Longvilliers demeure de son côté le gouverneur en titre de Saint-Christophe33. La procédure entreprise au Grand conseil par les associés n’avance pas34. Ils envisagent d’alerter la reine de la situation, mais elle n’intervient pas. L’arrêt de 1647 demeure lettre morte.
11Poincy continue son travail de sape de l’autorité de la Compagnie en exploitant le sentiment des habitants. Plusieurs assemblées d’habitants se tiennent à Saint-Christophe en 1650, vraisemblablement réunies à son initiative, pour porter au roi leurs remontrances contre « l’oppression desdits sieurs intéressés de la Compagnie ou leur commis35 ». Mais Poincy a des détracteurs. Ils se saisissent de la mort du général anglais de Saint-Christophe pour faire croire à celle de Poincy et répandre de fausses nouvelles36. L’impact de leur action est limité.
L’avenir de la Compagnie en débat
12La sortie de la crise s’annonce difficile car l’autorité de la Compagnie a été durement ébranlée par la rébellion. Il lui faut retrouver une crédibilité auprès des habitants et se faire à nouveau accepter d’eux et relancer l’économie des îles désorganisée par la guerre. Tout ne demande qu’à repartir, mais il faudra comme le souligne Dutertre plusieurs années pour le rétablir37. La survie de la Compagnie dépend de sa capacitéà rebondir.
Quelle stratégie pour la Compagnie ?
13Les directeurs sont conscients que leur marge de manœuvre est étroite. Mais les associés sont-ils tous convaincus que le jeu vaut encore d’être poursuivi ? Depuis la fin de l’année 1645, ils ne se pressent pas aux réunions mensuelles. Ils sont cinq le 8 mai 1648, sept le 15 mai 1648, quatre le 5 juin, et six le 4 septembre 164838. L’assemblée générale du 1er août 1647 réunit dix actionnaires. Nous n’avons pas leur nombre pour l’assemblée générale de la fin de l’année. Mais celle du 5 juin 1648 ne rassemble que quatre associés. Le sursaut que les directeurs appelaient de leurs vœux ne s’est pas réalisé pas39. Cela ne signifie pas que la Compagnie est condamnée, mais les associés y croient-ils encore ? Comment envisagent-ils son avenir ?
14Les débats qui animent alors les associés sont mal connus car les procès-verbaux des rares délibérations qui nous sont parvenus sont très succincts. Les réunions sont consacrées à la gestion des affaires courantes et aux demandes de dédommagements des agents, des capitaines et des habitants. Assez curieusement les difficultés avec Poincy ne sont pas évoquées. Il est probable que d’autres réunions ont eu lieu de façon moins informelle.
15Il est plusieurs points qui inquiètent les associés. Le premier est le manque de soutien du pouvoir40. La crise politique à Paris en 1648 éloigne un peu plus encore la possibilité d’intervention de la monarchie. Le royaume est en ébullition. Les parlementaires se sont soulevés contre l’autorité du roi. Les princes vont bientôt suivre41. Nicolas Fouquet ne peut que déplorer les malheurs de la guerre civile42. Nous ne savons pas dans quelle mesure les événements ont perturbé les liaisons avec les îles et la remontée des informations, mais Raymond Breton assure que le nouveau prieur du noviciat de Paris, Joseph Roussel, ne répond plus aux lettres des pères des îles durant trois années « à cause des troubles survenus à Paris43 ». Si des navires quittent la France pour les îles, ils sont tout de même deux fois moins nombreux à partir de La Rochelle entre 1648 et 165244. La Fronde et la guerre extérieure affectent assurément la régularité des liaisons maritimes avec les îles.
16L’autre point qui préoccupe les associés est la conduite de la Compagnie. Plusieurs d’entre eux sont très sévères à cet égard, et ils espèrent de profonds changements. Pierre Chanut ne croit pas beaucoup aux compagnies à privilèges. Il écrit en 1646 au secrétaire d’État aux affaires étrangères, le comte de Brienne, alors qu’il est en poste en Suède, « que les compagnies n’eurent jamais aucune efficacité, ni succès », et qu’« elles se proposent avec chaleur, se forment à la hâte, se refroidissent aux premières disgrâces et se terminent enfin en procès entre les associés45 ». Chaunut critique en particulier le rôle dévolu à la Compagnie des îles dans le schéma antillais dans une longue lettre qu’il adresse en 1648 au secrétaire de commandement de la reine régente, Hugues de Lionne. S’il ne remet nullement en cause le bien fondé de la présence française aux îles car « on ne peut douter qu’il ne soit glorieux et utile pour le roi que son nom et ses armes paraissent aux Indes46 », et reprend à son compte les objectifs définis par Richelieu, il prend très nettement ses distances avec le modèle préconisé et soutenu par le pouvoir. En s’appuyant sur son expérience malheureuse, il affirme qu’une compagnie ne doit pas posséder d’îles et que leur gouvernement doit être assuré par l’État. Il invite la régente Anne d’Autriche à en assurer la conduite et envisage une forme de principauté ou de duché47. Il a une vision très étatiste de la colonisation. Il n’y a plus vraiment de place pour une direction privée. Les débats au sein de la Compagnie ont pu l’inviter à penser qu’il fallait un seul décideur. Nicolas Fouquet est pour sa part marqué par les désaccords entre les associés sur les décisions à prendre. Daniel Dessert veut croire qu’il aurait voulu se défaire de toutes ses participations sauf de celles du Canada par « piété familiale et sentiment religieux48 ». Mais cela n’en reste qu’au stade des intentions. Fouquet ne se détache réellement que de la Compagnie des Indes orientales.
17Les discussions entre les associés ne débouchent pas sur une remise à plat de la Compagnie. Les structures sont maintenues. Les mêmes hommes restent à leur poste. Mais aucun nouvel agent n’est commissionné49.
Des raisons d’espérer
18Les associés semblent dans leur ensemble soutenir les efforts des directeurs. Il existe assurément un petit groupe assez actif autour de Jacques Berruyer qui entend poursuivre la Compagnie et accentuer les efforts pour en faire une entreprise dynamique. Dutertre souligne ainsi que « la Compagnie tâche […] de remédier à tous ces maux ». Mais sachant les terribles épreuves qui s’annoncent, il laisse percer son scepticisme en ajoutant « en vain50 ». Un certain nombre d’indicateurs laissent espérer des jours meilleurs. La reprise de la production et des échanges est encourageante et permet d’envisager des bénéfices. Les îles sont une affaire rentable. L’Instruction des isles de l’Amérique, vraisemblablement rédigée vers 1645-1647 pour évaluer le prix de vente des îles, table sur une recette annuelle de 38666 livres tournois au titre de la capitation, à raison de 200 livres par habitant51. Pierre Chanut avoue pour sa part en 1648 qu’on peut en tirer 50000 livres de rentes52. Charles Houël souligne le potentiel de la Guadeloupe en 1649 et en espère environ 50000 livres de sucre et même 100000 livres en 1650 à 6 sols la livre soit 30000 livres tournois53. Le développement du sucre, notamment à Saint-Christophe, quoiqu’il ne profite pas à la Compagnie, et la poursuite de l’expansion française témoignent d’un certain dynamisme qu’il convient d’accompagner et d’amplifier.
19La Compagnie réussit à solder plusieurs contentieux qui accaparent son attention, nuisent à la lisibilité de son action et lui font une déplorable réputation. Les indemnités promises à L’Olive en 1641 n’ont pas jamais été intégralement versées par la Compagnie – elle doit encore 60000 livres – et sa veuve, à court de patience, saisit la justice royale. Le 30 septembre 1647, le Grand conseil condamne la Compagnie à payer les sommes dues. Les associés prennent acte de la décision. Ils se réunissent à plusieurs reprises en 1648 pour tenter de trouver une solution. Le 17 avril 1648, ils ordonnent la main levée des 15000 livres de pétun qui sont entre les mains de leur commis pour qu’ils soient remis à la veuve de L’Olive54. Le 4 septembre 1648, ils envisagent de faire appel de la décision du Grand conseil en se pourvoyant « par requête civile ou au conseil du roi par divers moyens et pièces nouvelles non vues ni produites », puis ils se ravisent, la veuve de L’Olive leur ayant fait une offre d’accommodement. De Flécelles, Berruyer et Cazet prennent en charge le dossier et « après plusieurs raisons et contestations de part et d’autre », les parties se mettent d’accord sur le versement de la somme de 9507 livres et 12 sols sans intérêts à verser en plusieurs fois, 2507 livres avant la fin l’année 1648, et les 7000 livres restant en trois fois 2333 livres 6 sols 8 deniers en trois ans. Le premier paiement est fixé au 31 décembre 164955. Les dispositions du 20 juillet 1641 et l’arrêt du Grand conseil sont annulés.
20En 1648, les associés se rapprochent de Jacques Mel, l’un des marchands qui avaient traité avec L’Olive pour l’habitation de la Guadeloupe, qui réclame depuis 1644 à récupérer les pièces de canon de fer qui lui appartiennent en propre. Les directeurs exigent les preuves que les canons lui appartiennent bien et qu’il a satisfait à toutes ses obligations56. Mais le 8 mai 1648, ils invitent Houël à lui rendre à lui ou à un de ses représentants les quatre pièces de canon57.
21Ces règlements peuvent laisser penser que les associés comptent bien poursuivre leur affaire. Mais il s’agit peut-être d’un trompe-l’œil. Ne préparent-ils pas la liquidation de la Compagnie ?
