Lisbonne, ville de Cour (1300-1500)
p. 129-145
Texte intégral
1Évoquer Lisbonne telle qu’elle était entre le xive et le xvie siècle demande au lecteur un effort d’imagination. La ville qui existait avant le grand tremblement de terre de 1755 est en effet difficile à reconstituer à partir de ses contours actuels tant la grande catastrophe l’a modifiée. Ainsi la ville basse de Lisbonne, reconstruite au xviiie siècle, laisse difficilement percevoir à travers la géométrie bien ordonnée de ses rues l’activité fourmillante de l’espace de la ville médiévale et de la Renaissance.
2On peut cependant tenter de reconstituer son évolution spatiale, religieuse et sociale, grâce notamment à une historiographie urbaine particulièrement féconde : les chercheurs et érudits travaillant sur la question, rassemblés dans un domaine spécialisé de recherche qui s’est donné le beau nom de « olissipographie » (d’après Olisipo, nom ancien de Lisbonne), ont multiplié les études de détail1. Grâce à plus d’un siècle de recherches minutieuses, il est maintenant possible d’identifier les anciennes paroisses, mises en corrélation avec les principales étapes de la croissance urbaine. La recherche a aussi permis de suivre le tracé des murailles médiévales, structures fondamentales de la vieille ville islamique et chrétienne.
3Notre attention se portera, non sur l’évolution urbaine en général, mais sur les rapports tissés entre la ville et la cour. À partir du xiiie siècle en effet, Lisbonne devint le lieu de séjour privilégié des monarques portugais et de leur cour. Je commencerai par une présentation des résidences royales dispersées à travers la ville, car ces palais sont le cadre matériel d’une grande partie de la vie curiale, lieu d’activité mais aussi centre symbolique de la cour. J’évoquerai ensuite la résidence des nobles de cour, y compris celle des familiers du roi, thème historiographique encore méconnu qui permet de délimiter nombre d’espaces résidentiels individualisés au sein de la ville, ayant des dénominations spécifiques. En troisième lieu, je m’arrêterai sur la question assez complexe du logement payant des courtisans, en tenant compte de la croissance des pratiques de l’hospitalité propre aux membres de la cour au cours des xive et xve siècles. L’insertion des Portugais dans les circuits marchands du commerce maritime, en particulier méditerranéen, tout comme l’expérience de princes cosmopolites et voyageurs sont des facteurs largement responsables de la mise en place de solutions nouvelles pour le logement des courtisans dans la ville. Pour terminer, je discuterai des continuités, mais aussi des changements dans le rapport entre la cour et les espaces riverains du Tage, en tenant compte des différentes interprétations à propos des effets induits par cette présence dans l’évolution de la vie urbaine.
Les résidences royales entre Moyen Âge et Renaissance
4Lisbonne comptait deux résidences héritées de la topographie du pouvoir de la ville islamique (viiie-xiie siècles) : un palais à l’intérieur de la « kasaba », c’est-à-dire la zone fortifiée en haut de colline, et une seconde résidence située à l’intérieur du cercle plus ancien des murailles2. Ce mur d’origine romaine délimitait la ville pendant la période islamique, et fut donc appelé par les Lisboètes « cerca moura », c’est-à-dire le mur des Maures. Bien que les rois du Portugal venus du Nord se soient installés, après la conquête de la ville en 1147, dans la partie fortifiée de la kasaba (en portugais alcáçova), ils ont continué à utiliser les deux résidences, ce que prouvent les sources écrites – plus nombreuses – du xiiie siècle3.
5L’occupation de la kasaba d’une ville par un roi conquérant était un acte politique hautement significatif dans la reconquête ibérique. La ville islamique était souvent le chef-lieu d’un territoire plus ou moins vaste, et l’occupation de la résidence du souverain ou du gouverneur signifiait un transfert de pouvoir élargi à ces espaces environnants4. Dans son récit de la conquête de Lisbonne, un croisé contemporain ne manque pas de noter qu’une fois la ville prise, le roi portugais Afonso Henriques, « a parcouru à pied le circuit des murs » de la citadelle prenant ainsi possession du lieu5.
6Quoique les contours de cet espace résidentiel ne nous soient pas connus dans le détail, il semble que la kasaba de Lisbonne contenait alors plusieurs bâtiments. Mais ce qui le caractérise avant tout, c’est son isolement spatial, en haut de colline, alors que, dans la ville basse, Lisbonne poursuivait son expansion vers l’ouest hors même des murailles6. L’iconographie du xvie siècle confirme ce relatif isolement spatial de la citadelle-résidence, de même que les sources écrites. Il suffit d’évoquer l’épisode du siège de Lisbonne par le roi castillan en 1373, passage relaté dans sa chronique par le célèbre écrivain portugais du xve siècle Fernão Lopes. Les musulmans lisboètes résidant hors des murailles se réfugièrent alors sous l’ombre protectrice du château royal, à l’intérieur de tentes érigées sur le versant ouest de la colline, secteur relativement vide de constructions. Les autres habitants s’entassèrent dans l’espace déjà densément construit situé à l’intérieur du premier circuit des murs ; la ville s’étendait alors dans la vallée principale et les abords du fleuve, ses quartiers les plus riches se trouvant ouverts à l’assaillant7.
7En contraste avec cet espace encerclé d’un mur de l’ancienne kasaba, la seconde résidence médiévale des rois à Lisbonne était pleinement insérée dans le tissu urbain des quartiers plus anciens. L’historien Oliveira Marques a soutenu que, jusqu’au xiiie siècle au moins, cette résidence utilisait ce qui restait d’un édifice d’origine islamique aux dimensions relativement importantes qui devait contraster avec les bâtiments environnants8. Quoi qu’il en soit, à l’époque médiévale, cette deuxième résidence était considérée comme moins importante que celle du château, ce qui est indirectement confirmé par le fait que c’était la résidence de la « kasaba » qui était entourée des lieux d’activité et de logement de plusieurs services de la maison royale. Ce deuxième palais, appelé « de Saint Martin » (São Martinho), voisinait aux xive-xve siècles avec les lieux de fabrication de la monnaie du roi, d’où son qualificatif alternatif de « palais de la monnaie ». Il s’agissait d’une résidence d’un seul tenant, moins complexe dans sa structure que l’ensemble résidentiel de la citadelle. Néanmoins, les rois du Portugal s’y sont installés à plusieurs reprises au xive siècle, tout comme les reines et les princes héritiers, car la vieille kasaba souffrit d’importantes destructions occasionnées par des séismes.
8Les itinéraires royaux témoignent que depuis le milieu du xiiie siècle au moins (gouvernement d’Alphonse III), Lisbonne était devenue le centre urbain le plus visité par les monarques portugais. C’est également la ville où ils faisaient les étapes les plus longues, tendance qui s’accentue à la fin du Moyen Âge. On ne peut donc soutenir, comme le fait Joan-Lluís Palos dans un article récemment publié, que jusqu’au xvie siècle, il n’y avait pas à Lisbonne de « monarque résident et, par conséquent, une noblesse attirée par la cour9 ». Les itinéraires médiévaux montrent que les rois et leurs épouses résidaient à Lisbonne parfois plusieurs mois d’affilée, notamment l’été, période de lourdes chaleurs où ils se déplaçaient plus rarement vers le sud du royaume10. Les monarques ont aussi fortement investi dans l’immobilier urbain, en particulier Alphonse III (roi en 1248-1279) et son fils Denis (1279-1325), constituant un important patrimoine soigneusement administré et qui resta pratiquement intact pendant deux siècles au moins, comme l’a démontré l’historienne Iria Gonçalves. Les propriétés royales se trouvaient dans plusieurs secteurs de la ville, concentrées en unités plus ou moins compactes, notamment dans la ville basse à vocation commerciale et artisanale, où les maisons et les locaux commerciaux étaient loués à des prix plus élevés11.
