Conclusion de la cinquième partie
p. 453-454
Texte intégral
1La Compagnie établit au fil des ans son autorité sur un vaste ensemble d’îles en appuyant les initiatives des capitaines et des gouverneurs. La France figure ainsi au début des années cinquante comme l’une des principales puissances dans les Petites Antilles.
2Les objectifs de peuplement sont très rapidement atteints et même dépassés. La politique du peuplement s’affine au fil des ans avec la recherche de profils particuliers. La Compagnie souhaite faire venir des artisans, des femmes, des couples mariés, des familles. Elle charge ses receveurs dans les ports de France et les curés de villages de convaincre les publics recherchés de s’embarquer en leur promettant une vie meilleure aux îles et en insistant sur les privilèges qui peuvent être espérés. Mais les associés se doivent aussi d’organiser la société antillaise. Ils sont particulièrement soucieux des bonnes mœurs et de l’ordre. Ils entendent encadrer et surveiller la vie de la colonie. Les instructions remises aux gouverneurs et aux commis en font état.
3Les religieux sont conçus dans ce plan comme un élément régulateur. Si l’état moral et spirituel des îles n’est pas exceptionnel, du moins le labeur des missionnaires contribue-t-il à le rendre acceptable. Certes, le concubinage, la violence, le blasphème sont monnaie courante et la vie aux îles demeure de l’avis des voyageurs encore dissolue. Mais les nombreuses conversions d’hérétiques laissent augurer de bonnes choses. Les religieux jouent souvent les bons offices pour apaiser les tensions sociales. Ils s’avèrent des interlocuteurs incontournables pour amener les séditieux à déposer les armes et faciliter le dialogue avec les chefs indigènes et sauver la paix quand elle est menacée. Les religieux n’en oublient pas pour autant leurs propres intérêts et se heurtent parfois aux autres ordres et aux autres pouvoirs dans les îles. Les religieux soutiennent toujours le parti de la Compagnie et cela leur est reproché et cause même parfois leur perte.
4Les esclaves sont peu nombreux au début de l’aventure antillaise. Mais les besoins de main-d’œuvre nécessitent d’y faire de plus en plus souvent appel. Ils sont les produits conjoints de la traite portugaise et de la flibuste hollando-anglaise. La Compagnie tente bien de s’approvisionner directement en Afrique mais pour l’heure, les circuits d’approvisionnement semblent suffire au besoin en main-d’œuvre servile. Les religieux s’occupent des esclaves avec attention car ils sont de plus en plus nombreux dans la colonie. Ils forment rapidement le public prioritaire, bien devant les Indiens. La mission se redéfinit.
5La société antillaise est plurielle. Bancs et esclaves noirs en sont les principales composantes. Les Indiens sont peu nombreux parmi les Français. Les métis et les mulâtres apparaissent à se signaler. Les statuts des hommes sont divers. On compte des hommes libres, des engagés et des esclaves. Mais à côté des différences des origines et des statuts, une autre, tout aussi importante se distingue, la diversité sociale, car d’un petit colon à un grand planteur, il y a un fossé qu’il est bien difficile de franchir.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008