Chapitre 8. Capitaines généraux et lieutenants généraux
p. 219-246
Texte intégral
1Le gouvernement des îles est confié par la Compagnie à des capitaines généraux, que la littérature qualifie couramment de gouverneurs, quoique ce titre figure rarement dans les commissions1. Ils incarnent l’autorité de la France dans cette partie de l’Amérique. La Compagnie doit composer avec leurs personnalités pour en tirer le meilleur, du moins de son point de vue. Quelles sont donc les relations entretenues par les associés avec les hommes forts des îles ? Par ailleurs, comment s’entendent-ils entre eux ? Leurs mésententes ne risquent-elles pas de menacer la cohésion nécessaire entre les établissements français pour la conduite du projet colonial ?
La Compagnie et les capitaines généraux
2Les responsabilités confiées aux capitaines généraux sont importantes. Leur première tâche est de conduire la colonie. Ils détiennent le pouvoir de commandement. Les habitants leur sont soumis. Ils doivent faire occuper les terres, les faire défricher et les faire cultiver. Ils ont ainsi une véritable emprise sur les communautés qui les fait, parfois, se considérer comme des seigneurs. Leur deuxième tâche, tout aussi essentielle, est d’assurer la défense de l’île dont ils ont la responsabilité en faisant construire des forts, en stockant les armes et les munitions, et en regroupant les habitants au sein des compagnies de milice. Les termes des commissions sont assez généraux mais ils peuvent insister sur un aspect en fonction du contexte ou des attentes des associés. Ainsi Charles Houël reçoit en 1643 de nombreux avantages et privilèges des associés pour mener à bien le développement économique de la Guadeloupe. Ils disposent d’officiers pour les aider et les suppléer2. Le cérémonial de leur prise de fonction atteste de l’ampleur de leur pouvoir mais révèle aussi de qui ils le tiennent. Ils doivent présenter leur commission et la faire enregistrée au greffe. Elle est ensuite lue et présentée aux habitants. Ils reçoivent enfin le serment des officiers de la Compagnie. Ainsi Houël, fraîchement promu capitaine général de la Guadeloupe, est-il accueilli en septembre 1643 par les agents de la Compagnie. Le juge Mauger et le lieutenant général Aubert, lui présentent leurs hommages. Sa commission est lue le 7 septembre devant les compagnies de milice de Basse-Terre et le 13 septembre au quartier de Cabesterre. Houël se rend ensuite à Saint-Christophe auprès du lieutenant général des îles pour le roi, Philippe de Longvilliers de Poincy3.
Tableau 18. Les capitaines généraux et lieutenants généraux dans les îles.
les capitaines généraux | les lieutenants généraux puis capitaines généraux |
Pierre Belain d’Esnambuc | Charles Liénard de L’Olive |
Philippe de Longvilliers de Poincy | Pierre du Halde |
Robert de Longvilliers de Poincy | Jacques Dyel du Parquet |
Jean du Plessis | |
Charles Houël | les lieutenants généraux |
Louis Hurault | Aubert |
Charles de Saint-Rémy | Beaumanoir |
Louis Haussier | Michel Bernard |
Antoine Camot | Du Pont |
Philbert de Nouailly | La Grange Fromenteau |
Constant d’Aubigné | Sabouilly |
Les prérogatives des capitaines généraux
3Les gouverneurs sont essentiels à la conduite de la colonisation pour la Compagnie. Aussi, les difficultés qu’ils rencontrent, leur absence ou la maladie qui les atteint, sont-elles pour elle autant de sujets de préoccupation. La mort du gouverneur de Saint-Christophe, Pierre Belain d’Esnambuc, à la fin de l’année 1636 ou au début de l’année 1637, saisit les associés, et les inquiètent d’autant plus sur l’évolution de la situation dans l’île que plusieurs officiers (le sieur de Vaudroques et le sieur de Marseille) sont en France. Ils redoutent le pire. Ils désirent « envoyer au plus tôt quelques personnes de commandement pour empêcher le désordre qui pourrait arriver faute de chef, et s’opposer aux ennemis de l’État qui pourraient se prévaloir de cette occasion pour surprendre l’île4 ». La maladie de Charles Liénard de L’Olive à la Guadeloupe en 1638 et celle de Jacques du Parquet à la Martinique en 1644 préoccupent au plus haut point les associés5. C’est d’ailleurs les incertitudes sur l’état de santé de L’Olive qui les conduisent en 1638 à donner pouvoir aux directeurs de nommer un nouveau capitaine en cas de décès6.
4Leur grande inquiétude est la vacance du pouvoir, elle est bien plus préjudiciable encore qu’un mauvais gouvernement. Ils craignent qu’elle ne soit la source de désordre. Ils ne veulent en aucun cas que d’Esnambuc quitte son poste pour se rendre en France en 1636. En 1639, ils interdisent à du Parquet et à L’Olive d’aller sur l’île voisine de Saint-Christophe prendre leurs ordres de Poincy et les invitent à envoyer à leur place un homme de confiance s’ils ont besoin d’un avis. Pour la Compagnie, chaque capitaine général doit demeurer sur son île et ne pas se déplacer7. De la même façon, la Compagnie ne veut pas que les commis généraux sortent de leur île sans son assentiment8. La monarchie redoute tout autant la vacance du pouvoir. Dutertre rapporte ainsi que Richelieu « s’affligea de sa mort [il s’agit de celle d’Esnambuc] et dit hautement, quand il apprit la nouvelle, que le roi avait perdu un de plus fidèles serviteurs de son État ». Le cardinal ne s’y trompe pas. La mort du gouverneur de Saint-Christophe provoque un vide qu’il faut bien vite remplir au risque de voir l’œuvre de colonisation compromise9. Aussi, la Compagnie nomme-t-elle aussitôt la nouvelle du décès d’un capitaine connue, son remplaçant. Mais, le temps que le nouveau capitaine prépare son départ, la situation aux îles risque d’échapper en partie aux associés. Heureusement, ils peuvent compter sur les commis généraux afin de traiter les affaires courantes.
5Les craintes des associés sont justifiées car l’absence du capitaine général est souvent l’occasion pour les mécontents et les ambitieux de révéler leur jeu et d’exploiter la situation à leur profit. Le départ de Charles Houël de la Guadeloupe le 24 août 1644 pour se rendre en France est l’occasion d’un mouvement de contestation de grande ampleur dans l’île qui provoque une crise grave. Houël avait pris pourtant un certain nombre de précautions en établissant Antoine Marivet comme lieutenant général pour gouverner l’île en son absence. Ce dernier réussit tant bien que mal à préserver son autorité face à Poincy, mais il doit faire face aux manœuvres sur place de Mathurin Hédouin. Hédouin est un ambitieux. Il a vu sa position dans l’île se conforter au fil des ans. L’ancien boulanger est devenu un homme clé du dispositif de Houël à la Guadeloupe. Il s’occupe aussi de ses affaires personnelles. Il croit son temps venu. Il fait courir des bruits sur Marivet l’accusant de traitrise. Marivet, dans son infortune, s’attire aussi les foudres d’une autre protégée de Houël, madame de la Fayolle, qu’il ne veut pas suivre dans son désir de vengeance contre certains habitants. Le 5 décembre 1644, Hédouin et la Fayolle décident de prendre le pouvoir. Le lendemain, Marivet est arrêté et mis au fer. Hédouin est insensible aux protestations des habitants et des pères dominicains10. À Paris, les associés ne semblent pas au courant de la situation dans l’île puisque le 3 mars 1645, ils établissent une commission de procureur fiscal au nom de Mathurin Hédouin11. C’est visiblement durant le mois d’avril qu’ils apprennent l’état insurrectionnel de l’île. Peut-être Poincy leur a-t-il fait parvenir un courrier ? À moins que Hédouin craignant une riposte n’ait pris les devants en écrivant aux associés pour se montrer sous un jour favorable. Toujours est-il que ces désordres préoccupent grandement les seigneurs de la Compagnie qui écrivent aussitôt à Houël, qui est sur la route de La Rochelle pour s’embarquer, de remettre rapidement de l’ordre et d’arrêter les meneurs. Ils réclament des sanctions exemplaires. Les commissions des séditieux sont révoquées12. Le 29 mai 1645, Houël est de retour à la Guadeloupe. Il rétablit aussitôt son autorité. Cependant, contre toute attente il accorde une amnistie générale13. Dutertre pense que Houël s’est en fait servi de l’incident pour disqualifier tout le monde à la Guadeloupe, Hédouin comme Marivet, et rester seul maître du jeu14.
6La Compagnie ne peut tolérer une remise en cause de l’autorité du capitaine général, et donc de la sienne. Elle appuie toujours le gouverneur qui la représente. Elle est attentive au traitement des séditieux. Ainsi, exige-t-elle en 1635 que La Forest et Desmarets soient envoyés en métropole par le premier vaisseau les fers aux pieds pour qu’ils répondent devant les juges de leur comportement à Saint-Christophe15. La Compagnie veut être tenue au courant de la lutte contre tous les désordres qui ne manquent de survenir. En 1642, un petit groupe de mécontents menés par un certain La Cane qui s’est réfugié dans la forêt mène des incursions sur les quartiers de la Guadeloupe. Aubert les traque assisté de La Ramée. Les insurgés se rendent finalement et sont remis à Poincy pour qu’il statue sur leur cas16. Cependant, la Compagnie sait faire la part des choses, et distingue les soulèvements armés remettant en cause le processus même de la colonisation, et ceux contestant l’arbitraire de ses agents pour lesquels elle se montre clémente.
La rétribution des capitaines généraux
7Les capitaines généraux reçoivent une partie des droits dus à la Compagnie par les habitants qui s’établit en 1637 à 50 livres de pétun par homme les années où il se fait du pétun. Les lieutenants généraux peuvent compter sur 30 livres de pétun17. Tous les contrats s’accordent sur ce point. Les capitaines généraux sont donc de cette manière intéressés directement au développement économique et démographique des îles. Mais ils bénéficient aussi de nombreux droits et privilèges qui font l’objet d’intenses et âpres négociations. Ils ont notamment des hommes à leur service. La Compagnie accorde à d’Esnambuc cinquante hommes déchargés des droits dus à la Compagnie en 163718. Elle n’est pas toujours en mesure de s’opposer aux exigences des candidats au commandement, car ils les formulent à des moments où elle est bien en mal de les leur refuser si elle veut s’attacher leurs services, ou bien parce qu’ils sont soutenus dans leurs demandes par quelque puissant. En 1638, alors qu’il tarde à rejoindre son poste, Poincy explique ainsi aux associés qui n’ont de cesse de le presser de partir qu’il craint de ne pouvoir aller aux îles comme il l’entendait car le Grand maître de l’Ordre l’a appelé à Malte19 et qu’il ne peut lui désobéir au risque de lourdes sanctions comme la perte de son habit et de ses commanderies. Il charge en attendant son lieutenant général La Grange de gagner Saint-Christophe pour préparer son arrivée. Il lui avance 4500 livres pour ses frais. Au mois d’avril 1638, La Grange embarque à La Rochelle avec sa femme et son fils20. En fait, Poincy fait pression sur la Compagnie pour imposer de nouvelles exigences. Il lui adresse à cette fin un mémoire demandant tout d’abord l’indemnisation de ses pertes au cas où l’Ordre de Malte le sanctionnerait. Il veut aussi trois congés. Il demande que la production de pétun soit maintenue au moins une année sur deux. Le 4 août 1638, les associés, ayant visiblement hâte qu’il parte enfin, consentent à toutes ses demandes. Ils lui promettent d’intervenir auprès de Richelieu pour que le Grand maître le dispense du service dû21. Poincy embarque à Dieppe le 12 janvier 1639 sur la Petite Europe avec quelques gentilshommes et des soldats. Il arrive le 11 février à la Martinique. Le 1er juin 1639, est fait lecture de la lettre du voyage de Poincy aux îles22 devant les associés de la Compagnie. Le chevalier de Malte est enfin arrivé. Les associés poussent un soupir de soulagement. Aubert n’est pas moins exigeant quand il reçoit la charge de lieutenant général de la Guadeloupe en 1640. Il réclame des armes et des munitions pour la conservation de la Guadeloupe, et des droits et des exemptions à titre privé. Il obtient de la Compagnie la prise en charge de ses frais de voyage en France et du passage des premiers hommes qui iront avec lui de Saint-Christophe à la Guadeloupe, à hauteur de 15000 livres de pétuns, 8000 pris sur celui qui est à Saint-Christophe et 7000 sur celui qui proviendra de la première levée à la Guadeloupe, et vingt hommes à son service exempts des droits personnels dus à la Compagnie. Il reçoit en outre « six cents pas de terre en lieu non concédé chassant jusqu’à la montagne, exempte de retranchement et en fief23 ». Charles Houël a lui six soldats payés 100 livres à l’année par la Compagnie24.
8Les capitaines généraux disposent d’autres revenus. Les premiers capitaines des Antilles viennent de la flibuste et se voient reconnaître par les associés le droit de continuer de faire des prises25. Ainsi le contrat signé avec d’Esnambuc et Roissey le 31 octobre 1626 indique-t-il que le produit des prises reviendra pour « les deux tiers […] auxdits sieurs associés, et l’autre tiers aux soldats et matelots de l’équipage, l’onzième étant préalablement pris et levé sur le tout pour les dits sieurs d’Esnambuc et du Roissey, leurs capitaines26 ». Cette disposition n’apparaît plus par la suite dans les commissions des capitaines généraux des îles. Cependant, en 1645, la Compagnie accorde à Houël « que s’il arrive quelque vaisseau ennemi, échoué aux côtes de son gouvernement ou que la garnison ou habitants de ladite Guadeloupe arrêtent quelques navires des ennemis le long desdites côtes, après que les canons, armes et munitions desdits vaisseaux auront été mis dans les forts et habitations de la Compagnie au profit d’icelle, le surplus sera partagé en trois portions égales, l’une desquelles demeurera à ladite Compagnie, une autre appartiendra audit sieur Houël, et la troisième sera par lui distribuée entre les officiers et habitants ainsi qu’il verra être raisonnable à proportion de ce qu’ils auront contribués au sauvement ou prise desdits vaisseaux sans préjudice du droit de monsieur le grand maître sur le tout où il sera dû27 ».
