Chapitre III. Le haut enseignement de sciences appliquées à l’industrie
p. 99-137
Texte intégral
1Lieu d’exposition d’une collection technologique, centre de ressources documentaires et iconographiques, le Conservatoire des arts et métiers est, également, reconnu comme un établissement d’enseignement. La transmission des savoirs faisait partie du projet initial de l’établissement, qui privilégiait à l’origine le principe de la démonstration, comme le rappelait en 1798 le député Charles Jean Marie Alquier : « Ceux qui viendront au Conservatoire seront tous des ouvriers, dont il ne faut pas obscurcir les conceptions par des discours abstraits ou scientifiques : il faut leur faire voir plus qu’il ne faut leur parler. Le jeu d’une machine, mise en mouvement sous leurs yeux, est souvent pour eux la meilleure démonstration. […] Il faut enfin, pour leur instruction, la science des faits bien plus que la science parlière1. » À ce principe général s’ajoute le projet d’une école élémentaire (désignée sous le nom de « Petite École ») venant délivrer un enseignement pratique en plus des démonstrations, sur l’idée de Claude-Pierre Molard2. Approuvée par le ministre de l’Intérieur Jean-Baptiste Nompère de Champagny (1756-1834) en 1806, cette école devait enseigner non seulement le dessin, mais également l’arithmétique, la géométrie ordinaire et descriptive, les poids et mesures, la statistique, la mécanique et ses applications, la description des instruments et machines3. L’école se destinait à un public instruit, et son approche originelle couvrant de nombreuses industries n’est pas sans rappeler la tradition technologique de la fin du xviiie siècle. Mais l’école de filature, instaurée en 1804 et supprimée en 1814, faute d’élèves, ou le projet du duc de La Rochefoucauld-Liancourt de faire du Conservatoire des arts et métiers une école de perfectionnement pour les élèves des écoles d’arts et métiers, dont il était l’inspecteur, ne font pas long feu4. La Rochefoucauld, fondateur à Liancourt d’une école qui servit de modèle aux écoles d’arts et métiers, inspecteur des écoles d’arts et métiers, devint en 1814 inspecteur du Conservatoire, puis, en 1819, président du Conseil de perfectionnement. Cette position avantageuse devait lui permettre de faire valoir ses idées quant à l’instruction technique, en bénéficiant de l’influent soutien de Jean Antoine Chaptal (1756-1832), ministre de l’Intérieur. La Rochefoucauld concevait l’instruction technique en formations particulières et pointues par le contact entre un élève et un maître, dans la tradition de l’apprentissage. Mais la prise de conscience du retard important pris par la France sur le plan technique vis-à-vis de l’Angleterre au terme du blocus napoléonien, et l’émergence d’une nouvelle génération de savants formés dans les écoles nées de la Révolution, attentive au progrès technique, en particulier outre-Manche, entraînèrent un changement radical quant aux modalités selon lesquelles le Conservatoire des arts et métiers devait conduire ses missions. La tradition de la démonstration devait laisser place à une nouvelle forme d’enseignement.
La création du « haut enseignement »
L’implication de Charles Dupin
2Consécutivement à l’importante réorganisation de l’établissement décidée en 1817, marquée notamment par la nomination d’un inspecteur général et par la formation du Conseil de perfectionnement5, un enseignement public pour l’application des sciences aux arts industriels est mis en place à partir de 1819. L’ordonnance du 25 novembre 1819 précise :
« Il sera établi au Conservatoire des arts et métiers un enseignement public et gratuit pour l’application des sciences aux arts industriels. […]
Cet enseignement se composera de trois cours, savoir :
un cours de mécanique et un cours de chimie appliquées aux arts ; un cours d’économie industrielle. »
3Trois professeurs sont nommés également par ordonnance le 25 novembre 1819 : Charles Dupin pour la chaire de mécanique appliquée aux arts ; Nicolas Clément, dit Clément-Desormes (1779-1841) pour la chaire de chimie appliquée aux arts ; Jean-Baptiste Say pour la chaire d’économie industrielle.
4Charles Dupin occupe une place essentielle dans la création de ce haut enseignement de sciences appliquées : Henri Tresca parle ainsi en 1876 de « l’enseignement créé sous l’ardente inspiration de Charles Dupin6. » Les voyages que le baron fit en Angleterre pour découvrir et comprendre l’organisation de la production industrielle outre-Manche furent pour lui l’occasion de connaître une institution prodiguant un enseignement de sciences appliquées à l’industrie qui servit de modèle au Conservatoire parisien7.
« Les riches habitants de Glascow [sic] ont fondé l’institution andersonienne, où l’on professe, dans les soirées de chaque hiver, les éléments de géométrie, de mécanique, de physique et de chimie appliqués aux arts. Ces cours sont spécialement destinés pour les jeunes artisans, qui n’ont à payer pour cela qu’environ six francs par saison. Une aussi faible rétribution est exigée afin de n’avoir que des étudiants mus par l’amour de l’instruction, et qui veulent faire pour elle au moins un léger sacrifice.
« L’institution Andersonnienne a produit des résultats étonnants. C’est une chose admirable que de voir aujourd’hui dans beaucoup d’ateliers de Glascow [sic], de simples ouvriers posséder, et développer au besoin, les principes de leurs opérations et les moyens théoriques d’arriver aux résultats pratiques les plus parfaits possibles8. »
5Dupin proposa un programme d’enseignement technique gratuit au Conservatoire qui fut examiné par un comité composé de François Arago (1786-1853), Louis Jacques Thénard (1777-1857) et Nicolas Clément, nommé par Élie Decazes (1780-1860). Favori du roi Louis XVIII, ministre de l’Intérieur entre 1818 et 1820, le comte Decazes incarne un moment plus libéral de la Restauration, étroite fenêtre favorable à la réforme du Conservatoire qui se referme en 1820 avec l’assassinat du duc de Berry. Les trois premiers professeurs du Conservatoire sont directement liés à la création du haut enseignement : Clément, de par son appartenance au comité, Dupin, par son implication dans la conception de l’enseignement, et Say par sa proximité avec Thénard9.
Né le 6 octobre 1784, Charles Dupin est reçu major à l’École polytechnique en 1801. Sorti avec le même rang en 1803, il intègre le corps du Génie maritime. Les premières années de sa carrière sont marquées par des travaux à l’arsenal d’Anvers, à Gênes et en Hollande. Il prend part notamment au relèvement de la Marine française après la défaite de Trafalgar. Ses travaux dans le domaine de la géométrie différentielle ont fortement participé à l’avancement de cette discipline : « Ce travail, qui doit être considéré comme l’un des grands services rendus à l’art de l’ingénieur, et divers mémoires sur des questions de haute géométrie, valurent en 1813 à Charles Dupin le titre de Correspondant de l’Institut10. » Pour mieux connaître l’organisation de la production en Grande-Bretagne, Dupin accomplit, entre 1816 et 1820, plusieurs séjours outre-Manche11, poursuivant l’œuvre de Jean-Baptiste Say12. Jugés antipatriotiques, ses Voyages dans la Grande-Bretagne furent censurés quelques années, témoignant de la fraîcheur des relations entre le baron Dupin, ancien serviteur de l’Empire, et les gouvernements de la Restauration. L’arrivée d’Élie Decazes, davantage modéré, à la présidence du Conseil des ministres en 1818, a été l’occasion pour Dupin de faire entendre ses positions sur l’industrie française, sur l’enseignement des arts et industriels et sur l’intérêt des institutions similaires en Grande-Bretagne. Dupin a ainsi pu élaborer le programme des futurs cours du Conservatoire, avec Nicolas Clément et Jean-Baptiste Say. Le comité formé par Decazes, Clément et Arago donna un avis favorable, prélude à l’ordonnance royale du 25 novembre 1819.
Le principe général
6Ouvrant le premier volume de la seconde édition publiée de son cours de géométrie et mécanique appliquées, une lettre de Charles Dupin adressée aux ouvriers nous éclaire sur la vue générale du savant quant à l’organisation de l’enseignement au Conservatoire :
« Je suis allé dans le pays de nos rivaux en industrie ; j’ai vu que les savants et les puissants y réunissaient leurs efforts pour procurer aux ouvriers anglais, écossais, irlandais, une instruction nouvelle, qui rend les hommes plus habiles, plus à l’aise et plus sages. J’ai désiré pour vous les mêmes biens, et mieux encore. J’ai pensé qu’on pourrait vous donner un enseignement plus complet et plus avantageux. […]
Si vous étudiez les leçons que je publie pour votre instruction, chacun de vous saura mieux apprécier les services que la science doit fournir à sa profession. Chacun de vous apprendra quels services pareils retirent aussi de la science les autres professions ; souvent, ce que la science a fait pour un métier, vous donnera l’idée de ce qu’elle peut faire pour un autre métier ; les perfectionnements d’un art serviront de la sorte aux perfectionnements de beaucoup d’autres arts. […]
Si vous étudiez l’application de la géométrie et de la méchanique [sic] à vos arts, à vos métiers, vous trouverez dans cette étude un moyen de travailler avec plus de régularité, de précision, d’intelligence, de facilité et de rapidité. Vous ferez mieux et plus vîte [sic] ; vous apprendrez à raisonner vos travaux et vos inventions13. »
7On voit bien ici les publics initiaux auxquels Dupin pense adresser le haut enseignement. Ouvriers, chefs d’ateliers et de manufactures, artisans doivent, par la maîtrise de certains aspects théoriques, perfectionner leur pratique et améliorer leur production. Dupin inscrit dès à présent les leçons dans une approche technologique mettant en évidence la proximité de certains métiers, de savoir-faire, par la nature des gestes, par les outils utilisés, par les matériaux travaillés. L’enseignement ne se veut toutefois pas totalement théorique et il est ancré dans la pratique, comme le rappelle une lettre de Théodore Olivier au ministre de l’Agriculture et du Commerce en 1852, à propos d’un projet de création de cours de comptabilité :
« Il y a beaucoup de gens qui ignorent la différence qui existe entre le Conservatoire & son enseignement et les Ecoles d’arts et métiers ; c’est fâcheux, car c’est cette ignorance qui amène tant de demandes étranges.
Le Conservatoire des arts & métiers n’est pas une école d’arts et métiers. Au Conservatoire on a des auditeurs ; dans les Ecoles d’arts & métiers on a des élèves.
C’est très-différent.
Au Conservatoire les professeurs n’enseignent point les éléments des Sciences ; ils supposent et ils doivent en effet supposer que leurs auditeurs connaissent ces éléments, et partant de là, ils montrent toutes les applications que l’industrie peut faire des théories scientifiques, et ils s’efforcent surtout de se tenir au courant des progrès des applications scientifiques à l’industrie ; & de plus, par leurs travaux, ils indiquent à l’Industrie la voie nouvelle dans lesquelles la Science les convie d’entrer.
Dans les Écoles, les professeurs ont à faire à des jeunes gens ignorants, et qu’ils instruisent peu à peu et successivement en leur enseignant dans un ordre méthodique, les éléments des sciences utiles à l’industrie14. »
L’organisation générale des chaires
8Les trois premiers cours sont structurés en chaires, à la tête desquelles se trouve un professeur nommé par le roi sur proposition du ministre de tutelle. Cette organisation reprend la situation en vigueur dans les facultés de l’Université et dans des grands établissements tels le Collège de France ou le Muséum d’histoire naturelle15. Le professeur est secondé par un préparateur qui prend en charge les aspects matériels des enseignements, notamment lorsqu’il s’agit de présenter des objets aux auditeurs pendant les cours, ou s’il faut réaliser des expériences. Car chaque chaire dispose d’un laboratoire propre, au sein duquel le professeur conduit ses recherches, comme l’indique un arrêté de 1843 : « Chaque professeur aura, à la portée de l’amphithéâtre où il fait son cours, un cabinet d’étude ou un laboratoire chauffé et éclairé16. »
9Le programme des cours et l’articulation des différents enseignements sont discutés par les professeurs au sein du Conseil de perfectionnement17. Une fois par an, une affiche présentant les leçons de chaque cours est imprimée pour informer le public du programme de l’année à venir. C’est également le Conseil de perfectionnement qui débat des nouvelles chaires à créer en priorité, ou de la requalification de chaires devenues vacantes.
10Bien qu’instauré en 1819, l’enseignement ne peut commencer qu’à la fin de l’année 1820 en raison des travaux nécessaires à l’aménagement de l’amphithéâtre18. Programmé le lundi à 13 heures dès le mois de décembre 1820, le cours de Charles Dupin a lieu le soir à 20 h 30 en 1824-1825. Pendant trois ans, pour des raisons de sûreté, le cours a de nouveau lieu l’après-midi, ce qui ne permet pas aux ouvriers d’y assister :
« Le Ministre s’informe de l’État des cours publics, et apprend avec intérêt qu’ils sont bien suivis. Mais MM. les professeurs font observer qu’ils l’étaient d’avantage quand il était permis de les tenir le soir, parce que la plupart de ceux qui les fréquentent le plus utilement sont des ouvriers occupés dans la journée, ou des jeunes gens retenus jusqu’à la nuit dans les ateliers ou les bureaux des manufactures. Aucun inconvénient ne paraissant dériver de la faculté de choisir l’heure la plus propice aux auditeurs, Son Excellence invite MM. les professeurs à se concerter à ce sujet19. »
11On repasse donc à un horaire de soirée dès 1828, à 20 heures, deux fois par semaine20 (fig. 13).
Figure 13. – Eugène Péligot, professeur de chimie appliquée aux arts, réalise l’expérience de la synthèse de l’eau dans le grand amphithéâtre, vers 1847. Cette gravure est l’une des seules représentant un cours du Haut Enseignement au xixe siècle.

© Musée des Arts et Métiers-Cnam, Studio Cnam.
Les cours de mécanique et de géométrie, entre enseignement et expérience
Deux cours de mécanique
12Sans être spécifiquement consacrés aux chemins de fer, les cours de mécanique traitent directement ou indirectement de notions qui intéressent la construction et l’exploitation des chemins de fer. Nous reviendrons plus loin sur les détails des enseignements des différents professeurs de mécanique. Charles Dupin est titulaire de la chaire pendant cinquante-quatre ans, de 1819 à 1873. Il fait évoluer le cours vers la géométrie appliquée aux arts, d’abord associée à la mécanique de 1825 à 1839, puis aux statistiques de 1839 à 1852, et enfin seule de 1852 à 187321. Dupin est suppléé par Aimé Laussedat à partir de 1864, et celui-ci est finalement nommé titulaire de la chaire de géométrie appliquée aux arts en 1874, à la mort de Dupin22. Ce glissement progressif de la mécanique vers la géométrie entraîne, en 1839, l’ouverture d’un second cours de mécanique appliquée. La chaire, baptisée mécanique appliquée à l’industrie, est confiée à Arthur Morin. Elle prend le nom de chaire de mécanique appliquée en 1851. Devenu entre-temps directeur du Conservatoire, Morin cède sa place à Henri Tresca, ingénieur et sous-directeur, à partir de 185723. Après la mort de Tresca, Joseph Hirsch, professeur à l’École des ponts et chaussées, est proposé à l’unanimité des voix par le Conseil de perfectionnement pour la chaire de mécanique appliquée24.