L’échec de la relance économique
22La situation financière de la Compagnie demeure préoccupante. Peu de marchandises arrivent des îles et les investissements faits depuis quatre ans ne rapportent aucun bénéfice. Les marchands déplorent en 1647 le peu de marchandises arrivées aux îles, même à Saint-Christophe58. Le 8 mai 1648, les directeurs expliquent aux associés que les nombreuses sommes empruntées pour soutenir leur action ne peuvent être remboursées et envisagent de demander une contribution particulière à chaque associé. En attendant, ils se promettent d’intervenir auprès des créanciers pour les rassurer. La Compagnie a besoin de 180000 livres pour couvrir ses dettes et payer les gages de ses agents. Le 15 mai 1648, Jacques Berruyer propose un plan pour renflouer la Compagnie prévoyant que chaque associé avance 4000 livres par part (4000 x 45 = 180000)59. La décision ne pouvant être prise en assemblée ordinaire, une assemblée générale est convoquée le premier vendredi de juin à 14 heures chez d’Aligre. Et afin que chaque associé se sente concerné, il leur est envoyé la convocation par billet avec le procès verbal de la réunion du 15 mai pour qu’ils soient au courant de la situation. Mais le vendredi 5 juin 1648, ils ne sont que quatre associés à se retrouver chez d’Aligne : d’Aligre, Berruyer, Cazet et de La Cour60. Cela signe la faillite de la Compagnie dans son mode de fonctionnement car elle n’a plus de moyens pour agir.
La vente des îles
23La vente de quelques îles à des particuliers peut sembler dès lors comme l’unique solution pour sortir de l’impasse dans laquelle est la Compagnie. Mais les associés l’envisagent-ils ? En tout cas, ils n’en prennent pas l’initiative. Elle revient à Poincy.
Le premier projet de vente de Saint-Christophe
24Le premier août 1647, les associés examinent « diverses propositions » faites par le neveu de Poincy, Antoine de Longvilliers, pour acquérir au nom de son père, Christophe de Longvilliers, « la propriété tant de l’île Saint Christophe que de tout ce qui appartient auxdits seigneurs », qui les séduisent aussitôt. Aussi chargent-ils d’Aligre, de Ricouart et Berruyer, de voir avec lui les aspects techniques de l’opération61. L’affaire est rondement menée. Une convention est bientôt établie, ce qui pourrait laisser penser que les associés avaient vraisemblablement envisagé cette éventualité et clarifié leurs attentes depuis un certain temps. Le texte est examiné lors de la réunion du 26 août 1647, et adopté. La vente et aliénation de la propriété et seigneurie de l’île Saint-Christophe est faite au prix de 90000 livres dont 18000 payables comptant, et « le surplus en quatre paiements égaux d’année en année après le premier terme de deux années échues ». Longvilliers doit en fait verser 19000 livres, les 18000 livres prévues et 1000 livres supplémentaires au titre des intérêts des montants pour les deux années à venir. Berruyer est chargé de recouvrer la somme62. L’assemblée générale de la Compagnie approuve et ratifie le contrat le vendredi 6 décembre 164763. Si l’affaire est conclue par Longvilliers, c’est bien Poincy qui est à la manœuvre.
25Les motivations des uns et des autres dans cette affaire méritent d’être éclaircies. Dutertre pense que les associés, désespérés de l’attitude de Poincy à Saint-Christophe et pensant l’affaire perdue, préfèrent se débarrasser de l’île. Les créanciers qui tapent à leur porte ont pu aussi les décider à vendre une partie des îles64. Il est possible que la vente suive d’autres buts car les créanciers peuvent attendre, et la Compagnie peut faire de nouveaux emprunts et escompter des revenus de la Guadeloupe et surtout de la Martinique où elle est bien servie par du Parquet. Mais lesquels ? L’intérêt de Poincy dans cette transaction est évident. Il a de nombreux biens dans l’île et en est déjà le maître. Il doit faire vite avant que sa commission ne finisse et ne soit obligé de la céder à Thoisy ou à un autre lieutenant général si le roi le décide ainsi. Mais veut-il véritablement acquérir l’île ? D’ailleurs en a-t-il les moyens ? Ne serait-ce pas une manœuvre pour amadouer les associés et gagner du temps et de mettre fin par cette négociation aux procédures entamées contre lui65 ?
26La vente ne se fait finalement pas. Cela laisse deviner de sombres arrière-pensées. Dutertre, qui se veut toujours bien informé, pense que ce sont les associés qui ont freiné la vente alors que tout ou presque était déjà conclu car ils redoutaient que Thoisy ne fasse saisir le produit de la vente de l’île pour réclamer des dédommagements pour les frais qu’il avait engagés pour rejoindre son poste66. Mais Thoisy n’a jamais inquiété les associés. Peut-être Poincy s’est-il finalement rétracté. À moins qu’un tiers soit intervenu pour faite capoter la transaction. L’Ordre de Malte, compromis par les multiples procès en cours contre Poincy et craignant que celui-ci ne s’émancipe davantage encore, s’y est-il opposé directement ou en sous-main ?
27La vente ne laisse pas présager celle des autres îles et d’une mise en liquidation de la Compagnie. Fouquet lui-même pense que tout cela est provisoire67. Saint-Christophe figure un cas particulier en raison du conflit avec Poincy. La Compagnie poursuit en effet ses activités dans les autres îles. D’ailleurs, le 6 septembre 1647, elle prolonge de trois ans la commission de du Parquet à la Martinique68. Elle a aussi des projets. Le 8 mai 1648, elle renouvelle sa confiance à Philbert de Nouailly pour la conquête de la Grenade69.
La vente de la Guadeloupe et de la Martinique
28Les associés changent radicalement d’attitude en 1649 et proposent de vendre les îles dont ils sont les seigneurs. Le moment leur semble propice. La fin des commissions des gouverneurs – la commission de Houël finit le 31 décembre 1649 et celle de du Parquet en 165070 – leur permet de se défaire des îles sans léser personne, ni revenir sur des engagements ou des promesses. Cela explique l’instant mais pas les raisons de ces ventes. Dutertre pense que l’accumulation des procès auxquels ils ne peuvent faire face les auraient finalement conduit à envisager la fin de la Compagnie. Le procès engagé par la veuve de L’Olive aurait été, selon lui, l’élément déterminant de leur choix. Mais le chroniqueur commet commettre une erreur dans sa chronologie car à cette époque le litige est déjà réglé71. Les raisons sont ailleurs. Elles tiennent à deux constats faits par les associés : premièrement, les échecs de la colonisation de nouvelles îles attestent du peu de ressort de la Compagnie et de son manque de dynamisme, et secondement le refus d’un grand nombre d’entre-eux d’apporter de l’argent frais à la Compagnie paralyse tout le fonctionnement de celle-ci qui ne peut plus agir. Les associés les plus réticents à la vente se laissent convaincre.
29Les gouverneurs du Parquet et Houël ont probablement fait connaître depuis quelques temps aux associés leurs désirs d’acquérir pour eux-mêmes les îles où ils ont leur gouvernement à l’instar de Poincy. Mais on ne sait pas qui de Houël ou des associés a fait les premières offres pour la Guadeloupe, et si cela entrait dans des plans des associés, ou si Houël a fait pression sur la Compagnie pour arriver à ses fins. Dutertre soutient que Houël veut à tout prix acquérir la propriété des îles dont il tient le gouvernement72.
30Ne pouvant se rendre en France, Houël adresse une procuration à son beau-frère, Jean de Boisseret, le 13 novembre 1648 pour acheter les îles. Mais il ne veut pas y aller seul et cherche à intéresser plusieurs personnes dans la limite des sept neuvièmes de l’île73. Il promet à Boisseret de l’associer à l’affaire et « de partager avec lui tous les profits qui en proviendront, les droits du gouverneur compris, à la charge que sa dépense de bouche, celle de ses domestiques, et leurs gages, seront payés sur les effets de la Communauté, ainsi qu’il lui avait été accordé par la Compagnie ». Il n’est pas certain que Boisseret soit intéressé à ce moment car il trouve l’investissement hasardeux. Houël veut le convaincre de l’importance du projet en évoquant ses retombées financières. Il tente de balayer ses doutes en lui promettant que cela ne lui coûtera rien : « cette affaire est de telle conséquence et si avantageuse, que j’espère d’en faire de la terre le fossé, et ne pas débourser un sol pour payer la Compagnie, en vous envoyant tous les ans des marchandises, ou des effets, pour des sommes considérables ». Il lui expose toutes les richesses que l’on peut tirer de l’île. Il espère gagner 30 000 livres tournois par an rien qu’avec le sucre, sans compter le pétun et les droits sur les habitants. C’est avec ce revenu qu’il compte payer les îles, pourvu qu’il ait trois ou quatre années pour le payement. Il prépare une alternative au cas où Boisseret changerait de dessein, en priant sa mère de traiter l’affaire « pour lui seul ». Il se donne dix ans « pour mettre la Guadeloupe en une haute estime74 ».
31Boisseret, séduit par les promesses de son beau-frère, engage bientôt les négociations avec la Compagnie75. La vente des îles de la Guadeloupe, de la Désirade, de Marie-Galante, et des Saintes, intervient le 4 septembre 1649, soit près d’un an après les premiers contacts engagés sur cette affaire. Le contrat établit la cession des îles à Boisseret au prix de 60000 livres, et une redevance de 600 livres de sucre fin ou de 300 livres en argent par an à compter du 1er janvier 1651. Il doit verser comptant 12000 livres et dispose de quatre ans pour régler les 48000 livres restants à raison de 12000 livres par an pendant quatre ans (1651, 1652, 1653 et 1654). Les intérêts sont calculés au denier 2076. Un deuxième contrat concerne la vente « des meubles et des esclaves, outre et pardessus le fond et propriété desdites îles comprises audit contrat, toutes les maisons, forts, bâtiments, machines, instruments, armes, canons, munitions, bestiaux, outils, marchandises, et généralement toutes autres choses, meubles et immeubles, appartenantes à ladite Compagnie en ladite île de la Guadeloupe : à la réserve seulement de quatre pièces de canon, à la charge de payer 11500 livres au sieur Rozée, marchand à Rouen, et la somme de 1500 livres en deniers comptants, pour le rachat et amortissement desdites 600 livres de sucre ». La Compagnie verse les 1500 livres à Houël pour couvrir ce qu’elle lui devait77. Boisseret s’engage à acquitter toutes les dettes passives de la Compagnie à la Guadeloupe, et à payer les gages et les appointements des hommes employés à son service78. La Compagnie n’abandonne pas totalement les îles de la Guadeloupe, la Désirade, Marie-Galante, et des Saintes, car Boisseret lui doit la foi et l’hommage. Les 600 livres de sucre de redevance en sont l’expression79. La vente est ratifiée tardivement par le roi au mois de septembre 165780.
