L’inspection scolaire en Irlande : du contrôle des enseignants à l’audit à visée participative (1832-fin xxe siècle)
p. 269-285
Texte intégral
1L’inspection scolaire en Irlande, sous le contrôle de l’État britannique, voit le jour en 1832. L’objectif principal de la mission des inspecteurs est alors de contrôler la conformité des enseignants et des enseignements aux attendus du Board of Education (Conseil de l’éducation) dont les membres sont nommés par les représentants du gouvernement britannique. L’Irlande fait en effet officiellement partie du Royaume-Uni depuis 1800, la colonisation progressive du pays ayant eu lieu lors ses siècles précédents. La population irlandaise, très majoritairement catholique – environ 81 % en 18431– est alors sous le contrôle d’un État protestant. En Irlande, pour des raisons historiques, le catholicisme et la langue gaélique deviennent dès lors des symboles d’un nationalisme visant à créer une identité bien distincte de celle des Anglais en majorité protestants. Le Père Adolphe Perraud, prêtre français, souligne en 1862 les liens très forts entre le peuple irlandais et l’Église catholique2. Une forme de compromis entre les Églises et le Conseil de l’Éducation (Board of Education) facilite cependant la naissance et le développement d’un système national d’écoles primaires et d’inspection entre 1832 et 1921. Nous exposerons ensuite le rôle des inspecteurs dans la promotion de la culture nationale et de la langue gaélique après l’indépendance de l’Irlande en 1921-1922. Enfin, nous aborderons la réforme des missions de l’inspection scolaire dans le contexte de la genèse et de l’application de la première loi d’envergure sur l’enseignement en Irlande. Nous centrerons les analyses sur le rôle des inspecteurs dans le contrôle des enseignants et des programmes de 1832 à 1998.
La naissance et le développement de l’inspection scolaire (1832-1921)
2Avant l’instauration en 1800 du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande, les responsables de l’Église anglicane avaient créé des écoles pour former les enfants pauvres à la langue anglaise et à la religion protestante3. Dès 1800, le Parlement britannique met en place une commission chargée d’enquêter sur les établissements scolaires en Irlande.
L’affirmation du rôle de l’État britannique
3Le rapport de 1812 préconise l’établissement d’un Conseil de l’Éducation (Board of Education) pour surveiller l’administration des financements à la création d’écoles votés par le Parlement, pour contrôler les manuels scolaires et pour instituer une formation des enseignants. Le document recommande un enseignement séculier commun aux enfants quelle que soit leur religion et une instruction religieuse distincte4. Au cours des années 1820, les évêques catholiques font alors pression afin d’obtenir des financements pour leurs écoles. Ils considèrent que la scolarisation d’enfants catholiques dans des établissements tenus par des protestants n’est pas acceptable5.
4Le gouvernement britannique crée un Conseil de l’Éducation (Board of Education) composé de quatre protestants et d’un catholique. L’instance organise une enquête sur les écoles primaires en Irlande. Plusieurs rapports sont publiés, notamment celui de 1826 qui contient des statistiques détaillées sur 11823 écoles, 12530 enseignants et 568954 écoliers6. En 1831, dans la perspective de la création d’un système national d’écoles primaires en Irlande, Edward Stanley, secrétaire général en Irlande, autrement dit représentant de l’autorité britannique, adresse une lettre officielle au Duc de Leinster (document connu sous le nom de Stanley Letter) dans laquelle il détaille la nouvelle politique gouvernementale en matière scolaire, avec principalement la création et la généralisation d’écoles primaires pouvant accueillir des jeunes de toute religion avec interdiction de tout prosélytisme7. Un nouveau Board of Education est constitué, composé de sept commissaires de l’éducation : trois anglicans, deux presbytériens et deux catholiques8. Ils sont chargés de mettre en place la réglementation concernant les écoles et les inspecteurs. Ils ont également à rédiger un rapport annuel sur l’éducation. Les écoliers étudient tous ensemble les matières séculaires quatre à cinq jours par semaine, les autres journées étant consacrées à l’instruction religieuse enseignée séparément par les clergés respectifs. Une des missions de l’institution scolaire est alors de faire vivre en bonne harmonie les différentes confessions.
5Dans la Stanley Letter, on note le dessein de parvenir à un contrôle biconfessionnel des nouvelles écoles par le clergé catholique et le clergé protestant, les deux devenant les administrateurs (patrons) d’un même établissement. Le projet d’école nationale (national school) s’efforce de tenir compte du contexte social, religieux et politique – ces deux derniers sont alors intimement liés – du xixe siècle en Irlande9. Le financement des établissements et celui d’un système d’inspection sont prévus. Cependant, en raison des contestations des différentes Églises, et en premier lieu l’Église presbytérienne, on autorise l’enseignement de la religion en début ou en fin de journée ainsi qu’une administration monoconfessionnelle des écoles. En 1850, seulement 4 % des écoles élémentaires ont une administration conjointe associant clergé catholique et clergé protestant10. À partir de 1861, les recensements de la population intègrent la question relative à l’appartenance religieuse. Cette année-là, les catholiques représentent 77,9 % de la population, les protestants 21,8 %11. Le chiffre de la première catégorie fut estimé à 81 %12 pour l’année 1843. Bien que les catholiques représentent environ 81 % de la population, ils ne constituaient que 25 % des membres du premier Conseil de l’Éducation (Board of Education) en 1831.
Le relais majeur des inspecteurs
6Dès 1832, le Conseil de l’Éducation emploie les premiers inspecteurs qui ont pour mission de se rendre dans les écoles primaires nationales trois fois par an afin de vérifier la conformité des établissements avec la réglementation. L’instance décide des programmes, paye les enseignants et finance les bâtiments, mais ne gère pas directement les établissements. L’anglais est la langue de l’école13. Le Conseil de l’Éducation fournit ses propres manuels scolaires gratuitement à partir de 183314. L’établissement doit concilier les exigences des différentes Églises et les inspecteurs ont pour mission de vérifier que l’instruction religieuse a bien lieu en début ou en fin de journée afin de permettre aux élèves de pouvoir assister librement à cet enseignement ou non15. Les inspecteurs sont quatre en 1832, huit en 1833, vingt-cinq en 1838, trente-six en 1846, soixante en 1854 et soixante-six en 185916.
7En 1836, le Conseil de l’Éducation publie les instructions détaillées à l’intention des inspecteurs17. Un inspecteur visite cent écoles par an. Il ne prévient pas de son passage et doit introduire de l’aléatoire dans ses déplacements. Il vérifie que l’enseignement, l’administration, le bâtiment, l’ordre et la propreté sont conformes aux règles du Conseil de l’Éducation18. L’objectif de l’État est de promouvoir l’instruction et la bonne conduite des classes populaires. L’inspecteur doit dialoguer avec l’administrateur (patron) de l’école afin de recueillir des informations en vue de proposer des améliorations. Il observe la pédagogie du professeur et lui prodigue des conseils en privé. La réglementation insiste sur la nécessité d’être aimable et respectueux envers les enseignants :
« He will then observe the mode of teaching adopted by the teacher, and suggest to him such improvements as may occur to him. In all his intercourse with the teachers, he will treat them with the most perfect kindness and respect, apprizing them privately of what he may see defective, and noting it to be reported to the Board, but by no means addressing them authoritatively… their conduct in the hearing of their scholars19. »
8Les responsables veulent que les enseignants ne perdent pas la face devant les élèves et soient respectés d’eux. L’inspecteur évalue le niveau de tous les élèves en lecture, écriture et arithmétique. Il dresse la liste des matières optionnelles enseignées telles que la géographie, la grammaire, la comptabilité, la couture et le tricot. Il s’assure que dans l’enseignement et le règlement de l’école il n’existe pas une tentative de restreindre l’établissement à sa fréquentation par un public relevant d’une seule confession. Il veille à s’informer sur la fréquentation régulière des élèves, sans s’appuyer exclusivement sur les registres de l’école. Tous les manuels employés doivent être approuvés par le Conseil de l’Éducation. L’objectif est d’inculquer à tous les jeunes Irlandais l’anglais, l’histoire de la monarchie britannique, la géographie de l’Angleterre et à ne pas aborder la langue, l’histoire et la culture irlandaises20. Il est dit que l’Irlande fait partie de l’Empire Britannique en Europe.