L’enseignement de Charles Dupin
13L’enseignement de la mécanique appliquée connaît en France, à partir des années 1820, un remarquable essor. Charles Dupin fait partie d’un courant au sein duquel on retrouve plusieurs polytechniciens désireux de transmettre des connaissances scientifiques à destination d’un public ancré dans la pratique, s’adressant aussi bien aux ingénieurs qu’aux « hommes de l’art ». Sensibilisé à l’enseignement aux ouvriers lors de ses voyages en Grande-Bretagne, Dupin invente une nouvelle forme de transmission des savoirs, laissant de côté les aspects les plus abstraits de la mécanique rationnelle et se focalisant sur les applications pratiques. Le savant s’impose alors un effort de vulgarisation pour rendre son discours accessible25.
14Les cours du Conservatoire n’ont malheureusement pas tous été publiés dans leur intégralité. Nous n’avons pas connaissance du programme original du cours de Dupin, mais le cours prodigué dès la fin de l’année 1824 sous l’intitulé « Mécanique et géométrie appliquées aux arts » est en revanche disponible. Trois volumes ont en effet été publiés sous le titre Géométrie et méchanique des arts et métiers et des beaux-arts. Cours normal à l’usage des Artistes et des Ouvriers, des Sous-Chefs et des Chefs d’ateliers et de manufactures ; Professé au Conservatoire royal des arts et métiers par le baron Charles Dupin.
15Une note préliminaire rappelait que cet enseignement a été commencé en novembre 1824 au Conservatoire des arts et métiers, et suivi par plus de six cents personnes. Le cours était également prodigué à Nevers, La Rochelle, Metz, Lyon, Amiens, Lille, Versailles, Bar-le-Duc ou Strasbourg. Dupin encourageait La Rochefoucauld à établir pareil cours dans son école de Liancourt. Il indiquait espérer le soutien de grands industriels pour propager cet enseignement, et soulignait que le ministre de la Marine venait de prescrire aux professeurs d’hydrographie de quarante-quatre ports de donner son cours26.
16L’enseignement court sur trois années, ce qui permet au professeur d’organiser son discours en abordant trois grandes thématiques. La première année est dédiée à la géométrie et à ses applications, traitées en quinze leçons. Dupin va d’abord proposer une explication de la ligne droite, introduisant des questions relatives aux angles, aux droites perpendiculaires et parallèles, aux obliques. Il peut alors expliquer les notions d’échelles et s’appuyer sur les « routes de fer », le tracé des routes ou les pistons comme exemples significatifs. La troisième leçon, dédiée au cercle, est illustrée par les applications au roulage, à la construction des machines ou aux boîtes à vapeur. La quatrième leçon vient clore ce premier cycle d’introduction avec les « formes diverses qu’on peut donner aux produits de l’industrie, avec la ligne droite et le cercle ». Les onze leçons suivantes s’intéressent aux figures égales, symétriques et proportionnelles, puis aux surfaces et aux solides de différentes natures. Le cours dédié au cylindre mobilise des exemples relatifs à la construction des machines à vapeur ; celui sur les « surfaces développables, surfaces gauches » est illustré par les ouvrages du carrossier ; celui sur les « surfaces de révolution » traite de la surface annulaire de la roue. La place de choix donnée par Dupin à la géométrie révèle que le savant utilisait cette discipline comme langage principal pour transmettre aux auditeurs les connaissances mécaniques27. Une fois ce préalable posé, les quinze leçons de la deuxième année peuvent entrer dans le sujet principal, à savoir la mécanique appliquée. Dupin introduit le système général des mesures utiles à connaître (poids, longueur, temps, forces, mouvement des corps et vitesse). Il poursuit en s’intéressant principalement aux forces qui agissent sur les corps, sur le centre de gravité, sur les lois du mouvement et sur diverses machines simples, et les subordonne à plusieurs cas de figure, selon si l’on se trouve sur un plan fixe ou incliné. Les observations que Dupin a pu faire sur les chemins de fer en Grande-Bretagne lui fournissent des exemples très concrets à présenter à ses auditeurs. Les deux dernières leçons traitent des questions du frottement, de la pression et de la tension28. Pour finir, la troisième année est consacrée à l’explication de la « dynamie », définie comme la « science des forces motrices appliquées aux arts ». Dupin recense en quinze leçons les principales sources d’énergie utilisées dans la production industrielle. Il évoque en premier lieu la force musculaire de l’homme, et celle des animaux. Cinq leçons sont consacrées à l’hydraulique, contre une seule au vent. Enfin, les quatre dernières leçons relatent le fonctionnement et les usages de la machine à vapeur, qu’elle soit fixe ou mobile (locomotives et bateaux)29.
17Écrit dans un style alerte, manifestant à de nombreuses reprises une vraie dimension didactique, ce cours met systématiquement en relation des principes scientifique (géométrie, mécanique, physique) avec des applications industrielles concrètes. Il traduit l’attention portée par Dupin aux dernières évolutions technologiques. Des exemples sont choisis dans des secteurs en plein essor, marqués par une forte mécanisation, mais également dans des activités plus traditionnelles. Il est intéressant de constater que la machine à vapeur et ses applications viennent tout à la fin du cours, soulignant l’importance des notions à maîtriser avant d’aborder cette question. Le mode d’exposition demeure très littéraire, illustré de multiples exemples et de considérations touchant d’autres univers, comme l’économie, l’histoire ou la morale.
18L’absence d’archives ou de publications ne nous permet pas de connaître précisément l’évolution du cours de Dupin de la fin des années 1820 jusqu’au début des années 1860, si ce n’est que le professeur l’oriente vers la géométrie. Le développement du haut enseignement à partir de 1839 est l’occasion d’ouvrir un nouveau cours uniquement dédié à la mécanique appliquée. L’ordonnance du 26 septembre 1839 instaure en effet cinq nouvelles chaires d’enseignement : mécanique appliquée à l’industrie, géométrie descriptive, législation industrielle, agriculture et chimie appliquée à l’industrie (deuxième cours). La mécanique appliquée est confiée à Arthur Morin, alors capitaine d’artillerie30.
Un second cours de mécanique par le général Morin
Né à Paris en 1795, Arthur Morin passe une partie de son enfance à Florence, avec sa mère, dame d’honneur de la princesse Élisa (1777-1820), sœur de Napoléon Bonaparte, Grande-Duchesse de Toscane. Après des études au Collège Sainte-Barbe, il intègre l’École polytechnique en 1813, mais se fait licencier en 1816 dans le contexte réactionnaire des débuts de la Restauration. Il entre ainsi à la papeterie d’Essonnes d’où il est rappelé en 1817 à Polytechnique, avant de rejoindre l’École d’application du génie de Metz. Nommé capitaine en 1829 après quelques années dans l’armée, Morin est attaché la même année à l’École de Metz comme adjoint au professeur de machines, Jean Victor Poncelet (1788-1867). Au contact de l’éminent professeur, connu pour ses recherches sur l’hydraulique, Morin conduit des travaux fondamentaux sur les frottements, sur la chute des corps ou sur la dynamométrie31. Désireux de venir à Paris, Morin est nommé en juin 1839 à la direction des Poudres. Soutenu par Poncelet, il obtient la même année la nouvelle chaire de mécanique appliquée aux arts du Conservatoire des arts et métiers32. De 1839 à 1854, Morin assure l’enseignement de la mécanique appliquée. Nommé par le Prince-Président Louis-Napoléon Bonaparte en 1849 administrateur du Conservatoire, en remplacement de Claude Pouillet, puis, en 1854, directeur de l’établissement, Morin s’éloigne de sa charge d’enseignement pour se consacrer à l’administration de l’institution33.
19Nous connaissons le contenu des cours de Morin au Conservatoire à travers les différents volumes de ses Leçons de mécanique pratique, dont la première édition a été publiée entre 1846 et 1853. Le premier volume s’ouvre par un avant-propos dans lequel Morin détaille sa démarche :
« La première partie de cette publication contient les leçons que, chaque année, je suis obligé de faire pour exposer les principes élémentaires de la mécanique appliquée, et les résultats généraux et fondamentaux d’expériences sur les principales résistances passives. Je ne pouvais mieux faire, pour cette exposition de principes, que de suivre la marche adoptée depuis long-temps avec tant de succès par mon savant confrère M. Poncelet, dont je m’honore d’avoir été l’élève et d’être l’ami. Aussi ai-je emprunté la plupart des démonstrations à son Introduction à la mécanique industrielle et à ses Leçons aux ouvriers messins. Quinze leçons au plus sont consacrées à ces notions fondamentales […].
Pour moi, dont le but unique est d’être utile aux ingénieurs praticiens et à ceux de mes camardes qui sont chargés d’établir les usines de l’artillerie, je me suis principalement attaché à la partie pratique et usuelle ; et si je suis parvenu à rendre faciles les applications de la mécanique aux besoins de l’industrie et des services publics, je supporterai facilement le reproche qui pourrait m’être fait d’avoir donné trop peu de développement à la partie scientifique34. »
20Reprenant une démarche proche de celle de Charles Dupin, Morin consacre les vingt leçons de la première partie de son cours à six grandes thématiques générales, éléments théoriques préalables à l’étude de la mécanique appliquée. Le cours s’ouvre sur « la mesure des quantités qui entrent comme éléments dans les calculs des effets mécaniques », c’est-à-dire sur les unités à connaître pour mesurer une aire et la durée du temps, l’utilisation du pendule appliquée à la mécanique, le mouvement et la vitesse. Les leçons consacrées aux forces abordent les questions relatives à l’inertie, à la mesure des forces et du travail, au transport horizontal des fardeaux, au principe de la bielle-manivelle, aux ressorts et aux effets de la dilatation et de la contraction. Morin poursuit avec la description des appareils de mesure du travail, touchant les dynamomètres qu’il connaît bien, mais aussi les planimètres, les mesures des pressions, les chocs des corps et les différentes lois du mouvement35. Vient ensuite un ensemble sur la résistance passive dans les machines, principalement consacré aux frottements et à leurs conséquences. Morin traite par la suite de la raideur des cordes puis du tirage des voitures et de son effet sur les routes. La deuxième partie du cours est dédiée à l’hydraulique (aspects théoriques de l’hydraulique, moteurs hydrauliques et installations des usines hydrauliques)36. Enfin, comme Dupin avant lui, Morin poursuit avec une partie entièrement consacrée à la machine à vapeur. L’ouverture de ce troisième opus des Leçons de mécanique pratique comporte un avant-propos où Morin définit le périmètre de son cours :
« Il existe un grand nombre d’ouvrages et de publications périodiques dans lesquels la disposition, le jeu, le mode d’action des divers systèmes de machines à vapeur, sont décrits avec soin et représentés avec tous les détails nécessaires. Cette partie de l’enseignement du Conservatoire des arts et métiers est d’ailleurs comprise dans le cours de physique, et, par ces différents motifs, il m’a paru que, dans la rédaction de mes leçons sur les machines à vapeur, je pouvais admettre que mes lecteurs connaissaient le jeu et le mécanisme des principales pièces qui les composent, et ne traiter que des règles à suivre pour calculer les effets de ces moteurs, pour les proportionner afin d’obtenir un effet donné, et pour assurer à leur marche une régularité convenable dans tous les cas.
Ces leçons ne sont que le développement de deux Mémoires que j’ai présentés le 23 octobre 1843 à l’Académie des sciences sur le même sujet, et elles ont été depuis professées, à diverses reprises, au Conservatoire des arts et métiers37. »
21Les dix-neuf leçons couvrent huit grands thèmes. Morin débute par le rappel de notions physiques relatives aux gaz et aux vapeurs, où il détaille notamment les propriétés caloriques du bois et du charbon, le fonctionnement de la chaudière de James Watt, la relation entre température et pression. Il s’intéresse ensuite au travail dévelop. par la machine à vapeur, en particulier avec tout ce qui touche à la détente et à la compression. À travers des exemples de chaudières de machines fixes, de navires et de locomotives, il met à l’épreuve les éléments théoriques et les hypothèses formulées en début de cours et s’attache à une longue comparaison des résultats de l’observation et de l’expérience avec ceux des formules. Morin pousse ensuite le détail en décrivant les proportions des organes de différentes machines à vapeur, comme les volants d’inertie, les pompes, les réservoirs d’eau, les grilles et surfaces de chauffe, la cheminée ou les pistons, et en s’intéressant à la consommation d’eau et de combustible. Il enchaîne avec un cours dédié à la distribution puis termine en évoquant le moment d’inertie à donner aux volants des machines à vapeur. Morin publie en 1850 un quatrième volume des Leçons de mécanique pratique consacré à la question de la cinématique. Le sous-titre indique que l’ouvrage se destine aux élèves des écoles d’arts et métiers plutôt qu’aux auditeurs du Conservatoire. On est ici dans un registre plus théorique quant au mouvement, entrant dans de nombreux détails sur les différents types de transformation du mouvement38. Le cours de mécanique pratique s’achève avec la parution, en 1853, d’un volume sur la résistance des matériaux, au sein duquel Morin traite de l’extension et s’intéresse à la résistance du fer, de la fonte, des cylindres et des sphères, des tôles et de leurs assemblages, du bois ou encore des câbles, et aborde l’élasticité et la rupture. Il passe ensuite à la résistance des corps solides à la compression, puis à la flexion et enfin à la torsion39.
22Le cours de mécanique appliquée de Morin est un enseignement des machines. Comme Dupin avant lui, Morin aborde en premier lieu des éléments très généraux et théoriques, puis progresse vers des notions plus complexes, la machine à vapeur venant clore un cycle en trois parties. Comme son aîné, il privilégie de nombreux exemples concrets pour illustrer la partie plus théorique du cours, même si l’enseignement ne mobilise que très peu les formules mathématiques abstraites. Cela dit, Morin se fend d’un véritable exercice de mise en perspective en se livrant à la comparaison des calculs théoriques et des résultats d’expériences sur le terrain qu’il a pu collecter grâce à ses relations avec le monde industriel ou en constituant une vaste bibliographie. Cet enseignement pratique mêlant théorie et applications est une originalité du Conservatoire et se démarque des cours de l’École polytechnique ou de l’École centrale40. Morin s’adresse ici à un autre type de public, comme l’atteste le style simple, direct et efficace qu’il adopte.