32Houël n’apparaît pas dans le contrat de vente. Faut-il penser avec Dutertre que « les seigneurs ne voulurent jamais consentir que M. Houël fût nommé dans les deux contrats de vente81 » ? Boisseret aurait-il mené ainsi les négociations pour contourner l’opposition des associés ou pour agir pour son propre compte au mépris des procurations dont il était le porteur ? Houël aurait-il mésestimé son beau-frère et cru qu’il pouvait en disposer comme il l’entendait ? Toujours est-il que le 15 septembre 1649, Boisseret associe Houël pour moitié dans l’acquisition de l’île82. Les allégations de Dutertre selon lesquelles Houël, irrité d’être écarté, aurait fait pression sur sa sœur et son beau-frère ne peuvent être vérifiées. Il est possible que les deux hommes se soient entendus pour manœuvrer ainsi auprès des associés. Boisseret est un homme plus complexe qu’il n’y paraît.
33Dans le courant de l’année 1650, les associés pensent à vendre la Martinique. Jacques Berruyer propose à du Parquet de s’en porter acquéreur. Ce dernier n’attendait peut-être que ce signal. Mais il avait dû faire savoir ses intentions. Du Parquet donne une procuration à Charles de La Forge le 18 mai 1650 pour agir en son nom en France. Le 22 septembre 1650, les associés décident officiellement de se séparer de la Martinique83. Le contrat de vente est signé le 27 septembre 1650. Du Parquet devient le propriétaire des îles de la Martinique, de Sainte-Lucie, de la Grenade et des Grenadines pour la somme de 41500 livres tournois. La Forge paie comptant 4000 livres avec une lettre de change. L’échéancier mis en place prévoit le versement de 5500 livres dans les six mois, de 16000 livres au 30 novembre 1651, de 10000 livres au 30 novembre 1652 et de 10000 livres au 30 novembre 165384. Du Parquet entre officiellement en possession de l’île lors de la séance du conseil de l’île du 3 octobre 165085. Il fait de son fils son lieutenant général. Le 13 mars 1651, la prise de possession des îles par du Parquet est actée86. Au mois d’août, le roi ratifie la vente. Elle est enregistrée par le Grand conseil le 26 septembre 165187. Le 22 octobre 1651, le roi nomme du Parquet gouverneur de la Martinique, Sainte-Lucie, de la Grenade et des Grenadines88.
34Il est vraisemblable que la vente de la Martinique et des autres îles a tardé à prendre forme en raison du privilège accordé par la Compagnie à Philbert de Nouailly pour la Grenade et Grenadines. Il avait jusqu’à la Toussaint 1649 pour conquérir la place et honorer ses engagements89. Ce délai ne lui suffira pas. L’échec de Nouailly ouvre la possibilité de la vente des îles. Du Parquet lui a de toute façon grillé la politesse car il en a pris possession le 18 mars 1649 au nom du roi90.
Les négociations avec l’Ordre de Malte
35La Compagnie ne possède plus alors que Saint-Christophe et les îles en dépendant (Sainte-Croix, Saint-Barthélémy et Saint-Martin). Poincy se montre intéressé, mais les relations avec le chevalier ne sont pas bonnes et ne laissent pas entrevoir une issue très positive malgré le premier projet de vente de 1647.
L’Ordre de Malte, Poincy et la Compagnie
36Poincy est dans une situation délicate à cause des nombreuses procédures dont il fait l’objet. Il est attaqué en justice par le lieutenant général du roi, Patrocle de Thoisy ; par son ancien lieutenant général dans l’île, La Grange Fromenteau ; par son ancien associé Desmartins ; et par la Compagnie. Thoisy poursuit en justice Poincy et Longvilliers pour n’avoir pu exercer sa charge alors qu’il avait engagé des frais. Ce dernier obtient le 21 mars 1648 un arrêt du conseil d’État qui renvoie l’affaire devant le Grand conseil. En 1648, un premier règlement intervient entre Poincy et Thoisy qui lui laisse les charges de lieutenant général du roi et de sénéchal de Saint-Christophe contre la somme de 36000 livres payables en trois fois. Thoisy abandonne aussi toutes les poursuites entamées contre le chevalier de Malte. Mais peu de temps après, méfiant, il fait saisir en France ses commanderies d’Oisemont et de Coulours afin d’assurer ses arrières91. La Grange était intervenu dès son arrivée en France auprès du conseil privé pour obtenir un appel de la décision du juge de Saint-Christophe qui l’avait condamné à la demande de Poincy pour crime de lèse-majesté. L’arrêt du 19 mars 1642 renvoie l’affaire aux requêtes de l’hôtel. Le 27 juin 1649, Poincy est condamné à payer 8000 livres, dont 4000 pour les émoluments et 4000 livres pour dommages et intérêts. Mais il fait appel au Grand conseil92. Poincy doit aussi rendre des comptes à son ancien associé Antoine Desmartins à qui il doit plus de 1350000 livres, soit un million de livres sur le fond de la société et 300000 livres pour le pétun93. Toutes ces procédures sont profondément imbriquées et le règlement du volet financier du contentieux avec la Compagnie n’en demeure que plus difficile.
37L’Ordre de Malte est inquiet car cette situation porte atteinte à son image. Aussi le grand maître Jean-Paul de Lascaris Castellar tente-t-il de neutraliser Poincy. Nicolas Fouquet souligne bien des années plus tard que le bailli de Souvré et le marquis de Feuquières travaillent ensemble pour retirer Saint-Christophe des mains de Poincy94. Les premières interventions directes de l’Ordre de Malte datent de 1648 et visent à apaiser les tensions entre Poincy et la Compagnie95. Mais nous n’en connaissons pas la teneur. Ce qui est certain c’est qu’au mois de mars 1649, Lascaris décide d’envoyer le chevalier Charles Huault de Montmagny à Saint-Christophe comme procureur général pour seconder Poincy96. Il l’invite à conduire l’esprit de Poincy « à quelque bon dessein » car il redoute que les seigneurs de la Compagnie ne veuillent récupérer leur bien et l’évincer97. Cela montre qu’à ce moment l’Ordre considère l’île de Saint-Christophe comme un de ses biens. Lascaris avoue d’ailleurs un peu plus tard dans une lettre à Montmagny qu’il ne saurait laisser l’île de Saint-Christophe à d’autres après le départ ou la mort de Poincy. Mais la tenue de ces îles ne serait-elle pas « plus onéreuse que profitable98 » ? Le débat s’ouvre au sein de l’Ordre sur le coût de l’opération.
38Lascaris ne veut pas dévoiler son jeu ni avouer ses prétentions. Les préparatifs du départ de Montmagny ne font en secret pour « mieux cacher aux directeurs de la Compagnie des Indes notre dessein ». Lascaris qui loue tant Montmagny sait aussi que l’homme est intègre et n’appréciera pas toutes les nuances de la politique de l’Ordre, aussi ne veut-il pas tout lui dire. En 1650, Lascaris est rassuré par les bonnes nouvelles que lui apporte Montmagny sur le changement d’attitude des seigneurs de la Compagnie envers Poincy99. Mais il craint toujours leurs prétentions dans son action judiciaire contre Poincy qui risquent, écrit-il le 31 janvier 1650 à Souvré, de mettre « notre trésor en grand danger100 ».
39Lascaris est aussi soucieux de protéger les biens de l’Ordre. Il charge pour cela le receveur du commun trésor de l’Ordre au grand prieuré de France, le chevalier Delbene, d’intervenir pour obtenir la mainlevée des séquestres en juin 1650101. Il ordonne à Poincy de se démettre de ses commanderies pour qu’elles reviennent à l’Ordre et ne soient plus un enjeu des négociations. Le ton est sévère. Le chevalier est reconnu coupable d’avoir laissé l’administration des commanderies à des particuliers qui ne les ont pas entretenues et qui se sont ainsi dégradées, et de ne pas les avoir engagées au service de l’Ordre quand l’île de Malte a été par deux fois assiégée en 1635 et en 1645. Poincy est donc en faute. Mais l’Ordre se veut clément pour l’un de ses plus éminents chevaliers et juge que le priver des revenus de deux commanderies, évalués à 20000 livres par an, est « une bonne amende102 ». Le 14 octobre 1650, Poincy abandonne ses commanderies par acte passé devant notaire103. Montmagny rentre en France avec le document. Le 26 septembre 1651, le chevalier de Saint-Phalle prend possession des commanderies au nom de l’Ordre de Malte104.
La vente de Saint-Christophe
40La question de l’acquisition de Saint-Christophe se précise. Poincy donne une procuration au bailli de Souvré pour négocier l’achat de l’île en son nom ou au nom de l’Ordre. Le 28 février 1651, Lascaris laisse entendre dans une lettre à Souvré que l’Ordre se montrerait intéressé par l’acquisition de l’île. Poincy se serait rallié à cette idée et la soutiendrait en échange du titre de bailli105. L’Ordre fait alors une proposition aux associés pour l’acquisition de l’île de Saint-Christophe et des îles en dépendant. Il offre 120000 livres et s’engage à prendre à son compte toutes les dettes passives de la Compagnie. Il exige en contrepartie que celle-ci abandonne toutes les poursuites contre Poincy et renonce aux droits dus non perçus et à ses créances. Les négociations s’ouvrent entre les associés et Souvré. Elles traînent en longueur en raison de la maladie du grand prieur de Champagne qui empêche le conseil de l’Ordre de se tenir106. Mais il y a d’autres raisons. Les associés sont aussi en contact avec Girault que Poincy a envoyé en France pour défendre ses intérêts et obtenir des grâces107. Lascaris ne veut rien hâter et attend patiemment la conclusion des négociations. Mais la lenteur des discussions l’interpelle, et il finit par se demander si les directeurs ont bien l’intention de vendre Saint-Christophe comme ils le prétendent108. Un échec des négociations serait compris comme un revers considérable109.