9Un écriteau sur lequel figure « Cours général » (General Lesson) doit être affiché et être clairement visible pendant les heures d’instruction séculière. L’emploi de la Bible est proscrit pendant les heures d’instruction commune. L’inspecteur est tenu d’avoir des relations cordiales avec les administrateurs (patrons) et les enseignants. Il doit se montrer aussi conciliant que possible dans le cadre de sa mission. Après chaque tournée d’inspection, l’inspecteur adresse au secrétaire général du Conseil de l’Éducation un rapport général sur l’éducation dans les districts. Y figurent l’état des bâtiments, le nombre d’écoles et d’écoliers, le profil des enseignants et des suggestions d’améliorations. L’inspection a une incidence sur le salaire ou une promotion éventuelle. Le rapport peut le cas échéant entraîner une rétrogradation ou même un licenciement21. Doivent aussi être vérifiés l’assiduité et le niveau des élèves ainsi que la pédagogie. Les enseignants craignent l’inspecteur qui a un statut social différent. Son salaire est environ dix fois plus élevé que celui d’un instituteur. Il lui est demandé de se rendre à l’école de préférence à cheval. S’il prend le train, il voyage en première ou en seconde classe, jamais en troisième22. Il lui est interdit de participer à des discussions politiques ou théologiques. Compte tenu des tensions politiques et religieuses de l’époque23, le Board of Education veut maintenir les inspecteurs à l’écart de ces débats.
Le « payment by results » : les salaires modulés en fonction de la réussite des élèves (1872-1899)
10Le gouvernement britannique veut des dépenses en matière d’éducation proportionnelles aux résultats des élèves. Est alors mis en place le système « payment by results » dans un premier temps en Angleterre (1862)24 puis en Irlande. S’appuyant sur les observations du rapport de la Commission Powis de 1870 relatives à l’enseignement primaire, le Conseil de l’Éducation applique aussi à l’Irlande le système. Pour la période s’étendant de 1872 à 1899, les maîtres sont alors rémunérés en fonction de l’assiduité et des résultats relevés lors des inspections annuelles. C’est l’occasion pour les enseignants de voir leur petite rémunération de base s’améliorer25. Les émoluments varient en fonction de l’âge du public auquel l’enseignant s’adresse et du nombre de matières réussies par les élèves. À cet effet, un programme national est établi. Il recouvre les différents niveaux de la scolarité primaire dans chaque matière. Les disciplines obligatoires sont l’anglais (lecture, écriture, orthographe) et l’arithmétique. La grammaire et la géographie apparaissent en troisième année, la couture pour les filles en première année et l’agriculture pour les garçons en quatrième année26. Des matières optionnelles existent également telles que la comptabilité ou la musique. L’enseignant a un intérêt financier à la réussite de ses élèves dans toutes les matières (voir tableau ci-dessous).
Tableau 1. – Les primes accordées pour la réussite selon la classe et la matière. Fees for passes (s./d.)27.

11Une association pour la défense et la conservation du gaélique (Society for the Preservation of the Irish Language – SPIL), créée en 1876, fait pression pour l’introduction de la langue à l’école28 et le gaélique est autorisé en tant qu’option à partir de 1878. Entre 1872 et 1899, s’appuyant sur les résultats aux examens des élèves, les inspecteurs contrôlent ainsi directement les salaires et les promotions des enseignants. La politique « payment by results » est cependant critiquée pour l’accent excessif mis sur les résultats aux examens et sur son effet souvent néfaste sur les apprentissages29.
Les programmes révisés (1900-1922)
12Au xixe siècle, après la grande famine (1845-1849), la population irlandaise ne cesse de décroître (voir graphique ci-dessous) et il existe alors beaucoup de pauvreté dans le pays. Pour faire face au quotidien, il apparaît important de faire figurer dans les programmes des matières pratiques telles que la cuisine ou la couture. Après le Rapport Belmore (1898), de nouvelles disciplines – les sciences, le dessin, le chant, le travail manuel, le sport, la cuisine et la couture – sont inscrites dans les instructions de 190030. Ce programme révisé insiste sur l’importance des deux matières obligatoires : l’anglais et l’arithmétique. Le gaélique est une matière optionnelle et, dans les régions où il est parlé, l’instituteur peut s’en servir pour faciliter l’apprentissage de l’anglais, la langue d’usage de l’école31. Les méthodes pédagogiques se modernisent avec des équipements pédagogiques plus variés. Des posters en couleur sur la faune, la flore et les pays étrangers parent dès lors les murs des salles de classe32. Selon le programme révisé, les enseignants doivent partir de problèmes concrets appliqués à la vie quotidienne et ne pas cloisonner les différentes disciplines33. Au niveau des contenus d’enseignement, rien ne distingue les écoles irlandaises des écoles anglaises34. De 1900 à 1922, les écoles élémentaires perçoivent des subventions pour les bâtiments et des budgets de fonctionnement calculés d’après le nombre d’élèves. La modulation des salaires en fonction de la réussite des élèves (Payment by results) disparaît.
Graphique 1. – Population de l’Irlande (1841-2011).

Source des statistiques : Central Statistics Office, Irlande.
13L’État britannique veut décentraliser le financement de l’éducation auprès des collectivités locales comme c’est le cas en Angleterre avec la création des autorités locales d’éducation (Local Education Authorities) depuis 1902 (loi Balfour). L’Église catholique s’y oppose farouchement35. À partir de 1900, dans le contexte de la réduction des coûts et du nombre de promotions possibles, le rapport d’inspection devient plus déterminant dans l’incidence sur les salaires et l’évolution de carrière des enseignants36. De 1872 à 1899, les mauvais résultats de quelques élèves avaient un effet limité sur le salaire. De 1900 à 1922, dans le contexte de pénurie de promotions, c’est désormais le rapport d’inspection qui joue le rôle déterminant. L’ancien professeur d’école primaire et syndicaliste, T.J. O’Connell, explique que les inspections se font globalement dans un climat conflictuel37. En 1904, le Rapport Dale rédigé par un inspecteur anglais fait état d’insuffisances dans les écoles élémentaires irlandaises : les bâtiments, les équipements, l’assiduité, la pédagogie en général et en particulier pour les jeunes enfants font défaut38.