9Les itinéraires royaux montrent que ces séjours urbains ne doivent pas être pris isolément, mais qu’il faut les replacer dans le cadre de parcours plus vastes les liant à un axe de circulation fluviale utilisant le Tage, mais aussi à d’autres demeures péri-urbaines situées à courte distance des murs de la ville. Dans le premier cas, les palais de Lisbonne s’articulaient, dans une séquence d’étapes qui pouvait aller de un à trois jours, avec huit résidences situées en amont sur les deux rives du fleuve. Ceci rendait possible l’installation plus stable de quelques services de la cour à Lisbonne, alors que le roi se déplaçait facilement hors de la ville, par exemple pour chasser. Les demeures péri-urbaines (situées à Xabregas, Benfica, Lumiar, Belas, Frielas, endroits aujourd’hui intégrés dans la ville ou à la périphérie de Lisbonne) permettaient des étapes finales avant l’entrée plus ou moins solennelle dans la ville – c’est également ainsi que les utilisaient les visiteurs et hôtes des rois portugais. Un peu plus éloignée, la résidence champêtre de Sintra permettait de s’éloigner de la capitale pendant la période estivale, tout en restant tout au plus à une journée de Lisbonne12.
10Cette centralité lisboète dans la région du royaume la plus fréquentée par les rois explique aussi la dissémination de l’activité des différents services de la cour dans la ville. Lorsque le roi séjournait à Lisbonne, les lieux de sa résidence étaient d’abord fréquentés par tous ceux qui servaient « au palais ». Dans l’espace de la citadelle, tout près de la résidence des rois, on trouve mention de plusieurs bâtiments attachés aux services de la maison royale, comme l’échansonnerie (escançaria), la garde-robe (reposte)13, ou l’inévitable écurie14. Une des tours de l’enceinte a servi au xve siècle comme dépôt pour les archives royales (la fameuse « torre do tombo », nom qui perdure pour les archives nationales), et le palais secondaire « de saint Martin » a accueilli les activités du tribunal central du roi. Il faut encore mentionner l’importance du service lié aux finances royales, précocement enraciné à Lisbonne dans la « Casa dos Contos » où depuis au moins les années 1370, on faisait la distinction entre comptes du royaume et comptes auliques15. La fin du xive siècle fut le moment où les services financiers du roi et de la maison royale s’installèrent dans la ville basse, plus près du fleuve, abandonnant leur site traditionnel situé dans la résidence principale des monarques, où l’une des tours de l’enceinte de la citadelle servait de dépôt au trésor royal16.
11La localisation des résidences royales à Lisbonne et des services liés à l’administration centrale comme à la cour, montre bien la façon dont les monarques des xive-xve siècles affirmaient leur présence au sein des différents pôles d’activité de la ville portuaire alors qu’ils s’appropriaient parallèlement les ressources économiques ainsi que les opportunités de gain que son développement commercial présageait. Il ne faut pas oublier que, vers la fin du xive siècle, ils eurent leurs propres navires de commerce, et que les impôts liés aux transactions commerciales représentaient une partie croissante de leurs ressources financières17. La construction, à la fin du xve et au début du xvie siècle, d’un palais royal aux nouvelles caractéristiques monumentales sur la rive même du Tage, peut être interprété à la fois comme une rupture, celle de l’abandon de la protection des murailles médiévales, mais aussi comme un épisode conclusif d’une évolution pluriséculaire. J’y reviendrai.
La noblesse de cour : le « bairro » aristocratique
12La présence de la cour à Lisbonne attira l’aristocratie portugaise. Jusqu’au xive siècle, la plupart des nobles s’installèrent dans les paroisses de la colline du château royal, à proximité, voire même à l’intérieur des premières murailles de la ville, non loin de la cathédrale, ancienne mosquée principale de Lisbonne. C’est ainsi que les maisons du fils bâtard du roi Denis, le fameux écrivain et comte de Barcelos Dom Pedro († 1354), se trouvaient tout près de la « cerca moura18 ». À la fin du xive siècle encore, on trouve à l’intérieur du premier circuit de murailles la demeure de João de Avis, fils du roi Pedro (1357-1367) et maître de l’ordre militaire du même nom, personnage qui deviendra roi du Portugal en 1385 : il possédait une résidence près de l’église de São João da Praça19. Les édifices résidentiels des grands nobles et magnats de la cour se concentraient également dans les paroisses de São Bartolomeu et Santiago, situées aux portes de la kasaba royale.
13Ces palais (paços) aristocratiques ont eu une longévité remarquable, même si les propriétés font l’objet de transactions entre différentes familles. Deux exemples en témoignent. La résidence, située à Santiago, d’une dame courtisane d’origine grecque, Vatatsa Lascaris († 1336), figure principale de l’entourage de la reine Isabelle20, passa entre les mains d’un noble important du temps du roi Afonso IV (1325-1357), Lopo Fernandes Pacheco († 1349). À son tour, la fille de ce dernier la vendit à João Afonso Telo († 1381), le premier comte de Ourém, un des plus puissants aristocrates de la seconde moitié du xive siècle21. Il se peut que les bâtiments aient fait l’objet de transformations importantes du point de vue architectural, quoique la recherche ne nous permette pas encore une localisation précise de ce « palais avec verger » décrit dans les sources, et encore moins une description de son évolution. On peut néanmoins souligner la continuité des paços urbains entre les mains de l’aristocratie curiale.
14Autre exemple fameux, celui du palais d’un homme originaire de l’oligarchie locale de Lisbonne, promu par le nouveau monarque d’Avis, le docteur João das Regras († 1404). Selon les chroniques, le roi devait l’appui des villes à l’action et au prestige de cet homme de loi qui avait défendu sa cause lors de la réunion des parlements en 1385. Il acquit en 1390 le palais du grand courtisan Álvaro Peres de Castro († 1384), une résidence « avec son quartier (bairro) », située juste à l’est des murs anciens, près de l’église de Santa Marinha22. Il s’agissait d’un aristocrate particulièrement puissant, comte de Arraiolos depuis 1371, seul capable de rivaliser avec le fameux comte Telo, longtemps mentionné comme le noble le plus puissant de la cour portugaise entre 1350 et1380.
