VI. De l'État régional à l'Italie unifiée : une transition territoriale
p. 127-144
Texte intégral
1La Toscane contemporaine ressemble à une énigme politique. Trois images s'y superposent dans le temps : le grand-duché considéré comme le havre de paix sociale pour les masses et le berceau d'un doux despotisme pour les élites ; le Risorgimento des esprits brillants mais modérés faisant de la Toscane de la Restauration un « lieu de filtrage des idées qui troublent la péninsule1 » jusqu'à rendre aisée et naturelle la transition unitaire en 1859- 1861 ; enfin, le radicalisme politique qui se manifeste à travers deux temps d'inégale durée et ampleur, les éphémères révolutions dites « démocratiques » du Quarantotto à Florence et à Livourne, puis les développements du socialisme provoquant la naissance durable d'une région « rouge », près de trois générations plus tard.
2Le support de ces images est constitué par une trame chronologique dont les étapes canoniques sont bien connues2. D'abord les « années françaises », de 1799 à 1815, dont la spécificité reste le caractère limité dans le temps et l'espace des expériences néo-jacobines (quelques mois à Livourne en 1799). On a ensuite coutume de diviser le dernier demi-siècle du grand- duché, avec les règnes de Ferdinand III (1790-1824) et de Léopold II (1824-1859), en trois segments : la Restauration proprement dite de 1815 à 1848, les révolutions de 1848-1849 et la « décennie particulière », par homologie avec « la décennie de préparation » unitaire du Piémont. Suit l'expérience du gouvernement provisoire né de la révolution d'avril 1859 et de la fuite du grand-duc, période de changement de régime qui se conclut par le rattachement au Piémont et au royaume d'Italie en mars 1860. Enfin, durant la période qui va des années 1860 jusqu'à la veille de la Première Guerre mondiale, le destin politique des Toscans qui accueillent à Florence de 1865 à 1870 la capitale du royaume d'Italie est supposé se confondre avec celui des Italiens, l'intégration nationale allant de pair avec l'identification d'une culture politique originale caractérisée par la pénétration de l'Internationale socialiste et la mise en place de la catena rossa (la chaîne rouge) des agitations et de l'organisation socialiste à l'aube du xxe siècle.
3Les enquêtes peuvent porter sur les clichés, leur rapport à la réalité et les liens de dépendance entre ces différentes images de la Toscane et des Toscans. Plus fondamentalement, en quittant le niveau des représentations pour celui des processus, l'interrogation concerne les facteurs d'évolution qui expliquent le passage de la Toscane modérée, calme et sereine à la Toscane subversive et conflictuelle où la politique se revêt d'un sens nouveau. En moins d'un siècle, la Toscane aurait en effet changé radicalement de physionomie politique, selon une logique régionale spécifique. Cette assertion renvoie à la possibilité de caractériser l'identité politique d'une région, issue d'un ancien État, comme un ensemble homogène. Une telle démarche emprunte beaucoup à l'histoire régressive, puisqu'il s'agit d'expliquer les conditions d'un passage dont on connaît l'issue et que, de surcroît, cette issue conditionne la vie politique la plus contemporaine, souvent celle du présent de l'historien. On ne discutera pas de la pertinence du raisonnement qui privilégie les entités régionales dans l'analyse des comportements politiques. Il correspond d'ailleurs assez bien aux catégories d'analyse de la vie politique italienne contemporaine, pour laquelle on a coutume d'opposer des grandes « subcultures » territoriales faites de provinces3 et de régions dont les comportements sont autonomisés autour de l'opposition entre blancs et rouges4. Mais l'identification régionale doit savoir intégrer la nuance locale : il y a région et région, Toscane et Toscane. Les habitants de la province blanche de Lucques ne réagissent pas comme les Toscans de celle de Sienne considérée comme le modèle territorial de l'enracinement du socialisme dont la genèse devient presque métaphorique de l'identité politique de l'ensemble de la Toscane au xxe siècle5. La périodisation elle-même par grands courants d'opinion est évidemment schématique. D'abord, parce qu'il est toujours hasardeux d'identifier un esprit politique des temps qui traduit surtout l'efficacité des vecteurs d'expression politique (presse, discours et écrits des classes dominantes), ensuite parce qu'il y a évidemment quelque artifice de simplification pédagogique à affecter chacune des grandes étapes canoniques de la vie politique toscane d'un esprit politique particulier.
4Ainsi, plutôt que de reconstituer l'évolution politique, les relations entre les divers pouvoirs, le rôle de l'opinion des diverses classes sociales, on s'interrogera sur la place de la transition unitaire comme catégorie de l'histoire politique de la Toscane contemporaine à travers le changement d'échelle territoriale.
La fin du grand-duché
5Au moment de l'Unité, la Toscane est constituée du grand-duché dont la capitale est Florence et du duché de Lucques, annexé sous le règne de Léopold II en 1847. Les principautés de Massa et Carrare, dites couramment communautés de Lunigiana, ont été rattachées aux duchés de Modène et de Parme. Le cadre territorial toscan est encore largement marqué par le système d'Ancien Régime. La Toscane serait même l'État pré unitaire dans lequel l'introduction du système centralisé des provinces après l'Unité, calqué sur le modèle français des départements, aurait provoqué le plus de bouleversements territoriaux et administratifs, contrairement à des États comme les royaumes de Piémont-Sardaigne et de Naples qui avaient conservé malgré leurs différences la structure territoriale mise en place à l'époque de la domination napoléonienne6.