14L’utilisation de l’anglais comme langue principale à l’école contribue au recul du gaélique comme langue vernaculaire. On estime qu’en 1841 la moitié de la population parle gaélique alors que ces locuteurs ne représentent plus que 14,4 % en 189139. À la fin du xixe siècle, les nationalistes pensent qu’un renouveau culturel irlandais passant par la langue, la littérature, la musique, la danse et le sport est alors nécessaire pour aider le pays à justifier et gagner son indépendance. Créée en 1893, la Ligue Gaélique (Gaelic League) œuvre dès lors à la restauration de la langue gaélique. Elle fait pression sur les autorités et, en 1904, quatre inspecteurs de gaélique sont recrutés40. Dès 1900, les évêques catholiques expriment leur satisfaction quant aux écoles primaires, devenues de fait monoconfessionnelles, alors que le projet initial avait prévu des écoles biconfessionnelles41. Le Conseil de l’Éducation veille à la séparation entre les horaires de l’instruction religieuse d’une part et de l’enseignement des matières séculières d’autre part.
L’inspection scolaire dans l’État libre d’Irlande (1922-1991)
15Après l’indépendance de l’Irlande en 1921-1922, l’école est au cœur de la nouvelle politique de promotion de la langue, de la culture et de l’histoire de l’Irlande. « The strengthening of the national fibre by giving the language, history, music, and tradition of Ireland their natural place in the life of Irish schools42. »
Le gaélique, la religion et l’École
16Une heure de gaélique par jour à l’école élémentaire devient obligatoire à partir du 17 mars 1922 mais seulement 39 % des enseignants du primaire sont compétents dans la matière. Dès 1922, le nouveau ministère organise des formations en gaélique pour les enseignants pendant les vacances scolaires43. L’État accorde 25 % de financement supplémentaire aux écoles dans lesquelles toutes les matières sont enseignées en gaélique44. En 1928, la réussite en gaélique devient obligatoire pour l’Intermediate Certificate, l’équivalent du brevet des collèges. Il en est de même en 1934 pour le Leaving Certificate (baccalauréat). En outre, un bonus est accordé aux élèves composant en gaélique lors des examens nationaux. À partir de 1923, la compétence en gaélique devient nécessaire pour prétendre à la fonction d’inspecteur45. À l’issue de l’inspection, l’enseignant se voit attribuer une appréciation globale libellée de la sorte : « très efficace, efficace ou non-efficace ». Pour obtenir la meilleure distinction, l’instituteur doit maîtriser le gaélique. L’obtention d’une augmentation de salaire dépend du rapport d’inspection46. Les programmes de 1934 donnent une part plus importante encore au gaélique qui devient la priorité nationale. L’enseignement de l’anglais n’est plus autorisé durant la première année d’école quand l’enseignant a les compétences requises pour assumer tout le travail de la classe en gaélique47. Les programmes sont allégés en anglais et en mathématiques. Les sciences rurales ne sont plus obligatoires. Les politiques éducatives sont subordonnées à la quête de la gaélicisation du pays. Le gaélique obligatoire pour l’obtention du Leaving Certificate (baccalauréat) subsiste alors jusqu’en 197348.
17Un autre aspect du nationalisme irlandais tient à l’attachement à l’Église catholique. La religion et le nationalisme sont souvent indissociables dans l’esprit de la population49. Avant l’indépendance, l’État britannique a tenté d’imposer le protestantisme en Irlande, mais les catholiques ont tenu à leur identité50. Au xixe siècle, les écoles primaires passent sous le contrôle des Églises, surtout l’Église catholique. Après l’indépendance, le contrôle de l’enseignement catholique lui est aussi, de fait, assuré51. Par ailleurs, le principe des écoles confessionnelles assure aux autres Églises le contrôle de leurs établissements et les minorités sont également satisfaites de cette situation52. Le système éducatif est confessionnel et contrôlé par le clergé53. Les prêtres, généralement les gens les plus instruits du village ou de la communauté, exercent une autorité politique et religieuse. Ils jouent un rôle important de dirigeants sur le plan local54. Aux yeux de la hiérarchie catholique, un système éducatif satisfaisant signifie que les enfants catholiques fréquentent des écoles catholiques avec des enseignants catholiques sous le contrôle de l’Église catholique55. Pour les évêques, le contrôle catholique signifie en réalité le contrôle clérical56. Il faut savoir que les administrateurs « patrons » de la quasi-totalité des écoles sont membres du clergé. La séparation de l’instruction religieuse des matières séculières continue après l’indépendance57. La commission des programmes réunie en 1926 déclare que l’instruction religieuse est la matière la plus importante mais le ministère ne s’estime pas compétent en ce domaine qui échappe par conséquent à l’inspection de l’État58. La nouvelle constitution irlandaise de 1937 respectait le principe du droit des parents d’autoriser ou non leurs enfants à assister aux cours d’instruction religieuse. En 1965, le règlement n° 68 des écoles primaires déclare que l’instruction religieuse est la matière la plus importante et que la religion doit imprégner l’ensemble des enseignements :
« Of all parts of a school curriculum Religious Instruction is by far the most important, as its subject matter, God’s honour and service, includes the proper use of all man’s faculties, and affords the most powerful inducements to their proper use. Religious Instruction is, therefore, a fundamental part of the school course, and a religious spirit should inform and vivify the whole work of the school59. »
18Dans le même temps, la règle suivante (n° 69) défend le droit des élèves à ne pas assister aux cours d’instruction religieuse et stipule que les horaires dédiés à cette dernière doivent faciliter le retrait des élèves concernés. Généralement60, les cours d’instruction religieuse ont lieu entre 12 h et 12 h 30. Se trouvent ainsi juxtaposés le point de vue des nationalistes catholiques et la règle traditionnelle de la séparation de la religion des matières séculières.
La place des inspecteurs et la réforme de l’inspection
19Après l’indépendance, si les inspecteurs poursuivent leurs missions de contrôle des enseignants et des enseignements, les administrateurs (patrons) des écoles conservent une grande autonomie. L’inspecteur n’a pas le droit de prendre de décisions concernant la gestion de l’école. Il peut cependant émettre un avis consultatif et attirer l’attention des administrateurs et des enseignants sur le non-respect des directives. Dans le règlement de 1965, l’interdiction de donner des ordres à une école est explicitée : « Inspectors are not authorised to decide upon any question affecting a national school… and may not give direct orders in the school. They should, however, call the attention of managers and teachers to any rules which appear to them to be infringed61. »
20Les instituteurs contestent le niveau requis en gaélique pour atteindre les échelons les plus élevés. En 1947, un rapport sur l’éducation publié par le syndicat des enseignants (INTO), A Plan for Education, critique également les inspections. En 1958, les responsables de cette organisation revendiquent une inspection d’école, à l’instar de ce qui se fait en Irlande du Nord, avec un compte rendu des activités plutôt qu’une notation individuelle des enseignants. À la suite de la circulaire parue en 1959, si les visites individuelles des inspecteurs sont maintenues, il leur est aussi demandé d’assurer un peu plus le rôle de conseiller pédagogique. Dès lors, à partir de cette date, les relations enseignants-inspecteurs s’améliorent62. À partir de 1962, les inspecteurs du primaire ont pour habitude de se réunir pendant deux jours lors de leur conférence annuelle. Ils sont particulièrement actifs dans la modernisation des pratiques pédagogiques, notamment dans le cadre de la promotion et de la mise en œuvre de l’enseignement du gaélique, mais aussi dans celui de la fondation de bibliothèques scolaires. En 1968, sous l’impulsion des corps inspectoraux, le ministère crée une revue scientifique, Oideas. Conscients de l’évolution de l’enseignement à l’étranger, les inspecteurs souhaitent mettre en place de nouveaux programmes.
