Conclusion de la première partie
p. 107
Texte intégral
1La Compagnie des îles de l’Amérique reformée en 1635 apparaît à bien des égards comme une compagnie nouvelle animée d’un esprit plus conquérant. L’expérience accumulée durant une décennie dans la conduite de la colonisation des Antilles, de tâtonnements en certitudes, a conduit à de profonds réaménagements. Les objectifs sont affirmés et précisés en fonction du contexte international plus tendu que jamais depuis l’entrée en guerre de la France contre l’Espagne. Il ne s’agit plus seulement d’exploiter l’île de Saint-Christophe mais de poursuivre et de consolider la présence française dans les îles. La Compagnie reçoit pour cela la totale maîtrise du projet colonial dans les Petites Antilles : elle détient la propriété et la seigneurie des îles conquises et à conquérir. Sa responsabilité est immense et ses pouvoirs nombreux. Le soutien qui lui est apporté par la monarchie, en l’occurrence Richelieu en tant que grand maître et surintendant de la navigation et du commerce de France, est appréciable.
2La Compagnie dispose désormais pour atteindre les objectifs fixés par le contrat signé avec la monarchie, d’une structure de décision opérationnelle, d’une administration et d’un règlement. La conduite de ses affaires est assurée par quatre directeurs élus par l’assemblée générale des associés aidés et secondés d’un secrétaire, d’un commis aux comptes et vraisemblablement de quelques commis aux écritures. Ils assurent le suivi régulier des affaires en accord avec les associés en se réunissant tous les mois. Ils rendent des comptes annuellement lors de l’assemblée générale. Des assemblées extraordinaires sont convoquées en cas de besoin. L’administration centrale établie à Paris, siège de tous les pouvoirs, demeure modeste. Les finances de la Compagnie sont plus solidement établies. Elle dispose de centres opérationnels dans les grands ports de France, et son autorité est relayée dans les îles par ses nombreux agents. Les capitaines généraux et les commis généraux sont les principaux responsables sur place et leurs interlocuteurs privilégiés.
3Les associés peuvent dès lors aspirer à de grands desseins. L’année 1635 est marquée par la conquête de la Guadeloupe et de la Martinique. La Guadeloupe figure comme un premier défi. Les associés doivent penser de toutes pièces l’entreprise et trouver des partenaires nouveaux pour se lancer dans cette aventure. Les accords conclus avec les marchands de Dieppe et avec les dominicains du noviciat de la rue Saint-Jacques sont l’expression de la nouvelle dynamique qu’ils veulent impulser. S’ils ne les satisfont pas pleinement, ils ne remettent pas fondamentalement en cause l’orientation du projet colonial des îles défini lors de la reformation de la Compagnie. Les associés affirment même de nouvelles ambitions et négocient de nouveaux accords avec la monarchie pour obtenir des privilèges. Ils peuvent espérer, avec ses atouts, arriver à atteindre leurs buts et aider à la croissance de la Compagnie.
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