9Les capitaines généraux tirent aussi profit du commerce pour leur propre compte. D’Esnambuc obtient de la Compagnie d’envoyer à Nantes une barque chargée de pétun sans payer de droits. Le gouverneur de la Grenade, Philbert de Nouailly, fonde une société pour huit ans – qui correspond à la durée de la commission qu’il a obtenue de la Compagnie – avec deux importants marchands de la Fosse, François Suhard et Pierre Despinose, sieur de La Rostannerie, en 1645. Les Nantais s’engagent à envoyer à la Grenade quarante hommes à leurs frais pour le travail de la terre, à fournir une barque pontée de soixante tonneaux avec quatre canons et un équipage, et à envoyer des marchandises de France pour leur entretien. Le frère de Pierre Despinose, Raoul Despinose, doit s’embarquer à son bord comme commis pour suivre l’affaire. Nouailly promet en retour d’envoyer en France les produits des îles qui seront écoulées par les marchands nantais28. Les capitaines généraux ont aussi des terres et des hommes à leur service dans les îles. D’Esnambuc fait venir des engagés29. Jacques Dyel du Parquet possède à la Martinique 250 hectares sur lesquels il fait travailler 150 esclaves30. Ils utilisent parfois la main-d’œuvre de la Compagnie à des fins personnelles31.
10Poincy semble le plus investi dans les activités économiques. Son cas est cependant délicat dans la mesure où il est à la fois capitaine général de Saint-Christophe et lieutenant général du roi pour les îles. Or l’article 9 du contrat de 1635 stipule que le lieutenant général du roi « ne pourra s’entremettre du commerce […] desdites îles32 ». Peut-être est-ce la raison pour laquelle Poincy demande en 1639 aux associés s’il peut investir dans le sucre33 ? Il acquiert plusieurs domaines à Saint-Christophe qu’il entend faire prospérer : une habitation à la Montagne et une à Cayonne, toutes deux achetées à du Parquet en 1639 pour la somme de 110000 livres de pétun pour la première et de 4000 livres de pétun pour la seconde, et une troisième à la Ravine-de-Sable achetée à un particulier pour 4000 livres de pétun, soit un investissement en terre de 118000 livres en 163934. Il achète en 1648 l’habitation de la veuve de Courpon de La Vernade pour agrandir sa propriété de Cayonne pour la somme de 16000 livres tournois35. L’habitation de la Montagne est la plus importante. Elle compte en 1646 cent esclaves et deux cents artisans36. Il a un moulin à sucre et un moulin pour l’indigo. Il possède aussi des terres dans les îles nouvellement conquises de Sainte-Croix et de Saint-Martin. Il achète en 1649 l’habitation du Grand-Public où il fait faire du manioc et des vivres et élever des cochons37. Il n’exploite pas toutes ses terres directement. Il vend une vingtaine de lots entre 1639 et 1640 à la Grande-Montagne dont il tire un revenu de 130000 livres de pétun par an38.
11Poincy obtient aussi des associés le 6 janvier 1638 de pouvoir nommer deux à trois maîtres de navires par an pour aller traiter à Saint-Christophe et à la Martinique sans payer de droits à la Compagnie les années où elle n’enverra pas de bateaux39. Le 13 septembre 1638, il s’associe à Antoine Desmartins, banquier à Paris, et au capitaine Rigault, pour former une compagnie particulière pour le commerce des îles. Chacun participe pour un tiers « à la perte et au profit ». Mais la société demeure secrète et aucun acte n’est déposé chez un notaire. Poincy n’ayant pas l’argent, Desmartins avance tout le fonds. Il achète les marchandises à envoyer aux îles et les avitaillements. Poincy fait une procuration le 14 septembre 1638 pour que ses associés touchent le produit de ses commanderies de son receveur, Nicolas Fosse. Desmartins reçoit ainsi 34000 livres. Mais quelques temps plus tard, il doit pourtant lui avancer à nouveau de l’argent, environ 8000 livres40. La mésentente s’installe entre les deux hommes. En 1641, Poincy retient les marchandises de son associé41. La créance de Poincy s’élève à plus de 1350000 livres, soit un million de livres sur le fond de la société et 300000 livres pour le pétun42.
12Ce ne sont pas les seuls intérêts du chevalier de Malte à Saint-Christophe. Soucieux d’assurer l’approvisionnement de l’île, il s’entend en 1640 avec les Rubergues de Middelbourg pour qu’ils envoient « toutes les choses nécessaires aux habitants ». Leurs marchandises sont déposées dans le magasin qu’il a fait construire juste à côté de celui de la Compagnie. Poincy les autorise à avoir un commis pour les représenter à qui il permet d’acheter une habitation à la Pointe-de-Sable43. Mais Poincy est-il satisfait de cet accord ? Dutertre laisse entendre qu’il veut contrôler à son profit tous les échanges. Les abus du zélandais hollandais lui permettent de réaliser ses plans. Il confisque toute la marchandise. Puis il interdit les négociations avec les marchands à bord de leurs navires et les oblige à mettre les marchandises dans son magasin où les habitants peuvent les acquérir en acquittant une commission de 4 %. Poincy dispose pour cette tâche de commis particuliers : Douin, Poulin, Belleteste, Fremon, Breton, Bonhomme et Moise, des habitants qui lui sont redevables44. Mais Poincy n’acquiert pas toutes les marchandises des étrangers pour les revendre à son propre compte comme le prétend Dutertre. En fait, sachant que les habitants ne peuvent acheter les produits avant de vendre leur pétun, il se porte caution pour les biens déposés par les marchands à hauteur de deux millions de livres de pétun45. Ainsi les habitants sont régulièrement approvisionnés et ne manquent de rien. Pourtant, l’intervention de Poincy dans les affaires commerciales est mal acceptée par une partie des Français de Saint-Christophe qui se soulèvent en 164146. La taxe perçue est dénoncée, quoiqu’elle ne soit pas excessive et apparaisse légitime, sa commission de capitaine général de l’île l’autorisant à percevoir un vingtième (soit 5 %) sur toutes les marchandises quand il n’y a pas de pétun47. C’est davantage vraisemblablement l’omniprésence de Poincy qui est critiquée. Tout cela ne fait pas non plus le bonheur de la Compagnie qui voit dans cette affaire ses prérogatives économiques en grande partie contournées.
Les limites de l’autorité des gouverneurs
13La Compagnie craint qu’en raison de l’éloignement les capitaines générauxn’agissent à leur guise et se montrent peu soucieux de ses affaires. Pour cela, elle limite leurs commissions et les rend responsables de leurs actes devant elle et le roi. Elle leur intime d’agir de façon concertée avec les autres pouvoirs établis par la Compagnie aux îles, en particulier leurs adjoints, les lieutenants généraux, mais aussi les commis généraux et l’intendant général, qui représentent directement ses intérêts sur place, et de tenir compte du lieutenant général du roi pour les îles.
La durée des commissions
14Les commissions de capitaine général sont limitées dans le temps. Elles sont de trois ans renouvelables48. Seules les commissions délivrées aux hommes qui se proposent de conquérir une île nouvelle au nom de la Compagnie et du roi sont plus longues, car il convient de leur laisser le temps de fonder un établissement et de rentabiliser leur investissement. D’Esnambuc et Roissey obtiennent ainsi en 1626 un contrat généreux de vingt ans49. Mais les commissions sont au fil du temps inexorablement de plus en plus courtes. L’Olive et du Plessis n’ont droit qu’à dix ans pour la Guadeloupe en 163550. Philbert de Nouailly obtient le gouvernement de la Grenade pour quatre ans renouvelables en 1645, tout comme Louis Haussier et Antoine Camot pour Marie-Galante en 164751. Louis Hurault de Vueuil et de Charles de Saint-Rémy reçoivent eux une commission de six ans renouvelables 1645 pour Tobago52. Les gouverneurs sont donc tenus de respecter leurs engagements envers la Compagnie s’ils veulent espérer obtenir le renouvellement de leur commission.
Le lieutenant général du roi pour les îles
15La charge de lieutenant général du roi pour les îles apparaît au début comme une charge complémentaire donnée à d’Esnambuc53. Mais les Français n’étant qu’à Saint-Christophe, sa portée est réduite. Elle est surtout symbolique. Le rôle du lieutenant général du roi change radicalement avec la fondation des établissements à la Guadeloupe et à la Martinique et la nomination de Poincy en 163854.
16Le lieutenant général des îles est nommé par le roi et le représente. Il a droit à des attentions particulières. Poincy est reçu à son arrivée à la Martinique le 11 février 1639 avec tous les honneurs. Le Mercure de France rapporte avec force de détails, probablement donnés par Poincy lui-même, le récit de cette réception et assure ainsi la publicité nécessaire à un homme de son rang. D’autres récits le complètent avec des nuances et apportent des éléments omis, comme la halte à la Guadeloupe. Du Parquet fait saluer Poincy à sa descente du navire par les soldats qui lui font une haie d’honneur tandis que le canon du fort tonne. Le lendemain, la commission est lue et, après la messe, il reçoit le serment de fidélité du gouverneur, des officiers et des habitants de l’île55. Il fait ensuite le tour des établissements français. Il passe avec du Parquet à Saint-Christophe où il est reçu avec les mêmes solennités. Le lieutenant général La Grange l’accueille avec les soldats et lui prêtent serment de fidélité56. L’arrivée de Poincy à Saint-Christophe est particulièrement soignée, « sa réception fut belle ; tous les Français étaient en armes, le canon du fort et de trois navires le salua, il était accompagné de plusieurs gentilshommes, et de vingt-quatre gardes, chacun avec la casaque d’écarlate de quatre croix blanches, on lui fit présent d’un beau cheval, et à trois gentilshommes qui l’accompagnèrent à l’église, où le Te Deum fut chanté57 ». Le faste de la réception est proportionnel au rang de l’homme qui arrive. Un gentilhomme anglais envoyé par le gouverneur Thomas Warner lui souhaite la bienvenue58. Poincy lui adresse en retour un de ses hommes. Warner se rend en personne auprès de lui quelques jours plus tard, et Poincy lui rend la politesse59. Le 17 février, Poincy passe à la Guadeloupe où il rend visite à L’Olive et aux dominicains établis dans l’île60. Breton souligne qu’en fait L’Olive étant malade, Poincy se présente au commis de la Compagnie, Volery61.
Les lieutenants généraux comme moyens de contrôle
17Le premier lieutenant général apparaît à Saint-Christophe vers 1630 avant que la fonction ne se généralise dans toutes les îles. La Compagnie ne désire manifestement pas que d’Esnambuc exerce seul le pouvoir. Roissey a en effet quitté l’île en 162962. Elle lui envoie Charles Liénard de L’Olive pour le seconder63. Les nombreux privilèges accordés à d’Esnambuc en 1626 ont pu justifier les réticences des associés à le laisser seul à Saint-Christophe. Mais en 1635, L’Olive passant à la Guadeloupe, d’Esnambuc se retrouve à nouveau seul. Aussi, le 7 mars 1635, la Compagnie nomme-t-elle Pierre du Halde comme lieutenant général auprès de d’Esnambuc, en lui promettant la charge de capitaine général si elle vient à vaquer64. Il reçoit la somme de 900 à 1000 livres, « partie par gratification et partie par prêt qu’il paiera en pétun sur les lieux lorsqu’il en aura reçu pour ses droits » et quatre serviteurs qui seront déchargés des droits dus à la Compagnie65. La Compagnie lui avance 600 livres pour ses frais qui lui sont remis en main propre par son agent à Dieppe, Manichet, et qu’il s’engage à rembourser66. Les raisons du choix de du Halde ne sont jamais évoquées. Peut-être ses états de service ont-ils été déterminants, ce gentilhomme gascon avait perdu un bras au service du roi et portait un bras artificiel, ce qui et, nous dit Dutertre, lui valait le surnom de Bras-de-Fer. Il était sergent-major de la garnison de Brouage67.
18Il n’est pas certain qu’à cette époque, la nomination d’un lieutenant général vise à limiter la puissance des gouverneurs. La mort de du Plessis en 1635 ne conduit pas, par exemple, la Compagnie à envoyer un lieutenant général auprès de L’Olive à la Guadeloupe, alors qu’il est critiqué dans son gouvernement. Il est vrai que la Guadeloupe occupe une place réduite dans les plans de la Compagnie qui n’est en rien comparable à celle de Saint-Christophe. Peut-être les associés attendent-ils que Poincy le supervise sur place pour n’intervenir qu’en ultime recours pour circonscrire son action. C’est justement au moment où Poincy compte mettre la main sur l’île de la Guadeloupe en évinçant L’Olive que la Compagnie choisit d’envoyer Aubert comme lieutenant général68. Les appuis dont L’Olive bénéficie conduisent aussi à le ménager. Le père dominicain Pierre Pélican qui est rentré en France après la conquête de la Guadeloupe plaide sa cause auprès des associés. Richelieu souhaite pour sa part conforter le pouvoir de L’Olive, et Fouquet en avise la Compagnie. Cependant, les associés demeurent prudents. Ils acceptent de lui envoyer une nouvelle commission en 1637 mais au nom de la Compagnie alors que L’Olive espérait « une commission du roi pour le gouvernement de la Guadeloupe69 ».
19La mort de d’Esnambuc conduit les associés à proposer la charge de capitaine général de Saint-Christophe à du Halde. Il reste tout de même à convaincre le principal intéressé qui a programmé son retour en France depuis plusieurs mois car l’air des îles ne lui convient pas. La Compagnie lui demande d’attendre sur place qu’on lui trouve un successeur70. Mais les mois passent et du Halde insiste pour rentrer. Le 2 septembre 1637, Fouquet, Berruyer et Martin, visiblement sans solution, le nomment capitaine général de l’île pour trois ans et en avise aussitôt le cardinal de Richelieu pour qu’il obtienne du roi des lettres de cachet qui l’obligent à rester à Saint-Christophe si d’aventure il refusait d’y demeurer plus longtemps71. Il n’y a pas que la crainte des désordres qui anime les associés, ils redoutent quelque mauvais coup des ennemis de la France qui pourrait se saisir de ce contexte particulier pour occuper l’île. D’ailleurs, les associés comptent faire partir au plus tôt les armes qu’ils avaient projetées d’envoyer à Saint-Christophe et prévoient huit offices de sergents72. Le 9 septembre 1637, le roi intime à du Halde l’ordre de rester en poste au moins un an dans l’île et tant qu’il n’aura pas de successeur73. L’assemblée générale de la Compagnie du 2 décembre 1637 confirme la nomination de du Halde74. Du Halde se soumet. Il se fait aussitôt reconnaître comme gouverneur et confirme le traité de partage de l’île signé par d’Esnambuc avec son homologue anglais75.