41Le 10 mai 1651, d’Aligre, Boisseret, Fouquet, Ladvocat, Berruyer, de Loynes et Rozée se retrouvent chez Lauson. Ils acceptent la vente aux conditions offertes et donnent procuration à Berruyer et de Loynes pour passer le contrat110. L’affaire est conclue le 24 mai 1651 au domicile de Souvré. Un échéancier de paiement est élaboré. L’Ordre de Malte doit verser 10000 livres au comptant et le reste par terme de 1652 à 1654 avec intérêt au denier 18 : 8000 livres fin juillet 1651, 42000 livres le 31 octobre 1652, 30000 livres le 31 octobre 1653 et 30000 livres le 31 octobre 1654. De Loynes reçoit des mains de Souvré les premiers versements dans l’année111. La monarchie est-elle intervenue dans la vente ? Peut-être. En tout cas, Fouquet laisse entendre que les associés ont été pressés de vendre au prix qui leur était proposé112. Mais ne laisse-t-il pas alors parler son ressentiment ?
42Lascaris ne peut qu’exprimer son contentement. Le conseil de l’Ordre accepte l’acquisition de Saint-Christophe et ratifie l’accord113. Il existe cependant quelques ombres au tableau. Thoisy se montre toujours aussi vindicatif à l’encontre de Poincy et de l’Ordre de Malte. Le 25 août 1651, Souvré obtient de Thoisy la fin des procédures judiciaires entamées en échange de 90000 livres tirés du revenu des deux commanderies pendant deux ans. L’Ordre de Malte approuve le compromis114. En 1652, Poincy fait amende honorable et propose de céder ses droits ordinaires sur les habitants de Saint-Christophe à Thoisy. Un traité est signé entre Antoine Girault, au nom du chevalier de Malte, et Thoisy. Les habitants de l’île réunis en assemblée le ratifient le 28 octobre 1652115. Lascaris attend avec inquiétude l’approbation de la vente de l’île de Saint-Christophe par le roi de France116. Louis XIV concède enfin Saint-Christophe et les îles en dépendant à l’Ordre de Malte par lettres patentes au mois de mars 1653117.
43Le grand maître confie comme convenu l’île aux bons soins de Poincy avec le titre de bailli118. Cependant, ce dernier ne doit pas rester longtemps en poste. Le chevalier de Montmagny qui l’assiste doit lui succéder119. Poincy se sent évincé. Les tensions entre les deux hommes se manifestent rapidement, Poincy se montre très autoritaire, et une fois de plus, les autorités cèdent. Montmagny se retire à Cayenne où il meurt en 1657. Son corps est rapatrié à Saint-Christophe et est enterré à Basse-Terre. L’Ordre envoie alors les chevaliers de Saint Jure et de Sales. Saint-Jure ne s’entend pas davantage avec Poincy et rentre en France. De Sales attend patiemment la mort du bailli le 11 avril 1660 pour prendre le gouvernement de l’île120.
44Pour la monarchie, la page de la rébellion de Poincy est définitivement tournée et elle loue désormais la sagesse de son gouvernement. Les lettres patentes de mars 1653 s’approprient tous les éléments du discours développés par Poincy depuis 1646 pour justifier son action, et soulignent son souci de l’autorité du roi, la construction des forts pour assurer la défense de l’île… jusqu’à en faire un modèle de serviteur, « il n’aurait rien épargné pour y maintenir notre autorité ». Il n’est plus question de rébellion et de lèse-majesté. C’est ce qui fait dire à Pierre Cultru que ces lettres patentes valent pour lettres de rémission121. Mais le pardon ne signifie pas l’oubli. Les conseillers du roi ont bien soin de rappeler à Louis XIV les conséquences de la rébellion de Poincy pour son autorité quand ils se plaignent de la désobéissance des seigneurs-propriétaires122.
Vers la liquidation de la Compagnie
Derniers actes de la Compagnie
45La vente des îles de la Guadeloupe, de la Martinique et de Saint-Christophe ne signifie pas la fin de la Compagnie. Pour les associés, il ne s’agit que de la vente de « quelques îles de la dite concession faite par le roi123 ». La Compagnie a quelques droits sur la Dominique qui a été prise par Pierre Belain d’Esnambuc en 1635124. Mais ils demeurent très théoriques puisque les Français ne se sont pas vraiment installés dans l’île, et, comme le rapporte Nicolas Fouquet, elle ne peut les faire valoir car elle est peuplée d’Indiens. La Tortue relève aussi de son autorité, mais le gouverneur Le Vasseur s’est défait de tout lien de sujétion, et Poincy n’a pas su ou pas voulu lancer une expédition pour en reprendre le contrôle. La Compagnie ne dispose donc plus de bases opérationnelles aux Antilles125. Sa capacité d’action est donc très réduite. De fait la Compagnie des îles de l’Amérique cesse ses activités à partir de 1651. L’employé de la Compagnie des Indes, Dernis, dit en 1742 dans son Histoire abrégée de toutes les compagnies de commerce, que « cette compagnie ne subsista guère au-delà de l’année 1651126 ». Mais aucun acte ne mettant fin à son activité n’est connu, contrairement à d’autres compagnies comme la Compagnie de la Nouvelle-France, dissoute par les associés, et la Compagnie des Indes occidentales révoquée par le pouvoir127. Mais les actes de dissolution de société sont rares à cette époque128. Doit-on penser qu’elle a été tout bonnement abandonnée ? En tout cas, elle n’apparaît pas en faillite puisqu’elle a cédé ses dettes passives aux acheteurs des îles129. Servant place la fin à la Compagnie en 1653 quand la monarchie approuve la vente de Saint-Christophe. La démonstration paraît faible, car elle fait abstraction de la confirmation de celle de la Guadeloupe en 1657130. Si la date de 1653 doit être retenue, c’est davantage parce que la Compagnie abandonne la foi et de l’hommage que Boisseret et Houël lui doivent pour la Guadeloupe et ses dépendances contre 15000 livres131.
46Mais à cette date, tout n’est pas encore réglé. Les associés de la Compagnie des îles de l’Amérique initient de nouvelles procédures judiciaires contre l’Ordre de Malte car ils n’ont toujours pas perçu l’argent de la vente de Saint-Christophe. En 1668, ils obtiennent de la Compagnie des Indes occidentales, qui a racheté en 1665 l’île à l’Ordre de Malte132, le paiement du reliquat de ce que lui devait l’Ordre, soit 78311 livres 9 sols et 6 deniers133. Ils s’engagent en retour à abandonner toutes les poursuites contre le sieur de Souvré, l’Ordre de Malte et la Compagnie des Indes occidentales. Cependant, la somme n’est pas versée. Les ayants droit de la Compagnie des îles agissent à nouveau contre l’Ordre de Malte et font saisir les revenus de la commanderie de Latran. Mais l’Ordre de Malte en obtient la mainlevée en 1679. Colbert intervient directement dans l’affaire et promet alors 60000 livres aux ayants droit en 1682. Sa mort interrompt le versement de la somme. Son successeur au contrôle général des finances, Le Pelletier, fait rendre un arrêt du conseil en 1687 par lequel ils doivent toucher 78272 livres 7 sous et 10 deniers, mais il ne connaît pas davantage de concrétisation. Les intérêts de la dette grossissant chaque année davantage, la somme due en 1701 est portée à 156000 livres. Les ayants droit assignent une nouvelle fois l’Ordre de Malte en justice134.
47La guerre de succession d’Espagne règle le sort de Saint-Christophe. L’île est prise par les Anglais lors du conflit et leur est finalement cédée par Louis XIV au traité d’Utrecht en 1713135. Les investissements consentis depuis près d’un siècle sont abandonnés aux Anglais.
La poursuite des affaires judiciaires
48Plusieurs autres affaires judiciaires continuent de courir et ternissent le sentiment de réussite de l’Ordre de Malte. La Grange fait saisir la commanderie d’Oisemont pour être certain d’être payé de Poincy le 10 novembre 1653. Le receveur de l’Ordre de Malte en France, le chevalier Delbene, intervient le 2 décembre, mais il est débouté dans un premier temps le 22 décembre. Il se pourvoit en cassation et le 30 décembre 1653, un nouvel arrêt fait lever le séquestre136. Le combat judiciaire se poursuit après la mort des deux protagonistes. Les héritiers de La Grange assignent l’Ordre de Malte en justice137. Le Grand conseil rend plusieurs arrêts en leur faveur en 1663 – les 7 mars, 19 juillet, 20 septembre et 31 décembre –. Le préjudice est évalué à 260000 livres. Mais l’Ordre de Malte conteste le montant des indemnisations et demande à plusieurs reprises une nouvelle évaluation de la valeur des biens en jeu. Les parties finissent par trouver un compromis le 2 avril 1664. Les héritiers abandonnent leurs droits sur les deux habitations à Saint-Christophe qu’ils revendiquaient et obtiennent 42000 livres. La moitié de la somme (21000 livres) leur est versée comptant138.
49L’ancien associé de Poincy, Desmartins, saisis les consuls qui condamnent en 1654 le chevalier de Malte à verser les sommes dues. Thoisy, ne touchant pas l’argent qui lui a été promis, se retourne le 8 juin 1654 contre Desmartins, qui a administré un temps les commanderies de Poincy et touché leurs revenus, et lui réclame 34000 livres. Le conseil d’État examine une nouvelle fois en 1672 les comptes des commanderies. Par arrêt du 29 juin 1673, il préconise de s’en tenir à la décision de 1654. Les héritiers de Desmartins dont son fils Claude, conseiller du roi à la cour des monnaies, assignent l’Ordre de Malte en justice pour recouvrer les sommes dues par Poincy et lui réclament 1352323 livres 6 sols et 8 deniers en 1674. En 1676, un arrêt du conseil charge une commission de régler le différend139. Les héritiers de Rigault, l’autre associé de Poincy, dans cette même affaire sont aussi en procès avec Thoisy car ils prétendent que leurs créances sont antérieures aux siennes. Ils plaident encore en 1674140.