23On relève une place de choix pour les expériences et l’interprétation de leurs résultats. Nous avons vu que les chaires d’enseignement étaient pourvues d’un laboratoire, et Morin met à profit l’équipement à sa disposition pour conduire de nombreuses expériences. En 1844, il sollicite un crédit spécial de 2000 francs pour mener à bien des expériences sur les machines à vapeur et les locomotives41. Le Conseil de perfectionnement apporte un soutien d’une seule voix à Morin :
« Le Conseil a apprécié toute l’importance des recherches auxquelles M. Morin désire se livrer sur les machines à vapeur et sur les chemins de fer ; tous les membres du Conseil sont pénétrés de l’avantage inapréciable [sic] qu’il y a pour leur enseignement à avoir la possibilité non seulement de constater les progrès des sciences appliquées, mais encore de contribuer eux-mêmes à ces progrès par leurs propres recherches. Pour le cas particulier dont il s’agit aujourd’hui, le conseil pense à l’unanimité que M. Morin doit être autorisé à faire ses expériences ; il regrette qu’il ne vous ait pas été possible de faire en dehors du Budget du Conservatoire la dépense qu’elles exigeront ; cette année les fonds destinés à l’acquisition des modèles ont déjà été restreints par diverses causes, ce qui est d’autant plus fâcheux que l’exposition des produits de l’Industrie nous donnera l’occasion et presque la nécessité de faire des dépenses extraordinaires42. »
24De la même manière, Morin milite pour la communication des résultats de ses recherches dans une publication du Conservatoire, et suggère dès 1844 la création d’un périodique propre à l’établissement43. Il faut néanmoins attendre 1860 pour que soient publiés les premiers numéros des Annales du Conservatoire impérial des arts et métiers. L’aboutissement de la démarche de Morin se trouve toutefois dans la mise en place d’un laboratoire expérimental de mécanique. Celui-ci est évoqué devant le Conseil de perfectionnement alors même que Morin n’a pas encore été nommé officiellement administrateur du Conservatoire : il s’agit de transformer l’église en laboratoire, en y installant des machines à vapeur, des appareils dynamométriques et en mettant à profit la hauteur de l’ancien clocher pour réaliser des expériences sur l’hydraulique. « Ces moyens nouveaux joints à l’ouverture de la galerie du Portefeuille industriel accroitraient de beaucoup les services que le Conservatoire rend déjà à l’industrie et mettraient à même d’utiliser ses ressources44. »
25Le laboratoire remplit une double mission selon Morin : il permet de réaliser des expériences et de mettre l’expertise du Conservatoire au service de l’industrie. Les pouvoirs publics (ministères et Ville de Paris), des groupes industriels ou des compagnies ferroviaires sollicitent ainsi l’établissement pour mener à bien des expériences, en particulier sur la résistance des matériaux45. Il doit aussi être disposé comme un lieu de démonstration, où le public peut venir découvrir le fonctionnement des machines et l’organisation idéale d’une usine. Dans une lettre de 1849, Morin fait explicitement référence aux mots de Charles Jean Marie Alquier à propos de la « science parlière », et défend le projet d’un laboratoire couplé à un amphithéâtre dans lequel le public assisterait aux expériences, le tout étant installé dans l’ancienne église46. Le manque de place ne permet finalement pas d’établir l’amphithéâtre, mais l’église demeure bien un laboratoire et une « salle des machines en mouvement » ouverte certains jours au public qui peut ainsi s’émerveiller devant le spectacle des machines. Morin prévoit dès 1850 le recrutement d’un ingénieur chargé des expériences et des démonstrations dans le laboratoire47 ; c’est Henri Tresca qui est embauché pour seconder Morin dans la mise en œuvre de ce projet puis pour les cours de mécanique appliquée.
26Morin occupe une place centrale dans l’histoire du Conservatoire des arts et métiers au xixe siècle. Son ascension au sein de l’établissement est remarquable : professeur en 1839, il est soutenu par l’ensemble de ses collègues comme nous l’avons vu en 1844. La Révolution de 1848 et la journée du 13 juin 1849 mettent à mal la position de Claude Pouillet, alors administrateur, révoqué par décret présidentiel le 15 juin48. Morin est nommé par décret administrateur le 17 octobre de la même année49. Il entame alors un « règne » de près de trente ans, entrecoupé par le court directorat de Théodore Olivier en 1852-1853 alors que Morin doit reprendre son service militaire50.
Henri Tresca, bras droit de Morin
Né en 1814, Henri Tresca fait de brillantes études, passe par le collège royal Louis-le-Grand et est admis en 1833 à l’École polytechnique. Relativement bien classé, il choisit l’École des ponts et chaussées en 1835 et entame une carrière d’ingénieur de l’État. Des difficultés familiales le contraignent à démissionner en 1841 et à mener une carrière d’ingénieur civil, déjà initiée dès 1837 en réalité dans une usine de fabrication d’acide stéarique. Nommé en 1851 inspecteur des machines à l’Exposition universelle de Londres par la Commission française, il fait sans doute connaissance à cette occasion d’Arthur Morin, membre du jury et professeur de mécanique au Conservatoire51.
27En 1852, Morin obtient la nomination de Tresca comme ingénieur du Conservatoire, poste spécialement créé pour lui52. Tresca s’occupe de la mise en place du laboratoire expérimental de mécanique voulu par Morin dans l’ancienne église prieurale. Il peut dès lors commencer l’étude des machines et offrir aux inventeurs des moyens pour expertiser leurs travaux. Il assure l’intérim de la direction du Conservatoire en 1853 suite à la disparition de Théodore Olivier53. Par décret du 24 décembre 1853, il devient vice-président du Conseil de perfectionnement. L’arrêté du 10 avril 1854 le nomme sous-directeur du Conservatoire54. Lors de la séance du 30 octobre 1854, le Conseil de perfectionnement le propose pour suppléer Morin dans ses fonctions d’enseignement55. Le 23 décembre 1856, Tresca est nommé titulaire de la chaire de mécanique56. Menant une carrière mêlant enseignement technique (au Conservatoire, à l’École centrale et à l’Institut agronomique57) et expertise scientifique (il est d’ailleurs récompensé par le prix Montyon de l’Académie des sciences), il est membre de la Société des ingénieurs civils (1853), de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale (1855) et de la Société nationale d’agriculture (1876)58.
28Le cours de mécanique appliquée d’Henri Tresca s’inscrit dans la continuité de celui d’Arthur Morin. Cela n’a rien d’étonnant, les deux hommes travaillent la main dans la main au Conservatoire, Tresca étant, d’une certaine manière, le « bras droit » de Morin, comme l’atteste sa position de sous-directeur59. La seconde édition du volume des Leçons de mécanique pratique consacrées à la machine à vapeur, en 1863, souligne la forte collaboration entre les deux hommes. Tresca a pris en charge la rédaction de l’ouvrage, préfacé par Morin :
« Depuis l’année 1842, où je publiai les Leçons de mécanique pratique sur les machines à vapeur [sic], que j’avais professées au Conservatoire des arts et métiers, des circonstances diverses et les devoirs de mon service militaire m’ont continuellement empêché de me livrer aux études et aux recherches nombreuses qui eussent été nécessaires pour tenir cette partie de l’enseignement de la mécanique appliquée au niveau des progrès de la science et de l’industrie. Aussi, quoique l’édition de cet ouvrage fût épuisée depuis plusieurs années, je n’aurais, de longtemps, été à même d’en publier une seconde digne d’être offerte aux ingénieurs, si je n’avais trouvé, dans mon successeur à la chaire de mécanique appliquée, M. H. Tresca, sous-directeur du Conservatoire des arts et métiers, le collègue le plus dévoué et le plus capable de mener à bonne fin ce travail considérable et difficile.
Cédant à ma prière […], il a consenti à se charger de la rédaction complète de l’édition que nous publions aujourd’hui en commun60. »
29Le ton et les propos de Morin soulignent la complicité des deux hommes et le respect dans lequel le général tenait son plus proche collaborateur.
30La courte introduction au volume se borne à rappeler la place de la machine à vapeur dans le développement industriel, et fixe le propos général du cours :
« Nous nous sommes proposé […] d’examiner, dans un ordre méthodique, et surtout en nous appuyant sur les faits les mieux constatés, l’influence que peut exercer, sur l’effet général, chacune des parties dont se compose l’ensemble d’une machine à vapeur. […]
« Dans ce premier volume de ces études, nous considérons surtout les chaudières à vapeur dans leur mode général de fonctionnement et dans les lois physiques qui y président61… »
31Le cours est divisé en huit grands chapitres qui abordent des questions théoriques sur la production de la vapeur, présentent les différents types de chaudières alors employés et mettent en évidence les résultats d’expériences pratiques. Le premier chapitre, « Gaz et vapeur », se veut une introduction générale sur les propriétés de la vapeur, la tension de la vapeur, la dilatation et la densité des gaz et de la vapeur, la chaleur nécessaire à la formation de la vapeur et l’action mécanique de la vapeur. Tresca mêle habilement lois théoriques, résultats d’expériences et exemples concrets. Il poursuit avec la question des combustibles et de leur pouvoir calorifique, si essentielle en France où l’absence de charbon à haut pouvoir calorifique, contrairement à la situation de l’Angleterre ou de la Belgique, a stimulé de nombreuses innovations dans la machine à vapeur62. L’auteur s’intéresse à la combustion et à ses produits, à la quantité de chaleur dégagée selon les combustibles utilisés. Il se propose de lister différents combustibles en fonction de leur valeur calorifique et de leur emploi dans l’industrie. Le troisième chapitre est plus descriptif et présente différents systèmes de chaudières à vapeur. Après quelques éléments généraux sur la machine à vapeur, Tresca distingue les chaudières à foyer extérieur, les chaudières à foyer intérieur, les chaudières tubulaires, les chaudières à tubes accessibles, les chaudières à circulation rapide et, enfin, les chaudières chauffées au gaz. Il mobilise là encore moult exemples, choisis avec soin grâce à sa bonne connaissance du monde industriel et aux collections du Conservatoire. La transition vient naturellement avec le chapitre suivant, dans lequel Tresca expose le développement et l’utilisation de la chaleur dans les foyers des chaudières à vapeur. Il traite d’abord d’éléments théoriques, comme la production de la chaleur, la consommation de l’air et la génération de gaz, ou l’utilisation de la vapeur. Il rend compte ensuite d’expériences relatives à la vaporisation produite par les diverses parties de la surface de chauffe, et termine avec l’« influence des autres circonstances de la pratique des ateliers », c’est-à-dire sur l’importance des savoir-faire et de la pratique dont la connaissance pourrait « suppléer à l’insuffisance de nos connaissances théoriques sur les lois de la transmission de la chaleur63 ». Le cinquième chapitre est entièrement dédié à une question d’importance, à savoir les causes des pertes de chaleur dans les fourneaux des chaudières à vapeur. Outre une dimension théorique, ce passage révèle la prise en compte des notions de productivité, de coûts de production et de rentabilité qui sont inhérentes à l’emploi de machines à vapeur performantes. Le sixième chapitre propose un large éventail de résultats d’expériences sur divers types de chaudières à vapeur. Après un préalable sur la machine à vapeur comme objet d’étude, où sont décrits plusieurs protocoles expérimentaux notamment sur la vaporisation, Tresca expose les résultats d’expériences réalisées sur des chaudières tubulaires ou non, sur des chaudières employées pour des machines fixes, des locomobiles, des locomotives et des bateaux. Le volume s’achève avec la distinction des principaux types de chaudières et de leurs propriétés.
32Ce volume, entièrement dédié à la machine à vapeur, permet d’entrevoir quel a été l’enseignement de Tresca. Comme l’a montré K. Chatzis, Tresca s’inscrit dans la continuité du cours de Morin, dont il garde le cadre général tout au long de sa carrière64. Les sommaires des leçons conservés dans les archives révèlent un découpage somme toute assez proche du cours général, adapté toutefois aux évolutions récentes de la discipline et aux apports des expositions industrielles. Ainsi, sur le cycle de trois ans durant lequel se développe son enseignement, Tresca introduit les questions relatives aux machines-outils, à ses travaux sur l’écoulement des corps solides et, bien sûr, sur la machine à vapeur65. « Pendant les dix dernières années, Mr Tresca n’a pas suivi dans son cours une rotation absolument déterminée : deux des années scolaires ont été en outre consacrées à des exposés relatifs aux appareils & machines ayant figuré à Vienne en 1873 & à Paris, en 187866. »
Joseph Hirsch
33Après le décès d’Henri Tresca en 1885, la chaire de mécanique devenue vacante est maintenue à l’unanimité des votes du Conseil de perfectionnement : « Le maintien de cette chaire si essentielle et liée si profondément par le souvenir même des hommes éminents qui l’ont occupée, à l’Histoire scientifique du Conservatoire, ne pouvait faire question et votre vote unanime l’a ratifié67. » Polytechnicien, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Joseph Hirsch a derrière lui une carrière de vingt-cinq ans consacrée aux travaux publics, à l’hydraulique et surtout à la machine à vapeur. Il s’est intéressé à la théorie de la chaleur sur laquelle il a publié un article récompensé par la médaille d’or annuelle des Ponts et Chaussées. Impliqué dans les milieux savants, il est rapporteur de la Classe 54 (mécanique générale) à l’Exposition universelle de 1878, dont le volume édité en 1883 a été salué par les savants et les industriels, et publie des communications dans les Annales des Ponts et Chaussées, le Bulletin de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale ou encore la Revue scientifique. Sa grande spécialité demeure la machine à vapeur à laquelle il consacre l’essentiel du cours de machines qu’il professe depuis 1876 à l’École des ponts et chaussées. Le rapport de la commission présidée par Charles de Comberousse (1826-1897), titulaire de la chaire de génie rural et ancien ingénieur ferroviaire, se révèle élogieux :
« L’analyse […] montre en M. Hirsch un ingénieur rompu aux difficultés de son art et aussi habile que consciencieux, un Professeur en pleine maturité, un écrivain scientifique remarquable.
Il est seul candidat ; mais cette circonstance particulière ne dépend ni de lui, ni du Conservatoire. Elle ne saurait préjudicier aux intérêts d’un grand établissement, entraver les besoins de son enseignement et retarder une détermination nécessaire. […]
Il n’est peut-être pas inutile de faire remarquer ici que la théorie et la pratique de la Machine à vapeur constituent une des parties capitales du cours de Mécanique68. »
34La nomination est proposée dans la foulée au ministère de tutelle, et officialisée au début de l’année 188669.