Les inspecteurs et les nouveaux programmes : l’élève au centre du système ?
21En 1971, les inspecteurs, qui ont toujours eu un rôle important dans l’élaboration des contenus d’enseignement, rédigent de nouveaux programmes. L’enfant est placé au centre du système et l’accent est mis sur les apprentissages individuels en laissant plus de liberté aux instituteurs63. Pour assurer la mise en œuvre des nouvelles directives, les inspecteurs assurent la formation continue. Ils sont conscients de la nécessité de prendre en compte les difficultés des enfants défavorisés en leur proposant une aide spécifique. Les programmes de 1971 prônent également l’intégration de la religion dans toutes les matières64. Par conséquent, l’État confirme la nature confessionnelle de l’enseignement primaire65 et rend plus difficile la création d’établissements multicon-fessionnels66. La responsabilité de l’instruction religieuse relève toujours du domaine des Églises et échappe à l’inspection scolaire de l’État.
22Les gouvernements des années 1980 mettent ensuite en place des commissions pour la réforme des programmes. Les inspecteurs y participent activement. La création du Conseil national des programmes, le CEB (Curriculum and Examinations Board )67 en 1984, remplacé par le NCCA (National Council for Curriculum and Assessment68) en 1987, ouvre le processus de rénovation des programmes à un comité plus large de partenaires du système éducatif. Cependant, jusqu’en 2003, les inspecteurs conservent le monopole du pilotage et de l’organisation des examens nationaux69. Pendant les années 1960 et 1970, les inspecteurs ne détenaient qu’un des cinq postes de secrétaires généraux adjoints du ministère de l’Éducation70. À partir de 1968, le poste de secrétaire général du ministère devient l’apanage des administratifs. N’étant pas représentés au plus haut niveau dans l’équipe de direction du ministère de l’Éducation, les inspecteurs ne peuvent dès lors pas participer directement à la mise en place de la politique éducative nationale.
La refonte de l’inspection et de ses missions (depuis 1991)
23Du début du xxe siècle jusqu’au commencement des années 1990, trois corps d’inspecteurs fonctionnent en réalité séparément : le primaire, le secondaire et le technique71. En 1991, les rapporteurs de l’OCDE insistent fortement sur l’existence de deux services d’inspection, l’un pour le primaire, l’autre pour le secondaire72, fonctionnant comme deux unités distinctes alors que ces deux services sont placés sous l’autorité d’une seule et même personne, le doyen des inspecteurs73. Les rapports d’inspection ne sont pas publiés. D’autre part, le ministère semble déconsidérer les inspecteurs qu’il a pour habitude de qualifier de personnel « extérieur ». Ils ne travaillent pas directement dans les locaux du ministère alors qu’il s’agit bien de fonctionnaires. Selon les experts de l’OCDE, les inspecteurs du primaire sont chargés d’évaluer les résultats des écoles et les compétences des instituteurs. Lors de leurs visites, ils sont traités avec déférence. Quant aux inspecteurs du secondaire, ils sont surtout chargés de l’organisation des examens nationaux le Junior Certificate (BEPC) et le Leaving Certificate (Baccalauréat).
La nécessaire réforme de l’inspection : l’importance des débats
24Plusieurs facteurs contribuent alors à la fusion des trois corps d’inspection en un seul. En 1991, le nouveau doyen des inspecteurs, Sean Mac Gleannain, organise des conférences communes entre les inspecteurs du primaire et du secondaire. Il coordonne aussi des rapports annuels récapitulant l’ensemble des informations relatives aux trois corps inspectoraux74. Le doyen des inspecteurs ne fait pas partie de l’équipe de direction du ministère de l’Éducation. Dans le rapport de l’OCDE, il est mentionné que le ministre n’exploite pas assez les compétences de l’inspection75. En outre, le nombre de postes d’inspection est considéré comme très insuffisant pour assurer toutes les missions. Les experts émettent alors des préconisations précises : « Les examinateurs sont convaincus que des services d’inspection élargis, unifiés et plus autonomes, dont les tâches auront été clairement définies, contribueront à mieux servir le système éducatif76. » À la suite de la rédaction de ce rapport, une réunion regroupant les experts de l’OCDE, la ministre de l’Éducation et les représentants du ministère irlandais est organisée à Paris en novembre 1989. La ministre de l’éducation, Mary O’Rourke, fait savoir qu’à ses yeux les conseils d’administration des écoles pourraient assurer un contrôle efficace au niveau des établissements77. Par conséquent, le contrôle des enseignants ne devrait plus relever de l’inspection mais des écoles. Le rapport de l’OCDE, prêt en décembre 1989, n’est publié qu’en 199178.
25À la demande du secrétaire général du ministère de l’Éducation, un chercheur, Clive Hopes – qui est déjà l’auteur en 1988 d’un état des lieux sur l’inspection scolaire en Europe – rédige en 1991 un rapport sur l’inspection irlandaise79. Ce document critique l’organisation de l’inspection et met en exergue un nombre de postes insuffisant pour permettre aux inspecteurs d’assurer leurs missions efficacement. Clive Hopes prône également l’intégration des inspecteurs principaux dans l’équipe de direction du ministère afin qu’ils puissent être partie prenante dans la prise de décision.
26Dans le contexte d’une Irlande victime de la crise pétrolière et de la récession mondiale des années 1980, l’État ne fut pas en mesure de recruter des inspecteurs entre 1981 et 199280. Avec l’amélioration de l’économie et l’influence du rapport de l’OCDE, neuf nouveaux postes sont créés en 1991 et le recrutement s’opère en 1992. Dans le cadre de la préparation d’une loi sur l’éducation et d’une internationalisation des questions éducatives facilitée par des réunions européennes, la réflexion sur les fonctions de l’inspection se poursuit cependant. Dans le livre vert de 1992, le chapitre traitant de l’inspection s’intitule « Assurance qualité dans les nouvelles structures » (Quality Assurance in the New Structures) montrant l’influence du monde des affaires dans les politiques éducatives en Irlande comme à l’international. Le Livre vert prévoit un seul corps inspectoral, le remplacement de l’inspection individuelle par l’inspection d’école (Whole School Inspection – WSI) et la fin du rôle des inspecteurs dans l’organisation des examens nationaux81. Le conseil d’administration doit avoir la responsabilité de la qualité de l’enseignement dans son établissement. Dans sa réponse au Livre vert, le syndicat des inspecteurs exprime son inquiétude82.
27Après ces annonces du Livre vert (1992), le doyen des inspecteurs met en place des groupes de travail. Ils élaborent des documents pour la conférence annuelle des inspecteurs de 199583. La nouvelle politique, déjà adoptée en Angleterre, signifie un bouleversement des pratiques en Irlande, même si depuis les années 1980 les établissements primaires ont l’habitude de mettre en place des projets d’école. En octobre 1993, la nouvelle ministre de l’éducation, Niamh Bhreathnach, invite quarante-deux groupes d’intérêt à se réunir durant dix jours pour débattre du Livre vert afin de dégager un consensus sur la politique à adopter dans la future loi sur l’éducation84. Lors de cette Convention Nationale sur l’Éducation, l’idée d’une inspection d’école, avec un rôle plus important accordé aux conseils d’administration des établissements dans l’autoévaluation, suscite toujours des inquiétudes chez les représentants des enseignants et des parents. Les enseignants se demandent comment il sera possible pour un inspecteur de concilier à la fois les rôles de conseiller et d’évaluateur85.