20Les circonstances de la nomination d’Aubert comme lieutenant général de la Guadeloupe par la Compagnie sont plus complexes. Elles résultent d’une part de la dégradation de la situation dans l’île, et d’autre part de la méfiance exprimée par les associés envers les actions de Poincy sur place. Le 8 septembre 1638, L’Olive tombe gravement malade. Il est pris de convulsions et a des syncopes, qui laissent penser qu’il va trépasser. Il en réchappe miraculeusement mais sa vue en souffre. Il n’y voit presque plus76. Les courriers adressés aux associés soulignent que « les incommodités et maladies » du sieur de L’Olive l’empêchent d’exercer son autorité. Par ailleurs, les marchands de Dieppe, qui s’étaient engagés par contrat dans les affaires de la Guadeloupe, sont en passe d’abandonner leur participation à la colonisation de l’île et à l’installation des colons. La seule solution pour la Compagnie consiste à envoyer sur place un lieutenant général pour établir un semblant d’ordre77. Poincy a des projets pour l’île et l’état de santé de L’Olive lui laisse le champ libre pour les réaliser. Il confie à un capitaine d’une compagnie de Saint-Christophe, Aubert, le soin de porter à Paris devant les associés ses propositions sur l’avenir des Français dans les Antilles. La première consiste à abandonner Saint-Christophe aux Anglais, et de repasser tout le monde à la Guadeloupe. La seconde de donner le gouvernement de la Guadeloupe à un de ses fidèles, le major général Sabouilly78. Sabouilly a toute la confiance de Poincy qui vante ses qualités auprès des associés et dément toutes les accusations d’autoritarisme et d’impiété qui sont portées contre lui. Il a bravement lutté contre les Anglais en 1639 puis négocié la paix avec eux79 .
21Les associés préfèrent confier la charge de lieutenant général à Aubert, auquel il est aussitôt délivré une commission pour trois années le 4 avril 164080. Aubert a plusieurs mérites à leurs yeux. Il est d’abord compétent et capable, d’ailleurs Poincy leur a adressé des lettres « pleines de louanges à son égard », et puis il est riche et peut supporter d’éventuels frais – il s’est considérablement enrichit depuis son arrivée aux îles –, enfin il a épousé la veuve de du Plessis, quand elle s’est retirée à Saint-Christophe où Aubert avait obtenu une lieutenance de milice, avec la bénédiction de d’Esnambuc81. Pour Raymond Breton, ce mariage est la raison principale de sa promotion à la lieutenance de la Guadeloupe par les associés82. Ils ont été pleinement satisfaits du gouvernement de du Plessis et son prestige rejaillit sur tous ses proches. Ils insistent au même moment pour que le premier drapeau vaquant en l’île de la Guadeloupe soit donné au fils aîné de du Plessis83. Aubert bénéficie donc une certaine légitimité.
22Dans cette affaire, aucune des propositions de Poincy n’est retenue car il n’est pas question pour les associés de le laisser étendre son influence dans les îles. Mais à ce moment, il est déjà passé à l’offensive. Il a relevé L’Olive de son commandement après l’avoir fait venir des Nièves (Nevis), où il prenait les bains pour se soigner, à Saint-Christophe84. Le commis de la Compagnie, Volery, voyant l’île abandonnée, réunit les habitants pour décider d’une action. Ils le pressent de s’adresser à Poincy. Ce dernier envoie Sabouilly et La Vernade en janvier 1640 prendre le contrôle de l’île avec des volontaires. Sabouilly s’installe à Cabesterre et La Vernade s’établit à Basse-Terre. La situation demeure cependant très tendue car d’une part, les Indiens profitent des désordres pour menacer les établissements des colons – ce qui nécessitera une riposte énergique de Sabouilly85 –, et d’autre part, les habitants supportent mal l’attitude et l’arrogance des officiers venus de Saint-Christophe86.
23Aubert n’est pas assuré dans ces conditions de voir son autorité reconnue. Aussi, négocie-t-il avec les associés l’envoi d’armes et de munitions pour la conservation de l’île, et de marchandises pour contenter les habitants (des chemises, des caleçons et des souliers, des houes, des haches, des serpes et des couteaux, de l’eau-de-vie, des médicaments, des rasoirs). Chevillard assure que ces objets ont aussi servi de cadeaux pour acheter la paix avec les Caraïbes87. Aubert n’oublie pas ses propres intérêts et obtient pour lui-même de nombreux droits et exemptions88. Il arrive au début du mois de septembre 1640 à la Martinique avec sa femme, à la Saint-Michel précise Raymond Breton, après avoir pris contact avec les Indiens de la Dominique. Il passe à la Guadeloupe le 15 septembre. Il embarque sur le navire du capitaine Bras-de-Fer pour rendre visite à Poincy à Saint-Christophe le 5 octobre 1640. Il est de retour à la Guadeloupe le 25 novembre89. Les anciens officiers de L’Olive ne l’accueillent pas de bonne grâce. La Rivière monte un parti contre lui et La Ramée lui reproche de se comporter en gouverneur alors qu’il n’est que lieutenant général. L’Olive ne peut que constater les tensions et s’en retourne à Saint-Christophe90. Sabouilly ne cache pas sa désillusion à voir Aubert occuper la charge qu’il convoitait. Poincy n’apprécie pas davantage cette nomination mais doit s’en accommoder. La Compagnie lui réplique que ce sont pourtant « les bons témoignages qu’il a rendus du sieur Aubert » qui l’a convaincue de lui donner la lieutenance générale91. Poincy a été pris à son propre piège.
Le choix des hommes
24Les associés veulent des hommes fermes, fidèles, mais aussi suffisamment compétents pour mener à bien leur mission dans le respect de leur commission et de leur contrat. Mais quel type d’expérience est-il requis ? Faut-il préférer un capitaine général connaissant le pays ou venant de métropole et donc peu au fait des mœurs et des pratiques antillaises ? Comment choisir les hommes qui vont exercer le pouvoir au nom de la Compagnie ? Le choix est délicat. Il faut relever plusieurs cas de figures. Certains hommes se sont imposés, ce sont les capitaines qui proposent la fondation d’un établissement ou qui l’ont déjà engagée. La Compagnie ne fait que confirmer leur pouvoir, mais elle leur fait signer un contrat qui les engage. Leur légitimité à exercer le gouvernement vient donc tout autant de la Compagnie que de l’aventure qu’ils ont menée ou vont mener. Mais la Compagnie bénéficie-t-elle d’une plus grande latitude dans la nomination de leurs remplaçants ? N’existe-t-il pas des interventions au plus haut niveau pour placer un candidat ? La marge de manœuvre de la Compagnie est peut-être plus étroite qu’on ne le suppose.
Les hommes qui s’imposent
25Les premiers gouverneurs des îles ont tous obtenu une commission pour mener à bien leur projet de conquête et de colonisation. Pour la Compagnie, les choses ne sont certainement pas sans risque, mais il demeure mesuré car si l’aventure ne réussit pas, l’investissement aura été minime. La commission délivrée à d’Esnambuc et Roissey a une spécificité, elle émane de Richelieu qui agit en tant que grand maître et surintendant de la navigation et du commerce de France92. Ils tiennent donc leur autorité du pouvoir et non de la Compagnie. Cependant ils sont placés, selon les termes du contrat qu’ils ont signé le même jour, sous son autorité, « ils ne font que prêter leur nom » à l’entreprise. D’Esnambuc a de nombreux droits, trop même aux yeux des associés. À sa mort, les associés se penchent sur la question délicate du rôle des gouverneurs et promettent de retrancher des droits93. La commission donnée à L’Olive et du Plessis qui se situe dans la même logique que celle de d’Esnambuc et de Roissey est bien plus mesurée. Leurs pouvoirs sont moins étendus. La Compagnie a repris la main. La commission est établie en son nom. Il n’est pas question de confier sans réserve les rênes du gouvernement dans les îles.
26Si les nominations des capitaines généraux à Saint-Christophe et à la Guadeloupe ne résultent pas d’un véritable choix de la part de la Compagnie, du moins leur pouvoir est-il limité par la double commission. Le gouvernement concédé est en effet duel, il n’y a pas un mais deux capitaines, d’Esnambuc et Roissey, L’Olive et du Plessis. La Compagnie peut y voir des avantages. En effet, cela lui permet d’une part de toujours avoir un gouverneur en exercice dans l’île alors qu’ils se déplacent souvent afin d’aller demander de l’aide en métropole. Elle peut d’autre part les voir l’un et l’autre se neutraliser et les amener ainsi à composer. Ces doubles nominations permettent aussi de confier à part égale les responsabilités de la colonisation aux porteurs du projet, sans en favoriser un, et de ménager leurs égos. Mais, si des conflits éclatent entre les deux capitaines, la situation peut rapidement devenir ingérable. La mésentente entre L’Olive et du Plessis éclate au grand jour dès le voyage vers la Guadeloupe et les dominicains qui sont du voyage ne peuvent que la constater pour la déplorer. Cela n’augure rien de bon. Par la suite, chaque capitaine fonde sa propre habitation dans l’île94. Ils ne s’entendent en rien dans le gouvernement. Raymond Breton, en observateur privilégié, note que vers le 15 août 1635 « messieurs les gouverneurs retournèrent irrités l’un contre l’autre ; ce qui a été la ruine de tous deux95 ». Ils ne respectent pas les instructions de la Compagnie. Ainsi, ne s’arrêtent-ils pas à la Barbade comme les associés le leur avaient indiqué pour assurer la subsistance de leurs gens96. Les relations tendues entre les deux capitaines sont sous la plume des chroniqueurs à l’origine des grandes difficultés des colons. Il apparaît cependant à la lecture des délibérations de la Compagnie que ce duo, quoique apparemment dépareillé, a aussi quelques vertus, car en quelques occasions du Plessis sait modérer les élans de son collègue. Il se montre ainsi clément envers les hommes qui tentent de fuir pour se réfugier à Saint-Christophe en leur évitant la corde afin d’apaiser les tensions97. Mais les duos fonctionnent peu de temps. L’abandon de Roissey et le décès de du Plessis laissent bientôt d’Esnambuc et L’Olive seuls chacun dans leur île. La mort de du Plessis jette d’ailleurs la Compagnie dans une grande perplexité car elle craint les initiatives de L’Olive.
27La Compagnie établit dans les décennies suivantes de nouvelles commissions conjointes aux ambitieux qui veulent mener la colonisation d’une île nouvelle en son nom. Elle nomme ainsi Louis Hurault de Vueuil et de Charles de Saint-Rémy en 1645 à Tobago, de Louis Haussier et Antoine Camot en 1647 à Marie-Galante, et Philbert de Nouailly, écuyer, sieur de La Tour de Néron, un gentilhomme bourguignon, en 1645 à la Grenade, secondé d’un lieutenant général, le sieur de Beaumanoir98. Seul Constant d’Aubigné assume seul le gouvernement à Marie-Galante en 164599. Les commissions sont à l’identique de celles délivrées auparavant aux capitaines généraux, la formule « ainsi qu’il est pratiqué aux autres îles » est systématiquement reprise. Ils gouvernent au nom de la Compagnie et encadrent la colonisation. Ils s’engagent aussi à faire passer des hommes à leurs frais, en général deux cents la première année et quelques ecclésiastiques séculiers ou religieux100.
28Le choix des gouverneurs de Marie-Galante en 1647 est tout de même particulier. Il ne s’agit pas dans ce cas précis de favoriser un projet mais de trouver une terre d’accueil aux nombreux colons qui se sont opposés à Poincy et qui se sont réfugiés dans les îles anglaises et hollandaises101. Louis Haussier dit de la Fontaine et Antoine Camot, deux capitaines de Saint-Christophe, dont les têtes ont été mises à prix par Poincy à Saint-Christophe en raison de leur ralliement au nouveau lieutenant général du roi Patrocle de Thoisy, espèrent beaucoup d’un établissement à Marie-Galante. Ils plaident leur cause en France auprès de la Compagnie. Ils reçoivent l’appui de madame de Thoisy et de la reine-régente Anne d’Autriche. Les deux capitaines passent pour des hommes d’honneur. Ils ont d’ailleurs la considération des habitants102. Le 8 février 1647, les associés leur confient la conduite de la colonisation de l’île103.
Les interventions du pouvoir
29La nomination d’un capitaine général est une affaire importante qui motive les interventions de groupes d’influence pour imposer leur candidat. La monarchie elle-même est très attentive aux nominations. Ainsi, la Compagnie n’est-elle pas maîtresse du jeu comme elle l’entendrait. Certains hommes lui sont imposés. C’est le cas de Poincy à Saint-Christophe.
La succession de d’Esnambuc (II)
30Le gouverneur du Halde ayant fait savoir à la Compagnie dès 1637 qu’il n’entendait pas rester à Saint-Christophe, les associés doivent lui trouver un successeur. Ils penchent pour envoyer le capitaine de La Touche Lescale, qui commande une compagnie au Havre, mais ils s’en remettent finalement à Richelieu qui, ayant probablement d’autres sujets de préoccupation, les avise qu’il suivra leur choix104. Amador de La Porte propose alors de donner plutôt la charge à René de Bethoulat, seigneur de La Grange Fromenteau. Il en touche même un mot à son neveu le cardinal. La délibération de la Compagnie atteste de cette intervention pour soutenir cette candidature, ce qui contredit le propos de Dutertre qui prétendait que La Grange s’était présenté pour cette charge105. Assurément, Amador de La Porte tente de placer un protégé. Mais la nature des liens qui unissent les deux hommes demeure inconnue. Le 2 décembre 1637, l’assemblée générale de la Compagnie ne veut trancher entre les deux hommes et s’en remet à nouveau au désir de Richelieu106. L’influence d’Amador de La Porte n’est pas suffisante pour l’emporter, à moins que la Compagnie ne veuille froisser personne et préfère s’en remettre sagement au cardinal.