15Cette tendance observée à Lisbonne après le xiiie siècle d’un regroupement des demeures nobles à proximité du palais royal est ainsi semblable à ce qu’a observé l’historien José Mattoso pour d’autres villes de résidence, comme Santarém : les demeures nobles les plus anciennes se situaient près de la kasaba, mais lorsque le roi fit construire au xive siècle une nouvelle résidence dans le quartier commercial de la ville, les nobles l’y rejoignirent23. Dans le cas de Lisbonne, les princes et grands nobles de la première moitié du xve siècle continuèrent à résider à proximité des murs de la ville de Lisbonne et du château royal, tel le fameux Henri le Navigateur († 1460) dont le palais était situé à Santa Marinha24. De même, le comte Pedro de Meneses († 1437), courtisan contemporain d’Henri le Navigateur, qui avait passé une partie de sa vie au Maroc, fit construire au début du xve siècle un palais à São Bartolomeu – ce sera le Paço de Santo Elói, résidence où vécut à la fin du siècle la reine Eléonore du Portugal (femme de Jean II, r. 1481-1495) qui l’avait achetée aux Meneses25. La puissante famille des Bragance, qui prit son essor au xve siècle, eut une résidence d’abord dans la paroisse de Santiago. Puis, on le verra, les demeures nobles vont se disperser dans d’autres zones de Lisbonne, un processus que l’on comprend mieux si l’on se penche sur leurs spécificités.
16Que sait-on de ces résidences de la noblesse de cour de la fin du Moyen Âge ? Je voudrais me pencher sur un texte bien connu qui nous révèle les inquiétudes des monarques à propos de la multiplication des complexes résidentiels de la noblesse à Lisbonne. Il s’agit du prologue de la chronique du roi Fernando Ier (1367-1382) rédigée par Fernão Lopes :
« Puisque Lisbonne est une ville de gens très nombreux et variés (muitas e desvairadas gentes), […] le roi Ferdinand ne voulait qu’aucun seigneur ou homme noble (fidalgo) ne puisse donner refuge à un malfaiteur dans l’espace protégé de son bairro. Il a donc ordonné qu’on les emprisonne même à l’intérieur des bairros où ils se cachaient, et il condamna à de forts châtiments tous ceux qui voudraient défendre ces criminels26. »
17Les bairros de la noblesse étaient des espaces résidentiels collectifs. L’expression « maison/palais avec son bairro » évoque des complexes organisés autour d’une résidence principale pour le logement de dépendants et familiers. Le mot bairro est originaire d’un mot arabe se référant à ce qui est à l’extérieur, situé hors d’une localité27 ; l’évolution de son champ sémantique est intéressante, en rapport avec l’histoire de Lisbonne. En effet, dans les textes en langue vulgaire de la période médiévale, le mot bairro n’a pas toujours la signification moderne bien plus ample de « quartier d’une ville ». Seules des zones bien particulières méritaient cette désignation28. Ce fut à Lisbonne que l’usage du mot s’affirma plus clairement, y compris comme toponyme, conséquence de la donation faite en 1317 par le monarque portugais d’une zone urbaine située hors de l’enceinte à un seigneur génois, l’amiral Pessagno. Cette zone sera appelée jusqu’au xvie siècle le « bairro do almirante29 », désignation qui semble appropriée puisqu’elle ne sera incluse à l’intérieur des murs de Lisbonne qu’après la construction de la seconde enceinte (1373-1375).
18À Gênes, lieu d’origine du bénéficiaire de cette importante concession, on connaît bien la configuration, à partir de la fin xiie siècle, de ces espaces particuliers (curiae) associés aux familles larges génoises, souvent organisés autour de petites places qui pouvaient se fermer avec des portes et renfermant des magasins, des portiques, des hébergements pour les gens de passage30. En revanche, la désignation portugaise fait mention de la situation marginale ou suburbaine de ces espaces, alors que son champ sémantique s’étend au xive siècle pour faire également référence à leur statut spécial. Le mot « couto » y est associé dans les textes mentionnant, par exemple, le « bairro coutado » de tel ou tel seigneur. L’idée d’une séparation virtuellement liée à un statut juridique spécial de ces espaces est donc clairement évoquée par le « bairro » lisboète du bas Moyen Âge, un espace qui pouvait être plus ou moins étendu mais qui, en entourant une résidence noble, se détachait toutefois du tissu urbain31. Selon le chroniqueur Fernão Lopes, ce serait précisément une immunité exagérée de ces espaces que le roi Fernando aurait voulu réformer32.
19Pour être totalement complet, il faut remarquer qu’il y avait des espaces temporaires résultant de l’itinérance de la cour également désignés par le terme de bairro, parties délimitées d’une ville établies à chaque fois que le roi y pénétrait. Celles-ci comprenaient des rues et des places mises à part pour des services spécifiques ou des groupes de professionnels de la suite royale ayant besoin de lieux de résidence et d’activité propres. Les services de l’hôtel accompagnant le roi avaient un nombre fixe de serviteurs et d’agents qui avaient tendance à loger ensemble au cours de leur itinérance. C’était le cas, par exemple, de l’officier judiciaire de la cour avec ses agents, car il devait trouver des places de prison. C’était aussi le cas pour les bouchers, pour quelques marchands suivant la cour, ou pour les « filles de joie », sur lesquelles nous reviendrons. Les sources normatives décrivent l’acte d’établissement de ces bairros comme un démarquage de ces zones par rapport à l’espace urbain environnant33. Mais dans ce cas, c’était bien l’autorité et la protection du monarque qui en définissaient le statut particulier. En revanche, et à Lisbonne de façon toute particulière, le bairro aristocratique devint au bas Moyen Âge le lieu d’affirmation de la présence des nobles courtisans dans la ville, évoquant la dépendance de clients et serviteurs par rapport au maître des lieux, ainsi que la possibilité d’une convivialité curiale associée à la maison des grands et des privilégiés.
L’expérience des courtisans : le logis collectif
20On l’a vu, à la fin du Moyen Âge, le palais fortifié des rois, en haut de la colline dominant Lisbonne, était un des lieux de la ville où les serviteurs de l’Hôtel se rendaient en journée, sans pour autant y résider – à l’exception des serviteurs de la chambre qui séjournaient continuellement auprès des souverains et de leurs épouses. Les curiaux – officiers, hommes d’armes et nobles recevant des gages en tant que résidents (moradores) – avaient donc à se procurer un logement par eux-mêmes, à Lisbonne comme ailleurs.
21Certains, grands aristocrates et officiers majeurs de la cour, avaient leurs propres demeures, ce qui facilitait les choses34. Pour d’autres – ceux qui avaient un rapport de clientèle ou de dépendance avec un noble –, la solution promue par le roi à la fin du xive siècle fut d’utiliser les demeures nobiliaires : soit les serviteurs logeaient comme hôtes aux côtés du seigneur, soit leur office ou celui de leur maître leur permettait d’utiliser un quartier de la ville ou un ensemble de logis disponibles.