50Assurément, la poursuite des feuilletons judiciaires continue à animer l’esprit de la Compagnie. Les anciens associés se retrouvent pour engager de nouvelles procédures et défendre leurs droits. Cependant, avec le temps, de nombreux associés décèdent, et leurs héritiers n’entretiennent plus cet esprit pour ne plus se préoccuper que de la sauvegarde de leurs droits.
51La Compagnie des îles de l’Amérique n’est plus, mais certains associés espèrent la voir se reformer. Nicolas Fouquet poursuit ses investissements aux Antilles dans les années cinquante. Il se constitue une petite flotte de navires de quelques centaines de tonneaux dédiée au commerce colonial, la Sainte-Anne, le Saint-Sébastien, la Renommée et le Jardin de Hollande, et acquiert une base nouvelle, Concarneau, pour mener ses activités141. Il achète des domaines à la Martinique et à Sainte-Croix142. Il avoue lors de son procès que l’acquisition de l’île de Sainte-Lucie, n’a été motivée que par « l’affection de rétablir cette compagnie143 ». Il se montre d’une façon générale particulièrement soucieux des affaires d’Amérique et se tient informé de l’évolution de la situation des îles144. Il convainc d’anciens associés (Chanut, Ladvocat, Rozée) de participer à une nouvelle compagnie. Il faut penser aussi qu’ils n’étaient pas trop désespérés de leur première expérience. Pierre Chanut s’occupe de recueillir les engagements financiers des uns et des autres. Quelques grands personnages (Feuquières, Cheverny, d’Andilly, Clément) semblent prêts à investir eux aussi. Assurément, Fouquet a su les persuader145. Cette entreprise aurait bénéficié de la bienveillance, sinon de l’appui du cardinal de Mazarin qui envisage de réunir les petites compagnies dans une compagnie générale146. Ces projets pour les Antilles illustrent les grandes ambitions de Nicolas Fouquet. Ils seront compris comme une menace pour les intérêts de la monarchie et constitueront des éléments à charge lors de son procès. Mais ils inspireront en grande partie le programme maritime et commercial de Jean-Baptiste Colbert à qui il doit sa déchéance147. En 1663, la reformation de la Compagnie des îles d’Amérique est portée par le lieutenant général de l’amirauté de Dunkerque, Nicolas Nacquart. Mais son ambition est beaucoup plus modeste car elle ne vise qu’à organiser le commerce vers les îles148. Les projets des grandes compagnies des Indes en 1664 en auront raison.
L’avenir des agents de la Compagnie
52En achetant les îles aux associés, les seigneurs-propriétaires ont aussi acquis tous les équipements que la Compagnie avait fait installer : magasins, cases, habitations. Ils disposent aussi des esclaves qui travaillaient sur ses habitations. La continuité des activités économiques et du gouvernement est ainsi assurée. Les seigneurs-propriétaires prospèrent bientôt à la tête de vastes habitations et s’imposent un peu plus dans le paysage économique antillais.
53Les agents de la Compagnie restent dans les îles après leur vente. Il est vrai que de nombreux d’entre eux étaient des colons, avant de recevoir une commission. Certains sont poursuivis dans leur charge par leur nouveau seigneur. Il en est ainsi du notaire de la Martinique, Antoine Vigeon. Il rédige l’acte de vente de l’île de la Grenade au comte de Cérillac en 1656. Il connaît par la suite la disgrâce. Il est accusé par du Parquet de bénéficier de nombreuses largesses des justiciables et perd sa charge149. Le juge de la Guadeloupe, nommé par la Compagnie depuis 1645, Antoine Le Normand, passe au service de Charles Houël qui a acquis l’île de la Guadeloupe150. Pierre Millet devient lui juge de la Guadeloupe en 1652151. D’autres investissent dans les îles. Le protestant Charles de Rochefort mentionne qu’à son époque le juge Antoine Girault s’est reconverti dans le sucre. Il a de grandes et belles habitations à Saint-Christophe et trois moulins152. L’intendant Leumont demeure à la Martinique où il a une vaste habitation qui comprend 88 serviteurs en 1660153. Quelques agents de la Compagnie rentrent probablement en France après avoir fait les frais des rivalités dans les îles où ils officiaient en son nom.
54Nous ne savons pas ce que sont devenus les entrepôts de la Compagnie dans les ports de France et qui a acquis les marchandises qui s’y trouvaient. Les receveurs dans les ports reprennent leurs activités. Nicolas Denis investit au Canada. Il devient en 1653 gouverneur et lieutenant général de la côte et des îles du golfe Saint-Laurent dont il a acquis les droits de la Compagnie de la Nouvelle-France. Il établit plusieurs postes. Mais il doit faire face à de nombreuses difficultés. Les postes fondés lui sont contestés et il doit plus d’une fois clamer son bon droit. La compagnie pour la pêche et la traite qu’il a montée avec Christophe Fouquet de Chalain accuse, elle, un déficit important en 1658 et il doit s’en expliquer à son associé154. Il connaîtra bien d’autres mésaventures encore.
55Les changements qui se produisent dans l’organisation des îles n’affectent pas le trafic transatlantique. Les marchands des ports de la Manche et de l’Atlantique poursuivent leur activité, voire même amplifient leurs efforts à l’orée du grand développement sucrier. Les Boivin du Havre et les Libault de Nantes arment des navires et réalisent de nouveaux investissements dans les îles. Les dieppois Jacques et Jean Mel font le commerce du pétun155. Ils participent au renforcement de la présence française dans la Caraïbe. Les seigneurs-propriétaires puis la Compagnie des Indes occidentales sauront s’appuyer sur eux pour réaliser leurs projets.
56Quant aux associés, il faut croire que cette mésaventure antillaise ne les a pas rebutés des affaires commerciales au lointain. Nous les retrouvons tous – ou presque – dans les nombreuses compagnies établies pour traiter aux Amériques et en Asie dans les années soixante comme la Compagnie de Chine ou la Compagnie des Indes orientales156.
Notes de bas de page
1 Dupuis, p. 100 ; DT/1667, t. 1, p. 366-367. La peine infligée au sieur de La Roche témoigne du jeu complexe suivi par Houël qui espère très certainement ainsi montrer qu’il défend les intérêts de la Compagnie et garder l’attention des associés. Dupuis ne prête que 20000 livres de biens à La Roche (Dupuis, p. 99).
2 Garderas à La Ramée, dans DT/1667, t. 1, p. 367 ; Dupuis, p. 61 ; Bret/B, p. 180.
3 DT/1667, t. 1, p. 394-396. Il s’agit de François Trezel, fils de Daniel et frère de Samuel (B. et Ph. Rossignol, « Traité entre la Compagnie des îles d’Amérique et Daniel Trezel, 1639 et la famille Trezel en Guadeloupe », GHC, [en ligne] [http://www.ghcaraibe.org/articles/2015-art16.pdf.], p. 4/11). On ne sait pas quel reproche Houël a pu lui faire.
4 DT/1667, t. 1, p. 368-369 ; Dupuis, p. 99-100 et 103-104 ; Garderas à la Ramée, dans DT/1667, t. 1, p. 367.
5 DT/1667, t. 1, p. 402 et suiv. ; C. Brunetti, « Information succinte de quelques établissements aux pays de l’Amérique méridionale », op. cit., p. 33 ; MSM, p. 133-134.
6 Dutertre écrit ainsi : « bien que la Martinique ait été la moins agitée de troubles par la conduite de sieur du Parquet, nénanmoins elle n’en a pas été tout à fait exempte ; on y a vu des bannissements et des proscriptions comme dans Saint-Christophe et dans la Guadeloupe » (DT/1667, t. 1, p. 396-397).
7 ANOM, F2A13, Confirmation de la com. de gouverneur et de sénéchal de la Martinique à du Parquet, Paris, le 6/09/1647, p. 238-239.
8 DT/1667, t. 1, p. 397.
9 L’attente des habitants était grande à la Guadeloupe, « on espérait de lui beaucoup de modération et de conduite » rapporte Raymond Breton (Bret/RF, p. 120).
10 ANOM, F2A13, Confirmation de la com. de gouverneur et de sénéchal de la Guadeloupe à Houël, Paris, le 17/08/1646, p. 236-237.
11 DT/1667, t. 1, p. 396.
12 Délibération, le 15/05/1648, p. 510 ; DT/1667, t. 1, p. 396.
13 DT/1667, t. 1, p. 441.
14 Délibération, le 2/02/1646, p. 500.
15 Bret/A, p. 148 ; Bret/RF, p. 124 ; Bret/B, p. 180 ; Dupuis, p. 91 et 94 ; Houël à Armand La Paix, Fort Sainte-Marie, le 22/11/1646, dans Chev, p. 78 ; Thoisy à un habitant, dans Chev, p. 82-83.
16 Dupuis, p. 89.
17 Houël à Dutertre, dans DT/1667, t. 1, p. 352 ; DT/1667, t. 1, p. 346-347 ; Dupuis, p. 96 ; Bret/B, p. 180.
18 Dupuis, p. 146-148 ; Bret/B, p. 176.
19 Dupuis, p. 151-154 ; Bret/B, p. 184.
20 Dupuis, p. 155-157. Mais redoutant l’issue du procès que lui a intenté Thoisy, il se décide finalement à négocier avec lui par l’intermédiaire de monsieur de Mérigny. Houël s’engage à lui payer 61715 livres de pétun pendant trois ans (DT/1667, t. 1, p. 394).
21 Dupuis, p. 164-165 ; Bret/B, p. 184.
22 Bret/B, p. 186 ; Bret/A, p. 150 ; Dupuis, p. 167.
23 Dupuis, p. 106-108 et 110-111.
24 Délibération, le 8/05/1648, p. 508. Elle le charge d’appliquer la délibération qui règle le différend avec Jacques Mel.