28Le Livre blanc (1995) envisage pour l’inspection trois missions principales : l’évaluation, le contrôle des examens et la formulation des politiques86. À la suite de la parution de ce document, le doyen des inspecteurs organise seize groupes de travail composés d’inspecteurs, sur seize thèmes qu’il juge essentiels. Les rapports des différents groupes sont remis au ministère le 31 mars 1996. Les inspecteurs participent donc activement à la réflexion sur les changements envisagés87. Depuis les années 1990, le ministère a d’ailleurs toujours encouragé les inspecteurs à entreprendre des recherches universitaires dans le cadre de leur formation continue. À cet égard, l’un d’eux réalisa une enquête d’opinion auprès de tous les inspecteurs sur l’évolution de leurs missions88. La coopération avec l’Université dans le cadre de la formation continue des inspecteurs semble bien être une spécificité irlandaise.
29À partir de la même époque, les inspecteurs participent à la collecte de statistiques internationales pour des rapports publiés chaque année par l’OCDE et intitulés Regards sur l’éducation. Ils prennent part à des réunions européennes et sont adhérents de la nouvelle association européenne des inspecteurs (Standing International Conference of Inspectors SICI) fondée en 1995. Ces contacts internationaux contribuent à faciliter la refonte de l’organisation de l’inspection pendant la dernière décennie du vingtième siècle. Dans le rapport de la Convention Nationale (1994), son auteur, John Coolahan, convient de la nécessité de réorganiser le ministère de l’Éducation afin de permettre à d’autres structures d’assurer une partie de ses missions. La première loi d’envergure sur l’éducation est alors votée en 1998. Pour la première fois depuis la création de l’État irlandais, le rôle juridique de l’inspection est bien défini et un chapitre lui est consacré. Les fonctions principales de l’inspection sont : (1) l’évaluation d’école après avoir consulté le conseil d’administration, l’administrateur (patron), les parents et les enseignants ; (2) le conseil en pédagogie et en gestion de classe ; (3) la diffusion au public des informations relatives aux établissements et au travail de l’inspection ; (4) le conseil auprès du ministre et la participation à la mise en place des politiques éducatives relatives aux programmes, à l’évaluation, à l’enseignement de la langue gaélique et aux examens nationaux.
De nouvelles modalités d’inspection depuis 1998
30Après un long processus de consultation auprès des syndicats enseignants, le principe d’une inspection d’école (Whole School Inspection – WSI) se mue en une politique d’évaluation d’école (Whole School Evaluation – WSE). Le syndicat des enseignants du primaire considère dès lors que la nouvelle formule s’apparente à un partenariat entre l’inspection et les écoles89. En 1999, est expérimentée l’auto-évaluation des établissements. La nouvelle version de l’évaluation d’école, quant à elle, l’est en 2003-2004. Elle est ensuite généralisée à partir de 2005. L’évaluation des écoles (Whole School Evaluation – WSE) fait l’objet d’une négociation entre l’inspection et le syndicat des enseignants du primaire. Elle porte à la fois sur la direction d’école, le projet d’école, l’auto-évaluation, l’enseignement, les apprentissages, les résultats des élèves et leur soutien. Le directeur d’école est prévenu cinq semaines avant l’inspection. Il doit fournir tous les documents relatifs à la politique de l’école. L’évaluation, pendant la période où les inspecteurs sont présents dans l’établissement, comprend : l’observation de l’enseignement et des apprentissages, des questionnaires distribués aux élèves et aux parents, l’analyse des documents officiels de l’école y compris les comptes rendus de réunions, des entretiens avec le directeur d’école, le président du conseil d’administration, un représentant des parents d’élèves et les enseignants.
31Les inspecteurs rédigent ensuite un pré-rapport d’audit qui est envoyé à l’école pour vérification. Des réunions de restitution sont organisées afin de permettre des échanges sur l’audit avant la rédaction de la version définitive du rapport. Le conseil d’administration peut accepter, rédiger une réponse ou faire appel avant la publication finale. Les enseignants peuvent également faire appel. Le rapport définitif contient cinq rubriques : la qualité des apprentissages, celle de l’enseignement, le soutien au bien-être des élèves (à savoir : la relation avec les parents, la mise en place de groupes de besoins spécifiques, l’aide personnalisée…), l’efficacité de la direction ainsi que celle de l’auto-évaluation. L’audit à visée participative, autrement dit l’ensemble du dispositif, comprend une auto-évaluation encadrée et une évaluation externe par l’inspection.
32Dans ses interventions et ses discours officiels, le doyen des inspecteurs, Harold Hislop, a pour habitude de mettre en avant l’importance des résultats des élèves et, selon ses termes, d’une bonne pédagogie assurée par de bons enseignants90. À ses yeux équité et excellence sont parfaitement compatibles91. Dans le discours de présentation de son rapport, il fait savoir que 97 % des parents ont une bonne opinion de l’enseignement et que 86 % des cours observés lors des visites surprises sont considérés comme satisfaisants par les inspecteurs92. Globalement les rapports entre les inspecteurs et les enseignants sont bons. Ils ont l’occasion de se rencontrer lors de colloques annuels de l’association de sciences de l’éducation93 et aussi dans le cadre de la formation continue. La réforme de l’inspection a été élaborée avec le souci d’associer les différents partenaires. Aujourd’hui encore, les missions de l’inspection définies par la loi sur l’éducation de 1998 sont toujours en vigueur. Sur le site du ministère, il est dit que l’inspection assure la promotion de la langue gaélique ce qui correspond à la politique traditionnelle du ministère de l’Éducation depuis l’indépendance, alors que la loi parle plutôt de l’évaluation de l’efficacité de l’enseignement du gaélique, de son développement, de sa promotion et de son usage dans les écoles94.
La refonte administrative du corps inspectoral
33Abordons maintenant la question de la refonte de l’organisation du service du corps inspectoral au niveau du ministère de l’Éducation. Son secrétaire général fait appel à des personnes extérieures pour établir des rapports sur le fonctionnement du ministère, en s’adressant d’abord en 1996 à la société Deloitte and Touche95 (le document est remis en 1999), puis à l’ancien secrétaire du ministère des Finances, Sean Cromien96. Ces rapports contribuent à faciliter une réorganisation du ministère de l’Éducation avec la mise en place d’un réseau régional de bureaux et la création de la Commission des Examens d’État (State Examinations Commission) chargée à partir de 2003 de leur organisation97. Le rapport Cromien trouve l’argumentation nécessaire à l’obtention de 250 postes supplémentaires pour améliorer le fonctionnement du ministère98. L’amélioration de l’économie du pays entre 1993 et 2007 – jalons chronologiques généralement reconnus – permet d’accéder à cette demande. Par ailleurs, dans le contexte de la réforme de l’État99, le doyen des inspecteurs est désormais membre de droit de l’équipe de direction du ministère de l’Éducation (Management Advisory Committee). Par conséquent, les inspecteurs participent à la formulation des politiques éducatives au lieu de soumettre, comme ils l’avaient fait jusqu’alors, des propositions écrites aux responsables administratifs. Les échanges entre hauts fonctionnaires administratifs et responsables de l’inspection s’en trouvent facilités. Le doyen des inspecteurs publie régulièrement un rapport. Les protocoles d’évaluation d’école ainsi que les rapports d’évaluation de chaque établissement sont publiés sur le site du ministère et donc consultables par tous. Ces audits à visée participative rendent compte de la qualité de l’enseignement. Selon McNamara et O’Hara, le dispositif de l’évaluation est bien accepté par l’ensemble des partenaires de l’école. Il favorise la responsabilité collective, la coopération, une plus grande fréquence de réunions et un recours plus important aux TICE100. Les deux chercheurs estiment que certains parents ne sont pas en mesure d’appréhender parfaitement le contenu rédactionnel des rapports d’inspection compte tenu de leur formulation spécialisée. Les universitaires expliquent également que les méthodologies des sciences sociales utilisées pour collecter les données sur les écoles ne peuvent jamais donner lieu à des résultats clairs et sans ambiguïté, tant les questions éducatives sont complexes101.