22Cependant, le problème du logement des courtisans à Lisbonne demeura réel, bien plus que ne le laissent supposer les chroniques et les sources normatives. Le problème pour le roi était de résoudre un conflit tenace, qui tenait à l’interprétation des obligations de la ville en ce qui concernait le droit de gîte, c’est-à-dire le devoir de pourvoir au logement de la suite royale. L’organisation du logement des curiaux ne disposant pas de demeures propres à Lisbonne connut une évolution rapide au cours du xive siècle. Ce fut la croissance même de la cour après 1300 et le séjour plus fréquent des rois dans leur capitale qui amenèrent à trouver des solutions originales, d’abord mises en place à Lisbonne, puis utilisées ailleurs, comme à Évora, deuxième ville de résidence royale au xve-xvie siècle. On observe qu’à partir de la décennie 1370, le système de logis temporaire des courtisans couvert par l’obligation de gîte a été remplacé par la logique du marché de l’hospitalité payante. Visant le remplacement du mécanisme plus ancien de la réquisition des logements privés, les villes aspiraient à payer directement les auberges pour loger les gens de cour, transformant cette obligation en une pratique moins onéreuse pour les habitants non-privilégiés. Ceci supposait un mécanisme de prévision par l’estimation du nombre de logis requis (proposé par le fourrier ou aposentador) et visant la distribution, coordonnée entre fourrier et gouvernement urbain, des logements eux-mêmes35. Quand ce nouveau mécanisme avait des difficultés à délivrer tous les logis nécessaires, il y avait toujours au xve siècle une liste de personnes qui pouvaient être réquisitionnées comme auparavant
23Il ne faut pas oublier que ces solutions sont également nées sous la pression de la conjoncture politique. Dans le cas de la ville de Lisbonne, l’alliance du gouvernement urbain et des oligarchies locales avec la cause du monarque élu en 1385, João de Avis, s’est traduite par une bienveillance nouvelle du monarque à l’égard des citoyens et à leurs obligations traditionnelles liées au droit de gîte. En 1464, ce fut aux officiers représentant les métiers, qu’a été attribué à Lisbonne le « regimento da aposentadoria », c’est-à-dire l’administration de cette tâche assez complexe de coordination des logements qui se faisait déjà majoritairement en utilisant le marché de l’hospitalité payante36. Le nom même de ce service payant, « estau37 », comptabilisé en nombre de « lits » ou unités d’hébergement composées de prestations matérielles (lits, draps, tables, etc.), fut utilisé à Lisbonne pour désigner un édifice nouveau, construit au xve siècle pour le logis collectif de ceux qui suivaient la cour. Avec les Estaus, au lieu d’avoir des dizaines d’auberges éparpillés dans la ville, il y aura un seul lieu pour délivrer les services d’hôtellerie, qui seront contractés par la ville à des professionnels. Le lieu, certes, appartient au roi, mais la ville paye toujours pour délivrer les services qui remplacent la réquisition de la demeure privée pour le droit de gîte.
24Ce palais fut d’abord construit (entre 1438 et 1449) pour l’usage direct du roi et de la cour. Cette innovation a été particulièrement bien accueillie par la ville de Lisbonne, car l’édifice – assez vaste – devint le lieu centralisé pour les fournisseurs de la cour qui y délivraient les différents éléments matériels des logis pour lesquels la ville était collectivement responsable, un service qui était organisé vers le milieu du xve siècle en ayant recours à un système de contrats d’affermage.
25On peut comparer la solution de Lisbonne à l’exemple vénitien, bien étudié. Le prince portugais Pedro, auquel on attribue un rôle décisif dans la construction du grand « palais des Estaus » de Lisbonne, a sûrement connu le vieux « fondaco dei tedeschi » lors de sa visite à Venise en mars 1428. La chronique vénitienne de Morosini, entre autres, nous donne un récit assez détaillé de la visite de ce prince reçu avec honneur par la république adriatique et logé en ville avec sa suite pendant une semaine aux frais du gouvernement vénitien. Alors que Pedro lui-même logeait au monastère de San Giorgio Maggiore, les membres de son équipage furent dispersés, nous raconte Morosini, « dans la Giudecca et les auberges de Venise38 ». Non seulement Pedro visita-t-il avec curiosité l’Arsenal – où se construisaient alors six grandes galères (galioni grandissimi)39 –, mais il parcourut aussi longuement d’autres quartiers de Venise. Marchant le long du fameux circuit commercial de la Marzeria, il s’attarda dans l’église voisine du bâtiment destiné à l’hébergement des marchands étrangers. Le fondaco des Allemands pouvait facilement être visité et même devenir le lieu d’hébergement de quelques compagnons du prince portugais qui venait de servir, ne l’oublions pas, l’empereur Sigismond de Luxembourg dans ses guerres menées en Hongrie et en Roumanie.
26Le « fondaco dei tedeschi » a été reconstruit en 1506 après un grand incendie, structure du palais que l’on voit encore aujourd’hui à Venise. Mais ce fondaco était une institution vieille d’au moins deux siècles quand le prince portugais a visité la ville. Au début du xiiie siècle, le gouvernement de Venise avait acheté, pour les adapter à l’usage des marchands étrangers venus du nord, des édifices situés dans le centre névralgique du commerce citadin qu’était le Rialto. On sait que vers 1220, les marchands logeaient déjà dans cet endroit spécialement bâti pour eux40. Au moment de la visite du prince Pedro du Portugal, le fondaco était composé d’un grand immeuble à deux corps organisés autour de cours carrées, et intégrant l’église dotée de son entrée propre. Les marchands séjournaient à l’étage supérieur du fondaco, dans une cinquantaine de cellules accessibles par de longs couloirs. Leurs produits s’entassaient dans des magasins situés au rez-de-chaussée et dans la cour elle-même, avec une telle abondance parfois que les sources enregistrent les plaintes de ceux qui ne pouvaient parcourir l’espace central à cause de l’accumulation des caisses empilées les unes sur les autres41.
27Il est bien connu que dans les années 1420-1430, le prince Pedro s’est intéressé aux solutions trouvées ailleurs en Europe, lors de ses voyages, pour les adapter au royaume portugais. Il suffit de lire la fameuse lettre de conseil qu’il écrivit de Bruges à son frère Duarte, l’héritier du trône, où il lui communique son admiration pour le modèle des universités anglaises structurées en collèges, modèle dont il voudrait s’inspirer pour le Portugal. Ce n’est pas tellement du point de vue de l’architecture de l’édifice portugais, néanmoins, que l’exemple vénitien nous intéresse ici. Car ce type de structure – des bâtiments et magasins similaires au funduk méditerranéen –, était relativement courant aussi dans les villes commerciales de la péninsule ibérique. Le plan et les maquettes de l’ancien palais des Estaus, réalisés à partir des documents d’archives de l’inquisition de Lisbonne et des plus anciens plans de la ville datant du xviie siècle, révèlent l’organisation interne du bâtiment original des années 1438-1449, rénové et agrandi au siècle suivant42. Des espaces cellulaires symétriques étaient disposés autour d’une cour centrale avec portiques, et en cela, le bâtiment était tout à fait semblable non seulement au fondaco vénitien mais aussi à d’autres édifices ibériques, quoiqu’à une échelle bien plus vaste que l’exemple conservé, par exemple, dans le modeste funduk Granadin connu sous le nom de « Corral del Carbón43 ».