35L’absence de cours publiés ou de sommaires détaillés ne permet pas de connaître avec précision le contenu de l’enseignement de Hirsch. L’étude du cours sur les machines à vapeur professé à la même époque à l’École des ponts et chaussées révèle une structure proche de celle que Morin et Tresca avaient définie et suivie. Hirsch décrit en effet les principaux organes de la machine à vapeur et enchaîne avec quelques éléments plus théoriques relatifs à certaines notions de mécanique (travail, frottement, résistance), sur les propriétés physiques des fluides et sur la théorie mécanique de la chaleur. Il s’arrête ensuite sur le mode d’action de la vapeur dans les machines, propose des règles pratiques pour le calcul des machines à vapeur, puis détaille certains organes (distribution, volants et éléments constitutifs, cheminées, chaudières et accessoires)70. Il présente la question de la combustion et du combustible, et expose différents types de machines (notamment des locomotives et machines pour la navigation). Rappelons avant toute chose que le cours de l’École des ponts et chaussées n’est pas destiné au même public que celui du Conservatoire. On peut supposer que Hirsch a procédé à une adaptation, mettant davantage en avant des exemples pratiques et des résultats d’expériences plutôt que des points trop théoriques, plus adaptés à des élèves ingénieurs qu’aux auditeurs des Arts et Métiers.
Les autres enseignements techniques du Conservatoire
36Outre le cours de mécanique qui, nous l’avons vu, laisse une place importante aux machines, d’autres enseignements à caractère technique sont proposés par l’établissement et peuvent concerner, de près ou de loin, les chemins de fer. Charles Dupin avait fait évoluer le cours de mécanique vers un cours de géométrie appliquée. En 1864, Aimé Laussedat est désigné pour être son suppléant : « Il [Laussedat] se propose de traiter, cette année, des matières suivantes : triangulations ; mesure des bases ; opérations de détail, opérations cadastrales ; étude du terrain au point de vue des grands travaux d’utilité publique ; méthodes régulières en usage dans les différents services ; méthodes expéditives ou simplifiées ; rapports de la topographie avec la géographie71. » Il remplace finalement Dupin à partir de 1873. Le programme qu’il propose à l’époque aborde la géométrie plane, la trigonométrie et la géométrie dans l’espace (première année), la géométrie des sphères appliquée notamment à l’astronomie (deuxième année) et enfin la géométrie des courbes (troisième année). On retrouve dans plusieurs leçons des illustrations très concrètes de la géométrie appliquée, entre autres dans les travaux publics.
37D’autres cours techniques viennent enrichir l’enseignement du Conservatoire. Claude Pouillet devient, en 1829, le premier titulaire d’une nouvelle chaire de physique s’appuyant sur l’exceptionnel cabinet hérité en partie de Jacques Alexandre Charles (1746-1823) et présentant notamment des questions relatives à la chaleur, au magnétisme, à l’optique, à l’électricité ou aux gaz. Pouillet s’est intéressé aux chemins de fer selon deux points de vue : d’abord, la locomotive à vapeur lui a permis d’expliquer le fonctionnement de la machine à vapeur à haute pression et d’illustrer comment on pouvait tirer le meilleur parti de la force d’expansion de la vapeur ; ensuite, avec la télégraphie électrique, dont on retrouve les premières liaisons le long des lignes ferroviaires72. La géométrie descriptive fait partie des cinq chaires créées en 183973. L’enseignement original est confié à Théodore Olivier, également répétiteur à l’École polytechnique et impliqué dans la fondation de l’École centrale en 182974. S’intéressant à la résolution graphique des intersections et d’ombres entre volumes, cette discipline inventée par le Français Gaspard Monge (1746-1818) apporte des solutions utiles aux tailleurs de pierres, aux charpentiers mais également aux métiers chargés d’usiner et d’utiliser des feuilles de métal. Ajoutons enfin le cours de constructions civiles, créé en 1854 et confié au centralien Émile Trélat (1821-1907) jusqu’en 189575, où sont abordés les travaux publics et la construction des infrastructures, notamment des chemins de fer76.
38Le haut enseignement comprend ainsi, dès le milieu du xixe siècle, un ensemble de cours généraux touchant de très nombreuses applications des sciences à l’industrie. Les leçons combinent aspects théoriques et pratiques, et révèlent l’attention du corps professoral pour l’actualité de la recherche. À cela s’ajoute un ensemble d’enseignements à caractère économique et juridique sur lequel il convient à présent de se pencher.
Les cours d’économie industrielle et politique
La création du cours par Jean-Baptiste Say
39Nous avons vu que Charles Dupin avait été la véritable cheville ouvrière de la conception et de la mise en place du haut enseignement du Conservatoire. Comme le souligne Robert Fox, Jean-Baptiste Say et Nicolas Clément étaient engagés à ses côtés pour définir le contenu des cours77. Say était proche de Louis Jacques Thénard, membre du comité désigné par le ministre Decazes pour étudier la mise en place des cours du Conservatoire. Say et Thénard échangèrent leurs points de vue en 1818 : Say revendique ainsi un enseignement « d’économie politique expérimentale » destiné aux « entrepreneurs de manufactures », « aux chefs plutôt qu’aux simples ouvriers ». Il s’agit, pour le professeur, d’expliquer les mécanismes permettant de créer de la richesse aux fabriquants français afin de contribuer à la prospérité économique du pays. « Les sciences peuvent donner des produits admirables pour prouver jusqu’où va l’intelligence de l’homme ; sans consulter l’économie industrielle, elles ne peuvent rien faire pour son aisance, c’est-à-dire pour son bonheur. Les autres musées peuvent se borner à offrir, aux frais de l’État, de belles collections à la curiosité publique ; celui où l’on se pique de diriger l’instruction vers l’utilité, doit, de plus, montrer comment l’utilité est produite78. »
40Les voyages que Say a faits en Angleterre au début du xixe siècle79, sa conviction quant à l’importance de la science pour exploiter les ressources de la nature et son engagement en faveur de l’instruction et de l’enseignement viennent appuyer ses positions libérales. Il voit l’économie politique comme l’indispensable complément aux enseignements plus utilitaires de la mécanique et de la chimie, soulignant la nécessité de prendre en compte la dimension économique, sociale et politique du contexte général. La leçon inaugurale du cours, le 2 décembre 1820, le confirme : « La mécanique et la chimie vous montrent tout ce que vous pouvez faire ; l’Économie industrielle vous montrent [sic] ce qu’il vous convient de faire80. » Say distingue ce qu’il nomme la « technologie81 » des sciences :
« Il y a dans les arts des procédés qui ne conviennent qu’à un seul art en particulier, et même quelquefois à un seul procédé d’un art qui en emploie successivement plusieurs. […] Les préceptes de ce dernier genre font partie de la technologie, de l’enseignement pratique des arts et métiers ; et il y a une technologie pour chaque art en particulier, car les préceptes de l’art du fileur de coton ne peuvent pas servir pour l’art du charpentier. Or la technologie, la connaissance de chaque art en particulier, ne peut s’apprendre que dans les ateliers ; et le premier conseil qu’il faut donner à ceux qui veulent s’y rendre habiles, est de mettre le tablier et d’exercer eux-mêmes. Mais cette condition n’est pas la seule.
Tous les procédés des arts sont fondés sur quelque loi de la nature ; et ces lois, bien connues, sont applicables à plusieurs genres d’industrie. […] Si je veux me rendre habile dans un art, il est utile pour moi de connaître les lois naturelles qui peuvent me servir, ou m’être contraires. C’est cette connaissance des lois de la nature qui constitue la science. Or la science que l’on ne peut point apprendre dans les ateliers, est très-susceptible d’être enseignée dans une école. Celle-ci est destinée à répandre la partie des sciences qui est plus particulièrement susceptible d’application aux arts industriels82. »
41Say précise ici un point essentiel sur la philosophie du haut enseignement au Conservatoire : il ne s’agit pas de se substituer à la transmission des savoir-faire telle qu’elle se pratique dans les ateliers et les manufactures ; la tâche serait d’ailleurs bien trop vaste compte tenu des multiples développements de l’industrie déjà visibles à l’époque. Le Conservatoire doit proposer des éléments plus généraux sur les sciences à travers leurs applications à l’industrie, selon une vision de la technologie comme « science des arts ». L’économie industrielle permet alors d’affiner les connaissances nécessaires à mobiliser et ajoute une dimension également très pratique sur les moyens à mettre en œuvre pour produire et commercialiser :
« Un savant chimiste ou mécanicien, lorsqu’il est versé dans l’économie industrielle, vous donnera des vues de détail extrêmement utiles pour la préférence qu’il convient d’accorder à un procédé sur un autre ; il vous dira que celui qui sera le plus nouveau, qui vous paraîtra le plus curieux, même le plus expéditif, ne sera pas toujours celui qu’il convient de préférer, soit parce qu’il exige des mains trop exercées, soit parce qu’il est trop hasardeux, soit parce que les frais de transport dans certaines localités emportent tout l’avantage qu’on pourrait recueillir de la découverte. Ce sont là des vues, non pas de mécanique, ni de chimie, ce sont des considérations industrielles très-précieuses sans doute ; et je ne crains pas d’affirmer qu’un mécanicien, qu’un ingénieur, qui possèdent des connaissances économiques, ont un grand avantage sur celui qui ne possède bien que son art83. »
42Le cours d’économie de Jean-Baptiste Say reçut le nom de cours « d’économie industrielle » en lieu et place de l’expression « économie politique », habituellement employée. Les personnalités libérales de Dupin ou de Say étaient en effet perçues avec méfiance par les gouvernements et la Cour sous la Restauration, et le changement de qualificatif visait à limiter les craintes vis-à-vis de la discipline84. Après avoir publié plusieurs éditions de son Traité d’économie politique, Say envisagea de faire paraître les cours donnés au Conservatoire dans un ouvrage encore plus complet et abouti. Le Cours complet d’économie politique pratique, édité à partir de 1828, constitue donc notre principale source pour connaître le contenu de l’enseignement de Say au Conservatoire. Le cours aborde les principales questions soulevées par les économistes « classiques » du premier tiers du xixe siècle, à savoir la création des richesses (à travers les notions d’offre et demande, et la description des principaux secteurs industriels), l’application des principes de l’économie politique aux diverses industries, les échanges et la monnaie, l’influence des institutions sur l’économie, la distribution des revenus, la démographie, la consommation et les finances publiques.
43L’enseignement de Jean-Baptiste Say, de par son contenu et sa présence au sein même du Conservatoire, renforce la position de l’établissement en faveur du machinisme et de l’industrialisme tels qu’ils existent en Angleterre85. Comme le note Francis Demier, Say a fait de l’enseignement d’économie politique du Conservatoire un « pôle majeur de l’élaboration d’un libéralisme économique “à la française”86 ». Le décès de Say laisse la chaire d’économie industrielle vacante à la fin de l’année 1832. C’est l’un de ses disciples qui lui succède quelques mois plus tard.
Jérôme Adolphe Blanqui
44Fils du député de la Convention Jean Dominique Blanqui (1757-1832), et frère aîné du révolutionnaire Louis Auguste Blanqui (1805-1881), Adolphe Blanqui s’inscrit dans la tradition de l’économie libérale. Il fait la connaissance de Jean-Baptiste Say à l’Institution Massin. Ce dernier favorise sa nomination comme professeur à l’École spéciale de commerce de Paris en 1825, et Blanqui succède à Say en 1833 à la chaire d’économie politique du Conservatoire87. Nous connaissons la perception que Blanqui pouvait avoir du Conservatoire très peu de temps après sa nomination :
« Le Conservatoire des arts et métiers, ainsi que l’indique son nom, est un établissement public consacré à la propagation des sciences utiles à l’industrie. Les sciences y sont encouragées par la double influence d’un enseignement spécial et d’une riche collection de modèles, dont tous les citoyens peuvent profiter gratuitement, les dépenses de l’établissement étant supportées par l’état [sic]. […] Le gouvernement a enfin accordé depuis peu de temps des sommes considérables, dont l’administration du Conservatoire a fait un emploi très judicieux ; de magnifiques modèles des meilleures machines nouvelles ont été construits sous la direction de M. Leblanc, professeur de dessin linéaire et conservateur des galeries, et l’on s’occupe d’en faire, en ce moment, une collection qui sera fort remarquable. Des dessins nombreux, exécutés sur une grande échelle, suppléeront aux pièces dont il eût été difficile de fournir des modèles, et faciliteront beaucoup les études industrielles. […] Un jour viendra sans doute où l’enseignement de la mécanique fera partie de toutes les études de la jeunesse, à l’instar des admirables écoles qui ont produit en Angleterre de si grands ingénieurs et des ouvriers si habiles. Je le dis avec la conviction la plus profonde : tout l’avenir de notre industrie est là88. »
45Alors que Say vient d’être nommé au Collège de France, Blanqui apparaît comme le successeur naturel de son maître : « M. Blanqui remplace M. Say au Conservatoire. Il y enseigne l’Économie politique d’après les principes de son prédécesseur et de son maître, son système se confond avec celui de l’école anglaise et le nouveau professeur aborde avec assurance les doctrines créées et émises par un grand nombre d’économistes distingués de notre époque89. » Offrant un style moins formel que celui de Say, laissant davantage la place à l’improvisation et proposant de nombreux exemples, Blanqui établit un cours vivant cherchant à désacraliser la théorie90. Son cours connaît un succès certain dès 1834, où il attire un « nombreux auditoire91 », enthousiaste : « M. Blanqui a ouvert son cours le 24 novembre, comme les années précédentes, la salle du Conservatoire se trouvait presque trop étroite pour l’assistance. L’entrée de M. Blanqui a été saluée par de longs et unanimes applaudissements ; cet accueil est une nouvelle preuve de l’influence que ce professeur exerce sur ses auditeurs. Elle lui est du reste acquise à juste titre, et par l’étendue de ses vues et par son improvisation facile, spirituelle, dégagée des dissertations sèches et arides92. »
46Si le nouveau professeur se place dans la continuité du cours de Say en focalisant son propos sur les richesses, il introduit très vite des notions qui traduisent son attention pour les changements économiques et sociaux qui s’opèrent depuis le début des années 1830. Blanqui est en effet témoin de la croissance agricole et industrielle qui marque le premier tiers du xixe siècle. Il identifie clairement les progrès dans l’industrie textile comme étant à la base de ce qu’il nomme la « révolution industrielle » et insiste, dans le cours qu’il professe au Conservatoire, sur l’importance de l’investissement des capitaux en faveur du progrès. Blanqui relate les fluctuations de l’époque, marquée par une croissance soutenue sans être exceptionnelle et des crises passagères (comme à la fin de la Restauration ou à la fin des années 1830) et il s’attache à comprendre les causes du paupérisme.