25 Délibération, le 17/04/1648, p. 506. Nous avons mention d’instructions laissées à Bonhomme et à Lagarde. Leumont demeure à la Guadeloupe car il ne peut retourner à Saint-Christophe
26 Bret/A, p. 150 ; Bret/B, p. 188 et 190. Breton, qui ne porte pas Houël dans son cœur, écrit alors : « il était devenu plus puissant qu’auparavant car il était, en plus, propriétaire et sénéchal de l’île, il nommait et révoquait les juges et tout se faisait sur son ordre » (Bret/B, p. 186). Le ressentiment de Mathias Dupuis à l’égard de Houël est tout à fait palpable mais il se défend de noircir le portrait qu’il en fait : « si je semble un peu moins doux dans la description du gouvernement de monsieur Houël qui commande encore actuellement dans l’île de la Guadeloupe, sache pourtant que j’ai toujours modifié les choses qui pourraient le rendre blâmable » (Dupuis, p. 3).
27 ANOM, F3221, Le roi à Houël, le 20/09/1652, fol. 277 ; ANOM, F3221, La reine à Houël, le 20/09/1652, fol. 279. Des lettres patentes sont aussi rédigées pour confirmer les donations faites aux dominicains de la Guadeloupe (ANOM, F3221, Lettres patentes, mai 1654, fol. 281-286).
28 Bret/B, p. 194.
29 APF, Congressi, AA, I, Raymond Breton au conseil du roi, Paris, 1654, fol. 35r-50v. Ils produisent aussi de nombreux certificats des anciens agents de la Cie des îles de l’Amérique qui confirment les donations faites (AGOP, XIII.029601, Dominicains H123, A2, Déclaration de Nicolas Suiblard, sergent de la milice et capitaine, le 24/02/1654 ; AGOP, XIII.029601, Dominicains H123, A3, Déclaration du commis de la Guadeloupe, le 02/06/1654).
30 ANOM, F5A5, Arrêt du conseil, le 11/10/1662, p. 6-7.
31 Ordonnance de Poincy à Longvilliers, Basse-Terre de Saint-Christophe, le 16/03/1648, dans DT/1667, t. 1, p. 411-412.
32 BnF, ms fr. 18593, Mémoire touchant les différends entre les Srs. de Poincy et Patrocle et les associés de la Cie des îles de l’Amérique, fol. 416r/v.
33 Il apparaît que c’est Poincy qui dirige effectivement les affaires de Saint-Christophe. Il lui adresse ses ordres et ses préférences pour les charges (AN, MC, étude XCVI, 285C, n° 87, Poincy à Longvilliers, La Montagne, le 1/02/1648).
34 Délibération, le 15/05/1648, p. 509 ; DT/1667, t. 1, p. 439.
35 BnF, Naf, 20956, Assemblée des habitants de Saint-Christophe à Basse-Terre, le 9/08/1650, fol. 2 ; BnF, Naf, 20956, Assemblée des habitants de Saint-Christophe, le 12/08/1650, fol. 4v-5v.
36 AOM-LV, cl. 1, arch 58, Lettre de Montmagny, Paris, le 26/11/1649, fol. 308-309 ; AOM-LV, cl. 9, arch 1554, Lascaris à Poincy, le 22/03/1650, fo.l 52r. Le « bruit que [sèment] de [sa] mort ceux qui sont envieux de [son] bien et ennuyés de [sa] vie » date vraisemblablement de la seconde moitié de l’année 1649.
37 DT/1667, t. 1, p. 397.
38 Délibération, le 8/05/1648, p. 507 ; Délibération, le 15/05/1648, p. 509 ; Délibération, le 5/06/1648, p. 511 ; Délibération, le 4/09/1648, p. 513. Nous n’avons pas la liste des participants aux réunions en 1647.
39 DT/1667, t. 1, p. 442 ; Délibération, le 15/05/1648, p. 510.
40 Savary y voit la cause principale de la défection des associés (J. Savary, Le parfait négociant, op. cit., liv. 2, p. 121).
41 Le roi doit tenir un lit de justice pour faire enregistrer les nouveaux édits fiscaux le 15 janvier 1648. Les cours protestent et s’assemblent pour porter leurs revendications le 13 mai. Paris se couvre de barricades. La crise dure jusqu’en 1653 (Fr. Bluche, Louis XIV, op. cit., p. 63 et suiv.).
42 Fouq/D, t. 8, 1666, p. 59.
43 Bret/B, p. 182.
44 Marcel Delafosse note le départ de 2 navires en 1648 de La Rochelle, puis d’un seul par an entre 1649 et 1652 (M. Delafosse, « La Rochelle et les îles… », op cit, p. 242).
45 BnF, ms. fr. 17962, Chanut à Brienne, Stockholm, le 15/12/1646, fol. 700v. Il déconseille à cette occasion la création d’une compagnie pour développer le commerce français en Hollande.
46 BnF, ms fr. 17964, Chanut à Lionne, le 5/09/1648, fol. 661v-667. Pub. dans A. Ojardias, « Un diplomate riomois au xviie siècle », op. cit., p. 188.
47 Id.
48 D. Dessert, Fouquet, op. cit., p. 132.
49 Le dernier agent connu envoyé par la Compagnie à la Guadeloupe est le lieutenant général Michel Bernard, sieur de Delleville, en 1646 (ANOM, F2A13, Com. de lieutenant général à Bernard, Paris, le 18/04/1646, p. 235). Le même jour, la Compagnie établit une commission de juge en blanc (ANOM, F2A13, Com. de juge, Paris, le 18/04/1646, p. 235-236).
50 DT/1667, t. 1, p. 398.
51 BnF, ms fr. 18593, Instruction des isles de l’Amérique, fol. 423v.
52 BnF, ms fr. 17964, Chanut à Lionne, le 5/09/1648, fol. 661v-667. Pub. dans A. Ojardias, « Un diplomate riomois au xviie siècle », op. cit., p. 188.
53 Houël à Boisseret, le 4/07/1649, dans DT/1667, t. 1, p. 443.
54 Délibération, le 17/04/1648, p. 507 ; Délibération, le 5/06/1648, p. 511 ; Délibération, le 4/09/1648, p. 513.
55 Délibération, le 4/09/1648, p. 514. 127 livres 12 sols figurent pour les frais et obtention de l’arrêt du Grand conseil du 6 novembre 1647.
56 Délibération, le 9/12/1644, p. 475.
57 Délibération, le 8/05/1648, p. 508.
58 Arch. municip. du Havre, fonds Boivin-Colombel, 49Z 06, J. Boivin à I. Boivin, Saint-Christophe, le 6/09/1647.
59 Délibération, le 8/05/1648, p. 508 ; Délibération, le 15/05/1648, p. 510.
60 Délibération, le 5/06/1648, p. 511. Assez curieusement, la délibération ne mentionne pas de débat sur cette importante question. Les deux courts paragraphes du procès-verbal n’abordent que le règlement des litiges avec la veuve de L’Olive.
61 Délibération, le 1/08/1647, p. 505.
62 Délibération, le 26/08/1647, p. 505-506 ; AD 77, 427 F 327, Acte de vente de Saint-Christophe, 1647. Pub. dans M. Guillaume, B. et Ph. Rossignol, M. du Chaxel « Un projet de vente de l’ile de Saint-Christophe », Centre de généalogie et d’histoire des îles d’Amérique, cahier n° 2, septembre 1982, p. 2-9.
63 Délibération, le 6/12/1647, p. 506.
64 DT/1667, t. 1, p. 442.
65 L’arrêt du conseil du 29 août 1649 souligne que Poincy use de tous les moyens afin de retarder l’échéance inévitable de sa condamnation et arriver à un accord à l’amiable (ANOM, F352, Arrêt du conseil, Paris, le 29/08/1649, fol. 333r/v). Il ne fait aucun doute pour Pierre Cultru que Poincy envisage d’acquérir Saint-Christophe pour suspendre les procédures (P. Cultru, « Le commandeur de Poincy… », op. cit., p. 333).
66 DT/1667, t. 1, p. 443.
67 D. Dessert, Fouquet, op. cit., p. 133.
68 ANOM, F2A13, Confirmation de la com. de gouverneur et de sénéchal à du Parquet, Paris, le 6/09/1647, p. 238-239.
69 ANOM, F2A13, Traité de l’isle de la Grenade, Paris, Paris, le 10/07/1645, p. 65.
70 ANOM, F2A13, Confirmation de la com. de gouverneur et de sénéchal de la Guadeloupe à Houël, Paris, le 17/08/1646, p. 237 ; ANOM, F2A13, Confirmation de la com. de gouverneur et de sénéchal de la Martinique à du Parquet, Paris, le 6/09/1647, p. 239.
71 DT/1667, t. 1, p. 443.
72 Ibid., t. 1, p. 443.
73 ANOM, F318, Procuration au Sr. de Boisseret, le 13/11/1648, fol. 70 ; ANOM, F318, Procuration au Sr. de Boisseret, le 14/03/1648, fol. 70 ; DT/1667, t. 1, p. 443.
74 Houël à Boisseret, le 4/07/1649, dans DT/1667, t. 1, p. 443 ; DT/1667, t. 1, p. 443.
75 Ricouart et Berruyer ont reçu un pouvoir de la Compagnie le 1er septembre 1649 pour représenter ses intérêts (ANOM, C7A1, Contrat de vente de l’île de la Guadeloupe, Paris, le 4/09/1649, p. 409).
76 ANOM, C7A1, Contrat de vente de l’île de la Guadeloupe, Paris, le 4/09/1649, p. 409-413.
77 DT/1667, t. 1, p. 444 ; ANOM, F318, Mémoire touchant la propriété inconmutable des terres et droits du sieur Houël dans les isles, fol. 32r ; G. Servant, « Les Compagnies de Saint-Christophe et des îles de l’Amérique », op. cit., p. 477.
78 DT/1667, t. 1, p. 444. Cette disposition apparaît dans le second contrat.
79 ANOM, F318, Mémoire touchant la propriété inconmutable des terres et droits du sieur Houël dans les isles, fol. 31v.
Boisseret peut « racheter et éteindre la mouvance et redevance annuelle […] moyennant la somme de 15000 livres ».
80 ANOM, F318, Mémoire touchant la propriété inconmutable des terres et droits du sieur Houël dans les isles, fol. 32v.
81 DT/1667, t. 1, p. 445.
82 ANOM, F318, Mémoire touchant la propriété inconmutable des terres et droits du sieur Houël dans les isles, fol. 32r. L’entente entre les deux hommes est faite sous seing privé.