6Le territoire toscan a pourtant été marqué par la réorganisation des années françaises. On en retiendra trois principales étapes : celle du royaume d'Étrurie de 1801 à 1807, la création des départements et, enfin, de 1809 à 1814, l'érection des départements en grand-duché napoléonien. Ce schéma ne doit pas masquer la grande diversité de formules, d'appellations et de statuts locaux qui montre qu'il n'y a pas stricto sensu d'unification administrative régionale pour la Toscane napoléonienne.
7Après le passage des troupes françaises en 1799 qui s'est traduit notamment par la mise en place d'un gouvernement provisoire à Livourne, seul et éphémère exemple du modèle des républiques jacobines sur le sol toscan - et leur retour l'année suivante, le territoire toscan est redécoupé par les traités diplomatiques de février 1801, la paix de Lunéville le 9 et le traité de Florence le 27. Le grand-duché de Ferdinand est mort, vive le royaume d'Étrurie ! S'il n'y a évidemment nul lien dynastique entre les deux entités, la continuité territoriale est davantage respectée. Le royaume d'Étrurie est confié par Napoléon Bonaparte au duc de Parme, Louis (Ludovico) qui règne de 1801 à 1803 et est remplacé à sa mort par sa femme Marie-Louise de Bourbon-Parme régente pour son jeune fils Louis II jusqu'en 1807. Ce royaume vassal recoupe l'ancien grand-duché et s'enrichit au sud des anciens États napolitains des Présides (Orbetello). Plusieurs formules territoriales coexistent avec ce grand État : au nord- ouest, Massa et Carrare, anciennes possessions de la Maison d'Este, sont rattachées à la Cisalpine puis à la République d'Italie proclamée à la Consulte de Lyon en janvier 1802, avant de revenir à la Principauté de Lucques en 1806. Quant à Lucques elle est d'abord à la tête d'une République indépendante du royaume d'Étrurie de 1801 à 1805, puis redevient principauté jusqu'en 1814 sous le gouvernement de l'une des sœurs de Napoléon, Élise, mariée à un officier corse, Félix Baciocchi.
8En 1807 le royaume d'Étrurie est supprimé par Napoléon sans que le départ des Bourbons n'ait été regretté ni par les élites ni par l'opinion. Le territoire est inséré dans le Grand Empire et Dauchy s'assure personnellement du bon fonctionnement sur place des rouages administratifs et politiques à travers les traditionnels instruments d'intégration administrative et fiscale de l'Europe napoléonienne7. En 1808, le territoire est officiellement divisé en trois départements : l'Arno avec Florence comme chef-lieu, Arezzo et Pistoia comme arrondissements, l'Ombrone avec Sienne comme chef-lieu, Grosseto comme arrondissement et la Méditerranée avec Livourne pour chef-lieu et Pise comme arrondissement. Le département du Mediterraneo, outre qu'il offre aux collectionneurs des signes d'identité méditerranéenne l'un des premiers usages administratifs du terme, a représenté l'une des principales pommes de discorde entre Paris et les élites locales de la Giunta (le conseil chargé de fixer les limites et fonctions administratives). Le choix de Livourne comme préfecture ne s'imposait au nom d'aucun des principes habituellement retenus : sa situation n'était pas centrale dans le département, ses activités économiques étaient en déclin, sa tradition administrative et universitaire ne représentait rien en comparaison de Pise. C'est pourtant le port méditerranéen qui est choisi par Napoléon pour des raisons stratégiques liées à une volonté géopolitique de contrôle de la Méditerranée. De là à considérer que Livourne doit indirectement cette dignité administrative nouvelle aux Anglais...
9Un décret de mars 1809 place ces trois départements sous la souveraineté d'Élise Baciocchi, déjà princesse de Lucques, et le titre de grand-duché est restauré pour ce territoire délimité au nord-ouest par les départements des Apennins et du Taro, par le royaume d'Italie et au sud-est par les départements du Trasimène et du Tibre. Les départements toscans sont ainsi administrés par des préfets, mais sous la souveraineté d'une nouvelle grande-duchesse qui a nommé comme gouverneur son propre mari. Peu de travaux récents se sont intéressés au fonctionnement et aux effets politiques durables de cette superposition, partant du principe que le pouvoir d'Élise n'était qu'apparent ou au mieux que la souveraine s'était contentée d'atténuer les effets de la politique religieuse de l'Empire en Toscane et d'accentuer les mesures d'encadrement philanthropique des populations. En 1814, Ferdinand III reprend ses possessions et reçoit comme héritage indirect de la période napoléonienne l'île d'Elbe, les présides et Piombino. Quant à l'État de Lucques, rétabli comme duché, il échoit à Marie-Louise de Bourbon-Parme, ancienne régente d'Étrurie.
10Que signifie la Restauration pour l'organisation du territoire toscan ? Pour Lucques comme pour Florence, les principales mesures de la législation napoléonienne sont abrogées. Dans le grand-duché, « le futur politique, économique et administratif est imposé en quelques mois (entre 1814 et 1815) » par une classe de fonctionnaires et de politiques de formation léopoldienne8.
11Les réformes léopoldiennes avaient abouti à une rationalisation notable de l'administration territoriale à travers deux principaux trains de mesures : l'uniformisation des formes de représentation locale (création de 201 communes, soit un quart des communautés héritées de l'époque des Médicis) et la volonté de simplifier les structures de contrôle territorial de type intermédiaire entre le gouvernement central et les communes9 ; ces structures de médiation sont remaniées avec la mise sur pied en 1825 des camere di soprintendenza comunitativa. Le tracé géographique des attributions de ces diverses instances est remodelé, ce qui peut se traduire par des mouvements d'autonomisation, comme dans le cas d'Arezzo. De chacune de ces camere di soprintendenza dépend un compartimento. À la veille du plébiscite de rattachement, la Toscane comprend sept compartimenti : Florence, Arezzo, Grosseto, Lucques, Pise, Pistoia et Sienne.