47Nous connaissons relativement bien le cours de Blanqui grâce à des sources imprimées et quelques documents conservés au Cnam. Les leçons des années 1837, 1838 et 1839 ont en effet été prises en note par Adolphe Blaise et publiées en trois volumes93. Les vingt-neuf leçons de l’année 1837 consistent en une introduction générale et abordent le crédit et les banques, les voies de communication, l’extraction de la houille et l’industrie métallurgique, le textile et le tissage, l’industrie sucrière et le commerce des ports de Marseille et de Bordeaux. Les quinze leçons de l’année 1838 abordent les questions sociales à travers le paupérisme ; Blanqui traite du capital et de la division du travail, approfondit les notions relatives aux banques, à la monnaie et au crédit et achève l’année en s’intéressant à l’agriculture. C’est ce dernier thème qui ouvre l’année 1839, qui comporte vingt-deux leçons. Blanqui y aborde les grandes et petites industries, l’organisation générale du commerce en France, les voies de communication et en particulier les chemins de fer, l’organisation des entreprises, la statistique et le budget.
48Le programme n’a pas connu de bouleversements fondamentaux quinze ans plus tard. Dans la présentation de son cours pour l’année 1853-1854, Blanqui rappelle que l’économie industrielle est « la collection des principes de l’Economie politique, incontestée et hors de controverse, appliqués à l’étude des trois grandes branches de la production : l’industrie agricole, l’industrie manufacturière, et l’industrie commerciale94 ». Le professeur aborde le travail, considéré comme élément de production, l’agriculture, le capital, les voies de communication et leur influence sur les prix de revient et sur les débouchés, la mécanisation de l’agriculture, le commerce, le crédit, les entrepôts et docks, les assurances, les valeurs mobilières et les travaux publics.
Les cours d’économie de la seconde moitié du siècle
49Après le décès de Blanqui en 1854, la chaire est confiée au polytechnicien Jules François Burat (1854-1885). Engagé dans un premier temps dans l’artillerie, Burat commença une carrière de publiciste et collabora à de nombreux organes de presse95. Sa nomination au Conservatoire en 1855 accompagna le changement de l’intitulé de la chaire en « administration et statistique industrielles ». Le cours est organisé en deux ans et traite de cinq grands ensembles : la production, la création de richesse et la classification des industries ; l’industrie agricole ; l’industrie manufacturière ; l’industrie commerciale, la monnaie et le crédit, les voies de communication ; la répartition des profits96. C’est un autre polytechnicien, Alfred de Foville (1842- 1913), qui est appelé en 1882 pour suppléer Burat. Spécialiste de la géographie des transports et de l’habitat, il devient titulaire de la chaire en 188597. Burat et Foville s’inscrivent dans la continuité du cours de Blanqui, traitant notamment des diverses activités économiques, des types d’entreprises, de la monnaie et de la banque. Burat aborde très régulièrement les voies de communication, et Foville leur consacre une part importante du cours à partir de 1882, s’intéressant à leur organisation, à leur fonctionnement et à leur rôle du point de vue économique98.
Le positionnement de l’enseignement du Conservatoire des arts et métiers vis-à-vis du secteur ferroviaire
50Le Conservatoire des arts et métiers n’a jamais compté de chaire qui soit entièrement consacrée aux chemins de fer. La question ferroviaire est en revanche très présente dans les cours de mécanique et dans ceux d’économie, comme nous le verrons plus loin. Avant d’aborder cette question de front, il nous faut déterminer quel était le positionnement du Conservatoire par rapport à d’autres établissements d’enseignement, de manière à comprendre à quels publics ses cours étaient destinés et en quoi ils pouvaient intéresser le monde ferroviaire.
51L’absence, au xixe siècle, de listes nominatives d’auditeurs, liée à la philosophie même de l’institution, qui forme sans condition de diplôme ou de nationalité, rend aujourd’hui difficile l’interprétation du haut enseignement. À l’exception de certains élèves de la Petite École, nous ignorons en effet qui étaient les auditeurs du Conservatoire. Charles Dupin semble s’adresser aux ouvriers tandis que Jean-Baptiste Say destine son cours au personnel encadrant. Les agents de la police secrète, dépêchés peu de temps après l’ouverture des cours, indiquent à propos des leçons de Dupin : « On y voit beaucoup de jeunes gens appartenant à des manufactures, quelques élèves en mathématiques, des jeunes gens attachés à l’école spéciale de commerce et des étudiants. On y remarque aussi quelques personnes qui semblent appartenir à la haute classe de la société99. » Les archives restent silencieuses pour la suite du siècle, et nous ignorons si le public des cours est resté aussi hétérogène. Pour mieux cerner l’apport des cours du Conservatoire des arts et métiers à l’industrie ferroviaire, nous allons tenter, par déduction, de voir en quoi ils se différencient des formations alors prodiguées aux ingénieurs et aux mécaniciens des chemins de fer.
La formation des ingénieurs des chemins de fer
52Les travaux initiés il y a une vingtaine d’années ont permis d’identifier précisément les formations des ingénieurs employés dans les compagnies de chemins de fer en France, à partir de la fin des années 1820100. Comme le rappelle Georges Ribeill, les ingénieurs des Mines sont les premiers à construire et à exploiter des chemins de fer en France. Que ce soit pour l’extraction des matières premières ou pour la maîtrise des machines à vapeur pour l’exhaure des eaux, les ingénieurs des Mines connaissent déjà les deux aspects fondamentaux du système technique ferroviaire. Ils sont en effet au fait du principe de la voie à établir et la locomotive n’est, en définitive, qu’une variété de machine à vapeur. Gabriel Lamé et Émile Clapeyron soulignent d’ailleurs, en 1833, à propos des ingénieurs des Mines : « Ce sont eux qui ont fait sentir les premiers en France l’utilité des chemins de fer101. » Pourtant, dès lors que se dessine le projet d’un réseau de voies ferrées à l’échelle du pays, ce sont les ingénieurs des Ponts et Chaussées qui se positionnent. Peut-être voient-ils d’un œil méfiant ce nouveau mode de transport venant concurrencer les réseaux dont ils ont la charge ? Toujours est-il que les corps des Mines et des Ponts et Chaussées manifestent un vif intérêt pour les chemins de fer et que les écoles formant ces ingénieurs proposent rapidement des cours où sont traitées les questions ferroviaires102. Chargés de superviser voire de diriger la construction et l’exploitation des lignes, ces ingénieurs peuvent également être débauchés par les compagnies ferroviaires. Ils entrent alors directement en concurrence avec les ingénieurs « civils », dont l’École centrale des arts et manufactures, ouverte en 1829, est la principale pourvoyeuse. G. Ribeill a étudié les carrières des ingénieurs dans les compagnies ferroviaires et a montré leur rôle de premier plan dans la constitution des états-majors. Les directions des compagnies et des services de l’exploitation, du matériel et de la traction, et de la voie sont en effet confiées à des ingénieurs. Les ingénieurs des Ponts et Chaussées sont les plus représentés, en particulier dans les fonctions de direction et dans les services de l’exploitation et de la voie ; les ingénieurs des Mines et les centraliens sont davantage présents au matériel et à la traction103. En ce qui concerne l’encadrement intermédiaire, un manifeste publié en mai 1850 dans le Journal des chemins de fer révèle la place de choix réservée aux anciens élèves des écoles d’arts et métiers comme « ouvriers, mécaniciens, dessinateurs, chefs de bureau et ingénieurs sur les chemins de fer104 ». Les compagnies ferroviaires constituent donc un débouché important pour ces élèves dans la seconde moitié du xixe siècle105.
Le cas des mécaniciens
53Avant d’aller plus loin, il faut s’arrêter un instant sur la définition du terme mécanicien, qui recouvre ici deux réalités. Le sens le plus courant au xixe siècle est celui de constructeur et réparateur de machines, chargé de la surveillance et du fonctionnement. On trouve des mécaniciens dans la plupart des industries mécanisées, y compris dans les chemins de fer pour ce qui touche à la construction et à l’entretien, notamment de la voie et du matériel. Mais dans l’univers ferroviaire, le terme mécanicien désigne également le conducteur des locomotives. L’analogie vient ici du fait que la locomotive est une machine à vapeur et que son pilotage s’apparente en premier lieu à la commande d’une machine à vapeur fixe. Il est en effet nécessaire de maîtriser des notions relatives à la vaporisation, à la pression ou la température pour conduire efficacement une locomotive. À cela s’ajoutent la connaissance d’une réglementation particulière, le respect de la signalisation et de consignes de sécurité inhérentes au chemin de fer, et l’acquisition de savoir-faire spécifiques.
54Cet ensemble de compétences a rendu le recrutement de mécaniciens, au sens de conducteurs de locomotives, particulièrement difficile dans les débuts des chemins de fer106. Les rares travaux relatifs à cette question rappellent que les premières compagnies avaient le choix de former elles-mêmes leurs mécaniciens, ou de faire venir de l’étranger, en particulier d’Angleterre, des mécaniciens déjà opérationnels capables de former d’autres mécaniciens. Plusieurs difficultés se posent toutefois aux compagnies : les mécaniciens étrangers qui viennent en France ne sont pas toujours les meilleurs ou les mieux formés, ils exigent des salaires élevés pour rester en France et ne font pas toujours preuve de pédagogie. On constate un fort débauchage entre les compagnies au milieu des années 1840 pour tenter de pallier le manque de mécaniciens alors que de nouveaux tronçons de lignes sont livrés à l’exploitation. La Compagnie du Paris-Orléans milite en faveur d’une école spéciale pour la formation des mécaniciens, dont la partie théorique serait prise en charge par une école d’arts et métiers, sans succès ; le PO demeure toutefois très bien organisé pour assurer la formation en interne de bons mécaniciens, qui font l’objet de tentatives de débauchage par les autres compagnies107.
55Généralement constituées sous le régime des sociétés anonymes, les compagnies ferroviaires se sont très fortement structurées pour mettre en place l’organisation la plus efficace et la plus fiable. Plusieurs modèles ont existé, variant d’une société à l’autre, évoluant entre la période d’établissement des premières lignes et celle d’exploitation de grands réseaux bien assis. On constate une grande variété dans l’organisation interne des compagnies, même si trois grandes divisions techniques reviennent généralement dans chacune d’elles. L’exploitation coordonne toutes les opérations ayant lieu en gare (manœuvres, gestion des voyageurs, des bagages et des marchandises…) et le mouvement des trains (circulations, régulation, composition des trains). Le matériel et la traction supervisent la construction, l’entretien et la gestion du « matériel » (voitures et wagons) et de la « traction » (locomotives), et à ce titre coiffent l’ensemble des ateliers et dépôts des compagnies. Dans certains cas, matériel et traction pouvaient être dissociés. Plusieurs compagnies confièrent la traction et l’entretien du matériel à des compagnies sous-traitantes108. Enfin, la division de la voie assure les opérations de surveillance et d’entretien des installations fixes. Dès le milieu des années 1840, les services de la traction et du matériel ont formé les principaux viviers pour le recrutement interne respectivement des mécaniciens et des chauffeurs109. Les compagnies distinguent le personnel auquel sont confiées des tâches spécifiquement ferroviaires des autres. Les premiers bénéficient d’avantages en termes de rémunération, définie annuellement et payée au mois, comme dans l’Administration. Les autres, ouvriers et agents employés dans les ateliers ou les dépôts pour des métiers non ferroviaires, sont payés à la journée de travail110.
Quelle place pour le Conservatoire des arts et métiers ?
56Cette question s’impose rapidement pour confirmer l’utilité effective de l’établissement, si souvent revendiquée et érigée en principe fondateur, dans le cas des chemins de fer. L’encadrement supérieur et la direction sont, nous l’avons vu, principalement confiés à des ingénieurs issus en grande partie de l’École polytechnique et passés par les écoles d’application des Mines ou des Ponts et Chaussées, avec toutefois une part non négligeable d’ingénieurs civils, sortis pour la plupart de l’École centrale. Les mécaniciens spécifiquement ferroviaires sont, faute de structures particulières, formés directement par les compagnies exploitantes à partir des agents employés dans les ateliers de la traction. Le cas des écoles d’arts et métiers, que nous avons rapidement abordé, révèle les places occupées par certains de leurs anciens élèves dans les compagnies.
57Les auditeurs du Conservatoire des arts et métiers ne constituent pas exactement le même public que les élèves des écoles d’arts et métiers. L’enseignement de la mécanique au Conservatoire fait explicitement référence à la pratique et s’abstient, autant que possible, de traiter des éléments trop théoriques réservés aux ingénieurs. On peut supposer que certains auditeurs, ouvriers dans des ateliers ou des manufactures, après avoir assisté aux enseignements de mécanique appliquée par exemple, ont acquis de solides connaissances sur la construction et le fonctionnement des machines à vapeur. Ils ont appris les bases nécessaires pour agir avec discernement et savent distinguer les principaux types de machines à vapeur. Un tel bagage, face à une relative pénurie de main-d’œuvre à certains moments, constitue un atout pour entrer au service des compagnies ferroviaires. Il est alors possible pour ces auditeurs de se faire embaucher, peut-être comme ouvriers en charge de l’entretien du matériel, puis de progresser en interne vers des postes impliquant davantage de responsabilités. Il n’est par ailleurs pas impossible que certains ouvriers attachés aux dépôts ou que des chauffeurs aient cherché à acquérir les connaissances utiles pour évoluer vers des emplois plus qualifiés dans les ateliers de la traction. En l’absence de sources précises, nous devons en rester à la formulation de l’hypothèse, mais en considérant que le Conservatoire exerce une tutelle sur l’organisation de l’enseignement des écoles d’arts et métiers et en voyant, grâce à des données précises et datées, les débouchés de ces écoles dans les compagnies ferroviaires, on peut avancer un rapprochement et voir le Conservatoire comme une sorte de « tremplin » permettant d’accéder, entre autres, à des emplois plus qualifiés dans les compagnies ferroviaires.
58Ajoutons qu’au-delà des compagnies exploitantes, la question se pose dans des termes équivalents pour les fournisseurs et sous-traitants de ces compagnies. Les travaux conduits sur les écoles d’arts et métiers ont permis de voir que leurs anciens élèves occupaient des positions de choix chez de grands constructeurs mécaniques, produisant notamment des machines à vapeur ou des locomotives111. Au moment de la refonte de la composition du Conseil de perfectionnement, deux représentants de ces industries sont appelés à siéger : le premier est Eugène Schneider, passé par la Petite École du Conservatoire, directeur des usines du Creusot ; le second est Jules César Houel, ancien élève de l’École d’arts et métiers de Chalons, qui a connu une brillante carrière chez Derosne et Cail à Paris avant de devenir inspecteur des écoles d’arts et métiers112. Si les cas de ces deux personnalités sont à considérer avec prudence, ils permettent toutefois de penser que des liens existaient entre le Conservatoire des arts et métiers et cette branche industrielle, et que les auditeurs pouvaient peut-être y trouver des places.