28Ainsi que l’a montré Olivia Constable, dans la péninsule ibérique, les magasins et auberges de type funduk étaient souvent de propriété royale, comme en Aragon ou en Castille. À la fin du Moyen Âge cependant, ces édifices servaient surtout au prélèvement fiscal et au stockage et à la vente de produits, plutôt qu’à l’hébergement des marchands et voyageurs, selon la tradition méditerranéenne. Ainsi, en suivant Constable, et en simplifiant à l’extrême, le funduk ibérique aurait évolué en privilégiant le contrôle des produits plutôt que le contrôle des marchands eux-mêmes44. Même à Venise, où le marchand ne pouvait loger ailleurs que dans le fondaco45, les deux aspects étaient, en réalité, indissociables. Or à Lisbonne, les monarques et la ville s’intéressaient surtout au contrôle des personnes. Les gens de cour, à qui le logement était dû, devraient s’installer préférentiellement au palais des Estaus, car c’était dans cet édifice que les professionnels ayant affermé le service de logement faisaient leurs livraisons. Ainsi s’installa pour près d’un siècle (1440-1540) l’usage d’un logement collectif pour les membres de la cour (moradores) et les hôtes46. À Lisbonne comme à Venise, les estaus étaient un lieu d’hébergement, mais aussi d’activité. Les notaires y rédigeaient des contrats, des visiteurs étrangers y logeaient au frais du roi, qui, lui-même, s’y installait parfois47.
29L’originalité du « palais des Estaus » réside dans l’association au régime particulier du logement courtisan mis sous l’administration d’un service de la cour, du système assez évolué de l’hospitalité payante et du contrat d’hébergement (aposentadoria) utilisé par la ville pour faire face à ses obligations de gîte. Tout ceci reposait sur une connaissance préalable du nombre de personnes à loger. Ce mécanisme rappelle le strict contrôle, exercé par des officiers spécifiques, de la ville de Venise sur les obligations fiscales et commerciales des marchands étrangers, facilité par leur concentration dans le fondaco. À Lisbonne, c’était le logement des gens qui accompagnaient le roi qu’il fallait administrer, et le fait qu’ils logent au même endroit était, en théorie, une solution bien plus efficace que le système traditionnel d’éparpillement de la suite royale dans plusieurs locaux et auberges de la ville. Il faudra encore trouver le moyen, avec les sources disponibles, de cerner plus précisément le degré d’efficacité d’un tel mécanisme.
30De manière similaire, alors que les premières écuries royales se situaient près du palais de la kasaba, de nouvelles écuries furent construites près du palais des Estaus, aux portes de la ville, accessibles par la grande place du Rossio. Adossées aux murailles pour leur partie extérieure, ces écuries royales furent plusieurs fois agrandies à partir des premières décennies du xvie siècle ; une ouverture fut maintenue dans les murailles permettant une circulation aisée entre les deux structures48. Tout près de l’édifice des Estaus et des écuries coulait une conduite d’eau faisant partie des égouts de la ville49. Là se situait aussi le quartier des prostituées (mancebia).
31D’inévitables abus et dysfonctionnements de ce système d’hébergement en logis collectif des courtisans et des hôtes du monarque sont décrits par quelques voyageurs logés au frais du roi. D’autres en revanche présentent de façon élogieuse leur séjour dans le palais des Estaus, louant en particulier la dimension imposante de l’édifice. Mais c’est dans la poésie courtisane de la fin du xve siècle que l’on trouve le portrait satyrique le plus mordant de la précarité relative de ces solutions d’hébergement. Prenons l’exemple de cette vignette insérée dans un essai d’opposition entre « la cour et la campagne », thème traditionnel de la critique humaniste de la vie de cour, lorsqu’un courtisan repenti, ravi de sa liberté retrouvée, proclame dans ces vers :
Je ne reçois plus d’hébergement
De votre fourrier de cour (aposentador)
Ni la marmite ni son couvercle,
Ni la broche à rôtir ni la table cassée
Ni les draps trop petits,
Soit en longueur soit de travers,
Pour couvrir mes trousses.
Combien de fois j’ai lutté
Avec vous sous la couverture ?
Il y avait tant de puces
Qu’on en a tué un grand nombre.
Combien de fois j’ai jeûné,
Sans que ce soit par dévotion ?
Dieu seul le sait, mais aussi votre frère
Avec qui j’ai si souvent logé50.
32On retrouve dans ces vers exactement les composantes des « lits » mentionnés dans les contrats d’hébergement de la ville de Lisbonne : draps, couvertures, tables et chaise, rôtissoire, marmite et son couvercle. Tous ces éléments devaient être fournis au courtisan ou à l’hôte du roi installé dans le palais des Estaus, comme cela se pratiquait dans n’importe quelle auberge. Cette précarité presque semblable à celle des voyageurs était aggravée par le fait que l’on partageait le logis par pairs, et qu’il fallait se procurer ou organiser le service d’un cuisinier résident. Une précarité que pouvaient éviter certains courtisans, notamment ceux qui avaient des demeures leur appartenant, ainsi que les clients ou hôtes de la noblesse qui logeaient souvent avec leurs seigneurs dans des palais situés, comme on l’a vu, dans plusieurs lieux de la ville.
33Car après la construction de la dernière enceinte médiévale de Lisbonne par le roi Fernando (1374-1376), les résidences des nobles de la cour et même celles de la grande aristocratie liée aux rois par le sang, s’installèrent dans d’autres zones de la ville, principalement sur la colline occidentale, mais aussi dans la partie basse incendiée lors des guerres des années 1370. L’exemple, mal connu mais souvent mentionné fut, dans le dernier cas, le palais du comte de Ourém Afonso († 1460) situé dans le Rossio, non loin du palais des Estaus, et surtout celui du duc de Bragance, construit au début du xvie siècle sur des terrains de la colline protégés par la dernière enceinte de la ville, tout près du monastère des franciscains51.
Épilogue : le fleuve comme espace curial
34L’estuaire du Tage, véritable porte ouverte sur l’Atlantique, s’élargit considérablement devant la ville de Lisbonne et laisse pénétrer la mer et les marées. C’est ainsi que les Lisboètes du passé s’y référaient souvent en l’appelant « la mer52 ». Depuis le Moyen Âge, les espaces riverains furent une des entrées majeures de la ville, mais ses activités prédominantes – construction navale, commerce et navigation fluviale – n’en faisaient pas un espace spécialement attractif pour la résidence curiale53. La ville basse se trouvait séparée du fleuve par une enceinte médiévale construite le long du rivage visant à protéger ce centre d’activité marchande et artisanale, espace où se trouvaient aussi les quartiers juifs importants. La décision de faire construire, au cours des années 1500, un nouveau palais royal hors de cette enceinte, sur les rives mêmes du Tage aménagées par de grands terrassements, fut sans doute un acte politique important de la part du souverain protecteur de Vasco de Gama, le roi Manuel Ier.
35Le nouveau palais a d’abord nécessité l’aménagement de lieux d’embarquement existants et, dans un deuxième temps, a entraîné la construction d’importants quais de pierre. Dans le dessin portugais daté de 1575 attribué à Simão de Miranda, on voit le palais s’avancer sur les eaux du fleuve comme une grande machine de guerre, et cela même avant la construction du fameux « torreão » ou « grande tour » voulue par Philippe II de Habsbourg. Sur les images disponibles, le palais de la première moitié du xvie siècle était relié directement à un lieu d’embarquement utilisé par la cour ainsi que par les différents services de l’administration royale. Les chantiers de la construction navale se situaient derrière son bâtiment principal, dans une surprenante proximité. Ainsi que l’a discuté l’historien Nuno Senos, la décision de construire ce « palais du fleuve » ou « du rivage » (da Ribeira) semble suggérer une réorientation de la ville curiale par son ouverture à la voie fluviale. Vrai « palais de l’Inde » bâti en symbiose avec les magasins du commerce d’Outremer, son échelle et son horizon géographique dépassent la ville et la transforment en emblème de la grandeur du monarque portugais54.