12Ce qui distingue ce système qui semble en apparence rappeler les diverses strates de la configuration napoléonienne et annoncer le découpage post-unitaire en provinces est la faiblesse politique et même administrative des subdivisions intermédiaires. Les compartimenti n'ont gardé aucune des attributions fortes des trois grandes préfectures françaises au niveau administratif, il est juste à leur propos d'évoquer un pouvoir bureaucratique d'exécution plus que réellement administratif de contrôle et de décision. En matière politique - malgré la volonté de doter les compartimenti d'organes de représentation populaire en 1848 -, il n'existe aucune forme directe d'expression de la volonté des communes. Le Consiglio compartimentale toscan désigné parmi les conseillers de district, eux-mêmes élus par les conseillers municipaux, n'a qu'un poids réduit dû autant à la définition de sa sphère d'action par le pouvoir central qu'à son mode de désignation.
La difficile « provincialisation » de la Toscane
13Cette situation est remise en question au moment de l'Unité. Le 12 mars 1860 le plébiscite a ratifié massivement le rattachement du grand- duché au royaume piémontais. Plus d'une année plus tard, après la proclamation du royaume d'Italie, le décret du 28 août 1861 transforme les compartimenti du grand-duché en sept provinces (provincie), elles-mêmes divisées en arrondissements (circondari) confiés à des sous-préfets et fractionnés en cantons (mandamenti). Et, s'il fallait montrer que le lexique a une vie post mortem, il suffirait de rappeler que ces provinces, Arezzo, Florence Grosseto, Livourne, Lucques, Pise et Sienne, sont rassemblées sous la dénomination de compartimento toscano dans le premier recensement général de la population daté de 1861 et publié en 186410. Dans le nouvel ordonnancement Livourne accède à la dignité de province, retrouvant ainsi le statut de préfecture que les années françaises lui avaient octroyé avant que la Restauration grand-ducale ne ramenât le port à plus d'humilité.
14Le nouveau découpage en provinces, le tracé initial, l'évolution contemporaine et les conséquences démographiques sont bien connus. On mettra donc l'accent sur les débats régionaux et locaux autour de la province comme nouvelle unité intermédiaire.
15Les compartimenti doivent devenir provincie. La transition qui suit les décrets de l'été 1861 semble naturelle. Pourtant le passage à la province, qui est un véritable indice de modernité lié à la nationalisation et à ses mécanismes de rationalisation territoriale, ne s'impose pas aussi aisément11. De fait, si pour d'autres États pré-unitaires la continuité territoriale est nette en raison de la pleine adoption du découpage administratif napoléonien, il n'en va pas de même pour la Toscane grand-ducale qui était revenue à un système d'Ancien Régime sans autre médiation que les instances bureaucratiques entre l'État régional et les communautés municipales. Même si l'on peut admettre que les structures bureaucratiques et purement administratives ont contribué à donner une identité de type provinciale à la Toscane de la Restauration, force est de constater néanmoins que la logique géographique plus concrète du territoire comme province est nouvelle au moment de l'Unité.
16D'ailleurs le découpage en provinces a suscité une réelle réflexion dont on peut rappeler quelques enjeux à partir du cas de l'ex-compartimento de Florence. Le Consiglio compartimentale, alors présidé par Cambray-Digny, semble même retrouver une importance et une activité inédites à cette occasion. Les grands débats concernent l'alternative entre centralisation et décentralisation ou fédéralisme. Certes, la dissertation sur centralisation/ fédéralisme est ancienne, elle dépasse les horizons toscans et ses enjeux sont plus politiques (le meilleur système d'équilibre des pouvoirs) que réellement territoriaux et administratifs. Pourtant les thèses exprimées par Cattaneo en février 1849 refont bien volontiers leur apparition. Des voix rappellent que le Statuto piémontais n'est pas davantage une garantie de liberté que le système napoléonien et ne traduirait que la faiblesse d'un État qui a besoin de se sentir centralisé pour exister. On insiste sur le fait que la « douce Toscane » n'a aucune leçon à recevoir en matière de lois civiles fortes et consensuelles à la fois12. Mais les discussions portent moins sur la légitimité de principe de la nouvelle division territoriale que sur ses modalités et ses justifications de détail. En bref, si la province est finalement admise-y compris comme élément de la centralisation administrative -, ce sont ses frontières qui ne vont pas de soi. Dès septembre 1860, un rapport soumis au Consiglio compartimentale propose ses propres subdivisions territoriales internes de la future province de Florence13.