34Interrogés par l’auteur, des responsables de syndicats enseignants irlandais estiment que les inspecteurs ne contrôlent pas vraiment les enseignants et qu’ils ne jouent aucun rôle officiel dans la détermination du salaire et la promotion des professeurs. Pour ce dernier point, les conseils d’administration ne s’appuient pas sur les rapports d’inspection. Il revient au conseil d’administration de contrôler lui-même les enseignants en sollicitant éventuellement auprès de l’inspection un rapport venant compléter un dossier. Cependant, dans des cas très rares, l’inspection d’école a pu entraîner la démission du directeur. De même, si l’inspection décèle un problème dans une école, elle en fait part au directeur et au conseil d’administration. C’est par conséquent à ces instances d’y remédier102. Compte tenu de la crise économique et financière irlandaise apparue en 2007, les recrutements d’inspecteurs sont limités et l’inspection n’est, dès lors, plus en mesure de réaliser autant d’audits à visée participative. Selon les syndicats enseignants, cela explique les inspections dites « surprises » (incidental inspections) d’un à trois enseignants dans un même établissement, suivies d’un entretien individuel et d’une entrevue avec le chef d’établissement. Les rapports de ces inspections ne sont pas publiés.
*
35Le corps d’inspection scolaire en Irlande est créé en 1832 pour permettre à l’État britannique, par le biais du Conseil de l’Éducation (Board of Education) à Dublin, d’exercer un contrôle sur l’école. Les inspecteurs doivent vérifier que les enseignants respectent les règlements du Conseil. Les écoles ne sont pas censées être monoconfessionnelles et l’inspecteur doit s’assurer que les cours d’instruction religieuse ont bien lieu en début ou en fin de journée pour permettre aux élèves d’assister librement à cet enseignement ou non. En 1836, le Conseil de l’Éducation publie des instructions très détaillées sur tous les aspects concernant le travail, les déplacements et la vie de l’inspecteur. L’anglais est la langue de l’école et les jeunes Irlandais étudient la culture anglaise. Le contrôle des enseignants par les inspecteurs a une incidence sur le salaire, la promotion, voire le licenciement du maître. Pendant la période du paiement fondé sur les résultats des élèves de 1872 à 1899, l’inspecteur examine tous les élèves et, en fonction des résultats, le maître se voie gratifié d’émoluments plus ou moins élevés. Sont de ce fait directement contrôlés les salaires, les promotions et les possibilités de maintien à leur poste des enseignants. L’utilisation exclusive de l’anglais à l’école contribue alors au recul du gaélique comme langue vernaculaire. La fin du payment by results et la mise en application du programme révisé de 1900 accordent ensuite un rôle plus important aux inspecteurs dans le contrôle des enseignants compte tenu du fait que le nombre de promotions possibles se voit restreint eu égard aux restrictions budgétaires de l’époque.
36À partir de la création de l’État libre d’Irlande en 1922, les inspecteurs sont au cœur du projet nationaliste du renouveau de la langue gaélique en tant que langue vernaculaire. Les salaires et les promotions des enseignants du primaire dépendent en grande partie de leur niveau de compétence dans cette langue. Pour briguer un poste d’inspecteur scolaire, la maîtrise du gaélique devient indispensable et tous les jeunes élèves Irlandais l’apprennent. En dépit de tous les efforts de l’État, l’anglais demeure cependant la langue vernaculaire de la quasi-totalité de la population. Les nationalistes tiennent aussi à montrer leur attachement au catholicisme afin de se démarquer de l’Angleterre protestante. Au début du xixe siècle, de par le projet Stanley, chaque école est censée être administrée conjointement par les clergés catholique et protestant et accueillir un public biconfessionnel. Dans les faits, l’État britannique ne parvient pas à obtenir ce résultat car la contestation des responsables des Églises conduit à l’existence d’écoles monoconfessionnelles. Après l’indépendance en 1921-1922, le ministère de l’Éducation accepte la nature confessionnelle des établissements. Depuis le début du xixe siècle, l’instruction religieuse devait être indépendante de l’enseignement général. Dans le règlement des écoles primaires de 1965, si l’article 68 stipule que la religion doit imprégner l’ensemble des enseignements, l’article 69 entre en contradiction avec le précédent en énonçant exactement le contraire, à savoir ce qui était en vigueur depuis 1831 : la séparation de l’enseignement séculier de l’instruction religieuse. Les programmes de 1971, quant à eux, parlent de l’intégration de la religion dans toutes les matières. L’instruction religieuse ne relève pas de l’inspection.
37À partir de 1989, les ministres successifs et le ministère préparent une loi sur l’Éducation. Pendant les années 1980, les établissements primaires mettent en place des projets d’école avec le soutien des inspecteurs. Les missions de ces derniers évoluent alors vers l’évaluation d’école à visée participative. Le processus d’évaluation des écoles (WSE) fait l’objet d’une négociation entre l’inspection et les syndicats enseignants. Il est assez bien accepté par l’ensemble des partenaires. Cependant, les visites surprises individuelles persistent. La Loi sur l’Éducation de 1998 définit le rôle juridique de l’inspection : conseil pédagogique, évaluation d’école, diffusion d’informations et participation à la mise en œuvre de la politique éducative. Le doyen de l’inspection est membre de droit de l’équipe de direction du ministère de l’Éducation. La création d’un corps inspectoral unique et la réforme des missions des inspecteurs mettent une dizaine d’années à aboutir. Le contrôle des enseignants par les inspecteurs n’a pas d’incidence sur le salaire ou les promotions de ceux-là. En revanche, c’est le conseil d’administration qui contrôle officiellement les professeurs. Il peut le cas échéant faire appel à l’inspecteur pour disposer d’un rapport relatif à la pédagogie d’un enseignant s’il a par exemple l’intention de le sanctionner. Les protocoles et le rapport d’évaluation de chaque établissement sont publiés en ligne et par conséquent consultables par tous. La publication des rapports du Conseil de l’Éducation (Board of Education) était la norme au xixe siècle. Aujourd’hui, c’est au tour de la publication des rapports d’inspection de l’être. En moins d’un siècle, on est ainsi passé d’une inspection qui avait pouvoir décisionnel sur le salaire et les promotions du professeur à l’audit à visée participative fondé sur l’auto-évaluation et le dialogue entre l’inspection, les enseignants et les partenaires de l’école103.
Notes de bas de page
1 « Return to an Address of the Honourable The House of Commons dated 29 May 1843 », 1843.
2 Adolphe Perraud, Etudes sur l’Irlande contemporaine, Paris, Charles Dounion, 1862, p. 475-476.
3 Documents de l’Archevêque Hugh Boulter dans Timothy Corcoran, State policy in Irish education, A.D. 1536 to 1816, exemplified in documents collected for lectures to postgraduate classes, Dublin, Fallon Brothers, 1916.