31Pourtant, ni la Touche L’Escale ni La Grange n’obtiennent la charge qui revient finalement à Philippe de Longvilliers de Poincy, chevalier de l’Ordre de Malte. Ce revirement mérite des explications. Dutertre avance que le choix s’est porté sur La Grange mais que le gentilhomme, ne disposant pas de finances suffisantes pour supporter le coût de sa charge, aurait négocié avec Poincy à Paris pour se partager le pouvoir à Saint-Christophe, Poincy prenant la capitainerie générale et La Grange la lieutenance générale. L’accord a un volet financier. Poincy s’engage à avancer 4000 livres à La Grange pour s’équiper. Il lui remet 500 livres un peu plus tard pour s’embarquer. Le chevalier de Malte dispose il est vrai de biens importants propres à supporter ces charges. Il tient plusieurs commanderies, la commanderie d’Oisemont depuis 1639 et celle de Coulours, qui lui rapportent environ 20000 livres de rente annuelles107. Il est possible que cette aisance financière de Poincy ait plu à la Compagnie et constitué une forme d’assurance pour le développement futur de l’île.
Le rôle de l’Ordre de Malte
32Il est vraisemblable qu’Amador de La Porte, en tant que commandeur et grand prieur de Champagne de l’Ordre de Malte, a orchestré l’arrangement entre Poincy et La Grange afin de favoriser un de ses confrères. Il connaît les mésaventures de Poincy qui est alors sans emploi. Mais la protection dont bénéficie Poincy se situe peut-être à un niveau supérieur. L’implication de l’Ordre de Malte dans cette affaire est à reconsidérer car s’il n’en existe pas de traces dans la documentation, un certain nombre d’indices permettent de l’entrevoir. Nous savons par exemple que Richelieu est en contact avec le grand maître dont il se dit l’obligé. Il est vrai que bon nombre de membres de l’Ordre servent dans les armées du roi108. L’Amérique est aussi un champ d’intervention important de l’Ordre. De nombreux chevaliers participent à la colonisation du nouveau continent menée par la France. Deux d’entre eux, Charles Huault de Montmagny et Isaac de Razilly, sont fortement investis dans la conduite des affaires canadiennes, l’un est à la direction des affaires de la Compagnie de la Nouvelle-France, et l’autre tient le gouvernement de l’Acadie109. L’intérêt de l’Ordre pour les Antilles demeure cependant difficile à établir car la correspondance des grands maîtres n’aborde pas la question. Nous pouvons cependant souligner que l’Ordre de Malte s’assure par la suite la mainmise sur Saint-Christophe en l’achetant en 1651. L’île restera en sa possession jusqu’en 1665, date de son rachat par la Compagnie des Indes occidentales110. Quatre chevaliers de Malte occuperont successivement la charge de gouverneur de l’île de 1638 à 1690 : Poincy, Charles de Sales en 1660111, Claude de Roux, chevalier de Saint-Laurens, en 1666112 et Charles de Pechpeyrou-Comminges, chevalier de Guitaut, en 1689113. Saint Laurens assure l’intérim du gouverneur général du comte de Blénac quand il s’absente114. La nomination de Poincy en 1638 apparaît comme une marque de la reconnaissance de l’investissement et de la compétence de l’Ordre. Dutertre ajoute d’ailleurs que la Compagnie agrée l’entente entre La Grange et Poincy car elle pense qu’il gouvernera « les îles avec la même prudence et la même douceur que monsieur le chevalier de Montmagny gouvernait le Canada115 ». Poincy a des qualités reconnues. Il a été procureur du grand maître dans les camps et dans les armées de France, puis son représentant auprès du cardinal en janvier 1634. Homme de mer, il participe à de nombreuses campagnes pour le service du roi. Au printemps 1637, il joue un rôle important dans la bataille des îles de Lérins avec le rang de chef d’escadre116. Mais sa mésentente avec l’archevêque de Bordeaux, Henri d’Escoubleau de Sourdis, qui commande la flotte lui fait perdre la charge de contre-amiral117.
33La Compagnie des îles peut tirer un certain avantage du choix de Poincy. La qualité de chevalier de Malte ajoute incontestablement du prestige à l’homme qui peut s’enorgueillir de cette appartenance et conduit à lui attribuer des vertus. Elle honore la Compagnie alors à la recherche de renom. La qualité et l’honneur régissent la société du xviie siècle. Mais Poincy a d’autres capacités. Il n’est pas ignorant des choses américaines. Il s’intéresse aux affaires coloniales depuis plusieurs années. Poincy a fait un bref séjour en Acadie en 1632. Le 28 décembre 1632, il devient associé de la Compagnie de la Nouvelle-France en avançant 3000 livres. Il entre aussi dans une compagnie particulière en 1633 avec Claude de Launay Razilly118. Poincy trouve son intérêt dans cette charge aux îles, mais il n’a pas pour l’heure de projets particuliers pour Saint-Christophe. Ils viendront vite.
34Il n’est pas dit pourtant que Poincy emporte une totale adhésion de la part des acteurs de la vie antillaise. Les associés de la Compagnie se montrent certes satisfaits, et font part de ses qualités comme il est d’usage, mais Dutertre nous rapporte une anecdote qui indique la méfiance déployée dans les îles à son encontre. L’Olive, auprès de qui Poincy se rend à la Guadeloupe en arrivant aux îles, et ne sachant pas qui il était, lui aurait avoué : « monsieur, si j’avais ma vue, j’empêcherais bien votre monsieur le général de prendre possession de sa charge », avant de se confondre en excuses quand son visiteur se fait connaître119. À croire qu’une certaine réputation l’avait devancé. Mais il est vrai que Dutertre rapporte cette anecdote bien des années plus tard alors que Poincy s’illustre dans son opposition à la Compagnie et au roi et a dévoilé sa vraie nature. La crainte qu’exprime L’Olive ne concerne peut-être pas d’ailleurs la personnalité de Poincy, mais traduit une méfiance envers ce nouvel officier du roi qui avec un rang supérieur chapeaute les capitaines généraux des différents établissements.
Poincy et La Grange
35Une fois accordés, La Grange et Poincy entament les négociations avec la Compagnie. Leurs propositions sont débattues lors de l’assemblée du 6 janvier 1638. Les associés décident d’accorder à Poincy la charge de capitaine général de Saint-Christophe. La Grange Fromenteau est établi pour trois ans lieutenant général de la Compagnie à Saint-Christophe au droit de 30 livres de pétun sur chaque homme et le trente-septième des marchandises. Il succédera à Poincy en cas de décès de celui-ci. Il s’engage à partir au mois de juin 1638. Les commissions sont aussitôt établies120. La Compagnie s’engage auprès de Poincy pour lui obtenir du cardinal la charge de lieutenant général du roi pour les îles avec un droit de 20 livres de pétun et du cinquantième des marchandises121. D’après Dutertre, c’est l’une des exigences de Poincy qui juge que la charge de capitaine général est « au-dessous de lui122 ». Il obtient gain de cause. Le 14 février 1638, le cardinal présente Poincy au roi. Le lendemain, Louis XIII délivre la commission de lieutenant général pour les îles de l’Amérique à Poincy pour trois ans. Elle sera renouvelée en 1641123. Poincy bénéficie par la suite de nouveaux privilèges. Ainsi, il obtient de la Compagnie en 1644 « un quart des droits de ceux qui payeront huit pour cent qui iront sans congé aux îles124 ».
Le choix de la Compagnie
36La nomination de Charles Houël à la tête du gouvernement de la Guadeloupe le 4 mars 1643 suit, elle, une logique propre à la Compagnie125. Elle choisit un homme qu’elle apprécie vraisemblablement et dont elle a pu mesurer les compétences. Il a su convaincre les associés de lui faire confiance après sa première mission à la Guadeloupe en 1642 pour faire un état de la situation dans l’île126. Houël avait-il des projets particuliers dès cette époque ? A-t-il projeté ce voyage afin de se prévaloir auprès des associés et de s’imposer ensuite comme gouverneur dans l’île ? Dutertre n’hésite pas à lui prêter l’intention de reconnaître les îles en 1642pour pouvoir s’y installer : « il n’était venu que pour découvrir les moyens de […] le [Aubert] pouvoir débusquer bientôt et le frustrer, par son crédit et par ses artifices, de ses grands services et de ses espérances127 ». Le récit du dominicain, empreint d’une forte animosité à l’encontre de Houël à qui il doit bien des misères, est émaillé d’erreurs. Ainsi contrairement à ce qu’il affirme, Houël n’était pas, en 1642, un des associés de la Compagnie. Il convient donc de manier les informations qu’il avance avec prudence. Un autre élément important à signaler dans cette affaire est l’entrée de Houël dans la Compagnie le 21 mars 1643128. Les associés cherchent vraisemblablement par ce moyen de s’assurer de sa fidélité, mais aussi de disposer d’un des leurs dans les îles pour leur faire un récit plus juste, espèrent-ils, de la situation. Il ne faudrait cependant pas écarter tout à fait dans cette nomination des éléments extérieurs. Charles Houël bénéficie d’un vaste réseau d’influence. Jacques Berruyer fait d’ailleurs référence à ses puissants protecteurs parisiens en 1644 à l’infortuné Aubert qui souffre des malheurs que lui fait le gouverneur Houël129. Sa famille fréquente les sphères du pouvoir et manifeste un intérêt certain pour les choses américaines. Son père, Louis Houël, est un associé de la Compagnie de la Nouvelle-France130. Son frère, Robert, seigneur et marquis de Sainte-Marie, sera l’un des directeurs de la Compagnie des Indes occidentales fondée par Colbert131.
37Le départ de Charles Houël pour la Guadeloupe pour y prendre son gouvernement est attendu par les associés. Il doit ouvrir une nouvelle étape de la colonisation. Pierre Chanut en suit les préparatifs. Il apporte de La Rochelle des lettres de Houël le 20 mai 1643 annonçant à la Compagnie son départ sous huitaine132. Le 3 septembre 1643, il est à la Guadeloupe avec sa petite cour constituée de gentilhomme et de parents. Il est particulièrement bien accueilli si l’on en croit le dominicain Raymond Breton qui parle de la joie et des applaudissements des habitants qui accompagnent son arrivée, et des espérances qu’il porte133. Assurément le fait qu’il soit un des associés joue en sa faveur et rassure les habitants qui, de cette façon, ne se sentent plus abandonnés par la Compagnie. Houël est l’un des rares associés avec Jacob Bontemps à connaître les îles134.
38Les associés n’entendent pas que le nouveau gouverneur abuse de sa position, aussi précisent-ils que « le dit sieur Houël en qualité d’associé ne pourra en ladite île prétendre de disposer d’aucun des effets de ladite Compagnie ni prendre aucune part en iceux que suivant les délibérations et partages qui en seront faits par les directeurs à Paris ». Cependant, quand en 1645 les commis n’arrivent pas à recouvrer les droits de la Compagnie, ils invitent Houël « comme l’un des seigneurs des îles », à leur enjoindre « de faire toutes diligences et au cas qu’il les reconnut trop en négligence, il pourra en ladite qualité en commettre d’autres qui jouiront des appointements desdits commis pendant qu’ils seront en exercice duquel changement ledit sieur Houël donnera avis audit sieur intendant et à la Compagnie135 ». Son emprise sur l’île croît et la direction de l’ambitieux projet de culture de la canne à sucre pour le compte de la Compagnie à la Guadeloupe y participe. Les associés ont au début « entière confiance en lui136 ». Mais ils veulent des résultats et ne se privent pas d’exiger des explications quand ils ne sont pas au rendez-vous. Des rappels à l’ordre lui sont adressés en 1644 et 1645. Certains associés pensent même se défaire de lui137. Ils décident finalement en 1646 d’envoyer un lieutenant général pour le seconder, Michel Bernard, sieur de Delleville138.
39L’autoritarisme de Houël est mal supporté par les agents de la Compagnie et le lieutenant général du roi, Poincy, qui voit en lui un rival. Il ne fait qu’alimenter l’opposition entre les deux hommes. Il faut dire que les choses avaient mal débuté. En 1643, alors qu’il arrive aux îles, Houël froisse Poincy en allant d’abord saluer l’intendant général de la Compagnie, Leumont139. Poincy pense qu’il a défié son autorité et il lui en tient encore rigueur quelques années plus tard. Pour Mathias Dupuis, cet incident est la source de la mésentente entre les deux hommes140. Tout cela conduit Poincy à soutenir Aubert contre Houël, et Houël à prendre le parti du nouveau lieutenant général du roi, Patrocle de Thoisy, contre Poincy. Les jugements portés sur l’homme sont fortement contrastés et empreints de l’implication de leurs auteurs dans les conflits qui vont marquer son gouvernement à la Guadeloupe. Ainsi, le capucin Pacifique de Provins, qui l’accompagne lors de son retour à la Guadeloupe en 1645, en trace un portrait flatteur quoiqu’il s’en défende. Il le dit « sage, vertueux et accompli en toutes sortes de sciences et d’art141 ». Le dominicain Raymond Breton évoque en 1647 « son riche et bon esprit142 ». Mais quelques années plus tard, alors que les luttes entre les gouverneurs sont à leur comble, et que les dominicains subissent le mépris et les persécutions de Houël, le discours change. Breton revoit son jugement sur Houël et écrit en 1656, que l’arrivée du nouveau gouverneur « ajouta une nouvelle épreuve à notre pénurie143 ». Le dominicain Mathias Dupuis, qui a côtoyé Houël pendant six années, en garde un mauvais souvenir. Il est, selon lui, un déplorable gouverneur au service de ses seuls intérêts. Il est faux et retors : « il faut avouer […] que monsieur Houël sait très bien dissimuler, que la feinte l’accompagne dans la plupart de ses pratiques, et qu’il prend de différents visages selon la diversité de ses affaires144 ».