17On retiendra deux enseignements sur la forme et le contenu de la consultation dont témoigne ce rapport rédigé par un ingénieur toscan, Metello Lapini. D'abord le fait que Cambray-Digny fasse distribuer à toutes les communes du compartimento le document14 montre que le débat territorial est aussi une discussion dans laquelle interviennent les instances locales. Quant au texte proprement dit, il met en avant une sorte de géographie administrative idéale, synthèse de la géographie politique et de la géographie naturelle et humaine. La géographie politique fait de la provincia ou du compartimento (l'hésitation est significative) l'élément fondamental de l'unification, c'est-à-dire du « bon gouvernement » (buon governo), juste milieu entre les « mérites (éventuels) du système de centralisation adopté par la France et de celui de l'absolue décentralisation15 ». Dès lors au niveau local, les réformateurs du territoire toscan doivent, selon les conseils de Metello Lapini, tenir compte de la cohérence et des liens organiques entre les unités proposées. Toutes les nouvelles subdivisions ont pour mission de rassembler des cellules où se retrouvent des juridictions judiciaires, administratives et électorales semblables, alors que les chefs- lieux seront choisis « dans le respect des intérêts, des habitudes de la population et des moyens qui permettent aux idées de circuler et aux populations de ne pas être isolées les unes des autres16 ». Les unités naturelles et humaines à la base de ce découpage, au niveau régional comme national, ne sont autres que « les vallées », équivalent des « pays » de France :
« Le Rapport propose que dans la division du royaume en Districts, Provinces et Compartiments [...] soient toujours prises en considération les vallées, en retenant comme frontière le point où aboutissent ces vallées elles-mêmes17. »
18C'est au nom de cette géographie idéale que seront dénoncées des « anomalies » territoriales dans le dessin de la future province de Florence : ses limites méridionales avec l'exclusion des communes du Haut-Valdarno, comme San Giovanni, Pian di Scô et Castelfranco di Sopra, rattachées désormais à la province d'Arezzo, alors que le reste de la vallée appartient à Florence ; ses limites septentrionales avec l'inclusion cette fois des communes de la Romagne toscane, l'arrondissement de Rocca San Casciano, dont on considère qu'il n'appartient pas géographiquement à la Toscane.
19On le voit, dès le passage à l'Unité, les limites des provinces sont objet de discussion même lorsque le principe d'homogénéité et de centralisation n'est pas remis en question. Le cas de la province de Florence, où les débats sont plus importants en raison de la taille géographique et de la centralité politique du territoire concerné, n'est pas isolé et les nombreux redécoupages territoriaux qui ont suivi en Toscane, de l'époque fasciste (avec la création de la province de Pistoia et les réformes de celles de Lucques, de Pise et de Livourne) à la récente création de la province de Prato, montrent la présence continue d'un certain nombre d'invariants, comme le principe de cohérence de la vallée, pour légitimer le refus ou la proposition de nouvelles subdivisions internes.
20On remarquera toutefois le décalage entre, d'une part, l'importance de la province comme forme identitaire dans le discours et l'actualité politique depuis sa création et, d'autre part, sa relative discrétion comme cadre et catégorie de la recherche en histoire italienne. Ainsi à la différence de l'historiographie française où les monographies départementales de matrice labroussienne ont été la règle notamment pour l'histoire du xixe siècle, jusqu'à susciter les alarmes de l'historien Jacques Rougerie qui s'est un temps demandé s'il fallait « départementaliser l'histoire de France », en Italie les deux échelles territoriales longtemps privilégiées ont été celle de la région comme lieu de continuité18 culturelle et politique et celle micro locale de la communauté comme lieu favori d'observation sociale. Il est significatif que même en termes politiques, l'interrogation territoriale ait fait l'économie de la province. La province est absente en tant que telle dans le volume collectif Gli spazi del potere de l'Institut Ragionieri, au profit des unités suivantes, Aree, regioni, Stati, considérées comme les coordonnées territoriales de l'histoire contemporaine19. Certes les travaux récents d'histoire du cadre territorial toscan, précédemment cités, montrent que la province comme principe d'organisation de l'espace administratif a accédé à la dignité d'objet historique. Mais il nous semble qu'une étape ultérieure pourrait être franchie si la provincia était considérée comme cadre de politisation en soi : en même temps lieu privilégié de transaction des pouvoirs locaux et nationaux et milieu de circulation des modèles pour les populations dans une logique qui se propose justement de dépasser les horizons locaux traditionnels.
La commune, une matrice de la nation ?
21Or, parmi ces horizons hérités, il y a ceux de la commune. Dans le débat théorique et politique, la question est encore évidemment liée au binôme centralisation/fédéralisme. Les défenseurs de la municipalité (le terme de municipio comme principe de gouvernement et de réglementation du pouvoir exécutif local est alors préféré à celui de comune) s'abritent derrière la même autorité tutélaire de Cattaneo dont on retrouve d'ailleurs trace dans les écrits les plus actuels, scientifiques ou journalistiques, sur le fédéralisme20. Sans entrer dans le détail, on peut envisager le problème de la commune dans la transition unitaire toscane en s'interrogeant d'abord sur la présentation des schémas d'appartenance puis sur l'Unité comme négation revendiquée du campanilisme toscan.
22À la différence de la province, la commune existe quand les Toscans deviennent Italiens. Ainsi la question de l'appartenance locale toscane est souvent posée en termes d'identité « municipale et/ou urbaine » depuis la période moderne. Le projet Identità urbana in Toscana, lancé à la fin des années 1980 et élaboré sous la direction de Lucia Carie dans le cadre de l'Institut universitaire européen de Fiesole, témoigne de ces questionnements d'histoire régressive, imposés par le constat des mutations présentes du sentiment d'appartenance locale et par la nécessité patrimoniale - donc civique même si inavouée — de redécouvrir et de redéfinir des identités territoriales sociales et culturelles. L'ensemble comporte un fort volume méthodologique consacré à la question de l'identité locale toscane21, et six monographies distribuées dans l'espace régional et consacrées à Buggiano, Montalcino, Poppi, Fiesole, Suvereto et Pontremoli22. Les critères de cette sélection sont clairs : les terrains choisis constituent des centres agglomérés pour lesquels la distinction entre centro murato et contado est perceptible dans l'espace, des centres agglomérés modestement ou moyennement peuplés avec une structure sociale diversifiée, non strictement rurale, propre à rappeler le « village urbanisé » agulhonien, singulièrement absent d'ailleurs des références méthodologiques de l'équipe.