L’échec d’une chaire des chemins de fer
59Le Conservatoire des arts et métiers demeure un établissement prodiguant un enseignement généraliste et ouvert. Jusqu’au troisième quart du xixe siècle, cette notion semble avoir prévalu, et si l’industrie ferroviaire au sens large demeure, tout au long de la période, un important pourvoyeur d’emplois, elle n’est pas la seule. À partir des années 1880, on constate en revanche plusieurs débats au sein du Conseil de perfectionnement traduisant l’évolution de la réflexion et militant pour la création d’enseignements plus pointus.
60L’établissement a très tôt manifesté une attention soutenue pour les chemins de fer, en particulier pour ce qui concerne les expériences, nous y reviendrons plus loin. Ces recherches expérimentales portent toutefois principalement sur des questions relatives à la mécanique, et c’est bien le professeur titulaire de la chaire de mécanique appliquée qui est concerné en premier chef.
61Le Conservatoire est perçu, à juste titre, comme une école technique, et certains observateurs extérieurs plaident dès le milieu du xixe siècle pour la création d’un cours spécifique sur les chemins de fer :
« On a le projet d’établir dans l’église un dépôt de machines de grandes dimensions, d’y construire divers appareils à vapeur et hydrauliques, qui seraient mis librement et gratuitement à la disposition des inventeurs pour l’essai de toutes les inventions nouvelles.
Si à ces améliorations on ajoute des chaires de géographie commerciale, d’histoire naturelle et de géognosie, l’enseignement de la mécanique industrielle, de la charpente, de la fonderie, de l’ajustage, de la verrerie, de la poterie, et l’éducation spéciale d’ouvriers pour les chemins de fer, le Conservatoire des arts et métiers aura atteint le but pour lequel il a été établi113. »
62Si la discussion autour d’un tel enseignement a sans doute eu lieu au sein du Conseil de perfectionnement, la première trace n’apparaît dans les procès-verbaux qu’en 1879, au moment où le Conservatoire doit mettre à exécution le décret du 20 novembre portant création d’une chaire annexe de droit commercial. Le Conseil fait part à Pierre Tirard (1827-1893), ministre de l’Agriculture et du Commerce, de sa préférence pour un cours à dimension plus technique que celui de droit commercial114. Le décès de Jules de La Gournerie (1814-1883), professeur de géométrie descriptive, relance le débat au sujet de la qualification de la chaire devenue vacante. Eugène Péligot (1811-1890), professeur de chimie appliquée, Émile Trélat, professeur de constructions civiles, tout comme Henri Tresca, professeur de mécanique appliquée et Charles de Comberousse, professeur de génie rural, insistent pour le maintien de cet enseignement. Frédéric Malapert (1815-1890), titulaire du récent cours annexe de droit commercial, ajoute toutefois que l’établissement pourrait bénéficier utilement d’un nouveau cours dédié au matériel de chemins de fer. « En conclusion, le Conseil se prononce pour le maintien de la géométrie descriptive et souhaite la création d’une chaire de métallurgie pratique et du travail des métaux115. » La question est de nouveau ouverte à la fin de l’année 1889, alors que le Conseil examine le projet de budget pour l’année 1890, dimensionné pour supporter deux nouveaux cours. Il est alors prévu de créer une chaire de métallurgie et une chaire d’électricité industrielle. Malapert, réitérant sa demande pour la création d’une chaire de matériel de chemins de fer, bénéficie du soutien de Joseph Hirsch, professeur de mécanique appliquée : « M. Hirsch appuie cette motion en substituant à la désignation qui précède celle de “Chaire de chemins de fer”. » La mécanique appliquée constitue un si vaste domaine que pour le parcourir complètement, il lui faudrait de nombreuses années. Il estime cependant que pour bien faire, le programme complet de chaque cours devrait correspondre à un cycle de 3 ou 4 années seulement.
63« L’énorme importance qu’a prise, dans le monde, et notamment à Paris, l’industrie des chemins de fer, lui fait considérer comme urgente la création d’un enseignement spécialement consacré aux questions de construction, de matériel, d’exploitation116… » Trélat combat la proposition, soutenu par Edmond Becquerel (1820-1891), professeur de physique appliquée, qui souligne la plus grande utilité d’un cours de métallurgie. « Quant à la seconde chaire, trois opinions ont été formulées : l’une consisterait à dédoubler la chaire de mécanique sans spécifier les matières sur lesquelles porterait le cours nouveau ; la seconde vise spécialement la question des chemins de fer, et la troisième, celle de l’électricité.
64« Après un échange de vues auquel prennent part M.M. Laussedat, Trélat, Hirsch, Lauth et Becquerel, le conseil décide que provisoirement, on demandera la création d’une seconde chaire de mécanique, mais sans rien préciser117. » L’année 1890 vit donc l’établissement d’une chaire de métallurgie et de travail des métaux, confiée à Urbain Le Verrier (1848-1905), et d’une chaire d’électricité, pour Marcel Deprez (1843-1918). Le décès de Malapert, la même année, rendit la chaire annexe de droit commercial vacante ; Becquerel rappela qu’on avait un temps envisagé de créer une chaire de chemins de fer, Laussedat, Girard et Trélat parlant également de chaires d’hygiène industrielle, de géographie et d’art industriel118. Pendant deux ans et demi, le Conseil de perfectionnement va conduire une intense réflexion, témoignant d’une prise de conscience de l’évolution du monde industriel et d’une transition entre un modèle dominé par l’artisan et un modèle dominé par l’ouvrier. Trélat, chargé de nourrir le débat, milite en faveur d’une chaire à dimension artistique119 ; Hirsch défend plutôt des enseignements tournés vers l’industrie des transports ou l’industrie du livre, photographie comprise120. En 1893, le Conseil donne sa préférence à une chaire d’art appliqué et doit conserver la chaire annexe de droit commercial, imposée par la Chambre des députés ; quatre autres chaires sont envisagées : économie sociale, arts du livre, chemins de fer et transports, hygiène. Joseph Hirsch travaille alors à un programme détaillé pour un cours dédié aux voies procédés de communication, « et, en particulier, à la navigation intérieure et maritime qui tend à acquérir une si grande importance121 ». Ce dernier, considérant la place trop importante donnée aux cours d’économie et de législation, revient à la charge sur les chaires à créer en priorité : « Donner 3 cours à la philosophie industrielle, c’est un luxe qui ne saurait se justifier lorsqu’on songe aux lacunes énormes que présente notre enseignement technique ; plusieurs créations ont été étudiées par le Conseil et n’ont été abandonnées qu’avec regret, faute de ressources pour les réaliser ; sans revenir sur la Chaire d’Art appliqué aux Métiers, on peut citer parmi beaucoup d’autres, celle des Industries du livre et celle des Voies et procédés de transports ; l’urgence et l’importance de ces créations ne sauraient être contestées ; jusqu’à ce que les vœux émis à cet égard aient reçu satisfaction, la création ou le maintien d’une troisième chaire de philosophie industrielle ne semble pas pouvoir se justifier122. » En 1899, une nouvelle commission se réunit pour déterminer les priorités quant à la création de nouveaux cours. Joseph Hirsch en présente les conclusions en avril. Deux cours sont en compétition : les transports et les arts du livre. C’est finalement une chaire d’art appliqué aux métiers, dont le premier titulaire a été Lucien Magne (1849-1916), qui est mise en place, faisant fi d’une réflexion de près de dix ans. Ces débats internes permettent de mieux comprendre la philosophie générale de l’enseignement au Conservatoire des arts et métiers, bien que la perception de celle-ci varie d’un professeur à l’autre. Il faut d’abord noter que le chemin de fer n’a jamais été en concurrence directe avec d’autres moyens de transport. Il n’a ainsi pas été question de créer un enseignement uniquement dédié au roulage, à la batellerie ou à l’aérostation. Les chaires de métallurgie, d’électricité puis d’art appliqué prennent finalement le dessus de par leur dimension généraliste : elles ne touchent pas un secteur particulier, mais trouvent des appuis dans diverses applications et présentent, à ce titre, plus d’intérêt pour l’industrie. L’élaboration, par Hirsch, d’un cours où les chemins de fer se mêlent aux autres modes de transport procède sans doute de la même démarche, mais les moyens limités de l’établissement condamnent la proposition. Cela dit, métallurgie et électricité ont trouvé de nombreux débouchés dans la construction et l’exploitation des chemins de fer, et l’on doit ici souligner l’importance de la transmission de ces connaissances, au même titre que celles liées à la mécanique et aux machines, pour l’univers ferroviaire en général.
Leçons détachées et conférences du dimanche
65Les cours du haut enseignement n’ont pas été le seul moyen oral de transmission des connaissances au Conservatoire des arts et métiers. Quelques mois après l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte (1808-1873) à la Présidence de la République, le Conservatoire est saisi d’une demande pour la mise en place de « leçons détachées ». Le ministre de l’Agriculture et du Commerce, Jean-Baptiste Dumas, s’en fait l’intermédiaire et plaide pour étabir un « enseignement auxiliaire d’un caractère tout nouveau.
« Celui-ci se composerait de leçons détachées sur des sujets définis, dignes par leur importance ou leur nouveau des honneurs d’une séance extraordinaire. Dès-qu’une invention, une découverte intéressant l’industrie, le Commerce ou les Arts, viendrait à se produire soit à l’Etranger soit en France, Mr le Président de la République voudrait qu’elle fût l’objet d’une exposition et d’une démonstration publique dans une séance spéciale que vous annonceriez d’avance.
Ces conférences devraient se faire le Dimanche en faveur de la classe ouvrière, et le Jeudi en faveur des Elèves des Lycées ou Collèges. […] Sous les yeux de l’Auditoire, les machines seraient mises en activité ; les procédés industriels seraient pratiqués devant lui par des ouvriers habiles ; les résultats les plus brillants de la Mécanique, de la Physique et de la chimie seraient démontrés par des Professeurs spécialement désignés.
Vous auriez soin que les expériences fussent toujours effectuées d’une manière éclatante et propre à créer dans l’esprit d’un auditoire nombreux des impressions durables123. »
66Destinées à communiquer des savoirs nouveaux à un large public, conçues selon une organisation beaucoup plus souple que les cours du haut enseignement, les leçons détachées se veulent non seulement plus facilement reliées à l’innovation et plus spectaculaires. Peut-être faut-il y voir une certaine forme de démagogie à destination de la classe ouvrière ou de la petite bourgeoisie parisienne. Toujours est-il que le Conseil de perfectionnement, malgré un accueil prudent, voit ici le moyen de renforcer les liens du Conservatoire avec les industriels qui pourraient être sollicités pour déterminer le programme, et surtout une possibilité de demander des crédits pour poursuivre les travaux d’aménagement des bâtiments. L’idée d’une mise en marche des machines devant le public est d’ailleurs portée par Arthur Morin pour l’aménagement de l’ancienne église prieurale124. La liste des leçons détachées proposées à la fin de l’année 1849 ne comporte aucune référence aux chemins de fer125. Il semble que l’expérience ait pris fin dès le début de l’année 1852.
67Quelque vingt ans plus tard une nouvelle série de conférences est initiée. Organisées en soirée ou le dimanche, elles devaient traiter de sujets variés qui n’auraient pas forcément eu leur place dans les leçons du haut enseignement. Elles attirent un public nombreux et peuvent même, dans certains cas, porter préjudice à la fréquentation des cours126. Les sujets abordés reflètent le développement de nouvelles industries ou l’évolution des préoccupations sociales. Entre 1878 et 1889, quatre conférences sont prononcées sur les chemins de fer au Conservatoire par David Bandérali, ingénieur en charge du service central du matériel et de la traction à la Compagnie des chemins de fer du Nord127. La première, le 28 septembre 1878, porte sur les freins continus et touche un progrès remarquable en termes de sécurité imposé par l’augmentation de la vitesse et l’accroissement du tonnage des trains128. Le sujet est d’importance et la conférence permet de le présenter au public alors même que les collections ne comportent pas encore de spécimens pour l’illustrer. Bandérali est à l’époque identifié comme un spécialiste de cette question particulière129. Le 18 mars 1883, il consacre son discours aux trains express et aborde l’augmentation notable des vitesses pratiquées à l’époque130. Le 29 mars 1885, il s’intéresse aux chemins de fer à voie étroite et à leur intérêt pour l’exploitation économique de certaines lignes, en France et à l’étranger131. Enfin, le 21 mars 1886, il présente les chemins de fer américains et la construction du métropolitain de New York, mettant l’accent sur les particularités des réseaux américains en termes de construction et de fonctionnement132. Notons en outre une conférence prononcée le 6 avril 1889 dans le cadre de l’Association française pour l’avancement des sciences, sur la vitesse des trains express et ses conséquences techniques133. Ces conférences abordent le sujet de front, là où le haut enseignement va traiter de points plus généraux ou transversaux, intéressant notamment les chemins de fer mais pas seulement. Selon Aimé Laussedat, elles ont remporté un franc succès : « Ce que je puis dire, c’est que les conférences faites, il y a quelques années, sur ces deux sujets par M. Banderali [sic] et par M. Jules Fleury, ont eu un très grand succès134. » Comme le notent C. Fontanon et D. Pestre, les leçons du dimanche permettent de pallier certaines lacunes ou insuffisances du haut enseignement, de traiter des points d’actualité touchant de près l’innovation135, et peuvent constituer un moyen d’identifier des pièces susceptibles d’enrichir les collections.
Conclusion
68Le haut enseignement proposé par le Conservatoire des arts et métiers occupe une place originale dans la transmission des savoirs techniques au xixe siècle. Prodigué par un corps enseignant hautement qualifié au sein duquel figurent des savants et des personnalités reconnues, il s’adresse à un public constitué d’ouvriers et d’entrepreneurs déjà ancrés dans la pratique. Les éléments théoriques qui leur sont délivrés ne visent pas une explication complète d’une question, mais offrent des compléments utiles à des travailleurs souhaitant perfectionner ou faire évoluer leur activité. C’est, dans une certaine mesure, une situation intermédiaire entre les écoles d’arts et métiers, qui touchent un public d’élèves à qui les professeurs doivent proposer un enseignement complet, et les écoles d’ingénieurs, dans lesquelles les aspects théoriques sont plus développés. Les leçons du Conservatoire demeurent très largement vulgarisées, les professeurs s’attachant à définir les termes complexes ou difficiles et mobilisant de très nombreux exemples, issus des réalités industrielles ou des expériences.