36Pourtant, il faut bien se garder de concevoir ce palais comme un témoin d’un recentrement radical de l’urbanisme de Lisbonne sur la voie fluviale, et d’une nouvelle hiérarchie spatiale de la ville basse. Même si ce palais devient emblématique de la ville dans l’iconographie moderne, la Lisbonne de la Renaissance témoigne d’une importante continuité avec la ville du Moyen Âge tardif, assez bien soulignée par l’historien Walter Rossa. « En réalité », nous dit-il, « ce n’était pas sur l’esplanade du palais de Manuel Ier que se déroulait l’essentiel du quotidien de Lisbonne, mais dans les espaces proches – Rua Nova, Largo do Pelourinho Velho, Praça da Ribeira – à l’intérieur des murs, et le long de la Rua Nova d’el-Rei, artère qui reliait cette zone de la ville à la place du Rossio. La place du palais (Terreiro do Paço), une fois aménagée, est devenue une esplanade pour les manifestations du pouvoir (fêtes, entrées royales), bien plus qu’un centre quotidien d’interaction sociale55 ».
37Avec ce nouveau palais, il faut aussi voir une réaffirmation de la voie fluviale comme espace curial, et son expansion le long du rivage comme une volonté d’embrasser les limites des espaces riverains de la ville : Santos à l’Ouest, Xabregas à l’Est. Les voies d’eau s’affirment à la Renaissance comme un axe cérémoniel reliant les lieux d’agrément de la cour, ce que décrivent longuement les chroniqueurs de Manuel Ier, notamment Gaspar Correia et Damião de Góis. Car la Lisbonne de Manuel Ier (1495-1521) est certes une Lisbonne nouvelle, mais demeure une ville de cour en tension créatrice avec la ville aristocratique du Moyen Âge tardif et ses traditions liées à l’itinérance saisonnière des monarques. La croissance de la ville de cour se fera ainsi au xvie siècle le long de la rive du fleuve avec des espaces résidentiels libérés des contraintes des murailles de la ville médiévale, créant une succession de lieux d’agrément et de loisir aristocratiques, associés aux résidences dotées de jardins clos et aussi, ponctuellement, de quais d’embarquement56. Le fleuve lui-même devint ainsi un espace curial.
Notes de bas de page
1 Pour une introduction à cette bibliographie : Estudos sobre Lisboa, Rossio, n° 1, 2013 (numéro thématique de la revue) [https://pt.scribd.com/doc/203729606/Rossio-01]. Voir aussi l’ouvrage de synthèse de França J.-A., Lisboa. História Física e Moral, Lisbonne, Livros Horizonte, 2009. Un ouvrage plus récent sur Lisbonne à la Renaissance a été publié depuis le colloque à l’origine de cet article, donc il n’a pu être utilisé ici : Gschwend A. J. et Lowe K. J. P., The Global City. On the streets of Renaissance Lisbon, Londres, Holbertson, 2016.
2 Le premier palais était nommé le palais de « l’alcáçova ». Le deuxième palais se situait près de l’église de São Martinho, dans l’endroit nommé depuis le xvie siècle « Limoeiro ». Il est aussi connu au xve siècle par la désignation de « palais des infantes (les fils du roi) » ou « de la monnaie », Silva A. V. da, A Cerca Moura de Lisboa. Estudo Histórico-Descritivo, Lisbonne, Câmara Municipal de Lisboa, 1987, p. 168-170.
3 Pradalié G., Lisboa, da Reconquista ao fim do século xiii, Lisbonne, Palas, 1975.
4 « La ville mozarabe entre Douro et Tage est centre militaire, dominée par le relief architectural de sa Kasaba représentant le gouverneur dont la mission serait d’assurer la liberté du commerce et de l’activité artisanale ainsi que la perception de tributs et impôts. Le château de Lisbonne, ainsi que ceux de Santarém ou de Coimbra, n’auraient pas eu un profil bien différent de ceux de Tolède ou de Mérida », Almeida C. A. Ferreira de, « Urbanismo da Alta Idade Média em Portugal », in Gusmão A. N. de (dir.), Cidades e História, Lisbonne, Fundação Calouste Gulbenkian, 1992, p. 135 (citation traduite du Portugais). Toutefois, la Lisbonne d’avant la conquête chrétienne n’était pas un centre politique important, n’ayant pas été capitale d’une « taifa » ou royaume musulman, Picard C., Le Portugal Musulman (viiie-xiiie siècle). L’occident d’Al-Andalus sous domination islamique, Paris, Maisonneuve et Larose, 2000, p. 62.
5 « Rex interim muros editioris castri pedes circui », David C. W. (dir.), De Expugnatione Lyxbonensi. The Conquest of Lisbon, New York, Columbia University Press, 1936, p. 175.
6 Les sources relatives à la conquête chrétienne de 1147 montrent clairement que la ville s’étendait déjà vers l’ouest de sa muraille, direction majeure de son expansion future, Pradalié G., op. cit., p. 40-43.
7 Lopes F., Crónica de Dom Fernando, Lisbonne, Imprensa Nacional-Casa da Moeda, 1975, p. 259-260. Martins M. G., Lisboa e a Guerra, 1367-1411, Lisbonne, Livros Horizonte, 2001, p. 68-69. Entre 1373 et 1375 fut construite la plus grande partie de la « nouvelle muraille » de Lisbonne, qui protégeait dorénavant les faubourgs les plus riches et toute la ville basse. Pour l’iconographie de la citadelle des rois, voir les plans et vues publiées dans Moita I. (dir.), Lisboa Quinhentista. A Imagem e a Vida da Cidade : Catálogo da Exposição, Lisbonne, Câmara Municipal-Museu da Cidade, 1983.
8 Marques A. H. de Oliveira « Depois da Reconquista. A Cidade na Baixa Idade Média », in Moita I. (dir.), O Livro de Lisboa, Lisbonne, Livros Horizonte, 1994, p. 101.
9 Palos J.-L., « Two Scripts for a Single Stage. Naples, Barcelona and Lisbon in the Spanish Empire : Old Civic Traditions and New Court Practices », in Menjot D. et Courbon L. (dir.), La Cour et la Ville dans l’Europe du Moyen Âge et des Temps Modernes, Turnhout, Brepols, 2015, p. 59 (citation traduite de l’anglais).
10 Costa-Gomes R., The Making of a Court Society. Kings and Nobles in Late Medieval Portugal, Cambridge, Cambridge University Press, 2003, p. 299-307.
11 Gonçalves I., « Aspectos ecónomico-sociais da Lisboa do século xv estudados a partir da propriedade régia », in Um Olhar sobre a Cidade Medieval, Cascais, Patrimonia, 1996, p. 14-15.