40La Compagnie a davantage de latitude pour choisir les lieutenants généraux. Elle nomme ainsi selon son bon plaisir du Halde, Aubert et du Pont. Ils viennent essentiellement des îles où ils ont déjà fait leurs preuves à son service. Mais elle doit parfois composer avec les hommes forts des îles145. D’Esnambuc confie en 1635 le commandement de la Martinique à du Pont. Quand il quitte l’île pour rendre compte de son action quelques temps plus tard, La Vallée assure l’intérim146. Puis d’Esnambuc impose son neveu du Parquet à la tête de la Martinique. Les associés entérinent ce choix en le nommant lieutenant général pour la Compagnie en 1637147. Du Parquet a les mêmes droits qu’un gouverneur et les associés s’engagent à le promouvoir capitaine général s’il satisfait dans l’emploi148. Du Parquet recueille les louanges de Poincy. Ce dernier écrit le 16 août 1639 dans une lettre adressée aux seigneurs de la Compagnie que « les affaires de la Martinique […] sont en très bon état, et monsieur du Parquet mérite de grandes louanges pour les soins et diligences qu’il y apporte afin que tout y aille d’ordre149 ». Poincy, ravi, le fait premier capitaine des nouvelles compagnies de Saint-Christophe, mais du Parquet renonce à cette charge car elle est incompatible avec sa lieutenance150. Le jésuite Jacques Bouton qui le rencontre en 1639 le pare de toutes les vertus, « c’est un brave gentilhomme, et bien pourvu de toutes les qualités nécessaires à cette charge » dit-il. Il loue sa sagesse et son entente avec les Indiens qui assure la paix et la prospérité. Dutertre loue son habileté151. Si l’homme est un produit du sérail, du moins comble-t-il la Compagnie par la sagesse de son gouvernement. Elle n’en demande pas plus. Les chroniqueurs ont bien soin de noter sa fidélité à la Compagnie. Elle s’illustrera jusque dans les moments les plus difficiles. Il sera toujours du côté de la Compagnie et défendra ses intérêts. Poincy impose de son côté son neveu Robert de Longvilliers à Saint-Christophe en 1641. Mais les charges de lieutenants généraux sont moins prestigieuses et ont moins d’implication politique. Les associés ne veulent cependant pas donner l’impression de céder aux pressions et sursoient les nominations officielles de quelques mois. La commission de du Parquet n’est, par exemple, rédigée qu’à la mort de d’Esnambuc.
Le profil des capitaines et des lieutenants généraux
41Vingt capitaines généraux et lieutenants généraux se sont succédés aux îles entre 1635 et 1648, sans compter ceux qui ont assuré un intérim quand le gouverneur en titre était indisposé ou absent152. Treize ont réellement exercé le gouvernement, et sept ont eu une commission qu’ils n’ont pu exécuter. Quel est le profil d’un gouverneur aux îles à l’époque de la Compagnie ?
42Ils sont tous de noble extraction, quoique souvent de petite noblesse. Ils se disent généralement écuyers et seigneurs de quelques terres. Aucun n’est titré semble-t-il153. La fonction de commandement ne peut être assurée que par l’élite du royaume. Nous ne savons pas l’origine sociale de deux d’entre eux cependant : Louis Haussier et Beaumanoir. Poincy représente, lui, un cas particulier dans la mesure où il appartient à un ordre réputé et fameux, l’Ordre de Malte. Sept de ces hommes ont déjà exercé des commandements dans l’armée ou dans la Marine. Du Halde est sergent-major de la garnison de Brouage154. Sabouilly est major dans le régiment de Hauquincourt en France avant de passer à Saint-Christophe155. Louis Hurault, est guidon et enseigne des gendarmes du roi156. Jacques Dyel du Parquet est capitaine du régiment de Picardie157. Constant d’Aubigné est capitaine de la citadelle de Maillezais158. D’Esnambuc et Poincy sont des capitaines de la marine royale. Six autres hommes sont capitaines de milice aux Antilles, sans qu’on sache qu’elle était leur connaissance du métier des armes. Les capitaines généraux et les lieutenants généraux sont pour la plupart expérimentés.
Figure 15. Les origines des capitaines généraux et des lieutenants généraux.

43Ce sont des hommes d’âge mûr, il n’y a pas ou rarement de jeunes gens. D’Esnambuc s’établit à Saint-Christophe à quarante-et-un ans. Il est né en 1585. Il meurt en 1637159. Certains sont même d’un âge avancé. D’Aubigné conçoit par exemple son projet tardivement à soixante ans160. Les plus jeunes (du Parquet, Longvilliers) appartiennent à l’entourage des premiers gouverneurs et sont venus avec eux. Jacques Dyel du Parquet est né par exemple en 1606. Il exerce sa première charge de lieutenant général de la Martinique à trente et un ans161. Les capitaines généraux qui ont exercé effectivement le gouvernement sont morts dans l’exercice de leurs fonctions (d’Esnambuc, du Plessis, du Parquet, Poincy, Houël). Le climat a aussi raison de Jean du Plessis († 1636) et de Charles Liénard de L’Olive († 1645). Du Halde rentre en France pour raison de santé162.
44Ils connaissent pour onze d’entre eux les Antilles, soit pour y avoir séjourné, soit pour y demeurer au moment de recevoir leur commandement. Du Plessis a vécu aux îles quelques années avant d’entreprendre la conquête de la Guadeloupe. Nouailly a participé auparavant à une expédition en Terre-Ferme. Ils ont parfois longuement parcouru la Caraïbe ou participé à des expéditions dans les années vingt et trente (d’Esnambuc, L’Olive, du Plessis, Nouailly). Neuf sont aux îles au moment de leur nomination. Ils sont profondément ancrés dans les îles (Aubert, Sabouilly). Certains capitaines généraux et lieutenants généraux arrivent directement de la métropole (Poincy, La Grange, Houël). Mais ils ont pu être intéressés aux affaires coloniales par leurs proches. Seuls quelques hommes comme Louis Hurault ne connaissent vraisemblablement pas grand-chose aux affaires maritimes et coloniales163.
La Compagnie arbitre des rivalités
45Les capitaines généraux ont de grandes responsabilités qu’ils ont parfois du mal à partager et à déléguer. Ils composent difficilement avec leurs lieutenants généraux. Ils sont très jaloux de leurs prérogatives. Par ailleurs, ils rivalisent entre eux dans la conduite et la représentation de la France dans les Antilles. Ces prétentions conduisent à de nombreux conflits. Le lieutenant général des îles pour le roi, qui détient une autorité supérieure car elle émane directement du roi, n’est pas en mesure d’atténuer les tensions car il est lui-même partie prenante dans les conflits. Les capitaines généraux lui dénient toute supériorité en s’abritant derrière l’autorité de la Compagnie. La Compagnie est constamment sollicitée pour faire taire les querelles et éviter une crise profonde dans le gouvernement des îles. Mais quelle ligne de conduite adopte-t-elle pour faire respecter les commissions qu’elle a faite et donc sa propre autorité ?
La Compagnie entre les gouverneurs et leurs lieutenants
46Les capitaines généraux tentent de se débarrasser de toutes les manières possibles de leur subordonné qu’ils perçoivent comme un moyen mis en place par les associés pour limiter leur pouvoir et leurs ambitions. Les lieutenants généraux s’appuient de leur côté sur leurs proches pour faire valoir leur droit et défendre leurs prérogatives. À Saint-Christophe comme à la Guadeloupe, les tensions sont vives. La stratégie de bonne gouvernance de la Compagnie ne s’avère donc pas probante.
47Le conflit entre Poincy et son lieutenant général, La Grange, s’ouvre au moment où le chevalier de Malte arrive à Saint-Christophe. L’accord de gouvernement de 1638 entre les deux hommes n’aura pas tenu longtemps. Les choses prennent rapidement une tournure inquiétante. Les questions de préséance occupent une place importante. Poincy reproche à La Grange de l’avoir mal accueilli et de ne pas avoir préparé son arrivée. Il juge l’habitation qui lui a été réservée indigne de son rang alors que La Grange est lui confortablement installé et s’est même approprié des esclaves de prise qui auraient du lui revenir. La Grange a su s’imposer dans l’île, et Poincy a du mal à trouver sa place, il se sent mal considéré et en reporte la faute sur La Grange. Dans une lettre adressée à François Fouquet, Poincy souligne « les pratiques secrètes » et les intrigues déployées par La Grange pour l’écarter164. Chacun compte ses amis. La Grange s’appuie sur les membres de sa famille qui sont venus avec lui et les capucins. Poincy s’entoure du juge Regnould et du lieutenant civil Girault165. Les différents clans, loin d’apaiser les tensions, les entretiennent en faisant circuler mille rumeurs. De mauvaises langues rapportent ainsi que La Grange se serait permis des remarques déplacées à l’encontre de Poincy mettant en cause sa vertu. Certaines filles étant arrivées à Saint-Christophe, La Grange aurait parlé du sérail du gouverneur. La protection donnée par Poincy à une jeune fille pour échapper à un père violent, contribue à donner corps à ces propos. Poincy réagit aussitôt en reléguant La Grange à Cabesterre166. Le reproche est d’autant plus grave que les chevaliers de Malte font vœux de pauvreté, d’obéissance et de chasteté167. Tous ceux qui, de près ou de loin, ont partie liée avec La Grange en font les frais. Poincy fait expulser de l’île son aumônier, le père Tillard, et les sieurs de Saint-Amand et des Rochettes168.
48La Compagnie reçoit de nombreux courriers de la part des principaux protagonistes et de leurs partisans respectifs169. Elle se trouve ainsi placée au cœur du différend. Le 7 septembre 1639, lasse des querelles entre les deux hommes, elle en appelle à leur sens des responsabilités en évoquant « le service du roi, le bien de la Compagnie, et le repos des habitants des îles ». Elle leur demande de vivre en bonne intelligence et d’oublier les « quelques sujets de mécontentements entre eux » pour le bien public. Elle pointe tout de même un certain nombre de dysfonctionnements dans le gouvernement de Poincy : il ne communique pas le nouvel établissement de la milice, ni les personnes auxquelles il a conféré des charges, n’appelle pas La Grange au conseil et ne respecte pas le rang qui lui est dévolu. Elle invite La Grange à être de son côté plus souple170.
49Mais les choses n’en restent pas là et s’enveniment davantage chaque jour. Un libelle contre Poincy, la Nymphe christophorine Prosopopée, circule dans l’île. Poincy accuse un parent de la femme de La Grange, le sieur de Quérolan, d’en être l’auteur. Il tente de le faire arrêter mais il réussit à s’enfuir à Saint-Eustache. Poincy sollicite l’aide du gouverneur hollandais de l’île qui s’engage à lui remettre l’homme s’il arrive à le capturer. Cependant, il ne fait rien. Quérolan embarque à bord d’un bateau anglais qui mouille dans la rade et passe en France171. Poincy ne peut contenir sa colère et prend la plume pour attirer l’attention de la Compagnie sur les menées malhonnêtes dont il est selon lui la cible172. Enfin, certainement pour emporter le sentiment de des associés, il accuse la femme de La Grange d’intelligence avec les Anglais173. Dans l’attente d’une réaction de la Compagnie, il fait saisir les biens de son lieutenant général pour ne pas avoir satisfait aux remboursements des sommes qu’il lui avait avancées, et ses esclaves174. Madame de La Grange écrit à son tour aux associés pour dénoncer les profits honteux réalisés par Poincy sur la vente des marchandises aux habitants. Elle fait part de ses craintes quant à d’éventuels soulèvements175. Poincy confie au juge Regnould le soin de mener le procès des époux La Grange. Le 16 octobre 1639, ils sont accusés de lèse-majesté et envoyés avec leur fils à Basse-Terre sous bonne garde. Ils font appel et le 18 décembre, le procès est renvoyé devant le roi et la Compagnie176.
50Le tour pris par les événements inquiète les associés. Ils se veulent prudents et ne se prononcent pas tout de suite sur le fond de l’affaire. Ils attendent aussi les pièces du procès contre Quérolan. Ils semblent contenter Poincy, du moins en apparence. Il est vrai qu’il est à cette époque un pion essentiel dans le gouvernement des îles. Il négocie avec L’Olive l’abandon de sa charge de capitaine général à la Guadeloupe, puis avec les Anglais le renouvellement des traités passés. Mais si la Compagnie sait s’appuyer sur lui, elle n’entend pas le laisser agir à sa guise ni dans cette affaire, ni dans une autre. Aussi l’examen de sa demande de perception d’un droit de 20 livres sur les habitants est-elle reportée sine die177. Le 7 mars 1640, les associés examinent les pièces du procès de La Grange. Ils ne sont pas convaincus des charges avancées par l’accusation. Ils invitent aussitôt Poincy à mettre les époux de La Grange en liberté, à permettre leur retour en France et à lever la saisie sur une partie de leurs biens178. Après onze mois de prison, ils sont enfin libérés et renvoyés chez eux. Ils s’apprêtent à renter en France quand un dernier incident manque de tout compromettre. Deux de leurs domestiques sont surpris de nuit près du magasin aux poudres non loin de la maison de Poincy. On crie au meurtre et au complot. Les époux La Grange sont à nouveau arrêtés, mais Poincy se laisse convaincre de les relâcher pour qu’ils partent par le premier navire179.
51Une fois en France, La Grange se présente devant les associés et « prétend de faire déclarer tortionnaires et injurieux les emprisonnements de lui et de sa femme en ladite île de Saint-Christophe avec plusieurs intérêts et dépens ». De Ricouart examine toute l’affaire avec lui avant d’entreprendre la rédaction d’un rapport circonstancié180. Les associés font la part des choses. Les demandes de La Grange pour récupérer ses biens sont entendues. Ils chargent leur commis général à Saint-Christophe d’y pourvoir et d’écrire à Poincy qu’il le laisse jouir paisiblement des esclaves qui sont à lui181. Mais dans le même temps, ils assurent le chevalier de Malte de leur appui. Ils veulent avant tout éviter les débordements et les remises en cause de l’autorité. En 1642, ils lui redisent leur indéfectible soutien dans le conflit et qu’ils n’ajoutent « point de foi aux discours de monsieur de La Grange » et que « toutes les requêtes qu’il a présentées contre lui, […] lui seraient communiquées avant de rien résoudre182 ».