69Le chemin de fer n’est pas, en soi, l’objet de leçons. Il est en revanche très largement traité dans les cours du Conservatoire : les aspects techniques et économiques sont ainsi abordés par les professeurs. Par l’ampleur de ses équipements et de son exploitation, et par sa position particulièrement importante et centrale vis-à-vis des diverses activités industrielles, le chemin de fer devient un sujet incontournable pour bon nombre de leçons.
Notes de bas de page
1 Charles Jean Marie Alquier, Rapport fait par Alquier sur une résolution du Conseil des Cinq-Cents relative au Conservatoire des arts et métiers. Séance du 27 nivôse an 6, Paris, Imprimerie nationale, 1798.
2 Alain Mercier, « Les débuts de la « petite école. » Un apprentissage graphique, au Conservatoire, sous l’Empire », Les Cahiers d’histoire du Cnam, 1994, vol. 4, p. 27 ; Philippe Peyre, « Les Armengaud, la petite école et le développement de l’innovation », Les Cahiers d’histoire du Cnam, 1994, vol. 4, p. 93.
3 Paul Huguet, « Notice historique sur l’ancien prieuré Saint-Martin-des-Champs et sur le Conservatoire des arts et métiers », in Arthur Morin (dir.), Conservatoire des arts et métiers. Catalogue des collections, publié par ordre de M. le ministre de l’Agriculture et du Commerce, 1re éd., Paris, Guiraudet et Jouaust, 1851, p. xvii-lxxxii.
4 Claudine Fontanon, « Les origines du Conservatoire des arts et métiers et son fonctionnement à l’époque révolutionnaire », Les Cahiers d’histoire du Cnam, 1992, no 1, p. 17-44 ; Charles R. Day, « Le duc de la Rochefoucauld-Liancourt, un philanthrope libéral », Les Cahiers d’histoire du Cnam, 1992, no 1, p. 45-74 ; René Tresse, « J.A. Chaptal et l’enseignement technique de 1800 à 1819 », Revue d’histoire des sciences et de leurs applications, 1957, vol. 10, no 2, p. 167-174.
5 Ordonnance contenant règlement pour le Conservatoire des arts et métiers, 16 avril 1817. Par ordonnance du 16 avril 1817, Gérard Joseph Christian est nommé directeur du Conservatoire, et François Alexandre Frédéric de La Rochefoucauld, duc de La Rochefoucauld-Liancourt, inspecteur général.
6 Discours d’Henri Tresca en hommage à Eugène Schneider. Conseil de perfectionnement, séance du 7 décembre 1876. Archives du Cnam, 2AA/4.
7 Sur Charles Dupin, voir notamment Carole Christen et François Vatin (dir.), Charles Dupin (1784- 1873). Ingénieur, savant, économiste, pédagogue et parlementaire du Premier au Second Empire, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Carnot », 2009.
8 Charles Dupin, Mémoires sur la marine et les ponts et chaussées de France et d’Angleterre, Paris, Bachelier, 1818.
9 Robert Fox souligne les échanges entre Say et Thénard à propos de l’intitulé du cours d’économie (voir infra). Robert Fox, « Un enseignement pour une nouvelle ère : le Conservatoire des arts et métiers, 1815-1830 », Les Cahiers d’histoire du Cnam, 1992, vol. 1, p. 75-92.
10 Arthur Morin, « Discours prononcé aux funérailles de M. le baron Charles Dupin au nom de l’Académie des sciences et du Conservatoire des arts et métiers, le mardi 21 janvier 1873 », Annales du Conservatoire national des arts et métiers, 1877 1873, p. 233-243.
11 Charles Dupin, Voyages dans la Grande-Bretagne entrepris relativement aux services publics de la guerre, de la marine et des ponts et chaussées, en 1816, 1817, 1818, 1819 et 1820, 2e éd., Paris, Bachelier, 1825.
12 Jean Baptiste Say, De l’Angleterre et des Anglais, Paris, Arthus Bertrand, 1815.
13 Charles Dupin, Géométrie et méchanique des arts et métiers et des beaux-arts. Cours normal à l’usage des Artistes et des Ouvriers, des Sous-Chefs et des Chefs d’ateliers et de manufactures, tome premier : Géométrie, 2e éd., Paris, Bachelier, 1828.
14 Lettre de Théodore Olivier à Victor de Persigny, ministre de l’Intérieur, de l’Agriculture et du Commerce, 29 novembre 1852. Archives du Cnam, 5AA/1.
15 Nous citons volontairement ces deux institutions, auxquelles les professeurs font référence quand il s’agit d’aligner leur statut. Lettre d’Arthur Morin à Eugène Rouher, ministre de l’Agriculture et du Commerce, 24 février 1859. Archives du Cnam, 5AA/5.
16 Arrêté portant règlement du Conservatoire des arts et métiers, 1er septembre 1843 (article 11).
17 Ibid. (article 2).
18 Le duc de La Rochefoucauld écrit : « On ne peut douter que l’ordonnance de novembre sur le Conservatoire, n’en ait été une des précipitation [sic], rendue sans connaissance au moins aparente [sic] de la situation ni des localités du Conservatoire, ni même des ordonnances précédentes qui régissaient cet établissement. Le Ministre a été induit à croire que les cours qu’il instituait pouvaient être immédiatement ouverts, tandis qu’il n’y avait pas une chambre pour les recevoir. » Lettre de La Rochefoucauld à Joseph Jérôme Simon, ministre de l’Intérieur, 8 août 1820. Archives du musée des Arts et Métiers, 10°383.
19 Conseil de perfectionnement, séance du 6 octobre 1828. Archives du Cnam, 2AA/1.
20 Konstantinos Chatzis, « Charles Dupin, Jean-Victor Poncelet et leurs mécaniques pour « artistes » et ouvriers », in Carole Christen et François Vatin (dir.), op. cit., p. 99-113.
21 Georges-Albert Boutry, Maurice Daumas, Jean Fourastié, Paul Guérin, Jacques Payen et Louis Ragey, Cent cinquante ans de haut enseignement technique au Conservatoire national des arts et métiers, Paris, ministère de l’Éducation nationale, 1970.
22 Lettre du 27 décembre 1864. Conseil de perfectionnement, séance du 29 décembre 1864. Archives du Cnam, 2AA/4.
23 Arrêté du 20 décembre 1856. Conseil de perfectionnement, séance du 7 janvier 1857. Archives du Cnam, 2AA/3.
24 Rapport de la Commission chargée par le Conseil de perfectionnement d’examiner les titres des candidats à la chaire de mécanique appliquée aux arts, sous la présidence de Charles de Comberousse. Conseil de perfectionnement, séance du 22 décembre 1885. Archives du Cnam, 2AA/5.
25 Konstantinos Chatzis, « Charles Dupin, Jean-Victor Poncelet et leurs mécaniques pour “artistes” et ouvriers », op. cit.
26 Sur les cours pour ouvriers, voir notamment : Gérard Bodé, « Les cours professionnels pour ouvriers sous la Restauration et la monarchie de Juillet », Les Études sociales, 2014, no 159, p. 29-47.
27 Charles Dupin, Géométrie et méchanique des arts et métiers et des beaux-arts. Cours normal à l’usage des Artistes et des Ouvriers, des Sous-Chefs et des Chefs d’ateliers et de manufactures, tome premier : Géométrie, op. cit. Konstantinos Chatzis, « Charles Dupin, Jean-Victor Poncelet et leurs mécaniques pour “artistes” et ouvriers », op. cit.
28 Charles Dupin, Géométrie et méchanique des arts et métiers et des beaux-arts. Cours normal à l’usage des Artistes et des Ouvriers, des Sous-Chefs et des Chefs d’ateliers et de manufactures, tome deuxième : Méchanique, 2e éd., Paris, Bachelier, s. d.
29 Charles Dupin, Géométrie et méchanique des arts et métiers et des beaux-arts. Cours normal à l’usage des Artistes et des Ouvriers, des Sous-Chefs et des Chefs d’ateliers et de manufactures ; Professé au Conservatoire royal des arts et métiers, tome troisième : Dynamie, Paris, Bachelier, 1826, vol. 3.
30 Ordonnance du roi relative au Conservatoire royal des arts et métiers, 26 septembre 1839.
31 Aimé Laussedat, « Arthur Morin (1795-1880) », in Livre du centenaire de l’École polytechnique, Paris, Gauthier-Villars, 1897 ; Arthur Morin, Aide-mémoire de mécanique pratique : à l’usage des officiers d’artillerie et des ingénieurs civils et militaires, Paris, Leneveu, 1838 ; id., Notice sur divers appareils dynamométriques, propres à mesurer le travail ou l’effort dévelop. par les moteurs animés ou inanimés, ou consommé par les machines de rotation, 2e éd., Paris, L. Mathias, 1841. Sur Morin, voir également Claudine Fontanon, « Arthur Morin », in Claudine Fontanon et André Grelon (dir.), op. cit., p. 311-321.
32 Jean-François Belhoste, « J.-V. Poncelet, les ingénieurs militaires et les roues et turbines hydrauliques », in Le Moteur hydraulique en France au xixe siècle. Concepteurs, inventeurs et constructeurs, Paris, Société française d’histoire des sciences et des techniques, coll. « Cahiers d’histoire des sciences et des techniques », no 29, 1990, p. 33-89 ; Konstantinos Chatzis, « Les cours de mécanique appliquée de Jean-Victor Poncelet à l’École de l’artillerie et du génie et à la Sorbonne, 1825-1848 », Histoire de l’éducation, 2008, no 120, p. 113-138 ; id., « L’enseignement des machines au Cnam (1839-1915) : une mécanique sans mathématique ? », in Claudine Fontanon (dir.), Histoire de la mécanique appliquée. Enseignement, recherche et pratiques mécaniciennes en France après 1880, Paris, Société française d’histoire des sciences et des techniques/ENS, coll. « Cahiers d’histoire et de philosophie des sciences », no 46, 1994, p. 13-29.
33 Décret du 17 octobre 1849. Conseil de perfectionnement, séance du 3 novembre 1849. Archives du Cnam, 2AA/2.
34 Arthur Morin, Leçons de mécanique pratique. Notions fondamentales et données d’expérience, Paris, L. Mathias, 1846. Avant-propos, p. iii-iv.
35 Sur la dynamométrie notamment dans les collections du musée des Arts et Métiers, voir Jean-Yves Dupont, « Évaluer la puissance des machines au xixe siècle », Musée des Arts et Métiers, la revue, octobre 2007, no 48, p. 42-53.
36 Arthur Morin, Leçons de mécanique pratique à l’usage des auditeurs des cours du Conservatoire des arts et métiers, et des sous-officiers et ouvriers d’artillerie, 2e partie : Hydraulique, op. cit.
37 Arthur Morin, Leçons de mécanique pratique à l’usage des auditeurs des cours du Conservatoire des arts et métiers, et des sous-officiers et ouvriers d’artillerie, 3e partie : Des machines à vapeur, Paris, L. Mathias, 1846. Avant-propos, p. i. Morin fait référence aux mémoires « Études sur les machines à vapeur, et recherches sur le moment d’inertie qu’il convient de donner au volant des divers systèmes de machines à vapeur » et « Sur les indicateurs de la pression dans les machines à vapeur ».
38 Arthur Morin, Leçons de mécanique pratique à l’usage des élèves des écoles d’arts et métiers, et des sous-officiers et ouvriers d’artillerie. Cinématique, Paris, L. Mathias, 1850.
39 Arthur Morin, Leçons de mécanique pratique. Résistance des matériaux, Paris, Hachette, 1853.
40 Konstantinos Chatzis, « L’enseignement des machines au Cnam (1839-1915) : une mécanique sans mathématique ? », op. cit.
41 Lettre de Laurent Cunin-Gridaine, ministre de l’Agriculture et du Commerce, à Claude Pouillet, 12 avril 1844. Conseil de perfectionnement, séance du 19 avril 1844. Archives du Cnam, 2AA/1.
42 Lettre de Claude Pouillet à Laurent Cunin-Gridaine, ministre de l’Agriculture et du Commerce, 19 avril 1844. Conseil de perfectionnement, séance du 19 avril 1844. Archives du Cnam, 2AA/1.
43 Conseil de perfectionnement, séance du 12 avril 1844. Archives du Cnam, 2AA/1.
44 Conseil de perfectionnement, séance du 6 octobre 1849. Un crédit de 80000 francs est demandé pour l’occasion.
45 Claudine Fontanon, « Le laboratoire expérimental de mécanique », in Michel Le Moël (dir.), Le Conservatoire national des arts et métiers au cœur de Paris, Paris, Action artistique de la Ville de Paris, 1994, p. 171-176.
46 Lettre d’Arthur Morin à Jean-Baptiste Dumas, ministre de l’Agriculture et du Commerce, 12 décembre 1849. Archives du Cnam, 5AA/2.
47 Lettre d’Arthur Morin à Jean-Baptiste Dumas, ministre de l’Agriculture et du Commerce, 5 octobre 1850. Archives du Cnam, 5AA/2.
48 La révocation de Pouillet est annoncée au Conseil de perfectionnement le 16 juin 1849. Archives du Cnam, 2AA/2. Sur la journée du 13 juin 1849, voir Alain Mercier, « La journée des Semelles », Musée des Arts et Métiers, la revue, mars 1998, no 22, p. 56-59.
49 Conseil de perfectionnement, séance du 3 novembre 1849. Archives du Cnam, 2AA/2.
50 Conseil de perfectionnement, séance du 26 novembre 1852. Archives du Cnam, 2AA/3.
51 Aimé Laussedat, « Arthur Morin (1795-1880) », op. cit. ; Claudine Fontanon, « Arthur Morin », op. cit.
52 Conseil de perfectionnement, séance du 26 novembre 1852. Archives du Cnam, 2AA/3.
53 Conseil de perfectionnement, séance du 9 août 1853. Archives du Cnam, 2AA/3.
54 Conseil de perfectionnement, séance du 3 mai 1854. Archives du Cnam, 2AA/3.
55 Conseil de perfectionnement, séance du 30 octobre 1854. Archives du Cnam, 2AA/3.
56 Arrêté du 20 décembre 1856. Conseil de perfectionnement, séance du 7 janvier 1857. Archives du Cnam, 5AA/3.
57 Comme le note Bruno Belhoste, l’enseignement de Tresca à l’École centrale était très différent de celui du Conservatoire, en se situant nettement dans la lignée des cours pour ingénieurs. Bruno Belhoste, « Henri Tresca », in Claudine Fontanon et André Grelon (dir.), op. cit., p. 624-631.
