Introduction à la troisième partie
p. 181
Texte intégral
1La Compagnie des îles de l’Amérique dispose pour mener ses missions d’agents qui, aux îles comme en France, assurent sa représentation et défendent ses intérêts. Elle se réserve notamment en vertu du contrat de 1635 « de nommer les capitaines des îles, esquelles on établira colonie, les capitaines des navires, qu’elle aura en propre, et les officiers de justice, qu’il conviendra établir èsdites îles1 ». Ils dépendent expressément d’elle. Elle ne peut exister que grâce à eux. Les charges ne sont ni vendues ni affermées. Elles sont concédées gratuitement par la Compagnie qui s’engage le plus souvent, mais pas toujours, à en rétribuer, le détenteur sous forme de gages2. Les commissions délivrées sont en général d’une durée de trois ans3. Elles peuvent être suspendues à tout moment en cas de négligence. Elles se situent dans la logique de la politique de l’État au xviie siècle avec le développement et l’affirmation des commissaires, dont les intendants de police, justice et finances sont l’illustration la plus évidente4.
2Un premier ensemble de charges concerne le gouvernement des îles. Il est assuré par les capitaines généraux, aussi appelés gouverneurs, et leurs adjoints, les lieutenants-généraux. Un autre ensemble comprend les commis généraux et particuliers. Ils perçoivent les droits de la Compagnie et encadrent l’activité économique. Le troisième ensemble englobe tous les autres agents qui assurent le fonctionnement de la colonie (notaires, juges et greffiers). Quels critères président aux choix des agents ? Certains hommes s’imposent par leur expérience ou leur connaissance du terrain, mais d’autres sont soutenus par des réseaux ou par le pouvoir. Ses agents disposent d’une certaine latitude dans l’exercice de leurs fonctions. Ils sont détenteurs d’une autorité parfois importante, et il est à craindre que, loin de la métropole, ils ne s’émancipent de sa tutelle. La Compagnie tient pour cela à s’assurer de leur fidélité. Mais quand un abus est constaté, y a-t-il des rappels à l’ordre ? Des compromis sont-ils négociés ? La justice royale est-elle sollicitée en ultime recours ? Comment la Compagnie use-t-elle des moyens à sa disposition pour préserver son autorité et garder la maîtrise de la colonisation conformément aux termes du contrat signé avec la monarchie ?
Notes de bas de page
1 ANOM, F2A13, Articles accordés entre les Associés de la Cie des îles de l’Amérique, Paris, le 13/01/1635, p. 11.
2 Délibération, le 19/03/1641, p. 420.
3 Les commissions émanant de la Compagnie comportent toute une durée de temps limitée sauf celle, notable, à l’intention du notaire Antoine Montillet à la Martinique en 1639 qui mentionne qu’il y est établi « tant qu’il plaira à la Compagnie » (ANOM, F2A13, Com. de notaire à Montillet, Paris, le 6/04/1639, p. 147).
4 R. Mousnier, Les institutions de la France, op. cit., t. 2, p. 489 et suiv.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008