23Dans ce cadre, sont étudiés les mutations de la morphologie et de la structure micro-urbaine, les évolutions familiales et les stratégies socioprofessionnelles, le rapport à l'environnement avec, comme dans le cas de Montalcino, des pages intéressantes sur « les manifestations de la qualité de la vie » qui incluent de façon inattendue « la vie de sociabilité23 ». Ces travaux, dont le terme est toujours le xixe siècle et même le xxe, apportent indéniablement beaucoup pour qui s'intéresse à la reconstruction socio- économique et anthropologique des identités locales.
24On remarquera simplement que cette aventure aboutit à des mécanismes de confiscation ou d'attribution monopolistique de l'identité locale : d'abord, la représentation des valeurs urbaines devient la forme exclusive d'identité locale toscane, d'autre part, le plus souvent le local n'est opposé qu'au « général » et les dimensions étatiques régionale puis nationale ne sont pas prises en compte, comme si l'exercice du pouvoir au niveau local représentait de façon autonome toutes les dimensions du politique. Enfin, le xixe siècle, lorsqu'il est présent, est rarement perçu, pour des auteurs plus modernistes que contemporanéistes, comme un moment de grands bouleversements dans la conception de l'espace politique local. Il n'est pas davantage restitué comme un moment de changement de sens du territoire communal et municipal autour de la transition unitaire. L'inscription de la transition unitaire dans l'espace des communautés a pourtant un sens autre que discursif.
25En effet, malgré la surimposition du cadre provincial, l'unité municipale est conçue comme un cadre essentiel de nationalisation des Toscans. C'est le milieu où se diffusent le plus naturellement le décor, la ritualité politique et les mécanismes d'intégration du nouvel État.
26La représentation de l'État nouveau est l'une des premières missions des municipalités. Il faut éliminer, ou du moins rendre moins visible, toute trace de l'Ancien Régime comme les armoiries de l'ex-grand-duché. Au lendemain du 15 mars 1860, s'ouvre une période de généralisation du tricolore vert, blanc, rouge décoré des armes de Savoie. On voit ainsi que la passation de couleurs s'effectue plus facilement dans les communes rurales que dans les grandes villes où la dynastie a artistiquement scellé sa marque dans le patrimoine architectural. La presse se fait parfois l'écho de réactions contre la permanence des signes de l'Ancien régime, comme à Casciana dans la province de Pise :
« Pourquoi voit-on encore aujourd'hui sur la façade Est du bâtiment principal des thermes subsister les armes de la Maison de Lorraine ? Ne serait-il pas temps que la mairie et les autorités prennent la décision de les enlever et de remplacer cette vieillerie par les armoiries de l'État24 ? »
27Se procurer et exhiber le nouveau drapeau devient donc un devoir des municipalités toscanes. Les drapeaux officiels sont denrée rare et la situation est critique dans un grand nombre de vastes communes rurales, notamment montagneuses, qui manquent de drapeaux ou de bustes du roi Victor-Emmanuel. Ainsi, certaines municipalités doivent établir une liste des priorités pour satisfaire les nombreuses demandes adressées au secrétaire communal par les populations - principalement les représentants de la Garde nationale - des différents hameaux à l'approche des fêtes de juin 1860 et des commémorations du printemps 1861. La demande est réelle et les autorités municipales considèrent qu'il est de leur devoir de veiller à la diffusion publique des signes extérieurs de l'État nouveau. Les nombreuses fêtes et commémorations qui se succèdent à un rythme effréné entre 1860 et 1865 fournissent d'autres occasions de ce spectacle de la nation médiatisée par les autorités municipales. Signes distinctifs et hymnes nationaux, discours d'allégeance dynastique aux Savoie et déclarations solennelles sur les liens indéfectibles entre le changement de dimension (passage d'un petit État à un État national) et l'accomplissement du progrès civil en ponctuent le déroulement pour donner à voir le spectacle, en partie trompeur, d'une communauté unanimement imprégnée des valeurs nouvelles25.
28Par ailleurs, c'est aux autorités municipales que revient le soin de faire appliquer la définition des droits et des devoirs nouveaux au lendemain du rattachement de la Toscane au royaume d'Italie. Classiques, ces liens à la communauté concernent l'instruction, le service des armes et la participation électorale. L'administration municipale de la moindre des communes toscanes doit ainsi veiller tout aussi bien à l'enseignement du système métrique et décimal qu'au bon fonctionnement du service militaire issu de la loi piémontaise ou au maintien de la Garde nationale, instance qui représente par excellence la rencontre difficile mais souhaitée entre « la fidélité à la communauté d'appartenance » et la défense des intérêts de l'État26. Tous les moyens sont bons pour diffuser les instructions nationales. Tel maire fait appel au curé d'une pieve de sa commune pour qu'il persuade ses paroissiens « d'envoyer leurs enfants à l'école et (de leur rappeler) que l'éducation de l'esprit et la culture de l'intellect sont le fondement de la civilisation », raisons pour lesquelles « la municipalité a redonné vie à l'école27 ». Certes, les résultats ne sont pas toujours à la hauteur de ces ambitions relayées par ces beaux discours. Dans près de la moitié des communes rurales de la région, l'école élémentaire ne dispose pas de locaux aménagés jusqu'à la fin des années 1860. De nombreuses municipalités doivent attendre les années 1870, quelques-unes même la fin du siècle, pour inaugurer des lieux publics adaptés à la solennité des fonctions de leurs destinataires : mairie, salles de réunion des conseils sont parfois encore itinérants pour ne rien dire des lieux de vote improvisés au moment du plébiscite. Il reste que la trajectoire d'apprentissage de la politique passe en Toscane, comme ailleurs sans doute, par la nationalisation ou en tout cas l'homogénéisation de l'action municipale.