4 Aine Hyland et Kenneth Milne (éd.), Irish Educational Documents, vol. 1., Dublin, CICE, 1987, p. 62-68.
5 Garret Fitzgerald, Irish Primary Education in the early nineteenth century, Dublin, RIA, 2013, p. 15-17.
6 Second Report of the Commissioners of Irish Education Inquiry, vol. XII, 1826, 1331 p.
7 « The Stanley Letter », october 1831.
8 John Coolahan, « The Daring First Decade of the Board of National Education, 1831-1841 », The Irish Journal of Education, 1983, XVII. l, p. 35-54.
9 Donald Harman Akenson, The Irish education experiment : the national system of education in the nineteenth century, London, 1970, p. 376.
10 Aine Hyalnd, « The multi denominational experience in the national school system in Ireland », Irish Educational Studies, 8.1, 1989, p. 89-114.
11 « Census of Ireland, April, 1861, “Preliminary Results” », Journal of the Statistical Society of London, vol. 24, n° 3, Sept., 1861, p. 402-410.
12 « Return to an Address of the Honourable The House of Commons dated 29 May 1843 », 1843.
13 Séamas Ó Buachalla, « Educational Policy and the Role of the Irish Language from 1831 to 1981 », European Journal of Education, vol. 19, n° 1, 1984, p. 75-79.
14 John Coolahan, « The Daring First Decade of the Board of National Education, 1831-1841 », The Irish Journal of Education, 1983, XVII, p. 35-54.
15 John Coolahan, Irish Education : its History and Structure, Dublin, IPA, 1981, p. 15.
16 Eustas O’Heideain, National School Inspection in Ireland the beginnings, Dublin, Scepter Books, 1967, p. 50.
17 « Rules for inspectors – Instructions to inspectors », Appendix E to the Third Report of the Commissioners of National Education in Ireland, 1836.
18 « The object of the Government : to promote the general intelligence and good conduct of the poorer classes of this country. » Source : Third Report of the Commissioners of National Education in Ireland, 1836.
19 « Instructions to inspectors 1836 », appendix E to the Third Report of the Commissioners of National Education in Ireland, 1836. Traduction : « Il observera ensuite le mode d’enseignement adopté par le maître et lui suggérera les améliorations qu’il lui semble nécessaires. Dans toutes ces relations avec les enseignants, il doit les traiter avec la plus parfaire politesse, avec respect, s’entretenant avec eux en privé de ce qui peut ne va pas, le notant pour le restituer au Conseil, mais sans leur dicter leur conduite de manière autoritaire devant les leurs élèves. »
20 Deirdre Raftery, « The legacy of legislation and the pragmatics of policy : Historical perspectives on schooling for Irish Children », in Sheelagh Drudy (dir.), Education in Ireland : Challenge and Change, Dublin, Gill & Macmillan, 2009, p. 19.
21 John Coolahan, Patrick F. Donovan, A History of Ireland’s School Inspectorate, 1831-2008, Dublin, Four Courts Press, 2009, p. 27.
22 Eustas O Heideain, National School Inspection in Ireland the beginnings, Dublin, Scepter Books, 1967, p. 84.
23 Voir James Camlin Beckett, The Making of Modern Ireland 1603-1923, London, Faber, 1966 ; Alvin Jackson, Home Rule : an Irish history, 1800-2000, Oxford, OUP, 2003.
24 John Coolahan, « The ideological framework of the payment by results policy in nineteenth century education », Proceedings of the Educational Studies Association, 1977, p. 166-172 ; John Coolahan, Patrick F. Donovan, A History of Ireland’s School Inspectorate, op. cit., p. 38-39.
25 John Coolahan, Irish Education : its History and Structure, op. cit., p. 28.
26 Rules and Regulations for National Schools under the Commissioners of National Education, 1898.
27 *Shillings(s)/Pence (d).
28 John Hutchinson, Dynamics of Cultural Nationalism : The Gaelic Revival and the Creation of the Irish Nation State, London, Routledge, 1987, p. 117.
29 Aine Hyland, « The process of curriculum change in the Irish national school system, 1868 to 1986 », Irish Educational Studies 6.2, 1986, p. 19.
30 The Revised Programme of Instruction, 1900.
31 Ibid.
32 John Coolahan, Irish Education : its History and Structure, op. cit, 1981, p. 36.
33 Ibid., p. 34.
34 F.S.L. Lyons, Ireland since the Famine, London, Fontana, 1985, p. 88.
35 Aine Hyland, « The treasury and Irish education : 1850-1922 : The myth and the reality », Irish Educational Studies, 1983, vol. 3, no. 2 1983, p. 57-82.
36 John Coolahan and Patrick F. Donovan, A history of Ireland’s school inspectorate, op. cit., p. 62.
37 T. J. O’Connell, 100 years of progress – a history of the Irish national teachers Organisation (1868-1968), Dublin, INTO, 1968.
38 1904 Dale (English Inspector) found serious deficiences on school premises, equipment, staffing, attendance, infant education and instruction generally.
39 Fidelma Maguire, « Movements for Political & Social Reform, 1870-1914 : Anglicisation and De-Anglicisation » ; Nadine Lamelet-Mac Grath, La langue irlandaise dans les écoles primaires en Irlande de 1831 à 1936 – Stratégies politiques et pédagogiques, thèse, université Rennes 2, 2008, p. 168.
40 John Coolahan and Patrick F. Donovan, A History of Ireland’s School Inspectorate, op. cit., p. 73.
41 Pastoral quoted in The Irish Teachers’Journal, 6 October, 1900, p. 4. Voir John Coolahan, Caroline Hussey, Fionnuala Kilfeather, The Forum on Patronage and Pluralism in the Primary Sector : Report of the Forum’s Advisory Group, Dublin, Department of Education and Skills, 2012, p. 9-21.
42 Report of the Department of Education for the School Year 1924-25 and the Financial and Administrative Years 1924-25-26, Dublin, Stationery Office, 1926, p. 22. Traduction : « Le renforcement de l’unité nationale par la langue, l’histoire, la musique et les traditions de l’Irlande ont naturellement leur place dans la vie des écoles irlandaises. »
43 An Roinn Oideachas, Reports and Statistics relating to national education in Saorstat for the year 1923-24, Dublin, Stationery Office, 1925.
44 John Coolahan, Irish Education : Its History and Structure, op. cit., p. 40-41.
45 John Coolahan and Patrick F. Donovan, A History of Ireland’s School Inspectorate, op. cit., p. 297.
46 Report of the Department of Education for the School Years 1925-26-27 and the Financial and Administrative Years 1926-1927, Dublin, Stationery Office, 1928, p. 10-17.
47 Revised Programme, 1934.
48 Iarfhlaith Watson, Máire Nic Ghiolla Phadraig, « Linguistic Elitism : the advantage of speaking Irish rather than the Irish-speaker advantage », The Economic and Social Review, 42.4, 2011, p. 437-454.
49 Tim Pat Coogan, The Irish : A Personal View, London, Phaidon, 1975, p. 62 ; John Murphy, « Religion and Irish Identity », in Princess Grace Irish Library, Irishness in a Changing Society, New Jersey, Barnes & Noble, 1988, p. 133 et 151.