12 Costa-Gomes R., op. cit., p. 324-333. Id., « Les Déplacements de la Cour Portugaise : deux axiomes et quatre hypothèses pour une comparaison des monarchies ibériques », e-Spania, n° 8, 2009, http://e-Spania.revues.org/18853 ; DOI : 10.4000/e-spania.18853
13 Costa-Gomes R., op. cit., p. 318.
14 L’écurie (strabarija cabalorum et bestiarum dominy regis) se situait tout près du mur de la kasaba, vraisemblablement en dehors des murailles : Repertorium de omnibus domibus seu tendijs quas dominus rex habet in ciuitate Vlixbonensi sub era Ma CCCa XXXbija [1299], publié par Costa M. A. Nunes, Reflexão àcerca dos locais ducentistas atribuídos ao Estudo Geral, Coimbra, Universidade de Coimbra, 1991, p. 90.
15 Rau V., A Casa dos Contos, Coimbra, Universidade de Coimbra, 1951. La « casa dos contos » installée à Lisbonne, institution similaire au « royal exchequer » anglais, était un organe de vérification des comptes royaux, et non de l’administration ou des marchands de la ville comme l’interprète Palos (voir note 9).
16 Le plus ancien règlement conservé (« regimento ») de la « casa dos Contos » date de 1389. En 1392, cette chambre des comptes fut installée tout près de la douane (Alfândega) et du « Pelourinho Velho » (ibid.).
17 Tendances mises à jour par l’historien Magalhães Godinho dans plusieurs de ses travaux, notamment Godinho V. M., « A Formação do Estado e as Finanças Públicas », in Ensaios e Estudos. Uma maneira de pensar, Lisbonne, Sá da Costa Editora, 2009, p. 147-149.
18 Les maisons ayant apartenu à sa mère ont donné naissance à un fameux hôpital, Freire A. B., Brasões da Sala de Sintra, Lisbonne, Imprensa Nacional-Casa da Moeda, 1973, t. I, p. 265-270. Sur son œuvre, Simoes M., « Pedro de Portugal, Conde de Barcelos », in Lanciani G. et Tavani G. (dir.), Dicionário da Literatura Medieval Galega e Portuguesa, Lisbonne, Caminho, 1993, p. 521-523. La résidence la plus célèbre de ce magnat de la noblesse se situait hors de Lisbonne, à Lalim (Lamego), où il vécut les vingt dernières années de sa vie.
19 Mentionée par le chroniqueur Fernão Lopes, Crónica del Rei Dom João I da Boa Memória, Lisbonne, Imprensa Nacional-Casa da Moeda, 1977, t. I, p. 66.
20 L’inventaire de ses biens a été étudié par Coelho M. H. da Cruz et Ventura L., « Os bens de Vataça. Visibilidade de uma existência », Revista de História das Ideias, n° 9, 1987, p. 33-77. Comme dans le cas du comte de Barcelos, la résidence principale de cette dame se situait hors de Lisbonne, à Santiago do Cacém (Alentejo).
21 Direcção Geral de Arquivos/TT, Chancelaria de D. João I, Livro 2, fol. 130.
22 Ibid., fol. 49 v°.
23 Mattoso J., « Os nobres nas cidades portuguesas da Idade Média », in Portugal Medieval. Novas Interpretações, Lisbonne, Imprensa Nacional-Casa da Moeda, 1985, p. 273-291.
24 Dinis A. J. Dias (dir.), Monumenta Henricina, Coimbra, Comissão Executiva do V Centenário da morte do Infante D. Henrique, 1974, t. XV, p. 68-70 et 133-134.
25 Andrade F. de, Palácios Reais de Lisboa, Lisbonne, Vega, 1990, p. 77-80.
26 Lopes F., op. cit., p. 8-9.
27 Viana A. R. Gonçalves, Apostilas aos Dicionários Portugueses, Lisbonne, Livraria Clássica, 1906, t. 1, p. 120. Corriente F., Diccionario de Arabismos y voces afines en Iberorromance, Madrid, Gredos, 1999, p. 120-121. Le mot arabe « el-barru » (nominatif) pourrait se traduire par « le dehors » (ici, de la ville). Je remercie ma collègue Kimberly Katz pour son aide dans la recherche de ce mot.
28 Voir les attestations recueillies dans Cunha A. G. da (dir.), Índice do Vocabulário do Português Medieval, Rio de Janeiro, Fundação Casa de Rui Barbosa, 1988, t. II, p. 2.
29 Voir les documents datés de 1317 et 1321 : Marques J. M. da Silva (dir.), Descobrimentos Portugueses. Documentos para a sua história, Lisbonne, Instituto Nacional de Investigação Científica, 1988, t. I, p. 28 et 42. L’exemption de cet espace est décrite dans le texte de 1321 : « que l’alcaide [juge de Lisbonne] ne s’occupe ni de lui [l’amiral] ni des siens, ceux qui sont vêtus et gouvernés par lui, ni de son bairro » (traduit de l’original portugais). L’histoire de ce quartier de Lisbonne a été esquissée d’abord par Sequeira G. de Matos, O Carmo e a Trindade. Subsídios para a História de Lisboa, Lisbonne, Câmara Municipal de Lisboa, 1939, t. I, p. 45-49 et 71-75.
30 Bianchi L. G. et Poleggi E., Una città portuale nel Medioevo. Genova nei secoli x-xvi, Gênes, Sagep, 1987. Heers J., « Urbanisme et structure sociale à Gênes au Moyen Âge », in Studi in onore di Amintore Fanfani, t. I : Antichitá e Medioevo, Milan, Giuffrè, 1962, p. 369-412.
31 Les résidences urbaines de la noblesse au xiiie siècle, par exemple à Guimarães, correspondaient à des espaces décrits dans les enquêtes royales (inquirições) comme « cautate et honorate » : Mattoso J., op. cit., p. 276-277. Comme le souligne cet auteur, seule une étude plus systématique des enquêtes royales nous permettra de mieux cerner la signification de ces expressions pour cette époque plus lointaine, puisque son usage n’est pas réservé aux demeures de la noblesse.
32 Une politique soutenue, cédant à la pression constante du gouvernement municipal de Lisbonne, par le roi João Ier (1385-1433), Marques J. M., op. cit., t. I, p. 200. Dans les parlements tenus à Coimbra en 1398, les nobles se sont opposés à l’action des juges du roi, qui « non seulement entrent dans les bairros, mais dans les demeures mêmes » des privilégiés, « ce qui n’a jamais été fait du temps des rois précédents », Costa M. J. Almeida (éd.), Ordenações Afonsinas, Lisbonne, Fundação Calouste Gulbenkian, 1984, t. II, p. 348.
33 On utilise alors l’expression « fazer bairro apartado ». Voir, par exemple, un texte daté de 1421 : « Quel que soit l’endroit où nous [le roi] nous trouvons, que l’on donne un bairro au meirinho [officier judiciaire de la cour], pour lui et pour ses hommes, ainsi que pour les marchands et les bouchers suivant la cour », Albuquerque M. (éd.), Ordenações de D. Duarte, Lisbonne, Fundação Calouste Gulbenkian, 1988, p. 642.
34 Un exemple de demeure d’un grand officier de cour du xive siècle, João Esteves da Azambuja (appelé « o privado »), habitant un palais noble dont le lieu est encore existant, se trouve dans le quartier de l’Alfama, Costa M. N. da, « Palácio do Salvador », in Santana F. et Sucena E. (dir.), Dicionário da História de Lisboa, Lisbonne, Carlos Quinas, 1994, p. 837-838.