29Pourtant la position du municipio ne va pas de soi dans le discours des milieux pro-unitaires, convaincus par l'insertion dans le nouveau royaume. Écoutons plutôt Ricasoli, président du Conseil des ministres et ministre de l'intérieur du gouvernement provisoire, lorsqu'il décrit aux Popoli della Toscana le chemin de la transition unitaire :
« Votre vie politique se transforme mais elle continue. Elle laisse les vieilles dépouilles de la municipalité pour prendre le nouvel habit national (il nuovo paludamento nazionale)-, vos forces augmentent, mais avec elles vos peines28. »
30Le pouvoir municipal est donc le vecteur du grand passage ; c'est entendu, mais à condition de faire oublier le municipio. Qu'est-ce à dire ? Dès le xixe siècle le municipalisme est dénoncé comme l'un des fléaux historiques de la Toscane. Montanelli, Toscan, originaire de Fucecchio, distingue entre « mairie » ou « municipalité » d'un côté, et « municipalisme » de l'autre :
« De l'institution de la mairie découle le municipalisme ; or autant la première institution est salutaire, autant le municipalisme est fatal parce qu'il conduit à soumettre les intérêts nationaux et humains à son propre intérêt et bouleverse l'ordre de la justice sur lequel toute association civile se fonde. Le municipalisme est aujourd'hui le plus grand danger de l'Italie29. »
31Le départ est ainsi fait entre la commune et son administration municipale comme synthèse entre le local et le national et le municipalisme comme héritage des luttes de clocher et rivalités locales. Certains conseils municipaux n'hésitent pas à condamner le campanilisme comme étranger à l'esprit des temps, tel celui de Pontassieve en 1864 : « Les vieilles rivalités municipales ont bel et bien disparu et, avec elles, les germes de désordre public et de désunion30. »
32Les années 1859-1865 voient se diffuser un discours public de l'élargissement des horizons locaux. Or, ce dépassement du campanilisme a comme corollaire paradoxal de prime abord la valorisation de la structure communale et des notables municipaux qui ont accepté la transition unitaire libérale.
33En 1865, l'adoption de la nouvelle loi administrative et des grands codes nationaux marque la fin de la transition unitaire. Les Toscans sont vraiment devenus Italiens. Le lexique du territoire et des pouvoirs locaux l'atteste : ainsi le premier magistrat de la « commune » (comune) et non plus de la « communauté » (comunità) qui continuait à s'appeler « gonfalonier » (gonfaloniere) sera désigné comme partout du terme de « maire » (sindaco) ; il en va de même de ses adjoints jusqu'alors dépositaires du vieux titre de « prieurs » (priori). Cet abandon n'a rien de révolutionnaire et passe presque inaperçu si l'on en juge par la presse de l'époque. Plus étrange était la subsistance de ce vocabulaire, alors même que les préfectures toscanes traquaient plus ou moins impitoyablement les signes de la dynastie des Lorraine.
34Pourtant la Toscanina n'est pas définitivement morte dans le discours politique des lendemains de l'Unité, y compris pour le milieu libéral et modéré accusé par les « légitimistes » d'avoir fourni la phalange de ses fossoyeurs. La Toscane comme milieu privilégié de douceur civile lié à l'excellence du pacte socio-économique représenté par le métayage, synthèse entre le labeur et le capital, est un topos qui a franchi les frontières des Apennins et des Alpes. Taine reconnaît à ces populations un sens inné de la concorde à l'origine du succès du Rivolgimento toscan de 1859 : « Le maître profite et laisse profiter. Point de tiraillements ; les mailles du réseau social sont lâches, elles ne cassent pas. Voilà pourquoi le pays a pu se gouverner tout seul en 185931. » Quant au lecteur du Dictionnaire par excellence, il apprend moins de vingt ans plus tard de la plume d'un collaborateur de Pierre Larousse que « les habitants de la Toscane sont les plus policés [...] de l'Italie32 ».