52Le traitement qu’inflige Houël à Aubert est assez similaire et connaît les mêmes causes. Le dominicain Mathias Dupuis soutient en effet que Houël veut gouverner seul et sans lieutenant. Cela causera la perte d’Aubert183. Houël fait ainsi courir divers bruits dans l’île à l’encontre d’Aubert afin de le discréditer. Il fait raconter notamment qu’il aurait voulu monter les Indiens contre lui en leur disant qu’il cherchait à les massacrer et à prendre possession de l’île de la Dominique. La Compagnie suit Houël dans cette affaire. Ce dernier utilise les bons arguments, il sait que les relations avec les Indiens et la sécurité des Français de la Guadeloupe sont des sujets auxquels elle ne peut qu’être sensible. Houël espère aussi le concours de Poincy pour écarter définitivement son lieutenant général184. Les révélations de François Varon dit du Rivage sur les manigances réelles et supposées d’Aubert conduisent à l’arrestation de celui-ci. Dans l’espoir de retrouver sa liberté et de sauver sa tête, il avoue ce qu’on attend de lui le 9 ou le 10 février 1644. Houël ne veut pas cependant décider seul du sort d’Aubert et désire impliquer Poincy, vraisemblablement pour ne pas être accusé à son tour de partialité. Il charge le dominicain Armand de la Paix et Marivet d’évoquer l’affaire avec lui. Il attend surtout que Poincy avalise sa décision185. Ce dernier met à jour sa duplicité et commissionne Nicolas Tostain pour réexaminer l’affaire. Mais Houël refuse et Tostain rentre à Saint-Christophe pour rendre compte de l’échec de sa mission. Poincy en avise aussitôt la Compagnie. Il fait des copies des pièces d’accusation et demande la saisine du Grand conseil186. Aubert se réfugie à Saint-Christophe et tous ceux qui l’ont appuyé à la Guadeloupe deviennent suspects et sont dénoncés. Les associés ne se rangent pas derrière le gouverneur sans état d’âme mais, soucieux de voir la tension retomber, n’hésitent pas à demander au supérieur des dominicains de rappeler en France le père Jean-Baptiste Dutertre qui favorise secrètement le parti d’Aubert187. Quelques associés prennent fait et cause pour Aubert. Berruyer ne lui cache pas sa sympathie. Il l’enjoint cependant à ne pas trop escompter de la justice royale car Houël dispose de nombreux appuis. Il lui avoue qu’étant de basse condition, il ne pourrait affronter les puissants amis de monsieur Houël188.
53Houël embarque avec du Rivage pour la France le 24 août 1644 sur le bateau du capitaine Drouault, pour plaider sa cause. Ils arrivent à Saint-Malo189. Le Grand conseil condamne Aubert et du Rivage, le premier par contumace à avoir la tête tranchée et le dernier aux galères pour trois ans. Berruyer est chargé par la Compagnie de lever l’arrêt et de payer les épices et les frais de l’expédition. Le procureur fiscal doit mettre la Compagnie en possession des biens confisqués190. Un acte de la Compagnie portant « le don de la confiscation du sieur Aubert en France, de sa femme et des enfants nés de lui et d’elle » est établi et expédié191. Houël se retrouve seul à la Guadeloupe.
54Ainsi, le capitaine général finit toujours par l’emporter. C’est d’une certaine façon l’échec de la politique des lieutenants généraux menée par la Compagnie.
La Compagnie et les tensions entre les gouverneurs
55Les tensions entre les gouverneurs ne sont pas moins vives, quoique parfois plus feutrées. Chacun défend vigoureusement son pouvoir et refuse de se laisser guider ou dominer par l’autre. La Compagnie a bien du mal à soutenir les initiatives promues par certains qui sont aussitôt combattues par les autres qui y voient des atteintes à leur pouvoir, alors même qu’il ne s’agit que de défendre les droits de la Compagnie, et donc un intérêt supérieur.
56Poincy veut imposer à L’Olive le traité qu’il a conclu avec les Anglais pour arrêter la culture du pétun dans les îles en 1639. Mais L’Olive refuse de se soumettre. Poincy en appelle à la Compagnie. Les associés ne peuvent que se féliciter du traité conclu qui va dans le sens de son intérêt et dont ils sont probablement à l’origine, mais ils rappellent à Poincy que cette clause ne peut concerner que Saint-Christophe et la Martinique, car la Guadeloupe est sous contrat avec les marchands de Dieppe « qui pourraient prétendre des dommages et intérêts192 ». Les associés tentent de faire plier diplomatiquement L’Olive en lui rappelant que la culture du pétun à la Guadeloupe n’est pas autorisée tous les ans193, mais sans grand résultat.
57Les tensions les plus fortes opposent Houël et Poincy. Si dans un premier temps, Houël cherche à se lier à Poincy car il a besoin de lui dans sa lutte contre Aubert, leurs relations se tendent ensuite. Aubert en se plaçant sous la protection de Poincy, qui lui obtient une charge de capitaine de milice à Saint-Christophe, symbolise à son corps défendant la rivalité entre les deux capitaines généraux194. En fait, le différend entre les deux hommes est complexe. Houël, arguant du fait qu’il est un des associés de la Compagnie et que les dispositions royales de 1642 lui permettent de nommer à toutes les charges, refuse de reconnaître une quelconque primauté à Poincy. Poincy craint que Houël ne réussisse à l’évincer et profite de son absence pour recueillir des plaintes contre lui. Il fait des copies de tous les documents de ces différends avec Houël195. Il exploite les courriers qu’il a reçus du gouverneur hollandais de Saint-Eustache et du général anglais pour mieux dénoncer son attitude aux associés. Houël compromet, selon lui, les relations de la France avec ses voisins. Mais qu’en est-il exactement ? Certes, le gouverneur hollandais R. Van Dewoctyne se plaint le 24 juin 1644 que Houël a fait saisir sans raison un bateau et arrêter son capitaine, et le général anglais de Saint-Christophe lui reproche d’accueillir des fugitifs anglais et irlandais196. Mais Poincy se fait volontairement alarmiste pour que les associés adoptent son point de vue. Il prépare son affaire en s’adressant à un avocat réputé du parlement, Desmarets, pour qu’il assiste son neveu qui est alors à Paris pour défendre ses intérêts197. Cela montre qu’il a de l’entregent. Dans cette partie de bras de fer entre Houël et Poincy, la Compagnie a bien du mal à faire taire les ambitions et à ramener un semblant d’entente. Mais en utilisant l’un contre l’autre, elle escompte arriver à un certain équilibre aux îles. Le risque étant que la situation lui échappe et qu’un des deux hommes prenne l’ascendant sur l’autre. L’arrivée du nouveau lieutenant général du roi pour les îles, Patrocle de Thoisy, en 1645 modifie profondément les rapports entre Poincy et Houël qui finissent par s’accorder contre lui pour mieux défendre leurs prérogatives.
Notes de bas de page
1 ANOM, F2A13, Contrat du rétablissement de la Cie des îles de l’Amérique, Paris, le 12/02/1635, p. 3. La Compagnie use de la terminologie employée en métropole. Le titre de gouverneur apparaît cependant dans la commission de Robert de Longvilliers (ANOM, F2A13, Com. de gouverneur à Lonvilliers, Paris, le 3/06/1644, p. 210). En 1635, D’Esnambuc est capitaine en l’île Saint-Christophe (Délibération, le 5/12/1635, p. 255). En 1636, il est appelé par le roi « commandant en l’île Saint-Christophe » (ANOM, F352, Le roi à d’Esnambuc, Fontainebleau, le 9/07/1636, fol. 33).
2 Com. de Richelieu aux Srs. d’Esnambuc et du Rossey, Paris, le 31/10/1626, dans DT/1667, t. 1, p. 14 ; ANOM, F2A13, Com. de lieutenant général à du Parquet, Paris, le 12/12/1637, p. 123 ; ANOM, F2A13, Traité de l’isle de la Grenade, Paris, Paris, le 10/07/1645, p. 65.
3 DT/1667, t. 1, p. 224-227.
4 Délibération, le 3/09/1637, p. 303. La date de mort d’Esnambuc n’est pas établie avec précision. De nombreux auteurs tiennent au mois de décembre 1636. Jacques Petitjean Roget pense plutôt à juin ou juillet 1637, en regardant le temps nécessaire pour que la nouvelle arrive en France, car il est indiscutable que cette nouvelle d’importance a été tout de suite apportée aux associés (J. Petitjean Roget, « Saint-Christophe… », op. cit., p. 55 ; J. Petitjean Roget, E. Bruneau-Latouche, Personnes et familles à la Martinique, op. cit., t. 2, p. 378). Alexandre de Marseille, écuyer, est capitaine d’une compagnie à Saint-Christophe (AD 44, 4E2, étude Bachelier, 101, Contrat de vente, Nantes, le 18/05/1643, p. 149). Il a plusieurs esclaves noirs à son service (DT/1667, t. 1, p. 154).
5 Délibération, le 1/12/1638, p. 347 ; Délibération, le 2/03/1644, p. 466.
6 Délibération, le 1/12/1638, p. 347.
7 Délibération, le 7/05/1636, p. 264 ; Délibération, le 7/09/1639, p. 368.
8 Délibération, le 7/09/1639, p. 368.
9 DT/1667, t. 1, p. 119.
10 Bret/RF, p. 121 ; Bret/B, p. 178 ; DT/1667, t. 1, p. 247-249 ; Dupuis, p. 70-74.
11 Délibération, le 3/03/1645, p. 483 ; ANOM, F2A13, Com. de procureur fiscal, Paris, le 3/03/1645, p. 216-217.
12 Fouquet à Houël, Paris, avril 1645, dans DT/1667, t. 1, p. 263-265.
13 Bret/B, p. 178 ; Bret/RF, p. 122.
14 DT/1667, t. 1, p. 268.
15 Délibération, le 5/12/1635, p. 256.
16 DT/1667, t. 1, p. 206-207.
17 Délibération, le 2/12/1637, p. 314-315.
18 Délibération, le 16/07/1637, p. 300. Il n’en bénéficiera pas car à cette date, il est déjà décédé.
19 Délibération, le 1/09/1638, p. 337.
20 DT/1667, t. 1, p. 126.
21 Délibération, le 1/09/1638, p. 336-337.
22 DT/1667, t. 1, p. 127-128 ; Délibération, le 1/06/1639, p. 357.
23 Délibération, le 2/05/1640, p. 392 ; Délibération, le 5/05/1640, p. 394.
24 Délibération, le 1/04/1643, p. 450.
25 Roissey s’est emparé d’un forban anglais près des îles Sorlingues le 15 juin 1624 (ANF, Z1d 6, Requête au lieutenant de la Table de marbre de Paris, le 31/12/1624, fol. 103. Pub. dans A. Dumas, « Le Conseil des prises sous l’Ancien Régime », op. cit., p. 649 ; Cautionnement, le 29/11/1624, dans Bréard, p. 212). La cargaison prise est vendue pour 15018 livres et 15 sols (Reçu, le 29/11/1624, dans Bréard, p. 212).
26 MAE, MD, Am., 4, Contrat pour l’établissement des Français à l’île Saint-Christophe, Paris, le 31/10/1626. Pub. dans Margry, p. 102.
27 Délibération, le 1/04/1643, p. 451. Il s’agit du grand maître et surintendant de la navigation et du commerce de France.
28 Délibération, le 1/07/1637, p. 296 ; AD 44, 4E2, étude Mariot, 1466, n° 303, Contrat d’association, Nantes, le 14/08/1645, pas de n° de fol.
29 Le jeune Antoine Loesdin, fils d’un toilier de Honfleur, passe à Saint-Christophe pour trois ans à son service pour cent livres de pétun par an (Contrat, le 21/07/1636, dans Bréard, p. 190). D’Esnambuc signe des contrats avec des Havrais au côté de Cavelet du Herteley en 1629. Mais son rôle réel demeure difficile à établir (AD 76, TH, reg. des reconnaissances, Contrat, Le Havre, le 28/05/1629, dans Barrey, p. 171).
30 M. C. Camus, « Le général de Poincy, premier capitaliste sucrier des Antilles », RFHOM, 84, n° 317, 1997, p. 119. Voir J. Petitjean Roget, La société d’habitation, op. cit., t. 2, p. 1160.
31 Délibération, le 2/09/1637, p. 305.
32 ANOM, F2A13, Contrat du rétablissement de la Cie des îles de l’Amérique, Paris, le 12/02/1635, p. 4.
33 Délibération, le 1/07/1639, p. 357.
34 Soit 23600 livres tournois (M. C. Camus, « Le général de Poincy… », op. cit., p. 120). La somme de 110000 livres semblebien élevée. Ne faudrait-il pas lire 11000 livres ?
35 BnF, ms 15466, Mémoire de Poincy, 1639, fol. 211, cité par M. C. Camus, « Le général de Poincy… », op. cit., p. 121. Les actes de propriété des habitations sont au nom de son neveu Robert de Longvilliers (M. C. Camus, « Le général de Poincy… », op. cit., p. 120-121).
36 MSM, p. 115.
37 M. C. Camus, « Le général de Poincy… », op. cit., p. 121 et 124. Pour le détail des biens de Poincy, voir ANOM, C8B1, n° 6, IAD de Poincy, le 12/04/1660 et le 21/04/1660, 24 p.
38 M. C. Camus, « Le général de Poincy… », op. cit., p. 121.
39 Délibération, le 6/01/1638, p. 319.
40 BnF, Naf, 2449, Factum pour dame Madeleine Cleron, veuve de messire Noël de Patrocle, fol. 456 ; BnF, Naf, 2449, Factum pour M. maître Claude Desmartins, conseiller du roi, 1672, fol. 458-459.
41 P. Cultru, « Le commandeur de Poincy… », op. cit., p. 305-307.
42 BnF, Naf, 2449, Factum pour M. maître Claude Desmartins, conseiller du roi, 1672, fol. 458.
43 DT/1667, t. 1, p. 165-166.
44 Id.
45 BnF, ms fr. 18593, Apologie pour la défense des habitants de l’isle Sainct Christophle, fol. 408r et 411.
46 Cette sédition est menée par Clément Bugaud, un nostalgique de l’époque d’Esnambuc. Elle est rapidement matée, et les sédititieux partent pour la Terre-Ferme (DT/1667, t. 1, p. 167).
47 ANOM, F2A13, Com. de capitaine général à Poincy, Paris, le 6/01/1638, p. 127.
48 ANOM, F2A13, Com. de capitaine général à du Halde, Paris, le 2/09/1637, p. 122 ; ANOM, F2A13, Continuation de la com. de capitaine général à du Parquet, Paris, le 6/09/1647, p. 238 ; ANOM, F2A13, Com. de capitaine général à Poincy, Paris, le 6/01/1638, p. 126 ; ANOM, F2A13, Continuation de la com. de capitaine général à Houël, Paris, le 17/08/1646, p. 236.
49 Com. de Richelieu aux Srs. d’Esnambuc et du Rossey, Paris, le 31/10/1626, dans DT/1667, t. 1, p. 13.
50 Les dix ans n’apparaissent pas dans la commission mais dans le contrat (ANOM, F2A13, Traité entre la Compagnie et L’Olive et du Plessis, Paris, le 14/02/1635, p. 19). La commission est confirmée en 1637 au seul bénéfice de L’Olive, du Plessis étant décédé.