83 DT/1667, t. 1, p. 446-447 ; Délibération, le 22/09/1650, dans ANOM, C8B1, n° 2, Lettres patentes du roi portant confirmation du contrat vente fait par la Cie des îles de l’Amérique, Paris, août 1651, fol. 107.
84 Contrat de vente des îles à du Parquet, Paris, le 27/09/1650, dans Mémoires des commissaires du roi, op. cit., t. 3, p. 46-47. Dutertre parle d’une façon erronée de 60000 livres (DT/1667, t. 1, p. 446). Ce Mathieu de La Mare est probablement un des marchands de Dieppe avec qui la Compagnie avait signé un contrat en 1635 pour l’établissement de la Guadeloupe.
85 MAE, MD, Am., 4, fol. 403 ; ANOM, F3247, fol. 249.
86 ANOM, F3267, fol. 247. La date est le 15 mars dans MAE, Amérique, 4, fol. 407.
87 ANOM, C8B1, n° 2, Lettres patentes du roi portant confirmation du contrat vente fait par la Cie des îles de l’Amérique, Paris, août 1651, fol. 99-115 ; Arrêt du Grand conseil, le 26/09/1651, dans Mémoires des commissaires du roi, op. cit., t. 3, p. 52-53.
88 MAE, MD, Am., 4, Lettres patentes du roi, le 22/10/1651, fol. 428. Pub. dans Mémoires des commissaires du roi, op. cit., t. 3, p. 53-54. Le duc de Beaufort, grand maître de la navigation de France, ratifie l’acte de nomination le 15 novembre 1651 (MAE, MD, Am., 4, Lettres patentes du duc de Beaufort, le 15/11/1651, fol. 435. Pub. dans Mémoires des commissaires du roi, op. cit., t. 3, p. 55-57).
89 Délibération, le 8/05/1648, p. 508.
90 Anonyme de Grenade, L’Histoire de l’île de la Grenade, op. cit., p. 142 et 144-145 ; DT/1667, t. 1, p. 426-427. Du Parquet ne gardera pas l’île de la Grenade. Il la vend le 30 octobre 1656 à Jean de Faudoas, comte de Cérillac, pour la somme de 90000 livres (Dutertre à Cérillac, Flessingue, 1656, dans DT/1667, t. 1, p. 513-516 ; Contrat de vente, la Martinique, le 30/10/1656, dans Anonyme de Grenade, L’Histoire de l’île de la Grenade, op. cit., p. 200-203).
91 BnF, ms fr. 18593, Mémoire pour l’accommodement de Poincy et Patrocle et les associés de la Cie des îles de l’Amérique, 1648, fol. 416r et 420 ; J. Du Fresne, Journal des principales audiences du parlement, op. cit., t. 1, p. 837.
92 J. Du Fresne, Journal des principales audiences du parlement, op. cit., t. 1, p. 834 et 838.
93 BnF, Naf, 2449, Factum pour M. maître Claude Desmartins, conseiller du roi, 1672, fol. 458.
94 Fouq/D, t. 8, 1666, p. 64. Jean-Paul de Lascaris Castellar (1560-1657) est grand maître de l’Ordre de 1636 à 1657. Il exerce une très forte influence.
95 J. Du Fresne, Journal des principales audiences du parlement, op. cit., t. 1, p. 848.
96 Bulle, le 2/03/1659, citée dans J. Du Fresne, Journal des principales audiences du parlement, op. cit., t. 1, p. 835 ; AOM-LV, cl. 3, arch. 258, Approvatione delle susseguenti instruttioni per il nobile de Montmagny, le 22/03/1649, fol. 212-214 ; AOM-LV, cl. 9, arch. 1554, Lascaris à Montmagny, le 3/03/1650, fol. 49r ; AOM-LV, cl. 9, arch. 1554, Lascaris à Poincy, le 22/03/1650, fol. 52v.
97 AOM-LV, cl. 9, arch. 1554, Lascaris à Delbene, le 13/06/1650, fol. 55v.
98 AOM-LV, cl. 9, arch. 1554, Lascaris à Montmagny, le 29/05/1651, fol. 108r.
99 AOM-LV, cl. 9, arch. 1554, Lascaris à Delbene, le 22/03/1650, fol. 50v ; AOM-LV, cl. 9, arch. 1554, Lascaris à Souvré, le 26/07/1650, fol. 61v ; AOM-LV, cl. 9, arch. 1554, Lascaris à Delbene, le 6/09/1650, fol. 72r. Le carme Maurile de Saint-Michel atteste lui aussi de l’amélioration des relations entre Poincy et la Compagnie à cette époque (MSM, p. 316).
100 AOM-LV, cl. 9, arch. 1554, Lascaris à Souvré, le 31/01/1650, fol. 42v.
101 AOM-LV, cl. 9, arch. 1554, Lascaris à Delbene, le 13/06/1650, fol. 55v ; AOM-LV, cl. 9, arch. 1554, Lascaris à Delbene, le 6/09/1650, fol. 72r.
102 J. Du Fresne, Journal des principales audiences du parlement, op. cit., t. 1, p. 850. Durant la première moitié du xviie siècle, l’Ordre de Malte est à la pointe de la lutte contre les Ottomans. La rumeur d’une attaque imminente sur l’île conduit le 18 février 1635 le conseil à ordonner à tous les chevaliers en Europe de regagner Malte au plus vite. La guerre de Candie de 1645 à 1669 et le soutien apporté aux Vénitiens font à nouveau craindre une attaque turque sur Malte (A. Brogini, Malte, frontière de la chrétienté (1530-1670), Rome, École française de Rome, 2005, p. 519 et 534-535).
103 Remise des commanderies par le Sr. chevalier de Poincy, La Montagne, le 14/10/1650, dans J. Du Fresne, Journal des principales audiences du parlement, op. cit., t. 1, p. 835-836. Il revêt le document de son sceau le 20 octobre 1650.
104 J. Du Fresne, Journal des principales audiences du parlement, op. cit., t. 1, p. 836.
105 BnF, Naf, 20956, Procuration de Poincy à Souvré, La Montagne, le 14/10/1650, fol. 7-10 ; AOM-LV, cl. 9, arch. 1554, Lascaris à Souvré, le 28/02/1651, fol. 94v.
106 AOM-LV, cl. 9, arch. 1554, Lascaris à Souvré, avril 1651, fol. 103v ; AOM-LV, cl. 9, arch. 1554, Lascaris à Delbene, avril 1651, fol. 104r.
107 AOM-LV, cl. 9, arch. 1554, Lascaris à Souvré, le 29/05/1651, fol. 106v. Poincy aurait confié à Girault, vraisemblablement à la même époque, cinquante mille livres pour recruter des hommes en métropole pour monter de nouvelles expéditions vers la Terre Ferme ou les îles (MSM, p. 349-350).
108 Lascaris parle ainsi de façon laconique à Souvré de « ces messieurs qui se prétendent interessés », AOM-LV, cl. 9, arch. 1554, Lascaris à Souvré, le 29/05/1651, fol. 106v.
109 AOM-LV, cl. 9, arch. 1554, Lascaris à Montmagny, le 29/05/1651, fol. 108r.
110 ANOM, F352, Délibération de la Cie des îles de l’Amérique, Paris, le 10/05/1651, fol. 338v et 339.
111 ANOM, F352, Contrat de vente de l’île de Saint-Christophe et autres au Sr. bailli de Souvré, le 24/05/1651, fol. 335-337v ; ANOM, F352, Récépissé, le 24/05/1651, fol. 339v ; ANOM, F352, Récépissé, le 19/08/1651, fol. 339v-340.
112 Fouq/D, t. 8, 1666, p. 60.
113 AOM-LV, cl. 9, arch. 1554, Lascaris à Montmagny, le 12/02/1652, fol. 137v.
114 J. Du Fresne, Journal des principales audiences du parlement, op. cit., t. 1, p. 836 ; DT/1667, t. 1, p. 392 ; BnF, Naf 2449, Factum pour dame Madeleine Cleron, veuve de messire Noël de Patrocle, fol. 456 et suiv.
115 Thoisy à Poincy dans DT/1667, t. 1, p. 392-393 ; Poincy à Thoisy, Saint-Christophe, le 17/12/1652, dans DT/1667, t. 1, p. 393 ; AN, MC, étude XCVI, 285C, n° 97, Délibérations des oficiers et habitants de Saint-Christophe, Basse-Terre, le 28/10/1652 ; MSM, p. 316.
116 AOM-LV, cl. 9, arch. 1554, Lascaris au roi, le 26/08/1652, fol. 157r ; AOM-LV, cl. 9, arch. 1554, Lascaris à la reine, le 26/08/1652, fol. 157v ; AOM-LV, cl. 9, arch. 1554, Lascaris à Brienne, le 26/08/1652, fol. 157v-158v.
117 Lettres patentes, Paris, mars 1653, dans DT/1667, t. 1, p. 456.
118 DT/1667, t. 1, p. 447 ; AOM-LV, cl. 9, arch. 1554, Lascaris à Poincy, le 23/07/1652, fol. 153v. Poincy reçoit le 31 mai 1651 une commission du roi qui l’établit gouverneur en son nom (AN, MC, étude XCVI, 285C, n° 92, Com. royale de gouverneur des îles d’Amérique à Poincy, Paris, le 31/05/1651, 7 p.).
119 DT/1667, t. 1, p. 447 ; AOM-LV, cl. 9, arch. 1554, Lascaris à Poincy, le 23/07/1652, fol. 153v. Sur l’action de Montmagny à Saint-Christophe, voir J.-C. Dubé, Le chevalier de Montmagny, op. cit.
120 AOM-LV, cl. 9, arch. 1556, Redin à Poincy, septembre 1658, fol. 40r ; DT/1667, t. 1, p. 447-448 ; Rochefort, t. 2, p. 24.
121 Lettres patentes, Paris, mars 1653, dans DT/1667, t. 1, p. 456-457 ; P. Cultru, « Le commandeur de Poincy… », op. cit., p. 334.