35Les historiens et les spécialistes français qui ont voulu s'intéresser à la vie politique, sociale et intellectuelle de la Toscane n'ont évidemment pas échappé à la tentation du sonderweg toscan. Au début du xxe siècle, J. Luchaire justifie ainsi son choix de la Toscane comme laboratoire intellectuel du Risorgimento :
« Dans le triste état où nous trouvons l'Italie, une petite flamme claire et douce brille encore sur le campanile de Giotto [...] cette légendaire douceur du peuple toscan, que le général Gaultier signalait dans un ordre du jour, à l'armée française d'occupation, en 1799, ce caractère foncièrement humain et raisonnable, cette finesse d'intelligence que possèdent même les plus humbles gens de là-bas sont des dons exceptionnels33. »
36Avant d'arriver à notre entreprise qui réunit tant d'historiens, français ou travaillant en France, de la Toscane, la lignée des analystes de l'exception toscane s'est poursuivie en France jusqu'au volume collectif de l'équipe de Jean Meyriat publié en 197034. Et la quête de légitimité du choix s'est faite toujours au nom des mêmes images : la singularité héritée d'un passé brillant, la sérénité de populations qui ont su choisir en connaissance de cause leurs tutelles depuis l'âge des Communes. S'y ajoute en 1970 le constat du décalage entre la dimension économique et administrative strictement régionale et limitée et la dimension politique et historique d'ampleur nationale : « Les Toscans restent au cœur de l'histoire actuelle de leur pays. Ils sont comme un levain dans la pâte nationale, un des éléments les plus dynamiques de la communauté politique, alors même que leur région au sens limité et administratif du mot, n'aspire plus à être davantage que l'une de celles que détermine la Constitution35. »
37C'est entre ces diverses images de la Toscane que se joue le changement d'échelle politique et territorial. Notre hypothèse est que la transition unitaire a représenté un espoir réel d'intégration civique et politique pour des populations encadrées par les élites libérales issues du grand-duché et convaincues de la portée modérée des idées du Risorgimento. Cependant, une fois les années de transition passées, une fois le laboratoire des idées et des pratiques nouvelles de la nationalisation abandonné dans sa version la plus offensive (pour combattre les antiunitaires), les réalisations de l'Etat unitaire n'ont pas été à la hauteur des discours des élites et des aspirations des plus humbles. Le pacte social idyllique du métayage a été ébranlé par la crise des années 1880 et ce sont les forces de contestation de l'État libéral, socialistes en tête, qui se sont substituées aux missions des protecteurs ancestraux du petit peuple toscan. Ennemis d'un contrat qu'ils dénonçaient comme une résurgence de la féodalité, les socialistes toscans ont pourtant lutté sur le terrain pour l'amélioration du métayage en rapport étroit avec les syndicats ouvriers et citadins. La Toscane « douce et policée » est devenue « rouge et subversive » parce que la transition unitaire a ouvert des horizons que la classe libérale, une fois la crise survenue, n'a même plus peuplés de ses discours rassurants en forme de promesses.
38S'il fallait illustrer ce processus d'un témoignage, nous l'emprunterions à l'un des descendants d'une famille sans nul doute présente dans d'autres chapitres de ce livre. Francesco Guicciardini, ministre et grand propriétaire toscan d'illustre souche, tente en 1907 d'expliquer l'agitation des métayers toscans sans se voiler la face. Cette explication courageuse, qui vaut aussi pour le monde des artisans et des ouvriers, a toute la saveur d'un autoportrait critique des classes dirigeantes issues du libéralisme risorgimental :
« Comment avons-nous pris la défense de nos paysans et de nos métayers ? Et surtout, dans le domaine politique, comment et quand, en vertu du droit de presse, de réunion et d'association, avons nous pris garde que la politique de l'État n'oubliât pas tous ceux qui appartenaient au monde métayer36 ? »
Bibliographie
Orientation bibliographique
Bandettini, Pierfrancesco, ed., La popolazione della Toscana dal 1810 al 1959, Florence, Camera di commercio industria e agricoltura, 1961
Coppini Romeno, Paolo, Il Granducato di Toscana. Dagli « anni francesi » all'Unità, in G. Galasso, ed. Storia d'Italia, XIII (3), Turin, UTET, 1993.
Mori, Giorgio, La Toscana. Storia d'Italia. Le regioni dall'Unità a oggi, Turin, Einaudi, 1986.
Tognarini, Ivan, ed., La Toscana nell'età rivoluzionaria e napoleonica, Naples, Edizioni scientifiche italiane, 1985.
Notes de bas de page
1 J. Luchaire, Essai sur l'évolution intellectuelle de l'Italie de 1815 à 1830, Paris, 1906, p. xvi : « Au lieu qu'ailleurs on va à l'extrême, on crie, on conspire, on se bat, ici (en Toscane) on est plus calme ; on dirait qu'il s'y opère une sorte de filtrage des idées qui troublent la péninsule. »
2 Pour la période pré-unitaire, cf. R. P. Coppini, Il Granducato di Toscana. Dagli « anni francesi » all'Unità, Turin, 1993 ; pour la période post-unitaire, G. Mori, La Toscana, Storia d'Italia. Le regioni daU'Unità a oggi, Turin, 1986.
3 On prend le parti de traduire littéralement provincia par « province », sachant que cette traduction d'une subdivision territoriale proche du département n'est pas entièrement satisfaisante ; mais, comme le mot dipartimento qui existe en italien renvoie explicitement à la période napoléonienne ou à la situation française, il n'est pas possible de l'utiliser dans le cas des provincie post-unitaires.
4 Cf. la très bonne mise au point du politiste M. Caciagli, « La destinée de la "subculture rouge" dans le Centre-Nord de l'Italie », Politix, 30, 1995, p. 45-60.
5 F. Andreucci, A. Pescarolo, « La formazione delle regioni "rosse" in Italia : il caso della Toscana », in Id., eds, Gli spazi del potere. Aree, regioni, Stati : le coordinate territoriali della storia contempora- nea, Florence, 1989, p. 127-134 ; T. Detti, « Ipotesi sulle origini di una provincia "rossa" : Siena tra Ottocento e Novecento », in Alle origini di una provincia « rossa ». Siena tra Ottocento e Novecento, Monteriggioni, 1991, p. 19-28.
6 S. Merendoni, G. Mugnaini, G. Pansini, eds, La provincia di Firenze e i suoi amministratori dal 1860 a oggi, Florence, 1996.
7 Pour situer la Toscane dans la Grande Europe napoléonienne, cf. s. J. Woolf, Napoléon et la conquête de l'Europe, Paris, 1990.
8 R. P. Coppini, op. cit., p. 175.
9 Cf. ici-même la contribution d'E. Chapron.
10 Statistica del Regno d'Italia, MAIC, Censimento generale della popolazione al31 dicembre 1861, Turin, 1864, vol. 1, cité par G. Mori, op. cit., p. 6.