50 James Camlin Beckett, The Making of Modern Ireland 1603-1923, op. cit., 1966, p. 151-249 ; P. J. Corish, The Catholic Community in the Seventeenth and Eighteenth Centuries, Dublin, Helicon, 1981, p. 73-81.
51 Brian Tiltley, Church, State and the Control of Schooling in Ireland, Dublin, Gill & Macmillan, 1983, p. 160.
52 Kurt Bowen, Protestants in a Catholic State : Ireland’s Privileged Minority, op. cit., p. 134 ; J. Cooney, The Crozier and the Dáil, Dublin, Mercier Press, 1986, p. 15.
53 J. Whyte, Church and State in Modern Ireland 1923-70, Dublin, Gill & Macmillan, 1971, p. 17.
54 Tim Pat Coogan, The Irish : A Personal View, op. cit., p. 62.
55 Evening Telegraph, 22 January 1920.
56 Brian Titley, Church, State and the Control of Schooling in Ireland 1900-1944, Dublin, Gill & Macmillan, 1983, p. 142.
57 Department of Education, Rules and Regulations for National Schools, Dublin, Stationery Office, 1946, p. 44.
58 Thomas J. O’Connell, 100 years of progress, op. cit., p. 362.
59 Rules for National Schools, Dublin, Stationery Office, 1965, p. 68. Traduction : « Dans tous les programmes scolaires, l’instruction religieuse est très importante, en particulier la matière dédiée au “service et respect de Dieu”. Celle-ci doit permettre l’appropriation et nourrir la pratique de l’ensemble des facultés humaines. L’instruction religieuse est, dès lors, une partie fondamentale des contenus scolaires et un esprit religieux doit orienter et vivifier l’ensemble des activités au sein de l’école. »
60 Garret Fitzgerald, « How religion made its way into primary school system », Irish Times, 13/2/2010.
61 Department of Education, Rules for National Schools, Rule 161.2, 1965. Traduction : « Les inspecteurs ne sont pas autorisés à prendre des décisions sur des questions concernant une école nationale et ne peuvent donner des ordres directs dans l’école. Ils peuvent attirer l’attention des dirigeants et des enseignants sur les points qui leur semblent cruciaux. »
62 Thomas J. O’Connell, 100 years of progress, op. cit., p. 420.
63 John Coolahan, Patrick F. Donovan, A History of Ireland’s School Inspectorate, op. cit., p. 298.
64 Department of Education, Curaclam na Bunscoile – Primary School Curriculum – Teachers’Handbook, Dublin, Browne and Nolan, 1971.
65 Kevin Williams, « Faith and the nation : Education and religious identity in the Republic of Ireland », British Journal of Educational Studies, 47.4, 1999, p. 317-331.
66 Aine Hyland, « The multi-denominational experience in the national school system in Ireland », Irish Educational Studies, 8.1, 1989, p. 89-114.
67 Jim Gleeson, Curriculum in Context : Partnership, Power And Praxis in Ireland, Peter Lang, 2010, p. 236-244.
68 [http://www.ncca.ie/en/About_U], consulté le 15/9/2015.
69 Aine Hyland, The Design of Leaving Certificate Science Syllabi in Ireland, Dublin, ISTA, 2014, p. 7-14.
70 Jim Gleeson, Curriculum in Context : Partnership, Power and Praxis in Ireland, Peter Lang, 2010, p. 285.
71 John Coolahan et Patrick F. Donovan, A History of Ireland’s School Inspectorate, op. cit., p. 305-307.
72 Les experts de l’OCDE ne mentionnent pas l’inspection technique.
73 OCDE, Examen des politiques nationales d’Education : Irlande, Paris, OCDE, 1991, p. 110-115.
74 John Coolahan, Patrick F. Donovan, A History of Ireland’s School Inspectorate, op. cit., p. 306.
75 OCDE, Examen des politiques nationales d’Education : Irlande, op. cit., p. 42-44.
76 Ibid., p. 44.
77 Ibid., p. 114.
78 L’auteur a obtenu un exemplaire de ce rapport en janvier 1990 par le biais des experts de l’OCDE.
79 Clive Hopes, « A Review of the Role and Functions of the Irish Schools Inspectorate », 1991.
80 John Coolahan, Patrick F. Donovan, A History of Ireland’s School Inspectorate, 1831-2008, op. cit., p. 298.
81 Department of Education. Green Paper on Education (Education for a Changing World). Dublin, Stationery Office, 1992, p. 173-174.
82 John Coolahan, Patrick F. Donovan, A History of Ireland’s School Inspectorate, op. cit., p. 243.
83 Ibid., p. 259.
84 Imelda Bonel-Elliott, « La Convention Nationale sur l’Éducation (1993) », Études irlandaises, 22 (1), 1997, p. 131-144.
85 John Coolahan, Report on the National Education Convention, Dublin, Stationery Office, 1994, p. 61-65.
86 Department of Education, White Paper on Education (Charting our Education Future), Dublin, Stationery Office, 1995, p. 177-182.
87 John Coolahan, Patrick F. Donovan, A History of Ireland’s School Inspectorate, op. cit., p. 260.
88 John Mcginty, « Post-Primary Inspectors in Ireland : A Survey of Work Practices and of Attitudes to Proposed Changes in Their Role », M. Sc. Dissertation, Trinity College Dublin, 1994.
89 Education Committee, Whole School Evaluation, Dublin, INTO, 2009.
90 Harold Hislop, (Chief Inspector), « Change, Challenge, Risk and Opportunity », Keynote Address, Joint Managerial Body (JMB) Education Conference : Leading for New Learning, 15/9/2014.
91 Harold Hislop, « Advancing Learning, Assessment and Evaluation in Irish Second-level Schools », Address to the Association of Community and Comprehensive Schools, Galway, 19/3/2015.
92 Harold Hislop, Presentation Launch of Chief Inspector’s Report 2010-2012, 5/11/2013.
93 Education Studies Association of Ireland. L’auteur assiste aux colloques de cette association savante tous les ans.
94 [https://www.education.ie/en/The-Department/Management-Organisation/Inspectorate.html], consulté le 15/9/2015.
95 John Walshe, A New Partnership in Education – From Consultation to Legislation in the Nineties. Dublin, IPA, 1999, p. 85.
96 Sean Cromien, Review of Department’s Operations, Systems and Staffing Needs Report, October 2000.
97 [https://www.examinations.ie], consulté le 15/9/2015.
98 John Coolahan, Patrick F. Donovan, A History of Ireland’s School Inspectorate, op. cit., p. 265-268.
99 Strategic Management Initiative 1994, Delivery of Better Governement 1996, OECD Public Management Reviews : Ireland 2008 : Towards an Integrated Public Service, Paris, OECD, 2008. Voir Alma Mccarthy, Geraldine Grady, Gillian Dooley, Leadership in the Irish Civil Service, Galway, CISC NUIG, 2011.
100 Gerry Mcnamara, Joe O’Hara, Trusting Schools and Teachers : Developing Educational Professionalism through Self-Evaluation, New York, Peter Lang, 2008.
101 Ibid.
102 Sources syndicales : Deirbhile Nic Craith, Director Education & Research, INTO, 20/2/2015, David Duffy, Education and Research Officer, TUI, 20/2/2015, Moira Leydon, Assistant General Secretary, Education & Research, ASTI, 20/2/2015.
103 L’auteur remercie Michel Sorel pour sa relecture et ses commentaires sur ce chapitre.
Auteur
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