Précédent Suivant

L’investissement des gens de cour dans la ville

p. 285


Texte intégral

1Paris devient un lieu signifiant pour les gens de cour en se transformant en ville de résidence. On constate ainsi qu’ils élisent volontiers sépulture aux Cordeliers, aux Jacobins et aux Célestins au xive siècle, alors même qu’ils sont d’origine provinciale : cela dénote une familiarité certaine avec ces monastères parisiens, fruit de la proximité de la cour avec la ville à cette époque, mais aussi d’une volonté d’ostentation dans un lieu légitimant leur position sociale. Cette pratique cesse avec le départ de la cour sur la Loire au xve siècle, mais lorsque les courtisans pronostiquent un retour de la personne royale à Paris sous le règne de Charles VIII, ils y multiplient, par anticipation, les commandes artistiques car Paris est la vitrine où ils doivent afficher leur rang et leurs ambitions.

2Mais il est aussi possible que cette pratique sociale vaille pour elle-même, puisqu’elle est attestée pour des courtisans qui vivent avec le roi sur la Loire. L’amiral Malet de Graville s’approvisionne ainsi en objets de luxe exclusivement à Paris, y investit dans un hôtel somptueux et multiplie les dons aux églises parisiennes. Si l’ancienne ville de cour des rois conserve sa valeur légitimante pour certains courtisans, alors même qu’ils sont sur la Loire, c’est peut-être parce qu’elle est entrée dans l’imaginaire aristocratique comme la principale ville de résidence royale, ainsi que le suggèrent les romans de chevalerie du xve siècle1.

Notes de bas de page

1 Voir l’article de Michelle Szkilnik dans le volume.

Précédent Suivant

Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.