58 Comme Morin, Tresca a l’honneur de figurer parmi les soixante-douze savants dont le nom est inscrit sur la tour Eiffel.
59 Aimé Laussedat présente d’ailleurs Tresca comme tel dans l’hommage que lui rend l’établissement le 13 juillet 1885. Conseil de perfectionnement, séance du 13 juillet 1885. Archives du Cnam, 2AA/5.
60 Arthur Morin et Henri Tresca, Mécanique pratique. Des machines à vapeur. Production de la vapeur, Paris, Hachette, 1863, vol. 1. Extrait de la « Préface », p. i.
61 Ibid., p. iii-iv.
62 Jacques Payen et Bernard Escudié, L’Aventure scientifique et technique de la vapeur, d’Héron d’Alexandrie à la centrale nucléaire, Paris, Éditions du CNRS, 1986.
63 Arthur Morin et Henri Tresca, Mécanique pratique. Des machines à vapeur. Production de la vapeur, op. cit., p. 348.
64 Konstantinos Chatzis, « L’enseignement des machines au Cnam (1839-1915) : une mécanique sans mathématique ? », op. cit., p. 20.
65 Cours publics, sommaires des leçons. Registres pour les périodes 1862-1866, 1865-1869, 1870-1876, 1876-1886, 1899-1909. Archives du Musée des arts et métiers, 10°648, 10°649, 10°650, 10°651 et 10°652. Voir également les sommaires des leçons entre 1862 et 1901. Archives du Cnam, 1CC/16 à/20.
66 Programme sommaire des cours de mécanique appliquée aux arts. Archives du Cnam, 1BB/1.
67 Rapport de la commission présidée par Charles de Comberousse pour l’examen des titres des candidats à la chaire de mécanique appliquée aux arts. Conseil de perfectionnement, séance du 22 décembre 1885. Archives du Cnam, 2AA/5.
68 Ibid.
69 Conseil de perfectionnement, séance du 13 avril 1886. Archives du Cnam, 2AA/5.
70 Joseph Hirsch, École des ponts et chaussées. Résumé du Cours de Machines à Vapeur et Locomotives, s. l., s. n., 1877 ; id., Résumé du cours de machines à vapeur et locomotives professé à l’École nationale des Ponts et Chaussées, 2e éd., Paris, Gauthier-Villars, 1898.
71 Conseil de perfectionnement, séance du 29 décembre 1864. Archives du Cnam, 2AA/4.
72 Claude Pouillet, Éléments de physique expérimentale et de météorologie, 5e éd., Paris, Béchet Jeune, 1847, vol. 1.
73 Ordonnance du roi relative au Conservatoire royal des arts et métiers, 26 septembre 1839.
74 Jean-François Belhoste, « Intersections complexes », in Anne-Catherine Hauglustaine (dir.), Parcours de Centraliens, Paris, musée des Arts et Métiers, 2004.
75 Décret du 4 novembre 1854 portant création de la chaire de constructions civiles et nommant Émile Trélat professeur. Conseil de perfectionnement, séance du 28 novembre 1854. Archives du Cnam, 2AA/3.
76 Lettre d’Émile Trélat à Arthur Morin, 13 juin 1857. Archives du Cnam, 5AA/36.
77 Robert Fox, « Un enseignement pour une nouvelle ère : le Conservatoire des arts et métiers, 1815-1830 », op. cit.
78 Lettre de Jean-Baptiste Say au baron Thénard, 1818, citée dans Œuvres diverses de J.-B. Say, réimpression de l’édition 1848, Osnabrück, Otto Zeller, 1966, p. 520-525.
79 Jean Baptiste Say, De l’Angleterre et des Anglais, op. cit.
80 Discours d’ouverture du cours d’économie industrielle, prononcé le 2 décembre 1820, cité dans Œuvres diverses de J.-B. Say, op. cit., p. 133-147 et notamment p. 143.
81 Sur le sens du terme « technologie », nous renvoyons à Joost Mertens, « Le déclin de la technologie générale : Léon Lalanne et l’ascendance de la science des machines », Documents pour l’histoire des techniques, 2011, no 20, p. 107-117 ; id., « The mere handicrafts : Ure’s Dictionary (1839- 1853) compared with the Dictionnaire technologique (1822-1835) », Documents pour l’histoire des techniques, 2010, no 19, p. 277-285 ; Guillaume Carnino, « Les transformations de la technologie : du discours sur les techniques à la “techno-science” », Romantisme, 2010, no 150, p. 75-84.
82 Discours d’ouverture du cours d’économie industrielle, prononcé le 2 décembre 1820, cité dans Œuvres diverses de J.-B. Say, réimpression de l’édition 1848, Osnabrück, Otto Zeller, 1966, p. 133-147 et notamment p. 143.
83 Ibid.
84 Charles Comte, « Notice historique sur la vie et les ouvrages de J.-B. Say », in Jean-Baptiste Say (dir.), Cours complet d’économie politique pratique, 3e éd., Bruxelles, H. Dumont, 1837, p. iii-xiii ; René Rémond, Introduction à l’histoire de notre temps. 2. Le xixe siècle, rééd. 1997, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points Histoire », 1974.
85 Liliane Hilaire-Pérez, « Technique, économie et politique entre la France et l’Angleterre (xviie-xixe siècles) », Documents pour l’histoire des techniques, décembre 2010, no 19, p. 9-29.
86 Francis Demier, « Adolphe Blanqui, un “Libéral critique” à la chaire d’Économie politique du Conservatoire des arts et métiers », Les Cahiers d’histoire du Cnam, 1993, vol. 2, p. 59-86.
87 Sur Adolphe Blanqui, nous renvoyons aux travaux de Francis Demier. Francis Demier, Nation, marché et développement dans la France de la Restauration, thèse d’État, université Paris X Nanterre, 1991 ; id., « Adolphe Blanqui, un « Libéral critique » à la chaire d’Économie politique du Conservatoire des arts et métiers », op. cit.
88 Adolphe Blanqui, « Conservatoire des arts et métiers », in Dictionnaire de l’industrie manufacturière, commerciale et agricole, Paris, J.B. Baillière, 1835, vol. 3.
89 « Cours d’économie industrielle au Conservatoire des arts et métiers », Revue mensuelle d’économie politique, 1834, no 3, p. 68-77.
90 Francis Demier, « Adolphe Blanqui, un “Libéral critique” à la chaire d’économie politique du Conservatoire des arts et métiers », op. cit.
91 « Cours d’économie industrielle de M. Blanqui au Conservatoire des arts et métiers », Revue mensuelle d’économie politique, 1834, no 2, p. 491-499.
92 « Cours d’économie politique de M. Blanqui au Conservatoire des arts et métiers », Revue mensuelle d’économie politique, 1835, no 4, p. 515-520.
93 Adolphe Blanqui, Conservatoire des arts et métiers. Cours d’économie industrielle. 1836-37, Paris, J. Angé et Compagnie, 1837 ; id., Conservatoire des arts et métiers. Cours d’économie industrielle. 1837-38, Paris, J. Angé et Compagnie, 1838, vol. 2 ; id., Conservatoire des arts et métiers. Cours d’économie industrielle. 1838-39, Paris/Versailles, J. Angé et Compagnie/Hachette, 1839, vol. 3.
94 « Programme du Cours d’Economie industrielle. 1853-1854. Monsieur Blanqui, Professeur ». Archives du Cnam, 1BB.
95 Aimé Laussedat, Discours prononcé le 18 février 1885 aux obsèques de M. Jules François Burat, professeur au Conservatoire national des arts et métiers, Paris, Imprimerie nationale, 1885.
96 Cours d’administration et de statistique industrielles. Programmes des années 1858-1859 et 1862-1863. Archives du Cnam, 1BB.
97 Conseil de perfectionnement, séance du 10 octobre 1885. Archives du Cnam, 2AA/5.
98 Sommaires des leçons entre 1862 et la fin du xixe siècle. Archives du Cnam, 1CC.
99 Georges-Albert Boutry, Maurice Daumas, Jean Fourastié, Paul Guérin, Jacques Payen et Louis Ragey, op. cit., p. 23-24.
100 François Caron, Histoire des chemins de fer en France, op. cit. ; id., « Le premier système ferroviaire français », art. cit. ; id., « L’évolution des filières techniques ferroviaires », art. cit. ; Georges Ribeill, La Révolution ferroviaire, op. cit. ; id., « Gestion et organisation du travail dans les compagnies de chemins de fer, des origines à 1860 », art. cit.
101 Gabriel Lamé et Émile Clapeyron, Plan d’écoles générale et spéciales pour l’agriculture, l’industrie manufacturière, le commerce, Paris, Bachelier, 1833.
102 Charles Joseph Minard, Leçons faites sur les chemins de fer à l’École des ponts et chaussées en 1833-1834, op. cit.
103 Georges Ribeill, La Révolution ferroviaire, op. cit., p. 310.
104 « Industrie pratique. Écoles des Arts-et-Métiers », Journal des chemins de fer, 5 avril 1850, p. 354.
105 G. Ribeill a montré que les annuaires de la Société des anciens élèves des écoles d’arts et métiers révélaient par la suite le maintien d’un débouché important pour ces élèves dans les compagnies ferroviaires. Georges Ribeill, La Révolution ferroviaire, op. cit. ; Charles R. Day, Les Écoles d’arts et métiers : l’enseignement technique en France xixe-xxe siècles, op. cit.
106 Eugène Flachat et A. Rouen, « Lettre au rédacteur », Journal des chemins de fer, 17 juin 1848, p. 318-319.
107 Sur la formation des premiers mécaniciens et l’organisation de la profession, nous renvoyons aux travaux de Bruno Carrière, « Les Premiers mécaniciens, des origines à 1848 », Revue d’histoire des chemins de fer, 1989, no 1, p. 181-193 ; Georges Ribeill, « Gestion et organisation du travail dans les compagnies de chemins de fer, des origines à 1860 », op. cit.
108 C’était le cas de la Compagnie du Paris-Rouen, qui sous-traitait la traction, la construction et l’entretien du matériel à Alcard et Buddicom, ou du Paris-Orléans, qui a mis en place une régie intéressée de la traction confiée à Camille Polonceau.
109 Louis Le Chatelier, Eugène Flachat, Jules Alexandre Petiet et Camille Polonceau, Guide du mécanicien constructeur et conducteur de machines locomotives, Paris, P. Dupont, 1859.
110 Georges Ribeill, « Gestion et organisation du travail dans les compagnies de chemins de fer, des origines à 1860 », op. cit. ; François Caron, « À propos de la rationalisation du travail dans les ateliers des compagnie de chemins de fer en France, 1880-1936 », Revue d’histoire des chemins de fer, 2003, no 28-29, p. 190-206 ; Georges Ribeill, « En quête des chefs de dépôt, au temps des compagnies », Revue d’histoire des chemins de fer, 2003, no 28-29, p. 138-168.
111 Charles R. Day, Les Écoles d’arts et métiers : l’enseignement technique en France xixe-xxe siècles, op. cit.
112 Lettre d’Arthur Morin à Pierre Magne, ministre de l’Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, 14 décembre 1853. Archives du Cnam, 5AA/1.
113 Simon Texier, « Les écoles », in Tableau de Paris, Paris, Paulin et Le Chevalier, 1853, vol. 2. Voir plus particulièrement p. 185.
114 Conseil de perfectionnement, séance du 25 novembre 1879. Archives du Cnam, 2AA/4.
115 Conseil de perfectionnement, séance du 13 octobre 1883. Archives du Cnam, 2AA/5.
116 Conseil de perfectionnement, séance du 5 décembre 1888. Archives du Cnam, 2AA/5.
117 Conseil de perfectionnement, séance du 5 décembre 1888. Archives du Cnam, 2AA/5.
118 Conseil de perfectionnement, séance du 10 octobre 1890. Archives du Cnam, 2AA/6.
119 Conseil de perfectionnement, séance du 23 mai 1891. Archives du Cnam, 2AA/6.
120 Conseil de perfectionnement, séance du 6 juin 1891. Archives du Cnam, 2AA/6.
121 Conseil de perfectionnement, séance du 23 mars 1893. Archives du Cnam, 2AA/6.
122 Conseil de perfectionnement, séance du 14 mars 1894. Archives du Cnam, 2AA/6.
123 Lettre de Jean-Baptiste Dumas à Claude Pouillet, 18 novembre 1849. Conseil de perfectionnement, séance du 27 novembre 1849. Archives du Cnam, 2AA/1. La première demande avait été formulée le 11 novembre 1849 et transmise au Conseil de perfectionnement le 12 novembre.
124 Voir supra.
125 Conseil de perfectionnement, séance du 15 décembre 1849. Archives du Cnam, 2AA/1.
126 Lettre d’Arthur Morin à Louis Henri Armand Behic, ministre de l’Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, 19 mai 1866. Archives du Cnam, 5AA/7.
127 « David Jean Frédéric Sosthène Bandérali (1836-1890) », Bulletin de l’Association amicale des anciens élèves de l’École des Mines, 1890.
128 David Bandérali, Conférence sur les freins continus, 28 septembre 1878, Paris, A. Broise et Courtier, 1878.
129 David Bandérali, « Note sur les essais du frein à vide (système Smith, à déclenchement automatique) faits de juin 1876 à juillet 1878 au Chemin de fer du Nord », Revue générale des chemins de fer, 1878, 1re année, no 3, p. 141-154.
130 David Bandérali, Les Trains express en 1883 : conférence faite au Conservatoire national des arts et métiers, à Paris, le 18 mars 1883, Lille, L. Danel, 1883.
131 Lettre d’Aimé Laussedat à Eugène Risler, 22 mars 1885. Archives du Cnam 5AA/15. La conférence est l’occasion d’acquérir un fonds de vingt-trois vues présentées au public, inv. 10526.
132 David Bandérali, Les Chemins de fer métropolitains à New York et dans les grandes cités américaines, conférence faite au Conservatoire national des arts et métiers, à Paris, le 21 mars 1886, Paris, Hachette, 1886. Le Conservatoire fit alors l’acquisition de trente-six vues pour les collections. inv. 10828.
133 David Bandérali, La Vitesse des trains express et ses conséquences techniques, conférence faite le 6 avril 1889 à l’Association française pour l’avancement des sciences, Paris, Association française pour l’avancement des sciences, 1889.
134 Conseil de perfectionnement, séance du 23 mars 1893. Archives du Cnam, 2AA/6.
135 Claudine Fontanon et Dominique Pestre, « Les « leçons du dimanche »», in Michel Le Moël (dir.), op. cit., p. 102-107.
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