35 Costa-Gomes R., « La Cour en mouvement et l’organisation des séjours au Portugal : aspects matériels et économiques », e-Spania, n° 20, 2015 [http://e-spania.revues.org/24206] ; DOI : 10.4000/e-spania.24206.
36 Rodrigues M.T. Campos, Aspectos da Administração Municipal de Lisboa no século xv, tiré à part de Revista Municipal, numéros 101-109, 1968, p. 119-125.
37 Le mot est proche du vocabulaire méditerranéen désignant les édifices publics et les auberges, comme dans le catalan « hostal » ou l’occitan « oustal ». Un voyageur aristocratique portugais des années 1430, par exemple, trouvait des « estaus » dans des villes aussi diverses que Chiva (Valencia), Pisa ou Strasbourg, Dias A. F. (éd.), Diário da Jornada do Conde de Ourém ao concílio de Basileia, Ourém, Câmara Municipal, 2003. Le mot écrit en majuscule désigne dans le présent essai le palais lisboète ; on réserve les miniscules pour le service lui-même, ou les auberges commerciales en général.
38 « In el Bucentoro intrado, vegnudo per Chanal Grando chon misier lo doxe e la Signoria, desmontado a San Ziorzi, e con i suo là esser alozadi, e simel per la Zudecha, e per tute le ostarie de Veniexia, con apareclamento de molti albergi da fuogi e camere mese bem in ponto con molti leti fornidi, fati apariar per la Dogal Signoria », Nanetti A. (éd.), Il Codice Morosini. Il mondo visto da Venezia (1094-1433), Spoleto, Centro Italiano di Studi sull’Alto Medioevo, 2010, t. III, p. 1268.
39 Ibid., p. 1266.
40 Lupprian K.-E., Il Fondacco dei tedeschi e la sua funzione di controllo del commercio tedesco a Venezia, Venise, Centro Tedesco di Studi Veneziani, 1978, p. 7.
41 Calabi D., « Il Fondacco degli Alemanni, la chiesa di San Bartolomeo e il contesto mercantile », in Bonazza N., Lenardo I. et Guidarelli G. (dir.), La Chiesa di San Bartolomeo e la comunità tedesca a Venezia, Venise, Marcianum, 2013, p. 114-117. Je remercie Maria Grazia Messina pour son aide dans la recherche du bâtiment vénitien contemporain à la visite de Pedro.
42 La maquette de l’édifice est exposée dans le musée de la ville de Lisbonne (Museu de Lisboa-Palácio Pimenta). Pour une synthèse générale de l’évolution de ce palais, Farinha M. do Carmo Dias, « Palácio dos Estaus », in Santana F. et Sucena E. (dir.), Dicionário da História de Lisboa, p. 361-364 (avec liste des sources et bibliographie).
43 Torres Balbas L., « Las alhóndigas hispanomusulmanas y el Corral del Carbón de Granada », Al-Andalus, n° 2, 1946, p. 447-481.
44 Constable O. R., Housing the Stranger in the Mediterranean World. Lodging, Trade, and Travel in Late Antiquity and the Middle Ages, Cambridge, Cambridge University Press, 2003, p. 187-189.
45 Cela s’entend comme marchand actif transportant des produits et voulant poursuivre ses activités commerciales, et non comme personne privée visitant la ville, par exemple, comme pèlerin.
46 L’utilisation de ce palais par le tribunal de l’Inquisition remonte à 1537 : Giebels D. N., No epicentro da dinâmica inquisitorial (1537-1579), Coimbra, thèse de doctorat en histoire, 2016, p. 45. Je remercie José Paiva pour la communication de ces résultats de la recherche la plus récente sur ce problème. Bien que l’Inquisition ait profondément transformé l’édifice par l’addition de bâtiments voués aux prisons et à la résidence des inquisiteurs, lors des réformes successives de 1569-1578 et 1604-1617, les plans de 1634 nous montrent encore la partie correspondante au vieux palais. Ils sont reproduits dans Bethencourt F., História das Inquisições : Portugal, Espanha e Itália, Lisbonne, Círculo de Leitores, 1994, p. 60-61.
47 Les séjours des rois et des reines dans ce palais se prolongent jusqu’aux années 1540, Buescu A. I., D. João III, 1502-1557, Lisbonne, Círculo de Leitores, 2005, p. 238.
48 Voir pour la localisation de cette petite porte ou « postigo », Silva A. V. da, A Cerca Fernandina de Lisboa, Lisbonne, Câmara Municipal, 1987, t. I, p. 94-95 et plan en fin de volume (V). Des fragments du livre des comptes des travaux faits entre 1520 et 1521 au palais des Estaus et dans les écuries se trouvent dans Direcção Geral de Arquivos/TT, Corpo Cronológico, Parte II, par exemple : Maço 93, # 138 et Maço 97, # 26.
49 Barros A. A. Salgado, « Os canos na drenagem da rede de saneamento da cidade de Lisboa antes do terramoto de 1755 », Cadernos do Arquivo Municipal, IIe série, n° 1, 2014, p. 89.
50 L’auteur des vers (traduits du portugais) est le poète João Rodrigues de Castelo Branco, actif vers 1490-1515, Resende G. de, Cancioneiro Geral, Coimbra, Universidade de Coimbra, 1973, t. I, p. 342. Voir aussi Moran Cabanas I., « Sobre as cartas rimadas de João Rodrigues de Castelo Branco no Cancioneiro Geral de Garcia de Resende », in Alvarez R. et Vilavedra D. (dir.), Cingidos por unha arela común. Homenaxe ó Professor Xesús Alonso Montero, Santiago de Compostela, Universidad, 1999, t. II, p. 1017-1035.
51 Silva A. V., Os paços do duques de Bragança em Lisboa : reconstituição topográfica dum trecho da Lisboa desaparecida, tiré à part de Olissipo, Lisbonne, 1942.
52 Marques A. H. Oliveira, « Lisboa, cidade marítima », in Novos Ensaios de História Medieval Portuguesa, Lisbonne, Presença, 1988, p. 92-95.
53 Pour une description de la « Ribeira » médiévale comprise dans l’espace riverain du fleuve, voir Gonçalves I., « Na Ribeira de Lisboa, em finais da Idade Média », in Um Olhar sobre a Cidade Medieval, Cascais, Patrimonia, 1996, p. 61-75.
54 Senos N., O Paço da Ribeira, 1501-1581, Lisbonne, Editorial Notícias, 2002.
55 Rossa W., « Lisboa Quinhentista, o terreiro e o paço : prenúncios de uma afirmação da capitalidade », in Carneiro R. et Matos A. T. de (dir.), D. João III e o Império, Lisbonne, Centro de História de Além-Mar, 2004, p. 952. Pour le contraste entre les projets lisboètes de Manuel Ier et les usages de la ville par son fils Jean III (r. 1521-1557), Senos N., « A Coroa e a Igreja na Lisboa de Quinhentos », Lusitania Sacra, n° 15, 2003, p. 97-117.
56 Voir les importantes remarques à ce propos de França J.-A., op. cit., p. 134.
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