51 ANOM, F2A13, Traité de l’isle de la Grenade, Paris, Paris, le 10/07/1645, p. 65 ; ANOM, F2A13, Traité avec Haussier et Camot, Paris, le 8/02/1647, p. 72.
52 ANOM, F2A13, Traité avec les Srs. de Vueuil et Saint-Rémy, Paris, le 24/12/1645, p. 67.
53 Il est fait capitaine général des îles le 7 mai 1635 (MDSM/Loix, p. XXIX).
54 Il porte parfois le titre de gouverneur général des îles (ANOM, F2A13, Contrat entre la Cie et le cardinal, Paris, le 29/01/1642, p. 44).
55 DT/1667, t. 1, p. 127-128 ; Rochefort, t. 2, p. 18-19. Le Mercure françois parle d’une lecture de la commission le 13 février (Récit du voyage et de l’arrivée aux Antilles du commandeur de Poincy, dans Le Mercure françois ou Suitte de l’histoire de notre temps, Paris, Olivier de Varennes, 1639-1640, t. 23, p. 325). Le père Fournier donne un autre itinéraire. Il le fait arriver à la Martinique, puis passer le lendemain à Saint-Christophe, et enfin à la Guadeloupe (G. Fournier, Hydrographie, op. cit., p. 369-370).
56 Récit du voyage et de l’arrivée aux Antilles du commandeur de Poincy, op. cit., p. 326 ; DT/1667, t. 1, p. 129. Breton donne son arrivée à la Guadeloupe le 4 février (Bret/RF, vr, p. 101).
57 G. Fournier, Hydrographie, op. cit., p. 370.
58 DT/1667, t. 1, p. 129.
59 Récit du voyage et de l’arrivée aux Antilles du commandeur de Poincy, op. cit., p. 326.
60 Id., DT/1667, t. 1, p. 128. Breton place son arrivée à la Guadeloupe le 4 février (Bret/RF, vr, p. 101).
61 Bret/RF, vp, p. 110.
62 Roissey se montre fort irrésolu en 1629 lors de l’attaque espagnole et loin du chef que les colons étaient en droit d’attendre. Il pense rapidement que la cause est perdue, se retranche à Cabesterre et finalement convint tout le monde de quitter l’île lors d’un conseil de guerre. Il gagne Saint-Martin sur le navire du capitaine Rose puis repasse en France contre l’avis de d’Esnambuc. Une fois arrivé à Paris, il est arrêté et embastillé sur l’ordre du cardinal (DT/1667, t. 1, p. 33). Roissey serait demeuré en prison durant cinq ans (I. Guët, « Origines des petites Antilles », op. cit., 1898, p. 178). En fait il faut noter que de 1626-1629, il y a rarement eu les deux hommes sur l’île pour en assurer le commandement. Pierre Belain d’Esnambuc et Urbain de Roissey arrivent le 8 mai 1627 à Saint-Christophe. En juillet 1627, d’Esnambuc commande seul, en raison du départ de Roissey pour la France. Au mois de mai 1628, d’Esnambuc et de Rossey commandent à nouveau en commun, Roissey étant revenu. Mais au mois de mars 1629, c’est Roissey qui commande seul, d’Enambuc étant parti en France. Les deux hommes se retrouvent pour présider aux destinées de Saint-Christophe en août 1629. En octobre 1629, les Espagnols chassent les François de l’île. Roissey repasse en France. Au mois de février 1630, d’Esnambuc vient s’établir de nouveau à Saint-Christophe (MDSM/Loix, p. XXIX-XXX).
63 DT/1667, t. 1, p. 65. On ne connaît pas la date de cette nomination.
64 ANOM, F2A13, Com. de lieutenant à du Halde, Paris, le 7/03/1635, p. 91-92 ; ANOM, F2A13, Instruction au Sr. du Halde, Paris, le 7/03/1635, p. 92-93 ; Délibération, le 2/09/1637, p. 304.
65 Délibération, le 7/03/1635, p. 248 ; Délibération, le 5/12/1635, p. 255.
66 Délibération, le 2/01/1641, p. 406.
67 DT/1667, t. 1, p. 120 ; Anonyme de Saint-Chistophe, Relation des îles, op. cit., p. 117.
68 ANOM, F2A13, Com. de lieutenant général à Aubert, Paris, le 4/04/1640, p. 150-151. L’instruction suit le mois suivant (ANOM, F2A13, Instruction au Sr. Aubert, Paris, le 5/05/1640, p. 151-153). Dutertre rapporte que L’Olive aurait imploré la Compagnie de lui envoyer un lieutenant sous la contrainte de Poincy (L’Olive à Fouquet, pas de date, dans DT/1667, t. 1, p. 145).
69 DT/1667, t. 1, p. 96-97 ; ANOM, F2A13, Com. de capitaine général à L’Olive, Paris, le 2/12/1637, p. 124 ; Délibération, le 7/10/1637, p. 308-309.
70 Délibération, le 3/06/1637, p. 295.
71 Délibération, le 2/09/1637, p. 303-304 ; ANOM, F2A13, Com. de capitaine général à du Halde, Paris, le 2/09/1637, p. 121-122.
72 Délibération, le 2/09/1637, p. 303-304 ; ANOM, F2A13, Com. de sergent de Saint-Christophe, Paris, le 2/09/1637, p. 122-123. La commission est en blanc.
73 Ordre royal, Saint-Maur-des-Fossés, le 9/09/1637, dans DT/1667, t. 1, p. 121. L’ordre et sa commission lui sont aussitôt expédiés (Délibération, le 2/12/1637, p. 311).
74 Délibération, le 2/12/1637, p. 311.
75 Ibid., p. 310.
76 Bret/RF, vr, p. 101. Il a été traité sans grande réussite par Bussac, un « vieil opérateur » commente Mathias Dupuis (DT/1667, t. 1, p. 144 ; Dupuis, p. 38).
77 Délibération, le 4/04/1640, p. 390-391.
78 DT/1667, t. 1, p. 188 ; Poincy, Mémoires envoyés aux seigneurs de la Cie des îles de l’Amérique, Saint-Christophe, le 15/11/1640, dans J. Rennard, Tricentenaire, op. cit., p. 103 ; Regnoult à Fouquet, Saint-Christophe, le 28/12/1639, dans DT/1667, t. 1, p. 146. Le dominicain Mathias Dupuis commet une erreur en racontant qu’Aubert est parti en France de son propre chef pour demander pour lui le gouvernement de la Guadeloupe (Dupuis, p. 47).
79 Poincy, Mémoires envoyés aux seigneurs de la Cie des îles de l’Amérique, Saint-Christophe, le 15/11/1640, dans J. Rennard, Tricentenaire, op. cit., p. 103 ; Dupuis, p. 41 ; Bret/RF, vp, p. 110 ; DT/1667, t. 1, p. 137-138.
80 Délibération, le 4/04/1640, p. 391 ; ANOM, F2A13, Com. de lieutenant général à Aubert, Paris, le 4/04/1640, p. 150-151.
81 Délibération, le 5/05/1640, p. 394 ; DT/1667, t. 1, p. 190. Aubert bénéficie chez les chroniqueurs d’une bonne image grâce notamment à sa politique de conciliation avec les Indiens. Chevillard assure pour sa part que les associés connaissent « sa prudence, sa grande politique, et sa sage et paisible conduite » (Chev, p. 39).
82 Bret/RF, p. 115.
83 Délibération, le 5/05/1640, p. 394.
84 L’Olive à Fouquet, pas de date, dans DT/1667, t. 1, p. 145 ; Bret/RF, vp, p. 110 ; Dupuis, p. 39. L’île de Nevis est réputée pour ses sources. Rochefort rapporte ainsi qu’« il y a même une fontaine, dont les eaux sont chaudes et minérales. On a fait des bains tout proche de la source, qui sont fréquentées avec heureux succès, pour la guérison des mêmes maladies, qui demandent l’usage de eaux de Bourbon » (Rochefort, t. 1, p. 90).
85 Bret/RF, vr, p. 101-102 ; DT/1667, t. 1, p. 147-148. Breton parle du mois de février (Bret/RF, vp, p. 113).
86 Bret/RF, vr, p. 101.
87 Délibération, le 5/05/1640, p. 394-396. Le dominicain raconte qu’il conclut la paix avec les Indiens de la Dominique « à force de présents, comme de haches, de serpes, de rasades, de couteaux, […] les faisant boire de l’eau-de-vie en quantité » (Chev, p. 39-40).
88 Délibération, le 2/05/1640, p. 392.
89 Bret/RF, p. 115 ; DT/1667, t. 1, p. 191-193. Rochefort rapporte que Poincy le confirme dans ses fonctions au nom du roi, ce qui est erroné puisque Aubert tient son pouvoir de la Compagnie (Rochefort, t. 2, p. 27).
90 DT/1667, t. 1, p. 194.
91 Délibération, le 5/05/1640, p. 396.
92 Com. aux Srs. d’Esnambuc et du Roissey, Paris, le 31/10/1626, dans DT/1667, t. 1, p. 11-14.
93 Délibération, le 2/09/1637, p. 308.
94 BnF, ms fr. 15466, P. Pélican à J.-B. Carré, la Guadeloupe, le 28/05/1635, fol. 86v. Dutertre fait remonter cette mésentente entre les deux capitaines de la Guadeloupe à la traversée de l’océan (DT/1667, t. 1, p. 75). On se demande comment cela est possible étant donné qu’ils étaient sur deux bateaux différents.
95 Bret/RF, p. 88.
96 DT/1667, t. 1, p. 78. Dutertre met aussi en cause le pilote qui n’aurait pas voulu aller chez les Anglais.
97 DT/1667, t. 1, p. 79-80.
98 ANOM, F2A13, Traité avec les Srs. de Vueuil et Saint-Rémy, Paris, le 24 décembre/1645, p. 67-69 ; ANOM, F2A13, Traité avec Haussier et Camot, Paris, le 8/02/1647, p. 71-73 ; ANOM, F2A13, Traité de l’isle de la Grenade, Paris, Paris, le 10/07/1645, p. 65-67 ; ANOM, F2A13, Com. de lieutenant général, Paris, le 11/07/1646, p. 236.
99 ANOM, F2A13, Traité entre MM. les directeurs et M. d’Aubigné, Paris, le 31/03/1645, p. 63-65.
100 ANOM, F2A13, Traité de l’isle de la Grenade, Paris, Paris, le 10/07/1645, p. 65 ; ANOM, F2A13, Traité avec les Srs. de Vueuil et Saint-Rémy, Paris, le 24/12/1645, p. 67.
101 DT/1667, t. 1, p. 398.
102 La Fontaine et Camot quittent Saint-Christophe à bord d’un navire de Flessingue en 1646 (DT/1667, t. 1, p. 307).
103 ANOM, F2A13, Traité avec Haussier et Camot, Paris, le 8/02/1647, p. 71-73.
104 Délibération, le 2/12/1637, p. 311.
105 DT/1667, t. 1, p. 122. La Grange a probablement été intéressé aux affaires des îles par son frère, André Pizon de Béthoulat, écuyer, sieur de la Petitière, qui appartenait à l’expédition de Cahusac en 1629. C’est un ancien capitaine corsaire (J. Petitjean Roget, « Saint Christophe… », op. cit., p. 28).
106 Délibération, le 2/12/1637, p. 311.
107 J. Du Fresne, Journal des principales audiences du parlement depuis l’année 1623 jusques à présent, Paris, Veuve Gervais Alliot/Henry le Gras/veuve Edmé Pepingue, 1658, t. 1, p. 850 ; DT/1667, t. 1, p. 122. Cultru parle de 30000 livres, ce qui est probablement une lecture erronée de Dutertre (P. Cultru, « Le commandeur de Poincy… », op. cit., p. 304).
108 Richelieu au grand maître de Malte, le 21/01/1627, dans Richelieu/L, op. cit., t. 2, p. 383-384 ; Richelieu au grand maître de Malte, le 25/12/1627, dans Richelieu/L, t. 2, p. 770. L’Ordre de Malte fournit 14,3 % des officiers de la Royale entre 1643 et 1669 (R. Barazzutti, « Les officiers de la marine de guerre française au milieu du xviie siècle 1643-1669 », Chronique d’histoire maritime, 39, 1999, p. 13-20). Sur l’implication de l’Ordre dans la marine française voir la grande synthèse de Fr. Riou-Perennes, Marins du roi et chevaliers de Malte (1626-1715). Thèse de doctorat, université de Tours, 2003.
109 J.-C. Dubé, Le chevalier de Montmagny, op. cit., p. 374.
110 ANOM, F352, Contrat de vente de l’île de Saint-Christophe et autres au Sr. bailli de Souvré, le 24/05/1651, fol. 335-337v ; DT/1667, t. 3, p. 246 et suiv. Le chevalier Étienne-Marie de Lomellini, grand prieur d’Angleterre et ambassadeur auprès du roi de France, est chargé des négociations avec la nouvelle compagnie le 10 avril 1665 (Pouvoir, Malte, le 10/04/1665, dans DT/1667, t. 3, p. 248-249). La transaction s’effectue pour 500000 livres (Extrait de la délibération de la Cie des Indes occidentales, Paris, le 8/07/1665, dans DT/1667, t. 3, p. 250-251).
111 MDSM/Loix, t. 1, p. XXXI ; Rochefort, t. 2, p. 24.
112 Il reçoit le commandement des habitants après la mort du commandeur de Sales durant la guerre contre les Anglais. Il est confirmé dans sa charge par la Cie des Indes occidentales (Colbert à Saint- Laurens, le 16/07/1666, dans DT/1667, t. 4, p. 42 ; Extrait d’une lettre des directeurs de la Compagnie, Paris, le 21/09/1666, dans DT/1667, t. 4, p. 42-43).
113 ANOM, B14, Le roi à Blénac, le 17/02/1689, fol. 77r.
114 ANOM, B9, Provisions de gouverneur et lieutenant général aux îles pour le chevalier de Saint-Laurens, le 1/05/1682, fol. 220v ; ANOM, B9, Le roi à Blénac, le 06/07/1682, fol. 240.
115 DT/1667, t. 1, p. 123.
116 J.-C. Dubé, Le chevalier de Montmagny, op. cit., p. 375. Il est chef d’escadre des vaiseaux du roi en Bretagne (Com. de lieutenant général à Poincy, Saint-Germain-en Laye, le 15/02/1638, dans DT/1667, t. 1, p. 125-126). On le trouve même armant un bateau pour faire la course en Méditerranée en 1610.
