Loger dans la ville
p. 87
Texte intégral
1Le problème du logement de la cour dans la ville pose la question des contraintes que s’imposent mutuellement l’une et l’autre. Si la ville préexiste à la cour, comme c’est le cas à Paris, la densité de la population et de l’habitat rend difficile les opérations d’urbanisme nécessaires à l’extension des anciens palais royaux. Ainsi le nouvel hôtel des Menus Plaisirs du roi au xviiie siècle1, et surtout le projet du « grand Louvre » qui eut toutes les peines du monde à se réaliser, entre le xvie et le xixe siècle, sont la preuve que la monarchie, même absolue, doit toujours composer avec l’inertie urbaine. À l’inverse si la cour s’installe dans une ville modeste, elle en commande le développement jusqu’à la transformer, comme Madrid, en une réplique miniaturisée du royaume, tant dans sa société et son architecture que dans sa sensibilité religieuse. Lisbonne offre le cas intermédiaire d’une ville dans laquelle le pouvoir dispose dès les origines d’un vaste espace où déployer la cour.
2L’insertion des gens de cour dans la ville ne va pas non plus sans difficultés. Les contraintes topographiques pèsent aussi sur les propriétaires des hôtels aristocratiques au xviiie siècle, qui se voient contraints d’investir les marges de la ville, en général à proximité des palais royaux (faubourg Saint-Honoré près du Louvre ou faubourg Saint-Germain sur la route de Versailles), où la pression foncière est moins forte et où l’on peut rester entre soi – observation que l’on peut faire dès le Moyen Âge2. L’architecture de ces demeures manifeste au xviiie siècle la dialectique de l’ouverture et de l’isolement par rapport à la ville, avec un logis entre cour et jardin, de hauts murs et un goût pour les jardins3. Ces contraintes socio-économiques aboutissent à la formation de quartiers aristocratiques à Paris comme à Lisbonne, où les demeures des grands tendent en outre à s’isoler de la ville en formant des enclaves juridiques. Le cas lisboate propose néanmoins une solution originale au logement des courtisans, puisque le droit de gîte est pris en charge par la municipalité qui paie des lits d’hôtellerie pour les courtisans, avant que le roi ne construise une résidence collective à leur usage exclusif.
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