Conclusion de la sixième partie
p. 523
Texte intégral
1La Compagnie affiche un certain volontarisme en matière économique en soutenant les initiatives des colons et en favorisant les investisseurs en leur offrant des conditions avantageuses et des aides pour s’établir aux îles et mettre en valeur les terres. Elle s’implique dans la production. La famille à la Guadeloupe en est l’exemple le plus représentatif. Mais l’économie insulaire rencontre un certain nombre de difficultés qui contrarie ces desseins. Les associés ne peuvent que constater la faible rentabilité des productions. Leur volonté de réorientation de l’activité ne connaît que des résultats modestes.
2Les raisons de ces difficultés tiennent aux faibles investissements consentis mais aussi aux particularités de la colonisation des îles qui n’apportent pas (ou pas encore) les éléments indispensables au grand développement économique. L’insertion des îles dans le dispositif voulu par le pouvoir les place dans la dépendance économique de la France et la transformation des produits pour couvrir tous les besoins des habitants et apporter davantage de plus value n’est pas envisagée. Les îles ne sont pensées que comme des lieux de production pour satisfaire la métropole et le marché européen.
3La Compagnie a fait des choix pour conduire au mieux les affaires économiques des îles, mais les a-t-elle bien préparés ? Les associés ont une bonne connaissance des marchés. Mais les informations qu’ils recueillent semblent insuffisantes en revanche pour réaliser leur projet sucrier. Ils ne maîtrisent pas les techniques de production. Ils ne trouvent pas tous les ouvriers spécialisés nécessaires. Ils s’en remettent un peu facilement ou par excès de confiance à quelques entrepreneurs qui ne sont pas plus heureux. Peut-être aussi ont-t-ils manqué de temps.
4Le bilan économique de la Compagnie demeure mitigé. Certes, elle a joué un rôle majeur dans les îles françaises en impulsant les dynamiques de production et en favorisant le commerce, mais elle n’a pas réussi à entraîner les colons à se lancer comme elle l’espérait dans les nouvelles cultures, et le pétun demeure une valeur sûre pour les colons, mais la reconversion de l’économie antillaise est amorcée. Les fondamentaux qui feront la prospérité des îles françaises sont posés. Le virage de l’exploitation de la canne à sucre a eu lieu. De grandes exploitations se sont constituées. Les esclaves sont devenus la première source de main-d’œuvre des habitations sucrières. Mais la Compagnie des îles de l’Amérique n’en a pas recueilli les fruits.
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