117 Richelieu à Sourdis, le 21/10/1636, dans Sourdis/C, t. 1, p. 152. Dutertre n’entre pas dans les détails de l’affaire et parle pudiquement de « quelque démêlé » avec monsieur l’archevêque de Bordeaux (DT/1667, t. 1, p. 122). Il minore l’affaire.
118 J.-C. Dubé, Le chevalier de Montmagny, op. cit., p. 374 ; M. Trudel, La seigneurie des Cent-Associés, op. cit., p. 428 ; G. Carpin, Le réseau du Canada, op. cit., p. 234. Poincy a une part dans la société Razilly-Condonnier. Isaac de Razilly mourant lui aurait confié le commandement provisoire de l’Acadie car il était son plus proche conseiller (R. Baudry, « Charles d’Aulnay et la Compagnie de la Nouvelle-France », op. cit., p. 225).
119 DT/1667, t. 1, p. 128.
120 Délibération, le 6/01/1638, p. 319-321 ; ANOM, F2A13, Com. de capitaine général à Poincy, Paris, le 6/01/1638, fol. 126-127 ; ANOM, F2A13, Com. de lieutenant général à La Grange, Paris, le 6/01/1638, p. 127-128.
121 Délibération, le 6/01/1638, p. 319-321.
122 DT/1667, t. 1, p. 123. Il écrit dans une lettre aux associés que « sans la commission du roi, que monsieur le cardinal voulait même étendre sur toute l’Amérique, il n’aurait pas accepté cet emploi puisque quand bien même il en aurait manqué en France, il avait de quoi vivre chez lui avec honneur » (DT/1667, t. 1, p. 159).
123 Présentation de Poincy au roi, Rueil, le 14/02/1638, dans DT/1667, t. 1, p. 124 ; Com. de lieutenant général des îles à Poincy, Saint-Germain-en-Laye, le 15/02/1638, dans DT/1667, t. 1, p. 125-126 ; ANOM, F2A13, Com. de capitaine général à Poincy, Paris, le 1/05/1641, p. 160-161.
124 Délibération, le 2/03/1644, p. 469.
125 Délibération, le 4/03/1643, p. 445. Ses pouvoirs sont amplifiés avec une commission de sénéchal de l’île le 1er avril 1643 (Délibération, le 1/04/1643, p. 448 ; ANOM, F2A13, Com. de sénéchal de la Guadeloupe, Paris, le 1/04/1643, p. 185-187).
126 DT/1667, t. 1, p. 207. Les raisons véritables de ce voyage demeurent en grande partie obscures. Elles ne sont jamais évoquées dans les délibérations. Nous ne disposons que de ce que Dutertre en dit.
127 DT/1667, t. 1, p. 207.
128 Délibération, le 1/04/1643, p. 447. Il est reçu le premier avril dans la Compagnie.
129 DT/1667, t. 1, p. 239.
130 Liste des Cent-Associés, Paris, le 17/05/1629, dans Collection de manuscrits… relatifs à la Nouvelle-France, op. cit., vol. 1, p. 80. Il est conseiller du roi et contrôleur général des salines du Brouage et traites de Saintonge (Bréard, p. 182).
131 Bréard, p. 184.
132 Délibération, le 3/06/1643, p. 456.
133 Bret/RF, p. 120. Son jugement sur le gouverneur est radicalement différent quelques années plus tard, en 1656, alors que les conflits entre Houël et les dominicains minent la vie de l’île. Il parle pour qualifier son arrivée « d’une nouvelle épreuve » (Bret/B, p. 176).
134 Il faudra attendre 1670, pour voir à nouveau des administrateurs de compagnie venir aux îles. Ce sont deux directeurs de la Cie des Indes occidentales, Pélissier et Palu (ANOM, C8A1, De Baas au roi, le 24/05/1670, fol. 50 ; ANOM, C8A1, Lettre de De Baas, le 25/06/1670, fol. 53 ; ANOM, C8A1, De Baas au roi, le 29/07/1670, fol. 57).
135 Délibération, le 1/04/1643, p. 447-448 ; Délibération, le 3/03/1645, p. 482.
136 Délibération, le 16/12/1642, p. 440.
137 DT/1667, t. 1, p. 262. Plusieurs délibérations laissent apparaître une certaine défiance. Ses comptes sont critiqués.
138 ANOM, F2A13, Com. de lieutenant général à M. Bernard, Paris, le 18/04/1646, p. 235 ; ANOM, F3, 221, Traité entre les directeurs des isles de l’Amérique et le Sr. de Delleville, Paris, le 18/04/1646, fol. 241-242.
139 DT/1667, t. 1, p. 226-227.
140 Poincy à des Marets, Saint-Christophe, le 8/09/1644, dans DT/1667, t. 1, p. 241 ; Dupuis, p. 66.
141 PDP, p. 25.
142 Bret/RF, p. 120.
143 Bret/B, p. 176. Le dominicain André Chevillard qui arrive par la suite se montre assez tendre avec Houël. Il trouve qu’il se comporte plutôt dignement (Chev, p. 77).
144 Dupuis, p. 155 et 161. Dupuis est arrivé aux îles le 24 novembre 1644 et en est parti en 1650 (Dupuis, « Avant propos », pas de n° de page ; Bret/B, p. 186 ; Bret/RF, p. 121 ; Bret/A, p. 144).
145 ANOM, F2A13, Com. de lieutenant général à du Parquet, Paris, le 2/12/1637, p. 123-124 ; ANOM, F2A13, Com. de lieutenant général à Lonvilliers, Paris, le 1/05/1641, p. 161-162.
146 Délibération, le 4/08/1638, p. 334 ; P. Pelleprat, Relation, op. cit., 1re partie, p. 5 ; DT/1667, t. 1, p. 101.
147 DT/1667, t. 1, p. 104 ; P. Pelleprat, Relation, op. cit., 1re partie, p. 5 ; Délibération, le 16/07/1637, p. 299 ; ANOM, F2A13, Com. de lieutenant général à du Parquet, Paris, le 2/12/1637, p. 123-124.
148 « La Compagnie trouve bon d’envoyer une provision de lieutenant général de ladite île pour trois ans au sieur du Parquet avec les mêmes droits qu’au gouverneur », Délibération, le 2/12/1637, p. 314.
149 Poincy à Fouquet, le 16/08/1639, dans DT/1667, t. 1, p. 108.
150 Poincy à Fouquet, le 4/07/1640, dans DT/1667, t. 1, p. 117. La Compagnie avait attiré l’attention du chevalier de Malte sur ce problème (Délibération, le 7/09/1639, p. 368).
151 Bouton, p. 39 ; DT/1667, t. 1, p. 105 et 114-115.
152 Nous n’avons pas compté Leumont, envoyé par Poincy à la Guadeloupe en l’absence de Houël en 1644 (Com. de gouverneur de la Guadeloupe à Leumont, Basse-Terre de Saint-Christophe, le 17/10/1644, dans DT/1667, t. 1, p. 243-244), et Jérôme de Sarrat, sieur de la Pierrière, qui assure le gouvernement par intérim de la Martinique quand du Parquet est prisonnier de Poincy (Articles des séditieux présentés au Sr. de la Pierrière, 1646, DT/1667, t. 1, p. 331 ; Acte, 1646, dans DT/1667, t. 1, p. 335-336). Ces nominations n’émanent pas de la Compagnie et sont faites au niveau local.
153 Seul Constant d’Aubigné est dit baron de Surineau (Moreri, t. 1, 1759, p. 485 ; Arrêt du parlement, le 27/01/1620, dans L. Merle, Constant d’Aubigné, père de Madame de Maintenon, Paris, Beauchesne, 1971, p. 59).
154 Anonyme de Saint-Chistophe, Relation des îles, op. cit., p. 117.
155 Dupuis, p. 41 ; Bret/RF, vp, p. 110.
156 ACB/D, t. 10, p. 898.
157 J. Petitjean Roget, E. Bruneau-Latouche, Personnes et familles à la Martinique, op. cit., t. 2, p. 477. Il est major de Calais en 1633 (L. Chauleau, Dans les îles du vent, op. cit., p. 16).
158 Contrat de mariage de Constant d’Aubigné, le 3/09/1608, dans L. Merle, Constant d’Aubigné, op. cit., p. 27.
159 Margry, p. 14 et 65 ; J. Petitjean Roget, « Saint Christophe… », op. cit., p. 55.
160 Il est né en 1584 et vient aux îles en 1644.
161 J. Petitjean Roget, E. Bruneau-Latouche, Personnes et familles à la Martinique, op. cit., t. 2, p. 477.
162 Délibération, le 3/06/1637, p. 295.
163 ACB/D, t. 10, p. 898.
164 Poincy à Fouquet, sans date, dans DT/1667, t. 1, p. 130-131 ; Poincy à Fouquet, sans date, dans DT/1667, t. 1, p. 133 ; Poincy à Fouquet, le 7/12/1639, dans DT/1667, t. 1, p. 141. Pour Dutertre, c’est bien la place occupée par La Grange qui provoque « la jalousie qu’il [Poincy] éprouva pour ce gentilhomme », (DT/1667, t. 1, p. 141).
165 DT/1667, t. 1, p. 132.
166 Ibid., p. 131-132. Dutertre parle de la jeune fille comme d’une beauté « parfaitement belle et très capable d’inspirer l’amour ».
167 A. Gerhards, Dictionnaire historique des ordres religieux, Paris, Fayard, 1998, p. 309.
168 DT/1667, t. 1, p. 132-133.
169 Poincy adresse plusieurs lettres à Fouquet le 15 août 1639, le 1er décembre 1639 et le 25 janvier 1640 (Délibération, le 14/05/1640, p. 398). La Grange écrit aux associés pour demander à passer en France pour s’expliquer devant eux (Délibération, le 19/02/1640, p. 377).
170 Délibération, le 7/09/1639, p. 365.
171 Mémoire de Poincy à Fouquet, le 8/12/1639, dans DT/1667, t. 1, p. 133-135 ; Poincy, Mémoires envoyés aux seigneurs de la Cie des îles de l’Amérique, Saint-Christophe, le 15/11/1640, dans J. Rennard, Tricentenaire, op. cit., p. 102. Quérolan est venu à Saint-Christophe avec La Grange en 1638 (DT/1667, t. 1, p. 126).
172 Poincy à Fouquet, le 7/12/1639, dans DT/1667, t. 1, p. 141.
173 Poincy à Fouquet, pas de date, dans DT/1667, t. 1, p. 133 ; Poincy, Mémoires envoyés aux seigneurs de la Cie des îles de l’Amérique, Saint-Christophe, le 15/11/1640, dans J. Rennard, Tricentenaire, op. cit., p. 102.
174 Poincy à Fouquet, pas de date, dans DT/1667, t. 1, p. 133.
175 Mme de La Grange aux associés, pas de date, dans DT/1667, t. 1, p. 134.
176 DT/1667, t. 1, p. 141-142 ; ANOM, F352, Arrêt du conseil supérieur de Saint-Christophe sur la plainte de crime de lèse-majesté porté contre le Sr. de La Grange, 1639, fol. 238.
177 Délibération, le 19/02/1640, p. 377-378.
178 Délibération, le 7/03/1640, p. 381.
179 DT/1667, t. 1, p. 142.
180 Délibération, le 1/05/1641, p. 409.
181 Délibération, le 6/06/1641, p. 411.
182 Délibération, le 3/04/1642, p. 425.
183 Dupuis, p. 67-69.
184 Houël à Poincy, 1643, dans DT/1667, t. 1, p. 229.
185 Houël à Poincy, Fort de Basse-Terre, la Guadeloupe, le 18/02/1644, dans DT/1667, t. 1, p. 231-232 ; Bret/ RF, p. 120
186 Com. de Poincy à Tostain, Basse-Terre de Saint-Christophe, le 29/03/1644, dans DT/1667, t. 1, p. 233-234 ; DT/1667, t. 1, p. 234-235.
187 Délibération, le 3/06/1644, p. 472.
188 DT/1667, t. 1, p. 239.
189 DT/1669, t. 1, p. 238-239 ; Dupuis, p. 70-74 ; Bret/RF, p. 121. Le voyage connaît quelques péripéties. Du Rivage réussit à tromper la vigilance des gardes et à s’enfuir. Mais la campagne est battue et il est bientôt repris.
190 Délibération, le 31/03/1645, p. 487 ; DT/1667, t. 1, p. 239. Du Rivage y laissera la vie.
191 Délibération, le 7/07/1645, p. 492.
192 Délibération, le 19/06/1639, p. 358 ; DT/1667, t. 1, p. 144.
193 Délibération, le 7/09/1639, p. 368.
194 DT/1667, t. 1, p. 239 ; Dupuis, p. 69.
195 DT/1667, t. 1, p. 227 et 235.
196 R. Vandewoctyne à Poincy, Saint-Eustache, le 24/06/1644, dans DT/1667, t. 1, p. 240 ; DT/1667, t. 1, p. 240.
197 Poincy à Des Marets, Saint-Christophe, le 8/09/1644, dans DT/1667, t. 1, p. 241-242. Il peut s’agir de Charles Desmarets, un juriste bien établi dans le monde maritime – son père David Desmarets était prévôt royal et commissaire de la Marine –, et dans le milieu protestant – son frère Samuel est pasteur –. La famille est fortement implantée dans le milieu dieppois (D. Vatinel, « Réponses », Bulletin de la société d’histoire du protestantisme, n° 39, 3e trimestre 1992, p. 166). Son neveu, Henri, vit auprès de lui à Paris en 1645 car il se destine au droit. Il est aussi un des traducteurs du français au latin du Traité des passions de Descartes (Ch. Adam, Vie et œuvres de Descartes, Paris, Léopold Cerf, 1910, p. 578). Charles Desmarets est décédé en 1661. Mais rien n’est moins sur car il existe plusieurs Desmarets officiant au Parlement de Paris dans ces années. Roland Desmarets (1593-1653) est avocat au Parlement de Paris. Mais il n’est, selon l’expression de Marc Fumaroli, qu’« un avocat en titre : il s’adonne entièrement au commerce et à l’art épistolaire érudits ». Il est proche des jésuites (M. Fumaroli, L’âge de l’éloquence, Paris, Albin Michel, 1996, p. 589-590).
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