Conclusion de la quatrième partie
p. 345
Texte intégral
1La Compagnie a établi ses principales bases opérationnelles en métropole dans les ports normands. Elle y a ses agents – les receveurs –, et ses entrepôts. Elle y affrète des navires pour les îles, y recrute des hommes et des femmes, et y entreprend les marchands pour qu’ils investissent outre-mer en leur offrant des conditions particulières. Le Havre, où elle est implantée depuis 1626 avec la complicité de Jean Cavelet du Herteley, est le centre de son activité. Mais le développement des îles la conduit à favoriser de nouvelles implantations notamment sur la côte atlantique (La Rochelle, Nantes). Ils sont cependant secondaires. La Normandie garde sa primauté. Le trafic vers les îles est assez régulier et soutenu dans les années trente et une partie des années quarante. Mais, l’implication de la Compagnie dans la vie des ports normands et de la côte atlantique est fragile car elle repose sur la personnalité d’un receveur ou d’un associé qui y a localement des intérêts. La Compagnie ne dispose pas de réseau qui lui soit propre. Que le receveur parte ou décède, et tout est à revoir.
2Les marchands des grands ports de France demeurent de leur côté dans l’ensemble assez prudents. Ils observent. Ils participent à quelques expéditions souvent sans lendemain. L’implication des grandes familles marchandes est mesurée. Les marchands privilégient les destinations commerciales qu’ils connaissent le mieux, principalement européennes. Ils ne s’intéressent pas davantage au Canada qu’ils laissent à d’autres. La Rochelle est un cas à part dans la mesure où receveurs, capitaines et marchands s’adonnent tout autant au commerce vers le Canada que vers les îles. On retrouve un certain nombre d’habitués. Il est probable que les associés choisissent de s’implanter dans la cité charentaise pour bénéficier de l’expérience de ces hommes dans les affaires coloniales. Cependant, capitaines et marchands semblent plus d’une fois ne pas se satisfaire de l’étreinte de la Compagnie et tentent de s’en affranchir en ne demandant pas de congé ou en négligeant leurs obligations en terme de fret. L’autorité de la Compagnie n’est pas toujours bien acceptée. Il n’est pas dit non plus que les réseaux sur lesquels elle s’appuie pour mener ses affaires soient les plus performants. Elle rencontre quelques déconvenues dans le milieu nantais en privilégiant des membres de la communauté portugaise. Des critiques se font jour. Elle ne dédaigne pas s’appuyer sur les marchands et les capitaines hollandais pour envoyer des marchandises ou des hommes aux îles en son nom. Le souci d’efficacité économique et commercial s’oppose à l’argument national qui prend de l’ampleur avec l’affirmation des théories mercantilistes, mais il l’emporte. Les choix opérés par la Compagnie se veulent efficaces.
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