122 « Poincy […] avait levé le masque à la rébellion et le maintenait par le commerce avec les Hollandais », note ainsi l’auteur d’un des mémoires remis au roi (ANOM, C8B1.1, doc 9, Mémoire sur les moyens de retirer les iesless des mains des propriétaires privés, le 18/10/1662, pas de n° de fol).
123 ANOM, F352, Déliberation de la Cie des îles de l’Amérique, Paris, le 10/05/1651, fol. 337v.
124 ANOM, F352, Contrat de vente de l’île de Saint-Christophe et autres au Sr. bailli de Souvré, le 24/05/1651, fol. 336.
125 Fouq/D, t. 8, 1666, p. 61-62.
126 ANOM, F2A12, Dernis, Histoire abrégée des compagnies de commerce qui ont esté établies en France depuis l’année 1626, p. 3.
127 Le 24 février 1663, les membres de la Cie de la Nouvelle-France réunis en assemblée plénière remettent leurs possessions au roi. Ils réclament une indemnité. Le roi accepte la cession des territoires au mois de mars suivant (Délibération de la Cie de la Nouvelle-France, le 24/02/1663, dans Édits, … concernant le Canada, op. cit., p. 30 ; Acceptation du roi de la démission de la Cie de la Nouvelle-France, Paris, mars 1663, dans Édits, … concernant le Canada, op. cit., p. 31-32 ; M. Trudel, Histoire de la Nouvelle-France, op. cit., t. 4, La seigneurie de la Compagnie des Indes occidentales 1663-1674, p. 14). La fin de la Cie des Indes occidentales se décide d’un coup de plume. Elle est déclarée en faillite en 1672 puis ses privilèges sont révoqués en 1674 (ANOM, B4, Arrêt du conseil d’État concernant les affaires de la Cie des Indes occidentales, le 9/04/1672 ; Arrêt du conseil d’État, Paris, le 9/04/1672, Paris, Sébastien Mabre-Cramoisy, 1672, 8 p. ; ANOM, B6, Édit du roi portant révocation de la Cie des Indes occidentales, Saint-Germain-en-Laye, décembre 1674, 7 p.)
128 L’un des rares actes de dissolution connu est celui de la société fondée par Nicolas Denis, Claude de Razilly et un marchand breton, Bazille, en 1634, pour le Canada (ANF, MC, étude XVI, 68, Dissolution d’une société, le 11/01/1634, pas de n° de fol.).
129 Dans la pratique d’Ancien Régime, quand un marchand fait faillite, il s’entend avec ses créanciers pour trouver des arrangements avant que la justice ne soit saisie. Il appartient sinon aux juges royaux du Châtelet et de la prévôté et aux juges consulaires de se prononcer (N. Coquery, N. Praquin, « Règlement des faillites et pratiques judiciaires », Histoire et mesure, XXIII-1, 2008, p. 46). L’ordonnance de commerce de 1673 stipule que la faillite est prononcée quand le débiteur se retire. Il doit fournir un état de faillite faisant mention de tout ce qu’il possède à ses créanciers. Les livres et les registres doivent être portés au greffe des juges et consuls (Édit du roi servant pour le commerce, Saint-Germain-en-Laye, mars 1673, dans Ordonnances de Louis XIV, Paris, Chez les associés, 1673, p. 61-62). Mais les milieux d’affaires privilégient souvent les arrangements.
130 G. Servant, « Les Compagnies de Saint-Christophe et des îles de l’Amérique », op. cit., p. 481.
131 ANOM, F318, Mémoire touchant la propriété inconmutable des terres et droits du sieur Houël dans les isles de la Guadeloupe, fol. 32r. Dans un autre document, ce sont 13000 livres qui sont versées en 1652 (ANOM, F318, La Guadeloupe. Sur les possessions de M. Houël et la vente qu’il en a fait, fol. 3). C’est ce dernier document que Servant a suivi (G. Servant, « Les Compagnies de Saint-Christophe et des îles de l’Amérique », op. cit., p. 477).
132 Délibération de la Cie des Indes occidentales, le 8/07/1665, dans DT/1667, t. 3, p. 250 et suiv. ; ANOM, G1498, Contrat de vente de l’île de Saint-Christophe à la Cie des Indes occidentales, le 10/08/1665 ; DT/1667, t. 3, p. 247. L’Ordre de Malte ne recevra de la Cie des Indes occidentales que 300000 livres sur les 500000 livres prévues dans le contrat (P. Cultru, « Le commandeur de Poincy… », op. cit., p. 335).
133 ANOM, F353, Extrait des registres du conseil, le 27/08/1668, fol. 25v. Le roi charge en 1671 les directeurs de la Cie des Indes occidentales de liquider toutes les créances de la Cie des îles de l’Amérique (ANOM, B3, Le roi aux directeurs de la Cie des Indes occidentales, le 2/10/1671, fol. 74).
134 ANOM, F353, Mémoire concernant la vente faite par MM. de l’ancienne Cie des îles de l’Amérique à l’Ordre de Malte, et ce qui leur reste encore dans du prix de ladite vente, 1701, fol. 235.
135 ANOM, F353, Lettres patentes du roi sur la cession de l’Acadie et de l’île de Saint-Christophe à la reine et à la couronne d’Angleterre, Marly, mai 1713, fol. 340v-342v.
136 J. Du Fresne, Journal des principales audiences du parlement, op. cit., t. 1, p. 834 et 838.
137 AOM-LV, cl. 1, arch. 58, Lettre de A. de Miremont Berrieux, Paris, le 25/08/1662, fol. 329-330.
138 AOM-LV, classificazione 1, arch. 58, A. de Miremont Berrieux au général, Paris, le 25/08/1662, fol. 329r ; ANOM, E191, Contrat passé entre le Sr. de Fromenteau et l’Ordre de Malte, Paris, le 2/04/1664, pas de n° de fol.
139 BnF, Naf 2449, Factum pour M. maître Claude Desmartins, 1672, fol. 458v ; BnF, Naf 2449, Factum pour dame Madeleine Cleron, veuve de messire Noël de Patrocle, fol. 457r/v ; P. Cultru, « Le commandeur de Poincy… », op. cit., p. 305-307 ; ANOM, F353, Arrêt du conseil, Saint-Germain-en-Laye, le 28/03/1676, fol. 100v.
140 P. Cultru, « Le commandeur de Poincy… », op. cit., p. 337.
141 Au mois de juillet 1649, la Sainte-Anne est à Belle-Île, autre base du surintendant, prête à partir pour la Martinique. Le Saint-Sébastien, un navire de guerre, et la Renommée sont saisis en 1661 alors qu’ils sont sur le point d’appareiller pour la Martinique (D. Dessert, Fouquet, op. cit., p. 141 et 142 ; J.-C. Petitfils, Fouquet, op. cit., p. 305). Il envoie l’Aigle noir, un navire de 400 tonneaux, armé pour 90000 livres, à la Martinique (Lapayre à Dolu, la Martinique, le 14/03/1663, dans F. Ravaison, Archives de la Bastille, op. cit., t. 2, p. 134). Il donne le gouvernement de Concarneau à son cousin Chalain (D. Dessert, Fouquet, op. cit., p. 134).
142 J.-C. Petitfils, Fouquet, op. cit., p. 541 ; Dolu à Colbert, Bordeaux, le 8/06/1663, dans F. Ravaison, Archives de la Bastille, op. cit., t. 2, p. 131-132.
143 Fouq/D, t. 8, 1666, p. 62. Il achète Sainte-Lucie en 1661 sous un prête-nom, celui du conseiller Clément, pour 39000 livres (ibid., p. 63 ; D. Dessert, Fouquet, op. cit., p. 143 ; J.-C. Petitfils, Fouquet, op. cit., p. 541).
144 BnF, ms Baluze 150, Fouquet sur les colonies d’Amérique, le 7/04/1661, fol. 60-61 ; Rozée à Fouquet, août 1661, citée dans Fouq/D, t. 8, 1666, p. 53-54.
145 Fouq/D, t. 8, 1666, p. 36 et 65.
146 Ibid., p. 36.
147 J. Meyer, Colbert, Paris, Hachette, 1981, p. 261.
148 ANOM, C8B1, n° 10, Propositions présentées au roi par le sieur Nacquart pour la création d’une nouvelle compagnie chargée du commerce des îles d’Amérique, 1663, fol. 1-10. Voir Ph. Boucher, « Comment se forme un ministre colonial… », op. cit., p. 441 et 444.
149 Contrat de vente, la Martinique, le 30/10/1656, dans Anonyme de Grenade, L’Histoire de l’île de la Grenade, op. cit., p. 200-203 ; DT/1667, t. 2, p. 445.
150 Lettre de Thoisy, Basse-Terre de la Guadeloupe, le 1/08/1646, dans DT/1667, t. 1, p. 325 ; Fouquet à Houël, Paris, avril 1645, dans DT/1667, t. 1, p. 264 ; AD 35, 9H7, n° 74, Fondation du couvent de la Guadeloupe, le 6/03/1651, 7 fol.
151 AD 35, 9H7, n° 74, Mention de la collation de l’acte de fondation du couvent de la Guadeloupe, le 12/12/1652, pas de n° de fol.
152 Rochefort, t. 2, p. 41.
153 Il rentre plus tard en France. Il meurt à Paris en 1684 (J. Petitjean Roget, E. Bruneau-Latouche, Personnes et familles à la Martinique, op. cit., t. 1, p. 26 et t. 2, p. 425).
154 G. Macbeath, « Denys, Nicolas », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003. [en ligne] [http://www.biographi.ca/fr/bio/denys_nicolas_1F.html].
155 En 1663, ils traitent une affaire de pétun avec l’un des principaux colons de la Martinique, François Lestibaudois, sieur de la Vallée (J. Le Ber, « Les origines de la famille Le Moine » (suite et fin), op. cit., p. 268).
156 Liste des souscripteurs, 1660, dans J. Du Fresne de Francheville, Histoire de la Compagnie des Indes orientales, op. cit., p. 382 ; BnF, Z, Thoisy, 89, Liste des intéressés en la Cie des Indes orientales, fol. 168-171v.
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