11 S. Merendoni, G. Mugnaini, G. Pansini, eds., op. cit.
12 Au sujet de la mitezza dei costumi toscani, cf. G. Pécout, La politisation des campagnes toscanes au lendemain du Risorgimento. L'entrée en politique du monde paysan dans la province de Florence de 1859 à 1912, préface de M. Agulhon, § 1-2, Rome, 2004 ; Id., « Politisation et intégration nationale en Italie : les campagnes toscanes des années 1860 », Revue historique, 617, 2001, p. 81-106.
13 M. Lapini, Rapporto della Commissione incaricata di un progetto di nuove circoscrizioni territoriali al Consiglio compartimentale a Firenze, 17 IX 1860, Florence, Stamperia sulle Logge del Grano, 1861,25 p.
14 On en trouve trace, dans certaines archives communales, dans les discussions des municipalités. Dans le cas de Pelago, dans la Val di Sieve, on a la chance de retrouver le document dans son intégralité : Archivio del Comune di Pelago, 1861, b. 48.
15 M. Lapini, op. cit., p. 4, 7 : «.. sempre in relazione alla Provincia o Compartimento, in modo che venga a risultate la unificazione del regime che costituisce il vero elemento di buon governo [...] Non è questa l'occasione per noi a discutere se al sistema di centralizzazione adottato dalla Francia, debba anteporsi un sistema di assoluta decentralizzazione amministrativa. »
16 Ibid., p. 4.
17 Ibid. : « Che nella divisione del Regno in Distretti, Provincie e Compartimenti si debbono sempre prendere in considerazione le vallate ritenendo per confine possibilmente il punto ove terminano le vallate istesse. »
18 C. Vivanti, « La continuità dei quadri regionali italiani », in F. Andreucci, A. Pescarolo, eds, op. cit., p. 119-126.
19 F. Andreucci, A. Pescarolo, eds, op. cit.
20 Cf. l'article du président de la région toscane, V. Chiti, « L'Italia fra vecchio e nuovo federalismo », Nuova Antologia, 2204, octobre-décembre 1997 (publié comme volume à part, avec traduction anglaise et française), Florence, 1998, p. 67-96.
21 L. Carle, L'identità locale in Toscana, Venise, 1996.
22 G. Cappelletto, Storia di famiglie. Matrimonio, biografie famigliari e identità locale in una comu- nità dell'Italia centrale : Poppi dal xviiI al xix secolo, Venise, 1996 ; F. mlneccia, Lapietra e la città. Famiglie artigiane e identità urbana a Fiesole dal xvi al xix secolo, Venise, 1996 ; L. Carle, La patria locale. L'identità dei Montalcinesi dal xvi al xx secolo, Venise, 1996 ; R. Pazzagli, Famiglie e paesi. Mutamento e identità locale in una comunità toscana : Buggiano dal xvii al xix secolo, Venise, 1996 ; P. Pirillo, Gente di Pontremoli. Identità, continuità, mutamenti in un centro della Lunigiana, Venise, 1997 ; I. Chabot, Una terra senza uomini. Suvereto in Maremma dal xvi al xix secolo, Venise, 1997.
23 L. Carle, La patria locale..., op. cit., p. 125-167.
24 La Nazione, 28 juin 1861 : « Perché ai Bagni di Casciana sulla facciata dell'edifizio principale di quelle terme esiste tutt'ora un'arme Lorenese ? Non sarebbe tempo che il municipio e le autorità provedessero a toglierla di mezzo e a sostituire a cotesto vecchiume lo stemma dello Stato ? »
25 Sur cette fonction des fêtes civiques en Toscane, cf. G. Pécout, « Feste unitarie e integrazione nazionale nelle campagne toscane, 1859-1864 », Memoria e ricerca. Rivista di storia contemporanea, 5, 1995, p. 65-81.
26 E. Francia, Le baionette intelligenti. La Guardia nazionale nell'Italia liberale (1848-1876), Bologne, 1999, p. 172.
27 Archivio del Comune di Pontassieve, b. 234.1, 1860-1861.
28 Bibliothèque de Castelfiorentino, Casseti Misc. 3, Manifesto, 25 mars 1860 : « La vostra vita politica si trasforma ma continua. Lasciando le vecchie spoglie del municipio per prendere il nuovo paludamento nazionale, crescono le vostre forze, ma crescono le vostre fatiche ».
29 P. Bagnoli, Democrazia e stato nel pensiero politico di Giuseppe Montanelli 1813-1862, con il testo integrale del trattato di Giuseppe Montanelli, Dello ordinamento nazionale, 1862, Florence, 1989. Id., « Dell'ordinamento nazionale », ibid., p. 259.
30 Archivio del Comune di Pontassieve, b. 208 Registro Protocollo delle Deliberazioni municipali 27.03.1863-29.12.1864 : 12.09.1864.
31 H. Taine, Voyage en Italie [1866], Bruxelles, 1990, II, D'Assise à Florence, p. 119.
32 P. Larousse, Grand Dictionnaire universel du xixe siècle, XV, Paris, 1876, p. 325.
33 J. Luchaire, op. cit., p. xvi.
34 Tradition et changement en Toscane, Paris, 1970.
35 Ibid., p. xiv.
36 F. Guicciardini, « Le recenti agitazioni agrarie in Toscana e i doveri della proprietà », Nuova Antobgia, 16 avril 1907 (dré à part, p. 40-41) : « E nel campo politico, come e quando, valendosi del diritto di stampa, di riunione, di associazione, ci siamo curati che la politica dello Stato, nel coor- dinamento degli interessi di classe, non dimenticasse quelli della classe colonica ? »
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